29 juin, 2008

L'adversaire !


Voici deux ou trois ans, j'ai reçu une femme dont l'époux plus ou moins installé à l'étranger pour affaires, ne donnait que peu ou pas de nouvelles, la maintenant dans un état de stress permanent. De plus, elle était sure qu'à deux reprises au moins il était entré chez eux en France, profitant de son absence pour y chercher des documents. Elle n'avait aucune preuve de cela, sinon qu'une de ses amies vivant dans l'immeuble était sure d'avoir vu le mari à deux reprises, une fois de dos descendant l'escalier, et la seconde fois montant dans un taxi juste à côté.

Le comportement de son mari, ne cessait d'inquiéter ma patiente. Elle me demanda plusieurs fois si je savais de quoi il souffrait. Je lui répondais que sans l'avoir vu, c'était difficile à dire, mais qu'à mon sens, il était soit dépressif et désemparé soit odieusement calculateur.

Au fil des séances, j'engrangeai d'autres renseignements sur ce type et j'acquis la certitude absolue qu'il était manipulateur et potentiellement dangereux. Dans mon for intérieur, ce type me rappelait Jean-Claude Romand, ce faux médecin qui avait fini par assassiner toute sa famille pour ne pas être démasqué.

Lassé de lui, ma patiente finit par demander le divorce pour faute. Compte tenu des preuves dont elle disposait, nul doute qu'elle obtiendrait une décision favorable. Ceci signifiait qu'il devrait payer très cher. Confronté à la démarche de son épouse, le mari réapparut. Sur les conseils de son épouse, qui imaginait que quelque chose pouvait encore être sauvé, il me téléphona pour prendre un rendez-vous. Estimant qu'il devrait consulter un confrère, je n'avais à l'époque que bavardé avec lui au téléphone, ne trouvant pas utile de le recevoir. Je me souviens de ce court entretien

Nulle trace de dépression ni d'anxiété, non, rien qu'un type atrocement sur de lui tentant de me prendre de haut, me citant Lacan dans toutes les phrases pour bien me faire comprendre qu'on jouait d'égal à égal, et que je ne pourrais jamais le prendre au dépourvu. Hélas pour lui, depuis Lacan, la clinique a évolué. L'entretien tourna court. Il ne me parla que pour me tester, savoir qui son épouse avait consulté et jauger quel danger je représentais. Nous raccrochâmes au bout d'une demie heure. J'appris par la suite qu'il était reparti à l'étranger et ne donna plus beaucoup de signes de vie replongeant son épouse dans l'angoisse.

Mais son épouse maintint toutefois la procédure de divorce qui suivit son cours. Tant et si bien, que peu de temps avant le rendez-vous chez le juge, le mari réapparut de nouveau. Cette-fois ci sentant que cela chauffait pour lui, et avec l'accord de son épouse, il me téléphona, me demandant d'abord une consultation téléphonique parce qu'il avait besoin de vider son sac. La séance fut un morceau d'anthologie, à croire que le type avait lu tous les symptômes de la dépression puisqu'il tenta de jouer le rôle du pauvre type paumé et déprimé. Tout cela sonna particulièrement faux et, après l'avoir écouté, je lui conseillai de consulter un confrère.

Il décida toutefois de venir me voir et me demanda de bloquer deux heures. J'acceptai juste pour une fois. Lorsque je le vis face à moi, il rejoua le même jeu du type désemparé, sans être très crédible. Effectivement, prenant confiance et s'enhardissant, il abandonna finalement son rôle de petite victime pour endosser celui plus naturel de manipulateur sans affects.

Je lui fis remarquer que son cas était étrange. En effet, avec ce que je connaissais de sa vie, il aurait du être soit très déprimé, soit pour le moins, extrêmement anxieux. Or, j'avais face à moi un type sur de lui présentant une personnalité exempte de toute souffrance psychologique. Il ne me parla pas tant de ses problèmes affectifs mais des affaires qui le préoccupaient. Confronté au choix de quitter soit son épouse soit la maitresse qu'il entretenait à l'étranger, il présenta sereinement les options sous la forme d'un bilan coût/avantage.

Bien que notre discussion semble sereine, ce type me fit froid dans le dos. Il avait un profil de tueur en série présentant des traits sociopathiques accusés. Il était froid, méthodique, calculateur tout en possédant suffisamment de charisme et de dons d'acteurs pour donner le change en se mettant en scène sous les traits de l'homme accablé par le destin

Je pense que si je n'avais pas laissé tourner mon radar, il aurait pu m'abuser facilement. La seule chose qui me gênait c'est l'opposition radicale entre les sujets difficiles dont il m'entretenait, et l'aisance relationnelle dénuée d'affects qu'il utilisait pour le faire. En surface je l'écoutais tandis qu'en tâche de fond, notant toutes mes impressions dictées par sa gestuelle. Lorsque la bouche de ce type souriant, ses yeux restaient froids et vous épiaient. Il émanait de lui une curieuse sensation de malveillance.

Un quart d'heure avant la fin, je conclus l'entretien en lui disant que son problème concernait plus un avocat qu'un psy dans la mesure où ce qui l'inquiétait était de savoir à quelle sauce il serait mangé s'il divorce. Dans les faits, s'il quittait son épouse, elle lui prendrait sans doute leur pavillon. S'il quittait sa maîtresse, il perdait un appui important lui permettant de faire des affaires dans le pays où il s'était installé. Tout n'était donc qu'opportunités à soupeser.

Je lui expliquais donc que je ne pouvais rien pour lui. Je restais intimement persuadé qu'en venant me consulter, il tentait de donner à son épouse des gages de bonne volonté afin de l'inciter à suspendre la procédure de divorce, ce qui lui permettrait de gagner du temps.

Comme ce jour là, c'était mon dernier patient, je redescendis avec lui du cabinet et nous fîmes même un bout de chemin ensemble dans la rue. Il me demanda ce que j'avais pensé de lui. Froidement, je lui répondis que c'était un "beau cas" mais pas unique, qu'il se rassure. Comme nous allions nous serrer la main, il me regarda et me dit de manière un peu incongrue que j'étais moi aussi un "beau cas". Je lui répondis alors calmement : "Ne tentez pas de rentrer dans ma tête, vous n'en avez pas les moyens. Bonsoir monsieur". Et je le plantai là.

Deux jours après, n'ayant toujours pas renoncé, il me rappela et m'expliqua, la voix chevrotante qu'il lui avait suffit de passer quelques jours avec son épouse pour comprendre qu'il l'aimait. Il me demanda si je faisais des thérapies de couple. Ne souhaitant pas le recevoir, je lui donnai les coordonnées d'un confrère qui ferait cela très bien. Manque de chance pour lui, ma patiente ne céda pas et demanda le divorce qu'elle obtint.


On a en effet tort d'imaginer que seuls les forts sont dangereux. Les faibles compensent souvent leur absence de brutalité par une ruse et un machiavélisme à toute épreuve. Bien que le DSM n'en parle pas, on a coutume de les appeler des pervers narcissiques.

Une consoeur Isabelle Nazaré-Aga, dans un livre intitulé "Les manipulateurs sont parmi nous" décrit trente critères majeurs pour déceler les grands manipulateurs. Voici les pricnipaux :


- Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l'amitié, de l'amour, de la conscience professionnelle, etc. Autant de notions qu’il ne respecte pas lui-même… il sera le premier à tromper sa femme mais à exiger sa fidélité, etc.
- Il reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses propres responsabilités. C’est systématique : il n’est jamais responsable de rien ! C’est toujours de la faute des autres.
- Il répond très souvent de façon floue.
- Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations. - Il fait croire aux autres qu'ils doivent être parfaits, qu'ils ne doivent jamais changer d'avis, qu'ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et aux questions.
- Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l'air, dévalorise et juge.
- Il sème la zizanie et crée la suspicion autour de lui, chez ses proches ou avec ses collègues de travail… peut parfaitement tenir un discours donné avec Mme X et dire exactement le contraire, 3 minutes plus tard avec Mme Y.
- Il sait se placer en victime pour qu'on le plaigne (maladie exagérée, entourage « difficile », surcharge de travail…) à l’entendre, il est le seul à savoir !
- Il ignore les demandes (même s'il dit s'en occuper).
- Il change carrément de sujet au cours d'une conversation.
- Il mise sur l'ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
- Il ne supporte pas la critique et nie des évidences.
- Il ment.
- Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
- Il utilise des flatteries pour nous plaire, est capable de se plier en quatre pour mettre en confiance celui ou celle qui deviendra sa victime.
- Il est séducteur ce qui ne veut pas dire qu'il soit séduisant,.
- Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté.
- Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d'autrui.
- Il est constamment l'objet de discussions entre gens qui le connaissent, même s'il n'est pas là. Si vous entendez parler d’un personnage particulier avant même d’avoir eu le temps de poser vos affaires : méfiance …

Ils ne sont pas faciles à démasquer. Il faut pour cela, se fier à ses intuitions (impression de malaise, de gêne, etc.) et traquer toutes les incohérences de discours et surtout les oppositions entre la forme et le fond. Si une infime partie de ces pervers narcissique sera capable de tuer comme le fit Jean-claude Romand, en revanche tous sont capables de plonger quelqu'un dans les affres de la dépression après lui avoir avoir ruiné l'estime de soi.

27 juin, 2008

Vive l'été !

Epargnez-nous cela !

Mardi dernier je recevais une nouvelle patiente. Le temps est chaud et moite. La demoiselle vient court et légèrement vêtue. En bon professionnel, super neutre, je ne remarque évidemment rien de tout cela, concentré comme je le suis sur la problématique qu'elle va soumettre à ma sagacité légendaire. Je suis dans les starting-blocks, mon regard bleu acier et pénétrant rivé sur ses yeux.

Comme je me dis chaque fois que je reçois un nouveau cas : "toi mon grand(e), tu as choisi le meilleur alors je vais me montrer à la hauteur de tes espérances les plus folles et te prouver que la perfection s'incarne en moi". C'est ainsi, l'humilité : je suis tombé dedans quand j'étais petit.

La belle s'assied donc face à moi et commence à me raconter sa vie. Parce qu'il faut que je vous dise, chaque fois que je reçois un nouveau patient je lui demande "Que puis-je faire pour vous ?". Je trouve la formule vachement classe, ça fait profession de service avec le mec qui a parfaitement compris qu'il n'était pas là pour jouer le beau mais bien pour aider la personne en face. Je suis un tueur !

Alors, elle me parle et je l'écoute vachement religieusement, on entendrait une mouche voler, même si de temps à autre, je l'interromps pour comprendre et préciser certaines choses. Parce que dans mon boulot, il faut pas d'approximations, de trucs faux car, comme chacun le sait, ça mène tout droit à la perdition le mensonge. Or moi, je suis là pour amener les gens vers plus de vérité et d'autonomie, ou en gros un truc dans le genre. Et si ici, je peux être rigolo, au taf, je suis un mec carré, jugulaire jugulaire !

Mais revenons à nos moutons, la patiente me parle. Je l'écoute et d'un coup, d'un seul, je vois qu'elle se livre à une activité curieuse. Alors, qu'elle est plutôt soignée, elle porte des sandales plates, avachies et moches. Le genre de savates qu'on lui jetterait à travers la tronche si jamais elle s'avisait d'en faire don au Secours Populaire, au motif qu'on doit respecter les gens même s'ils sont pauvres et ne pas leur donner des daubes qu'on voulait jeter.

Mais bon, les chaussures qu'elle porte je m'en fous. En revanche, je ne sais pas si elle porte des chaussures depuis longtemps. En effet, elle a croisé une jambe, et j'aperçois son pied nu. Je n'ai jamais vu autant de corne ! Le talon est jaunâtre et épais, c'est à vomir. A croire qu'elle a toujours marché pieds nus sur de la pierraille et qu'elle ne porte des chaussures que depuis la veille. C'est à dégouter le "fétichiste" le plus acharné !

Le genre de détail tue-l'amour quand on est un peu porté sur l'hygiène. C'est aussi ragoutant que des cheveux gras ou des aiselles moites et poilues, encore qu'il doit bien y avoir des bargeots pour apprécier. Même que cela ne m'étonnerait pas que dans les prochains jours, des quidams débarquent sur mon blog en ayant tapé "aisselles poilues et moites" sur Google.

Mais non contente d'avoir des pieds qui ressemblent à des sabots d'équidé qui n'aurait pas vu le palefrenier depuis dix ans au moins, la belle se livre a une pratique intéressante. Elle saisit des bouts de corne entre les ongles longs de son pouce et de son index, tire un peu, pour consciencieusement les jeter sur mon beau tapis. Je l'écoute, mais de temps à autre, je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil anxieux sur mon tapis qui commence à se couvrir de petites squames salingues.

Alors pour ceux qui ne sauraient pas, la squame est une lésion secondaire. Elle est le résultat d'un détachement de la couche cornée, normale ou pathologique. Les cellules cornées sont peu adhérentes, entraînant une desquamation. Voilà, vous aurez eu un cours de dermatologie. Sympa non ? Et justement parce que c'est peu adhérent les squames, la demoiselle semble prendre un plaisir fou à se les détacher des talons pour en égayer les motifs pourtant déjà gais de mon joli tapis pure laine.

C'est rigolo parce qu'un jour Laurence m'a demandé pourquoi je n'avais pas fait médecine. Je lui ai répondu que d'une part j'étais trop fainéant et qu'enfin, je n'aimais pas trop tripoter les gens et surtout qu'en médecine ça pouvait être cracra. Alors peut-être que j'aurais pu faire psychiatrie, à condition de réussir l'internat, mais qu'être généraliste, ben bof, fallait toucher des gens. Et que justement la psycho, j'aimais bien parce que j'utilisais mon cerveau pour aider les gens, sans les toucher. C'est mon côté débile, comme Howard Hugues, réputé pour ses phobies et ses obsessions, qui d'ailleurs était capricorne comme moi.

Et là, je repense à cette conversation et je me dis que même ma profession ne me met pas à l'abri des cradingueries des gens. C'est terrible. Moi qui suis aussi sensible qu'une jeune fille de douze ans, voici que j'en suis réduit à voir des petits bouts de peau jaunâtres sur mon beau tapis. Si je n'étais pas aussi bien éduqué, j'en gerberais. Ou du moins, je dirais à la demoiselle de cesser immédiatement de semer ses peaux mortes chez moi. Ça me rappelait l'ex-mannequin que je recevais et qui avait demandé une fois à utiliser mes toilettes, avait fait la grosse commission, et était sortie sans s'être lavé les mains. Tout ça je ne peux pas !

Le plus rigolo c'est que cette jeune patiente est en train de me parler de ses difficultés avec les hommes. Elle vient de se faire plaquer et elle est triste. Si j'étais méchant, je lui demanderais bien si la rupture n'a pas coïncidé avec l'arrivée du beau temps ? Si je daignais sortir du cadre qui est le mien, je lui conseillerais de porter des bottes ou bien d'appliquer une crème quelconque, que cela pourrait l'aider en amour. Mais bon, je suis un gars sympa et j'écoute tant et si bien qu'à la fin, elle est satisfaite puisqu'elle me redemande un rendez-vous.

Je la raccompagne à la porte que j'ouvre de la main droite, ce qui me permet de la saluer d'un joli sourire et d'un gracieux signe de tête, sans lui serrer la main.

Pourvu que mardi prochain il pleuve !


En vente chez tous les bons psys !

Ca rigole plus !


Comme d'habitude, je lis la presse spécialisée, rien que pour vous. Là, je m'attaque à Femme Actuelle, un magazine féminin qui n'oublie pas de proposer des articles de société super intéressants, à côté des recettes de cuisine et des présentations de fringues. C'est passionnant, un peu comme si Moto Journal proposait son regard sur l'actualité.

Alors dans le numéro 1239, en page 10, un article se demande en gros et gros caractères: "La liberté sexuelle des femmes est-elle menacée ?". Rien que cela ! On apprend que "Féministes, politiques et religieux se sont tous élevés contre la décision du tribunal de grande instance de Lille". Ben oui, manifestement ça a du mal à passer cette décision.

C'est dommage que l'article soit long parce qu'il vaut son pesant d'or. A priori, la décision porte sur une caractéristique essentielle du contrat telle que l'avait définie le mari. On peut être d'accord ou non avec lui, cela le regarde. Il la voulait vierge, elle lui avait dit que oui, et le soir des noces, il s'aperçoit qu'elle a menti. Et donc, retour à l'envoyeur chez les parents.

Certains pourraient y voir le signe d'un profond bouleversement dans notre société. Moi non, ce pauvre mec aurait commandé une voiture bleue, et on lui en aurait livré une verte, tout le monde aurait consenti à ce que la vente soit annulée. Alors ? Ceci dit, comme je suis un vrai libéral, je pense que l'affaire doit marcher dans les deux sens. Ainsi, si le marié avait dit à la mariée qu'il était monté comme un âne et que le soir des noces, elle s'aperçoive qu'il était affublé d'un vermicelle, elle aurait aussi du avoir le droit de le lourder. Si il a le droit de refuser un matériel usagé, elle a le droit de refuser un matériel sous-dimensionné.

Mais là, ils en font des caisses et se posent tout un tas de questions :

1) La foi peut-elle dicter la loi ?
En l'occurrence, les trois grandes religions monothéistes prônent la virginité. Si un individu pense que c'est important selon ses croyances, c'est son choix. Parfois la religion, n'est ni au dessus, ni au dessous, ni à côté de la loi, mais incluse dedans. Etre vierge est un état naturel et non le produit d'une mutilation. La virginité n'est donc pas contraire à l'ordre public. Curieusement, la loi autorise la circoncision mais ne devrait pas autoriser la virginité. Si l'on admet par exemple, puisque l'affaire concernait un couple musulman, que la circoncision est une obligation pour l'homme, pourquoi nier que la virginité le soit pour la femme ? De la même manière, on a constaté parfois plus de clémence de la part de la République pour entériner la polygamie qui est pourtant interdite en droit français.

2) Est-ce le retour de la domination masculine ?
Non, puisque cela ne concerne que certains hommes qui trouvent cela important d'un point de vue important et qu'au surplus certaines femmes désirent rester vierges pour les mêmes raisons. La décision du Tribunal n'enjoint pas aux femmes de rester vierges, elles font ce qu'elles veulent, pourvu qu'elles ne mentent pas à leur futur conjoint lorsque celui-ci leur a dit que pour lui, la virginité était importante. Car ce que sanctionne cette décision c'est le mensonge sur une particularité jugée importante pour l'un des conjoints. Le Tribunal ne se positionne pas pour savoir si c'est bien ou pas, pas plus qu'il n'aurait statué pour définir si le bleu était aussi bien que le vert si on avait voulu faire annuler la vente d'un véhicule dont la couleur ne correspondait pas au bon de commande. Si certains hommes préfèrent les blondes et nuisent donc aux brunes qui auraient rêvé de les épouser, est-ce de la domination. Non, il s'agit d'un choix : c'est idiosyncratique.


3) Vers des reconstructions systématiques de l'hymen ?
Et alors ? Pourvu que cette pratique ne soit pas financée par la sécurité sociale, en quoi la reconstruction d'un hymen est-elle plus néfaste que de se refaire la poitrine, le nez ou allonger la bite ? Mais on peut se demander si la jeune femme qui se fait refaire l'hymen ne serait pas aussi stupide que celle qui se fait refaire les seins, dans la mesure où elle est dépendante du regard d'autrui. Si une gamine pense que la présence ou non de son hymen ne regarde qu'elle et envoie balader le mec qui s'en préoccupe, elle gagnera en autonomie. Mais ce n'est pas à la loi de fixer cette règle.


4) Le mensonge, un motif valable d'annulation ?
Ben oui, le mensonge est un motif valable ou alors on admettrait toutes les escroqueries. Or le mariage est un contrat que l'on veuille ou non. L'article 180 du Code civil stipule qu'un des époux peut demander l'annulation s'il y a eu erreur sur la personne ou ses qualités essentielles. Les demandes concernent des dissimulation portant sur le passé du conjoint (précédent mariage, prostitution, etc.) ou ses facultés (impuissance sexuelle, maladie mentale, etc.). En ce sens, si on admet qu'une femme puisse demander l'annulation du mariage parce que monsieur est impuissant, pourquoi ce dernier ne pourrait-il pas exiger d'elle qu'elle fut vierge ? Dans un cas d'impuissance ayant entraîné une annulation, a-t-on vu les hommes se rebeller et hurler qu'ils subissaient la domination féminine ? Non.

Je me demande encore pourquoi un tel fait divers est parvenu à faire la une ? Sans doute qu'il s'agissait pour certain(e)s de libérer les femmes du joug religieux. Et donc, que je sache, en France, pourvu qu'elles n'y renoncent pas pour des motifs qui les regardent (religion, etc.), les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes.

Il m'est arrivé plusieurs fois de recevoir de jeunes musulmanes en proie à des angoisses, simplement parce que leur niveau d'étude et le fait qu'elle vivent en occident les mettaient en porte-à-faux vis à vis des traditions familiales. Jamais, je n'ai répondu à leurs questions à leur place. Je peux avoir mes idées, mais c'est à elle de savoir ce qui a le plus d'importance.

Ce "chemin" ne concerne d'ailleurs pas que ces jeunes femmes. J'ai par exemple le souvenir d'un jeune aristocrate dont la famille remontait aux capétiens et qui était en proie à l'hostilité familiale parce qu'il était tombé amoureux d'une roturière. Le conflit entre traditions et modernité, entre raison et passion n'a rien de neuf. Trancher appartient aux individus.

Libre aux femmes d'exercer ou non ces droits. La liberté n'est pas donnée, elle se conquiert.

Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage.
Périclès

25 juin, 2008

Nanananéreuuuuh ! Je vous emmerde et puis voilà !

Ca doit bien rigoler du côté de Peshawar !

Quand j'étais jeune, ma mère me racontait un truc qui l'avait marquée. Elle était petite et petit-déjeunait en compagnie de son frère, qui avait six ans de plus. Je vous parle de cela, ça devait être dans les années 38/39, c'est pas la nouvelle du jour. S'il se levait une minute, elle en profitait pour boire son chocolat chaud. Son frère et conséquemment mon oncle, l'engueulait alors et aussitôt, leur père, et donc mon grand-père à moi, lui retournait une claque parce qu'il parlait mal à sa petite sœur qui, biens sûr ne pouvait être que la pauvre petite victime de la grosse brute qu'était son frère aîné.

Parvenue à l'âge de femme, ma mère a regretté d'avoir agi en chipie et trouvait injuste que parce qu'elle était une fille et plus jeune, ce soit son frère aîné qui trinque alors qu'il n'était pas responsable. Comme quoi, les grands criminels se repentent parfois de leurs mauvaises actions. Elle comprenait que c'était un truc de fille, de sale gamine préférée de son papa, et n'y trouvait aucune trace de modernité ou de sagesse. Non, ce qu'elle fit en ces temps d'avant-guerre, profiter de son statut de fille et de cadette pour emmerder son frère aîné, c'était mal. Cela lui faisait même de la peine d'avoir pu se comporter ainsi.

Moi qui lis pour vous la presse intello française afin de vous rendre compte de ce que vous n'auriez pas l'intelligence de comprendre, j'ai été choqué par une image et une légende parus dans le Paris-Match numéro 02533. Dans un article intitulé "Les femmes à l'assaut de la politique", la page 81 montre une photo de Carme Chicon, ministre espagnol de la défense.

Bien sûr, on la voit enceinte, avec cette tête de ravie de la crèche qu'ont aujourd'hui toutes les nanas qui sont en cloque, à croire que c'est un événement rare. La même en Afrique, à la douzième grossesse, aurait sans doute une tronche moins ravie. Mais sur le continent de l'enfant-roi-quand-je-veux-si-je-veux, l'enfant à naître ravit autant que la prochaine tocante qu'on va s'offrir chez Cartier.

Alors, sur la photo, on voit la mère Chicon, dont le nom n'a rien à voir avec le "chicon" du nord qui est une endive, posant de profil, l'air mièvre, le bedon rebondi, avec en fond un vieux Transall pourri, histoire qu'on n'oublie pas qu'elle n'est pas animatrice d'une émission traitant de moufflets, mais bel et bien ministre de la défense.

Jusque là, rien à dire, c'est l'époque qui veut ça. La femme est à la mode alors on en met tout plein partout. Ça fait moderne, comme quand j'étais petit et que sur des pubs pour des produits merdiques, y'avait écrit "utilisé par la NASA" ou "issue de la recherche spatiale", pour qu'on s'imagine que les astronautes utilisaient la daube qu'on nous vendait. Après, y'a eu GTI, qu'on collait au cul de n'importe quelle bagnole pour la vendre. Chaque époque a ses gimmicks, ses trucs. Aujourd'hui, la femme enceinte, bourrée d'oestrogènes, d'endorphines et de cortisol, est tendance. C'est comme ça.

Le pire, c'est la légende qui figure en-dessous. Il y a écrit :

"Blonde enceinte et pacifiste de surcroît. Quand le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a nommé Carme Chacon à la Défense, en avril dernier, l'Association des militaires espagnols en a presque avalé ses galons. Son commentaire a été matial : "Ce choix constitue un mépris, voire une provocation envers l'armée". Ultimes gesticulations de la vieille garde. [...]"

En lisant cela, j'ai repensé à l'attitude de ma mère quand elle avait cinq ans et qu'elle s'évertuait à emmerder son grand frère. J'ai trouvé que c'était à peu près pareil. Il ne s'agissait plus pour cette ministre d'affirmer des compétences (que je ne lui nie pas parce qu'elle est femme) mais plutôt de clamer haut et fort : "je suis une femme, j'ai donc tous les droits et même et surtout celui de vous emmerder et de vous humilier, et papa Zapatero me soutient".

La différence essentielle entre ma mère et cette ce ministre, c'est que quand elle se comporta en chipie stupide, ma mère n'avait que cinq ans et qu'elle n'avait pas les mêmes responsabilités. Drôle d'époque où la régression la plus infantile est vécue comme une avancée psychologique.

Dire que je passe mon temps à prôner le dépassement de ces régressions stupides.

Still alive !

Les chauves balèzes adhèrent au Gringeot Club, le club des hommes forts !

Mardi Le Gringeot m'appelle. Cela me surprend parce que c'est pas le genre à appeler. Il serait plutôt avare du coup de téléphone. Mais bon, faut dire aussi qu'on n'est pas non plus des jeunes filles promptes à papoter et à échanger sur nos histoires sentimentales. D'abords je suis marié et Le Gringeot vit seul avec sa Harley. Alors ça limite forcément les trucs qu'on aurait à se dire.

Et puis Le Gringeot a une vie sobre. Levé six heures, un bol de bière avec deux tartines de pâté et au boulot. Et le soir, un bortsch, selon une recette transmise par une arrière-grand-mère ukrainienne, suivi d'une soirée à démonter et à graisser son Tokarev, et au lit à dix heures. Depuis qu'il a vu Léon, le film con de Besson, il s'est décidé à prendre une plante chez lui.

Mais revenons au coup de téléphone. A un moment donné, je me suis dit que Le Gringeot était dans le coin et qu'il allait m'inviter à déjeuner. J'aurais pas dit non à un repas chaud gratuit moi ! Mon cul ! Tu parles ! Non, Le Gringeot s'inquiétait du fait que je n'aie pas publié d'articles depuis le 17 juin ; il se demandait ce qu'il m'arrivait. C'était une réclamation du genre : "je ne reçois plus le journal, est-ce que le gamin qui me le livrait en vélo aurait été écrasé par hasard ?". Le fait d'entendre ma voix l'a rassuré : il pourra lire ses articles tranquilles. Il ne s'est pas étendu et m'a juste dit qu'il allait déjeuner.


Si je n'ai pas écrit, c'est parce que Laurence a crâmé mon PC. C'était la faute à pas-de-chance. Elle l'éteint et quand elle tente de le remettre en route, zou, rien à faire, ça clignote mais ça ne repart pas. Le diagnostic de GCM sera net : la carte mère est grillée. Laurence et GCM ont beau bidouiller, tenter des trucs : je n'ai plus de PC ! Alors bien sur, Laurence me prête un portable et a même la gentillesse de m'envoyer une unité centrale pas Chronopost. Mais c'est pas pareil. J'étais habitué à mon vieux HP, et durant plusieurs jours, il m'est impossible d'écrire. Je suis comme un autiste qu'on aurait changé brusquement de lieu de résidence. Je tourne en rond, en proie à des angoisses terribles. Si j'ai des idées d'articles, il m'est impossible de les mettre en forme. Mon Dieu que je suis malheureux ! Et pourtant personne n'en parle.

Ce week-end, j'irai me racheter un iMAc, parce qu'il est hors de question que je prenne un PC avec Vista dessus. Je n'en peux plus de Windows, des mises à jour, des plantages, etc. Alors, je tourne ma veste et je fais comme les bobos graphistes, je file chez Apple.

Tiens pendant que j'y suis, je vais peut-être m'acheter des lunettes rectangulaires griffées et des chemises près du corps avec des motifs à la con pour aller avec mon iMac.

A ce propos, puisque j'en suis à écrire pour ne rien dire, j'ai remarqué un truc bizarre. En dessous de mon cabinet, dans l'immeuble d'à-côté, qui est d'ailleurs nettement moins beau que le mien, il y a une rade un peu stylé qui propose le wifi. Je n'y allais jamais parce qu'il était non-fumeur depuis toujours. Je n'y vais toujours pas parce que même si j'arrête de cloper un jour prochain, je me suis juré de ne jamais remettre un pied chez ces jaunes (les cafetiers) qui n'ont pas défendu notre vice, fut-il abject et cancérigène, pour se ranger derrière Xavier Bertrand.

Quand je passe devant, je remarque toujours que ce rade est encombré de petits branleurs assis devant leurs portables. Comme je suis sagace, j'ai noté qu'il y avait très peu de PC mais une écrasante majorité de Mac Books. Et je les vois tous affairés devant leurs écrans, tant et si bien, que je me suis toujours demandé ce qu'ils pouvaient bien foutre. En plus, jeunes et moins jeunes, ont tous à peu près la même gueule ou presque : des têtes de glands arrogants, affairés et persuadés que ce qu'ils font sur leur ordi est le truc le plus important du monde. Alors qu'en fait, ils doivent s'échanger des mails merdiques bourrés de fautes d'orthographe et surfer sur des sites tout pourris ! Et, voilà qui fera plaisir au Grand Charles, j'ai noté qu'il y en avait plein qui avaient des lunettes carrées.

Moi, dans un rade, je lis, je regarde passer les filles gens, je papote avec d'autres personnes. Mais, jamais au grand jamais, il ne me viendrait à l'idée d'écrire sur un ordinateur ou pire de surfer tout seul comme un trou du cul. Ça doit être un truc de socialiste d'humaniste parisien.

Moi qui ne suis qu'un plouc de banlieue au front bas, il y a des trucs que je ne comprendrai jamais, des plaisirs qui ne sont sans doute pas à ma portée. Une chose est sure, si le bannissement du tabac a beaucoup fait pour nos bronches, ça n'a pas forcément rapproché les gens.

17 juin, 2008

Trop fort !


Aujourd'hui, dans le Parisien, Grand Corps Malade expliquait : « J'étais très touché et fier que Lilian Thuram me propose au nom des joueurs et du sélectionneur d'écrire un slam, avoue Grand Corps Malade. J'adore le foot, je suis de près les Bleus depuis toujours, mais je n'aurais pas accepté si cela avait été un message cocardier. Ce spot est porteur de valeurs, comme la diversité, le rassemblement et le respect. Son slogan - On vit ensemble, on vibre ensemble - me correspond bien. »

Là il ne se trompe pas, il est sacrément doué notre slameur national. Effectivement pour le côté cocardier, c'est raté parce que la France a perdu. Mais pour les valeurs de diversité, de rassemblement et de respect, ça doit être bon. Ils ont vécu ensemble, vibré ensemble et même, trop fort, perdu ensemble. Et il parait même qu'ils reprennent l'avion ensemble pour rentrer tout penauds ! Ils auront tout fait ensemble ! Ça c'est des mecs qui portent vachement les valeurs de rassemblement. Ils sont toujours rassemblés et incontestablement dans la défaite.

Sport ou politique, il faut choisir. Allez consolons-nous, les Bleus quittent l'Euro 2008 ce soir en avion mais la France reste la championne du monde incontestée du social mais aussi des valeurs sociales et citoyennes ! Encore une exception française mais cette fois-ci, c'est dans le sport et non dans la culture. Tandis que les autres équipes venaient pour gagner, la France allait sur la pelouse pour porter des valeurs. Après les films à zéro entrées, voici venu le temps des matchs à zéro buts. Putain, que je suis fier !

Mais encore une fois, je me retrouve seul à boire le Champagne.


A écouter absolument !

Presque rien à dire !


Rien à dire mais je viens quand même sur le blog. J'attends un patient qui devrait arriver dans quelques minutes. Juste avant, j'étais assis en terrasse, buvant mon café, et tentant de terminer le pensum de Sébastien Lapaque intitulé "Il faut qu'il parte".

J'avais entendu parler de l'auteur mais pas du livre. C'est Jeff, un ami, fils de famille et gauchiste, qui me l'a prêté en me disant que "moi qui aimais lire, j'allais adorer". Et bien, le verdict est que "moi qui aime lire, je n'adore pas", mais alors "pas du tout" ce livre qui, pour tout vous dire, me tombe des mains tellement il est ennuyeux.

Je ne savais pas vraiment qui était ce Lapaque, et j'ai appris qu'il était critique au Figaro, quotidien que je ne lis plus depuis qu'il propose la même bouillie que les autres. A la limite, je préfèrerais même Libé que je trouve plus rigolo.

Je crois que les critiques ne devraient jamais écrire de livre tant l'art est plus difficile que la critique comme dit fort justement le proverbe. Ce livre m'a semblé être un brouet insipide parfumé au Bernanos, assaisonné aux citations diverses, dans lequel surnagent une ou deux idées gentillettes. Le tout vous est servi dans un cadre qui tente d'imiter l'intérieur d'un vieil écrivain (bureau encombré de livres) tel qu'on se l'imagine mais sans y parvenir.

A défaut d'être un écrivain, le critique Sébastien Lapaque est un wannabe convaincant. Hélas n'est pas Bernanos qui veut, il lui manque simplement l'authenticité, la fougue et le talent. Mais je crois que même à force de travail, ces qualités ne s'acquièrent pas, elles doivent être génétiques. Dire qu'il adore comme moi Barbey d'Aurévilly me laisse pantois !

Sinon, pour le fond, le propos du livre est de dénoncer l'époque et surtout la dérive libérale dont le symbole évident est notre Président qui est un type qui ne respecte rien. Bien entendu, à la fin, on apprend que tout est de la faute des américains qui ne veulent jamais nous laisser tranquilles avec nos Concordes, nos Caravelles, notre plan calcul et toutes ces merveilles que le capitalisme d'état sait produire.

En revanche, je m'insurge contre ceux qui n'auraient vu aucun courage dans ce livre, mais simplement de l'enfoncement (ou enfonçage ?) de portes ouvertes. Au contraire, je trouve qu'il faut un sacré courage pour parler d'économie sans rien y connaitre en confondant allègrement affairisme et libéralisme.

Quand je le rendrai à Jeff, dois-je lui dire que c'est un livre médiocre ou bien dois-je lui expliquer exactement pourquoi c'est un livre médiocre ? Comprendra-t-il ? Je ne sais pas. Je peux aussi dire à Jeff qu'il me déçoit beaucoup pour avoir confondu ce pamphlet poussif au style ampoulé et emphatique avec de la vraie littérature.

Jeff aurait-il de la difficulté à distinguer le vrai du faux ? Allez, c'est ma tournée, un Pacific et une Tourtel pour Jeff ! Je suis sûr qu'il n'y verra que du feu.

16 juin, 2008

Pauvre France !


Aujourd'hui, en déjeunant j'ai discuté avec quelqu'un de la DGCCRF. Cette personne m'expliquait qu'un particulier pouvait contacter cette honorable institution afin de résoudre un litige de consommation. Elle m'expliqua avoir eu ces personnes au téléphone et que les perles qu'elle avait parfois entendues mériteraient d'être éditées.

J'ai appris qu'une des récriminations courantes concernait les boulangers. Cette personne m'expliqua ainsi que des consommateurs écrivaient ou téléphonaient régulièrement pour savoir s'il était légal qu'un boulanger vendant une baguette entière à 0,95€, propose la demie-baguette à 0,50€ puisque ce prix n'était pas la moitié exacte de celui du produit entier.

Quel scandale ! Que fait la police ? De telles pratiques de nos jours !

Pauvres petits gars !


Ce matin, la ligne B ne fonctionnait pas ! Je suis arrivé et pas un RER. J'entends alors des commentaires d'usagers cinglants et même parfois vulgaires expliquant que les grévistes sont des salauds, des fainéants voire des "enculés". Je ne prends pas part à ce débat truqué. Sinon il faudrait aussi rajouter les routiers et les taxis. Aucune raison de ne s'en prendre qu'aux fonctionnaires, les autres ont aussi démontré leur pusillanimité.

La semaine dernière, grâce à nos amis routiers, j'ai raté deux rendez-vous de patients bloqués sur l'autoroute A1. Ce matin, j'en raterai un aussi puisque le RER que je comptais prendre ne viendra pas. J'aimerais savoir à qui je dois envoyer la facture en tant que victime collatérale d'un conflit qui ne me concerne pas.

Si le gouvernement avait habitué les gens à devenir autonome plutôt qu'à toujours compter sur lui, nous n'en serions pas là. Qu'il s'agisse de retraites ou d'assurance-santé, cette solidarité forcée fait qu'on ne peut toucher à rien sans mécontenter quelques personnes. Pour plus d'explication, allez sur Wikiberal et regardez l'article sur la solidarité, il est fort bien fait. Cette solidarité forcée et le lit de tous les abus.

Parfois, on me demande si mes honoraires sont remboursés par la sécurité sociale, je réponds toujours que la liberté se gagne. On peut se faire rembourser son Prozac par la collectivité, mais certainement pas son cheminement personnel. Il m'est arrivé de ne pas faire payer d'honoraires ou d'en réduire fortement le montant pour des situations dramatiques, mais c'était à moi d'apprécier si c'était nécessaire. Sinon, que les gens aillent bosser ; Mc Do recrute même sans diplômes.

Ayant des rendez-vous, je reprends mon scooter et me rends à Paris par mes propres moyens, contribuant ainsi au réchauffement climatique. En roulant, je songe que je plains sincèrement ces pauvres syndicalistes qui pensent encore changer le monde en faisant cette grève dérisoire. Tant qu'ils y sont, qu'ils tapent aussi des pieds ? Peut-être convaincront-il notre président de la république de retarder l'application de quelques réformes.

Dans tous les cas, ils ne feront jamais changer le réel. Plus ils tardent, pensant remettre à demain une petite opération finalement indolore, plus l'amputation sera haute. C'est l'histoire classique du fils de famille qui se retrouvant à la tête un héritage gigantesque, s'aperçoit un beau jour qu'il l'a croqué jusqu'au dernier centime.

Le malheur est que ces personnes, pénétrées de leur doxa collectiviste, ne comprennent pas qu'ils agissent en héritiers mais certainement pas en créateur de richesses. Je plains sincèrement tous ces grévistes et revendicateurs, qu'ils soient fonctionnaires ou non, qui confrontés à un problème s'adresse sans cesse à l'état pour le régler comme l'héritier prodigue en appelle à son fondé de pouvoir pour réaliser ses derniers avoirs.


Je crois que dans ma profession, on explique souvent qu'il faut un jour "couper le cordon". Ce serait bien qu'après avoir coupé le cordon avec maman, on coupe le cordon avec l'état.

L'étrange Monsieur L.


L. semble toujours m'en vouloir pour un article, certes peu flatteur que j'avais publié voici près de deux ans. Bien que j'aie ôté ce texte et présenté mes excuses les plus sincères, L. n'est pas satisfait. Il aurait voulu que je lui téléphone. J'aurais pu le faire, cela ne me dérangeait pas, je sais reconnaitre mes fautes, même si cet article était plutôt drôle.

Le problème est que L. aurait exigé de moi une sorte de reddition sans conditions. Je le connais tellement bien que je l'imagine me fixant un rendez-vous. Une fois en ma présence, il aurait pontifié, joué le pater familias outragé, me tançant vertement en m'amenant à prendre la position du vilain garnement pris sur le fait la main dans le pot de confiture.

Si je sais reconnaitre mes torts, je n'aime pas ce genre de situation parce que j'ai ma fierté. J'ai présenté mes excuses en expliquant les raisons pour lesquelles j'avais commis cet article. Si L. avait pu me dire qu'il admettait avoir lui même eu des torts mais que j'avais exagéré, j'aurais acquiescé. En revanche, me faire sermonner injustement ne rentre pas dans mes intentions. Préserver une amitié à ce prix ne m'intéresse pas.

Alors, j'avais expliqué à L. que, tant pis, puisqu'il prenait les choses ainsi, nous ne nous reverrions plus. Je crois avoir rajouté qu'il se punirait lui-même parce que je ne comprenait pas comment on pouvait être fou au point de se passer de moi. Mais l'orgueil que l'on retrouve souvent dans la paranoïa est fou. Les choses en étaient restées là.

Samedi nous organisions une soirée à laquelle L. était bien sûr convié. Le connaissant bien, j'étais persuadé qu'il imaginait que je lui téléphonerais, pour reconnaitre mes torts et surtout ceux que je n'avais pas, simplement pour qu'il daigne venir à cette soirée. Le drôle se faisait désirer comptant sur mon empathie pour régler le problème à son avantage.


Peu de temps avant, il entra en contact avec mon épouse laquelle lui expliqua qu'il n'avait qu'à me téléphoner et qu'elle n'avait rien à voir dans tout cela. Je ne l'appelai pas me contentant de lui envoyer un SMS dans lequel je lui demandai s'il boudait toujours. Les choses en restèrent là.

Une quarantaine d'invités vint à cette soirée. Mon intuition me disait que L. ne résisterait pas à l'envie de venir. Je l'imaginais plongé dans les affres de l'angoisse. Rester campé sur ses positions ombrageuses quitte à regarder la télévision ou venir tout de même, quitte à ravaler son orgueil.

Parce que je pense être un assez bon profileur, j'avais fait le pari qu'il viendrait. Aux quelques personnes qui me demandaient pourquoi L. n'était pas là, je répondais sans entrer dans le détail qu'il boudait mais qu'il viendrait sans doute. La soirée battait son plein. Dans le salon, des convives dansaient tandis que dans la bibliothèque, deux gros amplis Fender faisaient cracher les watts des guitares d'un petit concert improvisé. En hôte courtois, je vaquais d'un groupe à l'autre, allant tortiller de la croupe sur le son de la dance music puis retournant écouter les accords rageurs de l'Epiphone Casino et de la Telecaster.

Il devait être près de trois heures du matin, lorsque dans les escaliers, je croisai un petit homme brun au visage fermé : comme prévu, L. était venu. Je lui fis bon accueil, échangeai quelques mots avec lui, le remerciant d'être finalement passé. Je crois qu'il aurait aimé que l'on aborde notre différend, ce que je voulus pas faire estimant que ce n'était ni l'endroit ni le moment.

Pauvre L. ! Je me le représentais chez lui face à un programme débile de la TNT, songeant à la super soirée se déroulant à quelques kilomètres de là. Je l'imaginais rendu fou par la frustration d'être chez lui à s'emmerder plutôt qu'être avec nous, se rhabiller sur le coup de deux heures du matin, n'y tenant plus, puis sauter dans sa voiture pour venir à cette soirée. Il resta un peu plus d'une heure, repartant aussi mystérieusement qu'il était venu.

Les enfants sont souvent ainsi. Lorsqu'ils se mettent à bouder, quoique l'on fasse, ni supplique, ni menace, ne vient à bout de leur courroux. Alors ils courent se cacher dans leur chambre espérant qu'on cèdera face au caprice, les suppliant de venir. Puis, une fois qu'on les laisse bouder, les voici inquiets. Ils tendent l'oreille, comprennent que là-bas dans le salon la vie continue. C'est un bouleversement de constater que le monde ne tourne pas autour d'eux mais même sans eux. Tôt ou tard, ils se plieront à cette douloureuse réalité.

J'avais raison, L. a préféré renoncer à son orgueil gigantesque pour honorer notre soirée de sa présence.

Je dois être une drogue dure.

13 juin, 2008

Pour notre bien à tous !



Si la pédophilie n'existait pas, sans doute qu'elle aurait été inventée, tant elle est pratique pour justifier tout et n'importe quoi. De mauvaises langues pourraient même insinuer que la peur du pédophile, comme le fut la peur du loup pour les enfants, est entretenue par certains à des fins peu avouables. La peur du loup fit tenir des générations d'enfants tranquilles, celle du pédophile pourrait rendre docile le citoyen.

Car, dès qu'une menace de restrictions des libertés publiques plane sur nos têtes, la lutte contre la pédophilie est souvent mise en avant. Qui pourrait s'insurger contre une directive ayant pour but de lutter contre ce mal absolu qu'est la pédophilie ? Ainsi dans le projet de filtrage appelé "Confiance en ligne" voulu par le gouvernement, la lutte contre la pédophilie et la protection des mineurs est encore avancée. Ceci appelle deux réflexions :

D'une part on pourrait se demander quelle est la réalité de la pédophilie. Certes, nul ne peut nier qu'elle existe, ni qu'elle fut occultée. Toutefois on peut aussi avoir en mémoire les sinistres affaires d'Outreau, ou encore l'injuste et immonde accusation d'Alain Hodique, époux d'une directrice d'école, pour se souvenir que la pédophilie est à manier avec circonspection dans la mesure où elle fait intervenir le témoignage toujours fragile d'un enfant.

Je ne connais pas les chiffres exacts d'actes de pédophilie. Rappelons d'ailleurs que la loi française ne parle jamais de pédophilie mais d'abus sur mineurs. Dans la mesure où ce qui fut longtemps occulté est maintenant dénoncé, il est évident que les chiffres n'ont pu qu'augmenter. Toutefois, on peut estimer que ce terrible phénomène reste marginal mais est surtout devenu passionnel.

Ainsi, sur ce site, on peut lire l'information suivante :

Aux États-Unis, on estime qu'une fille sur trois sera victime d'abus sexuel avant l'âge de dix-huit ans, qu'une fille sur quatre le sera par une personne de sa famille et qu'un garçon sur cinq subira le même sort. Au Canada, une vaste étude menée par le Comité sur les infractions sexuelles à l'égard des enfants et des jeunes indique que 53 % des femmes et 31 % des hommes ont été agressés sexuellement dans leur enfance.


Comment fait-on pour trouver de tels chiffres ? Ils sont tellement énormes qu'ils en deviennent risibles. Que signifie qu'une fille sur trois sera victime d'abus sexuel avant dix-huit ans ? Se souvient-on que justement la pédophilie est une relation entre un adulte et un enfant prépubère. Alors que vient faire cet âge fixé à dix-huit ans. Estime-t-on qu'une jeune femme de dix-huit ans soit prépubère ? On confond majorité légale et puberté. De plus que définit-on comme abus sexuel aux USA ? Un bisou sur la bouche, une main au panier ? Autre pays, autres moeurs.

Je me souviens ainsi que dans une série américaine, un homme accusé d'avoir des relations sexuelles avec une jeune femme de dix-sept ans, était qualifié par l'inspecteur de police de pédophile. L'actrice qui jouait cette mineure était dotée de formes féminines évidentes qui la différenciait totalement d'une enfant. En aucun cas, une telle relation ne pouvait être caractérisée de pédophile mais tout au plus de détournement de mineure. Laissons leur sens aux mots. D'ailleurs, la demoiselle eut-elle eu une année de plus, alors que sa physionomie n'aurait pas changé, que la relation aurait été acceptée du fait de la majorité légale.

De la même manière, on pourra aussi se souvenir que ce que la médecine nomme la puberté, qui obéit à des critères physiologiques et anatomiques, n'a que faire des lois. De fait, certain(e)s sont plus précoces sexuellement que d'autres. L'éducation et les fréquentations jouent aussi beaucoup dans l'apprentissage de la sexualité précoce. Rappelons nous nos années de collège et chacun de nous se remémorera une adolescente moins farouche que ne le sont certaines femmes de trente ans.

Et justement parce que la pédophilie, la vraie, est une relation entre un adulte et un enfant prépubère, il faut se souvenir que de telles relations sont rares et que ce n'est pas parce que l'on en parle beaucoup que cela arrive souvent. D'ailleurs, qui sont les pédophiles ? Il n'est pas facile d'en faire un portrait type. Tout au plus peut-on tenter d'en tracer le contour.

L'écrasante majorité sont des attardés mentaux, des individus profondément immatures, obsédés compulsifs, à la sexualité vacillante et incapables de nouer des relations fructueuses. Quant aux autres, les sociopathes pervers et sadiques et autres grands psychotiques, violeurs et assassins, ils restent relativement rares. Bien entendu, seules les secondes affaires seront médiatisées. Ces affaires monstrueuses frappent suffisamment l'esprit pour transformer le pédophile d'aujourd'hui en loup-garou.

Tandis que les premiers sont des individus isolés dont la pratique se borne généralement à regarder des photos ou plus rarement à quelques attouchements furtifs et sporadiques mais très rarement au viol ou au meurtre, les seconds véritablement dangereux sauront aussi parfois s'organiser en réseaux efficaces.

Ces réseaux criminels seront à n'en pas douter largement capables de se jouer des dispositions aujourd'hui voulues pour fliquer l'Internet. Quant aux autres, les pédophiles isolés, la plupart bénéficient de structures et situations facilitantes (profession les mettant au contact d'enfants, parents ou beaux-parents de jeunes enfants, etc.) qui leur épargnent souvent le besoin d'aller sur l'Internet traquer des proies.

Ceux qui se font prendre sur l'Internet sont généralement ceux qui ont mis en scène leurs monstrueux ébats et les proposent moyennant rétribution à d'autres pédophiles. On entre alors de nouveau dans un phénomène de réseaux même s'ils sont certainement moins structurés que celui d'un Marc Dutroux par exemple et donc plus faciles à déjouer. Je suppose que les brigades spécialisées de la police nationale savent parfaitement traquer ces gens là. Alors que reste-t-il de l'utilité de cette charte de confiance ?

Sans doute un énième fliquage qui ne dit pas son nom. Décidémment la protection des mineurs a bon dos. Parfois, on ne peut que dénoncer le caractère démagogique et la récupération politique pour des visées électoralistes des prétentions de la société à protéger l'enfance. Sans nier l'atroce réalité de faits avérés, il serait bon de s'interroger pour savoir si la répression actuelle de la pédophilie n'est pas en fait ce que l'on nomme une panique morale, une forme d'hystérie collective.

De même, placés face à l'indicible, tel qu'un viol sur un nourrisson, des personnes peuvent aussi enregistrer un stress post traumatique tel que leur vision de la réalité sera ensuite dénaturée, un peu comme s'ils avaient vu le diable.

Il me semble que la protection des mineurs vise la sexualité avec une intensité disproportionnée alors qu'un enfant est aujourd'hui exposé beaucoup fréquemment à des violences physiques et morales souvent graves, subtiles et pernicieuses. Actuellement, un enfant court beaucoup plus le risque d'être racketé ou confronté à des images obscènes que d'être la proie d'un pédophile.

En revanche, ce qui n'est pas de la panique morale, c'est ce que ressentent la plupart des internautes quand on leur annonce qu'on va leur confisquer leur liberté pour leur bien et surtout que le circuit judiciaire n'existe plus puisque tout se fait sur simple réquisition officielle. Ce qui les détend un peu, c'est de se souvenir qu'il existe des cieux plus cléments sous lesquels, la liberté d'expression n'étant pas un vain mot, on peut publier sans craindre les foudres d'un état tout puissant et inquisitorial.

Car à moins d'être un grand naïf, nul ne peut croire que l'état ait besoin de cette charte de confiance pour mener à bien ses missions régaliennes de lutte contre la criminalité (pédophilie, terrorisme, etc.). Les moyens existent déjà et la police les utilise pour traquer les criminels. On peut aussi, plutôt que de punir collectivement les internautes, rappeler aux parents qu'ils sont responsables de leurs enfants et que c'est à eux et non à l'état de contrôler l'utilisation de l'Internet par leur progéniture.

Parce que n'oublions jamais que pour qu'un gamin puisse rencontrer un pédophile sur le Net, il faut auparavant qu'il ait été dans la possibilité d'utiliser une connection. On peut donc s'interroger légitimement sur l'intérêt de ces réseaux sociaux pour enfants ou adolescents (chats par exemple), dans la mesure où les jeunes bénéficient de possibilités de nouer des liens dans la vraie vie (école, sport, etc.), sans qu'ils aient besoin de recourir au virtuel.

Après l'exil des cerveaux, verra-t-on l'exil des blogueurs ? Rassurons-nous, il restera encore pour quelques temps encore des quotidiens de moins en moins lus pour relayer la pensée unique. Enfin, si la NMPP veut bien les distribuer.

11 juin, 2008

L'enfant à naître !


Ce qui est amusant dans mon métier, c'est que je reçois souvent des gens stressés qui me demandent de choisir à leur place. Comme je le rappelle sans cesse, je suis là pour autonomiser les individus et non choisir à leur place. Ca je le ferai quand je me ferai sacrer roi à Reims en prenant le nom de Philippe VII. En attendant ce jour béni où je pourrais montrer combien les capricornes (Mao, Staline, etc.) sont démocrates, je m'en tiens à l'exercice scrupuleux de mon métier.

Alors, on me demande mon avis sur tout. C'est vrai que parfois c'est flatteur et grisant de vois ces gens me placer en arbitre de leur vie. Mais si je suis d'une parfaite vanité, je suis aussi honnête. Je n'ai pas encore eu l'idée de faire gourou et de monter ma secte à moi. Alors, je fais scrupuleusement mon travail, aidant les gens à prendre du recul pour faire le choix qui leur convient, celui qui ne laissera ni remords, ni regrets.

Parfois bien sur, je peux me laisser aller et donner mon idée, mais uniquement sur les petites choses sans importance. En revanche sur des sujets complexes et engageants, tels que le choix d'un partenaire, d'un métier, le désir de quitter quelqu'un ou de changer d'emploi, je reste coi. Ainsi, récemment, j'ai été confronté à des choix difficiles soumis par deux patientes puisqu'il s'agit d'avorter ou non.

La première est en couple avec un crétin immature. Passionné de voiture, il dépense son argent dans les accessoires. Queutard invétéré, il ne cesse de la tromper et de lui faire des reproches. Ce type est couvé par sa maman qui voit en lui le plus beau et le plus intelligent des mâles. Le père est absent. Le couple bat de l'aile depuis presqu'un an. Lorsqu'elle vient me consulter, elle est à bout et songe à partir. Elle ne l'aime plus vraiment. Quelques semaines après, elle arrive à une consultation catastrophée et m'explique qu'elle est enceinte.

Elle n'est pas sure de sa décision; Doit-elle garder l'enfant ou avorter. Le dilemme est terrible car la demoiselle ne manque pas de valeurs. Pour elle l'avortement est pratique mais pas pour autant un acte neutre dénué de sens. Bien entendu elle me demande mon avis. Naturellement, je ne peux pas lui donner. Tout au plus, puis-je l'aider à voir clair en elle de manière à ce que sa décision, dut-elle en souffrir, soit un engagement libre et éclairé. Bien entendu, même si j'ai mes idées sur la question, je n'ai pas à les communiquer. Je lui explique juste qu'un prêtre pourrait l'aider moralement. Pour ma part, je me dois d'en rester à la thérapie.

L'idée d'élever seule un enfant ne la contrarie pas. Toutefois, elle est terrifiée à l'idée d'être obligée de garder des liens à vie avec ce compagnon immature qu'elle commence à détester. Il faut dire, que face à la nouvelle, sa première réaction à été de lui dire : "tu le fais passer, moi je veux pas de gosse". Elle imagine déjà sa vie avec un boulet au pied. Rien qu'en y pensant elle pleure. Elle qui voudrait tout recommencer, qui a commencé à comprendre que son union avec ce crétin reposait sur un faux choix dicté par des complexes anciens, ne rêve que de tout oublier de cette lamentable histoire et de repartir à zéro.

La mort dans l'âme et parce qu'elle imagine qu'elle ne peut pas faire autrement et que sa vie future est à ce prix, elle choisira d'avorter. C'est un choix difficile n'en déplaise aux opposants à l'avortement. Dans ce choix, il y avait elle et un type immature et couvé par maman, pur produit d'une éducation sans père. En gardant l'enfant, c'était la certitude d'avoir à faire à un imbécile qui n'hésiterait pas à faire sans cesse appel au juge, un crétin qui contrarierait sans cesse tout projet éducatif. En avortant, c'était peut-être l'illusion d'imaginer que même à trente ans, quelle qu'ait été sa vie passée, on peut repartir de zéro.

La seconde patiente, je la connais bien depuis des années. Je l'ai connue très jeune, l'ai aidée, puis elle est revenue. C'est un cas de personnalité limite (borderline) patenté. Ce sont des cas complexes qui alternent des phases d'idéalisation avec leurs psys suivies de phases de rejet total. On les adore ou on les déteste. Pour les aider, il faut être d'une grande stabilité et recevoir indifféremment les coups et les marques d'affection. Il faut être présent quand l'hôpital vous appelle n'importe quand parce qu'elle a fait une tentative de suicide et même aller la chercher parfois. Il faut rassurer les psys hospitaliers qui pensent que l'interner serait la meilleure chose alors que la connaissant bien, je sais que ses TS ne sont que des mises en scène.

C'est donc une jeune femme sympathique mais très Rock'n'Roll, le genre de demoiselle à qui l'on apprend à conserver un cap mais qui ne saura jamais naviguer vraiment droit. Ses amants sont nombreux et variés. Elle est toujours à la limite de perdre son emploi, qu'elle conserve qu'in extrémis parce que son patron doit un brave type dans mon genre. Elle possède un mode de comportement complexe alternant des phases où elle fait preuve d'une maturité exceptionnelle pour son âge et d'autres, où on imaginerait qu'elle n'a pas plus de cinq ans.

On se tutoie et on se fait la bise parce que cela lui fait du bien et qu'elle ne supporterait pas trop de protocole qu'elle assimilerait à du désintérêt. Elle continue à me consulter car je crois être l'un des seuls psys à la supporter. C'est une tête à claques, sans doute la pire de mes patientes mais elle est authentiquement attachante. Ses retards répétés, ses scènes sans fin, ses comportements d'actrice pousseraient à bout n'importe qui. Mais je reste de marbre. Elle vient de province et me considère comme son père ici à Paris. C'est assez fou, mais elle fait un transfert massif sur moi.

Elle aussi me soumet le même problème. Avec un homme depuis peu de temps, la voici enceinte. Elle est terrorisée et me demande ce qu'elle doit faire. Chieuse patentées, excessive et exigeante, je n'ai jamais pu m'empêcher d'avoir de l'affection pour elle. C'est une paumée, mais une paumée assez brillante pour qui j'ai toujours gardé bon espoir pourvu qu'elle trouve un centre de gravité, un ancrage réel dans la vie.

Avec elle, je décide de me lâcher un peu plus. Sa pathologie le nécessite. Bien sur pour qui jugerait l'affaire prosaïquement, tout est entendu et l'avortement semble la mesure la plus simple. Fêtarde, jouisseuse, inconséquente, amatrice d'émotions et d'expériences interdites et insolites, on ne peut pas dire que la belle soit le modèle de la mère idéale.

Toutefois, j'ai pu noter qu'elle avait une caractéristique fondamentale qui consistait à ne jamais se soucier d'elle, à faire absolument n'importe quoi, tandis qu'elle est capable de s'occuper des autres avec soin, constance et gentillesse. Profondément dépressive bien que le masquant, sa vie ne prend un sens que lorsqu'elle peut s'occuper d'autrui.

Aussi fou que cela semble, et même si l'enfant à naître ne doit pas être un remède pour soigner les parents, je suis sur que c'est une chance pour elle. Comme la belle, malgré ses errances est dotée d'une solide culture religieuse, elle me dit que cela pourrait aussi être providentiel. Je la regarde et lui disant, que bien que mon métier ne m'autorise pas à décider pour autrui, je crois qu'elle a raison et que c'est providentiel. Que ce qu'elle prend pour une tuile pourrait la sauver.

Compte-tenu de son trouble extrême, j'ai toujours été persuadé qu'elle risquait de se suicider avant l'âge de quarante ans. Je ne lui ai jamais dit, me bornant à l'avertir de problèmes futurs sans la faire paniquer. Lors de trop grands changements de cap, je corrige simplement la barre. Je reste donc persuadé, que même si elle devait se séparer du père de cet enfant, fut-ce dans un délai bref, cette situation lui apporterait une stabilité évidente. Je suis aussi persuadé qu'elle saura s'en occuper parfaitement. Je lui communique mes pensées avec tact en tentant toujours de lui soumettre des hypothèses de réflexions sans jamais imposer mes idées. Elle quitte mon cabinet rassurée.

Elle m'envoie alors un SMS en fin de journée me disant : "j'ai décidé de le garder, merci."

Curieusement, s'agissant d'enfant à naitre, je me dis que j'en suis à 1 à 0, que si j'en ai "perdu" un, j'ai réussi à sauver le second. C'est étrange. Cette société pourrie aux bases viciées fait de moi un juge capable de dire qui doit vivre ou mourir, une sorte de curé laïc. Mes idées, mon éducation religieuse ne font pas de moi un chaud partisan de l'avortement. Pour moi un foetus reste un enfant à venir et non une chose. On pourra débattre longuement pour savoir si le foetus est une personne ou autre chose, la seule chose que je sache c'est que si on le laisse parvenir à terme, il sera forcément une personne et non une table ou un téléphone portable.

Mais mon libéralisme militant me donne à penser que je n'ai pas à imposer mes choix, qu'il ne s'agit pas de banaliser l'avortement, sans pour autant imposer ma vision des choses et que la foi résulte d'une expérience, d'un choix et ne doit pas être imposée. Et puis, l'exercice de ma profession est à ce prix. On me consulte parce que j'accueille et aide sans juger.

Parfois, je songe que si les prêtres faisaient moins de politique, ils pourraient assumer leur mission pastorale, feraient ce qu'on attend d'eux, ne me laisseraient pas seul aux commandes, face à des problèmes qui dépassent de très loin la psychopathologie pour laquelle je suis formé.

C'est ici et uniquement ici !

Ben, ne pouvant publier les photos de mon filleul et de GCM, j'ai choisi quelque chose d'approchant !

Des individus peu informés liront des journaux ou regarderont des magazines spécialisés se fiant aux commentaires erronés de pseudo-spécialistes du ballon rond.

Ces idiots se croiront ensuite bien informés et se couvriront de ridicule en commentant ces analyses grotesques avec leurs collègues de bureau. Qu'on se le dise, le football est une chose trop importante pour le laisser entre les mains de gens ne possédant que des rudiments de science footballistique.

Il m'a donc semblé nécessaire de détourner les amateurs de balle au pied des faux prophètes grassement rémunérés des médias officiels pour leur offrir la quintessence de la footballologie, discipline éminemment complexe.

Deux éminents footballologues, GCM le tacticien minutieux et mon filleul le stratège virulent rivalisent d'adresse pour vous livrer le dessous des cartes. C'est sous cet article que cela se passe !

Allez on y va, on en redemande !


On ami Sylvain, type étrange qui signe ici ses commentaires d'un énigmatique Toju est aussi un penseur redoutable et un libéral confirmé. Chez lui, il n'y a rien de comparable à ma fougue et à mon esprit brouillon. Non, bien au contraire tout n'est que réflexion, mesure et ordre.

Son blog bien qu'intéressant est la quintessence de ce qu'il ne faut pas faire. Il faut au moins être chercheur en philologie pour être capable de lire de bout en bout ses travaux tant la présentation est immonde. A force de privilégier le fond en négligeant la forme, on se coupe d'un lectorat conséquent.

Bien entendu, il existe des blogueurs sérieux. Nul besoin de mettre des femmes nues ou de rédiger des billets stupides pour être lu. Toutefois, des paragraphes justifiés et une présentation plus soignée et moins "basique" pourraient amener plus de confort de lecture.

Le blog est pourtant intéressant. Les idées sont claires et le style sans fioriture (ça change du mien !) agréable. C'est ici que cela se passe. Et si vous avez apprécié, vous pouvez même le mettre en lien.

Pauvre bonhomme avec 3/4 lecteurs quotidiens, il se désespère ! Natif du digne du Lion, son orgueil incommensurable et sa vanité légendaire ne sauraient longtemps s'accommoder de si piètres résultats. Soyez charitables, allez lire et déposer vos commentaires. Je vous rappelle que c'est ici ! Sauvez Sylvain de l'anonymat, parce que le connaissant bien, je suis sur qu'il cherche secrètement à être lu par des puissants ! Si si !

Nombre de lecteurs quotidiens !

10 juin, 2008

L'amour du sport !


Voici bien des années, vous étiez alors des enfançons vagissant en tétant le sein de vos mères, j'eus la surprise de voir débouler dans mon cabinet un individu ayant toutes les caractéristiques d'un joueur de balle au pied. Son apparence physique me fit comprendre que le quidam devait être connus des hooligans et autres buveurs de bière hantant les arènes où se produisent des millionnaires en short. Quant à son nom, il m'était inconnu.

Il se présenta et m'expliqua qu'effectivement, il jouait en première division dans une équipe de balle au pied. Comme à mon habitude, je me fis humble et accueillant. Le sportif venait me parler de problèmes d'addiction qu'il souhaitait traiter. Je l'écoutai patiemment et lui répondis que cela ne poserait vraisemblablement pas de problème.

Le rustaud prit sans doute ma simplicité pour de la faiblesse ou pire, comme la preuve que j'étais définitivement en admiration face à lui. Tant et si bien, qu'au cours des quelques séances suivantes, il prit de l'assurance, se muant finalement en une tête à claques arrogante et insupportable dont j'aurais bien rabattu la superbe à coups de battes de base-ball.

Face à ses écarts, je me tins coi au début, espérant qu'il changerait. Puis, je tentai quelques mises au point sympathiques afin de l'inviter à plus de retenue. Enfin, je tentai une incursion sur le terrain de l'éducation, espérant qu'une leçon de courtoisie bien menée, amènerait ce cuistre à plus de modération. L'imbécile continua ses assauts de mauvaise éducation, prenant prétexte de la moindre de mes interventions pour tenter de me faire comprendre qu'il était en mesure de m'apprendre mon métier.

Enfin, tel Hulk jaillissant de David Banner, mon ascendant bélier que je tenais enchaîné prit le pas sur le capricorne endurant. D'une voix ferme, je lui expliquai ainsi que ne connaissant rien en football, il était sans doute fort connu mais que pour moi, c'était un patient et qu'à ce titre, il ne recevrait de ma part ni plus ni moins d'attention que les autres.

N'étant pas habitué à ce que je me fâche, il fut surpris et tenta de rétorquer quelque chose. Hélas pour lui, il était plus rapide pour courir après une balle que pour lancer des vannes. Je lui lançai "permettez, vous parlerez une fois que j'aurai fini". J'en profitai alors pour rajouter que dans ce cabinet, c'était comme à l'entrainement et qu'il n'avait nulle autre latitude que de m'écouter, et de se conformer à ce que je disais, comme il le faisait face à son entraîneur. Qu'en aucun cas, je n'accepterai qu'il tente de m'apprendre mon métier.

Je le vis se tasser un peu et tenter de répliquer. Je levais la main en lui intimant l'ordre de se taire et lui expliquai que manifestement il y avait une chose qu'il n'avait pas saisie. C'est que si dans son domaine, il était une star et traité comme tel, ici dans mon cabinet, ce ne serait jamais le cas. Qu'ici il n'y avait que deux personnes, lui et moi, et que s'il devait y avoir une star, cela ne pouvait être que moi et uniquement moi.

Je suppose que les confrères qu'il avait vus avant ne s'étaient pas montrés aussi directs. Il aurait eu le choix de partir mais il resta. Il me regarda et sourit timidement en m'expliquant que j'avais eu raison de lui parler ainsi, que parfois il ressentais le besoin qu'on lui fixe des limites. Nous pumes alors poursuivre la thérapie qui comme vous le devinez, fut un succès foudroyant. Il m'envoya même deux de ses amis. Nous gardâmes quelques temps le contact puis, sans doute recruté par un club étranger, je n'eus plus de ses nouvelles.

J'en garde finalement un bon souvenir, parce que plus que véritablement méchant, le jeune homme était surtout complexé. Qui ne l'eut pas été, si à sa place il avait fallu avoir pour costume de travail, un short ridicule et un maillot publicitaire ?

Depuis cette curieuse rencontre, je pense un peu que les footeux, c'est vraiment que de la gueule, des grosses cuisses mais des petits bras.

Parce que franchement, moi si on m'avait parlé comme je lui ai parlé, j'aurais bondi et serai sorti du cabinet immédiatement. Mais nous qui haïssons les sports collectifs, il est vrai que nous ne nous mettons pas au pas au moindre coup de sifflet !

09 juin, 2008

Profilage et foot !


J'ai fait une pause de seize à dix-sept heures puis je suis retourné au charbon jusqu'à vingt-et-une heures trente. Bien entendu, je n'ai pas pu regarder le match France-Roumanie. Ceci dit, si j'avais été libre, je ne l'aurais pas regardé non plus. Je pense que j'aurais fait des courses. Parce que pendant les matches, il n'y a pas un rat dans les magasins.

Sagace comme je le suis, et mes fidèles lecteurs me reconnaissent bien volontiers cette qualité, j'ai simplement utilisé mes dons innés de profileur pour deviner le résultat. Sortant de mon cabinet, je me fais d'abord la remarque que les françaises sont de plus en plus habillées comme des sacs. Où que mon regard porte, ce ne sont que jeans avachis, jupes longues douteuses et tongues en plastique. Ce défilé de pauvresses est triste à mourir. Je me demande si la mode est en deuil parce que l'on vient d'inhumer Yves Saint-Laurent.

Je note enfin que malgré la douceur vespérale, je vois bien peu de monde aux terrasses des cafés. J'imagine que de dix-sept heures quarante-cinq à dix-neuf heures cinquante-cinq, ils étaient tous entassés devant les écrans plats mis à la disposition des patrons de ces estaminets. Où sont donc passé les gens ? Paris, la ville lumière qui devrait bruire de mille clameurs, n'offre que le spectacle affligeant de gueuses en guenilles !

Etant sagace, comme je le disais précédemment, je me mets à subodorer quelque chose de terrible. J'imagine que pour une raison quelconque, les gens ont déserté les terrasses pour se terrer chez eux. Quelle drôle d'idée de rester chez soi alors qu'il fait si beau, me dis-je ? Je songe alors à une catastrophe !

Puis, je me remémore que ce fameux match devait avoir lieu ce soir. J'imagine aussitôt que la France a du perdre. J'appelle mon épouse qui me communique immédiatement le résultat : 0 - 0. Je songe que ce n'est pas terrible dans la mesure où l'on m'a affirmé que la Roumanie était la moins bonne des équipes que nous devions affronter.

Je téléphone ensuite à GCM, mon spécialiste du sport, qui après avoir regardé ce match en professionnel, m'explique d'une voix morose que c'est mort pour la France. Je téléphonerai demain à mon autre conseiller sportif, mon cher filleul, pour avoir confirmation des prévisions de GCM.

Dans le métro, comme dans le RER, les gens semblent éteints. Ce soir, on aura échappé aux coups de klaxon, aux commentaires triomphants mais surtout à l'odieuse récupération politique.

Assis sur ma banquette de moleskine, je jubile intérieurement !

08 juin, 2008

Encore en panne !

Attention le prix a changé, c'est 1,30€ maintenant !

Bon, ça ne change pas : rien de précis à dire ce jour encore. Je pourrais vous dire que j'ai fait du jardinage mais je suppose que vous vous en foutez. Je pourrais encore me lamenter sur mon manque d'inspiration mais j'ai ma dignité. Alors que vous dire et qu'écrire en ce jour ? Rien !

Afin que vous ne soyez tout de même pas venus pour rien, vous aurez le droit à une citation !

"Ca parait dérisoire mais un des éléments majeurs de lutte contre les discriminations, c'est cesser de trouver normal ces choses auxquelles nous sommes habitués."
Louis Schweitzer, dans FEMME ACTUELLE (N°1235)



C'est très beau non ? Ca fait réfléchir ! On gagnerait tous à lire Femme Actuelle chaque semaine. Oui, c'est un hebdomadaire. Dire que certains lisent le Monde Diplomatique, alors que c'est dans Femme Actuelle qu'il y a les meilleures infos. Ah les fous !

Ce qui est bien aussi, c'est que maintenant je peux écrire Schweitzer sans faire de fautes. Parce qu'avouons qu'il y a des noms pas faciles à orthographier.

Par exemple, il y a Shakespeare que beaucoup écrivent Shaekspeare, alors que c'est pas ça du tout ! Et sinon il y a aussi Nietzsche qu'est pas simple non plus. Il y a aussi les noms hongrois ou polonais avec tout un tas de consonnes qui se suivent qui ne sont pas faciles à écrire.

Voilà, c'est mince mais c'est mon article.

En panne !


Je rentre d'une petite sauterie organisée avec mes petits copains avec qui on a présenté une liste aux municipales. C'était sympa, même si c'était bourré de socialistes. Mais bon, on rigole bien quand même.

Faut dire que chez moi, l'adhérent moyen de l'UMP est un sexagénaire tout maigre vêtu d'un costume gris, qui ne sort plus après dix-neuf heures et vous dit "non merci" quand après avoir bu un verre de vin, vous tentez de lui en resservir un second. C'est pas avec eux qu'on va rigoler !

Et puis, comme ça finissait tôt, je suis rentré chez moi. Je me suis dit que j'écrirais bien un petit article. Je l'ai fait mais je n'étais pas satisfait. Ensuite, me souvenant que cette semaine, j'avais eu une super idée, j'ai ouvert Word et j'ai tenté d'écrire quelque chose de plus complexe. Mais bon, l'inspiration de venait toujours pas. Rien ne sortait. C'était médiocre, pas drôle et pénible.

J'ai même eu peur. Je me suis dit que j'allais finir par ressembler à des mecs comme Delpech, Fugain, Jonasz ou Lenorman. Vous savez ces types qui ont eu l'heure heure de gloire et survivent maintenant en faisant la tournée des salles de province pour y chanter leurs vieux succès.

L'horreur, mon destin s'annonce comme celui de l'artiste, qui une fois devenu aussi sec qu'une vieille femme ménopausée, ne fera plus rien d'autre que des compils du genre "Best Off", "Very Best Off", "Les plus belles chansons de" ou pire, massacrera les chansons des autres en croyant y apporter une touche d'originalité et en feignant de penser qu'il est toujours créatif ! Là, ce serait la grosse loose !


Mais non, je ne crois pas que ce soit cela. Je suis juste fatigué. Je suis rien qu'une pauvre petite chose !


Pff, non content de plagier les Beatles, il fume en plus ! Pouaah !

06 juin, 2008

Eternel recommencement !

Que fait la police !

Paris, 2058, autant vous dire que j'ai pris un coup de vieux et que vous devriez me remercier de tenir ce blog à jour ! Mais bon je suis un acharné et mes vieux doigts arthritiques volent encore sur le clavier de mon PC. Une bonne nouvelle du futur, Windows Vista 42.1 semble enfin stable, surtout avec le patch SP84.

Je viens de lire Homme Actuel, un chouette magazine qui parle de fringues et de recettes de cuisine mais propose aussi des tas de chouettes sujets de sociétés parce que, nous les hommes, on n'est pas plus bêtes que les femmes.

L'article parle de la NHALDE, en donnant la parole à son président Jean-Louis Schweitzer, petit-neveu du précédent, et pour qui j'ai aussi le plus profond respect. Ce dernier est interrogé par trois hommes, sur les discriminations et l'égalité, ce qui semble logique puisque la NHALDE, c'est la Nouvelle Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité.

Marc, l'un des hommes conviés à l'interview, demande à Jean-Louis Schweitzer quelles sont les priorités de la NHALDE pour 2058/2059. Ben oui, c'est normal, "que va-t-on dénoncer l'an prochain ?", se dit-il, comme s'il s'interrogeait sur la prochaine collection de prêt à porter masculin de Tartempion. Ah ces hommes, on ne les refera jamais !

Le président, qui connait bien ses dossiers, lui répond immédiatement. D'abord, il admet que du fait des efforts de son grand-oncle, ayant occupé ce poste lors de la création de ce qui s'appelait alors la HALDE, maintenant 100% des français connaissent la NHALDE mais que c'est insuffisant parce qu'il doute que les français la connaissent vraiment bien.

Il faut faire quelque chose pour que cela cesse ! Il propose alors de mettre au point des séances de testing dans la rue afin de contrôler des passants sur leur bonne connaissance de la NHALDE et de ses missions. Ceux qui auront des connaissances jugées insuffisantes seront frappés d'une lourde amende et d'une peine à effectuer dans un Camp de Tolérance.

Puis, Jean-Louis Schweitzer rajoute aussitôt :

"Notre objectif est aussi d'agir pour la promotion de l'égalité dans trois domaines : l'emploi, le logement et l'éducation. Nous avons par exemple vérifié que ne subsistaient pas de stéréotypes dans les manuels scolaires : l'homme aux fourneaux, la femme assis en train de lire le journal... Ca parait dérisoire mais un des éléments majeurs de lutte contre les discriminations, c'est cesser de trouver normal ces choses auxquelles nous sommes habitués."

Me voici rassuré ! Bon, je vous quitte, j'ai du repassage à faire. Au fait, il parait que l'an prochain, on pourrait avoir un président de la république et non une présidente ! Mais, rien n'est encore fait !

Halde, qui va là !

Que fait la police !

Bien des séniors après une vie professionnelle riche d'expériences, ne savent plus quoi faire, une fois la retraite, ou la préretraite venue. Ils tournent en rond, lisent un peu, s'occupent de tout et ni'mporte quoi, et sombrent parfois dans une dépression morose qui les poussent à consulter un médecin ou un psy.

Tel ne sera pas le cas de Louis Schweitzer, aujourd'hui âgé de 66 ans, et ancien PDG de Renault, puisque l'âge de la retraite venu, il s'est trouvé une chouette occupation en présidant la HALDE. On peut penser ce que l'on veut de cet organisme. Moi, je ne m'y risquerai pas puisque comme chacun le sait, je suis toujours du côté des puissants. Maintenant que la société marche au "pas de loi" comme disait le regretté Muray, pas question d'avoir mes idées, je colle strictement aux lois. Et puis, s'agissant de discriminations, le sujet est trop brûlant pour que je me laisse aller à un seul commentaire désobligeant. J'aime tout le monde et je suis contre les discriminations, qu'on se le dise.

Certains imaginent aussi que présider un organisme public comme la HALDE doit être une sinécure. Et j'imagine déjà ces poujadistes à la petite semaine (pouah!) critiquer abondamment ce bon monsieur Schweitzer en l'accusant de ne rien faire tout en dépensant l'argent du contribuable.

Il n'en est rien ! Ce poste à responsabilités suppose une capacité de travail importante. Par exemple, une des tâches magnifique de cet apostolat consiste à tourner des pages de manuels scolaire pour dénicher des stéréotypes ! Comment puis-je l'affirmer ? C'est simple, j'ai mes sources. Il se trouve qu'hier, comatant devant la télévision, j'ai eu l'idée de piquer un Femme Actuelle (n° 1235) de mon épouse. Je le feuilletais distraitement lorsque je tombai sur un article en page douze proclamant : "Notre principal ennemi, c'est l'indifférence !".

L'article parle de la HALDE, que j'aime beaucoup, en laissant la parole à son président Louis Schweitzer, pour qui j'ai le plus profond respect. Ce dernier est interrogé par trois femmes, Sophie, Sylvie et Emeline, sur les discriminations et l'égalité, ce qui semble logique puisque la HALDE, c'est la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité.

Emeline, qui veut tout savoir, demande à Louis quelles sont les priorités de la HALDE pour 2008/2009. Ben oui, c'est normal, "que va-t-on dénoncer l'an prochain ?", se dit-elle, comme si elle s'interrogeait sur la prochaine collection de prêt à porter de Tartempion.

Le président, qui connait bien ses dossiers, lui répond immédiatement. D'abord, il admet que seuls 36% des français connaissent la HALDE et que c'est insuffisant. Il faut faire quelque chose pour que cela cesse !

Puis, il rajoute :

"Notre objectif est aussi d'agir pour la promotion de l'égalité dans trois domaines : l'emploi, le logement et l'éducation. Nous avons par exemple vérifié que ne subsistaient pas de stéréotypes dans les manuels scolaires : la femme aux fourneaux, le mari assis... Ca parait dérisoire mais un des éléments majeurs de lutte contre les discriminations, c'est cesser de trouver normal ces choses auxquelles nous sommes habitués."

Ouf, je repose le journal rassuré. Ces dernières années, je m'inquiétais de ces stéréotypes surannés montrant une femme à la cuisine et un monsieur assis. Pour tout vous dire, je trouvais cela vachement fasciste et phallocrate ! Je trouvais qu'en France, on ne défendait pas assez les femmes. Par exemple, une fois j'ai lu qu'il y avait 60% de femmes dans la magistrature et je m'étais agacé qu'une profession aussi importante puisse conserver 40% d'hommes, êtres violents par nature, en son sein.

Je vois qu'un organisme doté de puissants moyens s'occupe maintenant de tout cela. Nous pouvons paître en paix, des bergers avisés veillent sur nous en s'occupant de problèmes urgents ! Le panda chinois et le tigre indien pourront peut-être bouffer nos industries jusqu'à la dernière, nos jeunes élites partir vers des cieux plus cléments, mais les stéréotypes ne passeront pas !

Me voici rassuré !

Mais, excusez-moi, faut que je vous quitte, j'ai le repas à préparer ! Si je compte sur ma femme, ce sera peine perdue, elle lit le journal vautrée sur le canapé, les pieds sur la table basse !

(pour aller plus loin, lisez ce texte)