29 janvier, 2018

A mon vieux maître et ami !



Je voulais préparer cet éloge funèbre et puis je me suis souvenu que j'étais bien meilleur dans l’improvisation que dans le travail préparé. C'est d'ailleurs tout mon drame. Sinon, j'en aurais passé et réussi des concours, et des difficiles. Et ce n'est pas un modeste psychothérapeute qui écrirait mais un PUPH (chef de service) en psychiatrie avec son nom sur sa place de parking. Sauf que je n'aurais pas eu le temps, ni sans doute eu envie d'écrire. Bref ce chef de service, bardé de diplômes et de prestige aurait été un autre moi auquel je ne veux pas ressembler. Je m'aime assez tel que je suis, plein de promesses non tenue, de talents inexploités, de départs fulgurants jamais suivis d'arrivées en triomphe. Depuis très jeune, j'ai choisi mon épitaphe : il aurait pu si bien faire. Cela me permet de regarder ceux qui ont bien mieux réussi que moi du haut de ma tour d’ivoire en pensant : les pauvres heureusement que je n'ai pas donné toute ma mesure sinon je les aurais enterrés vivants ! Ma glandouille perpétuelle et mon incapacité à entreprendre sont des présents que Dieu a offert aux médiocres pour qu'ils aient une petite chance de briller. Mais assez parlé de moi !

Mon cher Pierre, mon vieux maitre et ami, nous a quitté le vingt-deux décembre dernier. J'en ai été très attristé. Il était né en 1931, soit deux ans après mon père. N'allez pas imaginer qu'il fut pour moi un autre père. Je ne mange pas de ce pain là. Je peux reconnaitre le talent et l’importance de quelqu'un dans ma vie sans avoir le besoin de le prendre pour mon père ou mon grand frère. C'est sans doute pour cela que j'ai toujours été rétif à l'analyse. Il était cependant le dernier de ceux nés avant-guerre dont j'étais proche. C'est une génération qui s'éteint. Petit, j'ai connu des héros de 14-18 puis ceux qui avaient connu l'occupation allemande. Aujourd'hui, c'est juste un monde disparu.

Pierre avait été mon psychanalyste à une époque où je me cherchais. Je ne savais que faire de ma vie et pour paraphraser Verlaine, "Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille au brick perdu jouet du flux et du reflux, mon âme pour d'affreux naufrages appareillait". Je ne connaissais rien à la psychologie et encore moins à la psychanalyse et c'est dans son cabinet que j'échouais un beau jour de 1993.

J'y échouai par hasard, après avoir vu cinq ou six confrères dont aucun ne m'avait emballé. Je ne savais rien de Pierre. J'avais juste son adresse. Je restai juste parce qu'il y avait un Figaro sur sa méridienne et que l'ordre qui régnait dans les lieux rendait en comparaison mon bureau digne d'un comptable obsessionnel. Depuis j'ai appris qu'il fallait se méfier des bureaux trop bien rangés et qu'à contrario, un endroit bordélique laisse augurer un esprit qui fonctionne bien. A cette époque je ne faisais que l'intuiter.

L'analyse jungienne que l'on était sensé faire ensemble dura cinq ans qui passèrent très rapidement. Bien sur au bout de deux ans j'avais déjà rué dans les brancards, estimant que Jung avait dit des tas de choses intéressantes mais d'une médiocre utilité en ce qui concernait mes tourments. Loin de s'alarmer, Pierre s'adapta à moi et nous eûmes des discussions à bâtons rompus. J'avais beau savoir, parce qu'il ne le cachait pas, quels étaient ses points faibles, Pierre me fascinait. Il me fascinait non par ses qualités de psy, parce que dans les faits il était plutôt médiocre, mais par ses qualités humaines. Moi qui étais sans cesse au bord de l'orgueil, prêt à y céder au moindre prétexte, j'avais en face de moi un vieux psychiatre érudit, bardé de reconnaissance et d'une simplicité etonnante. C'est je crois l'immense qualité qu'avait Pierre. Quelle que soit son interlocuteur, il savait le mettre en valeur et lui donner à penser qu'il était unique.Et ce n'était pas un truc de psy, c'était sincère. Pierre était un homme profondément bon comme j'ai eu peu l'occasion d'en rencontrer, une sorte de saint ordinaire, n'ignorant rien de ses péchés mais tentant chaque jour de s'améliorer.

Autant vous dire que le grand Philippe, le roi des succès faciles et des admissions parallèles au concours en a pris plein la figure. Je me savais bon et doué sur des tas de choses mais Pierre m'a donné une grande leçon d'humanité et d'humilité. 

Lorsque j'ai ouvert mon cabinet, je l'ai gardé en référent. Référent est un bien grand mot puisque je me suis toujours fichu de la psychanalyse, quelle qu'elle soit, comme de mon premier slip. Pierre était juste pour moi un amer remarquable comme on dit en marine, un point de référence précieux. Car s'il était psychanalyste médiocre, c'était en revanche un excellent médecin au diagnostic juste et aux ordonnances mesurées. Avec Pierre, jamais vous n'aviez de diagnostic à l'emporte pièce et de prescriptions outrées. Pierre avait à la fois l'esprit de logique mais aussi cet esprit de finesse devenu si rare.

Et si j'ai l'habitude de me faire confiance, j'aimais en cas de doute infime l'inviter à déjeuner et lui présenter mon cas. Je le voyais alors en face de moi, plisser les yeux, je l'entendais presque réfléchir et puis il me donnait son avis. Si nous étions d'accord, lui et moi, on aurait pu avoir la faculté contre nous, que je les aurais tous envoyés chier. Pierre et moi, lui en analysant et moi en promouvant, on formait une équipe de choc imparable.

Je me souviens qu'au cours d'un de nos déjeuners, durant lequel nous avions mangé de la viande rouge saignante et bu du vin, car Pierre savait vivre, il m'avait dit qu'il y avait plus de mauvais psychiatres que de vrais schizophrènes. Comme il avait raison. D'ailleurs Jésus, dont j'ai abondamment parlé, lui doti beaucoup et il le sait fort bien. Alors qu'il se débattait avec ses curieux symptômes, j'avais eu deux compte-rendus à son sujet. L'un émanant d'un psychiatre hospitalier parlait d'une pseudo-psychose atypique et recommandait des neuroleptiques. L'autre émanant de ce cher Pierre, qui avait reçu Jésus sans le faire payer, était : "j'ai vu ton petit patient, il est charmant et attachant. Il n'est pas psychotique. Creuse un peu et tu trouveras la cause".

C'était aussi un érudit, issu d'une époque révolue, un médecin capable de parler couramment anglais et allemand, capable d'apprécier la lecture et l'art et non un de ces ânes diplômés qu'une simple IA remplacera bientôt. Un jour que je prenais un café avec Le Touffier et que je pestais contre les médecins, ce dernier prit mal la chose et m'expliqua que c'était mal d'en vouloir au corps médical. Je lui présentai mes excuses en lui disant que je n'en avais pas après TOUS les médecins mais juste après certains qui ne faisaient pas le minimum syndical. Je lui parlai alors de Pierre et décidai de lui présenter.

La semaine suivante, nous déjeunions tous les trois. Et lorsque le déjeuner fut fini, après trois heures passées à table, j'entends encore Le Touffier me dire que là, j'avais mis la barre haute, que Pierre était bien plus qu'un médecin mais un vieux savant. Et il rajouta que si c'était là mon exigence normale, je resterai déçu parce que ce genre de personne était en voie de disparition. Le Touffier avait eu raison : Pierre était un vieux savant, n'ayant rien à voir avec ce que le corps médical offre aujourd'hui. Ancien du CNRS (médaille d'argent), il disposait d'une culture scientifique remarquable toujours entretenue, même dans les dernières années de sa vie. 

Je l'ai vu la semaine précédent son décès. Il était très malade et il le savait. Il m'a expliqué qu'au mieux, il ne lui restait que trois années à vivre. J'en avais pris acte, me disant que c'était toujours cela de pris. Trois ans c'est mieux que rien. Finalement ce fut la dernière fois que je le vis. Lorsque son numéro résonna sur mon portable, c'était son épouse qui me parla. Je compris que si elle avait utilisé son téléphone, c'était pour trouver mon numéro et m'annoncer une mauvaise nouvelle. J'avais raison, il était décédé le matin même.

Ce dernier repas m'a marqué, non parce que c'est la dernière fois que j'ai vu Pierre, mais parce que c'est la première fois qu'il s'est autant confié. Je connaissais bien sur sa vie mais pas dans l'intimité. Ce jeudi là, il me parla. Et moi qui avait été son patient, celui qui se confiait, j'ai senti que quelque chose se passait, car c'est lui qui se confiait. Il émaillait son discours par des "ça ne t'ennuie pas qu eje te parle de tout cela ?" et bien sur je lui ai répondu que bien au contraire, c'était un bien grand honneur qu'il me faisait en me confiant ses tourments maintenant qu'il se savait en sursis. 

Je l'ai écouté patiemment me parler de sa vie, de ses peines, et Dieu sait s'il en a connues, ne l’interrompant jamais car cela n'aurait servir à rien. Au crépuscule de sa vie, les dés étaient jetés, il voulait juste parler, se confier, lui qui avait passé les dernières soixante années de sa vie à écouter les autres en tant que psychiatre. Il avait survécu à une famille pathogène au plus haut point puis à un divorce terrible ainsi qu'à la mort de deux de ses enfants et n'avait jamais perdu ni sa foi en Dieu ni son humanité. Et il me parla de tout cela d'une voix calme. Il me parla aussi de ses quelques années passées à Berkeley en tant que chercheur o! il avait enfin compris que la liberté est une vertu.

Il parla tant et si bien que nous restâmes quatre heures à table, enchainant café sur café. Il était dix-spet heures lorsque nous sommes sortis. Puis, je l'ai raccompagné à la porte de son immeuble et il m'a dit que cela lui avait fait beaucoup de bien de parler. Il a ensuite rajouté en souriant que j'étais un bon psy. Ça m'a fait très plaisir, non que je méconnaisse mes qualités, mais que venant de Pierre, c'était juste une manière de recevoir un brevet d'humanité et de bienveillance. Je lui ai demandé si je pouvais prendre sa suite et très sérieusement il m'a dit que je pouvais. J'avais au cours de ce repas, repris le flambeau. A moi de m'en montrer digne et de me montrer aussi bienveillant qu'il le fut pour ses patients. J'ai repris le métro pour rejoindre mon cabinet.

Trois jours après il décédait à l’hôpital Bichat laissant dans la vie de ceux qui l'avaient approché un grand vide qui ne se refermera jamais. Pierre était mon vieux maître mais aussi un véritable ami malgré les trente six années qui nous séparaient.

Dire que Pierre me manquera est une litote. Il laisse dans ma vie un grand vide que je ne comblerai jamais. Il me reste le souvenir de nos déjeuners, de ses précieux conseils, de son humanité, de sa gentillesse, de ses yeux bleus malicieux, de son immense culture, de l'agilité intellectuelle dont il faisait preuve, de ma surprise sans cesse répétée de me dire que ce vieil homme était bien plus jeune que bien des gens de vingt ans. Les souvenirs eux, ne meurent jamais, c'est déjà ça. 

Je retournerai régulièrement dans notre restaurant préféré rue Fabre d’Églantine, cet excellente adresse où lorsque nous entrions, moi le premier, je demandai d'autorité la meilleure table pour le professeur C. Ce sont vingt-quatre années de ma vie qui viennent de se clore brutalement.

Chaque année, les universités sortiront leur contingent de psychiatres mais moi j'aurais eu la chance d'avoir connu bien mieux : un vieux savant et un saint homme.

 Requiescat in pace ...



De profundis clamavi ad te, Domine, Domine, exaudi vocem meam.
Fiant aures tuæ intendentes in vocem deprecationis meæ.
Si iniquitates observaveris, Domine, Domine, quis sustinebit ?
Quia apud te propitiatio est, et propter legem tuam sustinui te, Domine.
Sustinuit anima mea in verbo ejus, speravit anima mea in Domino.
A custodia matutina usque ad noctem, speret Israël in Domino.
Quia apud Dominum misericordia, et copiosa apud eum redemptio.
Et ipse redimet Israël ex omnibus iniquitatibus ejus.
Requiem aeternam dona eis Domine, et lux perpetua luceat eis. Amen.

Les moments de grâce du marquis du mardi !


Depuis quelques temps déjà, je reçois tous les mardis un jeune marquis. Ce n'est pas le premier "aristo-catho" que je reçoive : loin de là ! J'ai à mon palmarès une collection de comtes, marquis et autres ducs à faire pâlir le meilleur des rallyes versaillais. Il se trouve que je collabore avec un vieux psychiatre catholique très investi dans les œuvres qui me les envoie par dizaines ou presque. A croire qu'il s'en est fait une spécialité !

Mais ce marquis là est spécial. Non du fait qu'il vive à Passy, c'est assez peu rare un marquis dans ces environs, ni qu’il soit particulièrement bien éduqué, c'est assez commun chez ces gens là aussi. On pourra entonner tous les chants révolutionnaires que l'on voudra, force est d'admettre que ce que l'on nomme la "vieille France" a de beaux restes en termes d'élégance et d'éducation.

Il se trouve simplement que mon marquis à moi, loin de la grossière caricature du "fin de race" que les rageux veulent toujours donner de l'aristocratie; est un modèle du genre. Brillantissime, cultivé à l'extrême, plein de jolies manières et pétri de bonne éducation, il n’hésite pourtant pas à jurer lorsque c'est nécessaire, prouvant là, qu'il est tout à fait capable de discuter avec la classe populaire si d’aventure l'idée lui venait.

Ce qui me charme en lui, c'est que malgré son jeune âge, c'est un véritable dandy. Son éducation et son maintient ne sont jamais un corset l'entravant mais bien au contraire une armature souple qui lui confère une parfaite dignité en toutes circonstances. Lorsqu'il débarque dans mon cabinet, précis comme une Patek Philippe, c'est l'histoire des grands boulevards qui débarque. En le voyant on pourrait croire que le café Riche ou le Hardy sont encore ouverts et qu'on pourra y souper avec Barbey d'Aurévilly ou Lautréamont. 

Tous les mardis, j'ai donc rendez-vous avec le monde d'autrefois, celui que j'adore et qui s'étend de Napoléon III aux prémisses de la Grande guerre, ce que l'on a pu nommer la Belle époque. Je réponds bien sur à sa demande spécifique, qu'il m'est interdit de citer ici, mais nous papotons aussi de choses et autres en honnêtes hommes. Quel plaisir de rencontrer quelqu'un qui a beaucoup lu, beaucoup de livres qui me plaisent et a su les apprécier à leur juste valeur. Quelqu'un qui préfère enfin Proust au laborieux Céline dont on nous rebat sans cesse les oreilles. Qui apprécie la grâce et le talent à leur juste valeur en les préférant au lourd labeur de percheron.

Comme tout individu brillant, il possède quelques traits histrioniques qui le servent sans jamais le rendre insupportable, ou juste ce qu'il faut pour ennuyer les quidams moyens qui n'auront jamais ni l'intelligence ni la finesse pour apprécier le tableau qu'il me brosse de lui à chaque séance. Car le coquin sait se mettre en scène et il le fait bien. Bien que jeune, il est largement au niveau d'un Robert de Montesquiou ou d'un Edmond de Polignac. Les années passant, gageons qu'il aura dépassé un Boniface de Castellane !

Un jour que nous discutions de Dieu, il m'expliqua qu'il en avait assez de tous ceux qui ne savaient y penser que pour demander mais sans jamais Lui rendre grâce. C'est ainsi qu'il m'expliqua que pour vivre heureux, il s'était entrainé à saisir les petits moments de grâce qu'il pourrait vivre et en remercier Dieu.

Lors d'une séance, continuant sur, sur sa lancée, il m'expliqua en ces termes la singulière expérience qu'il venait de faire : "Je prenais un café dans un établissement près du Louvres tout en écoutant une chaconne pour luth de Robert de Visée. Lorsqu'avisant la pluie qui tombait, je pris conscience qu'elle marquait exactement le rythme de cette chaconne. Je rendis grâce à Dieu pour ce moment qu'il venait de me faire vivre et surtout pour m'avoir permis d'en prendre conscience".

Tout ceci pourrait sembler bien affecté et un fâcheux pourrait même décider que ce ne sont là qu'affèteries de vieille chatte, mais je suis persuadé du contraire. D'une part parce qu'il m'est agréable face à la vulgarité qu'offre notre monde de constater qu'il existe de rares individus capables d'être des traits-d'union avec ce qu'il offrit de meilleur voici un peu plus d'un siècle.

Et enfin parce que sous ses abords un peu précieux, la réflexion de mon marquis du mardi est sans doute la manière la plus simple et la plus saine de lutter contre la dépression. Plutôt qu'attendre, tendu à l’extrême, que le monde nous offre quelque chose d’extraordinaire, richesse, notarié ou que sais je encore, que l'on nous croit dû, être justement capable de se réjouir de ces minuscules moments de grâce qui ne coûtent rien et qu'on a trop tendance à ignorer !

Par ces quelques lignes, je rends donc grâce à mon jeune seigneur du mardi de me rappeler, moi qui ai vingt ans de plus que lui, à un peu de sagesse élémentaire. Ainsi, pour le remercier de m'avoir fait me souvenir de ce age principe, je lui ai offert un sympathique petit livre, qui s'il n'est pas une somme sur le dandysme; n'en est pas moins le vade-mecum que se doit de posséder tout dandy en herbe !


15 janvier, 2018

Hop ! Eloge funère et chaconne pour luth !

Bon vous aurez noté que j'ai bien écrit. J'avais promis l'éloge funèbre de mon vieux maitre mais c'est un article plus littéraire qui demandera plus de temps. Mais je m'y suis mis, j'espère qu'il sera bien. Sinon, j'ai aussi un truc en préparation vachement joli sur les moments de grâce de mon marquis du mardi qui devait être joli comme tout. Mais ça aussi ça demandera du temps !

Pour vous préparer à ces futurs articles je vous laisse en compagnie d'une chaconne pour luth de Robert de Visée jouée avec un théorbe qui n'est qu'un gros luth. Bon c'est assez chiant mais si vous ne connaissez ni le luth, ni Robert de Visée ni ce qu'est une chaconne, vous perdrez pied lors de mon prochain article ! Et ceux qui n'ont toujours pas compris qu'un théorbe n'est autre qu'un gros luth seront carrément noyés.

Ben oui parfois je relève le niveau. Y'a pas que le Kangoo dans ma vie, y'a les chaconnes de Robert de Visée que j'écoute d'ailleurs en roulant dans mon Kangoo vu que la carrosserie nue en tôle fait une sacrée caisse de résonance. Lubies de merde mais fin musicien tout de même !

Je dois d'ailleurs dire que Le Touffier qui est un très riche chirurgien ne savait pas ce qu'était une chaconne et ne connaissait pas Robert de Visée ! Il avait fait une recherche sur internet en orthographiant Robert Devizet ! Comme quoi on peut avoir du papier à en-tête très cher et suivre les usages et être d'une inculture crasse. Mais bon je lui pardonne.

Je suis sur qu'il ne sait même pas qu'une chaconne commence fréquemment en anacrouse sur le deuxième temps, contrairement à la passacaille dans laquelle le procédé est bien plus rare. Mon Dieu y'a des gens qui n'ont pas le minimum vital pour vivre en honnête homme. Comme quoi l'argent ne fait pas tout. Souvenez vous en quand vous verrez passez un pauvre gars en Kangoo. Dites vous qu'il n'est peut-être pas riche mais sait distinguer une chaconne d'une passacaille. Ce sont des détails qui comptent !

Sinon je n'ai pas fait d'articles sur Johnny Halliday ou France Gall. Ceci dit, paix à leur âme mais je ne vois pas pourquoi j'en ferai même si le Gringeot a descendu les Champs Élysées sur sa Harley pour le décès de Johnny.


Anxiété ou phobie !

Et hop dans le cul la caméra ! (nettoyer après usage)

L'année passée, un jeune gars fort bien mis est venu me consulter pour des angoisses. D’après lui, il en avait tellement qu'à certains moments ça perturbait sa digestion. Et parfois, enfin disons pas toujours, mais ça lui était arrivé, l'anxiété était si forte qu'il avait envie de se vider soit par en haut en gerbant comme un cochon soit par en bas en se laissant aller à une diarrhée sonorore. Autant vous dire, que même si je prends le truc à la légère, sa vie était pourrie. 

Où qu’il soit sauf chez lui, sa hantise c'était d'être pris d'angoisses incoercibles et d'avoir envie de vomir ou de déféquer ! Ça parait con en le disant mais c'était devenu un vrai handicap social. Il était perpétuellement aux aguets, sitôt hors de chez lui, à l'écoute du moindre gargouillis gastrique annonciateur d'une vidange violente. 

Comme je suis le roi de langoisse qui se traite plutpto bien, sauf le trouble anxieux généralisé, j'ai fait un travail d’enquête. Et je suis arrivé à la conclusion que ce n'était pas l’angoisse qui provoquait les gargouillis funestes mais l'inverse; à savoir les gargouillis qui généraient l'angoisse. Bref, j'en étais aussi sur que lorsque le commissaire Maigret met la main sur un suspect, ce n'était pas une angoisse mais une phobie. 

Le pauvre gars ayant eu à quelques reprises de grosses frayeurs jusqu'à risquer de salir son caleçon, il en était venu à vivre l'oreille à l'affut du moindre remugle gastro-intestinal. Je lui ai donc dit qu'à l'origine il y avait forcément un problème physiologique à régler. Je lui ai conseillé d'en parler à son médecin traitant. 

Lequel médecin m'a fait savoir par l'entremise de mon jeune patient, que c'était gentil et pas sot d'y avoir pensé mais que les analyses de sang ayant été faites, il n'y avait aucun souci. C'était la fin de non recevoir ue manière de me dire que je ne suis pas trop con pour un psy vu que je n'oublie pas qu'il y a aussi un corps et pas que des idées mais que bon, je ferais mieux de m'intéresser à ma pratique plutôt qu'à la belle noble médecine réservée aux être exquis sélectionnés parmi les meilleurs.

Comme je ne suis pas du genre à me mettre au garde à vous devant un médecin, surtout un généraliste, j'ai dit à mon patient que tant qu'on ne lui aurait pas mis une caméra dans le fion, on ne saurait rien et que j'avais besoin d'un diagnostic différentiel et que son putain de généraliste avait intérêt à lui prescrire un rendez vous chez un gastroentérologue !

On m'a envoyé me faire foutre une nouvelle fois en soulignant combien j'étais un brave garçon de me soucier de tout cela mais que bon, la médecine était vraiment réservée à l'élite de l'élite et non à des cons qui roulent en Kangoo et utilisent un trackball.

Mon patient lui même perdait un peu patience et, bien qu'on s'apprécie en était venu, le fou, à douter de moi et de ma capacité à traiter son cas ! Je lui ai dit que je ne me trompais jamais quoiqu'en pensent les esprits mal intentionnés. Et que quand je ne trouvais pas c'est qu'il y avait de la biologie dans l'air et qu'on pourrait se voir jusqu'à ce que l'un de nous décède, le fait de parler ne réglerait pas son problème de tuyauterie ou de trou de balle.

J'en ai profité pour lui affirmer que douter de moi c'était avoir un transfert très négatif et que c'était le signe qu'il deviendrait sans doute un tueur en série redoutable et qu'il se pourrait même qu'il ait une problématique zoophile dont il faudrait parler tôt ou tard. Comme il ne voulait ni tuer des gens ni sodomiser un hamster, il m'a écouté et a pris de son propre chef et sans rien dire à son médecin traitant, un rendez vous chez un médecin spécialisé qu'il a joliment baptisé docteur caca vu que sa spécialité c'est de mettre des caméras dans le cul.

Et bien le brave docteur caca, qui est plus intelligent que le généraliste vu que lui il est spécialiste et a donc mieux réussi le concours de l'internat, il a bien vu en mettant son œil expert dans le fion de mon patient qu'il y avait un truc pas clair. Alors il a dit qu'il fallait des analyses vu qu'on ne savait pas si c'était grave ou pas.

En fait les analyses ont révélé qu'il n’y avait rien de grave mais simplement des bactéries à la con qui lui foutait le bordel dans les intestins, un truc banal mais qui si on ne le traite pas suffit à foutre une vie en l'air. Il lui a filé de l'oméprazole, c'est à dire du bon vieux Mopral, un truc pas cher qui a fait ses preuves.

Quelques jours après avoir commencé le traitement, tout rentrait dans l'ordre et mon petit patient retrouvait un transit intestinal aussi fluide que le périphérique un quinze aout. Depuis il fait des selles bien moulées et je l'encourage à les prendre ne photo pour les mettre sur instagram vu que tout le monde publie n'importe quoi là-dessus.

Des selles bien moulées, un transit intestinal parfait, merci Mopral ! Et bien sur merci à moi et non aux quatre charlots qui m'ont précédés et qui ont pourri la vie de mon patient depuis dix ans en lui parlant de son papa et de sa maman, même si ce n'est pas très déontologique de dire cela. En plus je n'ai pas eu l'impression d'avoir fait preuve d'une intelligence hors du commun. Différencier une phobie d'une angoisse ça reste assez basique. Faut juste écouter les gens. Je pense qu'un mécanicien compétent doté d'un simple CAP fait la même chose dans son boulot. S'il avait été anxieux, les troubles gastro--intestinaux se seraient manifestés après la crise alors que là ils se manifestaient avant !!! C'est pas sorcier tout de même !

J'ai demandé à mon patient s'il avait revu son généraliste pour lui dire qu'il s'était trompé et que c'est moi qui avais raison mais il ne l'a pas fait. Bon bien sur je le comprends. Mais bon n'empêche que j'aurais bien aimé que ce cuistre sache que quand je dis un truc, ce serait bien de m'écouter même si il pense que les psys sont des cons.

Le Touffier qui est un très riche chirurgien et qui est très très corporatiste et défend toujours les médecins, m'a dit que j'aurais du faire un courrier plutôt que de passer par mon patient. Il n'a pas tort. Les usages auraient voulu que je prenne du papier à en-tête que de ma plus belle plume j'explique à ce médecin ce que j'avais constaté. Mais bon, j'ai des cartes de visites mais pas de papiers à en-tête. Je ne suis pas un riche chirurgien moi ! 

Mais bon, sur ce coup Le Touffier qui est un très riche chirurgien a raison. J'ai agi en gougnafier et peut-être que je vais consentir à me faire faire du papier à en-tête. Tiens ce serait bien que Le Touffier me le finance vu qu'il est un très riche chirurgien et que moi je ne suis rien à côté de lui. Si je le flatte un peu; j'y arriverai peut-être ! Les chirurgiens sont d'une telle fatuité ! Alors que moi, je reste le gars simple et gentil qui rend service mais ne la ramène pas.

L.e proverbe du jour sera donc : selles bien moulées, bonheur assuré !


Bons achats !



J'ai enfin retrouvé un trackball, vous savez ces drôles de souris qu'on manipule du bout du poule au moyen d'une grosse boule. J'en avais un quand j'étais plus jeune et puis j'en avais plus. Et j'en ai de nouveau un puisque Logitech en refait. Le vieux avait une boule rouge et celui-ci une boule bleue. Autant vous dire que je suis content. Comme quoi, je suis très sage parce que je me contente de peu.

Sinon, comme je vous le disais dans l’article précédent je me suis trouvé une lubie estivale consacrée aux camionnettes. Allez savoir pourquoi puisque je ne bricole pas vu que j'ai deux pieds gauches à la place des mains et que je ne livre rien de volumineux. Ca 'est tombé dessus comme ça. J'ai pensé camionnette durant une semaine entière ! Nuit et jour comme un bipolaire en phase maniaque ! Efin un peu moins tout de même. Mais bon, à la fin je connaissais tous les modèles et leurs performances et j'aurais pu mettre minable le premier vendeur venu de chez Renault ou Mercedes ! Parce que je connaissais les modèles actuels mais aussi anciens. 

Alors j'ai craqué. Je me suis offert une superbe Renault Kangoo bleue avec pas mal de kilomètres vu que je me suis quand même calmé sur le fric que j'allais y consacrer. Comme je n'en fais rien si ce n'est rouler pour aller acheter du main, un Kangoo neuf ne m'était pas d'une grande utilité. Mais bon, j'ai pris un modèle avec climatisation, phare antibrouillards et commandes de l'autoradio au volant sil vous plait ! Pas un truc de pue-la-sueur, non le Kangoo de patron !

Alors comme j'adore mon Kangoo je suis toujours dedans même que je dois être le seul mec qui laisse une belle Jaguar au garage pour avoir le plaisir de rouler en camionnette. Et quand on me croise dedans, enfin les gens qui me connaissent, on me demande pourquoi je roule là-dedans. Et quand je dis que c'est mon Kangoo alors là les gens ont du mal à comprendre et décident de ne rien comprendre et me foutent la paix. Si j'en ai envie je roule en Kangoo.

Cet été en débarquant à Bastia sur le parking de l'aéroport j'ai constaté qu'il y avait beaucoup de Kangoo ! La Corse en plus d'être l'ile de Beauté est aussi l'ile des Kangoo même si soyons francs on y croise aussi du Peugeot Partner ! Parce qu'il faut dire la vérité. La franchise est la qualité première chez les camionnettophiles !

J'ai un trackball et un Kangoo et je suis content. Comme quoi il aura fallu que j'attende cinquante et un ans pour être pleinement heureux ! Je crois que je m'étais toujours interdit de posséder une camionnette !

Ma psychanalyse avance, lentement mais surement !

Réponses aux mails !


 Phylica arborea



Je présente toutes mes excuses aux nombreuses personnes qui m'ont écrit sur mon mail et auxquelles je n'avais pas encore répondu. Il se trouve que je souffre de deux handicaps. D'une part, je suis un dangereux "lubique", c'est à dire que je souffre de lubies diverses et variées qui m'obligent séance tenante à m'intéresser à tout et n'importe quoi d'une manière obsessionnelle jusqu'à ce que je m'en désintéresser brutalement.


La survenue de ces lubies est variable. Parfois je n'en ai pas et me contente de vivre benoitement comme tout un chacun affrontant chaque jour qui passe avec l'esprit clair. Parfois, elles s'enchainent les unes aux autres. Certaines durent un soir et d'autres un mois. C'est variable. J'ai aussi noté que l'été était propice aux grandes lubies. Ainsi cette année, c'était les camionnettes, l'année d'avant furent consacrées aux maisons closes tandis que l'année précédente je m'étais passionné pour les cartels de la drogue mexicain. Un an avant, c'était l'Everest qui avait eu ma faveur et j'avais acheté des tas de livres sur le sujet, moi qui pleure de rage quand un escalator est en panne et que je vais devoir prendre un escalier de vingt marches ! 

Ces grandes lubies sont évidemment entrecoupées de petites lubies que j'assouvis l'espace d'un soir sur ma tablette en regardant en même temps une série stupide. Ce qui me force à mettre sur pause régulièrement et à demander à mon épouse ce qui s'est passé vu que je perds le fil régulièrement. Elle s'énerve et me dit de me concentrer sur ce que l'on regarde. Et moi je me mets à geindre comme quoi elle n'a aucune empathie ni charité envers moi vu que je suis "lubique" et que je n'y peux rien si une5  force me pousse à lire tout et n'importe quoi !

Par exemple, je peux me passionner pour les bombardiers de l'entre-deux guerres un soir et le lendemain trouver que la Peugeot 305, voiture des plus banales, vaut tout de même le coup que j'y consacre trois heures.

Pourquoi parler de ces lubies alors que j'avais entamé cet article en présentant mes excuses pour ne pas avoir répondu assez vite à vos mails ? Et bien simplement parce que ces lubies m'amènent parfois à m'inscrire à des forums complètement cons que je parcours avidement l'espace d'un soir pour les oublier le lendemain. C'est ainsi que ma boite mail se retrouve encombrée de notifications de ces forums et que lorsque je l'ouvre je perds parfois espoir de m'y retrouver.

Le forum Peugeot 305 m'a ainsi écrit ainsi que celui consacré aux Renault Kangoo. Mais celui consacré aux espèces botaniques subantarctiques n'est pas en reste. Celui ci il date de l'époque où passionné par les Kerguelen, je m'étais dit que je ne pourrais pas mourir s'en m'être offert un phylica arborea, un petit arbuste pas très beau qui pousse sur l'ile d'Amesterdam au bout du monde ! J'ai aussi eu une lubie pour les peintres pompiers et ai immédiatement souscrit un abonnement à un site recensant toutes les ventes dans ce domaine. Depuis je vous avoue que Bouguereau ou Winterhalter n'occupent plus mes vraiment mes pensées mais je reçois toujours les résultats des enchères des salles de ventes du monde entier.


Peugeot 305 GL de 1977
 (aucun intérêt sauf pour moi parce que je suis un peu con)


Il me reste de cela une culture étrange faite de tout un tas de connaissances disparates et sans aucun lien entre elles, un peu comme la maison d'un vieux qui souffrirait de syllogomanie et ne jetterait rien. Si on m'autopsiait et qu'on découpe ma calotte crânienne on trouverait tout et n'importe quoi et peut être même que cela sentirait le pissât de chat car il est bien connu que les gens qui souffrent du syndrome de Diogène sont amateurs de chats. Moi je m'en fous je préfère les chiens vu que les chats sont bêtes et fourbes. Mais là n'est pas le sujet !


Bref vous l'aurez compris mon mail est tellement saturé de messages merdiques que je ne cesse de recevoir des notifications de toutes part ! et il suffit que je l'ouvre pour que je perde tout espoir, un peu comme quand on doit vider une maison de famille dans laquelle sont amassés les souvenirs de six générations. Et comme je ne suis pas très courageux parce que je suis plutôt du genre sprinter que marathonien, ben je referme mon mail et je me dis que je répondrai plus tard ce qui est mal.

Parce qu'en plus d'être lubique je souffre aussi de procrastination. Je suis ce qu'on nomme habituellement un traine-cul, un mec qui sait ce qu'il a à faire, vu que j'ai une excellente mémoire, mais qui a du mal à se mettre en route. Une fois que je m'y suis mis, ça va, j'abats de la besogne. Mais pour m'y mettre...

Une de mes patientes me demandait si je pouvais l'aider à traiter sa tendance à procrastiner. Je lui ai dit que je connaissais bien le sujet. Finalement, même si des exercices existent, le meilleur moyen reste de se botter le cul et de se dire de s'y mettre. Ce que je fais régulièrement. Je glandouille dans mon énorme canapé douillet et parfois, je me dis : allez bouge toi le cul tu seras content.

Je l'ai fait ce soir. J'ai répondu à vingt trois mails. Je suis content, je suis un bon garçon. Je suis en progrès. Mais bon, je mourrais ainsi en me disant que ces vilains défauts font tout mon charme.

J'ai un côté pétasse !

Encore une fois, mille excuses pour avoir tardé pour vous répondre.

William Adolphe Bouguereau
"Le gringeot et sa soeur quand c'était rien que des traine-guenilles"
Huiles sur toile

12 janvier, 2018

Anniversaire !


Oui, c'est le douze janvier et je fête mon cinquante-et-unième anniversaire. Enfin, dire que je le fête est un bien gra2 nd mot. Dans les faits, je n'ai pas fêté un anniversaire depuis mes vingt-neuf ans. Très jeune j'ai compris que ces fêtes ridicules étaient juste le moyen de prendre de manière positive cette date funeste qui chaque année me rappelle que je fais un pas de plus vers la tombe. 

L'an dernier un ami a eu le droit à un anniversaire surprise pour ses cinquante ans. Et son épouse, un peu bébête a dit à mon épouse que ce serait bien qu'on fasse de même pour moi. Cette dernière me connaissant bien lui a répondu que ce serait la dernière chose à me faire. Elle ne savait pas si cette surprise me donnerait envie de me prendre ou de m'enfuir dans la nuit pour aller mourir de froid tout seul ! Bref, j'adore les dizaines de mots que je reçois le douze janvier parce que c'est toujours sympa de voir que tant de gens pensent à moi, mais il ne me viendrait pas à l'idée d'en faire une fête !

Et ce d'autant plus que si mon esprit reste le même, je constate tout de même que mes plus jeunes patients pourraient être mes patients. Ainsi, j'en reçois une née en 1992 et parfois lorsqu'elle me parle, je me dis qu'elle pourrait techniquement être ma fille ! C'est fou non ?

C'est d'autant plus fou que je n'ai pas vu le temps passer. La vie passe vite. C'est un fait. 1992 pour moi, c'était hier. On votait pour Maastricht. Et d'ailleurs j'avais voté contre et on m'avait traité au mieux de vieux con ne connaissant rien au progrès ou au pire de facho. Et moi j'avais répondu que tout cela finirait mal et qu'ils pouvaient tous aller se faire foutre. Déjà jeune, puisque je n'avais que vingt-cinq ans, j'avais fait mon adage de cette phrase : chacun mes idées !

Bref aujourd'hui, douze janvier, je suis d'humeur morose. Je pense à la vie qui a défilé si vite. Cela n'a rien de grave parce que j'aime bien de temps en temps être d'humeur morose, ça fait chic, ça fait vieux dandy pensif.

Dans ces moments là, je me dis que je n'ai pas fait grand chose de ma vie, que j'aurais du prendre telle ou telle direction. Je vois des gens de mon âge déjà célèbres depuis longtemps parader à la télévision, me jetant leur gloire au visage alors que moi, je n'ai même pas une page Wikipédia.  Bref; je suis morose, je me vautre dans mon humeur terne comme un marcassin dans sa soue et je suis content. Je me dis qu'à défaut d'être célèbre, je suis un mec vachement intelligent qui au lieu de se réjouir comme les ânes vulgaires le jour de son anniversaire, se penche sombrement sur son passé et envisage son avenir d'une manière sombre. Saturne m'empoisonne, me forçant à me concentrer sur l'essentiel et j'adore ça.

Bon, bon anniversaire à moi et à ceux qui sont nés ce même jour !

01 janvier, 2018

Je souhaite à mes chers lecteurs et lectrices une bonne et heureuse année 2018. Comme le temps passe. J'ai commence ce blog en 2006. Les années deux-mille ça semblera toujours récent mais souvenons nous que les enfants qui sont nés l'année de naissance de ce blog maitrisent aujourd'hui le fonctionnement d'un smartphone et d'une tablette et commencent déjà à emmerder leurs parents avec des velléités d'indépendance.

Me concernant, je n'ai toujours pas racheté d'Imac parce que je ne le ferai qu'une fois ma Jaguar vendue mais je me suis offert un trackball, vous savez ces drôles de souris fixes que l'on manie du bout du pouce sur une boule. Ca me rend déjà très heureux. Comme quoi, il m'en faut bien peu pour être heureux. Voilà une preuve de vraie sagesse !

Sinon, je n'ai toujours reçu de cadeau de Noël. Tant pis, ça fera mon anniversaire. Mon épouse qui connait bien mes lubies extravagantes et stupides, ne m'a même pas demandé ce que voulais faire d'un squelette grandeur nature. Mais comme elle est bien loin d'être sotte, elle m'a dit qu'elle vérifierait que le matériau qui le constitue soit bien adapté aux intempéries. Elle se doute que je veux le mettre dehors.

Fichtre, moi qui pensais être une sorte de génie mutique dont les intentions n'étaient accessibles à personne, voici que je suis percé à jour comme un enfant de deux ans ! Tant pis, car si elle soupçonne l'utilisation que je veux faire de ce squelette, elle n'a pas encore deviné mes noirs desseins.

Mais comme elle me connait bien, elle se doute qu'entre l'idée et la réalisation, il pourra se passer un temps indéfini et que ce squelette a toutes les chances de rester bien à l'abri dans son emballage.

M'en fous l'important c'est d'avoir des idées. D'ailleurs, un mien ami, qui malgré sa prodigieuse intelligence se trompe tellement qu'on l'appelle la "boussole inversée, celle qui indique le sud quand on va vers le nord, m'a dit une fois une chose très juste. Il m'a dit, me fixant de ses yeux bleus acier : toi tu aimes rêver les choses mais pas les réaliser.

Voilà, c'est là, tout mon drame. Tant pis, ce n'est pas à mon âge qu'on prend de bonnes résolutions pour tout changer. A cinquante ans, tout est écrit, on ne refait pas sa vie quoiqu'on en dise. Je resterai donc à jamais un génie inconnu et quand Dieu décidera qu'il est temps pour moi de faire mes bagages, je rejoindrai la cohorte de mes prédécesseurs, ces génies inconnus que justement nul ne connut.

Puisque l'on en est à parler de la mort et que j'ai assisté aux obsèques de mon vieux maitre et ami le vendredi précédent Noël, je lui rédigerai un éloge funèbre rien qu'à lui.

Sur ce, et malgré ces pensées sombres, je vous renouvelle tous mes vœux de bonne et heureuse année à vous ainsi qu'à vos proches.