30 avril, 2009

Euh !


En fait, je vous dis que je reviens le 11 mai et c'est vrai. Toutefois, je pourrais bloguer de là-bas parce que j'emmène un ordinateur portable ! Et même que c'est un Mac Air !

Putain, c'est la tuerie ce truc ! C'est tout fin, tout petit, tout léger ! Comment je vais me la péter dans ma chambre d'hôtel à écrire sur mon Mac Air !

A bientôt !

Touristes dans les rues de New-York !
N'ayez pas peur, tout est sous contrôle !


Bon, j'ai appris tout à l'heure dans la soirée que l'OMS avait relevé de 4 à 5 le niveau d'alerte. Et il parait que quand on est à 5, c'est que le niveau 6, celui de la pandémie, sera forcément atteint. Qu'à cela ne tienne, je pars quand même. Mais vous vous en doutiez ! Vous saviez que je ne serai pas homme à renoncer.

Quant on est capable de parcourir 450kms pour aller dans la Moselle, dans une camionnette pourrie conduite par un catcheur qui vous hurle "Adieu jolie Candy" dans les oreilles, ce n'est pas la grippe porcine qui fait vous fait reculer.

Et puis, il faut dire que le Gringeot m'a beaucoup aidé à relativiser. Quand je lui ai demandé s'il avait peur de l'épidémie, il m'a répondu qu'il n'y avait pas pensé. Mais que ce qui le préoccupait, c'était surtout de savoir si les new-yorkaises aimaient autant la bite que les touloises !

Les touloises, il n'arrête plus d'en parler le Gringeot ! Tant et si bien qu'il ne cesse de nous demander si par hasard on n'aurait pas un meuble à aller chercher un Meurthe-et-Moselle ! Avec le Gringeot, la Lorraine s'est trouvé un ambassadeur de choix ! Comme il dit maintenant doctement : La lorraine, c'est pas que les mines fermées et la sidérurgie sinistrée ! C'est aussi les touloises !

C'est toujours agréable de connaître des gars simples comme le Gringeot, on n'a pas à se prendre la tête, parce qu'il vous recentre vite sur les vrais problèmes : bouffe, alcool et cul !

Enfin bref, je suis de retour le lundi 11 mai ! A bientôt et portez vous bien !

29 avril, 2009

Peur angoisse, sueur froide !

Edmund Kemper, tueur en série

Je viens de regarder Stéphane Bourgoin dans une émission traitant des "tueurs en série". Cet usurpateur et médiocre écrivain reste persuadé qu'il suffit d'avoir eu sa compagne assassinée par l'un d'eux et d'en rencontrer des dizaines pour les connaître. Alors on le voit interroger maladroitement ces assassins, leur posant des questions dérangeantes et maladroites. Le résultat escompté arrive toujours. Face à ce pitre, soit les tueurs se mettent à faire leur numéro de méchant monstre, car ils le sentent bon public, soit ils se taisent, comprenant que leur auditeur ne comprend rien.

Et puis Stéphane Bourgoin est un émotif. Face aux tueurs, il ne cache pas le dégoût que leurs crimes lui inspirent. Face aux proches des victimes, il ne retient jamais une larmichette discrète montrant qu'il partage leur douleur.

Bref, c'était une émission bâclée et sans intérêt. Je n'ai jamais été en présence de tueurs en série. Mais j'ai toujours supposé que je n'aurai peur d'aucun "dingue" quel qu'il soit, pourvu que je le rencontre dans la prison où il est incarcéré.

Plus tard, je lis les nouvelles sur Yahoo actualité. On cite en référence un article du Monde sur la grippe porcine. On nous y explique que l'OMS serait passée d'un niveau 3 à 4 sur son échelle qui en compte 6 ! Et qu'elle pourrait passer à un niveau 5 si l'épidémie progresse, ce qui annoncerait une pandémie et le niveau 6 fatal. On nous explique même que la grippe porcine est prise bien plus au sérieux que la grippe aviaire.

Quand je me souviens du cirque qu'ils nous ont fait à propos de cette dernière, j'attends simplement la prochaine grippe dont on nous dira qu'elle est évidemment bien pire que la grippe porcine. Chaque catastrophe étant bien pire que la précédente, on en vient à se dire que soit on se fout de notre gueule ou alors qu'il n'y a plus rien à faire parce que, comme dans un film catastrophe, on va tous mourir. L'hystérisation de la société est devenue telle qu'on ne sait plus si les épidémiologistes disent la vérité ou noircissent le tableau pour complaire aux individus avides de sensationnalisme et de principe de précaution.

Alors bien que n'étant pas bravache par nature, c'est le cœur léger que je décollerai vers les États-Unis jeudi matin. La grippe porcine ? Même pas peur !

Et puis ce soir, au dernier moment comme à mon habitude, j'ai rempli mes déclarations d'impôt. Et là, quel bordel ! Que de cases à remplir, que d'énervement en perspective ! La 2042 ne pose pas de problème mais la 2033-K est un vrai bordel ! Je suis partagé entre l'envie de tout envoyer péter, prenant le risque de subir les foudres de l'administration fiscale, et le désir de m'appliquer quitte à me tromper lourdement en fournissant des renseignements erronés qu'en plus je n'aurai pas mis dans la bonne petite case.

Et là croyez moi, ce n'est pas comme face à un tueur en série ou la grippe porcine ! Face à l'administration française, j'ai vraiment très très peur !

27 avril, 2009

La terrible colère de Gaïa !


Nous décollons pour les Etats-Unis jeudi matin ! Allez un petit tour à Chicago puis à New-York. Nous emmenons le Gringeot et Laurence. Hélas, nous n'avons pas de chance !

Depuis hier on nous parle d'une terrible épidémie de grippe porcine. Bon, moi je me dis qu'ayant déjà survécu à la meurtrière encéphalite spongiforme de Creutzfledt-Jakob, au fléau du SRAS et à la terrible grippe aviaire, je devrais pouvoir survivre à celle-ci aussi ! Si j'avais du avoir autant peur que les journalistes le désiraient, à défaut d'avoir chopé ces merdes, j'aurais fait soit une crise cardiaque, soit je n'oserais plus sortir de chez moi ou alors revêtu d'un scaphandre !

Je prends conscience que je vis dans un monde vachement hostile et que finalement je suis bien peu de chose par rapport à la nature ! C'est au cours de ces drames terribles qu'on se rend compte que nous sommes si petits ! Et dans ces cas là, moi je ne mégote pas, je sos immédiatement des phrases lourdes de sens que je profère en prenant des pauses pas outrées pour un sou !

Confronté à la toute puissance de la planète, me frappant la poitrine des deux poings, je hurle alors : "qui suis-je moi, parce que je suis doué d'intelligence, que je peux créer des machines qui volent, pour m'opposer ainsi à Gaïa et penser que je suis plus fort qu'elle !". Mon long cri désespéré résonne alors dans la nuit et me laisse tout pantelant, jeté à terre par la cruelle que je ne suis rien !

Ben oui, je suis comme cela moi ! Pas du genre à m'opposer à la furie des éléments ou à la volonté implacable de Gaïa dont je ne suis que l'hôte polluant. Dépassé, jeté au bas de mon trône par la nature déchainée qui reprend ses droits, je sais me taire et admettre que je ne suis rien du tout ! Que la volonté de Gaïa s'accomplisse. Si je dois mourir d'une fièvre porcine là-bas au nouveau monde, j'accepterai mon destin parce que je sais que Gaïa l'a décidé pour moi eans Son infinie sagesse.

C'est cela être un éco-citoyen, c'est enfin admettre que nous ne sommes que des locataires indésirables, des nuisibles, à la merci de Gaïa. Et parfois tel un énorme et placide mammifère, Gaïa décide de se débarrasser des parasites en trop et elle s'ébroue. Ce sont alors les maladies et les catastrophes naturelles qui s'abattent sur le genre humain comme la queue d'une vache chasserait les taons qui pullulent !

Dire qu'il y a encore des fous pour croire au progrès, de grands malades qui nous parlent de rétroviraux et autres produits destinés avant tout à enrichir les grands laboratoires capitalistes ! En vérité, je vous le dis, il faut se soumettre à Gaïa et nous faire pardonner tout le mal qu'on lui a fait ! Cessons d'adorer de faux dieux et d'un seul élan, jetons-nous face contre terre pour honorer Gaïa !

Peut-être alors échapperons nous à son courroux ! Mais c'est pas sur parce que si on évite cette épidémie, il y en aura forcément une autre dans deux ans.

Années 80 !

Symbole des années 80 !

J'ai reçu voici peu de temps un jeune patient charmant. Venu consulter pour un trouble anxieux généralisé, son discours m'a profondément amusé. Non que je me gausse de ses souffrances mais l'origine de celles-ci m'a fait beaucoup rire.

Voici un "produit" que l'on rencontre rarement, le jeune type intelligent qui ne va pas bien parce qu'il est persuadé d'être seul au monde avec ses idées. Il faut dire qu'avoir lu Muray (et en avoir saisi l'essence) à 24 ans est rare. Et puis rajoutons à sa liste de symptômes impressionnante qu'il est catholique pas très progressiste.

En d'autres temps, je n'aurais pas dit la même chose. Ainsi, on oublie que la moyenne d'un commandant de U-Boot était de 24 ans justement. On oublie aussi que Jeanne d'Arc a réalisé son épopée entre 17 et 21 ans, âge auquel elle fut assassinée par les anglais. Mais à notre époque, 24 ans c'est très jeune !

Le pauvre petit pépère ne sachant pas à qui il avait à faire, ne savait pas au début comment exprimer son mal-être. Il est certain que dans un monde ultra politiquement correct, on n'ose pas trop parler de peur d'être face à un commissaire politique. Alors on se tait, on n'a pas envie de finir dans un camp de rééducation par la pensée ou pire peut-être, d'avoir simplement face à soi, un regard inquisiteur et méchant qui vous démontre que vous êtes démasqué et que tout ce que vous pourrez dire par la suite ne viendra que s'ajouter à la somme des vilaines choses que vous avez déjà exprimées.

Bref le jeune angoissait à l'idée d'être le dernier homme dans un monde de clone. Ce qu'il m'a dit était passionnant. Je crois être resté "jeune" d'esprit mais force est de constater que je n'ai pas 24 ans et ne peut donc qu'imparfaitement appréhender la réalité d'un jeune dans le monde actuel.

Ce qui passionne aujourd'hui les gens ne nous passionnait pas. Et avouons que ce que l'on nomme aujourd'hui un "réactionnaire" n'était en fait qu'un bien banal militant RPR à mon époque. Avec quelques efforts et un peu d'empathie, je comprends donc les sources de l'anxiété de mon jeune patient. Ne pas tenir pour acquis ce que l'on vous propose est considéré comme une forme d'intelligence mais c'est aussi une souffrance.

Nous avons eu un bon contact assez rapidement. Connaissant mon âge, j'ai trouvé amusant quand il me vanta les années 80, celles de ma jeunesse. Les ayant vécues, je ne leur ai rien trouvé d'extraordinaire. Bien au contraire, on se sentait un peu gênés aux entournures et on lorgnait toujours du côté des États-Unis. Certes il y avait Michael Jackson, etc., et des tas de trucs bien comme la 205 GTI, mais nous aussi on trouvait que c'était mieux avant. Sans doute la faute aux séries télévisées qui passaient comme "Les jours heureux".

D'ailleurs, les sixties avaient fait un come-back remarqué à cette époque. Mais qui se souvient encore des Forbans et de Jesse Garon. Pourtant "C'est lundi envie de pipi" restent des paroles mémorables. Ceci dit même le pauvre Jesse Garon, s'est fait rattraper par l'empire du Bien puisqu'il s'est établi comme naturopathe au fin fond de la Seine-et-Marne. Il a repris son vrai nom, Bruno Fumard, qui fait nettement moins Rock'n'Roll que Jesse Garon ! Je comprends que l'âge et l'expérience venus, on abandonne les excès mais pas le Rock'n'Roll ! Voilà pourquoi même quand il chantait j'ai toujours trouvé ce type médiocre.La banane ne suffit pas à fair le rocker !

Enfin, mon patient et moi, avons parlé des années quatre-vingt, et je trouvais cela rigolo de repenser aux films, aux chansons et aux voitures qui avaient bercé ma jeunesse même si cela me faisait prendre un coup de vieux. Pour moi qui les ai vécues, je n'avais rien trouvé de fabuleux dans ces mornes années quatre-vingt. Le fait de me souvenir de "Ghost buster" de "Retour vers le futur" ou de "Indiana Jones", n'ai rien changé !

En plus, c'était la fin des "cyclos" à boîte de vitesses simplement parce qu'un de nos élus idiots, sans doute à la botte d'un de nos constructeurs nationaux tout juste capables de fabriquer des mobylettes à variateurs, avait décidé d'empêcher les japs' d'inonder le marché avec leurs petits jouets. Alors adieu les DT, TY et autres ER et bienvenue aux 50cm3 fadasses à variateur ou pire, boîtes automatiques.

D'ailleurs de ce fait, il y eut une véritable spéculation sur les anciennes. N'importe quel modèle équipé d'une boite mécanique, une vraie moto sur laquelle on passait ses vitesses, était devenu le truc qu'il fallait avoir ! Vous voyez, la crise actuelle ne me fait ni chaud ni froid, car j'avais déjà vécu les ravages de la spéculation dans mon jeune âge. Bref pour moi, les années quatre-vingt, c'était tout de même des années couilles molles et je trouvais que cela devait être vachement mieux avant ou ailleurs ! On avait beau être super élégants avec nos Sebago , nos pulls jacquard et nos chaussettes Burlington, on trouvait quand même que côté musique et bécanes, c'était plus sympa chez les chevelus nés quinze ans avant nous.

Bon, c'est certain qu'à côté de la période actuelle, produit complexe du politiquement correct et du principe de précaution, j'ai l'impression d'être comme Rahan, une sorte de fils des âges farouches ! Je me demande même comment j'ai pu survivre !

Enfin, cela me fait tout drôle de voir qu'un jeune patient idolâtre et surestime ainsi les années quatre-vingt. Faut il être rendu loin dans le désespoir pour penser aux années Tapie et Séguéla comme au Graal.

Mais c'est certain que quand on a le ventre vide, même un quignon de pain sec peut ravir les papilles.

La Fnac !


Dimanche, jour du Seigneur, mon épouse et moi sommes partis acheter des livres à la FNAC. Nous partons en vacances jeudi prochain et nous n'avions plus rien à lire.

Comme d'habitude, je prends une moitié de livres sérieux et une autre de trucs plus simples et agréables à lire. Parmi les trucs sérieux, j'ai pris deux titres dont on ne cesse de me vanter les mérites depuis des années mais que je n'ai jamais lus. Il y a "L'homme sans qualité" de Musil et "La conjuration des imbéciles" de Toole.

Je ne sais pas ce qu'ils valent et je me méfie souvent des jugements laudateurs généralisés. Mais, orgueilleux comme je suis, il m'apparait inadmissible de n'avoir pas encore lu ces ouvrages. Au pire, si je les trouve merdiques, je pourrai le clamer en m'appuyant sur mon expérience. Donc, à tous les coups je suis gagnant.

Si je les trouve bien, j'aurais passé un bon moment. En revanche, si mon esprit qui juge en premier et dernier ressort, estime qu'ils sont nuls, je pourrais faire le beau en expliquant pourquoi je les ai trouvés pénibles. Ça me vaudra de belles passes d'arme. Et puis, c'est toujours sympa de ne pas aimer ce que tout le monde aime. Ça fait un peu poseur et légèrement pétasse hystérique mais c'est appréciable dans ce monde uniforme.

Dans la catégorie "livres faciles", mon choix s'est porté sur des polars. Mon épouse et moi farfouillions dans les rayons. J'en prenais un, lisais la quatrième de couverture avant de le garder ou de le reposer. Il faut dire que dans les critères venait aussi le fait qu'ils devaient être épais et en format poche pour gagner du poids dans la valise.

Immergé dans mon monde, je me suis cru tout seul avec mon épouse, ne voyant plus les quelques clients qui m'entouraient. C'est ainsi que lorsque mon épouse me montrait un livre, je le prenais en main n'hésitant pas à juger à l'emporte-pièce, faisant feu de la somme de tous mes préjugés habituels.

J'ai ainsi rejeté certains au motif qu'ils étaient écrits par des femmes. Car chacun sait qu'à de très rares exception près (femmes couillues ayant dépassé l'écriture psychocul), les femmes écrivent non pas moins bien que les hommes, mais peinent à s'élever pour dégager une problématique. C'est ainsi qu'alors que mon épouse me tendait un livre, j'ai dit "Ah non pas ça, c'est écrit par une femme", sans même prendre le temps de lire le résumé.

Puis, ça a été le tour des auteurs français que j'ai rejeté massivement même s'il en existe de bons. Toutefois, mon expérience me prouve que l'incroyable politiquement correct qui nous plaque au sol, fait la part belle dans le monde de l'édition à des auteurs très corporates dont les idées seront celles de notre temps. Alors j'en ai aussi rejeté certains d'un : "non c'est un français, ce doit être gauchiste". Moi, lire des trucs avec des méchants très méchants et des gentils très gentils m'ennuie depuis que je sais qu'outre le noir et le blanc, toutes les variances de gris existent.

Tant et si bien que plongé dans mon travail de critique littéraire qui estimerait la qualité d'un livre à la seule nationalité et au sexe de l'écrivain, je n'avais pas vu qu'une femme se tenait à côté de moi. C'était une des celles qu'affectionne particulièrement mon confrère et frère astrologique le Grand Charles, une femme quinquagénaire à cheveux rouges et lunettes moches persuadée que Fred Vargas est un bon écrivain qui a des idées originales.

Habituellement ce genre de pétroleuse n'hésite pas à hurler et à clamer son indignation. Ainsi quand j'ai croisé mon regard, j'étais prêt à me faire insulter pour les propos que j'avais tenus. Mais rien n'est venu et elle est restée coite.

Sans doute a-t-elle jugé qu'un type qui ne lit ni les femmes, ni les auteurs français, ne pouvait être qu'un sacré gros con irrécupérable ! C'est peut-être vrai. Mais je m'en fous. Puisque la FNAC, cette enseigne particulièrement politiquement correcte, se dit maintenant "agitateur de curiosité", je ne suis pas fâché d'avoir été pour cette femme la "curiosité" de l'après-midi.

Je suis persuadé qu'elle était sûre que la propagandastaffel avait fait disparaitre les gens comme moi. Ben non !

Mais peut-être qu'un jour, je vous parlerai d'un auteur français et de sexe féminin écrivant de bons polars. Etre un gros con ne me gène pas mais je ne voudrais pas être que cela tout de même !

Joli compliment !


Voici quelques temps déjà, j'ai accueilli une nouvelle patiente assez rigolote. L'œil aussi noir que le cheveux ou ses vêtements, elle énonce des vérités que n'aurait pas renié Léautaud. Là où la plupart de mes confrères auraient vu la dépression menaçante, je ne vois que des traits de caractère assez rares mais pas pathologiques pour autant.

On peut admettre que l'on vit dans un monde de cons dont on ne partage pas les valeurs sans pour autant être un cas pathologique. Parfois rester sombre et ne pas se réjouir est une preuve de lucidité. En revanche, applaudir sans cesse et vivre à l'unisson des néo-valeurs actuelles peut être le fait d'esprits faibles voire de crétins.

Ma pauvre petite patiente a écumé les cabinets de psys lesquels ont toujours voulu lui coller un beau diagnostic. Et en psychiatrie c'est assez facile puisque dès lors que vous vous éloignez d'une médiane, on peut vous caser dans autant de boîtes qu'il y aura de types de caractères. Le travail de mes confrères a consisté en une sorte de rééducation en vue d'amener ma patiente à entrer dans une moyenne.

J'ai décidé de la juger normale, sans doute parce que dans le fond, on se ressemble beaucoup. Je n'ai pas tenu compte de ses excès parce qu'ils me semblaient simplement être le fait des dix spet années qui nous séparent. Il me semblait qu'à son âge, et compte tenu du monde dans lequel on vit, moi aussi j'aurais été aussi sombre et désespéré qu'elle.

En revanche, je me suis appuyé sur le sens de l'humour que j'avais détecté chez elle. En effet pourvu que l'on gratte un peu et qu'on ne se laisse par berner par sa noirceur apparente, la donzelle est nantie d'un solide sens de l'humour et d'une vraie sensibilité qui dénote par rapport à la sensiblerie ambiante.

Ca a plutôt bien marché. Le travail consistant donc à s'accepter en tendant à améliorer ses contacts avec le monde plutôt qu'à se changer à tout prix pour s'intégrer parfaitement. J'ai toujours persisté à lui dire qu'elle n'avait "rien" et qu'elle était "normale", simplement un peu plus lucide que la moyenne des gens ce qui pouvait générer une souffrance. On peut supposer que Churchill qui était un peu plus lucide que son prédécesseur Chamberlain a pu connaître le même type de souffrance !

Voir ce que les autres n'appréhendent même pas est un don magnifique qui occasionne aussi bien des souffrances. Il faut alors se tenir un peu loin du monde tout en y vivant et c'est une équation complexe à mettre en place. Pour cela il faut instiller une bonne dose d'humour et savoir aussi rechercher la compagnie de ses pairs afin de ne plus penser qu'on est seul au monde à penser comme cela.

Bref, je crois que la thérapie a bien fonctionné. Nous approchons du terme du travail qu'elle et moi pouvions faire ensemble. Et lors de la dernière séance elle m'a dit quelque chose de profondément gentil : "Je vous remercie parce que vous n'avez jamais cherché à me changer et que vous m'avez acceptée telle qu'elle". J'ai été très touché.

Tiens comme je la connais maintenant très bien, je lui dirai la prochaine fois que j'ai toujours su reconnaitre un natif du signe du capricorne. Et que même si tout cela n'a rien de bien scientifique, il m'apparaitrait stupide d'oser seulement changer un capricorne, un signe qui se distingue par une inertie considérable.

Et croyez moi, c'est un type qui déjeune tous les jours dans le même restaurant, à la même table en mangeant la même chose qui vous le dit !

24 avril, 2009

Un autre monde !


Depuis quelques temps, je suis surpris par les publicités pour les voitures. Ce n'est plus le monde qui m'a vu naitre que je vois, mais l'avènement d'un autre. Chacun des constructeurs vante des mérites dont on se moquait bien à mon époque.

Aujourd'hui, on est rentré dans un monde tout doux, tout mignon, pétri de valeurs féminines et la voiture ne sert plus qu'à une chose : véhiculer des personnes et leurs bagages d'un point A à un point B sans consommer ni polluer trop.

Vous me direz, que c'est pour cela qu'on été créées les voitures ? Certes, une voiture basiquement sert à cela quand on ne s'y passionne pas ou quand on est une femme. Et encore que j'aie connu et connaisse des femmes qui ne détestaient pas rouler vite.

J'ai ainsi gardé le souvenir quand j'étais adolescent, d'un trajet avec ma mère entre la porte Maillot et Suresnes. Il fallait emprunter les grandes avenues du Bois de Boulogne. Je vous parle bien sur d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître.

Ma mère conduisait une Alfa-Roméo GTV6 (3.0l et 188cv) qu'elle appréciait beaucoup. Soudain, à un feu rouge un quidam conduisant une Porsche 944 avait osé la défier en démarrant vite. Cela ne lui avait pas plu du tout à ma mère. Elle m'avait dit et je m'en souviens encore "non mais regarde moi ce crétin dans sa Porsche ! Tout ça parce qu'il pense que je suis une bonne femme qui ne sais pas conduire !". Je m'étais alors préparé au pire en me tenant à la poignée passager au dessus de la portière et en fermant les yeux.

Et effectivement, bien mal en avait pris à cet inconnu puisque ma mère avait accéléré et l'avait largué sans aucun problème. Cela n'avait pas été une lutte entre Porsche et Alfa-Roméo mais entre deux caractères : celui d'un déburné qui n'avait pas osé et celui de ma mère qui osait souvent trop ! A plus de 160km/h dans ce charmant bois de Boulogne, elle avait enrhumé ce pauvre type qui ne comprenait pas que la possession d'une Porsche ne remplacerait jamais une vraie paire des couilles !

Bien des années après, je prends bien sûr conscience que ma mère n'était pas éco-citoyenne et que c'était mal. Mais bon, elle faisait partie de ces femmes qui n'ont jamais eu peur de lutter sur le terrain des hommes et n'attendent pas de les castrer pour entrer en compétition avec eux. D'ailleurs ma mère, bien que toujours élégante, ne goûtait pas la compagnie des femmes qu'elle jugeait mollassonnes et chouineuses. D'ailleurs j'ai toujours aimé les femmes qui conduisaient vite et bien. Rien de pire qu'une femme qui joue sa "fillasse" en n'osant pas rétrograder et accélérer.

Ce monde a disparu et c'est faux de croire qu'il n'aurait emporté avec lui que les valeurs viriles et donc les seuls hommes. Il a emporté avec lui les valeurs de l'excellence et de la compétition libre et ouverte qui n'ont jamais été l'apanage des seuls hommes. J'ai connu et connais encore des tas de femmes qui pourraient nous en remontrer sur ce terrain.

Alors je regardais ces publicités et j'étais consterné. Non, que la sécurité et l'environnement soient des valeurs que j'ignore ou abhorre ! Non, mais simplement que dans l'équation qui mène au progrès, la compétition soit désormais absente. Vouloir plus ou mieux est devenu mal.

C'est pourtant un leit-motiv puissant que la compétition et on aurait tort de n'y voir que la volonté d'écraser l'autre ou de la cantonner à la sphère économique. Il s'agit généralement de se surpasser et c'est la condition sine qua non du progrès. Même le pire des guitaristes, chevelu et drogué et votant à gauche, peut devenir un autre homme lorsqu'il a sa guitare en main ! Parce qu'il se doit alors de mieux jouer que le voisin, de passer un truc comme l'aurait fait Clapton voire mieux encore et de posséder une Epiphone qu'il jugera bien plus performante que la Fender du copain.

De mes années de jeunesse durant laquelle la 205 GTI faisait rêver à ce monde actuel dans lequel Fiat vend des voitures éco-citoyennes, c'est une autre ère qui est apparue.

C'est un mode apparamment doux, mignon et acceuillant, mais que je trouve bigot, castrateur et consternant.

22 avril, 2009

Ethnologie et road movie !



GCM est un malin qui sait faire de bonnes affaires. Alors, il a acheté un salon pour le prix modique de 40 € sur Ebay. Sauf que lesdits meubles étaient en vente au fin fond de la Moselle, près de l'Alsace et de la frontière allemande. Très exactement à Arzviller, un joli patelin situé dans le trou du cul du monde.

Cette grosse pince ayant considéré que la location d'une camionnette nuirait au coût de revient de l'excellente affaire qu'il avait faite, il nous a mis à contribution. Et comme nous sommes des petits gars bien, Le Gringeot et moi, l'avons accompagné. Le Gringeot a prêté sa camionnette et moi, j'ai suivi parce que je suis friand de road-movie et que je pensais qu'on pourrait bien rigoler en se baladant dans la France profonde.

Nous sommes partis le samedi matin à neuf heures, avec une heure de retard parce que GCM ne s'était pas réveillé. Nous pensions revenir sur le coup de dix-neuf heures mais, nous ne sommes rentrés qu'à cinq heures du matin.

Comme nous avions donné rendez-vous à Laurence à treize heures à l'entrée de Foug, il a fallu rouler vite, ce qui veut dire cent dix kilomètres à l'heure avec l'épave du Gringeot. On a juste fait une pause à Vitry-le-François dans la Marne, une ville pas terrible mais pas trop moche tout de même vu qu'ayant été bombardée durant la seconde guerre mondiale, ils ont fait ce qu'ils ont pu pour lui conserver une apparence honorable.

Ensuite on s'est magné sur la N4 ! Après Saint-Dizier, on quitte la Champagne pour entrer en Lorraine et la N4 est toute pourrie, bordée d'éoliennes laides et bourrée de nids de poule sur lesquels notre camionnette pourrie sans amortisseurs rebondissait dangereusement. Mais bon, nous étions à l'heure dite à Foug, même que c'est Laurence qui était en retard. Il faut dire que GCM et moi, avions l'œil rivé sur le GPS et que nous engueulions le Gringeot dès qu'il faisait mine de ralentir. L'heure c'est l'heure ! Les lorrains, c'est pas des sudistes, c'est précis, faut pas déconner avec eux !

Ce qui est marrant c'est comme l'autoradio ne marchait pas dans le camion, le Gringeot nous a chanté plein de trucs de sa grosse voix grave. Le plus rigolo reste tout de même son répertoire parce que c'est marrant de voir cette brute chanter "Adieu jolie Candy" ! Ensuite, il nous a fait du C Jérôme, du France Gall et même des tas d'autres trucs. GCM et moi, on était sûr qu'il avait des cassettes audio planquées dans la boîte à gant. Vous savez ces cassettes qu'on trouve en vente dans les stations service ! Mais on n'a pas osé fouiller !

Je suis monté dans la bagnole de Laurence et elle nous a fait faire le tour de Foug et de ses curiosités : la maison brûlée avec les arbres qui poussent dedans, les rues qui finissent en pleine forêt et les boutiques fermées le long de la rue commerçante qui porte le joli nom de rue François Mitterrand vu que Foug c'est une ville de rouges ! Moi, je leur aurais bien montré le maison du mec qui a mis un distributeur de boissons à la place du portillon de son jardin, mais on n'avait pas trop le temps vu qu'on devait aller bouffer à Toul.

Arrivés à Toul, il a fallu garer le camion qui est très grand. On a trouvé une super place et nous sommes sortis, pas rasés et habillés en dégueulasses vu qu'on était venus pour jouer les déménageurs et non pour jouer les joli-coeurs dans les restaus huppés de Toul. On s'est alors baladé comme une bande de gros dégueulasses dans le centre ville pour trouver un restau correct. Mais bon, on s'en foutait d'être sales comme des peignes vu qu'on est parisiens et qu'on sera toujours mieux que les péquenots locaux. Ça c'est le défaut des parisiens, on se prend pas pour de la merde. Et on a raison. Parce que le business, hein ? Il est où ?

D'ailleurs, les touloises semblaient nous trouver beaux gosses vu comment elles nous mataient. A moins que ce ne soit parce qu'on était crades. Ou alors peut-être que Toul c'est si petit et que tout le monde se connait, et qu'on avait déjà été repérés comme étant des étrangers ?

A un moment, on est passé devant un rade, L'espace gourmand, et à l'intérieur il y avait quelques tables de gonzesses. Et même que quand on est passé devant, elles avaient leur regard rivé sur nous. GCM tout excité à l'idée de trousser de la provinciale, voulait à tout prix aller y bouffer. Et le Gringeot, fin observateur, grand connaisseur des femmes et ethnologue patenté, en a vite déduit que les "touloises devaient aimer la bite". Ce qui n'est pas gentil du tout, notamment parce que Laurence qui était avec nous est justement née à Toul et que ces détails intimes ne nous regarde pas vraiment.

Mais le Gringeot qui a des goûts de luxe n'a rien voulu savoir et n'a pas voulu bouffer dans ce rade. Il nous a trainé dans un restau un plus chicos que les autres : Le bouchon lyonnais, dont je vous parlerai plus tard. Moi, je trouvais ça un peu con d'être en Lorraine pour aller bouffer dans un restau lyonnais, un peu comme aller manger une choucroute sur le vieux port à Marseille. Mais comme le Gringeot est très fort et qu'en plus il était propriétaire de la camionnette, on a trouvé son idée super, et on l'a suivi. Et puis, on s'en foutait vu que c'était GCM qui réglait la note. Le restau était plus joli et très cher et on trouvait ça sympa de bouffer comme des chancres et de boire comme des trous à ses frais.

Bien mal nous en a pris, parce que GCM et moi, nous avons pris une simple entrecôte qui n'avait rien de lyonnaise. On nous a amené une assiette immense avec un drôle de morceau de barbaque tout moche accompagné de patates à l'eau ornée d'un bouquet de persil. Moi, j'aime pas trop le persil alors je l'ai lourdé dans l'assiette du Gringeot qui était assis à côté de moi. Lui, il avait commandé des rognons et semblait satisfait et mangeait comme un goret, sa serviette accrochée autour du cou. Mais bon comme il vit comme un vieux célibataire, dès qu'on lui sert un plat mitonné, il est content parce que ça le change de ses boîtes de saucisses-lentilles de chez ED !

GCM et moi, qui aimons la viande, on tirait la gueule devant nos entrecôtes. Déjà, elles n'étaient pas saignantes mais nazes. Et puis, elle avait pas de goût cette entrecôte ! On aurait dit de la viande bouillie. A un moment j'ai songé à tout faire renvoyer en cuisine mais je ne l'ai pas fait parce que le Gringeot ne cessait pas de mater la patronne et que je me suis dit que j'allais lui casser son coup si il avait une ouverture.

Alors on a bouffé notre viande merdique. Ça devait être du bœuf ukrainien élevé du côté de Tchernobyl, une race spéciale à trois pattes et deux têtes dopée à l'isotope radioactif. Le genre de merde qui doit filer la leucémie ou un truc grave et fait péter les compteurs Geiger dès qu'on en a bouffé dix grammes. Putain que c'était mauvais ! Et les patates à l'eau ne rattrapaient rien. Je ne connais pas la recette mais si la taulière cherche un nom, qu'elle les appelle "pommes de terre stalag" parce que c'est ce qu'on devait servir dans là-bas !

En revanche, le "Côte de Toul" rouge était très gouleyant. Si dans le coin, ils étaient plus dynamiques, ils en vendraient ailleurs qu'en Lorraine. Ça a un goût de petit Bourgogne tout en étant aussi léger qu'un vin de Loire. Enfin, c'est ce que j'ai trouvé mais je ne suis pas œnologue, je bois ce qu'on me sert. On serait bien restés tranquilles à tiser comme des gorets mais il fallait reprendre la route. Alors, on est parti. Le Gringeot était triste parce qu'il ne savait toujours pas si la patronne était célibataire ou pas ! Lui, il se voyait déjà passer la nuit là au dessus du restau et pourquoi, pas s'établir en bourgeois à Toul comme propriétaire d'un restaurant lyonnais.


Le cou de cygne du Gringeot !

Comme on est assez traine-culs, on a décidé d'aller prendre un dessert au Café des Sports sur la place des Trois Évêchés, le centre névralgique de la mégalopole qu'est Toul. Putain, il a fallu attendre une plombe ! Comme je me demandais où était passé le petit personnel, Laurence m'a dit que la serveuse était derrière nous, tranquillement assise sur les genoux de son mec en train de fumer sa clope et de lui faire des mamours. Le Gringeot, en fin observateur, en a déduit que décidément la touloise devait aimer la bite pour préférer rouler des pelles en public plutôt que de bosser. Laurence n'a rien dit, alors on ne saura jamais vraiment !

On nous a proposé soit des pâtisseries industrielles soit un café gourmand. Vu qu'on est super délicats, on a opté pour le café gourmand, parce qu'on s'imaginait que ce serait bon et qu'on se lécherait ensuite les doigts comme de vieilles chattes. En fait, c'était pas terrible. Y'avait juste un morceau de gâteau au chocolat d'une densité extraordinaire, le genre de truc qui pèse sur l'estomac toute la journée et un petit bol de glace au yaourt un peu aigre. Moi, après mon entrecôte Tchernobyl et ses pommes de terre stalag, je n'ai rien dit parce que je trouvais que c'était dans la note. Mais le Gringeot qui avait bouffé ses rognons tirait la gueule.

Je ne sais pas si les mecs de Toul sont tous au turbin pendant que leurs femmes ou leurs copines sont au café, en tout cas la terrasse était bondée de gonzesses : certaines seules, d'autres avec des enfants. Comme on est des salauds de parisiens et qu'on aime se moquer des péquenots, on imaginait qu'elles étaient toutes fille-mères. Ça donnait un petit côté lumpen-prolétariat assez sympa un peu comme si on avait visité Liverpool ou Manchester ! En plus elles avaient des fringues bizarres à la mode touloise et des coupes de cheveux étranges ! Ça doit être les ravages de la tektonik. Je ne sais pas, je ne suis plus assez jeune pour connaitre toutes ces modes. En tout cas le Gringeot leur trouvait des airs salaces et n'en a pas démordu : il est resté persuadé que la touloise aimait la bite !

Comme on ne pouvait pas non plus passer notre journée à mater les gonzesses et qu'on devait aller chercher les meubles de GCM, on a levé le camp. On s'est barrés sous une pluie battante. On a traversé Nancy, puis des tas d'endroits dont je ne me souviens pas et nous sommes arrivés à Arzviller ! L'endroit était propret et les gens accueillants. On se serait cru dans la Clinique de la forêt noire, une super série médicale low cost qui passait quand j'étais jeune, tellement ça ressemblait à l'Allemagne. Sauf que les gens parlaient français mais avec un accent allemand !

On a été bien reçus mais ces rats ne nous ont même pas offert un café ! Bande d'enculés ! Laurence qui connait la Lorraine m'a dit que ça c'était typique des gens de Moselle qui étaient des ploucs attardés tandis qu'en Meurthe-et-Moselle, où elle vit, les gens sont courtois. Putain de rivalité entre Nancy et Metz ! Moi je veux bien la croire, ceci dit je connais peu la Lorraine. Je connais des trucs historiques parce que je suis cultivé et je sais qu'à certains endroits, les femmes aiment beaucoup la bite parce que mon ami ethnologue le Gringeot me l'a dit. Pour le reste, je ne peux pas me prononcer.

Mais bon, faut être de sacrés rats pour ne pas offrir un café à des gens qui ont fait quatre-cent-cinquante bornes pour acheter des meubles de merde. On s'en fout, GCM se vengera de ces sales vieux en leur mettant une évaluation pourrie sur Ebay ! Ca leur apprendra à ces deux pinces ! Et puis, pas un rat dans le bled, pas âme qui vive, tout était fermé ! Ca nous changeait de Toul et des femmes accortes ! A Arzviller, le Gringeot n'a pas pu dire si les femmes aimaient la bite vu qu'on n'en a pas vues ! Y'avait juste la mémère qui vendait ses meubles à GCM. Mais bon, elle n'entrait pas dans les critères du Gringeot qui aime les quadragénaires à gros seins plutôt que les octogénaires à l'accent guttural. Ça se discute pas !

Ensuite, Laurence qui est sympa nous a accueilli chez elle où nous avons bien baffré et bien bu. Quelques bouteilles de champagne et de Gris de Toul plus tard (consommées avec modération), comme on des gars polis et qu'on n'habite pas à côté tout de même, on a pris congé.

On a repris la N4 direction Paris. Il pleuvait à verse et on n'y voyait rien. C'était un peu inquiétant parce que la camionnette était vraiment pourrie, sans freins et sans amortisseurs, et qu'en plus elle prenait l'eau ce qui fait qu'on avait quelques problèmes électriques. Mais bon, on peut toujours rouler sans jauge d'essence ni compteur de vitesse. On s'en fout on avait un GPS. Et puis, y'avait aussi le Gringeot qui est myope et qui avait pas mal tisé mais qui tenait tout de même à conduire parce qu'il nous dit toujours que "un iveco turbodaily, c'est comme une femme, ça ne se prête pas".

Le Gringeot était tout content et il n'arrêtait pas de chanter à tue-tête des trucs idiots comme à l'aller. On en a encore eu droit à "Adieu jolie Candy", qu'il semble apprécier. Le Gringeot semblait super content, et même tout ravi, sa grosse trogne de tueur éclairée d'un bon sourire. Avec GCM on s'est dit qu'il allait sans doute retourner faire du tourisme sexuel à Toul vu que les touloises semblaient bien lui plaire à cause de leur goût prononcé pour un certain appendice. Après tout, c'est moins loin que la Thaïlande. Mais bon GCM et moi, on n'a rien dit parce qu'on se cramponnait au tableau de bord, pas trop rassurés d'être véhiculés de nuit sous une pluie battante par un myope alcoolisé ayant la tête pleine de rêveries érotiques !

On a fait une pause pour prendre de l'essence à la station Total à Moeurs dans la Marne. Comme y'avait un restaurant Croquade ouvert H24, on a bu un café et on remangé. Par contre, on n'a rien bu parce qu'il est interdit de vendre de l'alcool après vingt-deux heures. GCM et moi, on s'est dit qu'on aurait sûrement mieux bouffé ici qu'au Bouchon Lyonnais de Toul.

Et puis, après, ben on est arrivés à Paris sains et saufs, la tête pleine de souvenirs ! Putain dire qu'en une journée on se sera tapé l'Essonne, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, la Marne, la Haute Marne, la Meuse, la Meurthe-et-Moselle et la Moselle ! Et tout ça sans en faire un plat, pas comme ces voyageurs à la con qui se sentent obligés de nous faire des documentaires chiants dès qu'il pose un pied ailleurs !

Enfin, peut-être qu'après un tel périple, je vais me sentir l'âme d'un Kérouac !



La chanson préférée du Gringeot !

11 avril, 2009

Malraux et moi !


Durant quelques années, j'ai eu le même coiffeur qu'André Malraux. A trois ou quatre reprises, peut-être plus, je me suis ainsi retrouvé assis à côté de lui. Je me souviens encore de sa voix si particulière même si à cette époque, je ne savais pas qui c'était. Ma mère rentrait alors et disait à mon père : "tiens nous avons vu Malraux chez le coiffeur".

Par la suite, j'ai lu Malraux et j'ai trouvé cela correct sans plus, peut-être un peu verbeux tout de même. Moi qui suis aussi timide qu'une violette, je me défie toujours de ces épopées, de ces fresques grandiloquentes. Et puis, j'ai du mal à imaginer que ce petit mec ait pu vivre tout ce qu'il a écrit. Ça me semble bizarre tout de même ce passé héroïque pour finir par se faire coiffer le cul collé dans un fauteuil rouge à fanfreluches.

Il y a tellement de mythomanes chez les écrivains. Normal puisque pour écrire, il faut de l'imagination ! Alors de l'imagination à la mythomanie, il n'y a qu'un pas que certains osent franchir allègrement. Et puis, je trouve suspect le parcours de cet ancien coco qui finit ministre de la culture du Général. Mais bon, je ne suis pas là pour faire de la politique. Après tout Malraux a tracé la route à des hommes comme messieurs Hirsch et Kouchner.

La seule phrase que je connaisse de Malraux, parce qu'on me l'a serinée mille fois, c'est : "le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas". Il parait que cette phrase ne serait pas de Malraux, lequel l'a récusée plusieurs fois. Il semblerait qu'il ait dit "le grand problème du XXIe siècle sera celui des religions". Putain, que je n'aime pas ces phrases toutes faites, ces apophtegmes torchés à la va vite et qui ne veulent rien dire. Ça me semble aussi con que le célèbre "la femme est l'avenir de l'homme" d'Aragon.

Mais bon, c'est dommage qu'il ne l'ait pas prononcée cette fameuse phrase parce que l'époque nous montre qu'il aurait eu des dons de visionnaire le père Malraux. En disant cela, je ne pense évidemment pas aux religions traditionnelles. Je pense uniquement à cette néo-religion du politiquement correct qui transforme pas mal de mes concitoyens en inquisiteurs et autres fouille-merdes ! Cette lèpre mentale qui corrompt tellement les esprits que la paranoïa règne en maitresse au travers de son pire symptôme : la quérulence.

Ce soir, je suis passé dire bonsoir à mon père. Le téléviseur était allumé sur Canal + et j'ai assisté à la présentation du dernier film de Jean Dujardin au Grand Journal de Denisot, "Rio ne répond plus", une aimable pochade, une simple comédie, à prendre évidemment au second degré.

Les débiles de service, que l'on appelle chroniqueurs, ne savaient plus s'ils devaient rire ou alors afficher des mines graves. Ça leur faisait de drôles de têtes à ces crétins. Ils se dandinaient comme prise d'une envie de chier subite. J'ai compris que quelque chose les dérangeait. Ces microcéphales ne savaient pas s'ils pouvaient rire ou non. Leur pauvre cerveau adapté aux pensées dichotomiques (beau/pas beau, blanc/noir, gentil/méchant) moulinait sans relâche pour tenter d'adopter une pensée conforme aux dogmes. C'est que le film de Dujardin leur proposait de rire de choses graves telles que le nazisme ou le machisme !

Une blonde mafflue s'est alors lancée en demandant : "Jean, le personnage de ce film est tout de même antisémite et machiste non ?". Alors là, gros plan sur la tronche de Dujardin qui rougit, ne s'attendant pas à ce genre de truc. Parce qu'il faut vraiment être le roi des cons ou avoir le vice dans la peau pour voir dans cette comédie la trace de la patte d'un mouvement néonazi. Autant tenter de dresser une analyse politique de La grande vadrouille à travers une grille de lecture marxiste pour y voir l'éternelle lutte des classes. A force de trop penser, les gens deviennent lourdingues !

L'acteur bredouille et se sentant pris au piège, explique qu'effectivement Hubert Bonisseur de la Bath est une personne atroce chargée de tous les péchés mais que bien sûr c'est une caricature. Il aurait du rajouter que le film pouvait être vu comme une sorte de mise en garde destinée à montrer ce qu'il ne faut ni faire ni dire ! Il aurait fait un strike au niveau de l'acte de repentance. Les autres chroniqueurs se lancent à la suite de la blonde, bien décidés à lui disputer le titre de " meilleur citoyen vigilant".

Et le pauvre Dujardin continue à bafouiller et est même obligé d'expliquer que bien sûr, ce n'est qu'un personnage de film avec lequel il prend de la distance et qu'il n'approuve pas. Les visages se détendent. Message reçu 5/5, le film est une vraie comédie et rien d'autre. Il ne recèle aucun message subliminal et peut être visionné par tous les publics. Jean Dujardin est déclaré en "état de grâce" et est admis à communier. Les chroniqueurs parlent alors du film et se mettent à rire en relatant certaines scènes.

Ouf, Dujardin s'en sort bien. Ce n'est pas ce soir qu'il sera fusillé par le comité d'épuration réuni sur le plateau de Canal + ! Il a eu chaud, on en a vu qui ont ruiné leur carrière pour moins que cela.

Effectivement, même si Malraux ne l'a pas dit, le XXIème siècle sera religieux ou ne le sera pas. Curieusement, je ne suis pas sûr qu'il aurait prévu que les nonnes confites en dévotion d'une époque révolue et traquant satan partout, seraient remplacées par des saltimbanques s'organisant spontanément en comités de vigilance citoyenne.

Il faut vraiment être pourri de l'intérieur pour voir ainsi le mal partout ! Dire que ce sont les mêmes qui s'affolent si on leur parle de Hoover ou des talibans. Putain, je n'aurais pas aimé les connaitre sous l'occupation ceux-là. Sûr qu'ils auraient adoré l'époque si propice aux dénonciations.

Si Malraux ne m'a pas laissé de souvenirs impérissables, en regardant cette bande de cons, je repensais furieusement à Philippe Muray, à ses analyses et à son génie visonnaire. Qui n'a pas lu Après l'histoire ne pourra jamais comprendre ni décrypter ces saynètes apparamment anodines et qui pourtant me font froid dans le dos.

Mais si Muray parle de Festivus, moi j'aurais une autre analyse. L'époque est la proie de la paranoïa, cette atroce folie raisonnante qui s'étend sans cesse.

10 avril, 2009

Même les enfants !

Un auteur sans à-prioris !

Je ne lis jamais les journaux pour être en paix. Je me tiens suffisamment loin du monde pour ne pas être trop dérangé. De plus, débutant et finissant plus tard mon activité que la moyenne des gens, je monte dans des RER à peu près vides où je ne risque pas de capter des conversations traitant de l'état du monde. Il me reste le Parisien deux ou trois par semaine pour me tenir vaguement informé et ne pas avoir l'air trop crétin. C'est ainsi que j'ai appris deux jours après qu'il y avait eu un séisme en Italie. Est-ce que cela aurait changé ma vie de la savoir en temps réel ?

Hélas, le monde me rattrape parfois sans que je le veuille. Ainsi ce soir, tandis que je faisais la queue chez mon marchand de journaux, mon regard se fixe vers un présentoir sur lequel sont posés différents livres.

L'un d'eux attire mon attention car son titre en forme d'oxymore est pour le moins curieux. Il s'agit du "Petit marquis de la république" d'un certain Jean-Louis Jouanneaud. Qu'est-ce qu'un marquis de la république dans la mesure ou cette dernière ne reconnait pas les titres de noblesse ?

Une dame bloquant la caisse, j'ai le temps de lire la quatrième de couverture afin d'en savoir plus. Je l'aurais parié rien qu'au titre ! C'est encore un pur produit de la progadandastaffel destiné aux enfants afin de leur enseigner ce qui est beau et bien !

Juin 1791. La Révolution gronde. Beaucoup de nobles quittent Paris pour chercher refuge dans les pays voisins. Parmi eux, la Marquise de Vaudreuil et ses deux enfants Louis et Constance pour qui la fuite va s'arrêter dans la forêt de Fontainebleau ! Capturés par une bande de brigands, ils sont aussitôt livrés aux autorités révolutionnaires. Louis qui réussit à leur échapper va se retrouver plongé au milieu de ce peuple qu'il déteste et méprise tant. Aidé par Aline, une jeune paysanne, et par bien d'autres braves gens, le petit marquis arrivera-t-il à sauver les siens et à surmonter ses préjugés ?

Ainsi "Louis va se retrouver plongé au milieu de ce peuple qu'il déteste et méprise tant" mais "arrivera-t-il à surmonter ses préjugés" ?

Le site Alapage m'apprend alors que l'auteur est instituteur et qu'il a écrit ce livre "faire comprendre aux enfants la situation d'alors : les privilèges, les préjugés, la force des habitudes... Montrer aussi que ce n'est pas parce que l'on appartient à un camp que l'on est forcément bon ou mauvais. Et éviter pourtant de renvoyer dos à dos les dominants d'une part, les opprimés de l'autre".

Puis l'auteur nous explique que "au fil de ses exploits ou de ses échecs, le jeune héros, aidé d'une paysanne, apprend à écouter, à poser son regard sur ceux que son titre et son éducation lui défendaient de voir. De nouvelles valeurs germent dans son esprit. De là à faire siennes les idées si osées des révolutionnaires, il n'y a qu'un pas... qu'il franchira sans remords !". En bref sans s'en rendre compte, ce brave auteur est en plein religieux puisqu'il nous raconte l'histoire d'une conversion !

On aurait bien aimé expliquer à l'auteur que lui-même est bourré de stéréotypes et de préjugés , qu'à cette époque, voici bien longtemps que les privilèges sont l'apanage de différentes catégories sociales et non des seuls nobles comme il se l'imagine. A ce titre, on pourrait lui recommander de dire l'excellent billet de mon confrère LBD dans lequel il revient sur cette notion de privilèges si chère à nos égalitaristes. Lesquels mêmes égalitaristes ne se plaignent pas des privilèges que la fonction publique leur octroie à eux aussi.

Pauvres gosses qui en 2009 sont obligés pour s'avader de se taper de tels pensums ! Dire qu'on reprochait aux curés d'être omniprésents ! Que dire des curés laïcs actuels qui sont partout !

Il aura suffit d'un simple coup d'oeil jeté distraitement sur le rayon d'un marchand de journaux pour me rappeler dans quel monde merdique je vivais.

"Vous ressemblez à des sépulcres blanchis. Au-dehors, ils paraissent beaux et au-dedans, ils sont plein d'ossements, de cadavres et de toute sorte de pourriture. Vous de même, vous paraissez justes mais au-dedans vous êtes plein d'hypocrisie et d'iniquité."

Matthieu, XXIII, 27-28

05 avril, 2009

Nouveaux liens !

Loin du blog !

Je n'avais pas écrit depuis longtemps. Je n'avais même pas fichu les pieds sur mon blog, m'en désintéressant totalement. Enfin pas totalement puisque qu'une sourde angoisse me taraudait, le sentiment de ne pas faire ce que j'aurais du faire : écrire sur mon putain de blog !

C'est vrai quoi, je vois que tous mes confrères écrivent plusieurs fois par semaine et moi, depuis le 17 mars je n'avais rien produit : je n'ai réécrit que le 3 avril ! Je suis resté quinze jours sans rien faire, cela ne m'était jamais arrivé. Bon, comme je suis rusé j'ai pris soin d'antidater mes derniers articles pour faire croire qu'ils étaient prêts depuis longtemps.

Mais bien sûr c'est faux parce que je n'avais rien foutu du tout durant quinze jours ! En fait j'ai pris exemple sur la comtesse qui agit comme cela, en se payant le luxe de ne rien faire durant trois mois, puis de publier une rafale de textes en trafiquant leur date de publication pour nous faire croire qu'elle est assidue !

Je m'étais aussi totalement désintéressé de mes statistiques, ne cherchant même plus à savoir si j'étais lu ou non. Ivre de musique, je m'adonnais au plaisir de la basse, délaissant mon cher blog. Étant retourné sur mon service de statistiques, j'ai constaté que bien que n'ayant rien foutu, les lecteurs étaient restés fidèles, venant sans doute chaque jour voir s'il n'y aurait pas un nouveau texte à se mettre sous la dent.

J'ai aussi constaté que j'avais été mis en lien sur les blogs de deux confrères : Le blog du Spykologue et Blog de psy. Il faudra que je leur rende la politesse en les collant en lien. D'ailleurs de manière générale, quand vous me mettez en lien sur votre blog, avertissez-moi pour que je fasse de même.

Et puis, il va falloir que je trouve d'autres idées de textes. Parfois je me dis que j'aurais du faire un blog politique, il y a tellement à dire. En psy, le filon peut très vite s'épuiser. Mais bon, je me fais confiance pour trouver des idées.

Le bouc émissaire !

Caricature montrant le patron abusant du salarié ! (source CNT)

La France crève depuis trente ans d'un excès de lois mais il n'y en a jamais assez. Dernièrement, sous l'impulsion de la jalousie pathologique de la population qu'il faut sans cesse apaiser, un texte destiné à limiter les avantages du patronat a été mis à l'étude. Ce sera forcément un texte idiot comme seul notre pays en a le secret.

D'une part, il consacre encore et toujours la mainmise de l'état sur les affaires privées. D'autre part, il tend à stigmatiser une catégorie de la population, le patronat, pour en faire un bouc émissaire bien commode en ces temps troublés de crise. Plutôt que de se pencher sur les problèmes réels du pays, il est bien plus commode de trouver des responsables facilement haïssables. La révolution qui vient, organisée par les pires individus qui soient, se fera évidemment contre les capables.

D'origine religieuse, l'expression bouc émissaire désigne en langage courant la personne qui est désignée par un groupe comme devant endosser un comportement social que ce groupe souhaite évacuer. Cette personne est alors exclue du groupe, au sens propre ou figuré, parfois punie, ou condamnée.

La personne choisie ne l'est pas forcément pour avoir partagé ce comportement, elle peut être une victime expiatoire choisie pour d'autres raisons du fonctionnement du groupe.

Un ouvrage de René Girard intitulé « Le Bouc émissaire » (1982) montre à l'œuvre ce phénomène qu'il nomme le triangle mimétique : formé de trois pôles qui sont les individus A, B et le bien supposé, le triangle mimétique décrit ce jeu symbolique et la relation réelle entre A et B :

- dans laquelle B :

* dispose d'un bien,
* semble disposer d’un bien,
* ou pourrait disposer d’un bien,

- dont A pense soit :

* qu'il en est lui-même dépourvu,
* que sa propre jouissance du même bien est menacée par le seul fait que B en dispose (ou puisse en disposer).

Le « bien » est appelé par René Girard « objet » et il n’est pas nécessairement matériel.

Ce triangle mimétique semble motivé par la nécessité d’avoir à défaut de pouvoir être. Ne pouvant être l’autre directement, l’individu (A) pense que ce qui caractérise l’autre (B) et qui justifie encore la différence entre lui (A) et son modèle (B), est un avoir (l’objet ou le bien).

Le problème réside dans l’imitation réciproque au désir de l’objet. Plus A va désirer l’objet, plus B (s’il rentre dans le mécanisme du désir mimétique) va faire de même. Et plus A et B vont (par rapport à leur désir) se ressembler. Schématiquement, plus la tension vers l’objet est forte, plus l’indifférenciation entre A et B est importante. Or, pour René Girard, c’est cette indifférenciation des individus qui est porteuse de violence (au travers de la tension vers un même objet). Finalement, cette rivalité mimétique ainsi engendrée va être créatrice de conflit et de violence.

Le phénomène du bouc émissaire est un phénomène collectif. C’est la réponse inconsciente (René Girard utilise le terme de « méconnaissance ») d’une communauté à la violence endémique que ses propres membres ont générée au travers des rivalités mimétiques dues au triangle mimétique.

Le phénomène du bouc émissaire est la loi du « tous contre un ». Il a pour fonction d’exclure la violence interne à la société (endémique) vers l’extérieur de cette société. Pour que ce phénomène soit effectif, il faut :

- que la mise en œuvre du rituel du bouc émissaire reste cachée,
- que la violence résultante de cet acte n’entraîne pas une escalade de violence, d’où la nécessité d’un « typage » des victimes (elles ne sont pas choisies au hasard). C’est le principe de moindre violence, en ce sens la figure du patron est parfaite puisqu'on peut le transformer aisément en exploiteur, surtotu dans un pays ou l'égalité est érigée en religion.
- que les individus soient persuadés de la culpabilité du bouc émissaire. Et nos amis journalistes s'emploient parfaitement à relayer des informations erronées concernant l'économie en général et le monde des affaires en particulier,
- et (dans une moindre mesure) que les victimes soient persuadées d’être coupables. Et l'attitude du MEDEF, qui loin de s'insurger contre l'irruption de l'état dans la gestion des entreprises, accepte de négocier, montre bien qu'en France le patron se sent coupable.

Le problème de ce mécanisme régulateur de la violence est son caractère temporaire. En effet, la violence endémique générée par le désir mimétique se fait tôt ou tard ressentir. L’on a recours alors à un nouveau bouc émissaire.

Pour René Girard, le bouc émissaire est le mécanisme collectif permettant à une société de survivre à la violence générée par le désir mimétique individuel des membres. Le bouc émissaire désigne aussi l’individu, nécessairement coupable pour ses accusateurs mais innocent du point de vue de la « vérité », par lequel le groupe, en s’unissant uniformément contre lui, va retrouver une paix éphémère.

Si l’on adopte cette analyse sociologique, on peut admettre que les français en prenant les "patrons" comme boucs émissaires, connaitront un répit par rapport aux véritables causes de leur problèmes :

- le fait que certains payent des impôts et prennent des risques tandis que d'autres en profitent grassement.
- le fait que tous soient finalement persuadés que la progrès envisageable soit d'en foutre le moins possible tout en vivant encore mieux !

La crise et le progrès !

Je suis sur qu'il mangerait des OGM avec plaisir !

Tout le monde le sait, c'est la crise. A force d'en parler matin, midi et soir, elle a fini par arriver la crise. Pour moi, elle est essentiellement psychologique. A force de répéter à longueur d'articles ou d'émissions de télévision que nous traversons une crise terrible, les journaleux qui n'avaient rien vu venir, ont fini par la population que nous traversions une crise terrible et la morosité s'est installée.

Alors puisqu'ils sont déprimés, les gens adoptent des attitudes de repli et achètent moins. Et quand on achète moins, tout se ralentit et la crise finit par s'installer. De la même manière qu'on peut facilement induire une dépression chez un individu sain en lui faisant écouter par exemple de la musique triste (mais il existe aussi d'autres inducteurs), on peut aussi démoraliser une population entière en lui répétant toute la journée que c'est la crise. Le malheur, c'est comme la grippe, ça s'attrape. Il y a des gens qu'on serait bien avisé de ne jamais fréquenter mais malheureusement, on fréquente toujours trop de journalistes.

Alors si cette crise n'est qu'une invention et non une réalité, à qui profite le crime ? Tout d'abord, l'instauration de cet état de crise psychologique sert les intérêts de toute cette frange de la population qui a le progrès en horreur, les intérêts de ces crétins qui sont persuadés que c'était mieux avant parce qu'ils ne sont pas assez compétitifs pour affronter le monde tel qu'il est.

J'en ai parfois dans ma clientèle. Ce sont ceux qui m'expliquent qu'ils ne veulent surtout pas prendre d'antidépresseurs parce que comprenez-vous, ils se méfient des médicaments. Ce sont ceux qui font confiance aux plantes, aux remèdes de grand-mères ou à tous les trucs farfelus pourvu que cela vienne de loin. Ceux qui n'ont pas compris que ces fameux médicaments qu'ils abhorrent et redoutent, antidépresseurs, anxiolytiques ou neuroleptiques, ont permis un confort de vie accru pour beaucoup de nos concitoyens.

Ces idiots qui ne réalisent toujours pas que sans ces avancées pharmacologiques, beaucoup de gens n'auraient pour toute issue que la souffrance, le suicide ou l'internement. On aura beau leur expliquer que mieux vaut être sous Prozac que souffrir mille morts du fait d'une dépression, ils resteront persuadés que la paroxetine est avant tout destinée à faire gagner de l'argent aux actionnaires du laboratoire Lilly. Et puis c'est un labo américain, alors il y a forcément du Bush derrière !

C'est qu'ils n'ont jamais du vraiment souffrir pour être aussi bêtes. De la même manière que tous ceux qui hurlent après le poulet industriel ou les OGM, leur préférant le bon gros poulet de grain élevé à l'ancienne ou le légume bio, n'ont jamais du avoir faim de leur vie.

La crise dont on nous rebat les oreilles et qui a fini par s'installer sert avant tout ceux qui haïssent le progrès et peuvent se payer le luxe de se tenir loin de la compétition mondiale parce qu'ils vivent de l'argent que nous gagnons sans rien produire eux-mêmes.

C'est bien connu que quand on a la chance de vivre dans Paris, près d'une station de métro et des commerces, à dix minutes de son boulot, c'est plus simple de détester la voiture et de préférer les transports en commun que quand on vit en banlieue et que l'on doit emprunter le RER D pour aller bosser ou aller faire ses courses à l'hypermarché du coin.

La crise, la décroissance et l'écologie militante sont avant tout des concepts réservés à ceux qui n'ont pas vraiment besoin de travailler pour vivre et à qui le progrès et la compétition feront toujours peur.

Tous ceux-là ont intérêt à nous faire croire qu'il y a la crise et que la planète est en danger parce que la menace d'une hypothétique catastrophe sert toujours leurs intérêts.