Juste à côté de chez moi; il y a un petit parc doté d'un petit lac. A l'origine, il y avait même une guinguette avec un ponton où étaient amarrées des barques sur lesquelles on pouvait canoter. Mais ça c'était avant.
J’ai l'habitude d"y promener ma chienne Tosca. J'ai beau avoir un jardon; ça lui fait du bien de sortir. Ça la socialise quand elle voit d'autres chiens et surtout, elle peut renifler les odeurs. C'est un peu comme si elle ramassait son courrier avant de laisser le sein. Je vous fais pas un dessin pour vous expliquer cette fine métaphore.
Il se trouve que même si j'adore ma chienne, faire des tours du lac en la regardant gambader n'est pas la chose la plus exaltante qui soit. Dans ces moments, je pense à ces mères de famille qui emmènent leurs enfants au parc.
Et ma foi, je fais comme elles : je papote. Je papote avec tous les hommes qui, comme mi, vont balader leurs chiens. Je dois être le plus jeune mais étant, comme vous le savez, de nature affable et aimable, je parle aisément à n'importe qui, quel que soit son âge et sa condition sociale.
Il se trouve que, promenant ma chienne en milieu d’après-midi à l'heure ou les honnêtes gens travaillent, je rencontre essentiellement des retraités. Mais via,t das un quartier que les gauchistes qualifieraient de privilégiés, ce sont des retraités de luxe.
Le premier que j'aie connu s'appelle Bernard, c'est un ancien directeur de sciété et il est âgé de 90 ans. Mais je vous jure qu'il parait vingt ans de moins que son âge. I se tient encore droit comme un I, possède une ligne que je lui envie est toujours parfaitement mis. Comme c'est un fils unique, il n'a jamais perdu ses mauvaises manières et ne cesse de geindre. Il conduit toujours, il peut marcher dix kilomètres mais il se plaint. Et régulièrement, je lui demande s'il a un Alzheimer, un cancer, vous cardiaque, un Parkinson, etc.
Non; me répond-t-il, je vais bien mais j'ai mal au dos. Ce à quoi je lui rappelle qu'à son âge, ne rien avoir des ces saloperies est une chance inespérée et que s'il n'avait pas voulu jouer le beau dans le jardin de sa voisine en descendant un talus plutôt que d'utiliser les marches, il n'aurait pas mal au dos.
Bernard, c'est le normie type. Il croit tout ce que racontent les journaux télévisés et témoigne d'un grand respect pour tout ce qui possède des galons ou une écharpe tricolore, ce qui n'est pas mon cas. Alors j'aime le traiter de vieux socialiste quand il me sort ses bêtises. Il me dit que je suis très dur pour un psy, ce à quoi je répond que je n'ai jamais réussi à traiter le gauchisme. Mais il a beau se vexer, il m'aime bien et m'envoie des SMS dès qu'il sort promener son chien pour savoir si je suis disponible pour le rejoindre. Ceci dit je l’aime bien moi aussi ; il faut dire qu'il a connu la seconde guerre mondiale, l’Indochine et l'Algérie et qu'il a tout un tas d'anecdotes à raconter.
Mais Bernard, qui n'a quitté sa maman que pour se marier a été habitué à être le chérie de ces dames et le centre des attentions, alors il est jaloux. Il est donc terriblement jaloux lorsque je parle à d'autres hommes âgés qui, comme nous, s'ennuient un peu en promenant leurs toutous.
Il est donc jaloux de Gérard, 79 ans, et ingénieur centralien retraité.Gérard, lui c'est tout le contraire de Bernard. Gérard est un complotiste que sa grande maîtrise de l’outil informatique rend apte à trainer aussi bien sur X que sur les blogs ou les chaines YouTube malpensantes. On s'entend très bien et in se ressemble un peu dans la mesure où l'on n'accorde aucune confiance aux élus. La seule différence, c'est que lui est un droitard décomplexé qui croit en l'homme providentiel tandis que moi, pauvre anarchiste de droite, je ne crois en rien, du moins sur cette terre.
Gérard, il est rigolo parce qu'il est tombé dans l’informatique n 1969 alors c'est un vrai livre d'histoire de la technologie. Et surtout, il connait par cœur les marchés publics alors, maintenant qu'il est rangé et qu'il se fout de tout, il me raconte des tas de trucs qui me renforcent dans ma détestation des élus et de manière générale de la chose publique. Il a du raconter ses histoires des dizaines de fois alors il est content d'avoir une oreille neuve et attentive.
Il me dit que ça lui fait du bien quand il me parle. Et puis, ce qu’apprécie Gérard, c'est de pouvoir me raconter ses histoires de chasse sans se faire traiter d'assassin. Il est tellement passionné qu'il adorerait m’emprunter ma chienne un dimanche matin parce qu'il trouve qu'elle chasse bien. C'est vrai que quand elle met la patte sur un gibier, essentiellement des rongeurs, elle est plus effiace que la justice française ou Darmanin, elle brise les cervicales avec entrain. Tosca ne condamne jamais à une peine de TIG ou au sursis, elle est plus expéditive.
Et puis, Bernard est aussi jaloux de Eudes qui a non seulement le prénom d'un roi franc mais une distinction tout aussi royale. Âgé de 80 ns c'est un ancien de l'ENSET Je ne sais pas quelles fonctions il occupait mais même à son âge, il n'a rien perdu de sa capacité à trier, ordonner et proposer des réponses. C'est dommage de mettre au rancart un aussi bel esprit. Des types comme ça devraient mourir au boulot. Avec Eudes, on discute beaucoup de politique et même s'il reste mesuré, il n'est pas un gros benêt pour autant. On sent l'ancien officier qu'il a été ce qui énervé Bernard qui, malgré ses 27 mois de service militaire, s'est borné à n'être que caporal-chef.
Voilà donc, trois après-midis par semaine, durant une heure et quelques, ce à quoi je m'adonne, je papote avc des persones âgées et cela n'a rie de désagréable.
Mais ce qu'il y a de plu agréable, outre le fait, que ces hommes de qualité aiment à converser avec moi, c'est qu'il ne se passe pas ne fois sans qu'ils me disent ;
Vous avez de la chance, vous êtes jeune vous !