30 octobre, 2006

Transfert et contre-transfert !

Bon, pour aborder cette importante notion de psychanalyse, je vais tenter d’être bref et néanmoins génial. Pour ce faire, j’ai bien entendu pompé ce qu’un confrère écrit sur son site. Evidemment, mon génie passant par là, j’ai réécrit quelques passages et mieux formulé les idées.

Et puis, d’abord, et-ce que ce texte est bien de lui, où l’a-t-il lui aussi honteusement pompé dans un livre ou un autre site ? En fait, je suis persuadé que ce type n’est pas un confrère mais un mec qui a fait six mois d’analyse et se passionne pour la psycho voire même un mec qui se dit qu’il devrait faire une analyse mais n’a pas encore commencé. Voire un mec qui a lu sagement le guide Marabout de la psychanalyse ou même que des bouts de ce guide puis qui recrache ce qu'il en a retenu sur le web simplement pour satisfaire son gros ego en ayant une page bien à lui ! Bref, ce mec c'est n'importe quoi !

Parce ce qu’il écrivait n’avait ni queue ni tête finalement. C’était confus et brouillon. Tout y était mais pas dans le bon sens ni le bon ordre. Heureusement que je suis passé par là. Pour la peine, je ne citerai pas son site, ça lui apprendra à écrire de la daube et à me filer autant de boulot. Je ne lui dis pas merci ! Il m’a filé les ingrédients me permettant de ne rien oublier mais la recette c’est moi qui la réalise ! Par contre, je me permets de citer Wikipedia, que vous pourrez éventuellement consulter. Donc, voilà mon texte magistral :

D’abord une petite photo pour détendre l’atmosphère !

(Ta gueule Franck, on cause sérieusement là ! Va jouer au ballon dehors !)

Le transfert est un phénomène remarqué et théorisé par Sigmund Freud au cours de son travail sur l'hystérie avec Joseph Breuer et notamment sur la patiente devenue célèbre sous le nom de Anna O. Le transfert est un des points centraux de la cure analytique. Si j'ai tenu à l'évoquer, c'est parce qu'en TCC, il n'a pas du tout la même importance, bien qu'on ne puisse nier son existence.

Il s'agit dans la cure psychanalytique de la projection par l'analysé, du contenu de son inconscient sur la personne du psychanalyste qui lui apparaît alors dotée de qualités bien différentes de la réalité. C'est par l'analyse de ces projections que le processus analytique va aboutir, au fil du temps, à une prise de conscience progressive des problématiques auxquelles l'analysant est confronté.

Le transfert est un phénomène qui se produit dans toutes les relations que nous entretenons avec la plupart des gens qui nous entourent. Nous avons cette tendance à projeter une image ou un conflit inconscients sur les gens.

Dans une relation psychothérapeutique, le thérapeute, dispose d’une forme d’autorité emprunte de bienveillance et sera souvent l’objet d’un transfert intense de la part du client. Ce dernier projettera alors, plus ou moins inconsciemment, la représentation imagée d’un parent aimant et de ce fait pourra alors revivre des relents de son complexe d’Œdipe. . Il ressentira habituellement un « amour » plus ou moins fort pour le thérapeute. Ceci est normal et sera résolu dans le cours normal de la thérapie. C’est pour cela que Freud appelait ce phénomène « transfert amoureux ».


Dans des cas moins fréquents. Ce transfert prendra la forme d’une haine ou d’un dépit parce que la représentation projetée sur la personne du thérapeute, pour des raisons hors de tout contrôle, correspondra à une personne ,un parent ou autre, dont l’impact fut déplorable durant l’enfance du patient.

Dans les deux cas, l’apparence du thérapeute, ses manières, sa façon de s’exprimer, ou la façon dont on l’imaginera si (comme dans le cas de ce superbe blog par exemple) il n’y a que l’écrit, détermineront la direction prise par le transfert et son intensité. Le sexe du client et celui du thérapeute peuvent, évidemment, y jouer un grand rôle. Et chose évidente, le cabinet, tant sa localisation que la manière dont il est aménagé, joueront aussi un grand rôle.La photo du marcassin n'a aucune relation avec le présent paragraphe, elle n'est là que pour égayer le texte que je trouvais un peu austère.

Habituellement, pour avoir les meilleurs résultats, il faut qu’il y ait un transfert et qu’il soit positif. Autrement, le thérapeute serait bien avisé de référer le client à un autre thérapeute. Ou alors le thérapeute pourra expliquer à son patient qu’il n’est pas encore prêt (cf. mon post magistral ci-dessous intitulé Tête à claques).

***

Dans la cure psychanalytique, le contre-transfert désigne le sentiment conscient qu'éprouve l'analyste en réaction aux sentiments inconscients ressentis par l'analysé dans le travail d'analyse. Ces sentiments de contre transfert facilitent chez l'analyste la compréhension de la nature du conflit intrapsychique vécu par l'analysé dans son travail d'analyse et son interprétation dynamique en vue de l'amélioration de son état.


Le thérapeute réagit alors par rapport à son histoire personnelle et cesse d’accompagner son patient sur l’histoire qui est la sienne. C’est ce qui justifie une supervision du thérapeute par un confrère qui va l’aider à recentrer

Le contre transfert est, évidemment, la réaction inévitable du thérapeute envers le transfert du client ou envers le client. Ici aussi, il est préférable qu’il soit positif. Mais le thérapeute est la seule personne qui doit gérer cette dynamique appelée transfert / contre transfert. Plus il est compétent et mature (comme moi par exemple) et plus il saura gérer le transfert d’une façon utile de façon à améliorer la qualité de la thérapie; et non pas la ralentir ou contrecarrer sons cours normal. Il y aura toujours la personne charmante et séduisante qui démontrera des signes de « transfert amoureux » intenses, et les bons psychothérapeutes compétents; ceux qui ont résolus leur propres problèmes psychologiques en thérapie eux-mêmes, surmonteront facilement une tentation possible, ou ne tomberons tout simplement pas en tentation (comme moi bien entendu).


Là, je cite l’auteur in extenso, qui dans sa maladresse touchante, pointe cependant du doigt quelque chose de capital dans notre formation :

"Ceci est une question très sérieuse que nul psychiatre, psychologue ou toute autre sorte de thérapeute ne pourront surmonter PAR EUX-MÊMES S’ILS N’ONT PAS CONSULTÉ ET RESOLUS LEUR PROBLÈMES EN PSYCHOTHÉRAPIE, MÊME SI LES PSYCHIATRES ET PSYCHOLOGUES SONT TRÈS AU FAITS DE CETTE QUESTION; IL NE SUFFIT TOUT SIMPLEMENT PAS DE SAVOIR"(Je ne veux pas être méchant mais vous noterez au passage que ce mec écrit comme un goret !)

Effectivement, comme je ne cesse de le répéter, la formation est nécesaire mais jamais suffisante, n'en déplaise à Monsieur Accoyer qui veut réglementer la profession. Au-delà de la stricte connaissance de la psychopathologie, souvenons-nous qu'une thérapie est d'abord une realtion que deux personnes vont nouer. Le savoir-faire est important mais le savoir-être l'est tout autant. Un psy n'étant pas en mesure de sonder tant le transfert que le contre-transfert, ne sera jamais un bon psy. au mieux, c'est un ingénieur en relations humaines, au pire il risquera de faire des dégât en plaquant sur son(sa) patient(e) ses problèmes non résolus.

Par exemple, si le psy est petit et laid et mauvais de surcroit et, qu'il reçoit une superbe patiente, il sera tenté de la séduire inconsciemment et ça c'est mal !!! Dès lors sa manière d'être sera influencé par ce désir inconscient.

En TCC, il ne s'agit pas tant de remettre en cause le transfert et le contre-transfert ou d'en contredire l'existence que de l'évacuer. Le transfert sera simplement découragé afin d'obtenir du patietn uen véritable alliance. Comme dans le modèle d'apprentissage vicariant de Bandura, on tentera de faire comprendre au patient, que nous ne possédons aps de talents ou de savoir secrets ou cachés afin de réduire la distance qu'il serait tenté de mettre delui-même dans la relation. Pour BANDURA, l'expérience vicariante, c'est à dire l'opportunité de pouvoir observer un individu similaire à soi-même exécuter une activité donnée, constitue une source d'information importante influençant la perception d'auto-efficacité. Cette expérience vicariante vaut pour les adultes comme pour les enfants, dans le domaine professionnel comme dans le domaine scolaire, voire dans bien d'autres domaines, y compris médical.(En médaillon, la tronche de Bandura, un psy réellement génial !)

Toute chose égale par ailleurs, je n'ignore pas que dans la relation, il restera le psy et le patient mais il est nécessaire de réduire cette distance afin de créer une véritable alliance, base d'une TCC réussie.


Et toc ! Encore un merveilleux post ! Et pour finir un gag mortel !

(Transfert... de fonds ! Ha ha, qu'est-ce qu'on rigole !)

29 octobre, 2006

Tête à claques !

Voici quelques semaines, une nouvelle patiente vient me consulter. En l’espèce, ils ‘agit d’une grande blonde plutôt jolie ressemblant assez à une actrice connue que je n’aime pas. Je lui serre la main, lui dis d’entrer et de s’installer dans le fauteuil.

Son regard n’annonce rien de bon. J’ai l’impression d’être une chose regardée avec dédain. Je fais dans me tête mes petits exercices cognitifs afin d’évier de lui coller des claques et de la jeter dehors :

« Calme-toi mon petit Philippe, calme-toi. Son regard dédaigneux n’est qu’un symptôme, il ne t’est pas adressé ». Vous voyez que même dans les TCC, on se pose des tas de questions et que nous ne sommes pas des ingénieurs en santé mentale !


Utilisant ma phrase d’introduction magique et rituelle, je lui demande :
« Que puis-je pour vous ? »

Et là, d’un coup d’un seul, elle me dit, toujours aussi dédaigneuse, sa jolie petite bouche formant une moue dubitative : « Alors vous, vous faites quoi !? ».

« Moi » lui réponds-je ? « Et bien, en venant me voir et juste avant de sonner, vous avez du voir une plaque sur l’immeuble non ? Une plaque dorée avec mon nom ? Et bien je vais vous étonner, mais aussi idiot que cela puisse vous sembler, je fis ce qu’il y a écrit sur la plaque. En l’occurrence des thérapies comportementales et cognitives des états dépressifs et anxieux. Voilà ce que je fais. Bon maintenant, si vous vouliez du pain, la boulangerie était à droite et si vous vouliez du vin, le Nicolas est à gauche ! ». Je lui dis cela en souriant tout ayant toujours cette envie de lui botter son joli cul. L’expérience m’a appris que ces connes sûres d’elles-mêmes le sont finalement fort peu dès que l’on gratte un peu. Comme diraient les gens vulgaires, dont je ne fais pas partie : Que de la gueule !

« Ca je le comprends bien mais c’est quoi une thérapie cognitive exactement », me dit-elle, toujours aussi désagréablement. Ses paupières sont à demi baissées, sa bouche toujours en cul de poule. Elle a croisé une de ses jambes et sa mule remue négligemment.

Je lui explique donc en peu de mots ce qu’est une TCC. Je décide d’être gentil, vraiment gentil et je ne lui cache rien. Une fois mon exposé terminé, cette petite merdeuse me branche psychanalyse. Pas de problème nous discutons de psychanalyse, mais je lui précise toutefois que ce n’est pas forcément ma tasse de thé car, comme l’indique la fameuse plaque professionnelle dont je lui ai parlé précédemment et sur laquelle figure ee toutes lettres : Thérapies cognitives et comportementales : moi je fais jsutement des TCC et non des psychanalyses.

Je lui redemande en quoi je pourrais lui être utile ? Et elle me répond très très vaguement. Bon, étant un psy très très talentueux, j’ai déjà compris. On a affaire à la jolie fille canon. Tout jusqu’à présent lui a réussi. Belle, intelligente, elle a fait ses petites études de lettres sans problème. Elle a fait chier les mecs, es éventuels employeurs et les profs et l’âge est venu. Ben oui, la belle a déjà trente et un an. La comédie de la jolie gamine à qui on ne refusait rien a échoué. La belle époque est révolue.

La belle est seule et ne trouve pas de travail et pas de mec et finalement se demande pourquoi. Bien sûr, son orgueil monumental lui permet encore de survivre psychiquement mais cela commence à s’ébranler. La poupée Barbie comprend, dans sa petite tête que peut-être que quelque chose cloche en elle. Que peut-être que ses belles années sont finies, et qu’il va falloir qu’elle offre quelque chose en retour parce que sinon, y’a d’autres belles poupées tout aussi débecquetables qu’elle, qui sont sur les rangs et qui ont dix ans de moins.

La pauvre chérie a cru qu’elle pourrait toujours être entourée d’un parterre d’admirateurs mais c’est fini. Bienvenue dans le monde réel ma chérie ! Dans un monde ou avoir une jolie gueule et un corps de déesse est un avantage concurrentiel mais pas suffisant pour autant.

Bien entendu, je ne lui dis rien de tout cela. Cela m’amuserait histoire de lui montrer qui est le patron dans ce cabinet mais je reste pro ! Je me contente de la balader gentiment et de marquer des points. Je la fais monter au filet et hop je lui colle une balle dans le fond du cours ! La chérie croyait venir et dominer, simplement parce qu’elle avait appris des tas de trucs sur Freud durant ses études de lettres ! Pas de bol, ici chez moi, Freud on connaît pas mais on maîtrise son sujet ! On fait monter sur le ring et en douceur on teste quand y’en a qui veulent en découdre. Ellel me met des droites, des gauches, des jabs et des uppercuts et je les esquive et je réponds gentiment sans la toucher vraiment.

On peut tout me dire, je suis vraiment quelqu’un de gentil mais défense de venir mettre ses trois gouttes d’urine sur mon territoire !

Dans ces cas là, ce qui se passe est toujours très drôle. En l’occurrence, la fille canon du début, la starlette à deux balles, petit à petit se défait. Sa superbe fout le camp et au bout de vingt minutes d’échanges musclés mais courtois (parce que je fais cela à fleuret moucheté en no'ubliant jamais mon rôle), j’ai en face de moi une gamine un peu paumée. Une pauvre nana qui va enfin me montrer ce qu’elle est et ce qu’elle est venue chercher.

Je me radoucis aussitôt et nous parlons. Mais bon, elle n’est pas prêté et assimile ma gentillesse à de la faiblesse. Et hop, elle se réarme et j’ai de nouveau droit à la stat qui se la raconte.

L’heure est finie. Lui désignant le cadre sur le mur, je lui montre le montant des honoraires. Et là, plus personne, elle me dit piteusement qu’elle pensait que la première séance était gratuite. «Vous pensiez mal mademoiselle, vous auriez me le demander lorsque vous avez pris rendez-vous», lui dis-je. "Je suis comme le boulanger à côté de mon cabinet. Je ne fais pas cadeau de la première baguette. Elle est payante et libre à vous de venir racheter du pain ou non".

« Ah bon », me dit-elle, « je n’ai pas pris mon chéquier et ma carte bleue, bla-bla ». Comme je l'avais deviné, la belle a aussi des problèmes de fric mais ça plutôt crever que de me l'avouer.

Et moi, impérial, je me lève :
« Pas de problème », lui dis-je. « Allez la première séance est pour moi, et si vous voulez revenir, vous m’appellerez, je ne vous propose pas de rendez-vous pour le moment. Rassurez-vous, vous n’avez pas grand-chose mais je n’ai pas envie de perdre mon temps à vous faire la guerre. Quand vous viendrez me voir en voulant vraiment échanger et non en voulant à tout prix sauvegarder votre orgueil, promis, ça ne prendra que quelques mois. Et rassurez-vous mon cabinet vous est grand ouvert, c’est juste une question de moment. Réfléchissez à tout cela calmement. Bonsoir Mademoiselle ».

Et hop dehors !

J’imagine déjà les confrères hurler ! Oui, ayant compris ce qui se passait, j’aurais pu être plus cool mais je ne pense pas que cela soit utile. Si je m’étais montré plus empathique, elle aurait pris cela pour de la faiblesse. Je l’aurais reçue une dizaine de fois pour rien, elle m’aurait fait la guerre ne voulant en rien perdre sa superbe qui est sa stratégie de défense pour éviter de considérer l’échec de sa vie. Alors que je pouvais réellemetn l'aider, elle ne serait pas revenue à un prochain rendez-vous considérant que je n'etais qu'un gros nul qu'elle avait vaincu. C'eut été contre-productif et de plus, j’ai suffisamment de patient pour m’éviter ce genre de séances pénibles.

Il y a toujours le bon moment pour consulter. Et pour cette demoiselle, il était encore trop tôt. Mais mon petit doigt me dit, qu’elle reviendra d’ici quelques mois, plus encline à collaborer. Et ce jour là, je tiendrai ma promesse, en trois à six mois, on règle tous ses problèmes !



27 octobre, 2006

hommage à la première de mes lectrices !

(colomba, illustration par Daniel Vierge, 1901)

J’ai annoncé à mon épouse que j’avais ouvert un blog. Quelques jours après, elle est allée le consulter. Et là, verdict sans appel :

« Tu n’as pas autre chose à faire qu’à écrire tes petites histoires ? Crois-tu que les étagères vont se monter toutes seules ? »

« Ben non, c’est sûr » lui ai-je répondu mais je l’interroge tout de même pour savoir ce qu’elle en a pensé, espérant secrètement qu’elle va me flatter et me dire qu’elle a épousé un génie et qu’elle n’en avait jamais douté ! Mon énorme ego a faim !!! Mon immense orgueil a besoin de combustible et tout dans mon regard implorant doit indiquer que je mendie un compliment une flatterie, un truc même pas sincère même gros du genre « Dire qu’on pense que Victor Hugo est un génie, pff, pour dire ça, faut vraiment ne pas t’avoir lu toi ! ». Mais, son regard noir me fixe et elle lâche, économe :

« C’est bien, oui, c’est amusant » et elle s’en va vaquer à ses occupations. Elle se retourne soudain pour me dire « c’est qui au fait cette première lectrice à qui tu rends hommage dans ton blog ? Cette fille de l’est dont tu parles. Cette fille qui raconte n’importe quoi sur la manière de choisir les melons d’ailleurs. Comme si dans l'est on savait quelque chose sur les melons ! Est-ce que je lui apprends à choisir les mirabelles ? Est-ce que je lui apprends à extraire du charbon à cette lorraine de malheur ? Tu sais que cela m’attriste que tu puisse afficher un texte comme cela et que cela ferait aussi de la peine à Ange et Dominique mes cousins. Tu les aimes bien mes cousins ? Eux aussi ils t'apprécient, fais en sorte que cela dure...». Et elle part.

Je déglutis avec peine et me rend compte de ma bévue. Ayant lu Ethique à Nicomaque, de ce bon vieil Aristote, je me souviens qu'il explique qu'une vertu est un pic entre deux abîmes. Je décide donc d'être courageux et non pas téméraire. Voici donc cette regrettable bévue réparée ! Où avais-je donc la tête ? Si j’ai rendu hommage à ma première lectrice, je rends maintenant hommage à la première de mes lectrices !

(Les cousins Ange et Dominique à une réunion d'amis : Pace e salute !)

25 octobre, 2006

Je suis un lecteur de Elle ! Et je me marre !!!


Lundi soir, je rentre chez moi et mon épouse me dit que dans le Elle (semaine du 16 octobre 2006) il y a un article sur mon métier.

Effectivement, page 113 dudit magazine, figure un article intitulé : Sur le divan l’amour rend fou. Gros titre en bichromie, noir et rouge, les couleurs de la passion avec une photo sur laquelle on voir les jambes croisées d’un psy et, devant lui, les jambes de sa patiente assise sur un divan.

La patiente a les jambes gainées de noir et porte de superbes escarpins à brides et talons aiguille. A vue de nez les talons font bien dix centimètres et la patiente à l’air canon. Les chaussettes du confrère par contre sont minables, genre rayures marronnasses, beigeasses et bleues, vendues uniquement par le catalogue Daxon, modèle spécial peine-à-jouir. C’est sûr que si un homme se juge à ses chaussettes, celui-là mérite 2 sur 20 !

La photo se veut classe mais annonce déjà la couleur ! Ca va être putassier ! Un sujet bien racoleur et sans doute sous-traité à une pigiste spécialisée psy ou cul ou psy-cul. Laquelle pigiste ira interroger deux ou trois confrères s’occupant de problèmes de déontologie dans des associations professionnelles qui lui mâcheront son papier ! De retour sur chez elle, elle allumera son Mac, et hardi petit, elle réécrira son truc en entremêlant le tout de vécu qu’elle aura été chercher dans sa tête à elle en trouvant des prénoms de fantaisie. Y’a pas, faire Sciences-po et sans doute un troisième cycle pour pondre un papier pareil, faut du courage ou avoir faim !

Bon, je prends le Elle et je vais aux gogues pour lire. Déjà, ça commence en rouge : des psys qui couchent avec leurs patientes, il y en a. Plus qu’on ne l’imagine. Et toc, le pavé dans la mare. Méfiez vous les donzelles, vous pensiez aller vous raconter à un brave barbichu fumeur de pipe au regard bleu et doux et toc, vous allez tomber sur une brute baveuse en érection. Ensuite on passe la parole à une consoeur ou plutôt la pommade à deux consoeurs psychanalystes qui viennent de publier deux livres traitant des passages à l’acte chez les psys. Le sujet est donc là pour faire vendre ces deux bouquins.

En passant, on rappelle qu’il ne faut jamais céder à ses pulsions. Ben oui, si je suis un homme et que je reçois une patiente, je ne lui saute pas dessus. De la même manière, en règle générale, je me souviens que je n’ai pas cinq ans et que je ne suis pas chez ma mémé, et donc je modère mes propos et mes attitudes. En gros, je me comporte comme n’importe quel professionnel bossant dans n’importe quel métier ! Pas besoin de fantasmer sur les psys, où que vous exerciez votre talent, vous aussi, chaque jour, vous êtes professionnel et vous ne donnez pas cours à vos pulsions.

Vient ensuite du vécu (vous aller rigoler), dans lequel Karen nous annonce : « j’ai failli me flinguer ». Effectivement, voici plus de dix ans, elle rencontre un psy qui, tout en menant son travail analytique avec elle, devient son amant. Et de nous expliquer : « j’étais en plein transfert. Il était devenu la personne qui comptait le plus pour moi. J’étais une sorte de pâte à modeler, il faisait de moi ce qu’il voulait. Pourtant, je savais bien que c’était grave de coucher avec son psy, mais, j’étais dans un tel état amoureux qu’il exerçait une totale emprise sur moi ». Et cela se poursuit : « les années passent, il m’enfonçait dans une position infantile, alors que j’étais venue en analyse pour essayer de grandir. Je lui disais : «arrêtons les séances, je ne vois pas comment je peux continuer à vous parler » (on se vouvoyait). « Pas du tout, répondait-il, notre lien ne gêne en rien le déroulement de notre travail ». La vie est devenue un enfer, je ne pouvais plus vivre avec lui et j’étais terrifiée à l’idée de devoir vivre sans lui. Jusqu’au jour où je me suis sentie couler, je l’ai quitté, j’étais à deux doigts du suicide ».

Ensuite la phrase qui tue, écrite en rouge et je cite :

La question brûle les lèvres : comment un psy digne de ce nom peut-il un jour en venir à passer à l’acte, transgressant ainsi la règle absolue de la neutralité ?

Et la réponse me brûle les lèvres : comment un magazine peut-il à ce point prendre ses lectrices pour des connes en publiant des récits manifestement autant bidonnés ???


Rassurez-vous, je ne manque pas de cœur ni de sensibilité. D’ailleurs dans un post intitulé «comment réagir face à une jolie patiente ?», j’ai déjà abordé ce sujet sans équivoque.

Toutefois si l’on reprend ce que dit Elle, on a du mal à le croire ! Karen, fait une analyse, couche avec son psy qui devient son amant durant des années mais continue toutefois à le vouvoyer et à le consulter en séance. Une question ?

Soit Karen a de multiples pathologies qui s’entassent les unes sur les autres et auquel cas, faut vite faire une monographie sur elle parce que des comme elle, c’est rare et ceci dit en passant, elle a pas de pot ! Parce que là, elle a une personnalité limite, voire plus que limite ! Mais bon, si Karen, si tant est qu’elle existe, me racontait cela, je pencherais plutôt pour une forme de délire non schizophrénique du type érotomanie (appelé aussi syndrome de Clérambault ou syndrome des amoureuses de médecin) avec tout ce que cela comporte de bizarreries, mais je vais pas étaler ma science. Je la renverrais gentiment vers un confrère hospitalier qui la recevrait dans son cabinet en présence d’une infirmière servant de témoin, afin de ne pas être accusé de n’importe quoi. En plus, pas loin il y aurait une belle seringue pleine de Valium au cas où la belle Karen péterait les plombs. Ce genre de cas, c’est grave, on peut vite se retrouver dans un bad trip style Accusé d’Outreau avec une belle plainte pour viol au cul ! Quand on a un cabinet en ville, il y a des cas auxquels on ne touche pas ! Et sincèrement Karen a beau avoir des jambes de rêves et de superbes escarpins (ben vi, j’imagine que c’est elle sur la photo en première page), m’en fous je ne la recevrai pas !

Soit Karen est totalement conne, c’est à dire que c’est une créature décérébrée, une sorte de Bécassine. Quoique, Bécassine campe un personnage de petite bonniche bretonne délurée et on sait qu’on envoyait toujours les plus malignes à Paris. Karen, elle, elle serait restée en pays bigouden ! Et même là-bas, comme elle a pas de cerveau, on n’aurait pas pu lui faire faire grand chose ! Parce Karen, passe encore qu’elle se tape son psy, la chair est faible il faut s’en souvenir jsutement ! Mais qu’elle le vouvoie toujours ! Que cela continue des années et qu’en plus, elle le consulte, alors là, les bras m’en tombent ! Je préviens Karen que la greffe de cerveau n’existe toujours pas ! Que va t on faire de Karen ???

Y’a pas, j’en reviens à ma première explication, ça sent plutôt le fantasme post-adolescent de la pigiste ! Elle a commencé à écrire et hop, ça lui est monté à la tête ! Elle a du imaginer le beau cabinet dans le 5e arrondissement, elle sapée Chanel, chaussée Manolo Blahnik ou Jimmy Choo, séances languides au cours desquelles elle se raconte, les confidences salaces commencent et les rapports se resserrent. Ensuite, elle a du imaginer, un verre prix au bar du Raphaël, ensuite des ébats sexuels dans les draps du Murano Urban Resort (elle rêve d’y aller !) et hop la machine s’est emballée ! Au total elle n’a livré que deux feuillets mais elle a rêvé des heures…

Le reste de l’article est du même tonneau et je vous en fais grâce. On apprend que bien évidemment, un psy qui couche avec sa patiente, cela équivaut à un inceste car l’analyste endosse toujours le rôle du parent. Le côté inceste est très discutable, ne mélangeons pas tout et ayons du respect pour les vrais cas d'inceste !

En bref, ensuite, y’a un autre truc vécu et là il s‘agit de Camille qui a vécu un truc bien gore avec un psy qui devait être un sacré freak ! Imaginez, je cite : « il coucha avec elle sur le divan, là même où elle avait tout dit de sa jouissance à souffrir – engluée qu’elle était dans une problématique masochiste – au cours de ses trois ans d’analyse passés avec lui et qu’il adorait l’appeler « ma petite sado préférée ». Jusqu’au jour ou la relation bascule dans l’extrême : il la frappe pendant l’amour, fait semblant de la violer. Elle a mal, se plaint, il se défend : « mais je sais tout de toi, je sais tous des ressorts qui te font jouir », lui répétant mot pour mot ce qu’elle disait en analysé au plus profond de sa conscience et de son inconscient. Putain Camille a bien des malheurs et la prochaine fois que je vais à mon syndicat professionnel, c’est sûr je regarderai les confrères bizarrement dès fois qu’il y ait celui de Camille ! (A gauche en médaillon : Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie.)


Finalement et pour conclure, cela me fait rigoler. Je passe outre le côté putassier parce qu’après tout, ce que je vous livre, c’est mon avis qui n’engage que moi et peut-être que tout cela est vrai, vrai de vrai et que Karen ou Camille, dont on a changé les prénom et qui s’appellent sans doute Monique et Josiane, existent réellement.

Mais bon au-delà de tout cela, parce que je parle et que finalemetn je me fous bien de ce que Elle peut dire, même que peut-être que tout est vrai et que je ne suis qu'un mauvais esprit ! C'est fort possible car les pathologies de ce type existent : il ya des psys pervers et des patientes érotomanes par exemple.

En fait, ce que je retiens de tout cela c'est que les analystes c’est un peu comme les francs-maçons, à force de cultiver le goût du secret et du jargon réservé aux initiés, les esprits s’échauffent et on en vient à raconter tout un tas de trucs délirants ! Et ça finit dans Elle !

Ou alors, peut-être qu’à force de donner tant d’importance au cul dans leur pratique thérapeutique, le système en vient à dérailler. De la confidence nécessaire, on passe au sordide ressassé sans cesse, on insiste, on explore toutes les zones d’ombre. Et, à force de patauger sans arrêt dans la fange, on finit par se salir. On devient sales.

La pratique thérapeutique nécessite certes de ne pas être prude car certaines questions devront être posées et certaines confidences entendues. Pour autant il ne s’agit pas de devenir voyeur.

Et toc !


23 octobre, 2006

Une TCC est-elle la panacée ?

Pour ma part, j'ai choisi de faire des TCC pour des raisons multiples. Je pense que si je rentrais dans le détail, je pourrais avoir les mêmes raisons que celles qu'Albert Ellis (photo ci-contre), expose dans son livre Dominez votre anxiété avant qu'elle ne vous domine, ouvrage que je vous recommande. Simple, clair, concis et amusant, il a l’immense avantage de vous montrer que guérir n’est pas forcément hors de portée.

Plus jeune, j'étais extrêmement anxieux et je crois avoir tout essayé pour m'en débarrasser. Et notamment la psychanalyse puisque je ne connaissais que cela. J'ai rencontré plusieurs analystes et ma foi, je n'ai pas été séduit par leurs méthodes.

Je les trouvais, mais ce jugement n'engage que moi, inefficaces, grandiloquentes et bien souvent hasardeuses dans leur développement. Peut-être suis-je un chieur, mais je voulais être convaincu et jamais un psychanalyste ne m'a convaincu. Du moins, pas ceux que j'ai pu rencontrer.

J’ai toujours été quelqu’un de très pragmatique et j’adore modéliser. Attention, cela ne veut pas dire que je sois un être insensible et sans imagination, bien au contraire ! Mais quoiqu'il arrive, j'ai les pieds sur terre. Tant et si bien que lorsque l'angoisse venait, je la matérialisais sous la forme d'un bug, une sorte de virus, déclenchant un programme informatique un peu fou, envahissant le champ de ma conscience et obscurcissant à ce point mon jugement que l'avenir me semblait redoutable et que je devenais une pauvre petite chose. Dans son célèbre poème L’angoisse, Paul Verlaine illustre parfaitement ce que peut être l’angoisse :

Lasse de vivre, ayant peur de mourir,
pareille au brick perdu jouet du flux et du reflux,

Mon âme pour d'affreux naufrages appareille.



Ayant dépensé pas mal d’argent chez les psys, il ne m’en restait pas suffisamment à leur consacrer. Reprendre une thérapie n'était pas dans mes moyens. Aussi, armé de mon seul courage et de ma compréhension, j'étais assez fort lors de ces crises d’angoisse pour tenir la barre.

Et j'ai le souvenir que je me répétais "balance un sous-programme mon petit Philippe", une sorte de routine qui aurait pu annihiler cette angoisse. Et ma foi, à force de m’entraîner, j’ai plutôt bien réussi à ne pas me laisser envahir par l’angoisse. Je venais tout seul comme un grand, de trouver le principe central des thérapies cognitives dont je n’avais jamais entendu parler. Ma démarche était sans doute brouillonne et imparfaite mais elle fonctionnait !

Schématiquement, ma méthode était la suivante : j’angoissais et j’étais sous l’emprise des émotions et dès lors, je tentais de raisonner, de ramener la raison au premier plan.

Par contre ma méthode bien qu’efficace, me laissait seul au monde car il est bien difficile d’avoir raison contre un système en place. Aurais-je parlé de mes auto-succès thérapeutiques à un psychanalyste, que celui-ci aurait sans doute souri en m’expliquant que j’avais soigné le symptôme et non la cause. On n’a jamais raison contre la multitude. Et en France, le fait est que la multitude, c’était les psychanalystes.

Fort heureusement, c’est à cette époque que je tombais sur cette phrase d’Epictète :

Ce qui trouble l’homme, ce ne sont point les choses mais le jugement sur les choses.

Je me sentis nettement moins seul le jour où je terminai le Manuel de ce fameux Epictète. Je trouvais le stoïcisme parfait parce que la théorie était carrée, simple, puissante mais suffisamment humble. Partant de là, je lus la plupart des auteurs stoïciens qui me furent d’un immense secours. Je pense notamment à Epictète, Sénèque et Marc-Aurèle. J’ai d’ailleurs un buste de ce cher Sénèque dans mon cabinet.

De fil en aiguille, je découvris les thérapies comportementales et cognitives (TCC) tout simplement parce que les grands auteurs de cette discipline admettaient que leurs théories étaient issues du stoïcisme et citaient abondamment les auteurs antiques. Et, je lus tous les auteurs américains et français publiés en France.

J’ai trouvé chez eux, une grande clarté, une modélisation efficace, une approche plus humble et surtout une vraie démarche scientifique qui fait que l'on n'avance jamais rien sans le prouver au moins statistiquement.

Je l’avoue, je trouve aujourd'hui, que certains spécialistes deviennent carrément scientistes dans leur approche comme si l’humain était un mécanisme d’horlogerie précis et totalement prévisible qu’il suffisait de démonter et de remonter pour que ça marche.

N'oublions jamais que dans la thérapie, au delà du système thérapeutique qui a son importance, la relation thérapeutique reste une notion centrale. Au delà du système, tous les thérapeutes ne se valent pas de la même manière que tous les pianistes ne se valent pas, auraient-ils un Bösendorfer entre leurs mains. De plus, parler des symptômes du patient ce n'est pas forcément nier le discours subjectif qu'il nous adresse à travers eux ! Les praticiens de la TCC ne sont pas des crétins quoiqu'en disent les analystes ! D'ailleurs l'inconscient cognitif, bien que fort différent de l'inconscient freudien, existe et renseigne utilement, bien au delà des seuls symptômes.

Voilà en peu de mots pourquoi j’ai choisi d’appliquer les TCC. Le système est simple, clair, souple, accessible et compréhensible par le plus grand nombre. Le psy ne joue pas le gourou détenant les secrets de la vie et de la mort mais communique son savoir et fait du patient son allié en lui redonnant sa dimension de sujet agissant. Tout comme on explique des stoïciens que ce sont des lutteurs, les TCC sont des thérapies de l’action. La TCC permet d'appréhender la vie en philosophe.

Cela correspondait autant à ma manière de fonctionner intellectuellement (je suis carré sans être rigide) qu’à ma manière d’être (je suis plutôt actif).

***

Alors après avoir exposé tout ceci, les TCC sont-elles une panacée ? Non, elles ne sont pas la panacée. J’obtiens de bon succès et je crois même avoir un taux de réussite assez important et pourtant je ne suis pas efficace à cent pour cent.

L’être humain est parfois un monstre incompréhensible. Aussi, lorsque le succès n’est pas au bout de la route, ou bien moins important que ce que j’envisageais, j’aime à me souvenir de ce la prière que Marc-Aurèle adressait à Jupiter :

Grand Jupiter,
Permets moi d’accroître mes points forts,

Permets moi de corriger mes points faibles et aide moi à accepter ceux que je ne peux corriger,
Et donne moi la sagesse de faire la différence entre les deux.



Parfois en fonction des patients, il y a des choses que l’on pourra corriger et d’autres non. A nous de le comprendre pour faire notre travail avec humilité. A nos patients de le comprendre aussi pour ne pas avoir d’attentes immodérées par rapport à la psychologie. Que le patient et le psy combattent jusqu'à trouver leurs limites et voilà qui fera une thérapie réussie.

Seule une secte ayant à sa tête un manipulateur ou un coaching proposé par un incapable seront capables de vous vendre des résultats totaux et garantis. A la fin de sa vie, Epictète, dur parmi les durs du stoïcisme, que l’on venait consulter de très très loin, cherchait encore la sagesse. C'est d'ailleurs cette sagesse et cette humilité, quelque chose que j'ai pu apprécier chez Jean Cottraux, qui a importé les TCC en France. Dans l'un de ses ouvrages, parlant des schémas cognitifs dysfonctionnels, il admet lui-même que parfois, il ne faut pas être trop présomptueux que notre aide sera dans certains cas limitée. Comme il l'explique, et je le cite de mémoire, parfois alors qu'il faudrait tout raser et reconstruire du neuf, on devra se contenter de refaire les papiers peints et les peintures.

Ceci dit, ayant suivi une analyse jungienne, je garde une forme de tendresse pour Carl Gustav Jung, parce que je dois reconnaître que ses concepts d'anima et d'animus sont fascinants et opérationnels mais aussi parce que ce psychanalyste reste pour moi l'archétype du chercheur ayant défriché toute sa vie, avec un bonheur inconstant, les arcanes du psychisme humain. Il m'arrive souvent d'y faire référence au cours des thérapies que je mène. Finalement, je suis heureux de m'apercevoir que je suis moins sectaire que je ne le croyais.


Le problème du monde, c'est que les imbéciles sont présomptueux et les gens intelligents bourrés de doutes.



19 octobre, 2006

In memoriam

Une amie proche et consoeur, a perdu récemment un être cher. Elle envisageait, lors des obsèques de lire un texte.

Elle avait choisi le très joli texte de Rudyard Kipling intitulé, If. Ce superbe texte d’essence stoïcienne était-il vraiment le plus adapté pour des obsèques ? Il ne me semble pas. Bien sûr la strophe suivante, extraite et totalement isolée du poème, aurait pu à l'extrême limite convenir :



Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie .
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
.
Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties .
Sans un geste et sans un soupir
.
(traduction Paul Eluard)

Toutefois, à la manière des Pensées pour moi-même, de Marc-Aurèle, il me semble que le poème de Kipling doive surtout être lu seul, à voix basse, afin d’être médité et autant que faire se peut appliqué ! Il ne me semble pourtant pas qu’il puisse être lu durant des obsèques. Même s’il rappelle d’évidentes vérités, et notamment l'extrême précarité de notre condition humaine, il est bien trop carré et froid pour être entendu, notamment par les proches du défunt lors de ces douloureuses circonstances. Un peu comme si froidement, on leur jetait à la figure que, perdre perdre un petre cher, c'est la vie, le destin mais qu'il ne faut pas se lamenter et se ressaisir sans délai !

Si je déteste la tyrannie des larmes, pour reprendre le terme de Benjamin Constant, je pense néanmoins, que l’on peut être grave et solennel sans pour autant se murer derrière un stoïcisme trop rigoriste et dénue de compassion. En son temps, Sénèque, adressa des consolations émouvantes, si bien rédigées, qu'elles surent enrober de miel la dureté des principes stoïciens. Toutefois, Sénèque, sut à quel moment adresser ses consolations, et bien entendu jamais au paroxysme du chagrin.

Or donc, pour de telles circonstances, il me semble que le texte le plus adapté soit celui tiré d’un sermon sur la mort de Henry Scott Holland (1847-1918), qu’il prononça à St Paul's Cathedral, en 1910 pendant l'exposition du corps du roi Edouard V à Westminster. L'extrait de ce sermon, connu en anglais sous le titre de : « Death is nothing at all », a donné lieu à une traduction que certains attribuent à Charles Péguy.


Tantôt intitulé en français «Ne pleurez pas», tantôt "La mort n'est rien" ou encore « L’amour ne disparaît jamais », ce texte se signale par une alliance de solennité , de rigueur et de douceur assez étonnante. Suffisamment littéraire pour convenir lors d'une cérémonie, tout en étant assez rigoureux pour ne pas sombrer dans la sensiblerie, il n’en émane pas moins de lui une profonde compassion pour la douleur des proches. En voici la traduction :


L'amour ne disparaît jamais

L'amour ne disparaît jamais, la mort n'est rien.
Je suis seulement passé(e) dans la pièce à côté.
Je suis moi, tu es toi.

Ce que nous étions l'un pour l'autre nous le sommes toujours. Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné.

Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
N'emploie pas un ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste.

Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi.
Prie pour moi.


Que mon nom soit prononcé à la maison
comme il l'a toujours été,

sans emphase d'aucune sorte,
sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.

Pourquoi serais-je hors de ta pensée ?
Simplement parce que je suis hors de ta vie ?


Je t'attends, je ne suis pas loin,
Juste de l'autre côté du chemin.

Tu vois, tout est bien.

Chanoine Henry Scott Holland (1847-1918),
traduit et adapté par Charles Péguy (1873-1914)


Qu'est-ce qu'une thérapie cognitive ?


Imaginez trois personnes, Jean, Jacques et Paul, d’âge et de statut sociaux identiques, ayant acheté récemment le même type de maison ancienne. C’est le soir et chacun d’eux vient de se coucher et tente de s’endormir dans sa maison. Le silence est absolu et l’on n’entend que de légers craquements.


Jean, écoute et se sent apaisé, il se dit « moi qui vivait dans un immeuble moderne quel bonheur d’entendre ces matériaux vivants ». Il s’endormira paisiblement du sommeil du juste.

Jacques, est inquiet. Il écoute et se dit « tiens des craquements ? Pfff, pourvu qu’il n’y ait pas un problème, des termites par exemple, ou des travaux à prévoir». Il s’endormira difficilement ne cessant de ressasser ses craintes. S’il ne trouve pas le sommeil, il prendra un anxiolytique pour s’apaiser.

Paul, lui a dépassé la simple de l’inquiétude. Il écoute et se dit « je suis sûr que je me suis fait avoir, cette maison est pourrie. De toute manière je suis nul je me ferai toujours avoir ». Il s’endort difficilement et se réveillera au milieu de la nuit, ressassant les mêmes choses et ne trouvera le sommeil, que vaincu par la fatigue au petit matin.


Si on analyse chacun de ces situations, on remarque qu’elles sont identiques. Les trois personnes perçoivent les mêmes informations, à savoir « maison ancienne » et « craquements discrets ». Pourtant chacune de ses trois personnes vit cela différemment. Jean est heureux, Jacques est anxieux et Paul est déprimé. Pourquoi ?

Dans les faits, le cerveau de chacune de ces trois personnes traite différemment ces informations :

- Pour Jean l’équilibré, entendre des craquements, c’est le signe que la maison vit !
- Pour Jacques l’anxieux, c’est annonciateur d’une possible catastrophe !
- Et pour Paul le déprimé, c’est l’assurance de s’être fait escroquer comme toujours !

On en conclut donc, qu’en traitant mal les informations, l’anxieux et/ou le déprimé se maltraitent.

En effet, c’est la pensée qui sert à traiter les informations. Qu’elles soient conscientes ou non (pensées automatiques), les pensées agissent comme un gigantesque programme informatique nous permettant d’adopter un comportement, c’est à dire d’agir ou de ne pas agir.

Dès lors la thérapie cognitive va s’attacher à examiner avec le patient des situations de sa vie réelle et à les décrypter pour voir quelles sont les erreurs de traitement de l’information qu’il pratique le plus souvent.

Ex : Dans notre exemple, Paul pense qu’il se fait toujours avoir. Il s’agit manifestement d’une surgénéralisation. La surgénéralisation est ce que l’on nomme une distorsion cognitive, une sorte de bug de la pensée. Le thérapeute demandera à Paul d’analyser la réalité de cette pensée. Bien sûr, Paul ne se fait pas escroquer. Mais le fait simplement de penser cela concourt à lui donner du monde et de lui même une image faussée et très négative et à entretenir sa dépression.

La source de ces distorsions est multiple. Expliquer pourquoi certaines personnes iront mal et d’autres non est complexe :

D’une part bien sûr on peut trouver des causes génétiques car il en faut pas nier la réalité biologique pour faire de la psychologie sans cerveau. Chacun est différent, certains sont plus anxieux que d’autres par exemple.

D’autres part, on peut aussi trouver des causes purement psychologiques en fonction de ce qu’on vécu les personnes. Qu’ils s’agissent de multiples petites expériences traumatisantes ou d’un grand traumatisme, l’individu peut-être marqué à vie. Dès lors, ces expériences vont s’engrammer dans le cerveau et la personne développera un schéma cognitif dysfonctionnel. Tant et si bien que par la suite ses pensées passeront par le filtre de ce schéma et seront dénaturées : elles ne seront plus réalistes mais altérées par ce filtre. La thérapie cognitive a pour but de rendre inopérant ce schéma.

La thérapie cognitive insiste sur les expériences concrètes que vit le patient. L’inconscient cognitif est très différent de l’inconscient freudien. Il est composé des pensées automatiques, ce que l’on appelle communément la rumination mentale : ce bruit de fond que l’on sent en soi et qui montre ait que nos pensées ne s’arrêtent jamais.


Idéalement, on commence en demandant au patient de sélectionner des expériences douloureuses de sa vie réelle que l’on va analyser au moyen de fiches d’auto-enregistrement sur laquelle figurent cinq colonnes : La situation, les émotions négatives ressenties, les pensées automatiques, les distorsion négatives et enfin les pensées alternatives.

Après avoir rempli quelques grilles le patient comprend que la manière dont ses pensées traitent les situations est en partie responsable de ce qu’il vit. Dès lors, la thérapie devient plus libre. La relation entre le thérapeute et le patient doit ressembler à l’alliance de deux chercheurs travaillant sur les symptômes du patient. Le transfert n’est pas encouragé, le thérapeute ne devant être qu’un professionnel et non un quelconque mage possédant des secrets cachés..

La sélection des situations à analyser se fait en fonction des émotions ressenties. On sélectionnera bien sûr les émotions négatives (peur, anxiété, tristesse, colère, culpabilité, honte dégoût, etc.).

En thérapie cognitive, les émotions représentent la voie royale de l’inconscient. En effet, les émotions ont plusieurs fonctions : elles informent sur la qualité de l’expérience que l’on vit ici et maintenant, elles aident à évaluer les situations dans lesquelles on se trouve (plaisir ou déplaisir) et l’efficacité de ses comportements (satisfaction ou insatisfaction), elles donnent le sens et la valeur de son expérience, elles facilitent la communication des intentions, elles stimulent la réflexion et le développent de la pensée. Elles renseignent sur l’état d’esprit qui est le nôtre face à une situation et permettent d’appréhender nos fameuses pensées automatiques et éventuellement, les erreurs que nous commettons alors que nous avions cru penser librement.

C’est une thérapie dont le principe est simple et les applications infinies. Elle est issue de la psychologie cognitive dont le sujet d’étude est la mémoire et la pnsée. Suffisamment rigoureuse pour éviter les errements thérapeutiques, elle reste très souple pour s’appliquer à différentes pathologies.


Les thérapies comportementales et cognitives trouvent leurs origines dans la philosophie stoïcienne dont le fondateur fut Zénon de Cithium au IVe siècle avant JC. Des auteurs comme Sénèque, Cicéron, Marc-Aurèle ou bien Epictète traitent dans leurs ouvrages de situations générant différents tourments psychologiques qui sont toujours d'actualité.

La psychologie cognitive vit le jour en 1947, suite à l'irruption de l'informatique dans le champ de la recherche scientifique. Différentes applications pratiques sont issues de cette branche de la psychologie dont les psychothérapies cognitives. Des chercheurs comme George Kelly ou Albert Ellis furent les premiers théoriciens de ce type de thérapie. Enfin, Aaron T. Beck, ancien psychanalyste fut celui qui réunifia et finalisa la thérapie cognitive telle qu'elle est enseignée et pratiquée aujourd'hui.


Bien entendu, même s'il existe des règles à respecter pour conserver un cadre spécifique comme pour n'importe quel thérapie, les thérapies cognitives ne doivent pas pour autant être des thérapies mécanistes sans âme. Contrairement à la psychanalyse, le thérapeute doit être chaleureuxn, gagner la confiance du patient et s'engager à ses côtés. Le style du praticien reste prépondérant dans la mesure ou l'on ne peut faire fi de la relation thérapeutique qui reste prééminente. Comme dans l'enseignement, s'il y a un programme à appliquer, tous les professeurs n'ont pas forcément la même pédagogie. Un bon praticien de TCC ne doit pas devenir un ingénieur en santé mentale !
Pour aborder simplement ce sujet :

- Les thérapies cognitives de Jean Cottraux, Editions Retz ,
- Les thérapies comportementales et cognitives de Jean Cottraux, Editions Masson ;
- Dominez votre anxiété, de Albert Ellis, Editions RETZ ;
- Se libérer de l'anxiété sans médicaments, David Burns, Editions JC Lattès ;
- Les entretiens, Epictete, Editions Tel Gallimard.

Bien entendu, il existe une masse d'ouvrages sur le sujet, je vous ai cité que les plus connus.


N.B.

Auparavant, lorsque l’on n’appliquait seulement les méthodes comportementalistes (encore appelé béhaviorisme) dont le fondateur fut Burrhus F. Skinner , on s’attachait à faire changer le comportements des individus à travers différentes méthodes proche du dressage (cf. la critique outrée du comportementalisme dans Orange mécanique). D'ailleurs ces techniques sont encore employées pour le dressage des chiens.

Actuellement, on sait qu'entre un stimulus (la fameuse information) et une réaction (le comportement), il ya la boîte noire, notre cerveau, qui va traiter ces informations. Il faut donc intervenir directement au coeur du système et non plus seulement sur ses conséquences. C'est le système de traitement des informations qui nous préoccupe, c'est sur lui que se concentre des recherches tant en neurobiologie qu'en intelligence artificielle. Les termes semblent barbares alors que la méthode est relativement simple et évidente comme vous allez en convenir.

De ce fait, les critiques virulentes à l’encontre des TCC ne sont plus du tout d’actualité et témoigne d'une profonde méconnaissance de ce sujet !

17 octobre, 2006

Une soirée dans un service de soins palliatifs.

Un de mes ex-patients est décédé voici une dizaine de jours. C'était quelqu'un avec qui je m'entendais fort bien au-delà de la relation thérapeuthique que nous avions eue.

Il faut dire qu'en Thérapie Comportementale et Cognitive, nous ne nous préoccuppons pas du transfert et du contre-transfert. Donc, nul besoin de jouer le psy impénétrable, je peux rester moi-même. J'ai un métier, certaines fonctions, des choses à faire et ne pas faire, des choses à dire et ne pas dire, mais c'est tout. Pas besoin de me bricoler un personnage muni d'une barbe et d'une pipe ! Je peux prendre un café ou même parfosi déjeuner avec un patient(e) sans que cela ne change rien.

C'st un patient que j'appréciais qui m'aura donné du fil à retordre. Je le surnommais le jésuite car il était prompt à faire de la casuistique à propos de tout et n'importe quoi. Pas du tout le genre de patient à qui l'on vend sa soupe et qui l'avale les yeux fermés. Avec lui, il fallait se battre pied à pied. Sans doute qu'il avait une fort mauvaise opinion de ma profession, nous imagineant soit comme des curés laïcs prêchant la bonne parole, soit comme des inégnieurs en santé mentale prompts à lui expliquer ce qu'il fallait faire et comment il aurait fallu vivre. Mais fortement encouragé par son amie, il était venu, pour voir, et était finalement revenu.

Nous ne nous sommes vus que quelques fois, sept ou huit fois je crois, mais cela avait suffit à créer un lien évident entre nous. Sans doute que son côté dandy m'amusait. La légerèté empreinte de gravité avec laquelle il prenait la vie m'amusait. Sans le savoir, il y avait en lui un côté stoïcien mâtiné de d'épicurisme assez attachant, bien qu'il fut toujours si froid d'apparence. Sa devise aurait pu être :

"Tout finit par s'arranger même mal"

Pour le définir et m'en souvenir, je ne trouve que ce que dit Baudelaire ds Dandys :

Le dandysme est le dernier éclat d'héroïsme dans les décadences; (...) . Le dandysme est un soleil couchant; comme l'astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie.

Vous l'aurez compris, être un dandy c'est avant tout avoir une attitude face à la vie et non pas être un porte-manteau. Les guignols couverts de sapes griffées se baladant rive droite, ne sont pas des dandys. Un dandy cela se passe avant tout dans la tête. Baudelaire mais avant lui Barbey d'Aurevilly écrivirent de somptueuses pages sur cette manière d'être.


Jusqu'à la fin, il fut un dandy. Il buvait et fumait et naturellement ou disons d'une manière assez probable compte-tenu de son mode de vie et des ses faiblesses génétiques, il mourut d'un cancer des poumons.

La dernière fois que je le vis, c'est au service de soins palliaifs d'un hôpital parisien, où il passa ses derniers jours. En y allant j'avais terriblement peur. Enfin non, disons que je ne savais pas comment réagir face à quelqu'un qui allait mourir dans quelques jours.

Certains de mes collègues semblent adorer ce genre de service mais moi je n'en rafole pas. Non, que j'aie particulièrement peur de la mort mais, que dire et que faire ? Sans doute que dans la pratique professionelle, je suis un teigneux qui aime se battre pour démontrer que demain sera mieux qu'ajourd'hui. Mais là, que dire, que faire, quels mots employer ? Compter jusqu'à dix et déclarer la personne KO par son destin ?

Ou plutôt ne rien dire et ne rien faire et s'adapter en fonction de la personne. Cela serait le moment d emettre à profit mes lectures stoïciennes. Mais bon, au delà de tout cela, comment parler de ce dernier moment terrifiant à un type bourré de métastase et sous morphine, alors que l'on va rester soi-même bien vivant à profiter du beau soleil automnal ? Il ya comme une escroquerie là-dedans. Tant pis m'étais-je dit, j'aviserai, une chose étant sûre ce'st que cela me faisait plaisir de discuter une dernière fois avec lui.

Bien que terriblement diminué physiquement, il me fit un accueil charmant comme si de rien n'était. Le psychologue de l'établissement parla de comportements pseudo-hystériques (la belle indifférence) mais aussi de déni (notion psychanalytique). Je crois qu'il n'en était rien, il savait qu'il allait mourir et garda l'élégance de recevoir et de converser avec grâce. Il n'eut aucune envie, au soir de sa vie de s'en remettre à quiconque, qu'il s'agisse de médecins ou de psychologues. Nul ne sait ce qui se passa dans les tréfonds de son être mais il n'en laissa rien paraître.

Ce soir là, nous bûmes quelques bières et fûmames des cigarettes assis sur le rebord de de la fenêtre de sa chambre. Tout ceci avait un côté assez surréaliste et ce ne fut pas pour me déplaire. Il se montra charmant et réservé. La soirée fut douce et élégante, pleine de retenue alors que nous avions abordé bien des sujets difficiles ou complexes.


Comme à son habitude, alors que c'est lui qui avait manifesté le désir que je vienne, il ne se montra pas plus affectueux que d'habitude. Réservé et distant, il le resta jusqu'à la fin. Une semaine plus tard, il décédait.


Ce post n'a pas pour ambition de m'épancher sur la mort. Nous finirons tous par mourir et il est vrai que "philosopher, c'est apprendre à mourir" (Cicéron). Non, au travers de ce post, je voudrais parler du biais d'inférence positif que possède chaque être vivant. De ce petit quelque chose, qui nous fait sortir chaque matin, alors même que sortir nous expose à des risques terribles car vivre normalement c'est prendre le risque de mourir à chaque moment. Ce petit quelque chose, qui fausse toute notre représentation des risques statistiques de mortailité (conduire, boire, fumer, prendre l'avion, manger, etc.) liés à l'expérience humaine. C'est le grain de sable dans l'engrenage bien huilé que devrait être notre vie pour les médecins et la sécurité sociale. Nous ne sommes pas toujours des êtres rationnels !

Voici quelques années, une jeune interne en médecine générale se montra courroucée par le fait que je fume. Jeune et inexpérimentée, elle prit son rôle très au sérieux et m'expliqua, qu'elle avait passé six mois dans un service d'oncologie et que cela lui paraissait fou de fumer!. Je la rassurai en lui expliquant que je n'ignorais pas qu'il état mal de fumer. Je lui expliquais aussi que dans mon métier, on fait des choix philosophiques et que pas un instant il ne me viendrait à l'idée de dire à mes patients la manière dont ils doivent vivre. J'ai reçu bon nombre de toxicomanes et d'alcooliques, jamais je ne leurs ai fait le moindre reproche me contentant de dire que s'ils avaient choisi cette voie, c'est qu'il s'agissait sans doute d'une stratégie destinée à mettre un filtre entre eux et un réel peut-être trop angoissant. Je lui rappelais aussi que notre esprit, dans son merveilleux fonctionnement, a prévu de marcher avec ce fameux biais d'inférence positif. Tant et si bien, que tant que l'on est en bonne santé, on prend des risques, on fume, on boit, en ne se doutant jamais que cela pourrait nous tuer.

Finalement, à l'opposé de la dépression, peut-être que vivre pleienment heureux, c'est vivre comme si l'on allait jamais mourir ? Non pas verser dans tous les excès mais simplement profiter des bonnes choses de la vie.

La petite interne, n'a pas semblé saisir sur le moment ce que je tentais de lui expliquer sans doute parce qu'elle était totalement dévouée à sauver les corps. Si elle n'a toujours pas compris la complexité de l'être humain et son aspect irrationnel, alors je lui souhaite de devenir médecin légiste, le corps nu et froid sur la table d'autopsie interroge sans doute moins que le vivant.

Etrangement, nous n'avons jamais vécu une époque ausi bourrée de principes, d'éthique et de professions de foi. La morale commune en Occident, est celle des droits de l'homme, une sorte de Kantisme appliqué. Nous vivons dans une société pleine de morale, mais vide de sens, de sagesse et de salut. On ne manque pas d'éthique mais de spiritualité. La morale ne résoud pas les problèmes existentiels. : à quoi sert de vieillir, comment éduquer ses enfants, comment vivre le deuil, comment accepter de mourir, etc.


Une consoeur qui connaissait aussi mon ex-patient se livra à des tentatives de diagnostic, aucun ne me sembla satisfaisant. Il est des êtres que même la psychopathologie ne fera qu'effleurer sans jamais les enfermer. Paris X et Paris V, eurent beau s'allier, nous nous heurtâmes à l'incompréhensible. La psychologie n'est pas une panacée, et c'est bien rassurant.

Décéder à l'âge de 46 ans, c'est sans doute un peu tôt mais c'est finalement peut-êre suffisant quand on a bien profité de la vie.

Je me garderai pour ma part de juger, préférant laisser le mot de la fin à ce cher Sénèque, philosophe stoïcien de l'époque impériale :



"Il faut vivre ce que l'on doit et non ce que l'on peut"

Euglottisme !

Rien à voir avec le reste du blog, rassurez-vous. Si vous avez été étonné par le titre de ce post, vous avez raison. En fait, je sais qu'être bien placé sur Google est difficile et dépend, soit des liens qui vont vers mon super blog, soit de l'argent qu'on leur verse, soit de la rareté des entrées que l'on propose. Compte-tenu des sujets abordés, peu de chance un jour d'être parmi les premiers ! Et cela me désespère !

Bien sûr, si j'avais écrit SEXE comme titre, ca aurait attiré le chaland libidineux mais j'aurais été en 14 789ème position sur ce moteur de recherche mondialement réputé !

Là, avec Euglottisme, j'ai toutes mes chances. Le mot est rare, même très rare. Alors il est-y pas rusé le psy ??? Rusé comme un ??? Ben oui comme l'animal qui figure sur la photo !

Bon, l'euglottisme est un néologisme, un nouveau mot pour les incultes. Ethymologiquement, il signifie "parler joliment".

Liste de mots rares et précieux sur ce site. Tant que vous y êtes, regardez le curriculum-vitae de ce jeune homme, très impressionnant ! Il fait tout, ne lui manque que la touche pour moudre le café et une autre pour raper les carottes et on l'achète ! Ah l'excellence française !!! On a beau dire, on rétrograde de la 5ème place mondiale à la 17ème en vingt ans mais il nous reste l'ENS ! Tout n'est par perdu ! Un jour je vous parlerai d'un prof que j'ai eu et qui venait de l'ENS. Si mes souvenirs sont justes, je crois que cela s'appelait un allocataire de recherche. Un type étrange, pas très grand, avec une tête énorme, un torse creux, de petits membres grêles, un regard étrange qui vous transperçait, et des questionnements bizarres sur la vie et le monde (Pourquoi la vie ? Quel vélo ?)...brrr, j'en ai encore froid dans le dos ! Parfois, la nuit, je me réveille encore, baignant dans une sueur aigre et glacée en hurlant. Mon épouse me calme et me dit : "rendors-toi, ca va, il n'est plus là ton type de l'ENS, c'est fini, c'etait il ya dix ans. Reprends tes gouttes ca te fait du bien".

Allez, juste quelques mots rares piqués sur ce site et je finis !


P COMME...

Palache Palimpseste Palingénésie Pallium Parchasser Paroli Patristique Patrologie Paumure Peccable Perlures Persévération Pétase Piaculaire Pigache Pincelier Plectre Poffer Postiqueries Primipile Psallette Psylle Ptosis Pyxide et comme Philippe !

(je n'ai pas mis tous les mots figurant à la lettre P parce qu'il ye n avait plein que je connaissais !)

Pour les définitions allez sur ce site !

Si avec tout, cela je ne suis pas référencé correctement sur Google... Voilà, en dessous, c'est un renardeau. Moi j'aurais bien mis un marcassin comme sur le post précédent, c'est mignon aussi un marcassin mais je ne sais pas si c'est rusé. On dit surtout "rusé comme un renard", on dit moins "rusé comme un marcassin". Dommage parce que c'est vraiment mignon !

Jeune renardeau apeuré et ayant un mouvement de recul face à un allocataire de recherche de l'ENS !

16 octobre, 2006

Commentaires de mon filleul !

Samedi matin, j'écris un mail à mon cher filleul pour lui dire que je viens de créer un blog et que comme des centaines de milliers de français, je veux moi aussi laisser éclater mon égo sur le net ! Je lui propose donc, s'il en a le temps , de passer lire mes modestes petits posts. Bien entendu, j'accueillerai toutes critiques de sa part avec grand intérêt et une infinie bienveillance.

Il me connait de toute manière suffisamment pour savoir que je n'aime pas les mauvaises critiques. Et de plus, Noël approchant, il sait d'autant plus qu'il a intérêt à me flatter copieusement parce que sinon, il n'aura pas de cadeau de Noël ! Vides les godillots du fillot posés devant le chemine! Que dalle!

Déjà l'an dernier, il n'a pas eu de cadeau ! Enfin, je lui ai offert des livres mais j'ai oublié de les lui donner ! Quand il est venu à mon cabinet, soit les livres étaient chez moi, soient ils étaient vraiment chez moi, lorsqu'il passait à mon cabinet ! Pff, j'ai réussi à le faire patienter mais d'ici trois semaines maximum, je me suis promis d'aller acheter ses livres !

Bon, mon filleul n'a plus trois ans, c'est sûr puisqu'il en a trente, mais quand même, je dois lui donner ce que je lui ai promis. Je lui aurais tout de même appris à être patient et çà c'est une leçon qui n'a pas de prix! Et puis jj'aurais fait de la trésorerie sur son dos !

Tout ceci pour vous dire que mon filleul, vint lire le blog, apprécia immodérément et me renvoya un mail que je reproduis in extenso. Je le reproduis d'autant plus facilement que ce mail me flatte !


"C'est comme toi très bon, très intelligent et plein d'humour.
J'ai pu à la fois rire de tes âneries, me délecter de ton savoir et me souvenir de la chance que j'ai eue de te rencontrer.
Merci "Mon Bon Parrain", je t'aime beaucoup et t'admire autant.

Ton Filleul et plus fidèle lecteur.

P.S :Je t'invite quand même à relire ton blog en entier, il y a pas mal de fautes de frappe qui, surtout sur la fin, modifient le sens de tes phrases. Tu passes d'un style aérien aux développements limpides, à des anecdotes dont la compréhension peut parfois être confuse.
J'ai hâte d'en discuter avec toi...

Le P.S c'est surtout pour t'énerver....mais de toute façon avec un P.S j'étais sûr de t'énerver."


Bon, vous aurez noté que s'il commence bien, il finit euh..moyennement bien. Certes je fais plein de fautes de frappe !!! Et je tente de les corriger en me relisant ! Après tout, a-t-on jamais lu que les manuscrits de Victor Hugo fussent exempts de ratures ? Léonard de Vinci lui-même n'a-t-il pas fait des repentirs sur ses toiles ???

Par contre, oser me dire que mes posts sont confus !!! Quel petit con!! Il va voir son cadeau ! Tiens je vais lui offrir un bon d'achat de 10 euros à la Fnac ! Et toc! Ca lui apprendra à ne pas me respecter ! Moi qui gentiment, voulais lui offrir une Porsche Boxster ! Ben, il n'aura rien d'autre qu'un bon d'achat tout pourri et encore à valoir sur l'achat d'un appareil électro-ménager!

Ceci dit le sacripant a du comprendre que la fin de son commentaire avait provoqué son courroux! Déjà il a tenté de m'appeler et je n'ai pas répondu ! J'ai attendu 24 heures, qu'il me rappele. Et au téléphone, il a voulu me reparler du blog. J'ai donc silencieusement écouté ses critiques qui furent dythirambiques ! Ceci dit, c'est trop tard pour la porsche tu aurais du y penser bien avant petit con avant d'oser la moindre critique à mon encontre! Tule sais pourtant queje détste que l'on me critique, non pas par manque d'intelligence mais parce que j'y suis allergique ! Je peux me vautrer dans le pollen, dans le poil de chat, dans tout ce que vous voulez, ca va, allergie zéro. Mais la critique, je peux pas, c'est ma faiblesse !


Mais bon, le plus drôle, c'est ce qu'il m'a expliqué au téléphone. Rien que pour vous, bande de veinards, chers admirateurs, voici peu ou prou le dialogues que nous eumes.

Lui :"au fait ce blog, il est anonyme ?"
Moi :"Oui bien spur, pourquoi ? Peut-être qu'un jour je ferai un lien vers mon site officiel. J'attends de voir les réactions si toutefois je suis lu".
- Ah bon, tu pourrais ne plus être anonyme ? Mais méfie-toi ! me dit-il !
-Mais de quoi devrais je me méfier ?
- Ben, moi je te connais super bien, alors tes textes me font rire mais pff, sais-tu comment ils pouraient être interprétés ? Imagine, moi je ne connaitrais pas, je me dirais "quel gros con, pour qui se prend-t-il ?!"
- Ah, tu n'aurais pas l'intelligence de savoir que je plaisante ? Par exemple dans le post intitulé "dîner de cons", quand j'écris "tel un dieu bienveillant descendu de son Olympe...", tu prendrais cela au sérieux ?? Vraiment ?
- Non enfin, sait-on jamais, ca peut choquer !
- Ah oui peut-être. Donc si tu préfères je peux aussi fair eun blog chiant ? J'irai sur des sites médicaux, faire des copier-collers d'articles de fonds sur la psychopathologie pour les mettre sur mon blog comme un étudiant en DEUG de psycho de Paris X !
- Non bien sûr mais..
- Et puis je me ferai pousser uen barbe, je me mettrai à fumer la pipe et je finirai par tout trouver grave !
- Non, mais bon je voulais t'en parler, tu sais combien les gens peuvent avoir des réactions étranges !
- Ben, sincèrement, s'ils prennent mon blog pour un truc sérieux et s'ils ne comprennent pas le second degré à ce point, faut les enfermer! Ou alors tenter une greffe de cerveau !
- Non, tu sais très bien que..
- Oui les paranoïaques pourraient mal le prendre mais c'est la clientèle la plus chiante de la terre alors je m'en passe ! (tiens je ferai un post sur les paranoïaques)
- Bon écoute, on en reparle en déjeunant, c'est un sujet intéressant. Je t'embrasse.
- Sois béni mon filleul ! Puisse ma sagesse et mon intelligence t'accompagner ce jour encore ! Et puisses-tu m'inviter à déjeuner dans un endroit qui me mérite !

***

Alors pour faire plaisir à mon fillot, je vais jouer le mec sérieux.

Commençons par le normal et le pathologique, notion centrale dans mon métier ! Et là, y'a pas faut citer Goerges Canguilhem !!! Vous noterez que Georges a une tête de mec sérieux !

Le normal et le pathologique

Sans les concepts de normal et de pathologique la pensée et l'activité du médecin sont incompréhensibles. Il s'en faut pourtant de beaucoup que ces concepts soient aussi clairs au jugement médical qu'ils lui sont indispensables. Pathologique est-il un concept identique à celui d'anormal ? Est-il le contraire ou le contradictoire du normal ? Et normal est-il identique à sain ? Et l'anomalie est-elle même chose que l'anormalité ? Et que penser enfin des monstres ? Supposé obtenue une délimitation satisfaisante du concept du pathologique par rapport à ses apparentés, croit-on que le daltonisme soit un cas pathologique au même titre que l'angine de poitrine, ou la maladie bleue au même titre que le paludisme, et qu'entre une infirmité dans l'ordre de la vie de relation et une menace permanente pour la vie végétative il y ait d'autre identité que celle de l'adjectif qui les qualifie dans le langage humain ? La vie humaine peut avoir un sens biologique, un sens social, un sens existentiel. Tous ces sens peuvent être indifféremment retenus dans l'appréciation des modifications que la maladie inflige au vivant humain. Un homme ne vit pas uniquement comme un arbre ou un lapin.

On a souvent noté l'ambiguïté du terme normal qui désigne tantôt un fait capable de description par recensement statistique - moyenne des mesures opérées sur un caractère présenté par une espèce et pluralité des individus présentant ce caractère selon la moyenne ou avec quelques écarts jugés indifférents - et tantôt un idéal, principe positif d'appréciation, au sens de prototype ou de forme parfaite. Que ces deux acceptions soient toujours liées, que le terme de normal soit toujours confus, c'est ce qui ressort des conseils mêmes, qui nous sont donnés d'avoir à éviter cette ambiguïté. (cf. le Vocabulaire philosophique de Lalande). Mais peut-être est-il plus urgent de chercher les raisons de l'ambiguïté pour en comprendre la vitalité renouvelée et en tirer leçon plutôt que conseil.

Cette page est honteusement recopiée de l'ouvrage de Georges CANGUILHEM, La connaissance de la vie, Hachette, 1952 (pp 194-212): les "enrichissements" de style sont personnels et bien sûr les erreurs de copie sont involontaires, étant évident que je conseille au lecteur de se reporter au texte original...que j'ai de toute manière encore plus honteusement pompé sur un site web !

La photo du marcassin c'est parce que jele trouvais mignon, ça n'a rien à voir avec le texte ! Peut-être que Canguilhem aimait les marcassins mais cela ne s'est jamais su en tout cas. Je ferai des recherches si vous voulez. En tout cas, dans le livre Le normal et le pathologique, il ne fait pas référence aux marcassins ou bien demanière subliminale !

Voilà qui fera plaisir à mon fillot ! Ceci dit l'ouvrage est fort intéressant. Bon, moi je vais me laisser pousser la barbe et m'acheter une pipe et des lunettes. Et dès demain, je deviens chiant.



Ca y est !!!!!!


Nostalgie ! C'était bien mieux avant...

En allant chez mon marchand de journaux préféré, j'ai vu qu'un tome 2 des Aventures inédites du Petit Nicolas était publiée aussi l'ai-je immédiatement acheté ! J'avais déjà acheté le tome 1 paru l'an dernier.

Pour moi comme pour beaucoup d'autres, le Petit Nicolas, c'est un morceau de mon enfance ou plutot de ma pré-adolescence, mais aussi quelque chose qui se lit et se relit à tout âge.


Pour ceux qui ne le connaissent pas (y-en-a-t il??), le Petit Nicolas est un personnage de la littérature de jeunesse. On le rencontre dans une série de romans illustrés humoristiques dont René Goscinny a écrit les textes et Jean-Jacques Sempé réalise les dessins. Publiées entre 1956 et 1964, d'abord dans le un journal belge Le Moustique, puis à partir de 1959 dans Sud Ouest Dimanche et Pilote, par la suite, ces histoires donneront naissances à des recueils que tout le monde connait. La série met en scène un petit garçon, Nicolas, dans un environnement urbain pendant les années 50, avec un esprit un peu potache mais aussi beaucoup de vraie-fausse candeur.

Le personnage, qui n'est que profilé en noir et blanc, nous livre ses pensées intimes pour ce qui reste dans l'ensemble une analyse sociologique complexe de la société de son époque : Papa travaille, Maman reste à la maison, Nicolas et sa bande de copain, Nicolas et les filles, etc.

Finalement, avec beaucoup d'humour, de dérision et de douceur, Goscinny parvient à mettre en scène des problèmes complexes que rencontrent tous les enfants de l'âge du petit Nicolas. Et sans doute, que ces ses histoires auront peut-être bien plus aidé les enfants à grandir et à appréhender le monde que bien des théories psys. Les rapports de l'enfant à ses parents, à l'argent, mais aussi au sex opposé, sont abordés de manière humoristique mais tellement juste que c'est ce qui fit le succès de ce héros de bande dessinée dans lequel jeunes et moins jeunes se reconnurent. Simple sans jamais être simpliste, amusantes tout en restant graves, ces histoires sont indémodables.


Curieusement, je n'ai pas retrouvé la même saveur dans ces deux derniers livres d'histoire inédites. Ont-elles été réécrites à partir de vagues notes découvertes dans un vieux carnet, sont-ce de faux inédits que l'on a décidé de publier pour des motifs pécuniaires ? Je n'en sais rien et me garderai de me prononcer sur ce sujet car je n'ai aucune envie de tomber dans la diffamation !

Une chose est sûre, mon radar sophistiqué qui tourne inlassablement dans ma tête, à la lecture de ces aventures inédites n'a pas réagi de la bonne manière.

Alors que ces aventures du Petit Nicolas, auraient du me faire remonter le temps et me ramener délicieusement au temps béni de mes dix ans, là, je n'ai rien ressenti, ou pas grand chose. Sans cesse, dans ma tête une lumière rouge clignotait semblant m'avertir "attention plagiat". L'impression de boire un Canada Dry en lieu et place d'un Lagavulin (Ca ressemble à, mais ce n'est pas).


J'ai lu le premier tome de cs histoire inédites plutôt distraitement, moi qui suis un lecteur compulsif. Et là, venant d'acheter le second tome, je ne l'ai ouvert que deux jours après, le laissant dans son emballage de cellophane posé sur une marche d'escalier. J'étais face à ce nouvel opuscule un peu comme un chien, qui se rend compte que sa gamelle habituelle a quelque chose de changé, comme si on lui avait mis d'autres croquettes ! J'ai lu la première histoire, et ma foi, mon sentiment s'est confirmé, on croirait une histoire écrite à la manière du grand Goscinny. Goscinny, tout en ayant assumé des responsabilités de rédacteur en chef, fut surtout un homme ayant gardé une âme d'enfant empreinte de gravité, quelque chose de véritable, de sincère et non de bricolé ou trafiqué.

Or là, je ne retrouve plus cette âme d'enfant, un peu comme si un tâcheron salarié avait eu pour mission de reprendre les plans stylistiques ayant contribué au succès du Petit Nicolas, pour torcher vite fait bien fait, une nouvelle série d'historiettes. Anne Goscinny aurait parait-il trouvé ces histoires inédités dans les archives de son père ? Sachant que René Goscinny est décédé le 5 novembre 1977, ils en ont mis du temps à faire l'inventaire et à régler la succession... A moins, que l'on imagine une vaste demeure en province que l'on devine à travers la brume; En haut dans le grenier poussiéreux, des coffres couverts de poussière et aux charnières rouillées s'alignent. Anne Goscinny s'approche et tente de d'ouvrir le premier coffre. Elle force les serrures et étonnée aperçoit des centaines de manuscrits jaunis par le temps. Elle se saisit d'un premier mansucrit et s'écrie "Ciel, des histoires inédites du Petit Nicolas !"

Quiconque ayant lu les histoire du Petit Nicolas, connait parfaitement sa manière d'appréhender le monde ("l'an dernier quand j'étais petit") et ses tics de langages et il ne serait pas bien difficile d'écrire à la manière de. Toutefois, il manquerait la magie de René Goscinnny ! Et c'est bien là que le bât blesse, la magie est absente de ces deux derniers volumes d'aventures inédites. Mais je cesse d'être mauvaise langue ! Pff, à force de voir le mal partout, et d'imaginer des complots on va me traiter de paranoïaque !

Evidemment, je le rappele et le souligne en gras, c'est une impression qui n'engage que moi ! Après tout peut-être ces histoires sont-elles réellement de Goscinny et alors je comprends qu'il ne les ai pas publiées. Un auteur aussi exigeant que lui , les aurait sans doute réécrites.

Quoiqu'il en soit, les dessins sont bien sûr toujours de Jean-Jacques Sempé et cela suffit peut-être à mon bonheur. De toute manière, en tant qu'aficionado, je ne pouvais pas ne pas l'acheter.

Et puis quel bonheur de tomber dans un monde candide (mais pas naïf) dans lequel les enfants ne sont pas pris pour des pseudo-adultes !

Le Petit Nicolas n'agresse personne, on ne traîne pas de force Alceste chez un nutrionniste, Eudes n'est pas mis sous Ritaline, Geoffroy ne se fait pas traiter de sale bourgeois, Clothaire sera sans doue orienté en fin de troisième sans que cela pose le moindre problème et Marie-Edwige n'engueule pas sa mère pour avoir un jean Diesel ou des lunettes Dolce&Gabana !

Papa et Maman vivent ensemble presque sereinement et ne pensent pas à divorcer à la moindre engueulade et la Maîtresse d'école, que l'on appelerait aujourd'hui professeur des écoles, appele encore un ballon, un ballon, et non un référentiel bondissant comme on l'enseigne dans les IUFM et n'a sans dout jamais lu un livre de Françoise Dolto. Pffff, j'ai parfois l'impression d'avoir cent ans. Nostalgie quand tu nous tiens...




Voilà le site officiel du Petit Nicolas. Si le coeur vous en dit, allez y faire un tour.

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Nostalgie : Définition

Appelée "vulgairement" maladie du pays; état moral caractérisé par la tristesse que cause l'éloignement du pays natal et le désir d'y revenir". (M.-N. Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts..., Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, 1857)

Un sens plus vague existe de nos jours. On parlera alors d’une douleur dont la cause n’est pas nécessairement l'éloignement d’un lieu géographique, mais celui d’un "ailleurs", quel qu'il soit (spatial, temporel et même abstrait ou indéfini), qui peut à la limite se confondre avec l'origine: "Désir de ce que l'on n'a pas encore connu, ou de ce qu'on ne peut atteindre" ; ou encore "mélancolie mêlée de désir et d'insatisfaction et sans objet précis" (Pouvoirs des mots : nostalgie). Exemples : nostalgie de mes années de jeunesse ; nostalgie de la période romantique (qu'on n'aura connu qu'"abstraitement", à travers des ouvrages et des oeuvres picturales et musicales).

Au XIXe siècle, la nostalgie était considérée comme une maladie en bonne et due forme, plus exactement une névrose:

"La nostalgie est classée parmi les névroses cérébrales : c'est une sorte de monomanie qui est commune chez les soldats et les marins nouvellement incorporés. Les habitants de la Suisse, de la Bretagne, de tout l'ouest de la France, des rives du Rhin, en sont souvent affectés, tandis qu'elle est plus rare chez les Savoyards et les Auvergnats. Cette maladie, que la certitude seule de pouvoir bientôt retourner au pays a souvent guérie instantanément, peut quelquefois cependant entraîner la mort; son traitement est tout moral: on prescrit au malade de l'exercice, de l'occupation, des distractions de tout genre; en cas d'insuccès, le seul remède vraiment efficace, le retour au foyer natal. Un ordre ministériel a prescrit récemment aux chefs de corps d'accorder des congés à tous les militaires atteints de nostalgie." (M.-N. Bouillet, Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts..., Paris, Librairie de L. Hachette et Cie, 1857)

Marquant une évolution dans l'appréciation de la nature de la nostalgie, le Larousse du XXe siècle en six volumes (éd. 1932) précise: "La nostalgie répond à un défaut d'adaptation de l'individu transplanté, aux conditions nouvelles, matérielles et morales, qui lui sont faites. C'est pourquoi elle a été jadis considérée comme une sorte de névrose, d'autant qu'elle apparaissait surtout chez les personnes sensibles et les névropathes, mais pouvait atteindre aussi profondément les paysans n'ayant jamais auparavant quitté leur village. Ses symptômes sont la tristesse, le découragement, la rêverie éveillée; puis à une période plus avancée, des troubles nerveux, la diarrhée, un amaigrissement progressif pouvant conduire à la mort. Tous ces accidents disparaissent d'eux-mêmes si l'individu est assez résistant pour réaliser une nouvelle adaption; s'il ne le peut pas, il n'y a qu'un remède: le rapatriement."


Source : L'encylopédie de l'Agora

Vous voyez, nous sommes tous des malades qui nous ignorons ! Si vous êtes parfois nostalgique, vous êtes un dagereux névrosé. Mais si vous ne l'êtes pas, il est possible que vous ne soyiez qu'un psycho-rigide.