31 mai, 2011

Faisons venir l'exorciste ! Suite et fin.


Dans un récent article, pas si récent que cela, j'expliquais que face à des douleurs inexpliquées chez une patiente, un psychiatre avait recommandé la grande cure psychanalytique, un peu comme on aurait mande un exorcisme voici quelques siècles.

Il faut dire que le diagnostic de fibromyalgie ayant été posé, tout était dit et c'était sans appel, il fallait à tout prix renvoyer la patiente chez un psy parce que c'est bien connu que quand un médecin ne trouve pas, c'est souvent de la faute du patient qui n'y met vraiment pas du sien. Et quand le patient est une patiente, c'est forcément psy parce que c'est bien connu que les femmes c'est fragile nerveusement et que ça a tendance à l'hystérie. 

Alors cette patiente, je l'avais donc retrouvée dans mon cabinet bien que je ne partage pas du tout le diagnostic de mon cher éminent confrère psychiatre. Comme ce qu'elle m'expliquait de sa douleur et de son origine me semblait claire, j'avais été d'avis de la renvoyer chez le psychiatre afin qu'il lui prescrive un scanner ou irm mais ce dernier avait opposé son véto arguant du fait qu'on ne verrait rien. Parce que pour lui, l'affaire était entendue : "c'était dans la tête".

Finalement, cette patiente est tombée sur une généraliste sympa qui a d'office écarté une origine psychosomatique de ces douleurs et a prescrit un examen complémentaire. C'est ainsi que quelques jours après, ma chère patiente est venue me voir en me disant qu'elle avait depuis des années de l'artrose cervicale qui n'avait jamais été diagnostiquée.

Quelle vie tragique ; voir deux rhumatologues, être allée dans deux centres anti-douleur, avoir vu un psychiatre pour ne jamais avoir un bon diagnostic mais finir par être culpabilisée en plus d'avoir toujours mal !

Enfin bon, tout ce que je voulais dire c'est que moi, je suis sur d'une chose, c'est que je ne peux rien faire contre l’arthrose cervicale.

29 mai, 2011

Un homme aussi intelligent !

 John Wayne Gacy un bon petit gars intelligent et bien intégré dans sa communauté !

Samedi dernier, j'étais en terrasse à Sceaux et mon épouse est partie faire quelques courses, me laissant fort dépourvu puisque je n'avais rien à lire ! La lecture c'est ma drogue, où que je sois il me faut mon livre. Alors comme le café où j'étais proposais des journaux, j'ai décidé d'en acheter un. J'avais le choix entre le Parisien, que je lis gratuitement à Paris, ou encore le Monde que je ne lis jamais. J'ai donc porté mon dévolu sur ce dernier, me disant qu'en plus, à défaut de le lire entièrement et surtout de l'apprécier, cela me parerait d'une allure d'intello totalement inédite !

Mon voisin de gauche lisant le même journal, c'est tout naturellement que voyant sans doute en moi un coreligionnaire, un homme de bon goût, un type à qui on le raconte pas mais qui réfléchit comme le prouve sa lecture (le Monde), me dit d'un air entendu et d'un ton un peu ampoulé qu'il était persuadé que DSK ne pouvait avoir commis ce qu'on lui reprochait parce "qu'il était bien trop intelligent" pour commettre ce genre de choses "surtout en période électorale".

 Et là, il me regarda avec un sourire entendu, s'attendant à ce qu'en tant que lecteur du Monde, j'opine vigoureusement du chef afin de souligner combien sa réflexion me paraissait aussi intelligente que frappée au coin du bon sens !

Je lui rétorquais que ne connaissant pas DSK, je serais bien en peine de me prononcer sur la véracité des faits mais qu'à ma connaissance, il n'y avait aucun lien entre l'intelligence et le viol. Que s'il y avait bien une capacité largement répartie, au-delà de toute classe sociale et de niveau intellectuel, c'était celle de violer. Fort heureusement, ma réponse le laissa perplexe et il ne trouva rien à répondre.

Dans les faits, bien que ne m'estimant pas spécialiste du sujet, on peut tout de même imaginer que le viol est multiple et tenter d'en esquisser les catégories. D'ailleurs je suppose que cela a déjà été fait mais comme cela me fatigue d'aller chercher des documents sur le sujet, je préfère de tête me livrer à un classement succinct de cette terrible pratique.

Il y a d'abord celui qui est commis sous l'emprise de l'alcool, le truc idiot de fin de soirée quand par exemple la demoiselle allume un peu trop tandis que le mec ne sait plus se contenir. On sait que l'alcool est responsable d'un tiers des crimes commis. Et autant vous le dire, en matière de cul comme ailleurs, l'alcool est le truc même qui, comme diraient les juristes, vicie le consentement et amène à faire des choses au mépris du droit.

Il y a ensuite les viols de rupture, quand par exemple le mec qui vient de se faire plaquer, s'estime tellement lésé dans sa virilité qu'il considère son ex comme sa chose et qu'il se dit qu'elle va voir ce qu'elle va voir et qu'il va lui prouver qui est le mâle putain de merde ! Là, on navigue souvent dans la pathologie avec de bons gros traits narcissiques et/ou paranoïaques.

Sans vouloir minimiser l'impact psychologique sur les victimes et encore moins les oublier, on peut estimer que ces "violeurs" ne sont pas les plus dangereux et que la récidive sera rarissime. Le viol est lié à l'instant ou à un état psychologique qui peut se traiter. Ce n'est qu'une énorme connerie, un moment d'égarement et rien de plus. La sanction qui viendra doit normalement suffire à faire rentrer ces individus dans le droit chemin. Putain, au moment où j'écris cela, j'entends déjà les féministes hurler devant leur écran si elles venaient à me lire !

Ce n'est qu'ensuite que viennent les vrais dangereux : les psychopathes et les sociopathes. Les premiers sont généralement dans ce cas des êtres frustres qui n'auraient pas accès à une relation sexuelle normalement. Dotés d'une intelligence fruste et d'un parcours social souvent chaotique émaillé de diverses rencontres avec les services judiciaires, ce genre de psychopathe n'est pas enclin à rencontrer l'amour facilement.

Alors, plutôt qu'attendre telle la belle au bois dormant, il préférera par exemple partir en maraude dans une camionnette pourrie traquer l'élue de son cœur qu'il rencontrera par exemple faisant son jogging ou marchant dans la nuit. Et, l'occasion faisant le larron, il évitera les séquences séduction et les préliminaires pour obtenir une relation sexuelle rapide et non consentie. Une fois l'acte achevé, il se débarrassera de sa victime en creusant un trou en forêt à moins que plus fainéant et n'ayant pas voulu creuser, il se contente de brûler son cadavre. Là, on entre dans les pathologies graves pour qui la prison n'a sans doute aucun effet. Non accessibles à la prise de conscience et totalement dénué de sens moral, tout comme il est dépourvu de romantisme, notre psychopathe aura tôt fait de recommencer une fois dehors.

Le sociopathe lui sera différent parce qu'il est intelligent et généralement bien intégré. C'est le genre de type dont, quand on apprend ses forfaits, on se dit "lui, c'est pas possible ! Il était bien intégré et tout le monde l'aimait bien dans le quartier". Comme c'est un vrai prédateur, il sait y faire et traque ses proies sans se dévoiler. Comme la sociopathie se dénote par une absence totale de scrupules et d'empathie, il aura tendance à évoluer vers des positions sociales lui amenant pouvoir et argent. D'ailleurs, certains confrères se sont même inquiété de savoir si, les élections devenant de plus en plus dures, ce n'était pas le meilleur moyen de sélectionner des profils sociopathiques au détriment des personnes normales.

Autant vous dire que le sociopathe, que l'on qualifie parfois de pervers-narcissique, est un individu dangereux. Sa vie se basant par une logique imparable du type "je veux-je prends", ce ne sont pas les scrupules qui l'étouffent. Toutefois, comme ce cher Dexter de la série éponyme, il est suffisamment intelligent pour dissimuler ses mauvais penchants. De plus, il fait peur, non comme le précédent parce qu'il inspire du dégoût ou de la terreur, mais parce que l'on sait que si on en est victime, il ne reculera devant rien pour vous faire payer. De plus il est assez malin pour chasser sur des territoires où il se sentira impuni en choisissant des proies dépendantes de lui ce qui ne rend pas les poursuites faciles. La communication asymétrique tu type dominant/dépendant, c'est vraiment le truc du pervers narcissique.

C'est dans ce registre que l'on trouvera la vraie perversion. Et contrairement aux précédents, nos amis psychopathes, le sociopathes a un cerveau en bon état ce qui rend sa sexualité beaucoup plus élaborée qu'une simple vidange de testicules. Le sociopathe est capable de fantasmes terribles qui peuvent s'élaborer soit dans des maisons spécialisées soit dans le réel. Or le problème de la maison spécialisée et des parties fines, c'est que ce n'est pas réel et que notre sociopathe préfèrera toujours le réel pour assouvir ses fantasmes. Ce qui lui plait, c'est le contrôle. Et finalement dans une relation tarifée, le client n'est pas forcément roi surtout dans ce domaine ; ce n'est que le spectateur-consommateur d'une pièce qu'on lui joue !
De fait notre ami sociopathe tout en ne dédaignant pas les professionnelles ne prendra vraiment son pied qu'avec des personnes lambdas sur qui il pourra exercer son contrôle se transformant en prédateur et elles en proies. C'est ainsi que logiquement, le viol d'une femme de chambre, d'une secrétaire, et généralement de toute femme dépendante de lui, sera beaucoup plus épanouissant pour un sociopathe que celui scénarisé d'une escort recrutée pour l'occasion. Ceci étant dit, je ne parle de femme de chambre que pour illustrer mes propos et non pour instruire à charge contre DSK, lequel a le droit à la fameuse présomption d'innocence dont on nous rebat les oreilles !

Et puis, il y a ce qu'expliquent tous les polars traitant des tueurs en série ! C'est à dire que notre ami sociopathe s'enhardit au fur et à mesure qu'il s'en sort indemne. L'impunité aura tendance à le renforcer dans ses très vilaines manières. Et puis, s'agissant d'un fantasme, le comportement est aussi addictif que la clope ou l'alcool : plus on y a recours plus on en veut !

Et ce ne sont pas des conventions sociales qui vont empêcher notre ami sociopathe de s'adonner à son vice. De même que de fameux musiciens sont montés sur scène chargés comme des mules de matière prohibées par la loi, je ne doute pas que des gens importants ont pu satisfaire à leurs obligations sociales juste après avoir commis l'impensable.

Alors petit sociopathe deviendra grand jusqu'à ce que, par le plus grand des hasards, quelque chose vienne mettre un terme à sa carrière. Et là, enfin coincé par un chasseur plus doué que les autres ou acculé par les circonstances, notre grand prédateur apparaitra enfin sous les traits qu'il tentait de dissimuler : un grand malade mental. Et les commentaires iront bon train : oh jamais on n'aurait pu croire cela de lui, un homme tellement bien ! Et si gentil avec les enfants en plus ! Et tellement intelligent avec ça pensez donc !

Alors j'aurais tendance à dire à tous ceux qui imaginent que l'intelligence prémunit des mauvais comportements que ce sont des ânes ignorants. Parce que l'intelligence sans valeurs morales est aussi dangereuse qu'une voiture sans freins(*).

(*) Putain la parabole de la voiture sans freins, elle est trop belle !

17 mai, 2011

Celui qui se la racontait sans le vouloir !

Je prends les rv sur skype mais je me déplace aussi (frais de déplacement en sus de la consultation). 
Dassault a accepté de peindre mon Falcon 7x en doré mais n'avait pas l'option jantes larges !

Voici quelques semaines, C est assis face à moi. Un appel inopiné vient rompre notre échange d'une haute tenue intellectuelle. Il s'agit de L alors en poste aux Etats-Unis qui me demande un rendez-vous. Comme il navigue d'une côte à l'autre, je lui demande s'il sera à Seattle ou Miami afin de prendre en compte le décalage horaire pour la prise de rendez vous sur Skype.

Face à moi, C me regarde amusé et me dit qu'il est très impressionné par le fait que j'aie une clientèle internationale. Je l'apaise aussitôt en l'assurant que je n'augmenterai pas mes honoraires pour autant mais qu'il serait bienvenu dorénavant de m'appeler professeur plutôt que Philippe. Nous reprenons alors notre échange toujours aussi intellectuellement soutenu.

C'est alors qu'un appel nous interrompt encore. C'est une jeune femme qui me demande un rendez-vous. Comme je lui indique mes disponibilités, elle m'explique qu'étant à l'étranger, elle souhaiterait que nous communiquions par Skype. Je pose alors la question fatidique afin de calculer le décalage horaire si nécessaire. Elle me répond qu'elle est en poste en Chine.

J'ai bien sur le droit à un commentaire amusé de C qui me dit  : "Après les USA, la Chine ? Mais vous intervenez partout ? Votre réputation ne connait pas les frontières, le monde sera bientôt trop petit pour vous.".

Moi qui suis l'humilité personnifiée, moi dont les amis ne cessent de me comparer à une timide violette, en vérité je vous le dis, il est difficile de gérer son image !

La télé instruit ! 2

Hmm syndrome paranéoplasique ?

Il n'y a pas que le polar qui instruise. Ainsi tous les amateurs de séries médicales vous le diront, Urgences a formé bon nombre de personnes sans avoir à passer par la pénible université. A quoi bon plancher pour le concours de médecine puis pour celui de l'internat, alors qu'il suffit de se caler le cul dans un canapé en regardant la télévision.

Moi, je n'ai jamais aimé cette série mêlant des trucs gores et sanglants à des intrigues sentimentales. Je trouvais cela nul et pour tout vous dire carrément "pour filles" ce qui n'est pas un compliment. Car ne nous le cachons pas, il en va des séries comme des professions, dès qu'elles se féminisent elles perdent en prestige et ce n'est pas moi qui l'affirme mais tout un tas d'études très sérieuses.

Cependant, Laurence a beaucoup appris dans Urgences. Elle qui était déjà diplômée du brevet de secourisme, connaissait déjà tout un tas de trucs allant de l'aspiration du venin de serpent jusqu'à l'accouchement en passant par le bouche-à-bouche. Et là, comme elle me l'avouait encore récemment, elle a appris l'utilité du défibrillateur (et non pas débriffilateur Laurence !). Elle m'expliquait qu'elle savait faire tout un tas de trucs pour réanimer les gens mais que là, elle avait été estomaquée parce qu'en plus c'était super facile à utiliser.
Comme elle me l'a dit, il faut d'abord gueuler très fort "on le perd, on le perd !". Quand je lui ai demandé pourquoi, elle ne savait pas me l'expliquer mais elle m'a bien dit qu'ils disaient toujours cela. Ensuite il faut un comparse - car c'est comme dans un tour de magie, il faut un(e) assistant - qui amène une sorte de valise posée sur un chariot dont deux poignées rectangulaires sortent. Ensuite Laurence continuant son explication technique a poursuivi en disant qu'il fallait "brancher la valise dans le mur" et saisir les poignées et gueuler encore une fois "allez dégagez tous". Après quoi, on posait les poignées rectangulaires sur la poitrine du moribond et que cela le faisait sursauter et revenir à la vie. 

Elle m'a même dit que les plus forts après avoir réanimé des morts pouvaient même prononcer une autre phrase : "c'est bon montez le au scan". Depuis Laurence qui a le souci du travail bien fait hante les magasins de bagages de Lorraine en demandant un "débrifillateur". Bref, la télévision lui aura appris quelque chose.

Défibrillateur lorrain avec "poignées" en option ! (adapté au syndrome paranéoplasique)

Moi, je vous le disais, je n'aime pas les séries médicales. Sauf bien entendu Dr House parce que le personnage est rigolo comme tout, même si parfois j'ai quand même envie de le gifler. Cette série m'aura appris deux choses. D'abord que l'on peut être insupportable du moment que l'on est super doué. En revanche, ceci a ses limites et le fait d'être doué ou apparemment doué ne vous autorise tout de même pas à sauter sur les femmes de chambre ce que Gregory House ne fait pas de toute manière, vu que lui les femmes lui courent après.

Ensuite, la série m'aura appris des mots savants. Enfin, quand je dis "des", je mens un peu parce que j'en connaissais déjà pas mal. Ainsi, je savais déjà ce qu'était un syndrome extrapyramidal ou pyramidal. Je ne mets pas de liens exprès pour que vous cherchiez par vous-même.  Par exemple, quand le Dr Foreman disait l'air entendu "syndrome extrapyramidal" je pouvais me dire que c'était n'importe quoi parce que cela n'avait rien à voir et j'étais assez fier de moi. En revanche, j'aurai appris le terme "syndrome paranéoplasique" que je ne connaissais pas vu que je ne suis pas oncologue et que c'est un terme qui concerne justement l'oncologie mais qui revient tout le temps dans la série.  Que le patient arrive pour un ongle incarné ou presque mort, et ça ne ratera pas, un des adjoints du Dr House dira forcément "hmm syndrome paranéoplasique ?" d'un air entendu comme s'il venait de trouver le diagnostic du siècle.

Hmm ce toit aurait un syndrome paranéoplasique que je ne serais pas étonné !?

Wikipedia explique ainsi qu'un syndrome paranéoplasique est l'ensemble des anomalies pouvant accompagner certains cancers. Ces anomalies ne sont pas en relation directe avec la tumeur, mais sont des manifestations systémiques survenant à distance de l'endroit où se développe le cancer, par production d'une substance par la tumeur. Il s'agit de syndromes rares, surtout retrouvés dans une minorité des cancers intrathoraciques et digestifs. Le syndrome paranéoplasique accompagne parfois la tumeur dans son évolution : il la précède souvent, il régresse parfois avec son traitement, surtout pour certains syndromes neurologiques paranéoplasiques, disparaît avec sa guérison et réapparaît en cas de rechute. Son traitement est donc symptomatique de celui du cancer qui en est responsable. Il se manifeste par des troubles neurologiques, endocriniens, hématologiques, dermatologiques, osseux ou articulaires.

Hmm ce tuyau est étrange : syndrome paranéoplasique ?


Ainsi lorsqu'un patient en face de moi me parle d'un truc que je ne saisis pas du tout, mais alors pas du tout, je fais la même tête que le Dr Foreman et prenant un air concentré en fronçant les sourcils, d'une voix posée, j'annonce : "hmmm syndrome paranéoplasique peut être ...". Alors là, vous verriez l'effet produit par ce truc ! La personne assise en face de moi me demande de répéter, ce que je fais avec plaisir en souriant ; vous savez un petit sourire satisfait et condescendant annonçant clairement que je répète pour faire plaisir tout en sachant que que la personne ne comprendra pas. La personne ne regarde comme si elle comprenait enfin pourquoi je lui demande autant d'honoraires en admettant enfin qu'aller voir un professionnel c'est une vraie plus value en termes de santé. Que les jeunes collègues se le disent, la fatuité est un plus en termes de valeur ajoutée !

Si un jour vous venez me consulter en venant de ce blog et que vous m'entendez vous dire "syndrome paranéoplasique", vous saurez d'où ça vient. Je préférais vous révéler mes trucs plutôt que de vous laisser dans un état d'admiration béat parce que je respecte profondément mes lecteurs.

Putain, elle tient pas le ralenti : hmm syndrome paranéoplasique ?

16 mai, 2011

La télé instruit !


Je l'ai appris dans la nuit de samedi à dimanche : accusé de tentative de viol, DSK venait d'être arrêté à New-York alors qu'il allait prendre l'avion pour rentrer en France ! Un bandeau tournait en boucle sur BFM et je n'en revenais pas. Je me suis dépêché d'envoyer nuitamment un SMS à Lapinou pour lui apprendre la nouvelle. Ce que mes appels à la raison n'auront pas réussi à faire, une simple femme de chambre l'aura permis : Lapinou devra se chercher un autre poulain pour les présidentielles parce que le sien a vraisemblablement du plomb dans l'aile. Pour le moment Lapinou semble très affecté et j'ai un peu peur qu'il ne se transforme en serial killer avide de tuer des femmes de chambre ! Y'a des vocations qui naissent comme ça sur la base d'un gros choc affectif.

Après avoir suivi comme tout un chacun les péripéties du directeur général du FMI, je me suis retrouvé imergé en plein dans la série "New-York unité spéciale." Celle dans laquelle les inspecteurs Eliott Stabler et Olivia Benson traquent les criminels sexuels. D'ailleurs, les glandeurs comme moi qui n'ont rien d'autre à faire que de mater la télévision se souviennent parfaitement de l'accroche durant le générique de la série :

 « Dans le système judiciaire, les crimes sexuels sont considérés comme particulièrement monstrueux. À New York, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d'une unité d'élite appelée Unité spéciale pour les victimes. Voici leurs histoires. »

Alors s'il y a bien un endroit où il ne faut pas jouer les satyres c'est bien NYC. Parce que quand j'entends que les crimes sexuels sont considérés comme particulièrement monstrueux, je me dis que c'est pas l'endroit où la gaudriole sera excusée surtout si les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d'une unité d'élite. Je me dis qu'ils seront sans pitié pour me traquer et qu'une fois pris, je finirai condamné à Rikers Island obligé de servir d'objet sexuel à un gang de bikers, des gros mecs gaulés comme le Gringeot. Putain, dans ces cas là on choisir la Thaïlande ou les Philippines, les mœurs sont plus libres et j'imagine les flics plus corrompus. Mais les USA oh la la quelle idée ! 

Déjà rien qu'en arrivant à l'immigration, quand on voit les flics des BCP avec leurs chemises repassées impeccablement, leurs matériel nickel, leurs procédures respectées au poil de cul près, on se dit que c'est pas le coin où il faut venir déconner. Et puis à force de bouffer du polar et de la série, la procédure pénale on la connait pas cœur ! NYC pour le cul c'est risqué un peu comme le trafic de came en Turquie ce que tout le monde sait depuis Midnight express ou tenter de piquer les clés Facom du Gringeot !

J'ai tellement entendu dire que la télévision rendait con qu'aujourd'hui je m'insurge. Elle ne rend peut être pas intelligent mais au moins elle instruit ! Et elle évite de se mettre dans la merde en faisant des trucs là où il ne faut surtout pas les faire !

Je ne suis peut être pas directeur général du FMI mais Stabler et Benson m'ont trop fait flipper pour que je fasse le con comme DSK semble éventuellement l'avoir fait.

Encore un mec qui ne regardait pas assez la télé !

Faisons venir l'exorciste !


Voici quelques mois qui doivent bien faire un ou deux ans, j'ai reçu une patiente que j'ai adressée à un psychiatre. Je l'ai un peu suivie et une fois les problèmes à peu près réglés, je ne l'ai pas revue. Et voici que voici quelques temps, elle me recontacte en me demandant de la recevoir ce que je fais.

Elle a un gros problème de conscience. Souffrant d'une fibromyalgie, son psychiatre à l'ancienne mode est persuadé que ses douleurs sont d'origine psychologique. Comme elle a eu le malheur de lui parler de coups et blessures reçus voici bien des années alors qu'elle était en couple avec un homme violent, le psychiatre voit forcément l'émergence d'un conflit intrapsychique non résolu.

Elle a beau eu lui dire, qu'elle a vu des rhumatologues, que la fibromyalgie est avérée, qu'elle est allée dans différents centres antidouleurs mais que rien n'y fait, le psychiatre n'en démord pas et veut faire appel à l'exorciste ! Car comme il lui a dit, son psy habituel, à savoir moi, ne saurait être compétent pour un tel drame. Non, là il faut recourir à un grand savant, celui qui verra ce que les autres ne voient pas, l'homme providentiel : un psychanalyste !

Le pire est qu'elle me téléphone pour me demander conseil et savoir ce que je ferais à sa place. Je me suis contenté de lui expliquer que si j'avais choisi les TCC en lieu et place de l'analyse c'est que je n'y croyais pas trop tout en rajoutant en bon commercial que le soleil brillant pour tout le monde, ce n'était pas parce que j'étais concessionnaire Mercedes qu'elle devait se priver d'aller comparer avec BMW. J'aurais pu prendre des marques françaises mais bon, il fallait bien que je justifie mes honoraires et chacun sait qu le haut de gamme français a du mal à se vendre !

Pour le reste, je trouve l'attitude du psychiatre plutôt amusante. Tandis que l'on se connait bien, et que je lui ai déjà adressé plusieurs patients, et pas des plus simples, le voici qui face à un cas qu'il ne comprend pas, ayant usé toutes les stratégies médicales dont il dispose, est prêt à se renier pour balancer sa patiente à un psychanalyste comme s'il désirait s'en débarrasser.

Pourtant, on sait que la fibromyalgie n'est pas psychologique mais qu'elle est classée en rhumatologie par l'OMS sous le code M79.7. Les causes de la fibromyalgie sont peu connues et différentes hypothèses étiologiques ont été posées. Toutes dépassent de loin le misérable psy que je suis puisqu'elle nécessitent des connaissances pointues dont je ne dispose pas. 

En revanche, j'ai pu noter que tous les cas que j'ai reçus ayant été diagnostiqués fibromyalgiques, des femmes uniquement, n'avaient rien de pauvres petites filles sans défenses ayant inventé leurs symptômes et ne souffraient pas non plus d'alexithymie qui aurait pu donner à penser qu'elles somatisaient. L'hypothèse psychologique m'a donc toujours semblée intuitivement erronée. même si nul ne peut nier que le corps et l'esprit soient liés. Elle me semble être un fourre-tout commode quand la médecin échoue à apaiser le patient. On parlera alors d'hystérie à tort.

De fait, ce que j'ai pu constater à mon humble niveau est qu'il y avait toujours une origine à cette douleur (coups ou blessures) et que celle-ci se chronicisait sans doute après un choc affectif intense Sans doute que les conditions de vie, via le stress supporté, peut augmenter l'intensité ou le ressenti de la douleur dans certaines proportions  (et encore ce n'est pas vraiment prouvé semble-t-il) mais je ne pense pas être capable de la traiter rien qu'en écoutant les gens me parler.

Curieusement, il semble aussi que la fibromyalgie ne survienne pas chez n’importe qui mais qu'un type de personnalités soit prédisposé à en souffrir.  On retrouve ainsi souvent un manque d’estime de soi et un manque de confiance qui vont s’associer à une grande sensibilité et une émotivité mal maîtrisées. Ceci entraine souvent dans un premier temps une hyperactivité qui consiste à vouloir tout faire avec un énergie sans défaut, amenant  rapidement à l’échec et prédisposer à la survenue de cette pathologie.  D'ailleurs, il semble que les patients fibromyalgiques soient  souvent de personnes empreintes d’humanité et tournées vers les autres.  Ainsi des études ont montré qu’une majorité des sujets souffrant de fibromyalgie exercent des professions dans le domaine du social, de l’enseignement et de la santé.  Associées à cette tendance on constate une grande émotivité, de la sensibilité et donc de la fragilité, d’où découle très souvent un manque d’estime et de confiance en soi.
Pourtant, malgré la présence de ces pistes, je serais très surpris qu'on m'apprenne que quelqu'un a "guéri" des douleurs chroniques rien qu'en consultant un psy. A moins qu'il ne s'agisse de pratiques connexes telles que la méditation et l'hypnose qui dérogent largement aux pratiques psychothérapeutiques classiques basées sur l'écoute et la parole. La composante psychologique de la pathologie ne suffit pas à la rendre psychogène pour autant. Et la corrélation n'emporte pas forcément la causalité.

Alors certes, on peut réduire le stress, augmenter la confiance en soi, apprendre à gérer son ressenti et sans aucun doute, dans certains cas diminuer la douleur perçue, mais la fibromyalgie n'a rien à voir avec la psychologie. Et ce n'est pas parc que l'on parle de neurotransmetteurs, que l'on prescrit des antidépresseurs et que l'on note parfois une corrélation avec les événements de vie que cette pathologie est psychologique. Il semblerait qu'il s'agisse plus simplement d'une altération du circuit neurologique dédié à la douleur lequel, lésé pour on ne sait quelle raison, ferait qu'une personne ressentirait plus la douleur qu'une autre.

On peut avoir mal à en crever sans être faible ni receler au plus profond de soi-même un conflit intrapsychique inavouable. Mais enfin, moi en bon tâcheron de la profession, je reçois ces cas et je tente tout de même de voir ce que l'on peut faire. On ne peut pas nier que la fibromyalgie entraine des problèmes psychologiques et, à défaut de traiter les causes, on peut tenter d'en endiguer les conséquences.

Dans tous les cas, nul besoin d'alerter l'exorciste ! Et en attendant de réels progrès dans la prise en charge de la douleur, on se débrouille comme on peut.

02 mai, 2011

Parlons d'amour et de thérapie par les films !


Dans le message précédent, je parlais d'une amie qui s'était manifestement faite avoir par un pauvre type. Quoique je n'aie pas de raisons de le traiter de pauvre type, il se peut simplement que le brave gars se soit emporté trop vite et qu'une fois déballé, le cadeau ne se soit pas révélé à la hauteur de l'emballage ! Comme dit le Père Peujat dans Les vieux de la vieille : "oh pour sûr l'était belle l'Adèle, mais peau de pêche en dehors et peau d'hareng en d'dans !".

Parce qu'après tout, connait on jamais vraiment ses amis ? Peut être que cette amie est une véritable emmerdeuse dans l'intimité ? Allez savoir ! Dans tous les cas, je ne prendrai pas partie me contentant de dire que si la pauvre s'est faite avoir, la réciproque est vraie aussi et que des hommes souffrent aussi du fait des femmes.

Je me souviens ainsi que voici une dizaine d'années, l'un de mes amis s'était amouraché d'une pauvre fille en laquelle il voyait une vraie déesse. Hormis le fait qu'elle soit plutôt bien foutue, je ne voyais pas vraiment ce qu'il lui trouvait d'aussi extraordinaire. Médiocrement cultivée, moyennement jolie, très ordinaire, sans aucun diplômes, c'était tout à fait le genre de fille commune sur laquelle on ne se retourne pas et en tout cas pas la danseuse pour laquelle un homme se serait ruiné.

Comme je la connaissais peu, j'avais d'abord cru que leur histoire était aussi forte à cause d'une histoire de phéromones, une histoire de fesses pour le dire plus simplement mais je me trompais. Mon ami était véritablement amoureux et le jour où elle se barra de chez lui avec armes et bagages, il déprima totalement. Les symptômes étaient évidents. Il ne mangeait plus, ne pensait qu'à elle, négligeait son emploi, bref il était temps que je l'aide.

Au départ, ne sachant à qui j'avais vraiment à faire, je le conseillais du mieux possible afin qu'il se montre moins insistant et plus adroit dans sa tentative de reconquête. Tant il est vrai qu'un type (ou une femme) amoureux a tendance à faire n'importe quoi dans ces cas là, hésitant sans cesse entre la colère (reviens salope !) et l'auto-apitoiement (tu vas me tuer !). Moi, ayant du recul, j'avais donc joué le coach espérant que nos efforts conjugués auraient du succès.

Jusqu'au jour où mon ami me présentait à l'une des amies proches de cette fille. Après avoir bavardé avec elle, j'arrivai à me faire une idée précise de la belle qui à mon sens n'était qu'une hystérique basique ayant mis les voiles vers d'autres rivages après avoir sucé mon copain jusqu'à l'os.

Je crois que le diagnostic d'hystérie est le plus difficile à expliquer tant le terme a été galvaudé. Comme je le dis souvent, une femme hystérique n'est pas une femme qui crie tout le temps, ça c'est une femme normale. Une hystérique c'est autre chose et on peut passer du temps auprès de ce genre de femme sans même s'en apercevoir. Leurs capacités d'adaptation, leur manière de se mettre à l'unisson les rend difficilement détectable lorsque l'on est trop proche d'elles. Et puis, elle ont un "truc" en plus pour se faire aimer, une sorte de pouvoir étonnant, qui fonctionne avec les mecs sensibles. D'ailleurs ce "truc" fonctionne encore mieux avec les gros durs qui refoulent leur sensibilité, à croire qu'il la projette sur l'hystérique. Et mon ami était plutôt de ce genre.

Ayant fait des études ultra techniques, j'aurais perdu mon temps à lui expliquer de long en large ce qu'était l'hystérie. Certes, il était capable de comprendre les critères diagnostic du DSM mais sans doute incapable de voir comment cela s'articulait pour former une personnalité. Pour bien des gens, dans la vie il y a les fous et les gens normaux, le noir et le blanc, et peu sont capables de comprendre que les pires sont ceux qui sont à la marge : les personnalités pathologiques.

Décidant d'employer les grands moyens, je commandai alors un film qui en deux heures ferait mieux que moi en deux jours pour lui faire comprendre dans quel pétrin il s'était fourré : Manèges, l'arme absolue pour faire reprendre leurs esprits à tous ceux qui se sont fourvoyés dans les méandres tirtueux d'une relation avec une hystérique.


Manèges est un film de Yves Allégret (1950). Entièrement bâti sur des flash-back, ce film d'une profonde noirceur est superbement interprété par Simone Signoret et Bernard Blier.Dans l'histoire, Dora vient d'avoir un terrible accident de voiture. Elle se retrouve à l'hôpital, où Robert, son mari, l'a rejointe. Son état est critique. Profondément affecté du malheur qui touche celle qu'il aime, il entame une discussion avec sa belle-mère, qui a accouru au chevet de sa fille. Là, les langues se délient et Robert va de découvertes en découvertes pour s'apercevoir qu'il a été un pigeon comme il en existe peu.

Dans le film, Dora n'est pas spécifiquement hystérique au sens psychopathologique du terme mais une manipulatrice odieuse dotée d'un cynisme peu croyable. Et quiconque vit une relation difficile avec la très impression de se faire avoir, ne peut regarder ce film sans souffrir pour Robert et finir par s'identifier à lui jusqu'au point d'être écœuré par sa bêtise.

Ca n'a pas raté, avec mon ami, le coup a marché. On avait regardé le film ensemble et comme j'épiais discrètement ses réaction, au fur et à mesure je l'ai vu changer. J'ai vu passer toutes les émotions sur son visage, l'incompréhension, l'incrédulité, la pitié, il était à fond dedans. Et toutes les expressions allaient bon train, du "c'est pas possible d'être aussi con" à "mais putain quelle salope !"

A la fin du film il était définitivement vacciné contre toutes les Dora du monde entier, ne voulant aucunement être un Robert. Je vous certifie que le remède est souverain ! Voir ce pauvre Bernard Blier se faire avoir dans les grandes largeurs par une Simone Signoret (époque jolie) totalement machiavélique ne laisse personne indifférent.

Sinon, en cas de résistant à ce traitement, deux autres films français traitent de ce sujet, Martin Roumagnac (1946) et Voici le temps des assassins (1956) les deux ayant pour premier rôle Jean Gabin. Eh oui, même si l'on admet généralement que Blier avec son physique médiocre puisse être la caricature du pauvre mec, le grand Gabin, l'homme, le vrai, se fait lui aussi avoir comme un premier communiant par la première gourgandine (c'est plus élégant que salope non ?) venue !

La thérapie par le cinéma, c'est simple, novateur, délicieusement culturel et ça se passe chez Philippe le Psy !

Amour et vaseline !

Lui : T'es géniale mais je te quitte !
Elle : T'es trop bien comme mec !

Dernièrement je m'étonnais qu'une de mes bonnes amies persiste à fréquenter la personne qui l'avait plaquée si radicalement après lui avoir promis monts et merveilles. Quand je lui ai demandé comment elle parvenait à voir la personne qui l'avait tant faite souffrir, cette amie m'a répondu qu'elle avait fait la part des choses. Si j'avais candide, je me serais dit qu'elle faisait preuve de sagesse et j'aurais été  admiratif. Mais comme je sais qu'il y a sur terre  moins de sages que de gens déraisonnables, je la soupçonne d'être encore amoureuse bien qu'elle s'en défende vigoureusement.

Moi qui suis plutôt le bon gars, je pourrais être du genre à pardonner mais pas au point de continuer à voir la personne qui a osé prendre mon coeur, me l'arracher et le piétiner. Parce que si un capricorne n'a peur de rien puisqu'il est toujours en train de réfléchir et d'être dans la logique et la prévoyance, l'amour lui est une contrée carrément obscure. Pensez donc, des sentiments !! On a beau être le roi de la mise en équations, les relations sentimentales contiennent bien trop de variables pour ne pas faire peur à un vrai capricorne.

Alors adroitement, enfin pas tant que cela, je lui ai demandé comment elle faisait pour pardonner ainsi et oser revoir cette personne. Et là, elle m'a expliqué que le jour où l'autre lui a enfin dit qu'il la quittait (après l'avoir laissée mariner plusieurs jours percluse d'angoisse) , il lui aurait dit peu ou prou : "tu es quelqu'un de formidable et tu m'aimes tant que je ne me sens pas à la hauteur de ton amour".

Sans doute que face à une telle déclaration, j'aurais du avoir l'oeil humide et assurer mon amie de toute ma compréhension et de mon affection mais je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler puis de gueuler. Parce que le coup du "je te quitte parce que tu es trop bien pour moi" est sans doute l'un des plus vieux motif de rupture du monde quand on n'ose pas dire la vérité et que l'on préfère pratiquer le "mensonge par charité".
C'est certain que dire à quelqu'un qu'elle n'est pas assez jolie, ou trop ennuyeuse, ou encore qu'elle ne baise pas assez bien n'est pas aisé à dire alors on trouve des excuses, une manière polie de se débarrasser du colis embarrassant sans trop l'abimer. Et dans ces cas là, on se dit que retrouver sa liberté n'a pas de prix et on est prêt à toutes les vilénies et toutes les bassesses quitte à prendre tous les torts sur soi, vu qu'on s'en fout des torts puisque l'on vient mettre un terme à la relation.

C'est sur que sur ce coup là, les femmes sont plus cash et moins sujettes à l'empathie que les hommes. Si une femme vous plaque, elle le fait et puis voilà. De toute manière, force est de reconnaitre que quand une femme vous plaque c'est que vous l'avez bien saoulée auparavant.

En revanche, l'homme préfère mentir et assumer au seins d'une même phrase deux propos antinomiques quitte à dire à une femme "qu'elle est tellement bien" que c'est justement "pour cela qu'il la quitte". C'est trop fort. 

Mon esprit porté à la recherche et à la compréhension des choses, y voit peut être une survivance animale liée à l'espèce. Peut être que nous les mâles avons dans nos gènes quelque chose qui nous prédispose à la protection de nos femelles et que leur faire du mal nous est insupportable ? Alors on préfère enrober et mentir. Bon on pourra me répondre qu'un certain nombre d'hommes tapent sur leurs femmes sans que cela ne les gêne mais n'empêche que s'agissant de ruptures, personne ne constatera que les hommes sont toujours d'une rare lâcheté. Ils préfèrent soit parvenir à se faire détester pour finalement qu'on les plaque plutôt qu'ils n'aient à le faire ou alors prendre, comme je le disais précédemment, les torts pour eux.

Comme cette amie s'embourbait dans ce truc là, je me suis livré à une explication de texte un peu abrupte. En substance, mais avec d'autres mots bien sur, je lui ai expliqué qu'elle s'était faite niquer profondément mais que pour qu'elle ait moins mal son copain avait utilisé une formule ayant le même pouvoir lubirfiant que la vaseline. 

Ainsi, poursuivant de manière docte mon explication, je lui expliquai sans ambages que la phrase de son copain contenant deux propositions il ne fallait retenir que la pire "je te quitte" et ignorer celle dans laquelle il faisait son panégyrique "tu es merveilleuse". Je poursuivis en lui disant que c'était un sale con et que je ne comprenais pas comment elle pouvait encore supporter son contact.

C'est rigolo que j'en sois venu à dire cela parce que la même scène dans mon cabinet n'aurait pas été pareille. Il me semble que j'aurais été plus gentil et plus enclin à comprendre ce qui se passait parce que je sais trop que face à l'amour, les femmes perdent souvent raison. C'est même très amusant de constater combien l'amour peut être une faille chez ces dernières. C'est sans doute pour cela qu'il existe des femmes qui font le trottoir pour l'amour d'un homme et pas l'inverse. Quoiqu'à la réflexion, on a aussi connu des hommes qui se sont ruinés pour une femme.

En bref, bien qu'elle s'en défende, mon amie est encore amoureuse : elle l'a dans la peau. Elle me l'a à demi-avoué peu de temps après tout en m'expliquant qu'elle gardait la tête sur les épaules. Pourtant, quand je vois les changements qui se sont opérés chez elle, ce qu'elle est capable de faire et qu'elle ne faisait pas, c'est sur : elle est amoureuse. En bref, même si cela m'ennuie qu'elle se fasse avoir, qu'elle dépérisse à vue d'œil, il n'y a pas d'issue, il faut qu'elle boive son mauvais pinard jusqu'à la lie !


De toute manière il faut vraiment être encore amoureuse pour croire un aussi gros mensonge que celui-ci !

A quoi sert de vivre ?


Je reçois depuis peu une nouvelle patiente. Jeune femme brillante, on ne peut pas dire qu'elle soit bourrée de symptômes ni que sa vie soit un enfer. Une intelligence réelle associée à des capacités d'adaptation réelles font que sa vie se passe sans anicroches. Là où d'autres seraient fiers de leur réussite, ma patiente a le succès modeste. Elle sait pertinemment qu'elle aurait pu faire mieux et n'attribue ses réalisations qu'à ses facilités et non à de quelconques efforts. 

Tout pourrait aller du mieux possible si elle ne s'ennuyait pas fermement. De son propre aveux, si elle n'avait pas sa famille à laquelle elle ne veut pas faire de peine, elle se serait suicidée. Et le pire, c'est qu'elle m'annonce cela froidement et calmement. Tout va si bien qu'elle ne trouve aucun goût à la vie. Comme c'est une patiente assez récente, je ne peux évidemment pas lui dire qu'elle doit avoir une lune ou un ascendant en capricorne et que c'est normal de vivre comme cela parce que notre effroyable lucidité nous fait comprendre que vivre ne sert à rien. Verlaine a d'ailleurs fort bien décrit les saturniens dans un de ses poèmes intitulé Ode aux saturniens.

Prenez la réussite de n'importe qui et imaginez que quels que soient ses succès, de toute manière, il finira dans une tombe qui ne sera plus honorée quelques décennies après. Comme la sagesse populaire le dit : "les scs d'or ne vous suivent pas au cimetière". Ce qui vaut pour l'or vaut évidemment pour une réussite effectuée indépendamment de l'argent amassé. 

En fait, cette patiente devrait se tourner vers la religion parce que la seule chose qui donne un peu de piment à la vie, cela reste la perspective de l'après-vie. On a le droit de s'ennuyer ici-bas pourvu que l'on reste persuadé même fut-ce d'une manière alambiquée, qu'il y a forcément quelque chose qui viendra après l'heure de notre trépas. Mais comment envoyez mes patients chez les curetons alors que ceux-ci font de moins en moins de cas de la vie future pour faire du social. Tant et si bien que dernièrement, alors que je regardais les cérémonies de béatification de Jean-Paul II, cela m'a fait tout drôle, comme si je regardais en ethnologue les coutumes d'une tribu lointaine. L'idée de sainteté m'apparaissait totalement baroque et anachronique.

 Bref, voici le genre de cas que j'ai rarement mais qu'il est difficile de traiter. Répondre à la question : "à quoi sert de vivre ?" semble aisé à priori mais extrêmement difficile. On peut trouver toutes les réponses possibles et inimaginables mais un saturnien, tel l'Ecclésiaste dans la bible, trouvera toujours le moyen de les rendre caduques.

Je crois que la pire réponse est quand les gens vous disent qu'ils vivent pour leurs enfants. Comme s'ils ignoraient que Dame Nature dans son incomparable duperie a créé dans notre cerveau une forme d'attachement pour notre progéniture afin qu'on puisse la protéger et lui donner la chance à elle aussi une chance de se perpétuer. Ainsi, qu'on soit un couple d'humains, ou un couple de taupes, c'est la même chose, on trime pour faire bouffer les gniards qui sitôt devenus intéressants vers vingt ans se hâteront de partir après vous avoir fait subir leurs couches sales, leurs résultats scolaires affligeants et leur crise d'adolescence. Là où le poète chante l'amour, que voulez-vous le saturnien n'y verra qu'un piège de la nature en vue de la perpétuation de l'espèce.

D'autres vous diront que leur vie c'est leur métier, leur passion. Pourquoi pas ? Mais bon, le même œil aguerri verra dans toutes ces occupations que l'occasion d'occulter la réalité qui fait que l'on mourra tous ou la preuve que seuls les faibles d'esprit sont heureux sur cette terre. Peut-être que je suis plutôt heureux dans mon job parce que justement il me permet de me concentrer sur autrui et de ne pas penser à moi. De toute manière, n'ayant pas d'autres besoins réels, que d'une table en terrasse, d'un café, d'un livre et de mes clopes, on ne peut pas dire que je sois difficile à contenter. Je suis un sage à ma manière.

Dans les faits, je pense donc que pour ne pas être malheureux, il ne faut surtout pas se poser de questions et presque vivre au jour le jour en se disant le soir en s'endormant : "encore une bonne journée de passée sans mauvaise nouvelle". C'est ce que je tente de faire et quand j'écoute ma patiente se poser tant de questions, je suis plutôt heureux d'avoir réussi à intégrer en moi un programme qui répond automatiquement "ta gueule Philippe" dès que je me pose une des grandes questions téléologiques du type : qui suis-je, d'où viens-je, où vais je ? 

Dès qu'on commence à se poser des questions, c'est l'enfer à moins d'avoir la foi et d'être persuadé que si on ne sait rien, Lui sait pour nous. En bref, l'équation est plutôt simple à poser puisque pour être heureux dans la vie, il faut soit être :
  • Etre un faible d'esprit et ne jamais se poser de questions. Sachant que ces faibles d'esprit se recrutent dans toutes les couches de la population. On vit comme un animal en faisant des petits et en amassant pour avoir une belle tanière et une nourriture saine, abondante et variée et puis aussi des loisirs parc que faut pas déconner ! On a la vie et le destin d'une taupe ou d'un bousier (bosser pour bouffer et perpétuer l'espèce) en imaginant qu'on est génial.
  • Être quelqu'un qui se pose des tas de questions parc que l'idée de finalité l'intéresse (mais pourquoi suis je sur terre bordel de merde ?!?) et finalement ne jamais trouver de réponse adaptée. Tout en sachant qu'il y a forcément un truc et que même si l'Église et les autres religions constituées racontent   beaucoup de conneries, l'idée d'une vie après la mort, d'une sorte de survie de la conscience, ce truc magique et incompréhensible, n'est pas stupide du tout. Et puis comme obtenir une réponse est impossible, alors on se dit qu'on y croit obscurément mais qu'on ne se poser plus de questions et qu'on verra bien lorsque le moment viendra et on devient un simple en esprit ce qui est radicalement du faible d'esprit.

Bref, je ne vois pas d'issues possibles entre cette alternative d'être soit un crétin soit quelqu'un qui devine les choses mais admet que son intelligence ne lui permettra jamais de trouver la solution : un faible d'esprit ou un simple en esprit. 

Je pense que le pire, c'est être au milieu du gué, savoir que les réponses classiques que font les gens à leur raison d'être sur terre ne nous conviennent pas tout en refusant de prendre du champ, du large, de la hauteur de vue en se posant les bonnes questions auxquelles on admettra sagement ne jamais trouver de réponse satisfaisante.

En bref, Marx avait raison de dire que la religion était l'opium du peuple mais eut-il été plus malin, il aurait parlé de foi plutôt que de religion. Parfois, l'opium a du bon et je ne vois pas comment vivre sans.

Mais si vous pensez qu'il existe de bonnes raisons de vivre, faites le moi savoir et j'en ferai part à ma patiente. Le lecteur qui saura trouver une explication propre à lui redonner le goût de vivre gagnera mon estime éternelle et je chanterai ses louanges.


Unde, ubi, quo ? D’où viens-je ? où suis-je ? où vais-je ?
Je n’en sais rien. Montaigne dit : Que sais-je ?
Et sur ce point tout docteur consulté
En peut bien dire autant sans vanité.
Mais, après tout, de quel endroit le saurai-je,
Moi, qui, d’hier dans l’univers jeté,
Ne suis rien moins qu’un être nécessaire ?
 
Extrait "Oeuvres de Frédéric II , roi de Prusse, dit "le Grand"

Mytho !


Bon voici un bon moment que je n'étais pas venu. Je n'avais même pas modéré les commentaires, c'est vous dire si je me tenais loin du blog. Mais bon, vous avez vu l'actualité récente ...  comment vous dire les choses, sans rien révéler des secrets d'état, sans mettre votre vie en danger ... Parce que dès que je vous aurais dit, attendez vous au pire. Parfois on vit mieux sans rien savoir.

Parce que le printemps arabe, la Tunisie, l'Égypte, c'était moi, enfin un peu moi. Cette nuit - heure française - la liquidation de Ben Laden, c'était encore moi. Je sais que les plus intelligents d'entre vous le soupçonniez et que ma couverture de psy ne tenait que moyennement la route. En fait, je suis agent secret, je suis dans tous les coups fourrés. 

On murmure même que Gérard De Villiers se serait inspiré de ma vie pour écrire ses SAS. D'ailleurs son héros s'appelle Malko. Alors vous voyez le lien ? Non ?!? Malko est un prénom qui commence par un "m" et le mien commence par un "p". Or vous aurez noté que le "m" est une lettre qui vient deux places avant le "p" dans notre alphabet. Et alors me direz vous ? Et alors, je suis né un douze janvier et vous aurez compris que quand on écrit ma date de naissance en chiffres, on met "12" et il y a bien un "2". La démonstration est éclatante : Malko c'est un peu moi.

A propos de mythomanie, mon pote le Pilote avec qui je déjeunais vendredi me parlait d'un cas récent où un type confronté à son mensonge, avec preuves à l'appui, n'avait rien avoué, préférant au contraire s'enferrer et nier la réalité. Cette attitude étonnait mon pote le Pilote qui, comme le Gringeot, est un mec simple et carré, vu que lui aussi est né sous le signe du taureau. Sauf que si vous voulez tout savoir, le Gringot est né un 6 mai alors que le Pilote est né un 7 mai. Mais, je n'ai jamais senti de grandes différences de caractère entre les deux. Ce qui veut dire que si de nos jours on n'est sur de rien, on peut tout de même être certain que naître le 6 ou le 7 mai ne change rien et qu'on reste un sacré bourrin de taureau.

Mais revenons à nos moutons. Le terme mythomanie a été inventé en 1905 par l'aliéniste (on ne disait pas encore psychiatre) Ernest Dupré pour entre autres décrire un des traits de l'hystérie. Il désignait ainsi une tendance constitutionnelle présentée par certains sujets à altérer la vérité, à mentir, à créer des fables imaginaires (fabulations), enfin à imiter des états organiques anormaux qu'il voyait comme des simulations, d'où le lien à l'hystérie.

Alors que le mensonge normal est épisodique, motivé et proportionnel à son but, le mensonge pathologique est à la base de la fiction fantasmatique du récit du mythomane. La mythomanie n'est donc pas seulement l'action de fabuler ni celle de mentir. C'est une véritable constitution, un type de déséquilibre entraînant l'élaboration de récits d'événements et d'actes qui n'ont pas eu lieu mais que le malade fait croire à autrui. Il dit en avoir été le témoin ou l'acteur et s'y décrit souvent dans une position avantageuse, ou au bénéfice secondaire important (par exemple pour rechercher à se faire plaindre).

Le Pilote trouvait l'attitude de ce type complètement délirante, et dans son esprit ultra carré de natif du taureau, ne comprenait pas pourquoi alors qu'il était "découvert", il s'obstinait encore à camper sur son mensonge. C'est là qu'il faut faire la différence entre le menteur et le mythomane. Contrairement au mythomane, le menteur altère la vérité pour tromper intentionnellement l'autre. Un mythomane, lui, ment pour vivre, pour croire à ses propres mensonges. Il ne ment pas pour tromper les autres mais a besoin que les autres adhèrent à ce qu'il dit pour y croire lui-même. Il ne sait pas faire la différence entre la réalité et les évènements issus de son imagination. Tandis que le menteur trompe délibérément l'autre, le mythomane trompe délibérément lui-même.


Dans les faits, la mythomanie est rarement considérée comme un symptôme isolé ce qui fait que le concept est la plupart du temps traité en association avec les autres troubles auxquels elle est associée. On trouvera la mythomanie associée à différents types de personnalités pathologiques  - comme l'hysterique qui se met en scène perpétuellement ou le narcissique qui surestime ses réalisations - ou carrément à certains types de psychoses. Dans ces cas là, il est difficile de traiter la mythomanie. D'ailleurs ces personnes sont peu demandeuses de soin, leur pathologie les préservant de la confrontation avec le réel la plupart du temps.

Dans certains cas, la mythomanie peut naître à l'occasion d'un choc psychologique résultant d'un traumatisme en consistant ainsi une sorte de rempart entre le mythomane et une réalité trop difficile à vivre. Plutôt que de s'avouer faibles, le mythomane s'inventera ainsi une vie à laquelle il adhèrera, estimant qu'il est préférable d'être le géant de ses rêves plutôt que le nain de ses cauchemars qu'il redoute d'être.

Dans les faits, il ne faut pas encourager le mythomanie dans sa fabulation mais tenter de le "ramener sur terre" tout doucement en l'amenant à s'accepter ce qui n'est pas chose aisée. De même que l'on peut être addictif avec une substance comme l'héroïne ou la cocaïne, on peut aussi devenir dépendant de sa mythomanie.

Si les mythomanes réels sont extrêmement rares et extrêmement difficile à traiter, la mythomanie ordinaire est assez commune et s'observe souvent en corrélation avec un fort complexe d'infériorité. La mythomanie consiste alors à altérer de manière perceptible la réalité pour se fabriquer un personnage. Le diplômé d'une école de catégorie B, se retrouve ainsi promu major d'une grande école. Tel autre n'ayant qu'un poste médiocre, se retrouve finalement dans ses propos l'égal de son PDG, etc. 

Ce sont des cas que j'ai assez souvent et la plupart sont des hommes comme si le complexe d'infériorité, alors qu'il est semble-t-il équitablement réparti entre les hommes et les femmes, devait à tout prix être combattu par ces derniers au nom de la sacro-sainte virilité. C'est une clientèle difficile d'accès dès que l'on veut traiter dans le fond l'origine des problèmes. 

Habitués à raisonner de manière dichotomique en voyant le monde en blanc et noir - les géants et les nains - ils redoutent de perdre leur carapace pour s'apercevoir qu'ils ne sont finalement que des gens normaux avec des qualités et des défauts. On aurait même vu certains hommes, sans doute complexé par leur taille médiocre, s'arroger la libération d'otages dans une maternelle et ne pas en démordre.

Les mythomanes sont donc parmi nous et si vous voulez les éviter, alors dès que vous sentez poindre un complexe mal digéré chez quelqu'un, sauvez-vous vite !

"Peu importe que je n'aie jamais pris les trains dont je vous parle, l'important est que je vous les ai faits prendre"
Blaise Cendrars