28 décembre, 2019

De profundis !


Ceux qui me lisent depuis des années connaissaient Sean. Sean avait bien rigolé de la caricature que j'avais faite de lui. Sans doute que cela avait du le flatter.

Caricature ? A peine ! Sean était un homme à part. Venu du nord et issu d'une lignée de mineurs polonais, était un être totalement à part que j'ai eu grand plaisir à fréquenter. Pour décrire sa psychologie improbable, j'avais coutume de le décrire comme un char d'assaut T34 conduit par un psychopathe au cœur d'or. C'était un mélange de force, de violence mais aussi de sensibilité et de gentillesse. Physiquement comme de caractère, il tenait de Depardieu.

A côté de lui, je tenais pour ma part plus de la timide violette, du clerc pointilleux et nuancé. Si d'aventure on m'a parfois trouvé bourrin, sachez qu'à côté de celle de Sean, ma bourrinitude aurait fait figure de ballon de Guebwiller à coté de l'Everest. Lui et moi, nous entendions fort bien, sans doute parce que sa démesure ne me gênait pas, tant elle rendait la mienne très acceptable,  tandis que mon esprit nuancé lui était utile. Nous coopérions assez naturellement même si je me montrais plus stratège et lui plus tacticien. En tout cas, il tenait une place de choix dans la galerie de personnes improbables que j'aime à fréquenter. A ses côtés, même le solide Gringeot faisait figure de puceau tatillon, c'est dire si Sean était excessif !

Mangeurs, buveur, baiseur, bosseur, joueur, Sean ne connaissait que l'excès. Mais au moins avait-il eu l'intelligence de cesser de boire. Et c'est lui qui m'emmena la première fois dans une réunion des AA ouverte à tous où il fêtait ses treize ans d'abstinence. C'est une expérience que je n'oublierai jamais et sur laquelle j'avais fait un article voici bien des années. 

Sean était intelligent et aimait le risque. Il avait fini par avoir une fort belle situation. Lorsque je l'ai connu il était directeur général d'un important cabinet de syndic de copropriété qu'il tenait d'une main de fer. Ses salariés le redoutaient autant qu'ils l'appréciaient. Peu enclin aux négociations, c'était simple, vous faisiez ce qu'il vous demandait où il vous virait, quelles qu'en soient les conséquences. L'auriez vous menacé des prud'hommes qu'il se serait levé pour vous dire d'aller vous faire enculer avant de se rasseoir et de vaquer à ses occupations en rigolant. Quand on avait eu Sean comme manager, on était sorti de la légion et plus rien ni personne ne vous ferait peur. Ceci dit, il n'était pas rancunier et la plupart du temps, il suffisait de se terrer le temps que sa colère passe. On s'y habituait.

Il était pourtant grandement apprécié par sa capacité à protéger ses troupes. S'il se réservait le droit de vous pourrir la vie comme un boyard l'aurait fait de celle de ses moujiks, il ne l'aurait permis de personne d'autre. Ainsi je me souviens d'avoir parlé à l'une de ses petites gestionnaire de copropriété qui avait été sa salariée. Elle s'appelait Solange, était fille de général et avait été éduquée à Versailles bien loin des corons de Courrières où Sean avait vécu petit.

Je lui avais alors demandé s'il avait été facile de travailler sous les ordres de cet ogre de Sean. Elle m'avait alors dit que passé le moment de stupeur, quand elle avait compris à qui elle avait à faire, cela avait été simple. Sean, m'avait-elle expliqué, n'était pas compliqué, il exigeait de la loyauté et de la bonne volonté mais rien de plus. Il pouvait apparaitre brutal mais ne l'était pas, c'était sa manière d'être et elle l'avait même jugé bien plus sensible qu'il ne voulait le montrer. Il était plus d'une autre époque que d'une autre culture. S'il surprenait c'était forcément en bien car il se montrait bien plus bienveillant que ce que sa rudesse ne laissait deviner.

J'avais acquiescé, connaissant le personnage. Puis elle m'avait narré une aventure qui lui était arrivée l'année passée. Elle débutait alors dans le métier, entamant sa seconde année de gestionnaire de copropriété et n'était pas encore tout à fait rompue à la violence de certaines réunions de copropriétaires. Un soir, lors d'une réunion houleuse, un président de conseil syndical; mécontent de son travail et ulcéré, l'avait traitée de "petite salope".

Le lendemain, elle était encore sous le choc de la violence de l'insulte. Tant et si bien, que Sean s'en était aperçu. Elle avait alors craqué et lui avait avoué la manière odieuse dont elle avait été traitée. Sean lui avait alors dit de se calmer une heure ou deux, de sortir prendre l'air et qu'à son retour, il règlerait le problème. Elle était alors sortie lire en terrasse, le temps de s'apaiser.

A son retour, Sean l'avait convoquée dans son bureau pour régler le différend l'opposant à ce malotru. Il avait alors appelé cette personne et d'une voix suave et aimable lui avait dit qu'il était au courant que sa gestionnaire ne faisait pas l'affaire. L'autre, ne se méfiant de rien, n'avait pas mâché ses mots disant pis que pendre de la petite Solange. D'une voix toujours aussi suave, Sean avait alors proposé à cet homme de le rencontrer dans les plus brefs délais ; sans doute qu'en tant que Directeur général de la société, il saurait proposer une solution valable.

Le président du conseil syndical, flatté que le Directeur général d'une société aussi importante l'appelle en personne avait alors proposé à Sean de le voir le soir même après dix-huit heure. Sean avait accepté et expliqué à Solange qu'ils iraient ensemble et qu'il règlerait le problème. A l'heure dite, Solange montait dans la voiture en compagnie de Sean pour rencontrer le malotru.

Une fois chez lui, Sean s'était présenté de manière sympathique puis, d'un seul coup, comme me le raconta Solange, il s'était approché très près de l'homme, jusqu'à le toucher et lui avait demandé : et moi, est-ce que je suis une petite salope ?

L'homme interloqué n'avait pas su quoi répondre alors Sean avait réitéré sa question en le tutoyant, toujours aussi menaçant : il parait que Solange est une petite salope alors je voudrais savoir si moi aussi, j'en suis une.

Le type assez mal à l'aise avait tenté de le calmer en arguant d'un malentendu, en expliquant qu'il s'était laissé entrainer par sa colère. Sean, le regardant toujours aussi fixement avait encore demandé si lui, aussi était une petite salope. L'autre de plus en plus mal à l'aise lui avait demandé de se calmer. Mais une fois qu'un slave est lancé, rien ne l'arrête. Sean, ne cessait pas de le harceler, jusqu'à ce que l'autre ait vraiment peur. Solange m'avait expliqué, que Sean était était devenu tellement menaçant, et semblait tellement proche de le frapper que le malotru en avait uriné dans son pantalon en tremblant.

Sean l'avait alors saisi par l'oreille en lui intimant l'ordre de se mettre à genoux et l'autre lui avait obéi. Puis, une fois à genoux il lui avait demandé de présenter ses excuses à la jeune Solange, ce que l'autre avait fait en bafouillant. Solange était aussi terrorisée que lui.

Puis, le tenant toujours par l'oreille, il l'avait aidé à se relever et lui avait explique que tout cela resterait entre eux trois. En revanche s'ils s'avisait d'insulter de nouveau Solange ou de remettre le mandat qui liait la copropriété à la société de Sean en cause, alors il reviendrait avec une batte de base-ball pour le tabasser à mort et mettre le feu à son appartement.

Dans les réunions de copropriété, les gens très agressifs sont rarement des gens qui ont connu la violence mais la mime face à des salariés qu'ils imaginent pieds et poings liés. Ce sont souvent, à Paris, des gens issus de CSP+ habitués à la soumission des cadres du tertiaire. Le pouvoir et l'argent qu'ils détiennent les rend souvent odieux plus que véritablement dangereux.

C'est ce qui s'était passé. Face à une gamine de vingt-six, ans le malotru s'était laissé aller aux insultes, mais face à Sean et à son physique de cosaque habitué depuis tout petit à la vraie violence, il avait cédé. Il faut dire qu'ayant vu à une ou deux reprises, Sean très en colère, il était vraiment très impressionnant. Son visage dans ces moments était celui du dingue qui s'en fout de finir ses jours en tôle. Mais il était aussi redoutablement intelligent et il en jouait car il avait compris que dans une bagarre, ce n'est pas forcément le plus fort qui gagne mais celui qui a l'air le plus dingue. Pour un type comme Sean, mettre à l'amende un président de conseil syndical d'une copropriété du XVIIe arrondissement, c'était comme tancer un gamin pénible.

Une autre fois, alors que je faisais une formation pour le compte de son cabinet, j'avais du m'associer avec un type pas très sympathique, un ingénieur centralien. Sean ne l'aimait pas trop non plus. J'avais alors préparé le contrat et l'avait amené à Sean. Sean m'avait alors demandé si tout était correct et je lui avais répondu que de mon point de vue, ça l'était. J'avais rajouté que mon associé du moment l'avait imprimé mais que je ne pensais pas qu'il ait modifié ledit contrat. Sean avait alors demandé à mon associé du moment, s'il avait rajouté quelque chose et l'autre l'avait assuré que non. D'une voix calme, en le fixant dans les yeux, Sean lui avait expliqué : je suis un brave gars qui fait confiance et ça me fait chier de tout relire. Mais si tu as décidé de m'enculer tu le regretteras. Moi, on ne m'encule pas. Si tu le fais, après la formation je suis chez toi, je te tue, je viole ta femme et je mets le feu à ton pavillon. Compris ? L'autre, complètement interloqué, avait bredouillé un oui.

Une fois sorti, mon associé du moment m'avait alors dit que Sean était complètement dingue et que personne ne lui avait jamais parlé comme ça. Moi, connaissant une partie du cinéma de Sean, je lui avais juste rappelé que Sean nous payait très très bien et que d'autre part, c'était un slave et qu'il pouvait se montrer curieux mais qu'il ne fallait pas se formaliser. N'empêche qu'il avait pris l'oseille parce que Sean payait vraiment très très bien et il s'en foutait vu que c'était sa boite qui réglait la facture.

C'était ça Sean, comme je le disais en préambule : un char T34 conduit par un psychopathe au cœur d'or. Un type improbable et totalement anachronique mais particulièrement attachant, un gars qui n'aurait pas hésité à vous massacrer s'il ne vous appréciait pas mais qui était prêt à prendre des risques inouïs pour les gens qu'il aimait. Je suis heureux de l'avoir eu pour ami, d'avoir partagé des dizaines de bons moments avec lui.

Sean n'est plus. Il s'en est allé. Il s'est éteint dans son sommeil d'une crise cardiaque foudroyante. C'est son épouse, qui ne le voyant pas bouger au réveil a constaté son décès. Sean a brulé la chandelle par les deux bouts. Il a bu, mangé, couché et s'est drogué plus que de raison. Il a aussi beaucoup travaillé pour s'extirper de sa triste condition de pauvre gosse du nord. Il avait réussi à l'aube de la quarantaine. Il gagnait beaucoup d'argent qu'il jouait beaucoup au casino, sans doute parce qu'il savait que son passage sur terre serait limité.

C'était un type excessif mais un gars bien. Dans l'Apocalypse 3, il est dit que Dieu vomira les tièdes. Sean était excessif, gelé ou bouillant mais il n'a jamais connu la tiédeur. Je suis sûr que Dieu l’accueillera avec bienveillance dans son paradis.

Ce n'est pas un adieu, tout juste un au revoir. Ici-bas, personne ne t'oubliera, sois en sur !

"Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche."

Saint Jean, Apocalypse, 3

26 décembre, 2019

Ce jour où je fus un vrai fat !

Montesquieu, penseur capricorne, concis et efficace, bref le gars bien !

Il faut évidemment entendre le terme "fat" au sens de fatuité et non au sens anglais de "fat", même si je l'avoue je puis avoir quelques kilos en trop ! Ce n'est pas de ma faute, tel un chien glouton, je mange tout ce qu'on me donne, je finis l'assiette. A bord, d'un vol Air France, je me contente de la ridicule portion qui m'échoit sans rien chercher d'autre mais une fois chez moi, si l'on me fait un kilo de pâtes (des Del Cecco uniquement), je les mange. C'est ainsi. Ce doit être une survivance ancienne qui se manifeste dans mon génome; datant d'une époque lointaine ou l'on ne savait pas ce que l'on mangerait le lendemain. Donc je mange comme si les jours suivants, j'allais crever de faim !

Après ma mort, on dira de moi que si ma pensée était très avance sur son temps, mon appétit datait du néolithique. Je suis totalement incohérent génétiquement. Je suis une énigme et j'en suis très fier parce qu'il faut bien que je sois fier de quelque chose. 

Quoiqu'il en soit, pour revenir sur les deux articles précédents, il fallait un épilogue. Et c'est fort à propos que je vais vous narrer deux episodes au cours desquels je fus d'une redoutable fatuité. Mais sans doute que si un américain était passé par là, il m'aurait trouvé fort brillant et "so french". Faut dire qu'ils en sont toujours à comprendre Derrida alors qu'ici je ne suis pas sur que ses livres trouvent preneurs dans les bacs de solde chez Gibert, boulevard Sait-Michel.

Nous étions trois, Chris, le jeune HEC qui m'avait démasqué sur tweeter, le docteur Le Touffier, riche et talentueux gynécologue-obstétricien et moi, votre serviteur ! Nous parlions du sinistre Macron, le fils du démon et plus particulièrement de son curriculum-vitae prêtant à suspicion dans la mesure où bien malin sera celui qui saura s'il a vraiment fait ce qu'il évoque dans ses souvenirs. Est-ce que le gamin (i.e. Macron) a vraiment bossé pour Paul Ricoeur ou s'est-il contenté comme dirait un sociologue, dont je tairai le nom, de faire "les pipes et le café", c'est à dire de vaquer à de basses besogne telles que ranger les livres, collaborer à une bibliographie et faire le ménage sans oublier d'éteindre avant de sortir ?

Comme je n'aime pas du tout Macron, j'aurais tendance à dire que c'est un mytho et puis c'est tout,  sans même vouloir démêler le vrai du faux. Mais l'important n'est pas là. Notre camarade médecin qui en fait d'études est plutôt resté dans la pratique, puisque les études de médecine ne sont pas les plus intellectuelles qui soient. Après avoir appris l'anatomie, le pied, la main, le nez, etc., vous vous coltinez des tas de trucs par cœur pour qu'à chaque groupe de symptômes coïncident une pathologie probable. Et si vous vous trompez et que le patient n'est pas mort, vous envoyez chez le spécialiste qui lui même peut envoyer chez un autre spécialiste qu'on appelle un interniste comme le Dr House. Après ce sont les PFG qui prennent le relais et eux ne font aucun diagnostic parce qu'il est évidemment trop tard.

Le Touffier étant honnête, voilà qu'il se retrouvait face à deux escrocs, un jeune et un vieux, dont une partie des études avaient surtout consisté à amasser des concepts fumeux et mal approfondis destinés à enfumer ceux qui n'ont pas suivi le même parcours. Car si je fus juriste, je rappelle que je fus aussi diplômé d'une école de commerce, autant dire l'école du crime vu que je n'y ai rien appris de vraiment valable mais que j'y ai bien rigolé.

Confiant en notre sincérité, ce médecin naïf nous demande si nous connaissions Ricoeur. Bien sur que oui, répondimes-t-on de concert car l'un comme l'autre avions pratiqué l'enfumage dans notre jeune temps et avions passé un temps considérable à engranger des tas de trucs tels des brocanteurs sauf que chez nous, ça s'appelle la culture générale.C'est ce qui permet de faire illusion face à ceux qui savent vraiment quand on sait en jouer et de ne pas passer pour un con, et de passer pour des génies face à ceux qui ne connaissent rien. Autant dire que la culture gé' comme on dit, c'est utile. Si'l y avait encore des salons littéraires, le jeune Chris et moi, y aurions eu notre place, pérorant à qui mieux mieux et faisant assaut de bons mots. Hélas, l'époque est à l'intelligence artificielle et autres concepts foireux et non à la véritable intelligence, tant pis pour nous.

Et ramenant de vagues souvenirs, de cours et de choses entendues ou lues ici et là, voici que Chris et moi nous lançons dans une conversation où l'on cita pêle-même les concepts de mêmeté et d'ipséité face à un docteur Le Touffier passablement impressionné par notre immense culture et devant se dire qu'il était sans doute plus riche que nous mais que sorti du bloc opératoire, il ne tenait pas la route face à des monstres de cultures tels que nous. Nous fumes deux fats doublés de cuistres, nous fumes français et l'idée ne nous a pourtant pas pris d'acheter un bouquin de Ricoeur et de le lire parce qu'on a d'autres choses à foutre ! Non mais !

Une autre fois, et pour cela il faut que je remonte au début des années 90, je déjeunais avec l'ami Toju, et l'un comme l'autre, emplis de fatuité, vaniteux comme des paons et passés par l'université nous eûmes une étrange conversation. Nous étions alors dans l'administration française qui nous octroyait l'immense privilège de nous sustenter dans un self-service. Munis de nos plateaux, une fois assis à table, nous nous lançâmes dans une passionnante controverse au cours de laquelle ils 'agissait de savoir si le plateau était une table mobile ou la table un plateau fixe. Cette discussion, connue sous le nom de controverse du plateau est restée dans nos mémoires et lorsque nous nous voyons, il nous arrive d'y faire référence devant un auditoire médusé face à tant d'intelligence. Là où le clampin moyen se serait contenté de manger, deux beaux esprits comme Toju et moi nous étions lancés dans une discussion passionnante dont aujourd'hui encore, on ne sait pas qui de nous deux a raison.

Cela rejoint la discussion passionnante que j'avais lancée à propos de Placid et Muzo, personnages de bande dessinées de Arnal, dont je ne sais toujours pas si Placid est un ours nain ou une souris géante étant entendu qu'il fait la même taille que Muzo qui est un renard. L'énigme reste à ce jour pleine et entière et ne sera sans doute pas plus tranchée que celle ayant trait au plateau et à la table.

Tout ceci pour vous dire que l'époque actuelle avec son concert d'apprentis penseurs prêts à prendre pour argent comptant toutes les théories venues d'outre-atlantique m'emmerde à un point qu'on ne saurait décrire si ce n'est pour dire qu'il dépasse l'Everest. Marre de ces apprentis-pensants, de ces faux-chassants qui ayant lu trois livres et les ayant mal digérés, se permettent de remettre en cause les fondements anthropologiques de notre société, même si elle est imparfaite. Je vomis ces demi-habiles à la mine grave et au sourire absent qui se font un devoir de gâcher le moindre moment de bonheur dans cette vallée de larmes pour nous asséner leur catéchisme bien pensant. Je n'en peux plsu de ces curés laïcs et de ces dames de charité athées qui crachent sur Dieu pour mieux nous bassiner avec leurs minuscules divinités de papier.

Ours nain ou souris géante, table amovible ou plateau fixe, ipséité ou mêmeté, ce n'est pas compliqué de théoriser à l'infini et de faire assaut de vaine intelligence. Lire Placid et Muzo ou Paul Ricoeur nous placera toujours face à l'infinie complexité du monde intelligible.

L'important restera toujours, qu'est-ce qu'on mange et qu'y-a-t-il après la mort, tout le reste est vain.

"La gravité est un mystère du corps inventé pour cacher les défauts de l'esprit. La gravité passe si souvent pour de la compétence. Quand la vravité n'est que dans le maintien, comme il arrive si souvent, on dit gravement des inepties."

"La gravité est le bouclier des sots"

Charles de Montesquieu

Dessins de Arnal, textes de Paul Ricoeur
 

J'en veux terriblement aux USA 2/2 !


Je disais donc que si les anglais avaient la tradition du club, endroit pénible et compassé, dans lequel un majordome valétudinaire, venait vous apporter une eau chaude pendant que vous lisiez le journal ou que vous parliez à des amis chiants, nous avions nos joyeux bordels et salons littéraires.

 
Voici quelques années, les bordels furent ma lubie, juste avant que je ne me passionne pour l'Everest. J'achetai donc tous les ouvrages sérieux parlant de maisons closes et de demi-mondaines, autrement appelées les "grandes horizontales". C'est ainsi que je retins trois choses :

1- L'expression "c'est le bordel" est d'une rare stupidité car les maisons closes étaient parfaitement organisées dans les moindres détails ;
2- Consommer, 'est à dire monter avec une prostituée, n'avait rien d'obligatoire et la plupart des clients se rendaient au bordel pour y rencontrer des amis, sachant que l'esprit gaulois s’accommodaient mieux d'accortes demoiselles pour faire péter les bouchons de champagne que d'un majordome cacohcyme venu servir de l'au chaude.
3- S'il y eut bien sur des drames, un nombre non négligeable de prostituées, venaient de leurs provinces dans l'espoir de se faire un petit pécule et de repartir y ouvrir un commerce. Finalement, le recours au crédit et l'accès à la formation auront peut-être fait plus contre la prostitution que les lois.

Toujours est-il que les maisons closes parisiennes les plus huppées étaient connues du monde entier. Aujourd'hui, les noms de Chabanais, One-Two-Two ou encore Le Sphynx, évoquent les têtes couronnées et les grandes fortunes qui les hantaient. Le pays qui avait mis le French Can-can, bien que né en Grande-Bretagne à l'honneur, était évidemment qualifié pour être champion des maisons closes. C'est d'ailleurs la célèbre Céleste Mogador, qui mourra Comtesse de Chabrillan, qui amena le Can-Can en France.

Et puis, nous avions les salons littéraires. A ce propos, rappelons aux féministes que les premiers salons littéraires tenus par des femmes datent du XVIè siècle et qu'ils eurent un énorme succès. J'ose espérer que des noms aussi célèbres que Mesdames de Maintenon, de Lenclos ou encore de  Scudéry ne leurs sont pas inconnus. On me rétorquera que "oui mais c'était que des aristos riches". C'est un fait que disposer de temps pour recevoir et parler est généralement le fait des "classes possédantes". Aujourd'hui encore le prolo a d'autres chats à fouetter qu'à tenir salon parce qu'il y a le ménage à faire et le repassage en attente. C'est ainsi que l'on constate que parler de condition féminine est aussi bête que de parler de condition masculine, parce qu'avec de l'argent, quoiqu'on en dise et même que cela ne fait pas le bonheur, ça aide tout de même un peu !

Ces salons littéraires, aussi appelés cercles, bureaux d'esprit, sociétés ou clubs sous l'ancien régime sont vraiment une spécificité française. Car si les anglais, nos éternels concurrents, ont de l'humour, nous, nous avons de l'esprit, ce qui n'est pas peu rien et sans doute supérieur à l'humour anglais. Là, où à l'époque contemporaine, ils ont Peter Sellers, nous avons Gabin, Blier et Ventura servis par Audiard. Bref, nous avons la passion du bon mot et de la construction intellectuelle. Chacun d'entre nous se souvient des excellents Chamfort, le triste, et Rivarol, le rigolo et à une date plus récente Sacha Guitry.

Toujours est-il que nous autres, anglais comme français, avons toujours su faire la différence entre l'essentiel et l'accessoire ce que ne font pas forcément les américains pour qui time is money. L'accessoire, rien à foutre, faut que ça fonctionne et que ça rapporte. 

Qu'il s'agisse des clubs anglais ou de nos salons littéraires, ils ont importé cela en les dénaturant. Il est évident qu'aucun lord anglais ne voudrait faire partie d'un club américain où l'on parle de fric en fumant de gros cigares. Et pour les salons littéraires, ce fut pire encore car leur côté décalé, dandy avant l'heure, fut incompris. Je pense que les américains prirent au sérieux ce que l'on considérait comme un aimable passe-temps. Ils ne comprirent pas que Sartre était plein de duplicité et que derrière le théoricien de la philosophe existentialiste se dissimulait un satyre avide de jeunes étudiantes et ayant compris que quand on n'a pas le physique pour soi, il suffit de jargonner en se donnant un air intelligent pour choper de la "sapiophile". 

La sapiosexualité, pour ceux qui ne sauraient pas encore est le fait pour des femmes d'être attirées par des mecs brillants ou charismatiques. C'est ce qui rend vrai la citation de Guitry : la beauté pour un homme c'est cinq minutes de gagné ! Bien sur si l'on est moche et un peu con, cela devient plus difficle. Bref tout cela pour vous dire que Sartre avait tout compris. Sachant qu'il ne pourrait pas tout miser sur son physique comme le Gringeot, donc j'ai abondamment parlé ici, qui est un adonis taillé en hercule et doté d'un membre impressionnant, il a tout misé sur l'intellect ce qui ne lui a pas mal réussi.

Le salon littéraire, et les coteries germanopratines, qui lui succédèrent a vait donc une double fonction. Bien sur, il s'agissait de se rencontrer entre intellos et de faire assaut de bons mots et de théories savantes mais aussi de choper comme des fous. Parce que quand on est en France, du moins dans l'ancienne France pas encore américanisée, le cul se dissimule souvent derrière les prétextes les plus louables et les plus inattendus.

Qu'il s'agisse de phénoménologie, d'existentialisme, de structuralisme, de constructivisme ou que sais-je encore, qui prenait cela véritablement au sérieux une fois sorti de la Sorbonne ou de la rue d'Ulm ? Sincèrement que reste-t-il d'un Lacan ? Est_ce que quelqu'un en a quelque chose à faire des graphes, des mathèmes et du parlêtre ? Ce maitre en hermétisme aura subjugué certaines personnes et aura plus tenu salon qu'il n'aura été thérapeute, même si je ne doute pas que parfois, cela "aura marché" avec certains.

Et puis, les américains, sans doute complexés par leur manque d'histoire et de culture que la puissance économique ne parvient jamais à compenser, s'emparèrent de la "pensée française". Et comme ils l'ont fait du moindre caillou un peu historique, de la moindre bataille, ils la stadardisèrent, la markètèrent et la dispensèrent dans leurs universités.

Tandis que nous, vieux peuples sachant faire la différence entre l'essentiel et l'accessoire, frivoles comme nous sommes, et tellement habitués aux tourments de l'histoire pour savoir profiter des bons moments quand ils se présentent, aviosn toujours sur rendre à l'université ce qui était à l'université et à la vraie vie ce qui était à la vraie vie, les américains, jeune peuple avide de reconnaissance se mirent à prendre au sérieux nos lubies sorbonnardes et à ne voir dans nos beaux esprits que de purs esprits qu'ils ne furent jamais.

Et depuis, les voilà qu'ils nous bassinnent avec leurs women's studies ou leurs gender studies et autres pensées pénibles standardisées par des gens pénibles n'ayant aucun humour ni recul et n'ayant pas compris que ces théories, tout comme les pantalons à une jambe de Jacques Attali qui ne sont pas faits pour être portés, ces systèmes de pensées aussi astucieux et talentueux soient ils, n'étaient pas faits pour sortir de certains cénacles.

Le drame finalement c'est l'accès de tous à la culture. Tant qu'il s'agit de lire Balzac ou Zola, la culture c'est très bien mais il n'est pas certain que mettre à la portée de tous, toutes les théories loufoques soient une bonne chose. Cela pourra vous sembler bien vaniteux de ma part et je le conçois. Mais aurait-on idée de mettre dans un coffret Chimie2000 vendus à des gosses, tous les ingrédients pour fabriquer un explosif ?

Bref après nous avoir inondé ces dernières années de films pénibles qui sont à l'art ce que sont les franchises à la haute_couture, voilà que les USA nous inondent de théories fumeuses que l'on aurait du garder bien au chaud à l'ENS ou au Deux magots, à l'époque où il n'étais pas envahi de touristes et où l'on pouvait y fumer et y débattre.

Moi, qui me ferais tuer pour le plaisir d'un bon mot, qui sais parler pour ne rien dire, je détesterais que les éléments épars de ma pensée, si toutefois quelqu'un ait pu songer qu'il y eut une unité dans mes écrits, soient condensées et enseignées.

Qu'on se le dise ! Je ne veux pas d'une chaire de Philippe Psy studies à Berkeley !



J'en veux terriblement aux USA 1/2 !


 Photo dont vous comprendrez seulement la signification à la fin de l'article !


J'ai toujours été partagé vis à vis des USA. Bien que j'y sois allé des tas de fois, je ne me résigne pas à apprécier le pays. Et bien que je les déteste parfois cordialement, j'avoue qu'ils ont des tas de trucs bien. Je crois que leur truc le plus génial reste leur capacité à organiser puis marketer tout et n'importe quoi pour en faire un truc extraordinaire, voire une légende.

Exemple :
Vous roulez sur un tronçon ayant survécu de la route 66 et vous êtes dans un film. Vous êtes au volant de votre Chevrolet de location et vous avez l'impression de faire un truc dingue. Alors qu'en réalité vous roulez sur une route banale au revêtement dégueulasse au volent d'un veau asthmatique.

Si vous faisiez la même chose sur notre célèbre N7 au volant d'une voiture de luxe, au hasard un Renault Kangoo RXE première série, vous ne ressentiriez rien de particulier si ce n'est que vous iriez d'un point à un autre ! Et pourtant Charles Trénet à chanté la Nationale 7 et vous traverserez des villes bien plus belles que sur la route66.

C'est ça la force des américains, faire passer de la daube pour un plat de roi. On a beau ne pas être dupe, on se fait avoir. Il faut vraiment se poser et se souvenir que l'on est français, pays du cartésianisme, pour échapper aux sirènes trompeuses du marketing. Ce que ne font jamais les américains.

Les américains sont ds croyants, ils adorent croire à tout et n'importe quoi, à Dieu bien sur mais aussi à la liberté et à la démocratie ! Interrogez les et vous constaterez que la plupart sont persuadés que les tapis de bombes sous lesquels ils ont massacré les population du globe sont une bonne chose parce que "c'était pour apporter la démocratie". 

Ils sont aussi persuadés que leur système est le meilleur et que chacun a sa chance même s'il suffit de wikipedia pour constater que l'essentiel des réussites éblouissantes est le fait de gars sortis d'universités prestigieuses auxquelles les fils de prolos n'auront jamais accès. Jeff Bezos, malgré son nom cubain, n'est pas cubain et a fait Princeton. Et il est né un 12 janvier comme moice qui n'est pas rien comme vous vous en doutez !

Les gens continuent à se ruer à Las Vegas alors qu'ils devraient se rendre compte que lorsqu'on édifie un casino à 3 milliards de dollars, il y a toutes les chances que le prolo y laisse sa chemise et que ce soit le proprio du casino qui rafle les mises. Mais, c'est comme au loto, vous jetez quelques miettes et les pigeons accourent. C'est un véritable impôt sur les pauvres et leur envie de ne plus l'être !

Un patient, le marquis du mardi, qui était allé pour la première fois à New-York l'an passé, avait fait le même constat que moi en se promenant à Central Park. Il avait vu des joggers courir autour du réservoir en étant persuadés de faire "un truc de fous" alors qu'il s'agit de courir dans un parc. Mais comme ce putain de réservoir et la ville de NYC ont été montrés des centaines de fois dans des films, ça devient fou. La même scène au parc Montsouris, n'entrainerait qu'un bâillement discret.

Un camarade catalan espagnol, que j'avais en licence d'histoire de lart et d'archéologie à Paris1, ayant fait un stage aux USA, m'avait expliqué l'incroyable faculté qu'avaient les ricains a faire de n'importe quel caillou âgé de plus de cent ans un trésor inestimable drainant des milliers de visiteurs.

Le problème, c'est que les américains standardisent, organisent et markètent absolument tout ce qu'ils touchent, même si culturellement ils en sont éloignés. Une sympathique cantina sud-américaine deviendra alors un terne Taco Bell ! Et ces stupides américains ont fait de même avec nous, les français, dont l'exquise culture ne pouvait être comprise par ces grossiers protestants pudibonds chassés d'Europe!

En France, nous avons coupé avec nos racines, toutes nos racines, pas seulement avec la monarchie ou l’Église ! C'est ainsi que nous avions nos traditions bien à nous. Là où nos voisins anglais avaient la tradition du club, cet endroit pénible où des messieurs se réunissent pour lire le journal et boire du thé, nous-autres, paillards rigolos mais lettrés, avions deux passions : les bordels et les salons littéraires.

Mais suite au prochain article ! Héhé, bande de canaillous, je sais vous faire languir ! Depuis que j'ai eu deux/trois scénaristes dans ma clientèle, je connais quelques ficelles du métier.

Et ça, dans leur jargon anglo-saxon, ils appellent ça un cliff !

25 décembre, 2019

Image apaisante !

Tenez le souvenir même de certains propos lus sur tweeter m'ont rendus sale et triste. Quel immonde égout que ce média. Afin de me doucher spirituellement en ce jour de Noël durant lequel le Sauveur nous fut offert, rien de mieux qu'une image de marcassin.


Tweeter !


Autant vous le dire, tweeter restera pour moi de la merde, une merde intégrale même. Tweeter est l'instrument du diable qui lui a permis de faire perdre son temps au genre humain en le rendant méchant. Pourtant, à la base, l'idée d'échanger sur divers sujets était bonne. Mais l'absence de tout contrôle social a rendu le système complétement fou. Si tweeter était une café-tabac, le patron aurait foutu à la porte à coups de nerf de boeuf les 7/10 des habitués.

Passer une année sur tweeter, revient à vous intégrer un filtre cognitif qui vous amène à penser que le monde est foutu et que l'humanité ne se relèvera pas. Je n'ai jamais vu autant de gens bêtes ou méchants, et souvent les deux, que sur tweeter. L'immédiateté du média, fait que les gens réagissent à chaud et se lâchent avec une violence inouïe. Cela m'est arrivé et puis, j'ai adopté la conduite du Touffier, ce patient gynécologue, qui m'a dit qu'il se demandait toujours s'il aurait parlé à cette personne dans la vraie vie. Si la réponse est non, alors autant l'ignorer dans le monde virtuel qu'est tweeter.

Bref, je me suis enfermé dans ma petite bulle avec ma bande de potes et on a essentiellement dialogué entre nous, comme on l'aurait fait entre habitués au comptoir. Parfois bien sur; on fait des incursions sur les "fils" d'autres connectés et notamment sur ceux des élus.

Vous savez que j'ai toujours déteste les élus que je tiens à 95% pour des salauds ou des crétins. Et bien grâce à tweeter, je les tiens maintenant à 99% pour des salauds et des crétins. Et quand je lis les propos de messieurs Lemaire ou Wauquiez, je me dis que l'ENS Ulm était à ma portée, à moins que ce ne soit une gigantesque usine à cons. 

Et puis, vous avez tous les courants sociétaux qui sont représentés sur tweeter. Mais ils sont représentés à l'extrême. Dans la mesure où le média est gratuit et libre d'accès, tout taré, et je pèse mes mots, se croit autorisé à nous balancer ses vérités à la face sans aucune retenue, accusant forcément celui qui aurait quelque doute quand à sa santé mentale, d'être nécessairement un fasciste. Et la contagion sociale aidant,étant entendu que certains points de vue, fussent-ils délirants sont à la mode, les tarés entrainent de pauvres gens dans leur sillage dans une forme virtuelle de délires non schizophréniques.

Les paranoïaques et leurs délires d'interprétation sont légion sur tweeter. Le délire est chronique et systématisé, le mécanisme interprétatif permanent et la cohérence du délire avec sa conviction absolue ont tôt fait d'entraîner des gens plus fragiles dans cette folie.

Je ne sais pas si vous vous souvenez de "L'affaire des reclus de Montflanquin" qui avait défrayé la chronique dans les années 2000 ? Il s'agissait d'une famille entière qui avait vécu dix ans, recluse dans un château, dans le sud-ouest, sous la coupe d'un gourou. Et bien, sur tweeter, ces histoires sont légion. Des individus fragiles suivent de grands paranoïaques en adhérant à leurs thèses délirantes. Face à ces réseaux organisés en meutes, il ne sert à rien d'être raisonnable ou d'avoir compris le mécanisme. A la moindre remarque, vous finirez massacrés et assignés à résidence : vous serez forcément un facho coupable d'hétéro-patriarcat.

Bref, si vous allez sur tweeter, vérifiez toujours "qui vous affirme ceci ou cela" et demander des sources. N'y allez que vêtu d'une blouse blanche d'aliéniste en vous souvenant que de toutes les pathologies, la paranoïa est la plus dangereuses et que sous leur aspect systématisé et faussement savants, les délires paranoïaques sont dangereux !

C'est sans doute l'une des plus grandes tares de notre société moderne ; sous couvert de tolérance, elle admet les conduites paranoïaques amenant à une confusion qui rend de plus en plus difficile de différencier le vrai du faux.


J'ai fait le con !





Pas vraiment mon genre d'user de vulgarité mais je dois vous avouer que j'ai fait le con. Et c'est une des raisons qui ont fait que j'ai déserté mon blog, bien que je n'aie cessé d'y songer. Ça, je vous le promets. Pas une semaine, sans que j'aie pensé que je devrais écrire ici plutôt que de "faire le con".


Rassurez vous, je ne suis pas devenu délinquant ni criminel et ce n'est pas une incarcération qui m'a empêché de venir ici écrire. Non, c'est beaucoup plus simple et cela ressemble un peu à une incarcération, maintenant que j'y réfléchis, parce que toute addiction est un enfermement.

Addiction ? Non, je n'ai pas pris de drogue. Je n'en ai jamais pris. Non que je sois plus sérieux qu'un autre, quoique, mais parce que j'aurais eu bien trop peur. Déjà que si un médecin me prescrit quelque chose de plus fort que du paracétamol, je lis et relis la notice, par peur d'être empoisonné, ce n'est pas demain que je vais m'enfiler des substances prohibées et fabriquées je ne sais où !

J'ai été sur Tweeter, voilà l'explication et je me suis laissé prendre au jeu. D'abord, je n'ai pas eu de compte. J'allais voir les tweets des autres, m'informer. Et puis bien vite, parce que certains m'énervaient, j'ai voulu leur répondre alors j'ai ouvert un compte.

J'ai d'abord été bien seul et je me suis vite rendu compte de l'inanité de la situation. En gros Tweeter, si l'un dit rouge et que vous préférez le vert, vous répondez "vert". Si votre réponse ne lui plait pas, il rétorquera que non, c'est "rouge". Bien sur; testostérone aidant, vous n'admettrez pas que ce crétin préfère le rouge au vert car chacun sait que le vert est supérieur au rouge. Alors vous répondrez "vert" de nouveau etc. 

Bref, ça ne rime à rien mais comme les mâles sont un peu cons et enclins à la protection d'un territoire, on reste sur tweeter, persuadés que notre prose intéressera quelqu'un, ce qui est faux, à moins d'avoir vraiment quelque chose à dire, ce qui n'est pas mon cas.

D'une part, je suis bien trop prolixe, vous l'aurez constaté, pour me contenter de 280 caractères, d'autre part, je n'aime pas l'aspect fugace du tweet dont l’intérêt et la survie ne dépasse pas un ou deux jours alors qu'un article de blog dure des années. Si j'étais un personnage public, je n'utiliserais pas non plus tweeter sauf si j'avais décidé de balancer des trucs énormes comme le fait Trump. Mais bon, un président qui tweete c'est sympa aux USA mais je trouverais cela inconvenant en France.

J'en serais resté si un jeune gars âgé de 27 ans et diplômé de HEC, rien que ça, ne m'avait écrit en privé sur tweeter, pour me dire qu'il m'avait reconnu et que j'étais le psy du blog Psychothérapeute. Je ne sais pas comment il a fait, vu que je n'écrivais rien de passionnant, mais n'empêche qu'il m'avait reconnu. Et comme il maitrisait l'outil mieux que moi et se revendiquait "anarchiste de droite", tout comme moi, il m'a présenté des tas de gens, des vilains garçons comme je les aime, c'est à dire brillants mais passablement glandeurs.

Et là, ça a changé la donne. Je n'ai plus été seul dans la nuit mais au sein d'une chouette bande de gars et même que nos propos odieusement machistes ont fait venir des filles, qui nous détestent autant qu'elles nous apprécient. J'avais l'impression de revenir au début des années 80, lorsque je hantais le Café de la Mairie à Antony, à côté de Sainte-Marie où j'allais en cours. J'avais enfin un endroit où il suffisait de pousser la porte pour retrouver des gens avec qui papoter en buvant un café.

 Ceux qui me connaissent bien, savent que mon sport préféré reste le "cafing" qui consiste à papoter de tout et rien en se vannant avec des gens sympas et intelligents et passablement glandeurs, en buvant du café, le cul assis sur une chaise en terrasse, puisque l'immonde Sarkozy a interdit les fumeurs à l'intérieur. Et bien sur tweeter, c'est devenu cafing virtuel mais cafing illimité ! Quelle que soit l'heure, si j'avais un moment de libre, je me connectais et je retrouvais forcément un de mes camarades venus glander en ces lieux. 

Comme je suis le capricorne le plus social du monde, alors j'étais à la fête. J'ai fini par connaitre des tas de gens, moi qui en connaissais déjà des tonnes, et on s'est même rencontrés. On a organisé des trucs à échéances un peu fixes dans un rade quasi-désert de Paris ou l'on a la terrasse couverte rien que pour nous. en plus, la mémé qui tient l'endroit nous aime bien parce que l'on consomme et que l'on règle en liquide. Sacrés petits commerçants âpres au gain !

Bref, à cause de tweeter, j'ai renoué avec mes seize ans, à l'époque où l'on me voyait plus au Café de la Mairie, hélas disparu pour laisser la place à un laid Mc-Donald's, qu'en train d'ouvrir mes cours. Ce qui ne m'a pas empêché d'obtenir mon baccalauréat du premier coup à une époque où on ne le filait pas à tout le monde, croyez moi. Même que j'étais content parce que d'atroces bourrins laborieux qui me méprisaient étaient persuadés que je ne l'aurais pas alors que c'est eux qui ne l'ont pas eu !

A cette époque je leur avait rappelé la fable de La Fontaine en changeant un peu la psychologie des personnages. J'étais devenu le lièvre qui court juste à temps pour gagner, tandis qu'ils n'étaient que des tortues trop lentes pour parvenir à la ligne d'arrivée. Je m'étais moqué d'eux cruellement et c'était bien fait. Ils n'avaient qu'à ne pas me regarder avec des sourires narquois quand les profs me rendaient des copies avec des notes catastrophiques. 

Ce qui m'a toujours sauvé, c'est la culpabilité et mon sens moral. Sinon, ça fait bien longtemps que plutôt qu'aider les gens, j'aurais monté une secte ou que j'aurais grimpé les grades de la maçonnerie, vu qu'on m'a proposé trois ou quatre fois d'en faire partie. Ce que j'ai toujours refusé vu que je ne veux pas être excommunié, ni finir pour l'éternité dans un lac de feu !

Bref, l'année du bac, j'ai quand même bachoté trois semaines comme un fou pour l'avoir et je l'ai eu. Et pareillement, même si je glandais allègrement sur tweeter, je n'ai pas oublié mon blog et m'y voilà de nouveau ! Je suis le bon larron. Parfois je me dis que j'aurais pu faire de grandes choses si Dieu m'avait donné une capacité de travail et de concentration un peu supérieure à celle d'un nourrisson. 

Mais c'est ainsi, je vis avec ce que je suis. Et je me dis que vu l'ampleur du travail que j'aurais fourni, je ne m'en serais pas trop mal tiré pour avoir un niveau de vie plus qu'acceptable. De plus, voici bien des années que je me dis aussi que pour être riche, il faut bosser comme un fou et accepter de fréquenter des tas de gens très cons. J'étais incapable de le faire. J'endure donc mon Mars en Balance, mon Mars en exil, comme on dit dans les manuels d'astrologie stoïquement.


Après tout, je crois que ma vraie richesse, celle que je chéris le plus au monde, c'est le temps libre et Dieu sait si j'en ai, même si je n'en fais pas forcément quelque chose de fabuleux. Il reste qu'être assis en terrasse avec un café, mes JPS en compagnie d'un bon livre ou de convives intelligents, restera un luxe dont j,aurais joui plus qu'à satiété.

Ceci dit, je suis content de vous revoir. Je ne suis pas mort !

Joyeux Noël !

Bien sur que non, je ne vous ai pas oubliés, pas plus que mon blog, même si je n'y ai rien écrit. C'est donc l'occasion de vous souhaiter à toutes et tous, un joyeux Noël avec une belle illustration de crèche juste pour faire chier les franc-maçons ! Oups, je crois n'avoir jamais fait de politique ici, ou alors à de très rares execptions. Veuillez donc oublier l'allusion à nos frères :. !

Joyeux Noël !