31 mars, 2014

Félicitations !


Bon, depuis très peu de temps maintenant, je suis l'ami d'un premier ministre. C'est fait, Manolito a été choisi. Oui moi je l'appelle comme ça, je peux parce que lui et moi nous sommes des poteaux sur Facebook. En plus j'ai fait espagnol ! Bon, je ne dis pas qu'on en est à partager le chorizo en éclusant une San Miguel ensemble mais on est amis virtuels tout de même.

Alors je le félicite pour sa nomination au poste de premier ministre. Premier ministre de François Hollande c'est une sacrée promotion ça ! Les mauvaises langues diront qu'il lui aura suffit comme hauts faits d'armes, de faire gazer des petits enfants par les CRS lors de la Manif pour tous, de s'en prendre à un comique plus deux trois petits trucs pour mériter ce poste. Comme quoi c'est con la vie, on s'imagine qu'il faut faire des trucs terribles pour être chef d'un gouvernement alors que c'est même pas vrai ! L'époque a changé ! Bonaparte investissait l'assemblée nationale le 18 brumaire alors qu'aujourd'hui, il suffit de faire charger les poussettes ! Enfin, moi je répète ce qu'on m'a dit, j'y étais pas à la Manif pour tous ! Ceci dit j'ai vu les photos.

Bon, je serais Manuel, je me serais méfié du père François. Parce qu'on a beau se foutre de sa gueule et l'appeler Flamby l'autre mou, n'empêche qu'il ne doit pas être si con que ça pour avoir le poste de grand chef. Y'en a des tas qui se sont faits niquer. Ils pensaient avoir à faire à un gros mollusque et ils l'ont dans le fion ! Il l'avait d'ailleurs dit François. J'ai le cuir épais qu'il avait dit, exprimant par là qu'il s'en branlait de ce qu'on pouvait dire de lui.

D'ailleurs dans une France qui n'est pas au mieux de sa forme, cela ne l'a pas empêché d'aller niquer en scooter. C'est dire si c'est pas un anxieux le père François pour penser à tirer sa crampe alors que y'a le feu partout. La plupart des mecs à sa place, auraient cachetonné au Lexomil, le drapeau en berne ! Mais lui, que dalle, il pense encore au cul le saligaud ! Et comment qu'il s'est débarrassé de sa vieille ex. Hop, un micro face aux journaleux et en deux minutes c'était réglé, il l'avait répudiée sa rombière !

Tout ça pour dire que moi, à la place du gars Manolito, je serais pas tranquille. Je me dirais qu'il y a un coup de Jarnac quelque part, une enculerie cachée. Faut dire que premier ministre, c'est un poste pourri. C'est le mec qui se tape le sale boulot et dont on se souviendra en cas de problèmes. Et il y aura forcément des problèmes. C'est pas l'ami Manuel avec sa licence d'histoire, son expérience de maire d'une ville de banlieue et ses idées politiques d'un autre âge qui va remettre les trucs en place. Bien que né en août aussi, on ne peut pas dire que ce soit Napoléon l'ami Manuel. Sans critiquer plus que nécessaire, bon il a bossé pour en arriver là, c'est certain, mais c'est pas un aigle non plus. Il ne finira par inhumé aux Invalides !

Moi, je pense que François va l'exposer comme cela pour le griller comme une chipo oubliée sur un barbecue et qu'ensuite, zou il aura les coudées franches pour un second mandat sans l’avoir dans les pattes ! Et le pauvre Manu il n'aura qu'à entrer dans le club des cocus de la politique, ceux qui sont passés à côté de leur destin, avec Fillon, Balladur, Villepin ou Jospin !

Méfie toi Manu, c'est roué un énarque. Même quand ça fait le gentil, faut croire aux faits. Ça reste une bête à concours, un mec acharné qui a tout fait pour réussir au plus haut niveau. Un mec qui déjà tout petit avait des rêves de puissance et de gloire. C'est autre chose qu'un colleur d'affiches qui a progressé dans sa section locale du PS ! Quels que soient d'ailleurs les mérites d'un colleur d'affiches. 

D'ailleurs, j'en ai collé une fois des affiches quand j'étais jeune mais bon, j'étais pas un acharné non plus du militantisme politique. Ce doit être pour cela que je ne suis pas député. Sinon à l'époque, c'était les débuts de Devedjian, je lui aurais un peu collé aux basques, léché les couilles. Enfin dans le sens de flatter bien sur pas au sens propre hein ! 

Et hop, il s'en fallait de peu pour que je parte dans une ascension politique tourbillonnante comme un Pitts special qui ferait une chandelle. Je me dis que j'étais pas fait pour les ors des palais républicains. Mon truc à moi, c'est une petite vie médiocre de banlieusard avec une Visa Club. Ou alors, c'est que j'ai un côté De Gaulle et que j'attends la catastrophe dernière pour coiffer mon képi et sauver la France. On verra, je ne désespère pas, c'est important de rêver ! Je peux m'acheter un képi c'est pas un gros investissement. Faudrait que je tente de conduire la Visa avec un képi, ça doit le faire, elle est haute de plafond, enfin de toit !

M'en fous si j'ai l'air d'un con dans ma Visa avec un képi. De toute manière de nos jours en Visa, on a toujours l'air d'un crevard qui va toucher son RSA. Je le sais,  je le vis dès que je la conduis. Même qu'une fois alors que j'avais tout de même un peu picolé à une soirée, j'ai échappé à un contrôle d'alcoolémie énorme alors que je roulais en Visa. Le flic qui agitait son bâton blanc en enjoignant à tous les véhicules de se garer, sans doute ému qu'on puisse avoir une vie tellement médiocre qu'on doive se trainer la bite en Visa Club beigasse m'a dit de passer alors que tous les autres se faisaient serrer comme des cons. Moi je m'en foutais je rigolais en pensant à ces blaireaux qui se la pétaient deux minutes avant en me dépassant dans leurs voitures de riches !

Le pauvre flic, il a du penser "allez je laisse passer le couple de clodos, Dieu me le rendra". Faut dire que le siège passager est un peu défoncé et que mon épouse a l'air d'une naine quand elle est assise à côté de moi. Alors imaginez le tableau : la Visa hors d'âge beige et son moteur de 2cv avec un gros type au volant et une naine à côté de lui, c'est limite si on fait pas pleurer Margot dans sa chaumière dans un tel attelage ! J'ai pas fait gaffe mais peut être que maintenant qu'il fait beau et que je peux rouler les vitre ouvertes, on va me jeter des pièces quand je serais arrêté à un feu rouge ! Si je m'arrête avec ma Visa aux Restaus du Coeur, je suis sur que j'ai du rab sans rien demander !

Enfin pour en revenir à Manuel, moi je dis ça je dis rien. Je sais que j'ai l'air d'une Cassandre mais bon, je sais poser une équation. Et comme je pense depuis quelques temps que tu iras dans le mur mon ami Manuel, je ne pense pas me tromper. 

Je t'aurai prévenu l'ami ! Watch your six ! Sinon félicitations !

Un tour en Visa club comme si vous y étiez !

Où l'on me flatte mais bon ...

Putain on dirait Sheila !

On vient de m'appeler de province ! Bon, ce n'est pas la première fois. J'ai des patients en province et d'autres carrément à l'étranger. La plupart du temps, compte-tenu de la distance, je consulte pas Skype. Et c'est coiffé d'un micro-casque ridicule, comme un tâcheron moyen salarié d'une boite de phoning, que je réponds.

D'autres fois, on vient de province pour me consulter. J'ai ainsi reçu des lyonnais, manceaux, poitevins, lillois et d'autres encore. En même temps qu'ils viennent me voir, ils peuvent bénéficier des distractions parisiennes. Peut-être certains en profitent-ils pour monter à la Tour Eiffel ou pour passer une soirée au Moulin Rouge !

C'est ainsi que tout à l'heure, on m'appelle pour une prise de rendez-vous. C'est une fidèle lectrice de ce blog qui vit en province. Je lui explique alors que l'on peut utiliser Skype. Et voici qu'elle me répond que c'est très bien mais qu'elle préférerait tout de même venir me voir en vrai en rajoutant que ce serait un peu comme aller à un concert plutôt que d'écouter le CD. Alors là, je suis flatté et c'est un bon moyen d'entrer en contact avec moi que de nourrir mon narcissisme bête.

Alors là, comme elle vit en province, je l'imagine se levant dès potron-minet, revêtant ses plus beaux atours, cette jolie robe qu'elle a achetée au marché,se brossant les cheveux sans abimer cette belle coupe destructurée que sa coiffeuse Cindy lui a faite la veille pour qu'elle ait l'air d'une parisienne. 

Puis, la voici à l'arrêt du car ou le beau Saviem multicolore, avec ses belles banquettes de moleskine, s'arrête enfin pour l'amener à la grande ville où elle prendra le TGV pour la première fois de sa vie. Dans sa poche, un appareil photo jetable qu'elle compte bien utiliser pour ramener des photos de Paris à ses amies. C'est la Monique qui va être verte de jalousie, elle qui la ramène toujours parce qu'elle vit avec René qui a une belle place aux chemins de fer ! Et tout cela pour me voir moi !!!(*)

Me voici donc perdu dans mes rêves stupides de gloire absolue quand la comparaison tombe telle un couperet : vous comprenez c'est un peu comme si j'allais voir Madonna ! Bon, je suppose que ce doit être une question de référence et donc d'âge qui l'ont poussée à choisir cette chanteuse ! Moi aussi j'ai connu l'époque où inconnue du grand public, elle se trémoussait derrière Patrick Hernandez sur Born to be alive, puis l'ère de la blonde provocatrice de Like a virgin avant qu'elle ne devienne une mémère (55 ans) odieuse se tapant des jeunes ! La vieille dame indigne aurait d'ailleurs déjà remplacé Brahim Zaibat par Timor Steffens un autre danseur âgé de 26 ans.

Bon voilà qu'on me compare à Madonna après qu'une autre patiente ait trouvé que je lui disais les mêmes choses que sa mère. Comme j'ai lu les auteurs stoïciens, je relativise. Je me dis que cela aurait pu être pire. 

On aurait pu me comparer à Cher (68 ans) ou à Tina Turner (74 ans) !

 Le car Saviem et ses banquettes de moleskine !

(*) Je prie cette nouvelle future patiente de bien vouloir me pardonner cette description outrée mais mon imagination malade et ma nostalgie m'emportent parfois très loin.

Elections piège à cons !


Allez, je dois bien l'avouer, même si je n'ai pas voté, je n'ai pas été mécontent que les socialistes se prennent une branlée hier ! C'était plutôt drôle de voir leurs têtes. Mais bon, je n'ai pas passé la soirée à écouter les politiciens. Je m'en foutais un peu. C'est le privilège de l'âge. J'ai beau avoir parfois gardé une âme d'enfant, à force de voir le même tour depuis trente ans, je finis par le connaitre et m'en lasser.

Tout a commencé pour moi en 1981 alors que j'étais élève à Sainte-Marie. L'élection de François Mitterrand avait eu l'effet d'un coup de tonnerre. Nous qui vivions avec Giscard à la tête du pays, notre Kennedy auvergnat, dans ce qui s'apparentait à un régime de droite sociale, voilà que la gauche revenait alimentant les pires fantasmes.

Cette fois, ça y était, les rouges étaient à nos portes, le couteau entre les dents, on n'attendait plus que les chars russes pour parachever le tout. Pensez donc que si dans notre école catholique, on avait eu peur ! Nous n'étions pas précisément des fils de prolos alors l'angoisse des parents se communiquaient à nous. On se voyait dépossédés de tout, chassés de nos grandes maisons pour vivre dans les kolkhozes. On aurait été obligé d'abandonner les Sebago pour aller chez Bata et nos Burlington pour porter de la chaussette de tennis vendues en pack de dix !

Et puis la gauche a tenté d'appliquer le fameux programme commun et elle s'est abimée contre le mur du réel. Ça n'aura duré qu'un an avant que le pouvoir ne change de cap. Les délires de grand soir ont cessé et la dictature du prolétariat a vécu. J'ai juste le souvenir de la grande manifestation pour l'école libre en 1984. Ce qui n'a pas empêché le pouvoir socialiste de faire maintes et maintes bourdes même après avoir renié l'essentiel de leur programme commun, tant et si bien que cinq ans après, la droite gagnait les élections législatives et que la cohabitation commençait. On était tous contents !

Puis deux ans après, la droite n'ayant tenu aucune de ses promesses, Mitterrand était de nouveau élu. Alors on a fait la tête ! Mais la gauche durant cinq ans, ne tenant aucune de ses promesses non plus, ce fut de nouveau la droite qui gagna aux législatives suivantes. On fêta cela dignement !

Puis ce fut la droite et encore la droite avant que Sarkozy ne fut battu par Hollande. Mais durant toutes ces années, ce fut toujours le même balancier. Les uns ne tenant jamais leurs promesses, l'électeur rageur votait pour les concurrents, espérant sans doute que cette fois-ci, ils tiendraient les leurs ! Et puis de temps à autre, la gauche qui maitrisait bien les réseaux jetait tout le monde dans la rue et spécialement les jeunes et hop, la droite échouait lamentablement à réformer quoi que ce soit. Parce que si la gauche est mauvaise gestionnaire, elle est talentueuse pour mettre des bâtons dans les roues de l'opposition.

Bref depuis trente-trois ans que je m'intéresse à la politique, je n'ai vu que des crétins espérer que des menteurs cessent de mentir en leur donnant un blanc-seing à chaque fois pour en fin de compte se retrouver cocus.

Mais attention des cocus heureux de l'être puisque à chaque alternance, un camp ou l'autre fêtait toujours sa victoire sans jamais se souvenir que ce mouvement de balancier transformerait tôt ou tard les gagnants du soir en perdants des prochaines élections. A la fin j'ai même trouvé fascinant que l'on puisse ainsi se soucier des élections à ce point.

La gauche admettait enfin  l'existence du marché et la droite s'éloignait de sa cupidité de boutiquier pour devenir sociale. Seuls ceux croyant les professions de foi des élus se prenaient encore au jeu. Quand on avait un peu grandi, on savait que de toute manière, ce serait la même partition qui serait jouée quelque soit les musiciens. Allez, je veux bien admettre qu'il y a sans doute un peu plus de cuivres d'un côté ou de bois de l'autre, mais dans l'ensemble, rien ne change jamais quelque soit l'orchestre.

La seule chose que j'ai vue évoluer, ce sont les attaques incessantes contre les libertés publiques fondamentales. Bien sur, les uns et les autres ne s'y sont jamais pris comme feu les dictateurs qui n'avaient décidément rien compris à la psychologie sociale. Non, nos modernes élus ont été assez habiles pour toujours faire croire au bon peuple que tout venait de lui ou que c'était pour son bien. A croire qu'ils ont fait du Petit traité de manipulation destiné aux honnêtes gens leur livre de chevet.

Tant et si bien que le vocabulaire politique a totalement évolué. Les notions de responsabilité, de devoir, d'initiatives, et de manière générale tout ce qui relevait peu ou prou de la virilité a presque totalement disparu au profit de notions vagues de solidarité, de partage, de redistribution, de valeurs républicaines, et de manière générale, toutes choses qui font penser à un christianisme dévoyé, au prêchi-prêcha mièvre que l'on voit affiché à la porte des églises. La verticalité a cédé face à l'horizontalité.

Au fur et à mesure qu'on obligeait les enfants à rouler casqués en vélo et à voyager sur des sièges conçus pour eux en voiture, j'ai vu les adultes applaudir des deux mains quand l'état leur a interdit de fumer dans les bistros et les magazines parlant de réussir les concours administratifs en bonne place dans les kiosques. Dans le même temps j'ai vu les codes juridiques grossir jusqu'à en devenir obèses ! 

Finalement, l'état a su tellement faire croire qu'il était indispensable au bonheur de tous, et mieux encore, qu'il était seul capable de le garantir, que tout le monde a tendu sa sébile vers lui. Plus on leur mentait, plus on leur promettait monts et merveilles, plus ils y croyaient. Leur désir c'était de redevenir des enfants dont la maman s’occuperait toute leur vie. 

Aucun de ces crétins n'a compris que pour chaque avantage financé, chaque privilège garanti, il faisait de même en finançant ceux des autres. Toute le monde est devenu l'obligé de tout le monde et seuls les élus ont finalement occupé le haut de la chaine alimentaire. Et aucun de ces ânes qui sont prompts à conspuer les roms tendant la main dans le métro en expliquant qu'ils n'ont pas la sociale et pas la chômage, ne songe un instant qu'ils sont exactement comme eux... Et que finalement leur horizon indépassable ce n'est surtout pas la liberté mais "la chômage et la sociale" !

Alors hier c'était le tour de la droite et dans quelques temps, ce sera la gauche. Depuis le temps qu'on me fait le coup de l'alternance pour me faire croire que les choses changent, je ne me fais plus avoir.

Droite ou gauche, Hidalgo ou Juppé, en France tout finit toujours pas un tramway !

29 mars, 2014

Explosion en plein vol !


Comme si le fait d'avoir deux ans d'avance et d'avoir été admise une grande école sans même passer par une prépa ne suffisait pas, il a fallu qu'elle choisisse un double cursus ! Les petites soldates sont comme ça, toujours volontaires pour du travail ! Qu'on les mette en permission de Verdun et elles en profiteront pour aller faire un tour au Chemin des Dames des fois qu'on ait besoin d'elles. Parce qu'avouer ses limites, se reposer, ce serait évidemment déchoir ! Et au pire, si elles n'étaient pas sur le théâtre des opérations, qu'elles doivent se reposer, elles en profiteraient tout de même pour lire quelques livres abscons ou se mettre au sanscrit !

On sent immédiatement qu'il ne s'agit pas de se dépasser pour faire de grandes choses. Il ne s'agit pas d'être, d'avoir un jour un quelconque Nobel ou de se donner les moyens de faire le métier de ses rêves. Non, à l'instar du type qui veut être rock star sans pour autant apprécier plus que cela la musique, il s'agit de tout faire pour avoir la reconnaissance de quelqu'un. Je pourrais louer le efforts qui amènerait quelqu'un à se donner les moyens de ses ambitions, mais là c'est juste trop parce que l'on sent que cela ne sera jamais assez !

Elles sont dans le contrôle perpétuel, dans la maitrise, et la notion de plaisir gratuit est absente de leur univers. Cette patiente que je reçois depuis un mois est totalement dans cette même logique utilitariste dans laquelle chaque miette de temps est destinée à s'améliorer. Elle est tellement dans le contrôle qu'elle en devient presque amusante. Surtout parce qu'on sent que la pression énorme qu'elle se met à de la peine à être contenue malgré tous es efforts. C'est une cocotte minute sous pression qui ne tardera pas à exploser. Quand, je ne sais pas mais bientôt.

Je lui ai déjà parlé d'antidépresseurs, de dépression masquée, etc. Mais pensez-donc que ces trucs là, c'est pour les faibles mais certainement pas pour elle ! Elle c'est la devise des Jeux Olympiques faite femme ! Même pas vingt ans mais un projet professionnel pour les vingt ans qui viennent. Des réflexions étonnantes qui ne dépareraient pas chez le directeur d'un établissement jésuite ! C'est une dure de dure, elle me le montre. Mais moi je crois les faits et je me dis que si elle est venue me voir c'est que la comédie qu'elle se joue a aussi ses limites. Elle croit de moins en moins à ses talents d'actrice.

Je ne la bouscule jamais, je la laisse me faire son cinéma et de temps en temps, je souligne juste une petite chose. C'est assez marrant parce que je touche juste et que son visage change l'espace d'un instant. Elle a alors les larmes aux yeux et je lui dis qu'elle peut piocher dans la boite de Kleenex, que j'en ai trois autres en stock. Mais c'est tout juste si elle en prend un du bout des doigts pour essuyer les larmes qui ont failli jaillir aux coins de ses yeux. 

Personne ne peut s'infliger un tel traitement sans en payer le prix. La décompensation arrive tôt ou tard. Il s'agit de personnes ne connaissant pas leurs limites, un peu comme ces soldats américains que l'on voit dans les films aboyer de stupides "sir yes sir" face à un vieux briscard de sergent instructeur avant de péter les plombs et de flinguer tous leurs camarades à coups de M16. Ça voudrait sonder à l'égal d'une baleine plongeant dans les abysses pour y manger sa ration de krill mais ces petites sardines ne sont pas faites pour les grandes pressions où seuls les sociopathes sont à l'aise faute de ressentis émotionnels.

Ces tortures qu'elles s'infligent en se fixant des objectifs déréalistes, sont surtout du à un complexe de culpabilité. En faisant cela, elles veulent souvent réparer quelque chose. On  a souvent l'impression que parce que filles uniques ou bien seul rejeton performant d'une fratrie défaillante, elles ont pour mission d'assurer la continuité de la dynastie. Et elles s'y emploient à merveille, tentant de convaincre papa qu'elle assureront encore plus que le fils parfait dont ils rêvaient !

D'ailleurs, elles gomment un peu leur féminité. Pantalons, talons plats, maquillage léger, tout est là pour donner le change et jouer aux petits mecs ! Celle dont je parle a forcé le trait jusqu'à lire tous les auteurs qui sentent le souffre ! Alors de Drieu à Brasillach en passant par Rebatet, Chardonne et Morand, ils sont tous lus et digérés. Non qu'ils lui aient plus forcément mais qu'il fallait les lire pour se donner une image parfaite. D'ailleurs elle m'avoue adorer lire les blogs de mode. On est loin de Louis-Ferdinand !

Alors moi, depuis un mois, je m'amusais à écouter et de temps en temps, je balançais une petite pique gentille, un peu comme on frotterait doucement un bon gros furoncle lourd de pus malodorant et déjà bien mûr, quand la peau est translucide, annonçant l'explosion imminente de sanies épaisse. Et évidemment, cela n'a pas tardé, la boule de pus m'a sauté au visage.

Elle a fini par ne plus contrôler ses émotions puis par pleurer. Et elle a eu du mal à s'arrêter. C'était tellement violent, qu'elle hoquetait en ayant du mal à respirer. Alors bien sur, elle a angoissé parce qu'elle avait l'impression de s'étouffer. Et donc en plus de pleurer, elle a fait une attaque de panique. Bon, c'est plus impressionnant que dangereux et au pire j'aurais appelé les pompiers. Mais j'ai géré la crise stoïquement et elle s'est remise à respirer, elle a encore pleurniché un peu puis elle a repris ses esprits. Et comme c'est une petite soldate, elle a séché ses larmes et s'est bien sur excusée ! Excusée d'avoir ainsi perdu la face : c'est son côté Toshiro Mifune interprétant le rôle d'un ronin japonais pétri d'honneur !

Mais bon, confrontée à ses limites, j'ai enfin été entendu. Et pusi de toute manière, à l'instar d'un dentiste qui sait enfin quelle dent soigner parce que le patient a mal quand il la touche, moi je sais que j'ai frappé juste quand les gens pleurent ! 

Elle m'a écouté, elle a rempli l'IDB gentiment, a constaté qu'elle déprimait gravement et elle s'est engagée à consulter son généraliste préféré pour prendre quelque chose. Non que je sois un fervent partisan des antidépresseurs, mais quand il faut, il faut ! Et puis d'un point de vue psychologique, c'est marrant de songer que tandis qu'on se pensait invincible, notre bien-être ne dépend que d'une petite pilule ! Ça enseigne l'humilité bien plus que les longs discours !

Bon plus prosaïquement, j'ai juste commencé à vider le vilain furoncle, la suite au prochain numéro ! Quel drôle de métier tout de même que de faire pleurer les filles !

28 mars, 2014

Chêne ou acajou ?



Des comme ça, je n'en reçois pas souvent et heureusement pour moi. Sinon autant changer de boulot, me convertir et ouvrir une franchise PFG.

C'est maman qui a pris le rendez-vous pour sa fille. C'est aussi maman qui l'a amenée à mon cabinet ! C'est maman que je vois quand j'ouvre la porte avec la fifille cachée derrière. Alors je salue, je demande si elle est mnineure et j'apprends que non. Je demande alors si le rendez vous est pour les deux et maman me dit que non, que le rendez-vous n'est que pour sa fille. Je la fais alors rentrer.

Je lui propose un thé qu'elle accepte puis, elle s'assied en face de moi et mon calvaire commence. Je lui pose quelques questions auxquelles elle a du mal à répondre. Elle semble dans la lune, le regard un peu vide. Elle met un temps fou à répondre. Dans ma tête je compte et je m'aperçois qu'il faut toujours plus de trente secondes et parfois près d'une minute pour qu'elle me donne une pauvre réponse. Dans mon jargon on appelle cela de la bradypsychie.

Comme je tente de comprendre ce qui lui est arrivé, j'essaie avec son aide de savoir quand ses soucis ont commencé. Tout a commencé lors de son parcours scolaire voici cinq ans en changeant d'établissement. Mais ses souvenirs restent vagues et imprécis. C'est à moi de reconstituer l'histoire en colmatant les blancs. Je l'observe discrètement. Elle remue à peine, meêm quand elle parle, son ton est monocrode. Dans ma tête, je note : bradykynésie, bradyphémie et hypomimie. Et je songe immédiatement : Oh le beau cas de dépression !

C'est alors, que retrouvant quelques souvenirs, elle m'explique que le proviseur de son lycée à une époque a expliqué à sa mère qu'elle le ferait interner si elle continuait à partir dans tous les sens. Telle que je la vois, je ne l'imagine pas "partir dans tous les sens". J'ai beau lui demander ce qui s('est passé à lépoque, elle ne sait pas. Elle plisse un peu les yeux, tentant sans doute de ramener des images du passé stockées dans son cerveau embrumé, mais rien ne vient.
 
Je suppose alors qu'elle a pu faire des crises maniaques ou hypomaniaques à cette époque et que ce que j'observe serait une phase de mélancolie. Ça y ressemble tellement que je lui demande si elle a une idée de ce dont elle souffre. Une minute après, elle m'explique qu'elle a regardé sur internet. Comme je lui demande si elle a trouvé une explication, j'attends encore près d'une minute avant qu'elle ne me dise que ça ressemble à une "maniaco-dépression". Bingo !

Je lui explique alors qu'elle est très douée et qu'effectivement, il y a toutes les chances pour que ce soit un trouble bipolaire jamais traité. Je lui demande alors comment, face à des comportements aussi flagrants, ses parents n'ont rien fait. Elle me répond que dans sa famille on se méfie des médicaments. Peut-être ses parents sont ils des Témoins de Jéhovah ou des adeptes de la Science Chrétienne, mais même pas. Dans les fais, ce sont juste des gens qui se méfient des laboratoires pharmaceutiques et des médecins aux ordres.

Elle m'explique qu'elle a juste fait quelques séances acupuncture. Je suis étonné et je lui demande si l'acupuncteur était médecin. Elle ne sait pas, elle y est juste allée avec sa mère et ne se souvient pas du traitement. Elle m'explique qu'elle pense souvent à mourir mais qu'elle ne le fera pas parce qu'elle n'a pas assez d'énergie pour cela !

Comme tout cela commence à m'ennuyer profondément, je lui demande l’autorisation de faire rentrer sa mère. Elle accepte et je vais ouvrir à sa mère qui prend place dans le cabinet. Petite femme intelligente et un peu sèche, on sent qu'elle aime contrôler. Je lui demande si elle est parvenue à évaluer la gravité de l'état de sa fille. Elle me répond qu'elle semble déprimée mais rien de plus. Je lui parle alors de trouble bipolaire et elle admet y avoir pensé.

Lorsque je lui demande pourquoi elle n'a pas confié sa fille aux bons soins d'un psychiatre, elle m'explique qu'effectivement elle se méfie des prescriptions qui selon elles font plus de bien au chiffre d'affaires de laboratoires qu'aux patients. Ne voulant pas trop la brusquer, je lui dis alors que si il peut y avoir des abus, il n'en reste pas moins que dans certains cas, certaines molécules ont fait leur preuve. Et je rajoute que dans le cas de sa fille, qui nous écoute impavide, c'est plus que nécessaire.

Mais maman, résiste encore et m'explique qu'il n'est pas toujours facile de choisir un bon praticien et qu'il est tout aussi difficile de déterminer si le traitement sera utile ou non. Comme elle commence passablement à m'énerver, je décide de me lâcher un peu. Je lui explique alors que si elle continue comme cela, la seule chose qu'elle risque de choisir pour sa fille, ce n'est pas le praticien ou le traitement ad hoc mais plutôt "chêne ou acajou, poignées en laiton ou non" !

Là, je l'ai suffisamment choquée pour obtenir une réaction. Elle me demande si c'est grave à ce point. Fifille étant totalement dans le coaltar, et repartie au pays des songes, je peux me permettre de dire à sa mère qu'à ce point, c'est une non assistance à personne en danger et que de toute manière, je me refuse à recevoir sa fille tant qu'elle n'aura pas reçu un traitement. Je lui précise que j'ai non seulement une responsabilité civile professionnelles mais que de plus, j'ai aussi charge d'âmes ! Je lui expose aussi les limites de la thérapie, qui n'a jamais guéri ni les cancers ni les troubles bipolaires !

Maman se réveille un peu et admet enfin que j'ai raison. On parle quelques minutes des troubles bipolaires et je lui donne ensuite les adresses de praticiens que je connais afin qu'elle prenne rendez-vous pour sa fille. L'entretien touche à sa fin, elle me remercie et me dit qu'elle est contente qu'on lui ait donné mes coordonnées. Elle me promet de me tenir au courant. Je la salue et serre la main à sa fille qui est toujours plongée dans sa mélancolie et doit à peine savoir qui je suis ou ce dont on a parlé une demie-heure avant.

Je n'avais encore jamais reçu quelqu'un d'aussi gravement atteint. J'ai eu l'impression de me taper les urgences ! Je ne porte pas les laboratoires pharmaceutiques dans mon cœur, mais je crois que je déteste encore plus ceux qui s'en méfie à un tel point qu'il mette la vie de leurs proches en danger !

23 mars, 2014

Démocratie, élections et affirmation de soi !



Bon dans mon patelin, ce sont trois listes socialistes qui se présentent. Il y a ceux d'ultra-gauche, alliés aux écologistes. Leur programme est simple puisqu'il s'agit de faire payer les riches et les un-peu-moins-riches pour engager la cité dans un développement durable et solidaire. C'est marrant parce que sur cette liste, il y a un de mes voisins qui possède pourtant un gros break allemand et une piscine chauffée. Ceci dit il est plutôt sympa et il m'a donné plein d'iris voici quelques années. Mais bon, je ne me laisserai pas acheter pour quelques rhizomes offerts et je déteste le vélo.

Il y a ensuite les vrais socialistes menés par un jeune diplômé de Sciences-Po assez caricatural. Je le connais un peu mais l'écouter est assez drôle. On sent déjà, bien qu'ils soit tout juste trentenaire, qu'il est fait pour la politique professionnelle. Bien qu'il n'ait pas à proprement parler d'idées originales, il y a des gens qui disent de lui qu'il est très intelligent. C'est vrai qu'il l'est comme tous les bons escrocs. Je ne le connais pas assez pour savoir s'il croit ce qu'il dit ou pas. Je lui laisserai le bénéfice du doute mais il n'aura évidemment pas ma voix.

Viennent ensuite les socialistes de droite, menés par un type qui grenouille dans tout un tas d'organismes dans lesquels il travaillotte vaguement. Une fois, on a calculé qu'entre son salaire de maire adjoint et les différents revenus qu'il touchait par ailleurs, il se faisait huit-mille euros par mois sans aucune responsabilité. C'est amusant car comme il est de droite, il est encensé par tous les gens travailleurs qui en ont marre qu'on leur prenne des impôts pour en faire n'importe quoi. C'est un peu le syndrome du cambrioleur qui viendrait vous vendre un système d'alarme. De plus comme tous ces imbéciles de droite, il subit le magistère moral de la gauche alors je sais qu'il fera une politique de gauche mâtinée d'écologisme. Quel intérêt de le faire élire ?

Je sais donc que le candidat quel qu'il soit va augmenter les dépenses, la dette et la fiscalité. Que pour justifier son action, il voudra contrôler ma vie, faire mon bien malgré moi et donc faire reculer les libertés publiques chaque jour un peu plus en augmentant le nombre de règles à respecter. Quoique je fasse, une fois déposé mon bulletin dans l'urne - quel joli mot - je sais que je serai trahi. Durant six années, les élus feront ce qu'ils veulent et je n'aurais jamais les moyens de les en empêcher.

Moi, j'aurais bien voté pour celui qui aurait dit aux gens de s'assumer un peu et de ne pas tout attendre de la collectivité. Qui aurait souligné les bienfaits de l'entraide et de l'initiative privée, sans qu'il ne soit nécessaire de mettre en place des politiques publiques. Mais bon, comme le clientélisme est la base des élections, cela ne risque pas d'arriver.

Le plus amusant c'est que j'aie encouragé deux de mes patients à figurer sur une liste. Mais bon, c'était plus dans le cadre thérapeutique d'un entrainement à l'affirmation de soi que pour des raisons légitimes. Dans la mesure où la parité oblige les listes à observer une stricte mixité, autant en profiter. Serrer des mains sur les marchés, mentir aux électeurs, distribuer des tracts, parler en public, autant d'activités qui permettent in situ de s'affirmer. C'est un peu ce que propose cet organisme mais avec de vrais objectifs en plus.

Accomplir mon devoir électoral m'enthousiasme vraiment ! Bon peut-être qu'au dos du bulletin j'écrirai 'Vends Jaguar XJ6, 42 000kms, excellent état". Autant que mon vote me soit directement utile.

Addendum : finalement ce petit socialiste de Lapinou est passé et j'ai préféré rester chez moi à papoter. Je ne suis pas allé voter. J'appartiens donc au premier parti de France !

22 mars, 2014

Où l'on me compare à sa mère !


Comme tous les mecs, j'aime à songer que je peux incarner différents personnages tels le sage, le guerrier, l'homme d'expérience, l'expert, le malin-à-qui-on-ne-la-fait-pas ! J'aime à imaginer que mes patients peuvent projeter toutes ces images sur mon auguste personne. 

A vrai dire, je n'y pense pas vraiment ! Je ne suis pas en train de me demander ce que j'inspire. Je ne suis pas narcissique à ce point ! Mais je me dis que s'ils devaient projeter sur moi une image, qu'il leur vienne à l'idée de bricoler, à leur corps défendant un quelconque transfert, je préférerais être investi d'un rôle d'autorité valorisant que de passer pour la couille-molle de service. C'est humain non ?

Voici donc que la semaine passée tandis que je recevais une jeune demoiselle au caractère impétueux et à la volonté farouche, elle se met à m'expliquer qu'elle sait que je n'aime pas la psychanalyse mais que ... Gentiment mais fermement, je la coupe en lui expliquant que comme elle sait que je n'aime pas la psychanalyse, elle ne va pas en faire. Sinon ce serait comme me dire qu'elle sait que je n'aime pas le poisson mais que celui qu'elle vient de me cuisiner, je vais adorer !

Je n'aime ni la psychanalyse ni le poisson ! Je n'userai jamais ni la méridienne d'un confrère ni de concepts abstraits, pas plus que je n'attenterai aux ressources pélagiques de la planète ! En revanche, pour ceux que cela intéresse, je pourrais m'attaquer aux zones démersales, puisque que j'aime les fruits de mer.

De toute manière, les patients sont un peu prévisibles et je savais ce qu'elle allait me dire en usant de concepts psychanalytiques éculés. J'ai pris le principe de dire que de toute manière, c'est de la faute des parents, que ce soit génétique ou psychologique. Et à moins que les parents soient responsables d'un traumatisme grave et clairement identifié, cela me saoule d'écouter un trentenaire me parler de papa et de maman. La palme de l'ennui revenant à ceux qui me disent que dans leur famille on ne se disait jamais que l'on s'aimait !

Bref plutôt que d'encourager uen cataracte de considérations pseudo-pscyhanalytiques qui n'auraient pas fait avancer le schmilblick, j'ai préféré couper court. Sur ma plaque à l'entrée de l'immeuble, c'est écrit "thérapies comportementales et cognitives" alors à quoi bon me parler de psychanalyse ? Autant aller chercher sa viande chez un cordonnier ou un écologiste chez Areva. Faut être un peu logique !

Et comme elle me semblait penaude et un peu interdite, je lui ai dit que cela ne servait à rien de me parler d'analyse. Que je comprenais ses rapports avec son papa mais qu'à son âge, il fallait aussi penser ici et maintenant. Et comme j'étais en verve, j'ai poursuivi en lui expliquant qu'elle était très jolie, extrêmement brillante et terriblement cultivée mais qu'elle n'en était pas moins une emmerdeuse patentée comme j'en voyais rarement. 

J'ai alors enchainé mes droites-gauches en lui expliquant qu'elle n'était pas égoïste mais égocentrique à l'extrême. Et que même lorsqu'elle daignait parler des autres, il fallait qu'elle ramène tout à elle ! Et que même si elle avait des côtés extrêmement attachants, elle n'en restait pas moins une tragédienne horripilante ! Elle semblait un peu abasourdie et j'en ai profité pour la surnommer Phèdre. 

Enfin, je constate que l'on a raison de dire que les béliers sont dynamiques, déterminés, impatients, impulsifs, égocentriques, entreprenants, irréfléchis, obstinés, agressifs, aventureux, nerveux et dominateurs ! Les bélières aussi ! Mais bon, quelle que soit leur puissance, elle se fracassera sur les murailles du capricornes que je suis. A défaut d'être offensif, je suis bon en défense. Alors jeme suis contenté de balancer mes scuds planqué derrière mes murailles.

Là, cela l'a un peu énervée parce qu'elle m'a dit détester les comédiennes. Ce à quoi j'ai répondu que puisqu'elle voulait faire de la psychanalyse, je lui proposais alors l'intéressant concept de psychologie analytique développé par Jung et traitant de l'ombre qui consiste à s'intéresser aussi à ce que l'on ignore en soi. L'ombre n'est pas ce qui est imparfait mais simplement ce qui rend compte de sa totalité psychique. Elle est souvent projetée dans des conflits. Elle est ces gens auxquels on reproche les défauts par peur de les reconnaitre aussi en soi.

Bon, nous n'avons pas autant creusé le concept mais je lui ai juste dit de se reporter à Wikipédia pour connaitre les concepts d'ombre et d'animus, même s'il n'est pas interdit de lire Carl-Gustav dans le texte. En tout cas, elle était calmée et c'était plutôt bien. Parce que la comédie c'est vraiment usant. Surtout pour un type qui comme moi déteste le théâtre ! Mais comme elle est intelligente et sympa, mon discours est bien passé. Bref, la séance a pris fin, elle m'a payé (important) et elle est partie.

Et voici que le soir venu, tandis qu'à près de vingt-deux heures, j'étais encore en train de travailler, je reçois de sa part un SMS, m'expliquant que j'étais "un sacré mec". Là, j'étais flatté parce que se faire traiter de "sacré mec" par une jolie brunette c'est agréable. Mais voici que dans la suite du SMS, elle rajoute que je lui ai parlé comme sa mère mais que moi elle m'écoute !

Voilà donc le drame de ma vie. J'éructe, je m'enfle, je tance, je gueule, je morigène, je hausse le ton et voici que je passe tout de même pour une mère qu'on écoute ! Ma vie est vraiment un sacerdoce !

Enfin comme j'ai tout de même réussi à coller pélagique et démersale dans mon article et ce n'est pas rien d'aborder la biologie marine quand on a comme moi, un blog censé ne traiter que de psychologie.

17 mars, 2014

Les petites soldates !


Est-ce le temps, est-ce la saison ? Toujours est-il que je viens de recevoir un stock de braves petites soldates. Toutes taillées sur le même modèle ! Bachelières deux ans si ce n'est trois avant la date convenue, issues des classes préparatoires, puis diplômées de grandes écoles, ou encore de l'université, issues d'excellents milieux, telles sont mes braves petites soldates !

Lorsque je les écoute me réciter leur pédigrée, j'en ai le tournis. Je me sens alors vaguement coupable et les efforts qu'elles ont déployés depuis leur plus jeune âge pour être les meilleures me donnent le tournis. Je ne savais même pas qu'on pouvait autant persévérer et réussir ! J'ai l'impression d'être un brave percheron écoutant les exploits de juments de courses ! A elles le Prix de Diane, à moi la pâture dans un champ.

Lorsqu'on les observe, on ne se demande plus pourquoi les femmes cartonnent aux concours administratifs. Que ce soit dans la magistrature, la police, l'enseignement, la médecine, elles sont partout, trustant toutes les meilleures places et nous laissant leurs restes. Encore quelques dizaines d'années et nous vivrons dans un gynécée gigantesque, n'occupant plus que des emplois médiocres soumis à leurs désirs de perfection, à leurs contingences et à leurs lois.

Bien sur, je n'en crois rien ! Je fais exprès d’imaginer un pareil avenir alors que je sais qu'il n'aura jamais lieu si ce n'est dans les livres de sciences-fiction ou plus exactement dans une dystopie. Parce que dussè-je passer pour un vieux con, un sombre salaud ou ce qu'il plaira d’imaginer à mon sujet, je sais que nous sommes différents. Et même si à la marge, je ne conteste pas qu'il puisse exister des femmes très phalliques, le grand mot est lâché, et des hommes sans aucune ambition, ce n'est pas la majorité de l'espèce.

Tandis que l'écrasante majorité des hommes, moi y compris, ne cesse d'entrer en compétition, c'est plus rarement le cas des femmes. Un jour, mon épouse qui n'est pas pourtant une petite chose, m'avait révélé que cela l'amusait de me voir avec mes amis. Tandis que je revendique une sensibilité hors du commun qui me fait dire parfois que j'ai une jeune fille qui vit en moi, une coconne avec des macarons et une robe à smocks, il n'en reste pas moins que plongé dans un monde d'hommes, je dois la ramener et ouvrir ma grande bouche. 

J'ai beau détester le sport et la compétition en général, très bien m’entendre avec les femmes, je dois avouer que je ne suis pour autant pas un gros nounours, je secrète vingt à quarante fois de testostérone qu'une femme. C'est donc ce qui avait marqué mon épouse, que mes amis et moi, nous puissions nous envoyer des scuds dans la face alors que nous nous entendons fort bien. En gros, c'est à celui qui atomisera l'autre fut-ce sur le ton de la plaisanterie. C'est même tellement vrai que j'ai déjà vu Lapinou, pourtant gaulé comme une crevette, s'en prendre au massif Gringeot. Même ce petit con, gorgé de testostérone comme un jeune coq, ose nous prendre de haut et de face ! C'est ainsi, c'est endocrinien.

D'ailleurs, même chez mes chers petits patients, pourtant sensibles comme des jeunes filles et délicats comme des primevères venant d'éclore, c'est la même chose. Ils ne se plaignent pas de leur sensibilité mais ils voudraient mieux la vivre. Ce qui les ennuie, c'est de manquer de virilité. Ils ont beau avoir tous les attributs, poils et testicules, ils aimeraient eux aussi pénétrer ce vaste monde d'un ample coup de bassin comme le fait le Gringeot. 

Ils ont beau être ingénieurs, médecins, pharmaciens, que sais-je encore, s'abriter pour un moment derrière leurs titres et leur culture, voire leur argent pour certains, ils rêvent pourtant de se battre comme des chiffonniers, de se bourrer la gueule à la bière et de choper des gonzesses. C'est sans doute un peu réducteur de dire cela mais cette putain de testostérone est là. Gratter la sensibilité et la culture d'un mec et derrière vous aurez toujours un barbare.

C'est justement la différence de mes petites soldates qui, bien qu'étant à leur manière dotées d'un pôle masculin affirmé, ce que Jung appelait un animus, n'en restent pas moins des femmes. Et croyez le ou non, dès que l'on gratte un peu, qu'on écoute leurs histoires, il y a toujours un mec derrière. Au d"part, il y asouvent papa pour l'amour duquel on a voulu être une petite fille modèle doublée d'une redoutable intellectuelle ou scientifique ! Papa à qui l'on a voulu montrer qu'en plus d'être la plus jolie, on était la plus intelligente.

A vrai dire mes petites soldates, bien que fort jolies, se soucient peu de leur féminité. Elles se sont surtout axée sur l'intellect. Elles s'en fichaient un peu d'être les plus jolies. Ayant souvent joué le rôle de garçon par défaut, celle sur qui reposent tous les espoirs, qu'elles soient fille unique ou bien que leur(s) frère(s) n'ait pas rempli le contrat consistant à continuer la dynastie, et les voici surinvestissant leur pôle masculin.

Et comme des réacteurs qui seraient perpétuellement en post-combustion pour assurer toujours plus de puissance au décollage, les voici toutes parvenues à un moment de leur vie où elles s'interrogent. Quid de leur carrière ? Quid de leurs ambitions dont elles se prévalaient pourtant. Il n'en reste rien. N'ayant jamais séduit papa, elles peinent à trouver un type bien. Faisant un peu peur aux hommes, lles se contentent souvent d'un type fade et mou, à moins qu'elle ne doivent endurer un de ces types sensibles qui leur conviendraient parfaitement, s'il n'avait pas le malheur d'être comme elles mais à l'inverse, confronté à son pôle féminin dans lequel il se perd. 

Les voici donc, les pauvrettes, parées de leurs diplômes et auréolées de leurs succès, échouées sur les rivages de l'amour. C'est beau non comme image ? C'est ainsi que fatiguées par tant d'années passées au front, lassées de victoires qui n'en sont pas à leurs yeux, elles viennent me voir, percluses d'angoisses, se demandant ce qu'elles vont bien pouvoir faire de leur vie. Papa n'est toujours pas séduit ou du moins il ne le montre pas et l'homme de leur vie n'est pas celui dont elles rêvaient.

Bref tandis que mes petits gars sensibles rêvent d'accéder au monde pour avoir la femme, mes petites soldates rêvent d'accéder à l'homme pour avoir une place dans le monde. A notre époque, cela apparait terriblement sexiste comme remarque, et cela doit bien tomber sous le coup d'une loi quelconque, mais c'est ce que j'observe chez mes petites soldates. Et pourtant, elles ne sont pas tendres avec moi. Elles me challengent sans cesse, ne cessant de me confronter à une obligation de résultat que la loi ne m'oblige pourtant pas à avoir. 

Façonnée par les auto-injonctions telles que "il faut que" ou "je dois, elles projettent leur besoin d'excellence sur moi. Il faudrait que tout soit réglé en deux temps trois mouvements, c'est tout juste si elles ne me demandent pas à faire des exercices à la maison, en bonnes élèves et parfaites petites soldates qu'elles sont. Alors je recommande Sénèque ou Epictète, ça permet de lâcher prise. 

Mais rien de plus parce que justement, je voudrais qu'elles détèlent un peu, prennent la vie différemment et cessent d'être au front pour bénéficier d'une permission bien méritée. Qu'elle fassent le deuil de cette relation infantile qu'elles ont avec papa pour tenter d'en renouer une plus épanouie et mature. Qu'elle se souviennent qu'une femme de tête c'est magnifique pourvu qu'elle n'en oublie pas d'être femme d'abord. Parce que sinon, l'animus mal réglé, c'est très pénible, ça fait des machines à débiter des opinions tranchées et sans appel, ça lasse même le plus gentil des mecs. 

Non qu'un homme ne puisse être contesté bien sur, mais simplement qu'un débat soit plus sympathique qu'une oukase. Surtout que cet animus, lorsqu'il s'enfle, gonfle et prend toute la place de la psyché a toujours du mal à perdurer. Alors de temps en temps, la guerrière s'écroule et laisse place à une petite fille paumée, pantelante et sans défense. On ne sait plus sur quel pied danser, pas plus qu'elle ceci dit. 

C'est dans ces moments là que mes petites soldates me confient qu'elles adoreraient être malade pour de bon, ou avoir un truc grave, qu'on voie enfin leur fragilité. De toute manière, leur stress est tel qu'elles décompensent souvent et somatisent ! Une autre m'a un jour confié qu'elle achetait des chaussures à talons qu'elle n'osait pas porter. C'est sur, dès fois qu'on la prenne pour une fille et qu'on lui colle le stéréotype de la pauvre petite chose fragile !

Enfin, quels que soient l'ampleur des symptômes, tout cela n'est pas si grave. Et je ne nie pas leur souffrance, je ne m'alarme pas pour autant. Les plus atteintes vont d'abord chez leur médecin préféré faire une cure d'ISRSNA et d'anxiolytiques avant de venir me voir. Parce que quand le touy dégénère en dépression anxieuse, il y a toujours un risque suicidaire. Et le pire c'est qu'elles en seraient capables ! Dépitées d'avoir déçues papa en n'étant pas les guerrières de leurs rêves, elles préféreraient mourir que d'apprendre à mieux vivre. Alors je fais attention tout de même.

Et puis après, cela se passe bien. On apprend à se connaitre. Elle mes tapent un peu dessus, exigent, s'agacent mais comme je suis doué en défense et que mes murailles sont inaccessibles, je n'en meurs pas. Lassées, elles finissent par m'avouer leurs failles comme autant de péchés honteux. Récemment l'une d'elle n'osait pas aller à une conférence toute seule, alors qu'elle n'hésite pas, lorsque je tergiverse et tente d'atténuer ses prises de positions radicales, à me traiter de gay ! 

Mais bon, au final, on en rit, on améliore ce que l'on peut, on apprend à vivre avec le reste et on s'humanise. Et on s'aperçoit que la vie loin d'être le concours de Normale sup' n'est pas si compliquée que cela !

15 mars, 2014

Horreur et effroi !


Moi qui suis né sous De Gaulle, j'ai des souvenirs que les jouvenceaux n'auront jamais ! Ainsi, qui se souvient encore du présentateur vedette du JT de l'époque, Roger Gicquel ? Un très grand professionnel qui avait alors la réputation d'être tellement sinistre et austère que Coluche disait de lui, que lorsqu'il annonçait une catastrophe aérienne, on avait l'impression que l'avion était tombé sur ses pompes. C'est en 1976, à l'occasion de l'assassinat de Philippe Bertrand par Patrick Henri qu'il avait prononcé cette célèbre phrase : la France a peur !

C'est une phrase à laquelle je n'avais jamais repensé. Et pourtant, Mercredi matin, tandis que je prenais mon café en regardant les nouvelles sur BFM avant d'affronter ma dure journée de travail, j'ai repensé à Gicquel et à cette phrase fameuse. 

Là, sous mes yeux ébahis, tandis que je trempais mes lèvres dans mon café tout droit sorti de ma Nespresso rutilante, la carte de la France s'affichait presque entièrement maculée de rouge sang. La couleur dénonçant clairement une catastrophe de grande ampleur en cours, je me demandais ce qui se passait. 

J'ai d'abord imaginé que Poutine lassé des pitreries de Flamby et Fafa avait balancé une bombe sur le pays et que ce rouge symbolisait le nuage radioactif s'étendant sur le France. Je me suis alors dit que c'était vraiment trop bête de mourir pour la Crimée. L'image était saisissante. Cette énorme tâche rouge vif, comme si l'on avait égorgé un monceau de porcs dans les Flandres et que leur sang se soit étalé, telle une marée grasse et visqueuse, tout juste arrêtée aux limites du Massif central.

Bien sur, en dessous de la carte, la légende m'a bien vite renseigné et j'ai su que ce n'était ni la faute de Vladimir et encore moins un sacrifice de porcs mais simplement la terrible, que dis-je, l'atroce pollution atmosphérique qui venait de nous frapper parce qu'il faisait trop beau. Je ne saurais expliquer pourquoi parce que je n'ai pas écouté les explications scientifiques. De toute manière, je m'en fous de la pollution atmosphérique.

De toute manière, la carte montrait clairement que la pollution était corrélée à l'activité humaine. Partout où il n'y a pas d'activités, où les villages se vident, il n'y a pas de pollution. Donc, à part tuer les habitants, fermer les rares usines qui restent et retourner à l'âge de pierre, je ne vois pas bien ce que l'on pourrait faire.

Je devais partir et c'était bien dommage parce que j'ai imaginé qu'on allait successivement avoir droit à un pneumologue, sérieux et le nez chaussé de besicles, pour nous expliquer doctement que des tas de bébés et de vieillards allaient mourir de suffocation tandis que les asthmatiques étaient priés de rester chez eux sous peine de voir l'effet de leur Ventoline totalement annihilé par ce nuage de particules.

Viendraient ensuite la cohorte de témoignages ! D'abord, tous les infirmes des bronches ou supposés tels, qui viendraient nous expliquer combien ils souffrent. Ce qui me ferait penser qu'il faut à tout prix rouvrir les sanatoriums pour ces grands malades que l'on ne peut décemment pas laisser vivre dans l'enfer d'une grande ville. 

Ce serait ensuite le tour des automobilistes interrogés par une journaliste culpabilisante demandant à ces salauds s'ils n'ont pas honte de prendre leur voiture en risquant ainsi de tuer des tas de gens avec les gaz d'échappement. On verrait alors le visage déconfit de ces quidams, comme des enfants pris la main dans le pot de confiture, se justifiant d'avoir pris leur voiture. Mais pas un ne répondrait à la journaliste d'aller se faire foutre en lui demandant si elle n'a pas honte, elle, d'avoir des avantages fiscaux que les autres n'ont pas.

Et puis comme j'ai un travail et des gens à aller voir, je suis parti. Je suis monté sur ma vieille Honda pour aller jusqu'à la gare et là, prendre mon RER poussif. Je n'ai pas senti une nette différence de qualité de l'air et j'ai bien respiré. Je me suis juste dit que c'était infernal de vivre dans un pays où l'état de comporte comme une mère perpétuellement inquiète et anxieuse.

Et pire encore qu'une mère anxieuse, comme ces mères que l'on qualifiait auparavant de mère de schizophrènes, celles qui ne cessent d'utiliser la double contrainte, qui voudraient bien que l'on s'émancipe et s'autonomise en même temps qu'elles font tout pour que l'on reste dans leur giron.

L'état est devenu comme cela, comme une mère névrosée, qui vous pousse à créer de la richesse pour créer de l'emploi juste avant de vous traiter de salaud pour le mal que vous faites à la planète !

14 mars, 2014

Où je joue au Dr Freud et parle de phallus !




Bon chacun le sait ici, la psychanalyse m'emmerde et elle n'est pas du tout ma tasse de thé ! Mais bon, moi qui me considère comme un maçon de la psychologie, un simple mec capable de monter des murs, de construire un bâtiment solide, je peux tout de même donner le change et parler comme un psychanalyste. Jargonner n'est pas utile avec les patients mais sorti du cabinet, c'est chouette parce que ça fait tout de suite intelligent, dans le genre du type qui manipule des concepts vachement compliqués et qui connaitrait même les secrets de la vie et de la mort.


En plus pendant que vous débitez vos conneries, il suffit de ne pas sourire et de plisser les yeux et ça donne tout de suite un air pénétré et pénétrant, l'air de celui à qui on ne la fait pas et qui a déjà tout deviné de l'inconscient de son interlocuteur. Bref vous l'aurez deviné puisque la psychanalyse tourne autour de cela, on va parler de phallus, c'est à dire de bite pour ceux qui n'auraient pas fait grec ancien. Parce que c'est ainsi, ce n'est pas parce que j'ai moi-même fait grec et latin que je dois m'abstenir de m'adresser aussi aux gens moins doués !

C'est lors de la rédaction d'un article consacré à événement Mettez du rouge que je m'interrogeais sur la dualité que je constatais entre les menées féministes publiques et ce que je pouvais constater dans l'intimité feutrée de mon cabinet. Tandis que comme tout un chacun, je subis les attaques incessantes anti-hommes menées dans les magazines ou les pouvoirs publics, j'observe pourtant que mes chères patients n'en veulent pas aux hommes et sont loin d'être des pétroleuses. 

Et pourtant, il s'agit majoritairement de jeunes femmes diplômées et exerçant un travail et totalement indépendantes. Les deux tiers sont diplômées de l'enseignement littéraire et le tiers restant du scientifique. Mais qu'elles soient issues de Khâgne ou ait fait Math' Sup, je ne distingue jamais de récriminations dans leurs propos. Les reproches lorsqu'ils existent, sont adressés à un homme en particulier et non à l'ensemble. Et lorsqu'elles s'en prennent aux hommes pour fustiger notre travers, c'est toujours dit sur le ton de la plaisanterie.

C'est vrai que les gauchistes ne sont pas nombreuses à venir me consulter. Mais même celles-ci sont dans le même état d'esprit. Et si je ne doute pas qu'elles soient ravies de posséder les mêmes droits que nous, rien dans leur discours ne me permet de constater qu'elles en voudraient plus. c'est vrai que mes patients sont intelligentes et pourtant que je ne pense pas que les prises de position anti-hommes soient réellement corrélées à l'intelligence. Peut-être que dans la sphère sociale, sous l'influence du discours dominant, sont elles un peu différentes et revendicatrices ? Le féminisme tel qu'il existe aujourd'hui est peut être un égrégore qui phagocyte les individus ? Je n'en sais rien.

En revanche, j'ai noté que si toutes n'ont aucune envie d'être maltraitées, elles ne cherchent pas pour autant un homme gentil. L'homme gentil n'a pas vraiment la cote et on voudra bien dire ce que l'on veut, le mythe du chevalier réactualisé a toujours les faveurs de ces dames. L'épée, l'armure et le canasson, sont des symboles toujours vivants. Je suis d'ailleurs toujours étonné d'entendre certaines d'netre elles, parmi les plus armées, celles dont Jung aurait dit qu'elles avaient un animus positif, m'expliquer qu'elle souhaite un homme qui les domine. 

Dans le même registre, je ne compte plus celles craquant pour ce que l'on nomme les bad boys. Elle a beau dater d'avant-guerre, la chanson Mon Légionnaire et ses paroles caricaturales restent encore d'actualité. Et si ce n'est plus Gabin dans Gueule d'amour, avec son bel uniforme de spahi, qui reste la référence de ces demoiselles, le mythe survit en empruntant d'autres atours mais avec toujours les mêmes attributs masculins. Bon si au lieu d'être un médiocre psy, j'étais un brillant chercheur, je me dirais qu'il existe une dualité entre le discours social produit par le néo-cortex et éventuellement celui produit par le système limbique et ayant trait à l'espèce. 

C'est périlleux mais bon dans une perspective philo-génétique on a le droit d’imaginer qu'il existe des mâles et des femelles avec certains spécificités plus ou moins marquées. quoiqu'il en soit et là, zou je deviens freudien, le mâle phallique ayant des activités phalliques est favorisé. C'est terrible à dire mais à la grande loterie de la drague, le pilote de chasse jouit d'un avantage considérable sur le comptable. Non que le premier soit forcément mieux que le second mais que le mythe soit un peu plus représentatif de l'activité phallique. Le Rafale semble effectivement être un symbole plus phallique qu'une paire de Méphisto à semelles de crêpe !

Mais la bonne nouvelle c'est qu'il n'est pas nécessaire d'être pilote de chasse pour réussir et incarner ce mâle phallique. L'aspect phallique c'est la manière dont vous pénétrer le monde quel que soit vos projets et votre manière d'être. L'opposition entre le pilote et le comptable n'est qu'illusoire. On peut être phallique de plein de manières. On peut l'être que l'on soit porteur de projets ou non, juste dans la manière d'être face au monde, les certitudes que l'on a face à certaines choses.

Ainsi même si vous en faites rien de concret, vous pourrez vous montrer phallique en vous foutant de la gueule du pilote de Rafale en lui rappelant que depuis le temps qu'il n'y a pas eu de guerre, son statut est plus celui du fonctionnaire que du guerrier. Et s'il veut répondre, tournez lui le dos en lui disant que de toute manière, vous ne respectez que les légionnaires. Et s'il la ramène encore, expliquez lui d'ailleurs que s'il existe maintenant des femmes pilotes de chasse, la légion ne recrute pas encore de demoiselles. Là vous aurez été phallique ! 

C'est effectivement un exemple outré et s'il se trouve que j'ai des lecteurs dans une quelconque escadrille, qu'ils ne se formalisent pas de mes propos ! Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres ! Même si effectivement Cameron est resté dans les mémoires alors que l'on peine à se remémorer une bataille où l'armée de l'air se serait illustrée. Enfin, je dis ça, je dis rien moi ! Bon j'ai réussi dans un article à me brouiller encore plus définitivement avec les féministes, auxquels je rajoute les pilotes de chasse mais dans le même temps je marque des points auprès des légionnaires. Dès fois que je sois lu au 2ème REP à Calvi !

Mais pourquoi parler de tout cela me direz-vous ? Simplement parce que la semaine passée, un nouveau patient chouinait dans mon cabinet comme seuls mes patients sensibles savent le faire en maudissant sa vie qui le faisait habiter dans un quinze mètres carrés ce qui selon lui l'empêchait d'intéresser des filles. Comme j'aime dédramatiser, je lui ai d'abord dit que quinze mètres carrés déjà c'était plus facile pour le ménage parce que c'est vrai ! Et qu'en plus, mieux valait un quinze mètres carrés à soi que de coucher sous le point Alexandre III même si l'on peut y admirer de jolies statues de Frémiet.

Bref tout cela pour dire que même s'il existe des femmes vénales, je ne pense pas pour autant que les succès féminins soient corrélés au nombre de mètres carrés disponibles. Comme il avait un projet littéraire, je lui ai demandé où il en était et là, il a bafouillé et parlé de feuillets noircis, de fichiers Word à mettre en forme. Bref, il était plus dans l'intention que dans le concret, dans l'objectif. J'ai donc pu enfoncer le clou un peu plus en lui disant qu'avoir des intentions sans jamais les mettre en œuvre avait un côté garçonnet mais certainement pas phallique. Que les types qui pensaient écrire le roman ou peindre le tableau du siècle étaient légion mais que ceux qui passaient à l'acte étaient plus rares mais respectés.

Bref, peu importe ce que vous faites et où vous vivez, soyez phallique, pénétrez ce putain de monde d'un ample mouvement de bassin. Rien de pire que la loque larmoyante se lamentant sur lui-même et ou se mettant en colère contre les injustices d'un monde qui ne le comprend pas. Qu'il s'agisse de l''envie d'écrire un roman, de devenir vigile en chef ou de réaliser un herbier, peu importe votre objectif mais soyez un peu gabinesque dans votre manière d'être.

Si j'en crois ce que me confient mes charmantes patientes, si l'on révère le hipster dans les magazines, dans la vraie vie, le bourrin (un peu haut de gamme tout de même) a toutes ses chances. De la gentillesse mâtinée d’égoïsme typiquement masculin n'est pas toujours pour déplaire. Voilà c'était mon article vaguement freudien. J'ai cité le mot "phallique" douze fois en comptant celui-ci. Comme je suis né un douze janvier, ça fait qu'il doit y avoir une lourde symbolique inconsciente derrière tout cela !

Bref, cessez de vous demander pourquoi le Gringeot cartonne avec les gonzesses bien qu'il ait une culture littéraire d'un gosse du primaire et qu'il boive de la bière à la bouteille tandis que vous avez une agrégation de lettres classiques et êtes expert en champagnes ! Parce que le Gringeot fait de la moto, a des tas de projets, bref parce qu'il pénètre le monde d'un ample mouvement de bassin favorisé par des muscles fessiers en acier façonné par des années de salle de sport en ahanant comme un bucheron abattant un séquoia avec sa cognée ! 

D'avance pardon aux féministes et aux pilotes de chasse qui m'auront trouvé très con. Et vive la Légion étrangère !

Un peu de musique légère pour conclure !
(on entend légèrement la voix du Gringeot dans le chœur)

09 mars, 2014

Monarchiste (à la petite semaine) !


C'est en lisant le blog de mon jeune confrère l'ingénieur chamane que ces réminiscences sont apparues. Il parlait de monarchie et j'ai soudain eu le souvenir fugace et charmant d'une mienne aventure que je vais aussitôt vous narrer.

L'ingénieur chamane n'était encore qu'un enfançon tout juste sevré, que moi, votre serviteur, je travaillais dur dans la grande administration française. Des journées éprouvantes mobilisaient toute mon énergie entre onze heures et quinze heures trente. Toutefois, il n'était pas si rare que je quittasse le bureau tardivement à seize heures, fourbu mais avec la conscience du devoir accompli. Zoé Sheppard avec son roman Aboslument débordée semble avoir bien plus travaillé que moi malgré ce qu'elle en dit.

Il faut dire qu'environné de branleurs assez incroyables, je n'étais pas, et c'est une évidence, plongé dans un environnement propice aux exploits ni vraiment stimulé intellectuellement. Cependant, et je ne sais toujours pas si je le dois à ma grande intelligence, ou au fait que j'aie tout de même eu conscience que j'étais payé à faire quelque chose plutôt qu'à me tourner complètement les pouces, je dois avouer que ma conscience professionnelle n'a jamais été prise en défaut. 

Je fus un monteur d'opérations chevronné, un artiste de la promotion, un roi du tour de table, un illusionniste de la subvention et je dois l'avouer un type madré, doté du talent consistant à déléguer le plus ingrat de sa tâche à des subordonnés obscurs et consciencieux. Ceci dit aujourd'hui encore, lorsque je passe près d'un HLM que j'ai bâti ou bien rénové, je ne peux m'empêcher de ressentir une légitime fierté.

Je naviguais ainsi durant quelques années en dilettante assez bien payé, du moins au taux horaire compte tenu du travail fourni. Et s'il ne s'était agi que de la qualité de la vie, comptez sur moi, je serais aujourd'hui sous-préfet ou bien directeur d'une société de HLM. Hélas l'environnement professionnel m'était insupportable. Passe encore de fréquenter des branleurs, j'en suis parfois un, et ils existent dans tous les secteurs. Mais lorsque ceux-ci sont de surcroit des socialistes militants, ils deviennent de vrais fâcheux, des gens infréquentables.

Tout un chacun ayant fréquenté des gens de gauche, je parle des vrais et non des gauchistes au grand cœur un peu naïfs, sait qu'aux tréfonds de l'âme damnée de ces rouges se tapit forcément un inquisiteur ou un accusateur public. Et comme ils étaient dotés d'un flair performant pour traquer la déviance par rapport à la ligne du parti, leur sens aiguisés me désignèrent bientôt comme n'étant pas des leurs. Je ne venais pas travailler en pull, je me rasais le matin, je ne lisais pas Libé, autant de signes qui ne trompèrent pas ces fins limiers.

C'est alors qu'ils voulurent sonder mon esprit et voir ce qui se cachait en moi, quelles étaient mes idées, pour qui je votais, etc. De remarques fielleuses en manipulations perverses, ils m'encerclèrent tant et si bien que mes dénégations ne furent d'aucune utilité. J'étais dès lors désigné comme l’homme de droite ! Ils pensèrent sans doute que je militais au RPR, moi qui n'avais aucune activité politique si ce n'est d'écouter lorsque je rentrais du travail en voiture Radio Courtoisie, qui en cette époque où Internet n'existait pas me faisait l'effet d'un Radio Londres.

Mais mon travail étant bien fait, on ne put jamais rien me reprocher et ils se firent au fait que je n'étais pas vraiment des leurs. Ces immeubles, il fallait bien les réaliser et ce n'était pas ces anthropologues ou ethnologues de formation qui allaient s'en occuper. Ils déléguaient ces tâches vulgaires au juriste que j'étais à l'époque, se réservant le droit de réfléchir sur les pauvres.

Bien évidemment, j'étais quelque peu taquin et si je n'avais aucunement envie de passer pour un militant RPR que je n'étais pas, il m'amusait de leur envoyer de faux signaux afin de brouiller leur radar. C'est ainsi que je devais monarchiste sans jamais l'avouer et encore moins le clamer mais en le laissant deviner à quelques menus détails.

C'est ainsi que de temps à autre j'arborais une cravate fleurdelisée que ma hiérarchie remarquait évidemment. Et moi, de me récrier qu'on me faisait un faux procès pour uns simple cravate que j'avais choisie pour sa jolie combinaison de couleurs plutôt que pour sa symbolique. Je lisais aussi quelques livres qui ne me classaient pas vraiment à droite tout en me cataloguant évidemment comme un type curieux aux idées surannées. Et si l'on venait à me questionner, je répondais simplement que j'aimais lire, tout et n'importe quoi mais que mon seul amour était le droit.

De toute manière, mon bureau était tellement encombré de codes Dalloz ou Litec ou de Mémentos Francis Lefevbre que je donnais l'image d'un geek même si l'on ne connaissait pas encore ce mot à cette époque. Et si l'on venait à me poser une question tendancieuse, j'avais tôt fait de tout ramener au droit, promettant de me plonger dans mes grimoires afin de rendre le plus tôt possible une réponse définitive sur la question.

Une fois mon directeur s'était emporté. Ce jour là, il avait voulu me confier les grandes desseins qu'il avait pour les pauvres et m'avait choisi comme public. Je l'écoutais d'une oreille distraite et tandis qu'il s'attendait à ce que je m'esbaudisse de ses théories fumeuses, je m'étais contenté de lui dire que c'était illégal. Et là, il m'avait reproché de n'avoir que le droit à la bouche ! Je lui avais répondu que pour un juriste c'était assez normal.

C'est ainsi que juste pour les ennuyer, prétextant un problème quelconque mais sans leur avouer la raison évidente, j'avais prévenu que je ne serais pas là le matin du 21 janvier. C'était en 1993 et nous fêtions les deux cents ans du martyre de Louis XVI. Je m'étais alors rendu Place de la Concorde à la commémoration du bicentenaire. Peu avant j'étais allé chez Lachaume, le grand fleuriste de la Rue Royale afin d'y acquérir un Lys blanc. Puis comme mes petits camarades présents, j'avais jeté mon Lys sur la montagne de fleurs posée à l'endroit même où s'était élevé l’échafaud.

Je crois que même si mes convictions royalistes étaient assez tièdes, n'avoir jamais participé à un événement politique d'une telle intensité. Nous tous jeunes et fiers, nous tenant recueillis sur la place. La cérémonie était hors du temps et j'avais trouvé cela vraiment charmant. Moi qui adoré lorsque j'ai lu Le grand Meaulnes, j'avais retrouvé un peu de cette époque surannée que l'on ne voit plus que sur des photos sépias. C'était une vraie bouffée d'air pur que je prenais alors que nous vivions le second septennat de François Mitterrand.

J'étais alors rentré au bureau dans l'après-midi. Ils s'étaient douté de quelque chose mais je n'avais rien dit. J'avais aimé qu'ils aient deviné sans être pour autant surs que j'avais assisté à la commémoration. C'était du pur dandysme. J'étais jeune et je crois que si les blogs avaient existé à cette époque, j'aurais sans conteste appartenu à cette réacosphère dont on parle souvent. J'aurais moi aussi déploré l'époque dans laquelle nous vivions, appelant de mes vœux des changements me permettant de devenir le héros que je rêvais d'être.

Depuis cette époque, je crois être resté profondément monarchiste même si je ne me suis jamais appesanti sur la question. Certainement que j'aurais été légitimiste plutôt qu'Orléaniste si j'avais adhéré à une quelconque mouvement. Comme je n'aimais déjà pas les groupes, je ne m’engageai dans aucun parti ni groupuscule. Comme j'étais déjà aussi un peu anarchiste dans ma manière de penser, que j'avais déjà lu et adoré le Que-sais-je consacré à l'anarchie de droite, je me contentais de me dire que si je parvenais déjà à être seul maître après Dieu, ce serait une bonne chose.

Je flirtais à cette occasion avec tous les polémistes que je lus avidement et en profitais pour me faire une petite culture politique qui me servirait toute ma vie. Je savais dès lors que de toute manière, je ne serais jamais ni vraiment démocrate et encore moins républicain. Mon immense orgueil trouvait déjà étrange que ma voix puisse valoir celle du premier quidam venu et mon goût pour le faste trouvait que Versailles ou Notre-Dame étaient tout de même plus esthétiques qu'une MJC. Je crois malgré ces idées baroques et grandiloquentes être un brave type. De toute manière, je ne représenterai jamais aucun danger dans la mesure où mon pouvoir ne s'exerce que dans mon cabinet.

C'est ainsi que les très rares fois où je parle de mes minces convictions monarchistes, et que l'on me presse de savoir qui je verrais sur le trône de France, je me hâte de dire que je milite activement pour Philippe VII, c'est à dire moi, le règne des rois prénommés Philippe s'étant arrêté au sixième.

Je professe depuis une aversion totale pour la jalousie des gens de gauche ainsi que du dégoût pour la cupidité des gens de droite. Je rêve d'un monde empli de choses que je ne verrai jamais et cela me plait. J'aurais pu faire mienne la devise de la maison de Coucy en la trafiquant un peu : Roi ne puis, Prince ne daigne, Philippe suis. Je suis donc un monarchiste timoré, n'ayant jamais creusé le concept très profondément. Et pourtant, tout au fond de moi, même si cela peut sembler farfelu, je ne peux m'empêcher de songer que la mort de Louis XVI est la catastrophe qui a plongé la France dans le chaos. On n'assassine pas impunément un roi prêtre.

Ce 21 janvier 1993 reste donc l'acmé de mon engagement monarchiste mais je ne regrette pas de l'avoir vécu. Je garderai toujours un souvenir très ému de cette belle journée où nous et eux, les fameuses compagnies républicaines de sécurité qui nous surveillaient, étions si proches et pourtant tellement loin puisque séparés par deux siècles.

Pour les amateurs, le testament de Louis XVI est ici.

08 mars, 2014

Aristos cathos, foi et morale !


Si j'ai eu peu de people depuis que j'ai ouvert mon cabinet, en revanche je ne compte plus les aristocrates catholiques venus me confier leurs tourments. Tandis que les premiers comptaient sans doute sur des confrères médiatisés pratiquant la psychanalyse pour apaiser leurs névroses de stars, les seconds se sont contentés de ma simplicité.

Je ne compte donc plus les comtesses et comtes, marquises et marquis, barons ou duchesses venus s'épancher et se plaindre de la dureté de la vie. C'est bien simple, il me suffirait de privatiser la galerie des Glaces pour y organiser un bal capable de faire rougir le grand Louis XIV en personne. Bien sur, parmi eux, j'ai toujours distingué la noblesse d'épée de la noblesse de robe, les vieux patronymes mérovingiens sentant bon la pierre rude des donjons de ceux ayant le relent de la savonnette à vilains.

Je dois cet état de fait à un psychiatre très catholiques avec lequel j'ai collaboré et qui eu l'idée de m'envoyer un certain nombre de ses patients. Les Aymeric, Foulques, Enguerrand et autres Amaury sont légion dans mon cabinet autant que les Kevin, Jordan et Steve ailleurs. Ils sont ceci dit très sympathiques et j'ai ainsi donné à un Amury le charmant surnom de Momo tandis que je ne me suis pas privé pour expliquer à une princesse franque à la tête dure qu'elle m'emmerdait ! 

Qu'on se rassure, l'excellente éducation qu'ils ont reçue ne les prédispose pas pour autant à être aussi fragiles que la princesse au petit pois du comte. On peut taper dedans ou dessus et exiger et tout se passe bien. De toute manière, dans mon cabinet, je reste le chef et autant dire leur suzerain, je dis ce que je veux si cela me semble utile. si un jeune confrère me lit et qu'il est un peu anxieux à l'idée de recevoir un nom à particules chargé d'histoire, qu'il se rassure : l'aristo répond aussi bien au traitement que le prolo.

En revanche, s'il y a bien un problème qui se pose, c'est la religion. La plupart sont des catholiques pratiquants ce qui ne me dérange aucunement. Mais leur pratique m'apparait toujours tellement désuète qu'elle ne cesse de m'étonner. Et j'ai beau avoir fait mes études à Sainte-Marie, être baptisé et tout et tout, je sens parfois qu'il y a un fossé entre eux et moi. C'est alors que je me plais à leur rappeler que l'esprit passe avant la lettre et que leur application parfois rigide des textes me donnent à penser qu'ils sont de parfaits pharisiens. Et si cela ne suffit pas, j'aime à leur dire que leur pratique religieuse s'apparente plus à l'Islam qu'au Catholicisme dans la mesure où ils semblent convenir qu'il y a des choses haram tandis que d'autres seraient hallal. 

Il en va ainsi des histoires de fesses en général et du sexe en particulier et c'est bien dans cette catégorie de clientèle que j'ai eu des records de virginité. Les trentenaires vierges sont légion. Et bien entendu, bien que ce soit interdit, le sexe les titille toujours un peu, voire beaucoup, et Internet n'y et pas pour rien. Mais il ya la loi qui leur défend de coucher avant la mariage. Il n'y a pas de problèmes particuliers qui rendent les rapports sexuels problématiques si ce n'est ... la religion.

J'ai beau songer en rigolant sosu cape que si l'on remontait dans leur généalogie, on trouverait un certain nombre d'ancêtres dont le géniteur devait être le palefrenier plutôt que le châtelain des lieux, rien n'y fait. La réputation de trousseur de soubrettes qu'on a tant fait porter aux nobles semblent être passée de mode depuis la fin du XIXeme siècle. A croire que tous lisent les charmants opuscules rédigés par des évêques, qui connaissaient aussi bien le sexe que moi le bricolage, vendus à la Librairie Duquesne.

En matière religieuse, si l'on tentait de faire coïncider leurs croyances aux stades moraux de Kohlberg, la plupart seraient restés au stade conventionnel. On ne pratique pas parce qu'on leur a dit que c'était mal. Point barre. On en reste au respect de l'autorité et au maintien de l'ordre social que l'on ne discute pas. Le nouveau Testament n'existe plus, on revient au Dieu vengeur et pas très rigolo de l'Ancien. La réflexion éthique sur laquelle se fonde le dernier stade moral de Kohlberg est ainsi difficile à atteindre. S'agissant d'une parole divine vécue comme une loi définitive, elle ne se discute pas. Peut importe l'époque, l'âge ou autre, on respecte.

Je leur explique tout de même que coucher avec quelqu'un que l'on aime n'est pas de la licence, ni de la pornographie et encore moins de la luxure, cela reste compliqué. Car bien entendu, je ne préconise pas l’hédonisme à tout crin ni la révolution marcusienne pour tous ! Toutefois, ayant le souvenir du Confiteor qui édicte que l'on pêche en pensées, en paroles, par actions ou omissions, je leur rappelle que quelle soit leur volonté, ils l'ont dans l'os, ils sont pécheurs et puis c'est tout ! 

Je rappelle aussi à certains que la branlette sur internet est aussi un péché et que quitte à s'amuser autant le faire en vrai avec une vraie femme. Et avec des mots plus choisis, je confie aussi à certaines que se sentir "émue" au contact d'un homme est aussi une pensée impure ! Bref, il ne sert à rien de se murer dans un orgueil intransigeant et puéril, le péché est là car l'acte de chair a été consommé bien des fois et ce en l'absence de tout partenaire.

Bref je leur rappelle qu'il faut bien s'incarner et que Dieu les a créés boiteux en espérant qu'ils marchent droits ! D'ailleurs comment révérer un Dieu qui s'est lui-même incarné et refuser à ce point son corps ! C'est sans doute là le vrai péché. Et bon an mal an, je parviens ainsi à les amener dans la voie rédemptrice du couple et de la relation sexuelle.

J'espère qu'en jetant mes frêles marquises dans les bras musclés d'un homme ou mes charmants comtes contre les seins laiteux d'une donzelle, je ne fais pas le mal. Dans tous les cas, ça aura été de bonne foi. Il m'aura toujours semblé, qu'à moins d'être appelé à servir Dieu en restant chaste, nous étions fait les uns et les autres pour vivre en couple et non pour macérer dans un triste célibat subi. Et si j'ai mal agi, quand je serai mort, priez pour moi et allumez un cierge de temps en temps ! 

Demandez à Sainte Bernadette ou à Sainte Jeanne d'Arc d'intercéder pour le salut de mon âme. Je les aime bien parce qu'elles sont capricornes comme moi !