30 décembre, 2010

Je suis allé à une expo !

 Le Gringeot s'intéressant à l'architecture nippone !

Bon cette année je m'étais déjà tapé deux expos chiantes, une sur la peine de mort et une autre sur ... Sur quoi déjà ? Impossible de m'en souvenir, c'est vous dire si cela me passionne. Il faut vraiment venir de sa lointaine province pour adorer "aller aux expos". Toutefois, parce qu'un stupide proverbe affirme que "jamais deux sans trois", je suis allé aujourd'hui à une autre exposition intitulée "Archi et BD" à la Cité de l'architecture au Palais de Chaillot.

Il se trouve que je n'ai jamais été un fan de bande dessinée mais que j'aime bien l'architecture. Et il se trouve qu'en parcourant des albums, j'ai souvent été fasciné par l'imagination de certains auteurs et leurs capacité à imaginer des villes entières. Oui, je suis le genre de mec à être fasciné par cela : c'est une nouvelle facette que vous découvrez de moi. Vous m'imaginez avec une bande dessinée en mains et d'un coup, d'un seule, je fais "ouaaah" parce que sous mes yeux est dessiné un truc vachement futuriste avec des tas d'immeubles bizarres, des voitures qui volent et une végétation délirante. 

Je devais y aller avec un pote architecte. Au dernier moment, il me prévient qu'il sera accompagné par des amis à lui qui viennent de province. Or, comme je n'aime pas trop être confronté à de nouvelles personnes, je me dis au dernier moment qu'il n'y a pas de raisons qu'il vienne avec sa bande et pas moi. C'est ainsi que je demande à Chico et au Gringeot de m'accompagner. 

Le Gringeot tout le monde le connait donc inutile de vous le présenter. Chico, lui c'est un bon pote ex-notaire reconverti dans l'informatique. Je le surnomme Chico parce qu'il ale format de Lino Ventura mais qu'il est aussi tout brun et très poilu : c'est le mec qu'on imagine remplacer au pied levé n'importe lequel des Gipsy King s'il savait jouer de la guitare. Mais autant il est très balèze en droit et en informatique, autant je ne suis pas certain qu'il assure en guitare. Mais bon, cessons d'en parler puisque finalement il n'a pas pu venir.

On se pointe donc au Trocadéro où Le Gringeot nous attend avec une drôle de casquette sur le crâne. Je suis sur que pour lui c'est une première. S'il y en a un qui n'a jamais foutu les pieds dans une expo, c'est bien lui. On file à la caisse où l'on nous extorque huit euros pour visiter l'expo. En bon taureau qu'il est, j'entends le Gringeot négocier avec la caissière en demandant s'il n'y aurait pas des réductions pour les chauves, chômeurs et plus de cinquante ans parce qu'il trouve que payer huit euros c'est un peu exagéré. Comme elle reste inflexible, il lui tend un billet de dix avec une grimace et récupère sa monnaie. 

Nous pénétrons alors dans l'expo par un escalier qui nous mène vers un sous-sol. Au mur, il y a une vitrine avec des petits meubles comme pour une maison de poupée. Je me doute bien qu'il s'agit de trucs artistiques alors je ne dis rien même si je trouve cela naze. Mon porte archi feint d'être intéressé en regardant ces petites merdouilles d'un œil intéressé. Un tour à droite et nous entrons enfin dans le saint des saints.

Après avoir donné mon ticket au clampin d'accueil, je sais instantanément que l'expo sera aussi naze que je m'y attendais. Imaginez une sorte de couloir étroit entre deux murs gris dans lequel on doit se faufiler pour regarder des planches de bandes dessinées et vous aurez une image de l'enfer carcéral dans lequel je pénètre. En plus il y a du monde !

Tandis que mon épouse, mon pote archi et ses amis de province trainent en se donnant des airs intéressés, le Gringeot et moi traversons l'expo au pas de course.  Le long couloir grisâtre s'orne de planches de BD accompagnées de petits commentaires qui nous font bien rigoler. On sent qu'ils ont été rédigés par des intellos vains comme savent en produire les universités françaises. Dans la catégorie "enfoncement de portes ouvertes", ça vaut son pesant d'or. 

Ainsi, on apprend qu'il y a un lien direct entre le cinéma et la BD mais que tandis que le premier nécessite de gros moyens, la seconde n'exige qu'un carnet et un stylo. Putain, jamais je n'aurais imaginé ça, ce soir je me coucherais moins con ce soir. Puis figurent aussi tout ce que des sociologues verbeux peuvent dire de conneries à propos des villes, au sujet des transversalités, des mobilités, et de tout un tas de trucs qu'il faut réinventer, etc. 

Généralement, on a tendance à dire que la BD est une forme de sous-littérature voire un sous-art tout court mais quand on lit tout ce que des mecs instruits peuvent en dire, on commence à croire que la lecture de BD est une occupation vachement intellectuelle. Avec le Gringeot, habitués comme on est aux blogs malpensants à tendance libertarienne, on se marre vraiment. De temps en temps, je fais un aller-retour pour voir où en sont mon épouse, mon pote archi et ses copains, qui manifestement prennent plus leur pied que nous en regardant ces daubes. 

Dans un accès de sincérité dont il est coutumier, le Gringeot m'explique que ce qu'il trouve bien dans les expos, c'est de les parcourir rapidement parce que le moment qu'il préfère, c'est quand on boit un coup après. Alors, ça ne fait ni une ni deux, on finit l'expo et on se casse après avoir prévenu les autres.

Dans le couloir qui nous ramène à l'escalier, de grandes photos de projets architecturaux sont accrochés. Le Gringeot et moi, on les mate distraitement quand d'un coup d'un seul, je le vois scotché face à une photo représentant l'intérieur d'un building japonais avec plein de japonais dedans. Je suis vachement étonné car si je n'ai jamais douté de l'intelligence du Gringeot, le voir scotché comme cela à mater une vilaine photo me surprend un peu.

Je m'approche donc et feignant de trouver le moindre intérêt à ce qu'il regarde, je me fends d'un commentaire autorisé sur l'architecture du genre : c'est un beau volume mais blablabla. Et là, j'entends le Gringeot, le nez collé sur la photo et les yeux écarquillés, m'expliquer doctement : "c'est marrant les asiat' peuvent être jolies mais elles ont vraiment pas de cul". Ouf, pendant un instant j'ai eu peur qu'il en change, que l'expo en ait fait un intello chiant et guindé. Mais non, c'est toujours le même, le genre de mec capable d'aller au musée d'Orsay, de regarder l'Origine du monde de Courbet en se disant  : "Putain il peignait bien les chattes ce Courbet, on dirait une vraie !"

Ensuite, nous sommes remontés prendre un café en attendant les autres puis on s'est tous barrés. Après avoir traversé les étals des marchands à la sauvette qui encombrent l'esplanade du Trocadéro, nous sommes descendus en marchant entre les cabanes des voleurs du marché de Noël installé là, puis avons rejoint la Tour Eiffel. Tout cela pour vous dire qu'une fois de plus, l'expo était bien nulle et vous recommander de ne pas y aller. Ceci dit comme elle ferme ses portes le 2 janvier, il n'y a pas de risques que vous y mettiez les pieds.

Le Gringeot face à la Tour Eiffel : "Putain doit y'en avoir des milliers de boulons pour faire tenir ce truc"

26 décembre, 2010

Noël chez les socialos cultureux !


Moi, je n'aime pas le théâtre. J'ai toujours considéré que c'était une goinfrerie pour croquants, un truc passé de mode, qui ne pouvait que perdurer dans les endroits où la télévision et le cinéma ne sont pas encore arrivés. Quand on me parle de théâtre, j'imagine toujours une troupe de saltimbanques  amoraux couchant les uns avec les autres, venus dans des chariots, montant hâtivement une estrade sur laquelle il cabotineront face à un public de paysans édentés et consanguins. D'ailleurs, toutes les fois qu'on m'a traîné au théâtre, j'ai trouvé cela nul.

Il se trouve que sans doute mal conseillé, mon père m'a trainé au théâtre avec mon épouse le soir de Noël. c'était une invitation que je ne pouvais refuser et ce d'autant plus qu'il ne s'agissait pas d'une pièce mais d'une comédie musicale : My fair lady, d'après la pièce de George Bernard Shaw, un communiste notoire. L'histoire est simple puisqu'il s'agit pour un professeur de phonétique, Henry Higgins, de faire passer une pauvre vendeuse de fleurs, Eliza Doolittle, pour une aristocrate. Mon père sans doute ému par les souvenirs de l'adaptation cinématographique de Cukor avec Audrey Hepburn tenait absolument à voir cette comédie musicale. Personnellement, l'idée d'aller me coller le cul dans un théâtre subventionné, le Châtelet, pour assister à une adaptation française de cette œuvre ne me tentait qu'à moitié parce que j'étais à peu près sur que ce serait nul.

C'est ainsi que l'on débarque par un froid de gueux au théâtre. Comme c'est français et public, c'est forcément mal organisé. C'est le pompier de service qui nous prend le ticket et le brave homme ne sait pas nous dire où sont situées nos places. Finalement nous avisons un clampin mieux informé qui nous fait remonter d'un étage où un autre clampin nous place en refusant tout pourboire. Le fauteuil est plutôt confortable et la vue assez correcte bien que pour cent-dix euros la place on ait pu espérer avoir mieux. Dire qu'en plus c'est subventionné !

La scène représente la façade d'un immeuble londonien sur lequel figure la phrase "mea pulchra puella", soit la traduction latine approximative de "My fair Lady". On poireaute, on entend les musiciens s'accorder dans la fosse. Et d'un coup d'un seul, l'orchestre se met à jouer l'ouverture. Et d'un coup d'un seul, moi qui me souviens de la direction magistrale d'André Prévin, le chef d'orchestre de la MGM, je compare ce que j'entends et je sais que je vais avoir à faire à une représentation merdique dans la plus pure tradition française de ces vingts dernières années où l'on foire tout ce que l'on entreprend. Ce soir j'aurais un My fair lady qui sera à l'original ce que Quaero est à Google : de la merde.

L'orchestre Pasdeloup dirigé par je ne sais quel âne semble composé de mecs bourrés de lexomil. L'ouverture se doit d'être brillante, gaie et enlevée et là c'est un désastre. La mesure est trop lente et on sent qu'ils ont du mal à monter. Alors pour combler leur manque de tonus de temps à autre retentit un grand coup de cymbale ou un roulement de tambour (peut-être pour les sortir de leur coma ?). C'est vraiment merdique et moi qui vient de lire sur le programme que le pensum durerait trois heures et vingt minutes, je commence à avoir peur. Mais bon le fauteuil de velours est plutôt confortable et je me cale bien dedans et commence à piquer un roupillon tout juste entrecoupé de coups que me donne mon épouse en me soufflant "réveille toi, tu ronfles tout le monde t'entend". Alors j'entrouvre les yeux et assiste à quelques minutes de  représentation avant de me rendormir. 

Les comédiens sont aussi merdiques que les musiciens. Ils ont pris des anglais qui déclament leur texte comme eu Shakespeare ! Putain, ça roule des "r", ça braille et ça cabotine à tout va, on croirait Didier Bénureau dans son sketche du chevalier anglais fou. Putain, ils ont réussi à transformer une comédie musicale, un spectacle léger et gai en merde pour abonnés à Télérama. Et ces ténors et ces sopranos sont tous aussi insupportables les uns que les autres et totalement inadaptés. Moi qui me souviens de la jolie voix de Marni Nixon, c'est insupportable, aussi insupportable qu'une adaptation d'Oscar par la comédie française dans laquelle Terzieff aurait repris le rôle de Louis de Funès : chacun son boulot ! C'est précieux, surfait, ampoulé et d'un snobisme atroce.

Tant pis, je me rendors tranquillement jusqu'à l'entracte durant lequel je vais fumer ma clope dehors. Comme nous échangeons avec mon père, un cuistre surprenant notre échange nous lance un regard courroucé parce que pour lui, le spectacle est merveilleux. Comme il est attifé comme l'as de pique, je suppose qu'il est venu par son comité d'entreprise avec des places à tarif réduit. J'avise aussi un groupe de types à lunettes carrées : sans doute des gens du service culturel de la Mairie de Paris ?

Je suis un peu mieux le second acte. La valse de l'ambassadeur est massacrée bien évidemment par ces trou-du-culs. Ce sont les seuls qui réussissent à transformer une valse en slow. Quant aux danseurs, j'ai vu des spectacles de fin d'année avec des gamines plus convaincantes que ces professionnelles ringardes qui s'agitent sous mes yeux. Souhaitant rester positif, je trouve que les décors sont plutôt réussis. En revanche la pauvre Eliza Doolittle est vêtue n'importe comment. Tandis que la pièce est sensée se dérouler en 1914, la pauvre est successivement habillée à la mode de la Belle époque, des années trente, quarante, puis à la fin avec une jupe à godets digne des années cinquante. Le puriste que je suis ne peut réprimer une grimace. Je me rendors encore et ce sont les applaudissements nourris de la fin qui me réveillent. Bien entendu, je n'applaudis pas. Et quand je vois apparaitre le chef d'orchestre sur la scène j'ai même envie de lui crier "enculééé" mais je me retiens.
Avisant mon père et mon épouse, je ne formule qu'un laconique "bon on se casse maintenant pour éviter la bousculade" et nous partons. C'est fou ce que la chape de béton qui pèse sur le pays depuis bientôt trente ans peut faire, même transformer une jolie comédie musicale, gaie et enlevée, en pensum pour intellos creux.

Enfin si un promoteur a une bonne idée pour transformer le théâtre du Châtelet en immeuble de bureaux, moi je suis plutôt pour !

24 décembre, 2010

Joyeux Noël !


Mon assistante (en photo) et moi, vous souhaitons un joyeux Noël ! J'en profite aussi pour souhaiter un excellent anniversaire aux capricornes puisque depuis quelques jours, le soleil est entré dans notre signe astral ! Une affectueuse pensée pour tous ceux qui resteront seuls ce soir. J'en ai même dans ma clientèle. 

Ainsi hier soir, une patiente âgée de trente ans que je connais très bien, fort jolie brune de surcroit, m'expliquait qu'elle serait encore seule parce que son père s'étant remarié, sa belle-mère ne souhaitait pas qu'elle vienne passer Noël avec eux.  Quant au père, il lui a simplement expliqué qu'il "ne voulait pas de vagues" et qu'elle comprendrait mais qu'il penserait bien à elle tout de même. 

Bref, parmi les gens qui resteront seuls ce soir, il n'y a pas que des petits vieux mais aussi de fort jolies  jeunes femmes. Et comme on pense toujours aux petits vieux, cette année moi je penserai à elles parce qu'il n'y a pas de raison de les oublier.

18 décembre, 2010

J'étais malade !


Bon, si je n'ai rien publié depuis pas mal de temps, c'est parce que j'étais malade. Et quand je dis malade, je pèse bien mes mots, puisque j'étais vraiment malade : j'avais un rhume. Autant vous dire que moi, habituellement plein de compassion envers les gens qui souffrent, là je n'en ai plus rien à faire et que je trouve même gros de les entendre se plaindre tout le temps de leurs tumeurs. Moi, j'ai un rhume et je reste digne, je sais souffrir en silence.

Bien entendu, les gens qui comme mon épouse, n'ont jamais eu de leur vie un rhume comme le mien, peuvent ricaner en se moquant de moi et m'accuser d'en faire des tonnes. Il n'empêche que mon rhume, que je devrais même qualifier de rhinopharyngite, m'a conduit à ignorer mon blog durant ces jours derniers. J'ai tout de même vaillamment assuré mes rendez-vous mais une fois chez moi, je n'étais plus qu'une loque gorgée d'Actifed et de tout un tas d'autres trucs parce que j'adore l'automédication et qu'une fois dans une pharmacie, je crois que j'achèterais tout ! Autant, je déteste foutre les pieds chez les médecins qui sont des gens souvent désagréables qui veulent m'obliger à manger moins gras et à ne pas fumer, autant j'aime bien les pharmacies dans lesquelles de petites préparatrices accortes m'expliquent tout un tas de choses quand j'achète une boîte de Doliprane. 

Tout cela m'a pris la semaine passée. J'ai pris un coup de froid comme l'on dit, ce qui veut dire que j'ai chopé un virus terrible. Samedi soir dernier, j'ai eu un peu ml à la tête et le nez bouché : vous voyez déjà l'ampleur des symptômes ! Le lendemain, je n'ai même pas osé prendre ma température, mais je suis sur qu'au réveil j'avais au moins 37 degrés ! alors j'ai fait comme d'habitude, je me suis vautré sur mon canapé et j'ai commencé à me plaindre, à renifler, à tousser et à cracher. Lundi et mardi furent les jours les plus funestes, mon petit nez était tout bouché et j'étais totalement défoncé à l'Actifed, ce qui me rendait un peu somnolent bien que ma sagacité n'ait pas été atteinte. Une patiente a même trouvé que j'étais bien courageux de venir travailler comme cela. Brave petite qui souligne mon courage légendaire.

Comme j'avais vu la publicité à la télévision, j'ai acheté du Stérimar, un drôle de truc à base d'eau de mer pour se nettoyer le nez. J'avais toujours trouvé que le produit était une véritable arnaque mais le jeune Thomas m'a convaincu d'en acheter. Le pauvre, lui aussi semble souffrir de rhumes tout aussi sévères que les miens, alors on s'échange nos recettes pour moins souffrir. Et finalement, c'est plutôt rigolo de s'inonder les narines d'eau de mer. Je ne sais pas si c'est utile mais au moins j'ai l'impression d'être pro-actif comme l'on dit et c'est mieux que de souffrir passivement. Moi face à la maladie, je me bats, la faucheuse ne viendra pas me prendre sans que je n'ai combattu courageusement.

Mercredi un mieux être a semblé s'annoncer. Certes j'ai du perdre deux-cent grammes et mon visage s'est creusé ; j'ai le teint cireux et le cheveux terne. N'importe quel assureur me voyant ce mercredi aurait refusé de m'accorder la moindre garantie mais on m'aurait proposé de prendre ma maison en viager. Jeudi ma santé s'améliore doucement mais je ne me sens pas suffisamment en forme pour rédiger un article sur ce blog. Mes pauvres mains tremblent trop et je sais que mes doigts n'auraient pas la force d'enfoncer les touches du clavier de mon ordinateur.

Vendredi matin, je pense que l'on peut parler de rémission, même si je préfère rester prudent car on sait que bien des gens qui sont morts ont éprouvé un mieux être la veille de leur décès. Au cas où, j'ai demandé à mon épouse de ne pas ranger mon contrat-obsèques Norwich-Union ! Si ej devais décéder de mon rhume, je ne pourrais pas lui épargner un grand chagrin, mais au moins les démarches pénibles lui seront-elles évitées. J'ai pris le contrat Mausolée, par lequel, j'ai la certitude d'être inhumé dans un monument à côté duquel le Taj-Mahal ferait rire. J'ai choisi une sorte de grand truc sobre, dans le style art-déco, avec du marbre sombre et des colonnes en lapis-lazuli, et ma statue équestre de vingt mètres de haut. Quant à moi, j'ai décidé d'être embaumé puis inclus dans un bloc de verre dans lequel on pourra contempler ma dépouille.

Vendredi midi, je déjeune frugalement d'un chapon rôti et d'une purée de pomme de terre que je fais suivre d'une mousse au chocolat. A toutes fins utiles, j'ai décidé de ne pas prendre d'entrées mais je trempe mes lèvres dans un excellent rouge. Doucettement, l'espoir luit en moi et je pense que le rhume n'est plus qu'un vieux souvenir mais je préfère rester mesuré. Je continue le Stérimar et le Doliprane car on n'est jamais trop prudent. Et puis, je tousse encore un peu et cela m'inquiète tout de même. Ce ne sont pas des quintes et mon épouse trouve que j'en fais trop. Mais, je me connais et je sais que même si cela n'apparait pas au premier abord, je suis quelqu'un d'extrêmement fragile. 

Samedi, l'embellie se confirme. Et tandis qu'il neige dehors, le soleil luit dans mon cœur car je sens que l'on peut enfin parler de rémission. J'ai cessé le Stérimar mais je garde le flacon près de moi au cas où, pour ne pas être pris au dépourvu. Comme j'ai plein de belles boîtes de médicaments, de temps en temps j'en pioche un au hasard, ce qui énerve mon épouse qui trouve que c'est idiot et inutile. Je la laisse parler et n'en fais qu'à ma tête.

Samedi, il est dix heures heures et quelques et j'ouvre mon blog. Je me décide à rédiger cet article. Ce n'est pas facile car bien que tout aille mieux, je ne peux pas dire que j'ai retrouvé ma pleine forme. Mes pauvres doigts ont fort à faire pour enfoncer les touches du clavier de mon mac. Mais je sais être courageux et oublier la douleur.

Finalement, je crois que je suis guéri. Je n'aime pas me prononcer à la légère ni sombrer dans un enthousiasme débordant, toutefois il semble que j'aie vaincu le rhume. 

Que tous ceux qui souffrent voient dans cet article un message d'espoir. Ne vous laissez jamais abattre, battez vous et croyez aux miracles. C'est ce que j'ai fait et vous voyez : j'ai guéri d'un rhume ! Gloire à dieu au plus haut des cieux ! Et pourtant, j'étais mal parti et je n'avais aucun soutien social puisque mon épouse n'a cessé de se moquer de moi. Peu importe, comptez sur vous et souvenez vous que dans la vie, on est toujours seul quoiqu'il arrive.

11 décembre, 2010

Ambassade de Lorraine !

Pendant des années, j'ai eu une idée fausse de la Lorraine. Pour moi, au mieux cette région allait de pair avec l'Alsace sous la forme de deux petites filles se tenant la main sous un monument aux morts vantant le sacrifice des Poilus de la Grande Guerre. Autant vous dire que j'en avais une vision un peu passéiste et funèbre.

Je savais que la région avait été riche mais l'Art Nouveau, son histoire riche et sa gastronomie avaient disparu pour faire place à une image issue des années soixante dix et quatre vingt comme si la crise de la sidérurgie avait finalement eu raison de tout le teste.

J'imaginais la Lorraine totalement sinistrée, comme une sorte de no man's land parsemé d'usines fermées dont les carcasses rongées de rouille se désagrégeant sous forme de rouille pulvérulente seraient le seul témoin d'une gloire disparue. Nichés à l'ombre de des squelettes industriels, j'imaginais de petits villages peuplés par tous ceux qui n'auraient pas eu la chance de partir ailleurs tenter leur chance et seraient restés vivant des maigres subsides de l'aide sociale, familles entières aux yeux vides et hagards avec des pères ayant le foie rongé par l'alcool, des mères aux mains rougies par les lessives et des enfants vêtus par Croix Rouge de pauvres hardes dépareillées.

Parfois, réveillé par en pleine nuit ces images hallucinées servant de toile de fond à un horrible cauchemar dans lequel des petits enfants lorrains phtisiques achevaient de mourir en crachant leurs poumons dans des corons sinistres, je me prenais à me dire qu'il faudrait que je fasse un chèque à SOS Enfants de Lorraine pour ne pas les laisser mourir de faim. Afin d'évacuer le spectre horrible de ces images atroces, je me surprenais à susurrer "aujourd'hui on n'a plus le droit ni d'avoir faim ni d'avoir froid" pour tenter de retrouver un sommeil apaisé. Bref pour moi, la Lorraine c'était un peu la misère du Chnord sans la bonhommie qui règne à Lille et avec en plus des températures sibériennes.



Et puis j'ai eu la chance de connaitre Laurence qui m'a permis de découvrir sa région en me la présentant sous un jour moins funeste. Un jour de bon matin, j'ai même débarqué à Nancy ne sachant pas trop à quoi m'attendre et j'ai été frappé par le beauté de la Place Stanislas et j'ai même pu constater que malgré une légère pointe d'accent, aucun lorrain ne parlait le dialecte guttural aux consonances allemandes que j'imaginais mais qu'ils étaient normaux et ... correctement nourris ! Moi qui avais préparé à tout hasard une poignée de piécettes que j'aurais jetée aux hordes d'enfants pieds nus, abandonnés et dénutris que j'imaginais me courant après, je me suis fait avoir parce que rien de tout cela n'est arrivé. Je n'ai vu que des gens normaux et non un remake du film Délivrance.

Mon appétence pour la recherche et mon goût pour la culture ont fait le reste et j'ai eu tôt fait de m'intéresser aux charmantes coutumes de cette belle région. C'est ainsi que je dois être l'un des seuls à avoir mentionné la croutonnade faouine, plat roboratif à base de pain sec, de saindoux et de gris de Toul, trop méconnu dont même Jean Pierre Pernault n'a jamais parlé malgré une avalanche de courriers envoyée par mes soins à la rédaction de TF1. Je crois aussi être l'un des seuls à avoir exhumé de l'oubli la briotine, cette charmante petite bottine fabriquée dans le nord de la Meurthe-et Moselle, en croute de cuir sur semelle caoutchoutée avec fermeture Éclair centrale et doublure en Damart qu'on affectionné toutes les personnes âgées avant qu'elle ne tombe dans l'oubli faute d'un marketing plus agressif. Quand on sait que c'est l'ancêtre de la Hug portée par toutes les fashionistas de la planète, avouez que c'est rageant ! Si le lorrain est bon technicien, en revanche il ne sait pas se vendre.

Tant et si bien qu'aujourd'hui, je dois être l'un des seuls franciliens à être allé à la fois en Meurthe-et-Moselle, en Moselle et même dans le Meuse. J'avoue ne pas connaitre le département des Vosges mais j'ai beaucoup lu et assimilé d'informations et je crois que je saurais conduire une schlitte sans aucun problèmes.

Toujours est-il que mes efforts ont du être récompensés parce que je crois être le psy qui possède la plus importante clientèle lorraine sur Paris ! Ma connaissance intime de la région, des conflits larvés qui y règnent, des expressions de langage que je parviens à comprendre font que les lorrains se sentent chez moi comme chez eux. Ainsi, la première qui poussa le pas de la porte de mon cabinet était une mosellanne à qui j'ai fait la grâce de ne pas confondre Metz, sa capitale, et Nancy, sachant très bien quelle haine anime le 57 et le 54 depuis 1871, conflit dont on parle bien trop peu d'ailleurs ! De toute manière à toutes fins utiles, je me suis mis au platt et au francique pour parler aux deux !

Comme elle fut satisfaite, elle m'envoya une amie mosellanne puis par le plus grand des hasards, c'est une meurthe et mosellanne que je reçus ensuite. Et enfin, dernièrement c'est un meusien, un gars du 55 qui a poussé ma porte. Ah la la, je revois encore ses yeux humides de reconnaissance lorsqu'il compris que je savais placer Saint Mihiel, Bar-le-Duc et Commercy sur une carte et que je connaissais la préfecture de son département.

Et je pense que s'il avait osé, il se serait jeté à mes pieds éperdu de reconnaissance, quand je lui ai parlé du transi, des madeleines et des croquets qu'affectionnaient tant le président Poincaré ! J'ai été incollable tout en restant d'une modestie qui aurait fait rougir une timide violette !

Mais je crois que mon plus beau coup fut réalisé, lorsqu'un de mes patients au demeurant fort sympathique m'expliqua qu'il était issu d'un mariage mixte, son père étant Alsacien et sa mère Lorraine. Là où un béotien n'aurait rien compris, ma connaissance intime de l'est m'a fait tôt fait saisir combien son histoire avait du être difficile car qu'on se le dise : les alsaciens et les lorrains ne s'aiment pas vraiment. D'ailleurs il est de notoriété publique que la petite lorraine et la petite alsacienne qui se donnaient la main sur les cartes postales de propagande durant la Grande guerre se détestaient et se crêpaient le chignon une fois le photographe parti en s'insultant copieusement !


Mais là, où j'ai séché mon patient - un peu comme j'avais scotché celui qui me parlait de FPS en imaginant que je ne serais qu'un vieux con incapable de parler de Counter Strike - c'est quand il m'a dit que sa mère était du 54. Benoîtement, il m'explique qu'elle est de Choloy-Menillot et que je ne connaitrai pas ! Et là, sur de moi je m'entends encore lui répondre : ah oui entre Toul et Foug près de Domgermain. Et là, je revois encore ses grands yeux ronds éberlués et je me suis dit que si j'avais été chef de secte, ce mec aurait tout plaqué pour me suivre en m'abandonnant tout son argent ! Une chose est sûre, la culture est importante dans mon métier dans la mesure où elle permettra de créer une meilleure alliance thérapeutique. Être doué en psychopathologie ne suffit pas, il faut s'intéresser sincèrement aux gens, à leurs vies, à ce qu'ils font et d'où ils viennent. Le partage il n'y a que cela de vrai et cela ne m'étonnerait pas que je sois béatifié de mon vivant, vous verrez !

Et comme le 6 décembre, c'était la Saint-Nicolas, la plupart de mes patients lorrains sont rentrés au pays parce que pour rien au monde ils n'auraient raté le défilé ! Nancy, Foug, Verdun, Commercy, Thionville ou encore Yutz, ils étaient tous au pays en famille parce que la tradition en Lorraine, on ne rigole pas avec. Tant et si bien qu'une fois revenus, ils m'ont tous ramenés des spécialités locales. Depuis quelques jours, j'ai mangé des madeleines de Commercy, du pain d'épice de Nancy, des minerais lorrains de chez Fresson à Metz et même des spritz, autant vous dire que ma connaissance de leur région leur fait si chaud au cœur que c'est une manière de me manifester leur reconnaissance. Ne manquaient plus que des babas au rhum au niveau des spécialités mais il parait que cela voyage mal et un service en Baccarat, en Daum ou en Saint-Louis, pour encore plus me combler mais le coût en est un peu prohibitif.

J'en profite donc pour les remercier de nouveau collectivement de leurs présents et les assurer que dans mon cabinet, outre un professionnalisme sans faille, ils trouveront aussi une écoute attentive capable d'adapter les thérapies cognitives et comportementales à la réalité lorraine.

Et bien que le 6 décembre soit loin, je leurs souhaite à tous une joyeuse Saint Nicolas !

09 décembre, 2010

Burt Reynolds attitude !


La méthode révélée voici quelques années par Mistery pour transformer un AFC (un blaireau ) en PUA (un mec qui chope) se révèle très limitée à l'usage dans la mesure où elle n'englobe pas toutes les situations. De fait, elle se révèle simpliste car si on admettra qu'un AFC est un pauvre gars qui n'arrive pas à se sortir une fille, l'inverse n'est pas vrai. On peut avoir du mal à sortir avec une fille, non parce que l'on est un AFC mais bien au contraire, parce que l'on bouscule toutes les limites en se situant sur un autre plan. En bref, Mistery a pu être aussi frustre et simpliste que Freud en son temps en proposant un modèle simpliste et bien trop général.

C'est ainsi que j'ai eu à rencontrer un cas spécial. Au premier abord, sa qualité d'ingénieur, et ses idées assez arrêtées sur le genre féminin en feraient un AFC parfait. Mais, lorsque l'on creuse un peu, on s'aperçoit bien vite que bien loin d'idéaliser les femmes comme le ferait un AFC, il se contente de les remettre à la juste place qui devrait être la leur selon lui. Les femmes ne lui font pas peur, bien au contraire. Il les trouve simplement plutôt ennuyeuses et manipulatrices. Il trouve que celles qui se disent intelligentes, le sont bien moins qu'elles le pensaient puisqu'elles sont incapables de résoudre une équation différentielle du second degré et encore moins d'avoir une analyse cohérente de la situation économique. En bref, cela ne l'ennuierait pas qu'elles soient à la hauteur de ce qu'elles affirment être mais il trouve qu'elles en font beaucoup pour pas grand chose et qu'une fois démasquées, il n'en reste rien.
Son discours est pourtant loin d'être stupide et aussi stéréotypé qu'il y parait. En bref, pour lui le monde est fait pour les hommes et les femmes peuvent tout au plus avoir un rôle d'assistantes tout à fait utiles. Il ne les rejette pas, il leur donne simplement la juste place qu'elles devraient avoir. Il estime d'ailleurs qu'il lui appartient de les protéger parce que pour lui, elles seront toujours des mineures émancipées. Et pourtant, il adorerait être surpris, tomber sur une femme qui l'étonne mais cela n'est jamais arrivé. A chaque fois qu'une brille, il s'aperçoit que c'était du strass et non du diamant.

Et quand je lui oppose que j'en connais de fort brillantes, il me répond que cela existe mais qu'elles sont pour lui bien trop masculines dans leur manière d'être. Quand je lui explique qu'avec l'intelligence et la volonté d'exister, coïncide toujours un pôle masculin important qui n'est pas forcément rédhibitoire, il m'arrête. Il le comprend fort bien mais cela ne l'intéresse pas vraiment. Je suppose qu'il en voudrait une presque aussi intelligente que lui mais pas trop tout de même, quelqu'un capable de lui donner la réplique mais pas au point de lui voler la vedette.

A l'oppose de l'homme ancien à la Gabin, qui voudrait que la femme soit belle et se taise,  que "la soupe soit servie chaude et à l'heure" comme on dit, mon patient serait bien plus progressiste. Il admet d'ailleurs quelque conquêtes du féminisme. Ainsi, il sera pour la libération sexuelle, c'est indéniable ! Il trouve plutôt agréable qu'une femme vive harmonieusement ses pulsions parce qu'il en profitera.

De la même manière, il n'est pas contre le fait qu'une femme travaille. Ainsi, il admet qu'une femme puisse être secrétaire pour avoir une petite indépendance financière. Mais parlez lui d'une femme pilote d'avion, ingénieur, ou encore médecin, et il rigolera. Ce concept de femmes des années 80, popularisé par Michel Sardou, le fait doucement sourire. Le jour où il prendra un avion piloté par une femme n'est pas encore venu. En revanche, il lui fera confiance pour taper son courrier parce qu'il admet que pour de menues tâches administratives, les femmes le surpassent aisément : il connait ses limites et les accepte. Idem pour le ménage et le repassage qu'il maitrise imparfaitement ! Il le sait et il admet que sans une femme il serait perdu.

S'il est contre la femme des années quatre vingt, il n'est pas pour autant pour celle des années cinquante qu'il aurait trouvée plutôt ennuyeuse et convenue. Son terrain de chasse à lui, ça aurait été celles des années soixante à soixante dix. Ainsi, il trouve que les secrétaires mises en scène par la série Mad men, ont un profil intéressant : indépendantes mais pas trop, intelligentes mais au point d'imaginer dépasser les mâles.

En fait, plus je l'écoute plus je tente de lui trouver un registre. Voici bien longtemps que j'ai perdu l'envie de changer les gens. S'il n'est pas Gabin, il n'est pas non plus un de ces métrosexuels qu'il aborrhe. Sont truc, ce serait d'être entre les deux. Suffisamment macho pour ne pas se faire casser les couilles par la première venue et suffisamment libéral pour lui octroyer quelques droits. Et puis, il les traite bien. Si sa vision un peu datée de la gent féminine peut choquer, il n'en est pas moins un parfait gentleman avec les femmes, pourvu qu'elles sachent rester à leur place.

Je l'écoute et je le regarde et je constate qu'il a des rouflaquettes et du poil sur la poitrine que l'on aperçoit par sa chemise entrouverte. Ce jeune type me rappelle furieusement quelqu'un mais qui ? Ca y est j'ai trouvé ! C'est le charmeur des années soixante-dix, celui qui est mort avec le disco. Habilement, je lui demande s'il n'aurait pas par hasard une "robe de chambre d'intérieur" ? Bien sur qu'il en a une, une belle en soie qu'il revêt le soir après sa journée de travail. 

Les images se bosuculent alors dans ma tête. J'imagine son intérieur, mélange de kitsch et de meubles de style et soudain, je l'aperçois ! Quoi ? Mais la desserte à roulettes, vous savez le petit meuble sur roues sur lequel sont posé une carafe à whisky et les verres en cristal taillé. Cet objet kitschissime que l'on retrouvait dans tout intérieur bourgeois et qui a disparu emporté dans la tourmente Ikéa. De là, je peux aussi imaginer la peau de bête devant l'âtre et même les fausses buches électriques qui y rougeoient. En bref, un intérieur chaleureux où il fait bon s'abandonner après une dure de journée de travail : le havre de paix pour le repos du guerrier.

Je vois alors que bien loin d'être "malade", ce jeune type n'est qu'anachronique. Il aurait du naitre en 1935/1939 pour être heureux. Ce jeune patient est tout simplement la réplique de Burt Reynolds, une sorte de macho moustachu mais progressiste qui serait parvenu jusqu'à nous comme un morceau de bois flotté échouerait sur une plage. Si c'était une bagnole, ce serait la Renault 30 de mon enfance, une berline cossue livrée en série avec vitres électriques et direction assistée mais dotée d'un bon vieux moteur sorti de Flins et étudiés dans les années cinquante, et avec siège en velours s'il vous plait parce que c'est plus confortable.

Le tout forme donc un ensemble un peu daté certes mais très homogène pour qui n'aime pas les surprises. Un ensemble sans électronique superflue mais avec du solide et de l'éprouvé. Le type même qui allume sa clope après l'amour en demandant à la fille "alors c'était comment ?". C'est plutôt pas mal pour celles qui en ont marre des chouineurs, des trop sensibles, de tous ceux qui sous prétexte de se dire "modernes" ne sont en fait que des petits garçons cherchant la réassurance auprès de femmes sérieuses. Finalement, on aime ou on n'aime pas, mais ce n'est pas de la pathologie, juste un mec fabriqué à l'ancienne avec un juste dosage de solutions éprouvées mais doté du confort moderne tout de même : gaz à tous les étages et salle de bain intégrée. Pas un vieux mec à la Gabin avec chiottes sur le palier !

Je n'ose pas trop lui demander mais j'imagine qu'il a tous les disques de Tom Jones chez lui voire même tous les imports de Engelbert Humperdinck, des chanteurs qui savaient faire chavirer le cœur des minettes de leurs voies de ténor, pas des "taffioles" comme Bioley et compagnie ! Parce que quoi qu'on en dise, on a beau trouver ces chanteurs pas modernes, si l'on n'a pas dansé  un slow langoureux sur The last waltz, la main posée discrètement sur le postérieur de la nana et sa tête dans le creux de notre épaule en lui demandant "alors heureuse baby ?", on ne connait rien de la vie. Et ce ne sont pas les bourrins qui se trémoussent sur de l'électro qui vont lui donner des leçons !

J'imagine même quelques 45 tours de Daniel Guichard, un homme un vrai, le seul qui ait réussi à lui tirer quelques larmes avec sa chanson "mon vieux", une ode aux hommes dignes des années passées, à tous ces humbles qui allaient gagner la croûte de leurs familles sans faire chier avec leurs états d'âme ! Par contre, si une gonzesse se pointe, alors là, il doit savoir y faire : lumières tamisées et Burt Baccharach en fond sonore !
Alors que dire ? Rien de bien terrible ! Je le rassure en lui expliquant qu'il n'est pas du tout un AFC mais simplement "un peu anachronique", ce qu'il reconnait bien volontiers. Je lui souhaite vivement de trouver une femme à la manière de Raquel Welch ou d'Angie Dickinson, ces égéries des seventies qui savaient être belles sans faire de l'ombre aux premiers rôles masculins. Mais que bien sur, de telles femmes n'existant plus vraiment sous nos contrées, je ne doute pas qu'aux confins de notre belle Europe, dans des pays pas encore touchés par notre modernisme, il se peut qu'il existe encore des femmes "à l'ancienne".

Je l'incite donc vivement à prendre des cours de russe afin d'aller chercher l'élue de son coeur loin là-bas dans l'est ! Je ne doute pas qu'une femme à l'ancienne sachant faire la part des choses entre un matérialisme avéré, parce qu'on ne vit pas d'amour et d'eau fraiche tout de même, et les sentiments sincères, parce que l'amour c'est sympa tout de même, ne trouve en lui celui qu'elle attendait et qu'elle croyait disparu : une sorte de russe sans les problèmes d'alcool et la violence qui vont si souvent avec.

En tout cas moi, je trouve sympa de faire perdurer la Burt Reynolds Attitude !

06 décembre, 2010

La stachose !


La dernière fois, Mister O. un patient devenu un bon pote, passe au cabinet et me dit qu'il s'est remis à tiser après plusieurs mois d'abstinence. Comme je le sais, l'asbtinence est l'exception et la rechute souvent la règle, alors je ne m'en fais pas. Après tout, si on a pu cinq mois, on peut cinq ans voire cinquante ans. 
Et puis, je lui demande le pourquoi du comment, bref, je fais mon boulot en étant gentil. Je ne le traite pas de trou du cul, je ne lui dis pas qu'il est nul, ni qu'il finira par crever d'un cancer du foie après une bonne cyrrhose qui lui aura auparavant laisser le teint et la sclérotique jaunes. Remarquez ce serait sympa vu qu'il est roux, même s'il déteste qu'on dise qu'il est roux parce que ce coquet ridicule se juge blond vénitien. Je pense qu'il jalouse en secret ma belle couleur châtain clair qu'aucun coloriste n'a jamais pu reproduire.

Alors, je papote, je papote avec lui en jouant le psy, le mec sympa mais ferme qui comprend mais qui ne s'en laisse pas compter pour autant. Et voilà que d'un coup, d'un seul, Mister O. m'explique qu'il a fait une crise de "stachose". What ? Quoi ? Une crise de stachose ? Franc comme je le suis toujours, j'affirme immédiatement ma méconnaissance de cette pathologie.

Le jeune homme roux se fâche un peu en me demandant comment on peut exercer ma profession sans connaitre la stachose et rajoute qu'il se fait fort d'alerter tous les médecins avec qui je collabore de mon inculture crasse. Bon, la menace est telle que l'espace d'un instant, j'envisage de le tuer, puis d'appeler le Gringeot pour m'aider à découper son cadavre dans ma baignoire, avant d'aller en jeter les bouts dans la Seine. Mais me souvenant de ma mission, je temporise et lui demande de m'expliquer ce qu'est une stachose. 

Alors il m'explique qu'aux AA, qu'il fréquente assidument, quand l'un d'eux replonge dans l'enfer de l'alcool, plutôt que de chercher à expliquer son geste en trouvant des raisons, il préfère expliquer qu'il a fait une crise de stachose. Parce que l'alcoolisme est une maladie à prétextes, c'est à dire une pathologie qui trouve son origine dans tout et n'importe quel prétexte (il faisait froid, mon patron m'a mal parlé, j'ai vu Mélenchon à la TV, etc.), plutôt que de trouver un énième prétexte justifiant la rechute, ils préfèrent parler de stachose parce que si on rechute, forcément c'est à cause de quelque chose et toujours pour une fausse bonne raison.

Bon vous avez saisi ? Stachose, c'est à cause ? Stachose, ct'à cause ? Ben oui stachose n'est rien d'autre que la contraction de l'expression "c'est à cause". Voilà, c'est tout. Bon, moi j'ai trouvé ça excellent. Et depuis que je connais l'expression, quand un de mes patients me parle d'une rechute quelconque, plutôt qu'ergoter sur les raisons de ladite rechute, je préfère lui parler de stachose. C'est bref, clair, net et précis et cela évite de se cacher derrière son petit doigt chaque fois que l'on déconne.

Les émotions !


Je reçois souvent des hommes jeunes dont le rêve serait de ne pas avoit d'émotions. Sans doute gavés de cinéma, leurs modèles sont les tueurs froids et les justiciers solitaires dont on nous abreuve. De Clint Eastwood à l'époque des western, jusqu'à Steven Seagall, en passant par Chuck Norris, ils ne rêvent que d'être des hommes, des vrais, des couillus n'ayant peur de rien et ne se laissant pas contaminer par leurs émotions. Curieusement, comme ils n'ont rien compris au rôle des émotions, eux qui n'ont rien du tout, leur souhait le plus cher est de devenir schizoïde. Une personne schizoïde vit seule sans ressentir les conséquences de sa solitude. Elle ne manifeste pas d'intérêt pour les relations sociales et éprouve des difficultés à en nouer ; ses loisirs, son activité professionnelle, sont solitaires et indépendants. Elle n'est en apparence pas touchée par les marques de sympathie ou d'affection et n'exprime pas ses émotions, d'où une image de froideur, d'apathie.

Pour ne pas laisser les femmes en reste, j'ai le même problème avec certaines patients qui ont cru que s'affirmer ou "canaliser leur animus" comme aurait dit Jung, consistait à se bricoler une sorte de façade, de bouclier, derrière lequel elles abriteraient leur sensibilité. On a alors des comportements "hommasses", comme si s'affirmer revenait à se comporter comme le plus con des mecs, une sorte de Chuck Norris.

Pourtant, on sait que l'optimum consiste à faire communiquer harmonieusement la voie basse de son cerveau (les émotions) et la voie haute (la raison). Lorsqu'on se laisse envahir par les émotions, effectivement, on devient une petite choupinette ultrasensible mais incapable de prendre uen décisions et on se laisse balloter par les événements telle une nef perdue en haute mer (ouah la licence poétique qui déchire sa race !). A l'inverse, quand on n'a plus que sa raison, on est au mieux un trou du cul ultrarigide et au pire on est atteint d'une sérieuse pathologie mentale (schizophrénie, tumeur cérébrale, etc.).  Bref, me dire qu'on aimerait ne plus avoir d'émotions est la marque de fabrique des petits gars sensibles qui se noie allègrement dans leur sensibilité et qui se sont façonné un rêve de puissance et de gloire auquel se rattacher pour ne plus souffrir. Hésitant sans cesse entre n'être que les nains de leurs cauchemars (eux) ou les géants de leurs rêves (Steven Seagall), ils errent telle des nefs ballotées par les flots (encore une licence poétique à base de nef, je n'arrête pas, putain j'aurais du être poète !).

Depuis l'affaire de Phinéas Gage, que je ne vais pas vous raconter mais que vous irez lire ici, on sait que sans les émotions pour faire de bons choix, un être humain se transforme en une sorte de monstre rationnel passant son temps à faire des tas de bêtises pour finir par ruiner sa vie. Comme le rappelle Antonio Damasio en parlant d'un de ses patients ayant subi une intervention neurochirurgicale, les émotions sont capitales pour nous donner immédiatement la tonalité de l'expérience que l'on est en train de vivre ; sans elles, la rationalité est un circuit sans fin, n'amenant que des réflexions logiques entre lesquelles il est impossible de trancher. Ainsi, si un homme trouve que Mlles X et Y sont jolies et intelligentes, seules les émotions qu'il éprouve pour l'une d'elle, ce que l'on nomme les sentiments, lui permettront de trancher. Si la rationalité est une force, seule l'émotion est capable de l'orienter vers un but précis. 

En bref, comme je le disais, bien fonctionner c'est faire travailler ensemble nos deux circuits d'appréhension du monde que son les émotions et la raison.  Pour ceux et celles qui se noient dans les émotions, il faut apprendre à oser, à recevoir des coups en se souvenant que le coeur se brise ou se bronze. Pour ceux qui sont rigides, il faut se souvenir que ressentir des émotions est humain et non le fait d'être une fiotte quelconque.

Et pour tous ceux que ce sujet intéresse, je ne puis que leur conseiller d'acheter le magazine Sciences et Avenir du mois de décembre qui propose un dossier très bien réalisé sur ce sujet. Oui, je sais j'ai des lectures de geek.