31 mars, 2008

Mai 68 de droite !?


Comme je l'écrivais dans un message précédent, j'ai constaté que divers blogs m'avaient mis en lien et je voulais leur rendre la pareille. Je viens de le faire pour celui-ci. Ayant aussi vu que celui-ci envoyait régulièrement des gens chez moi, j'ai tenu à voir si j'étais en lien. Et bien non, je n'y figure pas !

En revanche, je viens de constater que mon blog figurait tout en haut de cette page, intitulée "un site pour un mai soixante-huit de droite". Je suis bien sûr très honoré de figurer en haut de la page, parce que j'aime bien être en premier. Tous mes lecteurs le savent, je n'ai aucun défaut si ce n'est un orgueil démesuré que je tâche de camoufler derrière une modestie savamment entretenue. De plus, je vois que je suis classé sous la rubrique anar de droite ce que l'on nomme habituellement aristocratisme libertaire, terme que je préfère car plus flatteur.

Jusque là, rien à dire sinon à remercier pour ce énième lien qui me fait bondir sur Technorati. Oui, je consulte régulièrement mon classement sur Technorati ! Et alors ? Quand on est un obscur, un sans-grade, un vermisseau comme moi, on a les plaisirs médiocres que l'on peut, c'est tout. Alors cessez de vous moquer de moi. Ayez un peu de compassion. Mon niveau d'autorité est de 20 et je suis au 415 686ème rang des blogs. Alors, bande de jaloux, ça vous rend tout chose hein ?!

En revanche, je ne suis pas pour un mai 68 de droite. Je trouve l'expression creuse et dénuée de sens. Mai 68, au risque de passer pour un rouge, fut une bonne chose en ce sens que cela mit fin à l'autoritarisme. Dans les faits, bien qu'agacés par le bordel que ce joyeux mois de mai mit dans les rues, beaucoup de gens soutinrent ce vent de liberté qui soufflait. On a beau jeu de dire que cet événement a engendré des tas de conséquences pernicieuses et nuisibles, je m'en fous, je pense que j'aurais été sur les barricades bien que n'étant pas de gauche. Ou alors plus sérieusement, j'aurais trainé dans les cafés en observant de loin les événements. D'ailleurs par la suite, le Général s'est pris une branlée au référendum de 1969 ce qui prouve qu'il y avait eu un divorce entre lui et son électorat.

Je suis catholique et ce n'est pas pour autant que je veuille un cureton qui me surveille car je crois au libre arbitre. Je puis être conservateur et apprécier certaines traditions et pourtant je ne crois pas que c'était mieux avant. J'ai eu envie de faire Saint-Cyr bien que je ne sois pas militariste ni un fervent admirateur de la grande muette qui depuis bien longtemps n'a rien gagné. J'aime l'Internet, la voiture, la mixité dans les établissements scolaires, je trouve super qu'un jour on aille dans l'espace, etc. Je pense aux autres mais ce n'est pas pour autant que je veuille me sacrifier pour la collectivité ni m'y diluer.

En un mot comme en cent, mai 68 fut peut-être une excellente chose à moins que ce ne fut quelque chose d'inévitable. La France d'avant 1968 était celle où les citoyens de seconde zone comme moi auraient eu le droit d'aller au turbin en se taisant, ou de se faire tuer dans les conflits tandis que les élus se tenaient généralement à l'abri de tout. Le problème, ce sont les excès de mai 68. La droite déjà très bête à cette époque n'a pas su surfer sur cette vague libérale.

Sincèrement si on a apprécie Barbey d'Aurévilly, Péguy, Céline ou Muray, on ne peut pas être pour un mai 68 de droite ! La droite est le strict opposé de la gauche, c'est une autre face du socialisme, or je ne suis pas socialiste. Me classer anar de droite et me faire collaborer à un mai 68 de droite est une hérésie. La seule position qui vaille est d'observer tout cela et de se tenir à distance en ayant de l'humour. Tôt ou tard, toutes ces bêtises finiront pas se fracasser sur le mur du réel. Aucun élu n'a le pouvoir d'empêcher le printemps d'arriver. Je crois au progrès technique mais pas à celui de l'homme.

De toute manière, ce mai 68 de droite n'a pas lieu d'être. Quand on estime qu'un mouvement a pris tellement d'ampleur qu'il est allé trop loin, il suffit d'attendre. Tel un balancier, l'énergie qui le mue vient bientot à manquer et il redescendra.

Plutôt qu'attendre un hypothétique mai 68 de droite un peu stupide, soyez patient. Comme disait ce brave Lao Tseu :

"Si quelqu'un t'a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre"

La vie des autres ! Un peu comme chez nous !?!

Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire, je ne vais jamais au cinéma. Je trouve cela cher, on ne peut pas fumer et encore moins appuyer sur pause quand on a envie d'aller pisser un coup ou de se faire un café. Et puis, en vérité je n'aime pas le cinéma. Je sais que c'est iconoclaste de le dire, mais pour moi le cinéma n'est pas vraiment un art. C'est tout juste le moyen de mettre à disposition de ceux qui n'aiment pas lire ou qui manquent d'imagination, les livres qu'ils ne liront ou n'apprécieront jamais.

Et puis je trouve la plupart des films assez nuls. Je suis souvent si déçu que je réécris la fin dans ma tête. Je me dis qu'à la place du réalisateur ou scénariste, moi j'aurais fait ceci ou cela. Alors chercher à se détendre pour en définitive refaire le boulot des autres, ce n'est pas un loisir.

J'ajoute que bien entendu, je ne vais jamais voir de films français. C'est mon côté "pétasse", ma petite coquetterie, qui fait que je préfèrerais mourir qu'aller voir un film français avec des acteurs français et un réalisateur français. Je suis déjà obligé de subventionner cette bande de nazes, si en plus, je devais payer une place de cinéma et leur redonner de l'argent, je crois que j'en mourrais !

Mon copain Olive, celui qui est très riche et roule en Touareg W12, au mépris de la planète, m’enjoignait depuis un an de m’inscrire au petit vidéoclub qui a ouvert dans la commune. Il m’expliquait que le gars était sympa et de bon conseil et qu’il y avait près de quatre-mille films. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai cédé et j’ai pris un abonnement. Et ainsi, de temps à autre, le week-end je vais louer des films.

Ne connaissant pas grand chose au cinéma, je me laisse conseiller. Le patron du vidéoclub ne me propose plus de films français depuis qu’il m’en avait vanté un dans lequel figurait Vincent Lindon. Je n’avais eu qu’à lui dire « jamais de films français » et il a compris. Je ne sais pas ce qu’il aura compris. Soit il m’aura pris pour un original ayant ses petites lubies, soit pour un paranoïaque qui en veut particulièrement à Lindon, je ne le saurai jamais.

Depuis, il ne commet plus d’impair. Ainsi aujourd’hui, alors que j’allais en louer un, il a regardé ses nouveautés et a mis la main sur la jaquette d’un film français puis l’a immédiatement ôtée en disant sur le ton flegmatique de celui qui a tout vu et tout connu dans l’exercice du petit commerce : «ah oui, c’est vrai, jamais de film français pour vous monsieur». Brave petit commerçant !

Il a donc saisi une autre jaquette et m’a dit : «Avez vous vu celui-ci ? C’est allemand». Il s’agissait de La Vie des autres, film ayant obtenu l’oscar du meilleur film étranger en 2007 et dont j’avais entendu parler. Le boutiquier m’assure que c’est très bien aussi pris-je ledit film. J’apprends par le résumé qu’il s’agit de l’histoire d’un agent de la Stasi qui dans l’ex-RDA, alors qu’il espionne un couple d’artistes, voit ses idées changer.


Je l’ai vu ce soir. L’envers de la jaquette m’a beaucoup plu. Déjà, c’est bourré de critiques dithyrambiques issues de journaux tels que Télérama, Le Nouvel Observateur et Libération. «Quoi, que des journaux de gauche» me dis je ? Mais alors ce film est-il à la gloire de l’ex-RDA ou alors ces journaux ont-ils fini par comprendre le socialisme était mortifère ? Je ricane intérieurement, me disant que si ce film était paru avant la chute du mur, nul doute que ces mêmes journaux auraient été persuadés qu’il s’agissait d’une propagande américaine.

Le soir venu, je regarde le film. Je le trouve très bien. Les acteurs jouent juste et le scénario est bien ficelé. Moi qui pensais le cinéma allemand forcément un peu chiant depuis Fritz Lang, j’en suis pour mes frais, ce film est excellent. Ce qui est assez drôle, c’est que ce film raconte un peu notre histoire à tous. En forçant juste un petit peu le trait, ce que vivaient les gens dans l’ex-RDA, c’est ce que vit tout français aujourd’hui : presse d’état, artistes d’état, ministre de la culture d’état, police d’état chargée de surveiller les déviants, pouvoir absolu d’une administration pléthorique sur les citoyens, interdiction d’écrire sur certains sujets, le tout sur fond de corruption d’état. Pour faire plaisir à Laure Allibert, je rajouterai qu’il y a forcément une sécurité sociale d’état même si le sujet n’est pas abordé dans le film.

Ce qui change ce sont les uniformes et les voitures. Pour le reste, c’est assez identique. Ainsi hier, me baladant sur ILYS, je suis allé lire l’un des liens qu’ils proposaient. Il s’agissait d’une séance à l’assemblée nationale. Le point 6 traitant de la HALDE a retenu toute mon attention parce que c’est un morceau d’anthologie.

C’est ainsi qu’on lit, Monsieur Pascal Clément, qui fut Garde des Sceaux sous Monsieur de Villepin s’exprimer ainsi :

« M. Pascal Clément, président de la commission, rapporteur. Je le confesse à la tribune.

Croire que seule l'éducation serait de nature à faire évoluer l'opinion est un leurre. Il faut aller au-delà, et sanctionner sera sans doute le seul moyen pédagogique pour transformer un état d'esprit qui est trop souvent celui des Français. »

Les termes « faire évoluer l’opinion » et « transformer l’état d’esprit » sont des expressions qu’auraient pu employer les agents de la Stasi dans le film que je viens de voir. Mais au fait, si j’osais me permettre une blague à deux sous, je demanderais quel est le nom de la personne qui est à l’origine de la HALDE ?

Mais j’écris, j’écris, je parle de mes états d’âme, je fais part de mes réflexions oiseuses comme si je vivais librement. Pour être tout à fait serein, il faudrait que je vérifie si par hasard, le fait de comparer la HALDE à la Stasi, et par extension la France à la défunte RDA, ne serait pas un délit puni par la loi ? Parce que c’est le propre des dictatures, violentes ou douces comme la nôtre, que de voter des lois assorties d’autres lois destinées à punir ceux qui ne seraient pas satisfaits des premières.

En résumé La vie des autres est un bon film, agréable à regarder mais qui ne nous apprend rien. Bien entendu, il ravira tous ceux qui vivant en France, se croient encore dans un pays libre et seront outrés en se rappelant quelles furent les conditions de vie dans le bloc de l'est. Pour les autres, les plus lucides, ce ne sera qu’un simple rappel de leurs exactes conditions de vie. Ceci dit, j'ai noté qu'on pouvait encore fumer dans les cafés à l'époque de la RDA.

Un point intéressant qui rejoint le titre de ce blog, est que dans le film, le héros fait publier un article sur le suicide en RDA dans Der Spiegel un journal de RFA. Comme il l'explique, alors qu'en RDA, on publiait toutes les statistiques, seules celle ayant trait au suicide n'étaient plus publiées depuis 1977 car le nombre de suicide en RDA était le second plus élevé après la Hongrie.

Il ne vous aura pas échappé qu'en France, on se suicide aussi beaucoup. Il y a environ 150 000 à 180 000 tentatives de suicides pour 12 000 suicides réussis. En vingt ans, la vente d'antidépresseurs a été multipliée par dix. D'après les statistiques deux classes d’âge présentent plus de risques : les 18-25 ans chez les deux sexes, les hommes de 35 à 44 ans et les femmes de 45 à 54 ans. Cette affection entraîne 10 à 15 % des suicides. Le moral des français serait au plus bas si l'on en croit les sondages. D'ailleurs on déprime tellement dans notre beau pays (ce doit être un des volets de l'exception française) que cela nous a valu le lancement d'un plan de lutte contre la dépression voici quelques mois. Avec un français sur cinq qui en souffre, cela devenait urgent, même si je ne pense pas que les bonnes mesures soient prises.

Je me demande encore, comment mes chers concitoyens peuvent aller mal, en dépit des efforts inouïs des politiques pour que tout aille mieux !

Fonctionnaire chargé du bien-être en pleine action !

29 mars, 2008

Je me suis fait une amie !


Je souffre d'une maladie terrible qui est en train de me terrasser. Le nez pris, la gorge douloureuse, les poumons envahis de mucosités, je tousse et renifle. Je me traîne de ma paillasse au canapé où je regarde d'un oeil morne des vidéos stupides abimé dans un demi-sommeil. J'ai l'impression que je vais mourir, que cette année, je ne verrai pas le printemps. Je devrais peut-être demander l'extrême onction !

Bref j'ai un rhume ! Oui alors, pour moi, c'est dramatique ! Cependant n'écoutant que mon courage, je me douche, prends mon scooter et vais à la pharmacie acheter les produits adéquats. Parvenu à la porte, j'avise une affiche expliquant que la pharmacie, en tant que secteur économique, est menacée par les vautours ! Les vautours, ce sont bien sûr les vilaines grandes surfaces qui voudraient bien vendre des médicaments sans ordonnance et pourquoi pas aussi ceux nécessitant une ordonnance.

Jusqu'à présent, il y a un écueil puisqu'il faut être docteur en pharmacie pour vendre des médicaments quels qu'ils soient. Vous me direz qu'il suffirait que la grande surface embauche un pharmacien mais c'est impossible puisqu'il faut que la majorité des actionnaires d'une officine soient eux-mêmes pharmaciens. En gros vendre des médocs reste un business réservé aux pharmaciens. On se demande bien pourquoi ?

Et le conseil et la responsabilité m'objectera-t-on ? Et alors, la profession d'agent immobilier est aussi une profession règlementée nécessitant l'obtention d'une carte professionnelle mais il n'est pas interdit à quelqu'un n'ayant pas les capacités de l'obtenir d'investir dans une agence. C'est pareil pour un salon de coiffure pour lequel le brevet professionnel est requis. Le patron peut ne pas l'avoir pourvu qu'un des salariés l'ait. Mais la pharmacie, c'est la santé vous dira-t-on, c'est du sérieux !

A tout ceci s'ajoute le fait qu'il y ait un numérus clausus. Bref, si vous pouvez ouvrir autant de salons de coiffure que vous voulez, il n'en va pas de même pour les pharmacies qui obéissent à une répartition démo-géographique. En bref, quand vous avez votre officine, c'est géant car vous bénéficiez d'un phénomène de rente. Vous pouvez être un sale con malaimable et totalement incompétent, tant pis car un mec plus capable ne viendra jamais vous concurrencer si le nombre d'habitants du coin n'augmente pas !

Etonnez-vous après cela de devoir toujours faire la queue derrière des mémés pour acheter une simple boîte de paracétamol ! Et encore, lorsque l'officine est ouverte car comme tous les petits commerces, ça n'ouvre pas longtemps ni souvent, même si à Paris il y a eu des progrès. Ce n'est pas demain que vous verrez une pharmacie ouverte 7/7j et 24/24h comme Walgreens aux États-Unis ! Matez leur site, on y trouve même des GPS pas chers !

J'observais l'affiche toute moche expliquant aux clients qu'attention, des vautours voulaient s'emparer de la vente des médicaments. Bien sûr, on a le droit aux mêmes arguments que d'habitude. C'est à dire qu'on vous explique que la santé n'est pas un truc marchand, sauf que les pharmaciens vivent bien, il n'y a qu'à voir celui qui vit en face de chez moi. On vous explique aussi que ce sera dramatique parce que les petites officines disparaitront. Et alors, qu'est-ce qu'on s'en fout si les petites officines cracras et mal tenues ferment ? Cessons de défendre à tout prix le petit commerce !

Logique marchande, incompatible avec une logique de santé publique, rétorquent les pharmaciens. «Jacques Attali m'a dit : “Pour moi, vous êtes un commerçant.” Je lui ai répondu : tous ceux qui tiennent une caisse enregistreuse n'ont pas fait six ans d'études», raconte Jean Parrot, président du Conseil national de l'ordre. Pour moi ce sont des commerçants comme les autres, on doit donc les mettre en concurrence. Et effectivement c'est un peu con de faire six ans d'études pour tenir une caisse sauf qu'habituellement, le personnel n'a pas fait six années d'études puisque la plupart des salariés sont de simples préparateurs en pharmacie.

Et puis l'argument des six ans d'études est pénible. Et alors ils ont fait six ans d'études ? Et cela leur donnerait le droit à un statut particulier super protégé ? Mais bordel, on n'a pas fait la révolution pour rien ! Finies les jurandes et les corporations qui verrouillent l'accès à une profession ! Les pharmaciens à la lanterne et hop !!! Et n'allez pas croire que ce soit la fréquentation récente de gens de gauche qui me rende comme cela. Non, c'est mon côté libéral !

Marre de ces individus qui bénéficient de la rente de législations abusives ! Et si je veux ouvrir une super pharmacie moi ? Ben on m'en empêchera ! Pourtant j'ai un super projet ! J'imagine déjà le nom : Pharmacash 3000 ! Des rayons entiers de super produits sans ordonnance avec des trucs cools genre poudre de perlimpinpin, phytothérapie, parfums, compléments alimentaires et je ne sais quoi d'autre ! Evidemment, je rajoute un rayon alcool de la mort avec du pinard, des alcools forts et de la bière et bien sûr les clopes parce que le vice rapporte toujours. Un peu de junk food aussi parce que c'est très demandé. On leur crèe du cholestérol d'un côté et on leur vend de quoi les soigner de l'autre, sacré business ! C'est là-dessus que je margerais ! Au fond, des guichets pour les médocs sur ordonnance. Et pour tenir le tout, du personnel sous-payé avec juste un docteur en pharmacie un peu mieux payé, et encore. La profession s'étant féminisée, je choisirais d'ailleurs une femme. Les femmes sont plus sérieuses que les hommes et n'ont pas le même instinct de compétition ! Et bien sûr on reste ouvert h24 et j7 ! Tout au-dessus mon bureau avec des vitres sans tain pour surveiller ces fainéants parce que dès qu'on a le dos tourné, c'est connu le salarié n'en branle pas une !

J'en étais là de mes réflexions libertariennes, maudissant la corporation des pharmaciens qui m'empêche d'ouvrir mon Pharmacash 3000 lorsque je me décidai à entrer ! Je fis la queue derrière trois mémés avec des ordonnances longues comme le bras. Je trépigne intérieurement car je me dis que si on avait été dans mon Pharmacash 3000, le client serait entré, aurait pris son paracétamol et son sirop contre la toux, puis passant dans les rayons, aurait peut-être rajouté un pack de kronenbourg et des chips goût bacon, se serait dirigé vers la caisse, le tout en moins de cinq minutes !

Tandis que là, je poireaute derrière des vieilles qui n'ont rien d'autre à foutre un samedi en fin de journée que de m'emmerder une des rares fois où je vais dans une pharmacie ! Mon tour arrive enfin. Froidement, je demande du sirop contre la toux sèche et une boite de paracétamol. Et comme c'est un docteur en pharmacie qui me sert, il faut qu'elle justifie ses six années d'études. Elle est assez mignonne et commence à me toiser. Alors j'ai le droit aux questions et conseils cons que je n'ai pas demandés. Si je m'automédique, ce n'est pas pour avoir un non médecin qui joue les médecins, sinon je consulte un médecin. C'est aussi le côté chiant des pharmaciens car comme ils ont souvent raté médecine, ils sont frustrés et adorent vous filer une consultation que vous n'avez pas demandée !

Alors à la question "quel âge a-t-il ?" concernant le sirop, je réponds que c'est pour un grand garçon. Le pharmacien demande aussitôt : "oui mais grand cela ne veut rien dire, quel est son âge ?". Moi je la regarde et je lui réponds avec mon sourire de grand séducteur à la Clark Gable : "Ben quel âge me donnez-vous ?". Elle m'explique alors que j'aurais du lui préciser que c'était pour moi. Et comme j'ai envie d'ergoter, je lui dis qu'au contraire, puisque c'est pour moi, je ne précise rien mais que pour un enfant, j'aurais précisé. Elle plisse son petit nez et je comprends qu'elle juge que je suis un gros con.

Elle me tend ensuite une boîte de Doliprane et je réponds que j'ai demandé du paracétamol et que je veux donc du générique. Il faut alors qu'elle aille au bout de l'officine pour trouver la boîte, tandis que le médoc de marque plus cher est placé juste derrière la caisse. Je lui fais alors la leçon sur les génériques, ce qu'elle n'apprécie pas. Et citant sa belle affiche, je lui dis que les vautours ne sont pas ceux que l'on croit. Elle s'offusque et me demande ce que je veux dire. Je lui explique alors que si j'avais été dans une grande surface, j'aurais de moi-même pris un générique sans que l'on chercher à me refiler un produit deux fois plus cher. Je rajoute aussi que je n'aurais pas eu à subir une queue de vingt minutes pour de si piètres achats. Bien sûr, je ne lui parle pas de Pharmacash 3000 parce que je veux garder ce nom secret.

Elle décide de ne pas me répondre. Comme je suis habillé comme un semi-clodo et que je ne suis pas rasé depuis deux jours, j'ai du être classé chez les prolos de gauche. Elle me jette juste d'une voix séche "pas plus de 8 comprimés par jour soit 4 grammes". Comme j'ai décidé d'être désagréable, je lui réponds que je ne tiens pas à me suicider en me flinguant les reins et en lui précisant toutefois qu'à mon âge ce n'est pas la première fois que je prends du paracétamol. Et qu'au surplus sachant lire, je peux aussi lire la notice qui est dans la boîte. Elle me répond qu'elle fait son métier. Je lui dis que je la comprends et que c'est normal de vouloir apporter de la valeur ajoutée à un métier d'épicier quand on a un doctorat parce que cela évite la frustration.

Comme elle est choquée et qu'il n'y a plus grand monde dans l'officine, elle tente de débattre pour me vanter la chance qu'elle a de bosser en officine. Je l'écoute et lui réponds que j'ai parmi mes patients des demoiselles qui ont fait les mêmes études qu'elle, et sont chefs produits dans de grands labos où elles sont super bien payées et font le tour du monde. Elle me répond alors que tout le monde ne court pas après l'argent. Je lui dis que je la crois comme l'atteste sa jolie montre Cartier. Elle ne me répond pas, se contentant d'annoncer ce que je dois.

Je règle, mais comme je suis bon garçon et qu'il semble que je l'ai un peu ennuyée avec mon comportement de goujat, je lui présente mes excuses en lui expliquant que mon rhume terrible me rend malaimable. Elle répond à peine.

Je m'en fous, j'attends que la loi change. Un jour je l'aurai mon Pharmacash 3000 avec le rayon alcool et cigarettes ! Et ce n'est pas moi qui irait emmerder les clients avec des conseils oiseux. Parce que quoi qu'on en dise, le commerce c'est un état d'esprit. Il ne s'agit pas de faire chier le client ! Non mais ! Tiens je mettrai un rayon téléphones portables dans mon Pharmacash 3000 !

Je précise que l'officine n'était pas dans la commune où je vis. Comme j'ai de misérables ambitions politiques, plus éventuellement le souhait d'ouvrir un cabinet secondaire, il ne s'agit pas non plus de me fâcher avec les pharmaciens du cru !

Et puis j'ai le droit de ne pas être aimable. Je souffre moi, j'ai un rhume ! Quand on est pharmacien, faut un minimum de psychologie pour gérer le stress des grands malades !

28 mars, 2008

Conseil de lecture !


S'il y a bien un truc qui n'est pas difficile à écrire, c'est ce genre d'article ! Alors, comme avant d'aller faire un gros dodo, et après m'être pris la tête sur le précédent article, j'avais envie d'en faire un deuxième, je me suis dit : "Et pourquoi que je rédigerais pas un conseil de lecture ? Hein ?".

Aussitôt pensé, aussitôt fait. Et puis, c'est pas avec ce genre d'article que je risque le procès. Surtout que si je conseille, ça veut dire que je vais dire du bien d'un livre. Donc, l'auteur comme l'éditeur, seront contents. Ils n'iront pas jusqu'à m'envoyer un livre gratuit cette bande de rats, mais au moins je ne recevrai pas du papier bleu (une assignation comme lui ndlr).

J'adore lire et je lis de tout. Je lis des ouvrages "prise de tête", notamment dans le cadre de ma profession, mais je sais aussi me détendre. Car il ne faut pas croire, ma détente ne consiste pas qu'à regarder des programmes idiots sur la TNT ou à jouer avec des voitures radiocommandées avec mon pote Olive (celui qui est riche et roule en Touareg) pour jouer à Boulevard de la mort.

Non, pour me détendre, je lis aussi, mais des livres moins sérieux. Je lis donc des polars exclusivement américains parce que je n'aime pas trop les polars français quoiqu'il y en ait de bons. Mais généralement, le polar français, c'est comme la série française, c'est larmoyant, convenu et c'est chiant.

Donc, dernièrement j'ai acheté un polar, Trauma d'un certain Jeff Abott, que je n'avais pas trouvé génial. Ca commençait bien mais ça finit un peu en couilles. Tant pis, il était épais et au format poche, et donc idéal pour les trajets en RER. Et je l'avais acheté chez Relay H qui n'est pas l'endroit le plus génial en termes de choix de livres ! L'ayant terminé, je n'avais plus rien à lire !

Incapable d'être sans rien à lire, je me suis donc précipité à la librairie juste en face de mon cabinet et j'ai avisé leur rayon polar. Sur une table étaient présentées les nouveautés. J'en avise un qui s'intitule "Une histoire de fous". C'est un polar américain, c'est un bon point. Il fait près de huit-cent pages, il me durera bien quatre ou cinq jours. Et enfin le résumé me plait. Et toc, je me déleste de 7,50€ auprès de la baleine malaimable qui tient la caisse et je repars avec mon chouette bouquin que je commence à dévorer.

C'est impressionnant. Le héros Francis, est schizophrène. L'histoire se passe dans un hôpital psychiatrique à la fin des années soixante-dix. C'est profond, bien écrit sans être pénible. Et c'est surtout magistralement imaginé.

Donc si un jour, vous vous êtes demandé comment ça se passe dans la tête d'un fou, achetez ce livre. Je ne connais pas la formation de l'auteur, mais la manière dont il décrit les patients et l'univers carcéral hospitalier est extraordinaire. C'est plein de sensibilité sans jamais verser dans la sensiblerie à un tel point que ça en devient presque de la belle clinique. Je sais que bourré de talent comme je le suis, j'aurais fait mieux, mais bon ...

Donc, si la schizophrénie vous fascine, que vous vous demandez ce que ça fait d'entendre des voix dans votre tête, si voulez partager le quotidien d'un malade mental, alors n'hésitez plus et achetez ce livre. De toute manière s'il ne vous plait pas, dites vous qu'au poids vous aurez fait une bonne affaire.

Moi je le conseille et je suis sûr qu'il vous plaira. Et s'il ne vous plait pas, tant pis, c'est que vous avez mauvais goût ! Ne l'ayant pas encore fini, je ne saurais vous dire si l'intrigue tiendra le cap sur les huit-cent pages. Mais ayant largement dépassé la moitié du livre, j'ai du mal à le lâcher ! En revanche les psys sont présentés de manière abjecte et ça, c'est pas joli-joli !

Donc, on va sur Amazon ou chez son libraire et on acquiert prestement : Une histoire de fous de John Katzenbach chez Pocket !

Allez hop, on se dépêche !

Liens

Lorsque je regarde quotidiennement mes statistiques, je peux vérifier d'où viennent les lecteurs. J'ai constaté que certains d'entre vous avaient mis mon blog en lien sur leurs sites, ce dont je vous remercie. Dans ce cas, faites-le moi savoir et je vous rendrai la pareille.

27 mars, 2008

Ecrire : activité à risque !

Allégorie à la liberté d'expression en France (Auteur contemporain inconnu)

Ayant une épouse avocate, je lui fais parfois relire mes articles afin de savoir si je ne contreviens pas à la loi du 29 juillet sur la liberté de la presse ainsi qu'à quelques autres textes. Parce qu'on a beau dire, on s'agace, on s'énerve, on déconne, on se croit seul et pire on se croit libre mais ce n'est pas vrai. N'oublions jamais que nous sommes en France, pays où la liberté d'expression est très sévèrement encadrée. Encadrée à un tel point qu'elle est inexistante.

Injures, diffamation, incitations à la haine raciale, propos homophobes, handiphobes, sexistes, etc., autant de textes partis de bonnes intentions qui ont fini par bâillonner l'expression et stériliser tout débat en le plaçant sous la crainte de poursuites judiciaires. En France, on considère que les mots tuent ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays développés ou la liberté d'expression est garantie.

Ici, chez nous, pour notre bien disent-ils, il nous est interdit de proférer certaines paroles. Afin que tous, nous vivions mieux ensemble, il nous est gentiment imposé de nous taire. Pour autant, chacun sait bien que taire les choses ne suffit pas à les régler, cela s'appelle mettre la poussière sous le tapis. Vient un moment où il faut soulever le tapis, c'est reculer pour mieux sauter. Il est fort à parier que dans quelques années, nous paieront chèrement notre habitude d'évacuer du débat tous les sujets qui dérangent. On est entré dans une sorte de vie à crédit au cours de laquelle on se permet de faire "comme si", mais on ne connait ni le capital emprunté, ni le taux d'intérêt et la facture risque d'être salée.

Comme il est impossible de tuer la parole, une novlangue a vu le jour. C'est ainsi qu'aujourd'hui on parle des jeunes pour ne pas tomber sous le coup de la loi et risquer un procès. Ceux qui voudront me faire dire ce que signifie le vocable jeune en seront pour leurs frais. Je n'en sais rien, j'ai juste noté la recrudescence du mot jeune dans les informations et mon esprit a fait le reste en constatant que ce terme n'était plus associé à une classe d'âge mais à un type de population. L'envie de pénal dont parlait le regretté Philippe Muray a fait de tels dégâts que nous n'avons presque plus rien à envier à la défunte URSS.

Cette chape de plomb qui s'est abattue sur notre pays depuis quelques décennies et ne cesse de croitre a des conséquences étonnantes. Ainsi dans ma profession où la parole devrait être libre puisque je ne juge jamais les gens, j'ai noté que les patients employaient souvent des détours alambiqués avant d'exposer certaines idées. Ils vont dire quelque chose, et ils s'arrêtent comme si l'idée même qu'ils ont en tête leur semblait déplacée.

Pris sous le feu médiatique de l'Empire du bien, j'ai noté que la plupart avaient maintenant des réflexes inhibant la parole, à croire que je cache un procureur de la République dans un placard ! Hélas pour les censeurs, si l'on peut interdire l'expression des idées en pondant des lois liberticides, il est impossible d'interdire de penser. Alors, je constate que les gens réfléchissent et pensent mais qu'ils n'osent pas exprimer leurs idées.

C'est assez triste dans le cadre d'une thérapie puisque la parole est le seul outil dont je dispose. Régulièrement, j'ai donc le droit à des préambules destinés à m'expliquer que malgré ce qu'ils vont me dire, mes chers patients sont en état de grâce et non en état de péché mortel. Ainsi, avant de porter un jugement sur ce que l'on nomme aujourd'hui une minorité, j'ai souvent le droit à un "N'allez pas imaginer que je sois raciste, sexiste, antisémite, homophobe, etc., mais ... ". Et enfin, le patient s'exprime à mots feutrés. Certains s'excusent même d'avoir voté Nicolas Sarkozy ! C'est dire si la propagandastaffel est efficace !

Bien entendu de telles précautions n'existent pas toujours. On peut encore dire du mal du mâle blanc hétérosexuel de droite et chrétien. C'est bien la seule liberté qui subsiste. Dans le même registre, les critiques envers Nicolas Sarkozy, George Bush et les États-Unis sont aussi admises voire encouragées. Pour le reste, il faut faire attention, les murs ont des oreilles. J'assure aussi que l'on peut clamer de manière véhémente qu'on préfère le cake anglais au kouign amann, les bretons ne porteront pas plainte. Enfin pour le moment ...

Ce que l'on oublie aussi, c'est qu'en plus de ces textes que tout un chacun connait, existe en France le redoutable article 9 du code civil qui garantit le respect de la vie privée. Son application est extrêmement stricte et les people le savent bien. Ils désirent en effet les prérogatives de la célébrité (gloire, argent, pouvoir, etc.) tout en en refusant les contraintes (exposition de la vie privée, un certain glamour...). Des mauvaises langues ont même affirmé que les dommages et intérêts récoltés lors de ces procès pour atteinte à la vie privée rapportaient parfois beaucoup et étaient une source de revenus non négligeables. C'est bien tout le problème de l'article 9 du code civil qui protège la vie privée de personnes publiques.

Depuis quelques jours, une affaire défraie la blogosphère. Dans les faits, l'avocat d'un acteur a assigné un blogueur parce que son blog pointait vers un lien relatant sa liaison avec une chanteuse. C'est à dire que le blogueur ne fait lui-même pas état de cette liaison mais simplement via son agrégateur de liens. L'acteur peu connu, mais je ne suis pas cinéphile (je ne connaissais pas Olivier Martinez que je confondais avec Vincent Perez), demandait 30000€ de dommages et intérêts et n'aura finalement obtenu que 1000€ auxquels s'ajoutent 1500€ de remboursement de frais d'avocats plus les frais engagés par le blogueur lui-même pour se défendre.

J'ai pu noter que dans mes liens, figuraient certains blogs que j'apprécie mais dont je ne partage pas toujours les idées. Si l'un de ces blogs faisaient paraitre une information contraire à la loi, serais-je condamnable ? Ainsi suis-je responsable des propos parfois sexistes et souvent anti-ségoléniste de ce monsieur parce que j'ai mis un lien vers son blog ? Ceci dit, le monsieur étant balèze je pourrais toujours plaider l'intimidation en expliquant au juge que moi je ne voulais pas mais qu'il m'a menacé. C'est ce que m'a conseillé mon épouse et l'on a déjà commencé à faire rédiger des attestations en ce sens.

Certains pensent qu'alors que jusqu'à présent, le web était relativement épargné, ce n'est plus le cas à partir d'aujourd'hui, date de ce procès. D'autres pensent même que c'est la mort du web2.0. Je trouve ces positions ridicules. Comme je l'exprimais plus haut, la liberté d'expression n'existe pas en France qui est un pays liberticide dans lequel, je ne suis pas plus libre que dans une dictature.

Certes, entre de vraies dictatures violentes et la nôtre, les moyens pour nous faire taire diffèrent. Là où la bonne vieille dictature envoie ses nervis vous chercher pour vous emmener dans quelque sombre cave où vous serez liquidé après avoir été torturé, en France c'est la police qui initiera les festivités en vous cueillant à six heures du matin pour vous maintenir en garde à vue, après quoi c'est la justice qui finira le sale boulot en prononçant des condamnations pécuniaires qui auront vite fait de vous ôter l'envie de vous exprimer.

La police et la justice sont-elles pour autant responsables ? Non puisqu'elles ne font qu'appliquer des lois votées par des parlementaires élus tous les cinq ans. Nous sommes donc tous responsables de ces dérives liberticides. N'oublions jamais que nous sommes les électeurs.

Je ne pense donc pas que le web2.0 soit mort, parce qu'en France un tel moyen d'expression ne peut tout bonnement pas vivre. Le web2.0 dont tout le monde se gargarisait n'a donc jamais existé sauf s'il s'agissait de parler de recettes de cuisine. Je constate simplement que la répression s'accélère. Après les différents groupes de pression organisés sous forme d'associations reconnues d'utilité publique que tout le monde connait et craint à juste titre, les acteurs écument eux aussi le web à la recherche des déviants.

Comme la plupart des blogueurs je trouve assez ignoble la manière dont cet acteur a agi. Certes il était en droit de faire cesser ce qu'il estimait être une atteinte à sa vie privée. En ce cas, il aurait pu envoyer aux responsables des sites visés, une mise en demeure les enjoignant de retirer le lien incriminé. Nul doute qu'ils auraient obtempéré puisque manifestement ils étaient dans l'erreur de bonne foi, n'ayant jamais eu la moindre velléité de nuire à l'acteur et encore moins de se faire de l'argent avec l'information relatée sur ce site.

Le fait que l'acteur ait directement assigné ces blogueurs en exigeant des sommes astronomiques eu égard aux faits reprochés, comme le lui autorise la loi, est légal mais sans doute pas très loyal. A défaut de prendre conseil auprès de ses avocats, il aurait du en référer à son agent, s'il en a un, qui lui aurait expliqué qu'en terme de publicité ce n'était sans doute pas la meilleure chose à faire. Aujourd'hui, il a gagné son premier procès mais il bénéficie d'un buzz sans précédent. Je n'ose imaginer les critiques de ses prochains films ! Cependant, cet acteur n'a fait qu'usage de son droit le plus strict, il n'y a pas hurler à l'attentat ! Nos internautes découvrent aujourd'hui les limites de l'expression.


Alors comment conclure, que dire de tout cela ? Après avoir muselé la presse et la télévision, il était normal que la web soit dans la ligne de mire du pouvoir. Quiconque s'intéresse à l'information ne lit plus la presse française depuis longtemps. Celui qui cherche de bons spectacles évitera soigneusement les productions françaises formatées dans lesquelles on sent l'empreinte épaisse de l'Empire du bien. Ne nous restait donc que le web pour être libre.

Pour autant, bien que libéral, j'admets que tout ne puisse pas être dit que l'on doive rester responsable de ses écrits lorsque l'on cite nommément une personne. Que l'injure et la diffamation soient condamnables me semble être une bonne chose. De la même manière, le respect de la vie privée est aussi une bonne chose. Dans la mesure le nombre respect de certaines règles peut créer un réel préjudice à une personne physique (ou morale). Le respect d'autrui est la base même du libéralisme.

Il est donc normal que le web2.0 soit soumis à ces règles. Encore faut-il que ce préjudice soit clairement établi et démontré et ne concerne que des personnes physiques ou morales afin qu'on ne dérive pas vers des procédures abusives. Il faudra aussi finir par admettre que le web, invention géniale, restera toujours un monde sous-terrain et fluctuant au sein duquel les informations sont à discriminer sévèrement. Peut-on traiter le web et ses apprentis journalistes comme on le ferait pour un média traditionnel ?

Dans les faits, ce qui me dérange aujourd'hui, ce n'est pas cette affaire. Cet acteur a le droit au respect de sa vie privée même si les moyens utilisés sont peu élégants, je le concède. Ce qui me gêne, c'est que ceux qui hurlent après cet acteur, l'accusant de tous les maux, se soient tus toutes les fois précédentes où la liberté d'expression a vraiment été bafouée en France stérilisant tout débat.

Nous n'avions en effet pas besoin de ce énième rebondissement pour savoir qu'en France, on doit se taire. Combien de petits gauchistes bien-pensant, qui pleurent aujourd'hui, se sont frottés les mains, chaque fois qu'un de leurs opposants était sévèrement condamné ? Les avons-nous entendu protester alors contre la chape de plomb qui s'abattait sur la France ? Non.

Alors que les textes liberticides pleuvaient, j'ai entendu peu de gens protester. Aujourd'hui, voilà leur tour d'en faire les frais. Et encore s'agit-il d'un cas de non respect de la vie privée très spécifique et non d'une interdiction de s'exprimer. Alors, aujourd'hui que les foudres judiciaires s'abattent sur eux, je les plains et les soutiens sans pour autant forcément me sentir de leur côté.

Tout le battage autour de cette affaire me rappelle un fort joli texte à méditer que je reproduis ci-dessous. Ne nous réjouissons jamais du malheur d'autrui, n'y soyons jamais indifférent ... Et évitons de mettre un insigne "Blog vigilant" de peur que certains prennent cela au pied de la lettre et deviennent vraiment ... trop vigilants !


Je n'ai rien dit

Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.

Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.

Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester...

Pasteur Martin Niemoller (1892-1984), Dachau 1942

24 mars, 2008

Laurence va aux amériques ! Laurence wird in der beiden Amerika gehen


Laurence voulait connaitre les Etats-Unis. La pauvrette n'a jamais pris l'avion. Son plus grand périple est de venir nous voir à Paris dans ce train qui roule si vite, comme elle nous l'explique dans son sabir mêlant français, platt et allemand.

Cette année, elle nous accompagnera donc aux Etats-Unis à Las Vegas, la destination parfaite du blaireau que je suis. Moi j'aime bien Las Vegas alors que je ne suis même pas joueur. J'adore l'absence totale de culture qui imprègne cette jolie cité nichée en plein désert. Aucun musée à visiter, pas une expo intéressante, rien du tout à se mettre sous la dent pour celui qui voudrait voyager intelligemment !

C'est bien un des rares coins au monde où vous ne risquez pas de rencontrer un socialiste à collier de barbe, pull et méphistos. Bon, il y a tout de même des pauvres que l'on retrouve downtown et qui sont intéressants à observer parce qu'ils permettent de se dire que tout ne marche pas bien aux USA et que c'est mieux chez nous ou du moins pas pire ! C'est promis j'emmènerai voir Laurence voir les pauvres.

Bon la ville a changé et c'est un peu devenu un Dysneyland pour adultes. N'empêche que c'est sympa. Et puis il faut se dépêcher d'y aller avant que tous les vieux casinos soient détruits. Les jours du Sahara, du Tropicana et du Riviera sont comptés. Ces casinos dont les salles de jeux s'ouvrent directement sur le Strip sont remplacés par des édifices à thèmes, eux-mêmes remplacés par des hôtels bling-bling comme le dernier Wynn's. Moi qui y suis allé une foultitude de fois depuis 1993, j'ai vu des bâtiments historiques disparaitre chaque année.

J'ai toutefois un peu peur de la réaction de ses parents qui ne sont jamais partis en vacances. Enfin si, je suis mauvaise langue, ils sont venus passer un week-end à Nancy en 1982. Alors ils ne comprennent pas bien pourquoi leur fille part en vacances et surtout pourquoi si loin puisqu'il y a des tas de choses intéressantes à voir aux alentours de Foug. Laurence est donc passée diner chez ses parents hier soir pour leur annoncer qu'elle partirait en vacances en mai ailleurs qu'en Lorraine.

Déjà, à peine entrée dans la cour du pavillon qu'occupent ses parents, son père vient à sa rencontre. C'est un rituel qu'il respecte toujours. Un lumignon blafard éclaire la cour de ciment et Rantanplan, le chien hurle à la lune attaché par une chaine à sa niche. S'approchant de sa fille, il l'observe avant de lui dire : "ben il a encore fallu que tu mettes du rouge sur ta bouche et que tu te fasses les yeux noirs ! Et c'est quoi ces souliers à talons ? Et tu portes des pantalons comme les hommes maintenant ! Allez, avant d'embrasser ta mère, tu vas te débarbouiller et tu mettras tes galoches et ta grosse jupaille de laine grise. Qu'il ne soit pas dit à Foug que notre fille est une catin qui gagne malhonnêtement sa vie en ville !".

Loin de se rebeller, Laurence s'exécute et revient dans la grande salle commune embrasser sa mère. Dans l'âtre, suspendue à une chaine, une grosse marmite de croutonnade est en train de cuire. Sur la table de bois mal équarri de grosses assiettes de grès sont posées avec à leur côté une grosse cuiller d'étain. On voit que le sol de terre battue a été nettoyé récemment avec un balai de joncs. Assise sur un misérable tabouret branlant, sa jeune sœur Delphine ôte la peau d'un lapin pris dans l'après midi au collet par son père qui adore braconner tandis que son mari chante un air de chez eux en nettoyant une vieille pétoire. Sous la table, les jeunes neveux de Laurence jouent.

Le repas se déroule dans un silence assourdissant tout juste ponctué par les bruits que font les convives en avalant leur croutonnade brûlante. D'un seul coup sa mère brise ce silence en disant : "Alors, il parait que tu veux aller faire ta mijaurée en amérique ?". Tremblante de peur, Laurence explique un peu son voyage et parle des escales. Sa mère excédée l'interrompt aussitôt pour lui dire "Me prends pas pour plus bête que je suis ! Ici aussi on a l'Internet et j'ai regardé dans Jaugueul (elle prononce ainsi Google ndlr)".

Laurence bafouille mais sa mère la coupe immédiatement : "Ton copain de Paris, celui qui dit soigner les fous, il se fout bien de toi, je sais pas ce qu'il prépare mais il est pas clair celui-là !". Sa mère lancée sur ce sujet poursuit immédiatement : "D'ailleurs je l'ai jamais aimé cuilà. Je te l'ai dit dès que je l'ai vu avec sa grosse voiture étrangère. Et pourquoi qu'il a pas une Renault comme tout le monde hein ? Et sa bonne femme qui faisait des mines en faisant semblant d'être gentille avec nous. Tout ça passk'elle est avocate ! Mais moi comme je lui ai dit, on est des gens honnêtes on n'a tué personne alors on s'en moque des avocats !"

Laurence tente d'apaiser sa mère en lui expliquant que le ministère d'avocat n'est pas uniquement requis qu'au pénal mais cette dernière l'interrompt : "Quoi ministère ? Elle est ministre ? Non même si elle se donne les mêmes airs ! Et c'est parfumé comme une cocotte et ça parle qu'on y comprend rien ! Et t'as vu ses mains ? Avec ses bagues que je sentais qu'elle voulait nous en mettre plein la vue ! Et ses ongles ? C'est sûr qu'elle doit pas souvent faire la vaisselle celle-là ni ravauder des chaussettes ! Et que ça se dandine sur des talons hauts en se donnant des airs !". "Mais maman, tu sais que ..." tente d'expliquer Laurence. Mais sa mère intraitable poursuit : "Je sais peut-être pas ce que tu vas me dire mais je sais que c'est pas avec ces chaussures là qu'elle viendrait à la Nuit de la chouette avec nous. Mais c'est peut-être pas assez bien la Nuit de la chouette pour tes amis. Il leur faut des choses exotiques comme leur voiture !".

Laurence tente bien d'expliquer qu'on peut être quelqu'un de très bien sans aller à la Nuit de la Chouette à Foug mais sa mère n'en démord pas : "Taratata, c'est pas assez bien pour eux la nuit de la chouette. Nous, ton père et moi on y va tous les ans et ça nous plait bien. D'ailleurs quand tu étais petite tu aimais bien aussi. Mais depuis que tu es à Nancy tu viens plus ! C'est pas assez bien pour toi ! Alors que même ton beau frère Emmanuel il vient depuis qu'il a épousé ta sœur et même qu'il en raterait aucune de Nuit de la chouette, hein Emmanuel ?". Le beau frère acquiesce et la mère poursuit : "Mais c'est sûr que quand on roule en Zab, ben on s'en fout de la Nuit de la chouette ! Ah ils sont jolis tes amis ! Faut que t'arrêtes de nous ramener n'importe qui à la maison, on n'a rien dit mais on veut plus les voir ceux-là".

Le père rajoute immédiatement : "Ca oui, parlons-en de sa voiture. Une zab qu'il a dit, c'est quoi ça Zab ? Ici personne roule en Zab, on n'a pas les moyens et puis même si on les avait, ça se fait pas de rouler en Zab, c'est n'importe quoi. Et au cul de sa voiture, y'a marqué un nom de poisson". Le père réfléchit pendant que les convives le regardent interloqués, puis explique : "Oui y'a écrit turbo comme si on mettait un turbo dans un moteur et pourquoi pas de la sole aussi !". La mère qui est allée aux écoles tente d'expliquer : "T'énerve pas mon Jeannot c'est turbo sans t qu'il y a écrit, ça doit être autre chose que le poisson vu que pour le poisson que tu dis on met un t".

Le père éructe : "Traite moi d'imbécile devant mes filles et mon gendre aussi pendant que t'y es !". Le gendre Emmanuel tente d'apaiser tout le monde en expliquant : "Ben beau-papa, je sais pas comment qu'on écrit le nom du poisson et même que je le connaissais même pas ce poisson là vu que j'en mange que d'une sorte qui s'appelle le Pané vu que sur la boîte c'est marqué poisson pané mais le turbo je sais ce que c'est, c'est ... "

Il n'a pas fini sa phrase que je père se lève et tape du poing sur la table : "Toi aussi tu vas t'y mettre ? Tu vas me donner des cours de mécanique ? Je suis encore le maître chez moi. Je sais ce que c'est qu'un turbo et c'est un poisson. Mon frère vit à Dieppe alors je connais les poissons hein ! Et on n'a jamais vu de poisson dans un moteur même à Paris où c'est qu'ils font rien comme tout le monde. Ca se peut pas, ce serait de la sorcellerie !" La mère tentant d'amadouer son mari ose une saillie : "Je sais pas si y met du poisson dans son moteur ton Philippe vu que j'y connais rien à la voiture mais en tout cas il a tout du maquereau ton copain avec ses costumes brillants et ses souliers pointus". Et tout le monde de s'esclaffer bruyamment à ce jeu de mots !

Laurence s'insurge en se hâtant de défendre mon intégrité ! Mais sa mère forte matrone à qui on ne la fait pas, la coupe encore et lui dit : "Ben oui ma fille, toi tu es encore gamine mais à nous on nous la fait pas ! Tu nous as dit que ton avion il allait d'abord aller de Paris à Youssetone ? Ben tu vois, moi je me méfie des beaux parleurs et Youssetone ça existe pas sinon je l'aurais trouvé sur Jaugueul !" Laurence bredouille mais sa mère poursuit "Et puis Las Vegas, c'est quoi encore cette lubie ! C'est une ville où c'est qu'on joue et on se prostitue ! C'est pour les voyous ! T'es sûre que dinde comme tu es tu vas pas finir sur les trottoirs là-bas ?"

Elle rajoute aussitôt : "Et c'est quoi cette histoire de Bohinge ? C'est-y un nom de chez nous ça Bohinge ? Si tu veux tant que ça prendre l'avion, tu pouvais pas monter dans une Caravelle comme tout le monde ? Même le Général de Gaulle il montait en Caravelle mais toi non, t'es une petite princesse, tu veux plus ! En fait, t'es comme ton copain Philippe, lui c'est les voitures étrangères et toi c'est les avions américains qu'il te faut !". "T'es toute pareille que ton copain Philippe", rajoute-t-elle en se signant.

Laurence rougit totalement décontenancée mais sa mère est lancée. "Passke ton Philippe je l'ai jamais senti cuilà ! Avec ses belles manières et ses phrases qu'on n'y comprend rien, j'ai toujours eu l'impression qui voulait nous en mettre plein la vue. Mais ma fille nous les godelureaux on les reconnait. Je suis pas née de la dernière pluie. Crois-moi à Toul y'a les mêmes. Oui tu peux faire ta fiérote mais là-bas au bourg c'est peut-être pas les amériques mais y'a de drôles de choses qui s'y passent. C'est comme à ton Las Vegas !". Laurence interloquée ne sait plus quoi dire.

Sa mère poursuit : "Moi je suis née à Francheville et même là-bas y'en avait des comme lui, des propres à rien qui savaient pas faire grand chose à part parler. Ca pour faire des phrases y z'étaient là, mais pour tenir un outil y'avait plus personne. C'est sur qui zavaient les mains douces ces feignants pas comme ton pauvre père qu'a sué sang et eau pour te nourrir toi et ta sœur. Et on les voyait pas à la procession en l'honneur de Saint-Elophe notre saint patron ! Non ça passait la journée à jouer aux cartes cette engeance là. Mais ce que je dis hein, je vois bien que tu t'en fous !"

Son père prend le relais et sentencieux lui explique : "Et c'est quoi cette idée de prendre l'avion ? Tes idées de monter dans un Bohinge ? T'es t-y sérieuse ma fille ? Toi t'as toujours été une rêveuse, on se le disait toujours avec ta mère quand on te voyait lire. On se demandait même où t'avais pris cette lubie de lire passke c'est pas nous qui te l'ont donnée vu qu'on lit pas ou alors juste le programme télé. Je vais te dire, si Dieu avait voulu qu'on vole, il nous aurait donné des ailes. C'est ce que dit monsieur le Curé. Mais toi t'es plus maligne que tout le monde et tu veux traverser les océans dans les airs comme une oie !" Et le père de s'esclaffer bruyamment aussitôt rejoint par son gendre Emmanuel qui rajoute "Ben oui comme les oies, vrai de vrai, les oies elles font ça même que sur la TV j'ai vu un reportage où qu'ils montraient des oies qu'allaient aux amériques et toi tu veux faire pareil". Les deux hommes se regardent d'un air de connivence l'air de dire que Laurence est folle.

La mère lui demande alors : "Et d'abord pourquoi que t'irait pas en train là-bas ? C'est bien le train non ? Regarde depuis qu'y nous ont mis le TGV tout le monde est content. T'as qu'à y aller en TGV à ton Las Vegas même peut-être qu'en tant que fonctionnaire tu aurais une réduction. Faudra que tu montres ta carte à la Gare !". Laurence ne dit toujours rien. Le père rajoute aussitôt "Oh tu parles le train ! Depuis qu'elle a fait ses études, c'est plus assez bien pour elle le train ! Déjà qu'il faut qu'elle roule dans une voiture neuve avec des vitres qui descendent en appuyant sur des boutons et un volant qui tourne tout seul, tu penses bien qu'elle va pas prendre le train ! Ca non ! Tu penses bien qu'elle qui se promène fardée et en pantalons, elle doit bien rire quand tu lui parles de train. Elle doit penser qu'on est que des imbéciles et que le train c'est bien pour nous mais pas pour elle".

Médusée Laurence ne dit rien et se contente d'avaler sa salade de fruits au sirop en boîte que sa mère a préparée spécialement. La mère mécontente commence à débarrasser la table au maugréant : "Je t'avais bien dit Jean que c'était pas une bonne idée de l'envoyer faire des études. Ca l'a pourrie gâchée ça lui a mis des idées dans la tête !". Son père sentencieux rajoute aussitôt : "Oui ta mère a raison tu as changé depuis que tu as passé le bacho ! Tu n'as voulu aucun des gars du village. Et pourtant le Gédéon il était bien. C'était un beau gars à l'époque avec une bonne paye et un travail honnête. Mais c'est sûr il était pas assez bien pour toi. Toi tu veux des gars qui se pavanent avec des cravates ! Tu es exigeante ma fille, trop exigeante ! Tu verras où ça va te mener tout ça !".

La petite soeur qu'on n'a pas encore entendue rajoute : "Oui t'es qu'une orgueilleuse et ça te perdra ! Aujourd'hui c'est Lassevegasse et demain ce sera Nouillorque qu'il te faudra. Tu verras mais tu m'écoutes jamais moi ! Tu finiras droguée déjà que tu fumes ! C'est comme les habits ! Moi au marché de Toul je trouve tout ce que je veux mais toi il te faut des trucs italiens, du Gouchy comme tu dis !". Lassée, Laurence ne dit rien. La soeurette poursuit sur sa lancée : "Ben tu vois t'as rien à dire ! Chuis peut-être la plus jeune mais je suis plus mûre et tu t'en rends compte ! Moi je mets pas de Sent-bon qui vient de la capitale, mais j'ai des idées claires et je mène ma vie correctement. On jase pas derrière mon dos ! Je roule pas du popotin comme toi pour jouer les dames ! Moi mes amis y sont en Lorraine chez nous, j'ai pas besoin de fréquenter des étrangers." Son mari qui fume placidement la pipe à côté renchérit : "Pour sûr ma Fifine, tu es une femme bien et tu m'as fait deux beaux enfants ! Tu vois c'est pour ça que j'aime pas trop aller à Nancy, passke ça tourneboule la tête toutes ces boutiques ! Toi au moins t'exiges pas du Gouchy, et du Yorre !"

La mère qui fait la vaisselle derrière marmonne "Youssetone, qu'est ce qui faut pas entendre, est-elle bécasse celle là, on lui vendrait n'importe quoi ! Pfff est-ce que je vais à Youssetone moi !". Laurence ne dit toujours rien. La soirée s'achève ainsi morne et triste dans une incommunicabilité qui exprime mieux que toute thèse de sociologie la difficulté qu'il y a à se comprendre entre générations différentes.

Il est près de vingt-trois heures lorsque Laurence s'en va. Elle fait la bise à sa mère et son père la raccompagne à sa voiture. Après l'avoir embrassée, il lui tend une enveloppe en lui disant "Bon devant ta mère, je fais le bravache et je la soutiens mais moi je trouve ça bien que tu voies du pays. Tu vois si j'avais été plus jeune, je crois que moi j'aurais aimé aller à Dijon, il parait que c'est une belle ville. Peut-être que dans deux trois ans, avec ta mère on ira. J'essaie de lui en parler mais tu la connais, dès qu'on parle de quitter la Meurthe-et-Moselle elle s'emballe. J'ai pourtant tout prévu, j'ai les horaires des TER".

Laurence écoute, ne sachant pas où son père veut en venir. Il lui tend alors une enveloppe et lui dit : "Tiens une fois là-bas fais toi plaisir mais dépense pas tout quand même ! Et puis jure moi que t'iras à la messe là-bas !".

De retour chez elle, elle ouvre l'enveloppe dans laquelle est glissé un billet de cent francs. Les larmes aux yeux devant tant de largesses, elle n'ose pas téléphoner à son père pour lui dire que les francs sont démonétarisés depuis 2002.

PS : pour les nouveaux venus, je précise que Laurence est la demoiselle qui se charge de toutes les corrections et des montages sur ce blog et qu'elle vit en Lorraine.

23 mars, 2008

Incroyable !

Je suis passé lire Ilys. Cela faisait un petit bout de temps que je n'étais pas passé chez ces trublions sympathiques. N'écoutant jamais les informations, c'est sur ce blog que j'ai appris que notre cher président avait recruté quelqu'un pour traquer ce qu'on disait de lui sur le web.

L'affaire ne me choque pas outre mesure. Je suppose que chacun de nous a déjà tenté de taper ses noms et prénoms dans la barre de recherche Google pour savoir ce qu'on disait de lui sur la toile. Dès qu'on a un tout petit peu de narcissisme ou même une pointe de paranoïa ou simplement de la curiosité, on le fait. Alors, cela me semble normal venant du chef de l'état.

J'imagine qu'habituellement, c'est un boulot dévolu aux RG ou autres spécialistes familièrement appelés "chaussettes à clous", vous savez ces mecs qui se veulent discrets sans jamais vraiment y parvenir. Donc rien de choquant dans la pratique, depuis La Reynie, on sait que le pouvoir se doit d'avoir les oreilles qui trainent chez le populo.

Et aujourd'hui, le populo, où dégoise-t-il ? Au café ? Nan ! Depuis qu'au café on l'empêche de cloper et de boire sous peine de se voir confisquer le permis, il va sur le ouèbe pardi ! Les Français étant champions toute catégorie du blog, il était bien normal que Nicolas Sarkozy délègue quelqu'un pour savoir ce qui se trame chez nous.

Ce qui m'étonne, c'est le choix de ce Nicolas Princen à qui a été confié cette mission du plus haut intérêt stratégique. Je rappelle toutefois que si les américains ont la NSA, nous avons nous Nicolas Princen. C'est encore l'exception française qui a frappé ! J'apprends ainsi via un article de Libération, que ce jeune homme de seulement vingt-quatre ans, est diplômé de HEC et normalien. C'est une formation curieuse.

Mais bon, je ne dis rien puisqu'après avoir tâté du droit, de la gestion jusqu'au doctorat, une sup de co, je suis ensuite parti en psychologie clinique avant d'échouer en psychologie du travail. Afin que vous sachiez tout, on me retrouva même étudiant en licence d'histoire de l'art et d'archéologie à Paris 1 durant une année pendant laquelle je consolidai mes connaissances en protohistoire.

Que ceux qui ne connaissent rien à la protohistoire se rassurent, moi avant d'être en histoire de l'art, je ne savais pas ce que c'était non plus. En fait, comme en droit j'avais très peu d'heures de cours, mes parents trouvaient cela étonnant voire suspect. En gros, j'avais le choix entre trouver un boulot histoire de prouver que je n'étais pas un glandeur ou bien m'inscrire dans un autre truc. J'ai donc passé un concours pour entrer directement en licence d'histoire de l'art et d'archéologie. Nanti d'un cv aussi étrange, il est clair que ne me restait que m'établir à mon compte ; aucune boîte sérieuse digne de ce nom n'aurait jamais recruté un mec comme moi !

C'est con, je suis né trop tôt. Sinon, comme j'ai un peu multiplié les diplômes comme le jeune Nicolas Princen, j'aurais pu moi aussi être payé à surfer. Faire de la thune en tirant au cul est le rêve secret de tout surdiplômé. Parce que si on aimait vraiment la vie active, on serait allé bosser bien plus tôt ! Non, user ses fonds de culotte sur les bancs de facs ou d'école est un truc de grand anxieux qui se dit que ce monde de lutte n'est pas pour lui. Par exemple, mon pote Olive, qui est riche et roule en Touareg s'est arrêté en BTS. Il gagne dix fois mieux sa vie que moi. La seule chose que j'aie en plus, c'est que je peux le mépriser ouvertement quand je me sens jaloux de lui.

Ce qui est drôle, c'est son parcours. D'abord HEC, ça c'est chouette ! Je me souviens que comme ils bénéficiaient d'une équivalence en licence de droit à mon époque, on avait des HEC en fac. On les surnommait Hors d'Etat de Comprendre. Ils n'avaient aucun raisonnement juridique les pauvres. C'était des blaireaux auxquels on ne parlait même pas. Les méchantes langues qui diront qu'on était jaloux auront raison. Mais à cette époque, même sous la torture on ne l'aurait jamais avoué. Pour nous un HEC c'était un gros con de money maker, un marchand du temple qui finirait vendeur de voitures ou chef produit PQ chez Lotus, alors que nous étions nous des érudits avides de doctrine et beaux raisonnements juridiques.

Les normaliens, j'en connais moins. Là ça commence à taper haut et fort. J'en ai juste fréquenté un, peu de temps. Il était allocataire de recherche dans un cours de sociologie du travail auquel je m'étais inscrit. Faut vraiment être un blaireau comme moi, pour aller étudier cela. Comment vouliez-vous que je finisse ailleurs que sur une liste presque de gauche ! Il faut que je fasse gaffe ou je finirai en pull à col roulé avec un collier de barbe !

Donc à ce cours, il y avait un prof super intelligent et sympa mais il y avait aussi le chargé de TD qui était donc ce qu'on nomme un allocataire de recherche issu de Normale Sup'. Je m'en souviens comme si c'était hier, il était petit, malingre avec une grosse tête couvert d'un chaume blondasse plein d'épis. Il avait un aspect curieux. Si j'avais été un salaud, je pense que j'aurais émis l'hypothèse que ce mec avait été fini à l'urine ou bien qu'il résultait de l'accouplement d'un père et d'une mère qui étaient aussi frère et sœur. Ailleurs qu'en France, pays où les soins néonataux sont au top, je crois que ce type, né sans doute six mois avant terme, n'aurait pas survécu. En tout cas à Rome il aurait fini balancé du haut de la roche Tarpéienne.

Comme tous les mecs qui n'ont pas suffisamment tiré leur coup étant jeune, il avait tout misé sur les sur les études. Une fois ses supers diplômes en poche, il avait juré de se venger sur des mecs normaux, dont moi, votre serviteur. Je me souviens qu'au premier TD ce gros nul nous avait demandé de remplir une fiche avec nos noms, prénoms, téléphone, adresse, etc. On était en maîtrise et ce mec nous demandait une fiche comme si nous étions des gosses de CE1.

Moi, pour le faire chier parce que je n'aimais pas son air suffisant et sa tête de cul, je lui avais demandé si on devait aussi mettre si on avait des animaux domestiques et la profession de nos parents sur la fiche. Il avait pas ri du tout et m'avait dit qu'on voyait que j'étais un plaisantin. Il avait voulu être sarcastique mais je m'en foutais. Alors je l'avais fait chier toute l'année. C'était le mec intelligent mais à la manière d'un ordinateur.

Mon pauvre vieux PC par exemple calcule des tas de trucs plus vite que moi. Par contre si je ne suis pas au clavier, mon PC ben c'est une merde, un simple assemblage de composants et rien d'autre. Ce mec c'était pareil. C'était un gros cerveau qui triturait des données mais d'une manière un peu folle. Vous savez le genre de mec qui vous dit que si Pierre et Paul héritent tous deux d'une chaise, ben faut leur donner une demi-chaise chacun. Le fait qu'une demie chaise n'ait aucune valeur d'usage ne l'aurait pas effleuré. Non, lui, il aurait coupé la chaise en deux.

Il sortait des tas de trucs d'un air pénétré, sûr de lui. Une fois, il nous avait expliqué que l'entreprise n'était pas suffisamment démocratique dans son fonctionnement. J'avais trouvé cela rigolo alors je lui avais demandé quel était son parcours dans l'entreprise pour affirmer de telles conneries. Il n'avait pas été content.

Moi je rêvais de jeter une poignée d'allumettes par terre pour voir en combien de secondes il pourrait les compter. Mais je n'ai jamais osé le faire. Une fois alors que je le chambrais, il m'avait dit qu'il était jeune. Moi je lui avais dit que je ne savais pas si c'était un jeune vieux ou un vieux jeune. Et c'était vrai. C'est un truc classique chez les malades mentaux. A un certain stade, il est difficile de leur filer leur âge véritable. Les séjours hospitaliers, les neuroleptiques à haute dose, les connexions neuronales foisonnantes qui tournent en boucles sans fin, les font vieillir rapidement.

Voilà un peu mes souvenirs de HEC et de Normale Sup'. On ne peut pas dire que ça ait été très probant. Bien sûr ce sont des généralités. Bon, et puis c'est certain que dans mes commentaires doit subsister la frustration du mec qui se sait, ou se croit, intelligent mais chez qui le sens de l'effort étant quasiment absent, n'a pu parvenir qu'au but que lui permettaient ses facilités. Un peu comme un bateau qui va vite et coupe ses machines d'un seul coup ; on dit qu'il continue sur son erre. Moi mon moteur c'est l'énergie cinétique, rien de plus. Ca fait bien longtemps que j'ai choqué les voiles et coupé les moteurs.

Alors je parle, je parle, mais revenons à nos moutons. Je me dis qu'il est sans doute très bien ce petit Nicolas Princen. Bon, il a une tête de premier de la classe et alors ? C'est mieux qu'être tout sale avec un keffieh autour du cou comme un étudiant en lettres non ? Il est peut-être un peu looké années quatre-vingt mais un styliste arrangera ça dans les prochains mois. Ce n'est pas facile de trouver son style.

Et puis, même si je ne le connais pas, j'ai envie de le féliciter. Ce type a un parcours de tueur tout de même. Le mec, il a compris qu'il fallait bosser jeune quand les blaireaux de copains pensent aux filles et à sortir. Parce qu'après les diplômes en poche, hop il est tranquille.

Lui maintenant, c'est le pote du président de la république. Il doit avoir une liste de relations qui ne tiendraient même pas dans le bottin de Paris. Alors oui bravo à ce jeune Nicolas. Je trouve que tirer au cul aussi magistralement en surfant avec le blé du contribuable, ça mérite d'être applaudi. C'est le mec qui force le respect comme Spaggiari en son temps ! C'est vrai on a beau être moral, on se dit qu'à ce niveau, l'escroquerie étatiste devient de l'art ! Toutes ces études pour en arriver là, chapeau ! Dire que d'autres qui n'ont pas la moitié de ses diplômes s'emmerdent à jouer les chefs produits chez un lessivier alors que lui fait de la veille stratégique en surfant, c'est trop fort !

Félicitation Nicolas. Si vous passez faire un tour chez moi, sachez que vous y serez toujours le bienvenu. Ne prenez pas garde au titre de mon blog, il y a fort longtemps que je n'ai plus de ligne éditoriale. Je suis sûr que vous me classerez parmi vos amis. Parce que d'une part, vous constaterez que j'ai voté Sarkozy aux présidentielles. Et d'autre part, que même si je le trouve plutôt inefficace voire totalement ridicule, je me garderais bien d'en dire du mal parce que je suis un lâche.

Et comme je n'aime pas me dévaloriser, je préciserai que je suis un lâche tout de même doublé d'un type suffisamment intelligent pour comprendre qu'il n'y avait aucune raison qu'un type n'ayant jamais rien fait en tant que maire, député ou ministre, en fasse plus une fois élu aux plus hautes fonctions de l'état.

Nicolas, je suis donc comme vous, l'ami des puissants parce que mieux vaut toujours être du côté du manche. Ne voyez donc dans mes articles, si d'aventure vous veniez me lire, que l'expression de la frustration d'un pauvre type qui n'a pour tout espoir que d'être oublié vingt-cinq ans après son décès et que cela désespère.

Classez moi dans les grandes gueules qui ne mordent jamais, oubliez-moi et ne me dénoncez pas car je ne suis qu'un petit poisson. En revanche, si vous me faites une proposition acceptable, je suis prêt à collaborer. J'ai déjà commencé à préparer une liste de déviants. Par exemple, il y a lui là. Je sais même où il habite. Je peux le balancer facilement et même conduire le GIGN jusqu'à chez lui. Ah j'allais oublier, je m'entends très bien avec les gens de gauche alors je pourrai même servir de taupe !

Donc bienvenu sur mon blog Nicolas. Je coupe, je vais écouter un CD de Carla Bruni. Après j'irai couper des fleurs fraiches pour mettre devant le petit autel que j'ai installé chez moi en l'honneur de notre Président.

22 mars, 2008

Aaaaaah !!! Cent-mille visiteurs !

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah, cent-mille visiteurs, ça y est ! A l'heure où j'écris il y en a même eu cent-mille cent-soixante-neuf qui sont venus !

Mais bon, comme je dois filer à une soirée, je n'ai pas trop le temps d'écrire quelque chose d'intéressants. Merci aux lecteurs.

Je réalise aussi que je suis vraiment un abruti. Tandis que je néglige habituellement les trucs importants qui pourraient me faire gagner de l'argent, je m'accroche à ce blog dont le succès ne me rapporte pas une thune.

18 mars, 2008

Quelle misère !

Enfants pauvres trouvés sur ce blog où les mecs constatent qu'il y a
des pauvres et des opprimés comme l'atteste la
page de présentation.

Me fréquenter, c'est assurément prendre le risque de toucher le fond. M'épouser, c'était la certitude d'atteindre des sommets de médiocrité. Car bien qu'ayant usé mon fond de pantalon sur bon nombre de bancs de faculté, je reste aux antipodes de ce qu'on serait en droit d'attendre d'un intellectuel.

Ainsi, j'ai connu mon épouse, brillante avocate, abonnée à Télérama et regardant Arte, mais il ne lui aura fallu qu'une dizaine d'années en ma compagnie pour devenir accro à la téléréalité et lectrice compulsive de Télé7Jours. C'est ainsi que rentrant tardivement de mes consultations, je l'ai retrouvée regardant Pékin-Express, qui comme son nom ne l'explique pas est une course allant de Rio de Janeiro à Lima. Enfin je crois, en tout cas de l'atlantique au pacifique à travers l'Amérique du sud.

Le principe est simple. Il y a plusieurs équipes de deux personnes. Chacune d'elles n'a le droit qu'à un très faible budget, étant entendu qu'il est interdit de payer pour le transport et l'hébergement. Bon, comme on s'en doutait et comme le Canard Enchaîné le confirmait récemment, c'est une vaste arnaque.

Comme toute émission de télévision, tout est scénarisé. Il semblerait que les gagnants soient choisis dès le départ et largement aidés par la production. Ainsi quand la caméra ne tourne pas, un assistant quelconque file un peu de pognon aux locaux pour qu'ils emmènent les participants en bagnole ou les logent. D'ailleurs, c'est même sûr que c'est de l'arnaque puisque même Télé7Jours de cette semaine en parle. Et croyez-moi côté infos, Télé7Jours, c'est pas le Monde, c'est du lourd !

Au-delà de cette triste arnaque, le principe du jeu m'amuse. C'est le truc parfait pour socialo humaniste au dehors mais pourri en dedans. Ayant regardé un bout d'émission vautré sur le canapé, je réfléchissais au concept.

Déjà, faut avoir un minimum de blé puisqu'il s'agit d'aller se baguenauder au bout du monde pendant plusieurs semaines sans être payé. Donc soit on est riche, soit entretenu ou bien fonctionnaire en disponibilité. Dans ce dernier cas, on est entretenu par l'Etat, c'est à dire le contribuable. Plutôt que de se faire niquer pour de l'argent ce qui est la définition de base de l'expression "être entretenu", le fonctionnaire en disponibilité nique les autres pour de l'argent. C'est plus confortable à défaut d'être plus moral, pas besoin d'écarter les cuisses faut juste savoir se tourner les pouces.

Enfin, il faut aimer le tourisme merdique, vous savez celui qui se fait l'obligation d'aller au contact des habitants. En général, ce touriste déteste les coins à touristes. Dites à ce genre de touriste que vous êtes allé dans un hôtel 5* et ils vous crachera à la gueule. Ils vous accusera de tous les maux. Pour lui, touriste humaniste et équitable, ce qui le passionne c'est d'aller au contact des vraies gens. C'est à dire qu'il va en tant qu'occidental grassement nourri mater la pauvreté des autres en trouvant cela pittoresque.

Récemment une de mes patientes bobo et adepte de tourisme vrai, me racontait que dans je ne sais plus quel bled à la con de Bolivie où elle était partie faire du trekkink (de la marche ndrl), elle avait vu une gamine de dix ans amputée des deux jambes marchant sur les mains pour faire la manche. Elle était parait-il très gaie malgré son infirmité et se débrouillait très bien. Comme disait cette patiente : "dire qu'ici on se plaint !". Oui, c'est sûr que c'est toujours réconfortant de voir plus malheureux que soi !

C'est peut-être la vertu du tourisme authentique. Si j'avais eu de la présence d'esprit, j'aurais pu lui proposer de faire du tourisme authentique dans un service d'oncologie.

Ma patiente lui a bien sûr donné du fric. J'espère que pour ses dix euros elle a eu le droit à une photo souvenir avec la gamine montrant ses moignons authentiques. Dire que pour rendre heureuse une bobo, il ne fallait que cela ! Pff, ne remboursons plus les prothèses et cela rendra quelques personnes heureuses.

Moi, voici quelques années de cela, j'avais vu une gamine me demander un os dans mon assiette alors que j'étais à Acapulco au Mexique. Je n'avais pas réagi que c'était pour elle. En occidental gras, j'avais pensé que c'était pour son clebs. Puis, peu après j'avais retrouvé la gamine qui rongeait l'os assise par terre à deux-cent mètres. Ca m'avait fait tout drôle. Je n'avais pas eu la sensation de faire du tourisme authentique. Peut-être qu'à ma place, ma patiente aurait filé un petit billet à la gamine pour la prendre en photo ? En train de faire la belle, l'os coincé entre les dents, ça aurait pu plaire du côté de la Bastille.

Pékin-Express, c'est le même trip. Des glandeurs vivent donc une fausse aventure en se faisant filmer tandis qu'ils vont faire chier des gens pour qui les vacances ne sont même pas un concept. Ce soir, je regardais une équipe formée de deux gonzesses, se faisant héberger à l'oeil par une famille de pauvres indiens dans les Andes.

J'adorais voir la tronche de ces deux ahuries de service regardant émerveillée une indienne éplucher des patates à la main. Peut-être qu'à force de faire de la Mousseline ou des Mc-Cain, ces deux connes en avaient oublié qu'une patate est un tubercule marronasse recouvert d'une peau qu'on doit généralement ôter ?

J'imagine la gueule des deux mégères si ici en France on avait voulu leur faire éplucher une patate. Putain, les arguments féministes qu'elles auraient pété à la face du mec qui auraient demandé cela ! Mais, bon une occidentale qui épluche des patates c'est de sexisme tandis que si c'est une pauvre indienne coiffée d'un bonnet à la con paumée dans les Andes, c'est typique. Le labeur des autres est toujours pittoresque pour nos gauchistes syndiqués du secteur tertiaire.

Y'avait aussi un naze qui était tout content de se laver à l'eau froide dehors dans un pauvre bac. Curieusement ce nul était ravi. Je gage que si la même chose, genre panne quelconque, lui était arrivée en France, son pauvre syndic de propriété aurait déjà reçu quarante coups de téléphone et trois courriers recommandés. Mais dans les Andes, se geler les burnes en se lavant, ça devient rigolo.

Et tout est à l'avenant chez ces touristes d'un nouveau genre. Mais là où mes petits copains réactionnaires hurleraient et voudraient immédiatement faire fusiller ces bobos nantis exploiteurs de vrais pauvres, moi j'ai une autre opinion. De plus, je ne veux tuer personne. Avant oui, peut-être que dans ma jeunesse, j'aurais bien commandé des pelotons d'exécution mais plus maintenant. L'âge et la sagesse venant, je me suis assagi. Rire des choses est plus relaxant que s'en agacer.

Non, en regardant ces trous du cul s'émerveiller d'un rien mais surtout de la misère, j'en ai tiré la réflexion suivante. En fait, en France, on crève de sous-vivre. Mais, dès qu'on place nos chers compatriotes en situation de survie, curieusement on voit leur sourire revenir. C'est d'ailleurs un truc bien connu, qu'en situation de guerre il y a fort peu de suicides. Curieusement, les gens placés en situation de survie ont d'autres problèmes que des tourments psychologiques. On peut même se demander si se suicider ne serait pas dans une grande majorité des cas, la preuve éclatante qu'on a encore le temps de se regarder le nombril. L'oisiveté est mère de tous les vices.

Ainsi pour aller mieux, virez-moi toutes ces allocs à la con, ce RMI, ces aides merdiques et replongez les humains en situation de survie. Et dix contre un que tout le monde ira mieux. Sous-vivre, l'étymologie le prouve, c'est moins bien que survivre.

17 mars, 2008

Mes vieux potes !

Cherchez pas, c'est pas ma classe ! Mais bon, l'époque peut correspondre.
Moi aussi j'ai été habillé comme un clochard. Question d'époque !

Cela faisait un bon bout de temps que le site Mes copains d'avant me faisait chier en m'envoyant des tonnes de messages. J'avais eu la bête idée de m'y inscrire, comme cela pour voir. Mais comme à l'époque c'était payant, je n'avais pas poursuivi la procédure.

Quelle drôle d'idée de payer pour avoir des nouvelles de mecs que vous n'avez pas vus depuis vingt ans. Quand les gens sont sympas et que ce sont vos amis, vous gardez le contact et vous n'avez pas besoin de ce type de site pour les revoir.

Ceux qu'on n'a pas revus, sont soit de gros nazes qu'on voulait oublier soit des individus insipides dont on ne se souvient pas du tout ! Moi si j'avais été un lycéen américain, j'aurais fait partie des mecs les plus cools du lycée. Bon bien sûr, je n'aurais pas fait partie de l'équipe de football parce que le dernier qui m'a vu faire du sport a une longue barbe blanche. Je hais le sport et encore plus les sports d'équipe. Je n'aurais pas fait partie non plus de l'équipe des mordus d'informatique ou des joueurs d'échec parce que je ne porte pas de culs de bouteille.

J'aurais été le mec cool du lycée, le mec le plus populaire, n'ayant aucun problème pour trouver une cavalière pour le bal de fin d'année, le prom comme ils disent là-bas. J'aurais mis un costume à chier, j'aurais loué une Lincoln Town Car pour aller la chercher chez ses vieux. Elle m'aurait attendu avec sa robe de mémère et je lui aurais offert une orchidée moche qu'elle aurait portée à son poignet. Ca aurait été comme dans un film. Et ma coolitude absolue aurait sauté à la face de tous mes potes qui de toute manière aurait déjà su combien j'étais un mec cool. On aurait été comme dans un vrai film pour teenagers !

Ma coolitude étant établie de manière absolue, vous vous doutez bien que je n'avais pas besoin de ce site pour avoir des potes. Les meilleurs que je me sois faits sont restés près de moi, cherchant toujours et encore à bénéficier de mes lumières, de ma vive intelligence et disons-le simplement, de mon aura.

Laurence qui comme toutes les femmes, adore fouiller m'a récemment prévenu que le site Mescopainsdavant était devenu gratuit. J'ai alors sauté sur l'occasion. Je suis allé créer mon profil et j'en ai profité pour rechercher des gens. J'ai pu constater qu'Olive, GCM, Toju, El Gringo et Laurence avaient tous leurs profils.

J'ai appris des tas de choses et notamment qu'El Gringo avait un pote de bureau qui s'appelle Jackie ce qui souligne notre énorme différence d'âge. Parce que moi, même si j'ai fréquenté des nazes parfois, je n'ai pour autant pas de Jackie dans ma liste de potes. Remarquez son Jackie qui est une Jackie est plutôt gironde. Je vois aussi qu'il joue de l'harmonica et ça il nous lavait caché ! Ce site pourri est une mine d'informations !

La rubrique photos est aussi géante ! J'ai regardé des photos de classe et j'ai constaté que parfois je ne me rappelais même plus la tête des gens alors que parfois on a du être ensemble cinq ou six ans. On se dit "mais c'est qui lui déjà" et on ne voit pas. Sinon, mention spéciale aux blaireaux qui s'affichent en photo avec une star dans la rubrique Photos avec une star. Là c'est géant ! Je vais demander à Laurence de me faire un montage entouré de Chuck Norris et Steven Seagal ! Je veux être dans cette rubrique !

Il y a aussi la rubrique Photos avec une voiture, dans laquelle d'autres blaireaux se font photographier aux volants de caisses de sport. On voit bien que ce sont des caisses louées par des boîtes spécialisées pour tourner sur circuit. Vous savez ce genre de conneries qu'on propose toujours aux commerciaux pour les inciter à vendre du genre :" Coco si tu exploses tes chiffres de vente, promis tu iras piloter une Ferrari durant une heure sur un circuit !". Dans la même veine vous avez ceux qui se font prendre ne photo avec des animaux, peut-être que ce sont des zoophiles ? Impossible de savoir comment évolueront les gens ! Vous pouvez aussi rechercher les gens en fonction de leurs passions voir des livres qu'ils ont lus !

J'en ai aussi profité pour mater les profils de mecs que j'ai connus au lycée. Et là, je n'ai pas été déçu ! Putain, j'ai eu mon bac en 1984, autant vous dire que c'était hier. Si j'ai conservé la sveltesse, l'acuité visuelle et la tignasse de mes seize ans, ce n'est pas le cas de tous ! Quand je vois, à côté de leurs tronches le chiffre "41 ans", déjà je fais un bond. Quoi ils sont si vieux ? Et c'est vrai qu'ils sont vieux tous ! ils sont tous cacochymes !

Moi qui n'ai pas vieilli dans ma tête, mais toute juste maturé comme l'aurait fait un premier grand cru classé, je suis étonné de voir l'outrage des ans sur la tête de mes ex condisciples de lycée. Untel qui était un jeune premier, se retrouve grisonnant avec de grosses lunettes moches sur le nez tandis qu'une autre que chacun s'accordait à trouver bonnasse se révèle s'être transformée en thon atroce. "Putain d'années" comme dirait le chanteur Renaud qui sait écrire !

Ce qui est chiant aussi, ce sont les noms courants. Moi j'ai de la chance d'avoir un nom plutôt rare alors pour me trouver c'est facile. Mais allez trouver un Dumas, un Moreau, une Bousquet, une Royer, un Dupont ou encore un Raynaud là-dessus ! Impossible, même quand on a le prénom, à moins de scanner les milliers de noms proposés par le service. Dès que les gens ont un nom de gueux, c'est terminé, faut s'arracher les yeux pour regarder les années de naissance et ouvrir les profils. La recherche est super mal faite ! Voilà ce que je dis. Heureusement que c'est gratuit.

Alors j'ai rempli mon profil. Je l'ai fait sans aucun sérieux parce que cela me gonfle de répondre à leurs questions à la con. Bon, en ce qui concerne le parcours scolaire et universitaire, j'ai dit tout vrai. Pour le reste, rien du tout, ils pourront aller se faire foutre. En plus c'est scolaire et concon leurs questions. On peut faire son profil caractériel au moyen d'un petit curseur. On peut ainsi clamer à la face du monde si on est dynamique, enthousiaste ou fêtard. Putain, c'est du niveau d'un questionnaire de Jeunes & Jolies leur trucs !

J'ai fait cela vendredi soir, comme quoi j'ai des soirées super passionnantes. Et hop, je ne m'en suis pas préoccupé plus que cela ! Et ce soir, ne voila-t-il pas qu'avant d'aller mettre mon bonnet de nuit, je me demande "Est-ce que j'ai eu des réponses sur ce site de merde ?".

Et bien oui, je suis allé voir ma messagerie et j'ai constaté que j'avais eu des courriers. Idem sur mon mail ou des tas de types dont j'avais oublié jusqu'à l'existence me contactent pour me dire à chaque fois à peu près la même chose. Généralement, le message obéit à la structure suivante :

"Salut Philippe,

J'ai vu que tu t'étais inscrit. Je ne sais pas si tu te souviens de moi ? Moi, je me souviens de toi.

Salut"

Alors là, ce genre de message ça donne tout de suite envie de se ruer sur son portable et d'appeler le mec qui vous l'a laissé. Car ce ne sont que des mecs. J'imagine que les filles de mon âge, déjà toutes mères de famille n'ont pas de temps à perdre là-dessus. Remarquez les mecs intéressants non plus n'ont pas ce loisir. Il faut vraiment être un gros branleur avec un énorme capital temps libre pour traîner là-bas. Ce qui fait que si vous vous inscrivez vous n'aurez en gros que des mecs dont vous ne vouliez plus entendre parler qui vous écriront, des has-been et des mecs sans amis.

Parce que moi je l'ai fait en rigolant mais j'imagine qu'il y aussi des mecs qui ont rempli leur fiche très sérieusement. Alors à mon avis pour aller sérieusement sur ce genre de site, il faut soit :

  • Etre à l'article de la mort et voir défiler sa vie rapidement. Dans ce cas on se demande ce que devient Anatole Coupard et on arrache ses perfusions pour se ruer sur Copainsdavant afin de voir combien il y en a encore vivants de la promotion 1927 du Bac du lycée Branly de Melun. On constate qu'on est le dernier survivant et on se dit qu'on peut quitter la terre l'esprit tranquille parce qu'on les a tous niqués, ils sont morts avant ces chiens galeux même Léon Chevignard qui réussissait mieux que vous et que votre mère citait en exemple.

  • Avoir été le mec pas cool quelles que soient les raisons de l'absence de coolitude. Soit on était fils de pauvre et on allait à l'école habillé comme l'as de pique et tous nos potes se foutaient de notre gueule. Soit encore on avait un physique difficile et les autres nous balançaient des pierres dès qu'on enlevait notre cagoule. Soit encore on était un peu con et on caracolait en queue de classe malgré des efforts surhumains pour y arriver. Les jeunes étant des salauds, si on a été des une de ces trois catégories, on n'avait pas d'amis (Si on a été dans les trois, on s'est suicidé alors on n'est pas sur Copainsdavant). On se dit sans doute que vingt-cinq ans après les gens auront évolué et que les autres voudront enfin nous parler.
Ca n'a pas raté, j'ai donc reçu des super messages de mecs qui entrent dans l'une des trois catégories suscitées. Alors je fais quoi maintenant ? Soit je reste le brave mec que j'ai toujours été malgré ma coolitude et je leur réponds en leur filant mon portable. Soit, je fais le mort. Mais bon, si je fais le mort, ces victimes de la vie vont encore se dire que même vingt-cinq ans après, rien n'a changé. Imaginez qu'ils se flinguent ?! Beau résultat pour un psy non ?

A moins que je ne crèe une fausse fiche que je mette parmi mes relations. Comme les fiches des amis sont accessibles aussi, peut-être qu'un de ceux qui m'ont écrit aura l'idée d'aller la consulter. Voilà je vais faire cela. Je vais inventer un pseudo à la con avec un nom courant et dans sa présentation il racontera qu'il est allé à mes obsèques.

Ah ouais, je donnerai plein de renseignements. Je ferai dire à ce faux pseudo que j'ai eu des funérailles nationales à Notre-Dame de Paris. Qu'il y avait tous les élus et les vedettes d'Hollywood et que la foule était massée sur le parvis. Ca va être chouette d'écrire sa nécrologie !

Bon, personne ne me croira. Faudrait alors que je fasse annoncer mon décès simplement avec un enterrement tout pourri. Ca je ne pourrai jamais ! Ca serait aller contre mon orgueil ! Tant pis, j'assume, je n'avais qu'à ne pas m'inscrire sur Copainsdavant. Je reste en vie et je réponds gentiment.

C'est décidé, j'organiserai des diners de cons.