28 novembre, 2012

Marcassin !


Comme j'avais trop de travail et qu'en plus je m'adonnais à diverses lubies j'ai moins écrit. Il faut que je rattrape le retard ce qui fait que j'antidate tous mes messages. C'est un peu idiot parce qu'entre les "cas" que j'ai reçus et l'actualité, il y avait matière à rédiger pas mal de bons articles.

Comme j'ai cinq minutes devant moi mais pas assez pour rédiger un truc de fond, je publie une photo de marcassin. C'est joli un marcassin. Je ne sais pas pourquoi j'aime les marcassins, il doit y avoir une symbolique lourde de sens derrière ça.

D'ailleurs, un jour que je voulais un renseignement mais que je ne voulais pas filer mon vrai nom, j'ai rempli un formulaire sur lequel j'ai mis mon vrai prénom mais pas mon patronyme. J'ai simplement écrit "marcassin". Je venais, tel un bandit, de me créer une fausse identité, j'étais devenu Philippe Marcassin. C'est totalement con parce que cela ne semble pas très réaliste. Mais bon allez savoir ! Peut-être que lors de l'occupation, si j'avais eu le courage d'entrer dans la résistance, ce serait devenu mon nom de code ou le nom de mon réseau. Je serais rentré dans les livres d'histoire sous le nom de "colonel Marcassin" ou bien de responsable du célèbre réseau Marcassin qui avait infligé tant de torts aux boches.

Plus prosaïquement, après voir fait cela, j'ai reçu un courrier. C'est toujours mon épouse qui ouvre la boîte aux lettres vu que je suis trop feignant pour le faire et bien trop anxieux pour me trouver nez à nez avec un avis de recommandé, qui pour moi est forcément annonciateur d'une terrible nouvelle prête à anéantir le fragile édifice de ma vie.

Comme mon épouse me connait bien, loin de se demander qui était donc ce mystérieux Philippe Marcassin qui habitait curieusement à la même adresse que nous, elles s'est contentée de me donner l'enveloppe en me disant : "tiens tu as reçu du courrier".

C'est sympa d'avoir une épouse qui ne vous prend pas pour un dingue quand vous recevez du courrier au nom de Marcassin, ça rend la vie plus facile, on n'est pas toujours obligé de se justifier pour prouver qu'on n'est pas fou.

Sinon, i vous voulez m'écrire, c'est toujours à pa6712@yahoo.fr. Il faudra un jour que j'insère une balise HTML sur le côté de la page pour que ce mail y figure.

Je le ferai ... un jour.

Signé : Philippe Marcassin

21 novembre, 2012

Ethnologie !


Comme je suis un bon gendre et que ma belle-mère n'est pas une emmerdeuse patentée, j'accepte de l’accueillir chez moi pour un deux mois d'hiver. Alors mon épouse et moi, nous sommes parti cette fin novembre pour aller la chercher là-bas dans les montagnes corses.

On arrive à Bastia ou je prends possession de ma voiture de location qui sera cette fois une Peugeot 308 HDI. Alors là, je suis stupéfait, cette caisse ne ressemble à rien du tout, c'est à se demander si ce n'est pas un stagiaire qui l'a dessinée dans son coin. Elle est informe, elle possède des courbes molles et un gros cul et elle est tellement passe-partout que quand je la gare, je la repère bien plus par sa couleur que par sa forme. Putain et après ces ânes de Peugeot, s'étonnent de ne rien vendre ! Il faudrait renouer avec Pininfarina pour le desing les gars parce que manifestement vous ne possédez pas les compétences internes.

En revanche, rien à dire côté moteur, parce que le HDI envoie vraiment. Ce qui est bien pratique vu qu'en Corse, les limitations de vitesse ne soient pas encore entrées dans les moeurs. C'est ainsi qu'ont peut prendre les belles courbes de la RN193 à fond et même faire de jolies pointes de vitesse sur les rares lignes droites pour voir ce que la voiture a sous le capot. Bon, il y a bien des radars comme chez nous sur le continent mais ils ne marchent pas. Sans doute que la chevrotine qu'ils ont reçue a durablement affecté l'électronique sensible dont ils sont pourvus. 

Bref, vous pouvez passer à cent-soixante sur une route limitée à quatre-vingt dix sans danger de vous faire flasher. Quant à la possibilité d'un contrôle routier, même si je ne suis pas spécialiste de la Corse, cela me semble rare parce que là-bas le pandore a un peu peur du local. Disons que pour l'ethnologue en herbe que je suis, on constate assez vite en prenant la route qu'il existe une sorte de libéralisme acharné dans la manière de rouler dont la limite vous appartient. Ça m'a rappelé mes jeunes années quand on pouvait faire un Paris Deauville à 180 de moyenne sans aucun risque de se faire chopper. C'était avant les années Sarkozy !

Ensuite, on arrive à Ponte-Leccia où l'on fait les courses au Super U. Bon, moi je n'y connais rien alors je sous-traite à mon épouse tandis que je vais poser un cul dans un café local. Je m'achète Corse-Matin pour faire couleur locale et je me prends un double express. Il fait très beau, le ciel est bleu et la température de vingt degrés. Je suis en terrasse, j'y suis habitué depuis les lois interdisant de fumer qui font que je suis devenu comme un chien qu'on doit laisser dehors. Toutefois, comme en matière de limitation de vitesse, je m'aperçois qu'en Corse, la loi anti-tabac n'est pas encore bien passée dans les mœurs à moins qu'il n'ait pas encore reçu le journal officiel, puisque dans le rade, tout le monde fume tranquillement. En discutant avec quelqu'un à Corte, je crois comprendre que c'est un peu laissé à l'appréciation du patron du bar ; s'il fume vous pouvez fumer, s'il vient d'arrêter alors personne ne fume. On sait qui est le tôlier.

Il y a bien une voiture de gendarmerie qui passe mais manifestement les pandores ont d'autres chats à fouetter ou tiennent à leur gendarmerie parce que pas un ne dira quoi que ce soit. Je pense en souriant aux deux clowns-ministres, Valls et Taubira, venus faire leur show en Corse en demandant à la population de collaborer avec l'état ! Et bien les mecs il y a du boulot parce que manifestement, l'état et la loi républicaine, ils l'emmerdent. Même si bien sur je me hâte de dire que rouler trop vite et fumer ce n'est pas bien, je ne peux m'empêcher de me dire que vivre dans un coin où l'on méprise à ce point l'état n'est pas désagréable. Cela ne veut pas dire qu'on soit pour autant chez des dangereux puisque la criminalité est très faible en Corse. A moins de tripatouiller dans des affaires peu claires, vous avez plus de chance de vivre vieux sur l'ile de beauté que sur le continent.Il y a bien des cambriolages mais les atteintes aux personnes sont presque inexistantes. 

Pour se faire agresser en Corse, il faut avoir provoqué le local en remettant en cause son mode de vie. Parce que si vous ouvrez votre gueule au Québec par exemple pour faire une remarque, vous risque de vous faire traiter de maudit français tandis qu'en Corse, vous risquez surtout la main dans la gueule ou le calibre contre la tempe, selon l'humeur de votre contradicteur. Mais comme c'est un fait culturel connu, je ne crois pas que quiconque ayant visité la Corse se soit permis une seule remarque désobligeante à l'encontre de leur charmant folklore.

Et puis une fois les courses faites et Corse-matin lu, c'est la route pour Asco et là tout change. C'est un peu la route de tous les dangers. D'abord les habitants du crus vous souhaitent la bienvenue avec des panneaux délicatement festonnés à coups de fusils et puis ensuite il va falloir faire attention aux vaches. Certes vous pouvez continuer à rouler comme un con mais vous devez à tout prix vous souvenir qu'en Corse, un peu comme en Inde, la vache est sacrée et qu'elle vaque librement ou bon lui semble et même au milieu de la route où elle peut parfois s'allonger pour se reposer.

Et là, comme j'ai une corse dans ma voiture, pas question de pester et de dire "putain quelle bande de cons, ils peuvent pas les foutre dans des prés fermés leurs vaches" ! Parce que cela me vaudrait un regard noir de la part de mon épouse pour qui les pires bizarreries que l'on observe en Corse sont avant tout des particularismes culturels et rien d'autres. Les vaches au milieu de la route ? On a toujours fait comme ça, la vache est un animal libre comme le peuple corse ! On se descend à coups de calibres ? La Corse est une terre de violence marquée par l'empreinte des bandits d'honneurs, ça a toujours été comme ça ! Ils n'auraient pas pu foutre des rembardes de sécurité sur la route des gorges ? Il faut avoir l'habitude après on n'a plus peur de verser dans le ravin, la route a toujours été comme ça. Bref la Corse est une endroit où l'on pratique éventuellement l'assimilation mais où vous n'avez pas intérêt à ouvrir votre gueule. Alors je me concentre sur la conduite pour ne pas heurter une vache.

Et là, j'ai vachement besoin d'être concentré parce que la route des gorges est certes très jolie mais aussi abominablement dangereuse puisqu'elle court sur douze kilomètres bordée d'un précipice au fond duquel cascade l'Asco. En plus, il ne se serait pas agi de faire une route trop large parce qu'on n'est pas dans les Alpes ici ! Non, on a du mal à se croiser et on se dit qu'entre les vaches qu'on risque de rencontrer et le fou furieux qui prend la route à toute vitesse que l'on risque de croiser, il faut se concentrer et serrer les miches. Pour le coup, j'ai l'impression d'être Charles Vanel dans Le salaire de la peur !

Ca grimpe, ça tourne dans tous le sens, on n'en voit pas le bout mais on arrive enfin au village duquel semble s'être inspiré Goscinny et Uderzo quand ils ont écrit Astérix en Corse. Pour le coup, si je voulais être un peu pompeux, je vous dirais qu'on entre dans un univers minéral. La vallée, c'est du maquis et la forêt ne pousse que plus haut. Ou que portent les yeux, c'est gris et bruns et les maisons de pierres se détachent à grand peine de cette toile de fond. De toute manière, apr!s la route s'arrêête et l'horizon est barré par le Monte cinto, le plus haut sommet de Corse.

Surtout que les locaux n'ont pas donné beaucoup dans la couleur. Ici, ce n'est pas l'Alsace ! Les géraniums ne poussent pas sur les balconnières et les volets sont à peu près uniformément couleur bois. D'ailleurs, une fois j'avais émis l'idée de repeindre ces putains de volets en couleurs un peu plus gaies et mon épouse m'avait répondu "quoi tu veux qu'on dise de nous qu'on habite la maison des fous ?" Devant une telle évidence, je m'étais dit qu'un coup de bondex suffirait.

Une fois arrivés sur place, j'ai le droit aux embrassades. Car le corse semble froid sans l'être vraiment surtout les femmes et peut-être plus celles de l'âge de ma belle-mère qui remercie Dieu pour tout comme par exemple de nous avoir fait voler sans risques ou affronter la terrible route des gorges sans se planter dans le précipice. D'ailleurs si tout va bien, on remercie Dieu et si une merde arrive c'est que Dieu l'a voulu, on comprend bien vite que Dieu est partout et que ses desseins sont impénétrables. 

En revanche, il semblerait que dans le Notre-Père ma belle-mère ait omis le passage où l'on parle de "pardonner nos offenses comme nous pardonnons ceux qui nous ont offensé" parce qu'elle a la rancune tenace. Un fois, alors qu'elle ahanait pour remonter de l'église à chez elle et que l'on avait croisé une voiture sur la route, elle avait refusé de monter à bord, m'expliquant par la suite qu'elle préférait mourir sur place (Dieu lui soit témoin) plutôt que de se faire accompagner par ce type qui lui avait fait je ne sais plus quoi dix ans auparavant. La vendetta a de beaux jours devant elle et s'il m'était venu à l'idée de dire qu'on pouvait enterrer la hache de guerre, on m'aurait rétorqué que c'était culturel et qu'on avait toujours fait comme ça. Alors, je rigole et je ne dis rien, me contentant de jouer mon rôle de pinzutu du mieux possible.

En plus, les gens me trouvent sympa pour quelqu'un qui n'est pas corse et on s'accorde à dire que je suis très simple pour un docteur. Il faut dire que dans un patelin où la plupart des gens étaient bergers au siècle passé, dès qu'on a une profession intellectuelle, on est vite catalogué docteur. D'ailleurs à l'époque où mon épouse avait prêté serment pour devenir avocate, il avait fallu qu'elle pose sur les marches du palais de justice en robe d'avocate pour faire accréditer qu'elle l'était vraiment. Parce que là-bas, employé de banque c'était déjà une belle réussite et le mieux auquel on pouvait prétendre dans ses rêves les plus fous, c'était institutrice.

Et le weekend s'est bien passé. Comme traditionnellement, un homme doit manger beaucoup, boire et fumer, ma belle mère m'avait acheté quelques litres de Domaine Vico, le producteur local, une cartouche de cigarettes et m'a bien sur préparé à manger comme si je m'apprêtais à crapahuter pour aller chasser le cochon sauvage alors que ma seule activité consistait à lire sur la terrasse.

Il a aussi fallu honorer les morts parce que les morts c'est sacré en Corse et qu'il ne s'agirait pas de les oublier. Alors bien sur, comme ici sur le continent, il y a un cimetière, il y en a même trois là bas mais en plus, il y a des tombes isolées voire des cimetières privés. C'est ainsi, qu'après avoir nettoyé les tombes principales, il fallu se baguenauder sur des routes peu fréquentées pour aller fleurir des tombes perdues ça et là. Moi, je ne suis pas descendu de voiture parce qu'il y avait un taureau juste à côté tandis que ma belle mère qui doit mesurer un mètre cinquante les bras levés, s'est contenter de lui dire en corse de foutre le camp.

Parce que là bas, tout le monde ou presque parle corse ce qui me vaut parfois des moments de solitude puisque je ne le pratique pas. De toute manière, il s'agit de savoir qui fait quoi, qui est en vie et qui est mort.  Dans le coin, on vit très vieux quand on est honnête et un peu moins si on fait de la politique ou des braquages. Mais bon, globalement c'est plutôt sympa et rigolo et je constate que bien des gens vont se depayser au bout du monde alors qu'à une heure et demie d'Orly il y a des coins où tous vos repères sont bouleversés.

Puis, nous sommes rentrés. J'ai repris la route des gorge avec belle-maman qui assise à l'arrière marmonnait et qui se signait en répétant de temps en temps des "mon Dieu, mon Dieu" comme si nous partions à la guerre ou pour une mission tout aussi risquée. De toute manière,  je suis tellement habitué à son sens du tragique que je n'y fais plus attention. Je suis tellement habitué au fait qu'elle me dise qu'elle aurait du mourir que j'en rigole parce que ce que l'on prendrait ici pour une sorte d'hystérie n'est là-bas qu'un facteur culturel de plus. Dieu, la mort et les imprécations font partie du folklore.

Et puis je suis revenu en France même si en fait on doit dire qu'on est revenu sur le continent parce que la Corse fait partie de la France et même de la France métropolitaine. A Paris, il faisait gris et moche, les radars marchaient, et personne ne fumait dans les cafés.

J'étais de retour chez moi.


19 novembre, 2012

Fin du monde !


On en parle régulièrement et finalement on croit que tout le monde s'en fout ? De quoi parle-t-on ? Mais de la fin du monde voyons. Puisque l'on sait que le 21 décembre lorsque le soleil rentrera dans le signe du capricorne, toutes les planètes seront alignées sur un même plan et que cela se produit très rarement. Il semblerait que selon le calendrier maya et les croyances qui y sont associées, ce soit la fin d'un cycle de 5125 années annonçant la fin du monde. Pour eux que cela passionne, il y a des tas d'articles ésotériques sur le sujet, quant à ceux que cela n'intéresse pas plus que cela, l'article wikipedia est suffisamment bien fait pour briller en société sans sombrer dans les croyances bizarres.

Ayant mon cabinet à Paris où chacun le sait, ne vivent que des gens instruits et peu enclins à sombrer dans de tels délires, je ne m'attendais pas à recevoir une personne faisant état de son angoisse face à cette fin du monde annoncée. C'était accorder trop d'intelligence à tous les parisiens en oubliant par exemple qu'ils avaient élus Delanoë.

C'est ainsi que par un bel après-midi, une demoiselle que je connaissais déjà est venue me voir pour me parler de cela. J'ai été très étonné car la sachant capricorne, comme moi, jamais je n'aurais songé qu'elle puisse verser dans ce genre de délire mystique vaguement teinté de new age.

Comme elle me l'expliqua, au fond d'elle-même, elle n'y croyait pas vraiment mais la fréquentation assidue, sans doute trop assidue, d'une mère collante et pas très intelligente, l'avait contaminée dans la mesure où cette dernière ne cessait de lui parler de ce sujet en faisant état de références glanées ça et là au cours de lectures de livres stupides.

Alors face à une croyance fortement ancrée, surtout pas agir en bourrin en s'exclamant "mais ma bonne dame, cessez de croire à ces conneries, tout ça c'est rien que des bêtises new-age". Parce que dans ces cas, vous vous placez totalement en contradiction avec les angoisses de votre patient en ne lui offrant aucune similarité. En gros, si j'avais dit cela, c'est un peu comme si j'avais exprimé qu'elle n'était qu'une pauvre conne de croire en cette fin du monde, tandis que moi, hautement cultivé et très intelligent, j'étais bien loin de ces croyances stupides. Sur que dans ce cas, elle m'aurait payé mes honoraires puis serait sortie en croyant toujours à la fin du monde tout en étant en plus persuadée d'être une conne que personne ne comprendrait jamais.

Pour convaincre bien entendu, il faut offrir à celui que vous souhaitez convaincre une sorte de miroir dans lequel il va se mirer pour y contempler des similitudes de comportements et de valeur. Il ne s'agit pas de manipuler mais simplement de faire comprendre qu'humainement vous êtes en empathie et capable de comprendre ce que ressent la personne. Il s'agit juste de reconnaitre sincèrement les sentiments qu'elle éprouve. Et en l’occurrence, ma patiente étant angoissée, il n'est pas bien compliqué de lui dire que je reconnaissais sa souffrance puisqu'il m'est arrivé comme à tout un chacun d'angoisser et même que ce n'est jamais agréable. Ça c'est pour la forme !

Pour le fond, ma profession exige des connaissances spécifiques mais aussi une bonne culture générale. Si vous n'êtes pas curieux de nature, vous serez un mauvais psy. Non qu'il faille tout connaitre mais qu'une bonne alliance thérapeutique exige évidemment d'avoir un bon lien avec le patient en partageant avec lui des sujets de discussions. Et croyez-moi, entre ceux qui pratiquent le didjeridoo, ceux qui tirent les cartes, se passionnent pour l'automobile, le cinéma, la littérature, ou que sais-je encore, il faut connaitre un minimum de choses sur tous les sujets. 

Cela tombe bien, étant par nature assez "lubique" (néologisme créé à l’instant par moi désignant celui étant sujet aux lubies), j'ai pu me cultiver sur des tas de choses dont j'ai déjà parlé ici. Toutefois, je n'ai pas encore connu de passionnés de hérissons ce qui est bien bête parce que je suis tout de même l'un des rares en France possédant les trois seuls livres traitant du sujet. Ce qui ne veut pas dire pour autant que je me considère comme un erinaceusologue patenté ! Oui, le hérisson commun est de l'espèce erinaceus europeaus !

Alors, la relation thérapeutique exige donc deux temps successifs ! Dans le premier temps, on est en empathie sincère et on reconnait la souffrance du patient puis, dans un second temps, on commence à parler de la croyance sans la remettre totalement en cause mais en montrant qu'on maitrise un minimum le sujet.

Et là encore cela tombait bien puisque je suis du genre à lire tout et n'importe quoi et que bien sur, je me suis déjà intéressé à ces histoires de prédictions ou encore aux prophéties diverses et variées parce que j'ai besoin d'enchanter le monde matérialiste dans lequel je me meus par tout un tas de trucs bizarres qui me font rêver en me disant qu'on nous peut-être tout un tas de trucs ou encore que les choses ne sont peut être pas si simples qu'on ne l'imagine.

C'est ainsi que sans nier les croyances étranges de ma patiente, j'ai pu lui expliquer qu'il était fort possible que ces fameux calendrier mayas aient été très mal interprétés et qu'à ma connaissance, aucune personne dominant ce sujet, ceux que l'on nomment les experts, n'avait jamais pris au srieux la possible fin du monde le 21 décembre 2012. Ce faisant, et citant des experts, je m'approprie un peu de leur savoir et je deviens un peu expert, ce qui me confère un atout supplémentaire me rendant crédible à ses yeux. Et le tour est joué, cela lui permet d'abaisser son niveau d'angoisse. L'argument d'autorité est nécessaire pour être le roc sur lequel l'angoissé va s'appuyer pour faire baisser sa charge émotionnelle.

Et enfin, comme je n'ai jamais pris cette patiente pour une conne, je me doute bien que ce qu'elle me raconte n'est que la partie émergée de l'iceberg et qu'elle doit vivre en ce moment quelque chose qui la fragilise pour que de telles croyances aient eu une prise sur elle. En l'interrogeant, elle fait alors état d'un stress intense du à un changement de travail récent. On en discute, on creuse le fond du problème et elle ressort toute ragaillardie tandis que moi, un sourire niais aux lèvres, je me dis que je fais un bien beau métier. Même que je ne suis pas vraiment cher parce que pour le boulot que je fournis, je serai en droit d'exiger le triple voire le quadruple que la somme dérisoire que je demande !

Bon, alors face à l'angoisse, je récapitule :
 1/ on joue de la similarité et on reconnait sincèrement la souffrance du patient ;
2/ on aborde le sujet avec des arguments d'autorité ;
3/ une fois évacué ce faux problème, on traite le vrai problème.

Voilà tout est bien dans le meilleur des mondes mais de vous à moi, je n'ai pas vraiment de certitudes quant à la probabilité que le monde disparaisse le 21 décembre 2012 !


16 novembre, 2012

Mes p'tits gars !

Désolé je n'ai pas trouvé de photo plus mièvre pour illustrer l'article !

Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression que certains m'ont pris pour un expert en séduction. J'ai du commettre voici un ou deux ans, quelques articles sur les nice guys et on s'est imaginé que je possédais une quelconque clé permettant à n’importe quel jeune homme sensible et s'y prenant comme un manche avec les filles, de trouver l'amour.

Qu'à cela ne tienne, je relève le défi et c'est avec opiniâtreté que j'ai décidé que quiconque viendrait me trouver parce qu'il est désespérément seul, trouverait l'élu(e) de son coeur grâce à notre collaboration.

Dans les faits, j'ai eu quelques beaux succès, tant et si bien que parfois je me suis dit que j'aurais ouvrir une agence matrimoniale. Qu'il s'agisse de personnes ayant peu d'expériences ou de vierges patenté(e)s, j'ai par le passé et cette année encore, contribué à former quelques couples pour les plus chanceux, ou permis quelques expériences pour les autres. 

Finalement, je crois avoir toujours cru au proverbe qui dit que chaque pot trouve son couvercle comme tout crapaud trouve sa crapaude. C'est une question de temps mais avec un zeste d’habileté et un soupçon d'intelligence relationnelle, même le moins hardi, le plus timide, le plus désespéré trouvera sa moitié. De cela j'en suis sur et croyez moi, en disant cela je ne parle pas dans le vide.

Finalement, sans me jeter trop de fleurs, je suis plutôt satisfait des résultats obtenus. Pourvu que l'on ait une bonne entente et que certains conseils soient observés, ce n'est pas si dur de trouver chaussure à son pied.

Finalement, ceux qui me posent le plus de problèmes sont la plupart du temps les jeunes surdoués surdiplômés, ceux pour qui l'activité forcenée du néocortex a fait oublier que dessous sommeillait un système limbique plus archaïque mais tout aussi actif et qui ne s’embarrasse pas de calculs ni de stratégies complexes. C'est ainsi qu'un jeune ingénieur qui ne parvenait pas à obtenir un seul contact sur les sites de rencontres m'avait soumis son profil mis en ligne afin que je l'examine pour lui dire ce que j'en pensais.

Je lui avais expliqué qu'à mon sens, ce qu'il écrivait faisait un peu neuneu et que cela ne m'étonnait pas qu'il n'ait pas de "touches". Croyez-vous qu'il m'aurait écouté ? Que dalle, alors qu'il n'obtenait pas un rendez-vous, il s'obstinait à utiliser ce profil mal fichu. Il avait fallu à l'époque que je l'imprime et que je fasse un sondage parmi ma clientèle féminine pour que ce cher petit ingénieur condescende à changer ce profil calamiteux. Récemment encore,  je lui expliquais qu'il fallait un peu avant, ou pendant la rencontre, un peu érotiser la relation parce qu'une jeune et jolie jeune femme ne serait pas forcément emballée pour coucher avec un premier de la classe racontant ses voyages et parlant de la sommes des livres qu'il avait lus. Là encore,  je n'avais eu le droit qu'à un haussement de sourcils du genre "c'est ça cause toujours gros con".

L'intelligence et la sensibilité sont certes des atouts pourvu qu'elles soient accompagnées d'un minimum de testostérone.

C'est pourtant simple de comprendre que l'on vend sont patrimoine génétique lors d'une rencontre. Dit comme cela, c'est un peu abrupt mais c'est la réalité. Après avoir montré que son néocortex était en bon état et avoir fait preuve de son intelligence, il faut ensuite utiliser son système limbique, ce truc plus archaïque qui montrera que vous êtes un mâle de l'espèce tentant de séduire de la femelle de l'espèce. Il ne s'agit plus de pratiquer l'amour courtois ni de croire aux conneries féministes que l'on vous assène à longueur de journée. 

Car schématiquement si l'on peut évidemment admettre que les femmes puissent être aussi intelligentes que les hommes, pour le reste, il y a des mâles et des femelles et parfois des mâles sensibles et des femelles bourrines.

Tout en restant courtois, parce que la muflerie n'est au mieux que l'expression d’un manque d'éducation et au pire la preuve que vous surcompensez un manque flagrant d’assurance, il s'agit juste de prouver que vous êtes le mâle capable d'assurer une progéniture en bonne santé. Séduire, c'est aussi simple que de prouver que l'on peut transmettre ses gènes et rien d'autre. C'est pour cela que finalement, la prime va à ceux qui sont surs d'eux-mêmes. Aucune femme n'a eu le rêve de rencontrer puis de faire sa vie avec un gentil nounours ou un gros neuneu. 

S'agissant des sites de rencontres, après avoir prouvé en écrivant sans fautes votre profil que vous aviez un minimum culturel à offrir, il faudra rencontrer. Et c'est là qu'il faudra érotiser la relation. Il ne s'agit pas forcément de lors de la rencontre de loucher sur ses seins avec un regard salace parce que son comporter comme un porc ne permet pas de gagner des points sauf s'il était clair dès le départ que vous n'êtes venus l'un et l'autre que pour tirer votre coup, mais bien plus simplement de montrer que vous êtes aussi venu avec une idée en tête : la séduire.

Il ne s'agit pas de jouer le beau d'une manière inconsidérée mais simplement de montrer votre attention qui n'est pas de recruter des copines pour votre club d'échecs mais de faire une belle rencontre, ce fameux "et plus si affinités".

Les sites dédiés à la séduction offrent tout un tas de stratégies intéressants parfaitement modélisées.  Néanmoins, même si c'est séduisant sur le papier et intéressant pour comprendre ce qui se passe lors de la rencontre, je ne suis pas sur qu'il faille obligatoirement adopter une sorte de pattern rigide à chaque rencontre. Les eliciting values constituent certes un sujet passionnant mais conceptuellement simpliste. Il s'agit juste d'admettre que la demoiselle ne vous dira jamais explicitement ce qu'elle cherche dans la relation mais qu'elle vous le fera comprendre d'une autre manière.

Et enfin, cadrez et contrôlez la relation, et ne vous laissez pas mener en bateau. C'est vous le metteur en scène et certainement pas elle. Si quelque chose ne vous plait pas, soit qu'elle vous donne rendez-vous entre deux portes pour cause d'agenda surbooké, qu'elle vous challenge trop en étant cassante ou trop moqueuse par exemple, lâchez l'affaire !

Comme l'expliquais un ancien patient à moi expert de ce types de rencontres, il devait son succès au fait qu'il ne mettait jamais trop de charge affective lors de ce premier rendez-vous. Ainsi, en rencontrant Mlle A, il sait toujours qu'il y aura une Mlle B pour la remplacer en cas de problème et qu'au pire, il aura toujours des amis à voir ou un bon film à regarder en attendant que se présente une troisième Mlle C. Acceptez vos limites et ne vous engagez pas dans des combats perdus d'avance.

Il y a certes un minimum à faire lors de cette première rencontre mais il ne s'agit certainement pas d'en faire un maximum en offrant tout dès le départ. Soyez commerçant, montrez ce qu'il y a de bon en vous mais faites comprendre qu'il faudra donner plus pour en obtenir plus.

Bref, ce n'est vraiment pas compliquer, il s'agit juste de comprendre que c'est un jeu mais que vous ne serez pas un jouet, qu'elle se fera passer pour un ange mais qu'elles ne sont pas des anges, du moins pas plus que nous.

Quelle que soit la manière dont on l'habille, l'amour ne consiste finalement qu'en la perpétuation de l'espèce et il faut toujours le retenir.

01 novembre, 2012

1er Novembre


Tous ceux qui ont l'habitude de me lire, savent que je m'intéresse à la première Guerre Mondiale. Tandis que la seconde m'indiffère à peu près, les récits de celle que l'on nomme la grande guerre, me passionnent. Sans doute qu'à l'instar de tous ceux ayant eu des parents nés avant-guerre, j'ai plus ou moins baigné dans un climat qui m'a rendu bien trop présente la dernière guerre pour qu'elle m'émeuve.

Ainsi, figurez-vous que lorsque petit, je ne voulais absolument pas manger le gras du jambon, ma mère me disait que si j'avais connu la guerre, j'en aurais redemandé de ce gras qui me dégoûtait  De toute manière, à cette époque, quoique je n'aie pas voulu manger, on me rétorquait que si j'avais connu la période du jus de gland, du rutabaga et que j'aie fait la queue durant des heures nanti de mes seuls tickets J2, j'aurais été moins difficile. 

Plus récemment encore, c'était au printemps dernier, tandis que j'étais assis avec mon père au café de la Paix à Sceaux, ce dernier m'expliqua qu'une des dernières fois qu'il s'était assis à cette terrasse, la table d'à côté était occupée par trois officiers de la wehrmacht. C'était peu avant la libération de Paris et puisque nous en étions aux récits de guerre, j'ai donc entendu pour la énième fois, l'histoire de ce panzer isolé au carrefour formé par l'Allée d'Honneur et la nationale 20, dont l'équipage avait fini atomisé par un coup au but d'un sherman américain de la 2ème DB, après en avoir tout de même dégommé deux ou trois.

Bref, pour moi la seconde guerre mondiale c'est presque du concret ! Tandis que la première, c'est une autre époque, celle que je retrouvais en dévorant la collection du journal illustré Le miroir que ma grand-mère possédait dans une belle édition reliée en cuir pour les années allant de 1914 à 1919. Et là, ce n'était que récits de batailles héroïques, dans lesquelles nos fiers poilus, sorte de gentils guerriers débonnaires et courageux abattaient du boche à tour de bras, tandis qu'à l'arrière, la population civile acceptait stoïquement, et avec le sourire aux lèvres en prime, les privations et les deuils pour le bien de la mère patrie ! 

Le journal ne montrait que des morts allemands, que l'on appelait au gré des semaines, les boches, les fridolins ou les frisés, et dont on relatait la couardise aussi bien que l'incroyable cruauté. Pensez-donc que ceux qui sont maintenant nos amis au sein de la communauté européenne, n'hésitaient pas à couper les mains des petits enfants ou bien, lorsque c'était des uhlans montés à cheval, à embrocher de pauvres femmes de leurs lances acérées. Pendant ce temps là, nos fiers soldats libéraient des territoires, allaient à la messe, entretenaient un esprit de franche camaraderie tandis que de nobles généraux paternaliste les passaient en revue ! 

Je n'ai su que bien plus tard que ce journal n'était qu'un organe de propagande mais surtout pas un vecteur d'informations. Il m'aura fallu lire les récits de ceux qui l'avaient faite, cette fameuse grande guerre, pour comprendre que ce n'était pas aussi rose que de partir la fleur au fusil ! C'est d'ailleurs cette même propagande qui a marqué notre histoire de la légende rose selon laquelle, tout un chacun, dans toutes les campagnes de France, aurait répondu avec joie à l'ordre de mobilisation du premier août 1914 au son du tocsin !

Dans les faits, les historiens actuels pensent que si certaines élites se sont enthousiasmées pour cette guerre, il semblerait que le menu peuple, soit parti un peu comme on emmènerait des bestiaux à l'abattoir. Reprendre l'Alsace et la Lorraine ne semblait pas pour tous nos compatriotes un but nécessitant de prendre le risque de mourir ou d'abandonner la moisson à venir. Si la fameuse union sacrée a existé, rassemblant tous les gens au delà de leurs clivages politiques, il semblerait que cela n'ait surtout concerné que les élites bien plus que le brave peuple pour qui il s'agissait surtout de recevoir une capote bleu horizon, un Lebel pour aller se faire trouer la peau sous les ordres de généraux généralement tous plus cons les uns que les autres.

Et puisque je parle des élites, le plus amusant est de constater que de quelque bord auquel ces personnes aient appartenu, chacun a trouvé de bonnes raisons de patauger dans la boue ! Pour les socialistes, c'était une vraie mission que de combattre les empires et de verser son sang pour la république tandis que pour les monarchistes, il s'agissait avant tout de restaurer la grandeur de la France en vengeant l'affront de Sedan. On peut rajouter à ces deux camps, celui de quelques catholiques un peu illuminés pour qui la guerre serait sans doute une manière de faire triompher le Christ, puisque la France étant, on le sait, la fille aînée de l’Église, il était hors de question de laisser la grande Allemagne triompher.

Ainsi, parmi les nombreux écrivains tombés au champ d’honneur durant cette période on retrouve logiquement soit de furieux athées socialistes, soit des mystiques illuminés ou de farouches défenseurs de l'ancien régime, mais tous unis contre l'Allemagne.

Tous leurs noms figurent sur une plaque dans le Panthéon, ce lieu que personne ne visite jamais. A défaut d'y pénétrer pour y lire ces noms, voici la liste exhaustive de tous ces écrivains. Il y en a cinq-cent-soixante. La plupart ayant été totalement oubliés aujourd'hui, soit qu'ils soient morts trop jeunes, soit que la renommée de leur œuvre n'ait pas traversé les époques, je profite de ce jour pour leur dédier ce modeste article. Après tout, il témoignent d'une époque révolue, au cours de laquelle, être un écrivain engagé signifiait quelque chose, quelles que soient les raisons de son engagement.

En mémoire de ces héros oubliés qui ont fait coïncider leurs paroles et leurs actes. La cohérence est aujourd'hui une vertu rare !