30 janvier, 2012
Ça semble idiot le dire mais une thérapie réussie vous transforme. Et chez qui aller pour une thérapie réussie ailleurs que chez moi ? La question ne se pose même pas !
L'an dernier, une demoiselle charmante et sérieusement cortiquée est venue me voir. La petite nana est le prototype de la petite surdouée telle qu'on les décrit dans les manuels spécialisés, à savoir glandeuse talentueuse et dotée d'un humour qui ne fait pas rire tout le monde mais que je goûte pour ma part totalement.
La belle est venue me voir pour des problèmes qu'elle jugeait terribles mais que j'ai estimés assez classique du fait de mes compétences et de mon expérience que l'on ne vante plus ! Bref en deux coups de cuillers à pot, comme un neurochirurgien traiterait une vilaine tumeur cérébrale opérable, je l'ai aidée à se débarrasser de vilaines pensées à la con et ma foi, ça a marché parfaitement.
Son sourire est revenu et elle est revenue au top de ses capacités. Si je n'avais pas honte de me comparer au grand Pietro, le mécanicien qui a entretenu mes Lancias et Alfa-Roméos durant des années ; ma patiente était comme ma bagnole quand elle sortait d'un réglage à l'oreille de son double-corps Weber 36DCA5. Après, je remontais au volant et putain, elle montait dans les tours avec une agilité déconcertante. Bref, je cois avoir fait du bon boulot et pour pas cher en plus puisque mes honoraires sont vraiment modérés.
Tant et si bien que s'est posé un problème de couple. Parce qu'il faut toujours rencontrer les gens quand ils vont bien. La demoiselle était à la colle avec un brave type gentil comme tout, un type sans histoires et doux comme un agneau, le mec qui ne pose pas de problèmes parce qu'il est toujours d'accord. Et une fois la demoiselle sortie d'entretien, ben le type qui s'était habitué à une forme de docilité et de passivité s'est aperçu que maintenant il y avait des tas de chevaux sous le capot. Il y a eu quelques sorties de route. De son côté ma chère patiente qui acceptait que sa vie fut conduite sur un rythme tranquille, a vite compris que c'était terminé. Elle a rué dans les brancards et désarçonné ce brave garçon qui ne savait plus s'y prendre avec elle.
Elle a alors pris conscience que si elle avait choisi monsieur c'est parce qu'il était gentil et qu'elle l'avait rencontré à une époque où elle ne voulait que quelqu'un de gentil, comme une personne grabataire qui chercherait un garde-malade. De l'autre côté, la prise de conscience a été plus compliquée parce que ce n'est pas facile pour un mec de se dire que s'il a pu partager la vie d'une aussi chouette gonzesse durant quelques années c'est simplement parce qu'elle avait une étiquette en solde au cul mais que sinon le pauvre n'aurait jamais eu les moyens psychologiques de s'offrir ce petit bijou.
Bref le couple est parti en vrille pour ne pas dire autre chose. Et à la manière de vases communicants funestes, tandis que l'une pétait la forme, l'autre s'est enfoncé dans l’abîme de la dépression. C'est assez normal ceci dit quand la femme que vous imaginiez être celle de votre vie, vous dit que c'est fini parce que finalement vous n'êtes qu'un gros looser ou un truc approchant mais qui ne fait pas vraiment plaisir.
Monsieur a pété les plombs et s'est retrouvé tout malheureux alors que Mademoiselle pétait de santé. Alors comme je suis un bon gars et que je n'aimais pas savoir que ce que l'une avait pris, l'autre l'avait perdu, j'ai proposé d'assurer le service après-vente. J'ai donc proposé à la demoiselle de filer mes coordonnées à monsieur en lui disant que j'avais l'habitude. En gros en bon garagiste que je suis, quand une sort de l'atelier, une autre y rentre.
C'est vrai que j'ai déjà connu ce genre d'histoire et l'une d'elle m'a particulièrement marqué. Je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais reçu madame qui à l'âge de vingt-huit ans menait la vie d'une femme de soixante-dix ans aux côtés d'un père tranquille assez chiant. Mais une fois remise sur pieds, elle avait pris conscience que son mec n'était qu'un gros plomb lourd et pénible qu'elle devait lourder rapidement pour pouvoir décoller. Elle avait donc plaqué monsieur qui avait alors projeté de se pendre à une poutre de leur maison. Comme je comprends les histoires d'amour mais que je trouve un peu con de se pendre pour une femme, j'avais alors proposé à Madame de m'envoyer Monsieur en lui filant mes coordonnées.
L'accrochage avait été un peu dur parce que j'étais un peu vécu comme le mec par qui tout le malheur était arrivé même si c'est faux et que je n'avais fait que mon travail. Pour lui, c'était simple : certes elle et lui avaient une vie de merde mais au moins il n'était pas seul. Mais finalement après un début difficile, on s'était très bien entendus lui et moi et on avait pu faire du bon boulot. Parce que finalement, l'essentiel de mon boulot consiste à créer une alliance thérapeutique solide.
Quelques mois après, ce mec que j'avais connu aussi sinistre que possible avait acquis humour et distanciation. Il avait guéri de sa one-itis, était devenu un mec charmant et rigolo plaisant aux femmes et en rencontrant un bon paquet jusqu'à ce qu'il rencontre celle qui lui avait vraiment plue. Tant et si bien que peu de temps après que l'on ait cessé de se voir, j'avais reçu une carte m'annonçant la naissance du fils qu'il avait eu avec cette fille pour qui il avait craqué.
E bref si vous pensez que vous avez une vie de merde et que vous tentez une thérapie, attendez vous parfois à des changements radicaux, alors prévenez monsieur ou madame. Et si elle ou il rit à l'énoncé de cette hypothèse tragique, peu importe, vous aurez prévenu. Quand vous le(la) jetterez avec pertes et fracas, vous n'aurez qu'à lui dire qu'il (elle) était prévenu(e). A la limite faites signer une décharge !
Quant à moi je prie chaque jour pour qu'un mari plaqué par ma faute ne m'attende pas avec un fusil devant ma porte.
29 janvier, 2012
Gloire et immortalité ! (3)
C'est carrément fou ! Après l'épisode de l'éditrice et celui de l'hebdomadaire, je pensais que mon heure de gloire était largement passée et que l'on me laisserait enfin à ma médiocrité. Mais non, on me poursuit encore. Pourtant la profession ne manque pas de stars toujours prêts à passer à la télévision et à donner leurs avis autorisés. A tel point que parfois je me demande s'ils ont encore le temps de voir des patients.
Et bien non, voyez vous, les stars ne suffisent plus au système qui réclame du vrai, de l'humain et qui fait donc appel au second couteau que je suis. C'est ainsi qu'une grande chaîne m'a directement contacté dernièrement. Bon, je dis que c'est la gloire mais ce n'est qu'une demie gloire puisque ce qui les intéresse plus que mon avis autorisé, c'est ma capacité à leur procurer du gibier pour des émissions mettant en scène des gens qui ne vont pas bien et suivent une thérapie.
Ceci dit le journaliste est très sympa avec moi, je ne peux pas le nier. Simple et gentil même ce qui est rare pour quelqu'un ayant une carte de presse en poche si j'en crois mon expérience de la profession. Alors, le deal serait que je lui trouve des beaux cas que l'émission pour laquelle il bosse pourrait suivre et même qu'une séquence pourrait être filme dans mon cabinet à moi.
Alors il faut en plus des cas précis parce que toutes les pathologies ne semblent pas passer bien à l'écran. En plus de mon côté il faudrait que je trouve quelqu'un que je connais bien et qui se plie à l'expérience sans y laisser de plumes. Ce qui veut dire que cela représenterai pour le patient mais aussi pour moi un sacré travail d'acteurs.
Ceux auxquels j'ai pensé, sont évidemment sympas et je suis en excellent termes avec eux. C'est ainsi qu'après de longues heures passées dans mon fauteuil où je finis par avoir mal au cul, il m'arrive souvent de me poser par terre pour faire la séance. Finalement, je me suis aperçu que les gens s'en foutaient. Mais bien sur, je ne me vois pas passer comme cela à la télévision. Pfff, on jaserait ! Alors il faudrait que je vienne cravaté, que je m'asseye correctement dans le fauteuil; Le cendrier aurait bien sur disparu et j'aurais enfin passé l'aspirateur.
Bref, on jouerait mon patient et moi au patient et au psy qui passent à la télé et se conforment au stéréotype de la séance telle qu'on l'envisage chez les téléspectateurs moyens. Justement en parlant de moyens, moi je perdrais les miens vu que je ne me sentirai plus libre et je crois que le résultat serait à la hauteur des talents d'acteurs de Johnny Halliday quand il interprète le commissaire David Lansky, un moment d'anthologie de la télévision justement.
J'avais pensé à un moment à proposer à un pote de jouer le patient un peu limite pour satisfaire ce journaliste très sympathique et lui rendre service. Mais, l'émission étant très grand public, je ne vois personne capable de faire cela sans risquer de se compromettre à jamais dans sa vie. Bon, peut être que le Gringeot pourrait à la limite vu qu'il n'a plus de vie professionnelle.
Mais à priori, quand on le voit c'est le mec qui ne peut pas avoir de pathologie et les téléspectateurs s'en rendraient compte; Le Gringeot est totalement étranger au DSM IV. C'est impossible, son esprit est totalement carré, borné et apte à produire perpétuellement des réponses adaptatives simples à tous les problèmes même complexes puisqu'il s'agit généralement de baiser ou de péter la gueule ou d'émettre des prises de positions tranchées (c'est grand, c'est haut, c'est petit, etc.).
Mais à priori, quand on le voit c'est le mec qui ne peut pas avoir de pathologie et les téléspectateurs s'en rendraient compte; Le Gringeot est totalement étranger au DSM IV. C'est impossible, son esprit est totalement carré, borné et apte à produire perpétuellement des réponses adaptatives simples à tous les problèmes même complexes puisqu'il s'agit généralement de baiser ou de péter la gueule ou d'émettre des prises de positions tranchées (c'est grand, c'est haut, c'est petit, etc.).
Le Gringeot a des rêves simples (une paire de nichons et une nouvelle Harley), des regrets simples (pas eu assez de beaux nichons et pas assez de Harleys), des doutes simples (en poires ou en pommes parce que c'est bien les deux / Street bob ou softail parce que les deux modèles sont bien) et une vie simple entre ses Harley, la paire de nichons du moment qui occupent ses mains et bien sur sa gazinière Faure brun flammé avec mijoteur dont il ne se séparera jamais. Alors le Gringeot n'est pas le mec susceptible d'aller mal et ce d'autant plus qu'il a fait pas mal de physique et que pour lui tout déséquilibre mental se résout avec les règles d'hyperstatisme qu'il a apprises très jeune tandis qu'il pense que la spcyhologie c'est pour les pédés et les femmes. Bref même si le Gringeot se fout de sa réputation, je ne le vois pas dans le rôle du patient.
Et puis il faut dire que la télévision a meilleure presse en province qu'en Ile de France. C'est sur que les émissions consommant du témoin à la pelle ont plus de chances de se tourner dans le Nord, en Lorraine ou dans le Sud que par chez nous. Si vous me jugez méchant avec nos amis provinciaux, regardez Confessions intimes ou Le grand frère et vous verrez que je dis la vérité. Moi le problème c'est que je suis sur Paris. J'avais bien envisagé de demander à Laurence si dans son club de gym, elle n'aurait pas quelqu'un qui voudrait passer à la télé mais je n'ose pas trop de peur qu'elle le prenne un peu mal, un peu comme si je lui disais "eh Lolo parmi tes potes demeurés, y'en a pas un qui n'aurait pas honte d'étaler sa bêtise face à six millions de téléspectateurs en croyant que cela lui serait utile ?". Non, je ne peux décemment pas demander ça, ce serait un coup à me fâcher avec elle. Sinon, j'ai bien eu des patients de Thionville, faudrait peut-être que je les rappelle ? En forçant un peu sur l'accent, ce serait pas mal peut-être !
Bon alors je cherche parce que j'aimerai bien lui rendre service à ce petit journaliste et ce d'autant plus que l'on a des origines communes. Bon enfin je ne sais pas s'il est du nord ou du sud. A la limite s'il est napolitain ou sicilien je pourrais lui jouer la rivalité nord/sud et lui dire que jamais un piémontais ne l'aidera. Ça me fera une belle excuse.
Bon quoiqu'il en soit voilà. Je lance donc un appel ici même; Si parmi vous cher(ère) lecteur(trice) quelqu'un veut passer à la télévision en prime time qu'il me le fasse savoir en m'écrivant à :
pa6712@yahoo.fr
25 janvier, 2012
Gloire et immortalité ! (2)
Il y a eu voici peu un article qui portait ce nom et je ne pensais pas en renommer un de la sorte avant longtemps parce que le pauvre tâcheron que je suis n'a pas tellement l'habitude ni de la gloire ni de de l'immortalité.
Mais voilà, le sort s'acharne contre le vieux capricorne que je suis et il faut croire que Dieu a pris pitié du besogneux que je suis en décidant de m'octroyer un rayon de lumière, de celle dont jouissent les peoples à longueur de temps.
C'est ainsi qu'alors que je déteste sortir de ma thébaïde, de mon échoppe modeste ou patiemment je remets cent fois sur le métier mon ouvrage, voici qu'on me presse, me harcèle et que l'on me demande de me rendre à un rendez-vous ! Qui me direz-vous ? Quel rendez-vous ? Et bien, voici quelques temps qu'une directrice de collection d'un éditeur prestigieux m'a contacté pour savoir si je n'aurais pas un quelconque projet de livre à proposer. Sans doute lectrice habituelle de mon blog et séduite par mes petits billets, la brave femme a-t-elle voulu jouer les « talent scouts » en imaginant que mes petits articles pourraient s'étoffer jusqu'à devenir un vrai livre, un beau avec couverture en papier glacé et mon nom sur la tranche comme un vrai auteur quoi !
Le contact avait un peu mal commencé parce que d'après le ton du mail qu'elle m'avait envoyé, j'avais cru comprendre qu'elle m'en voulait de n'avoir pas trouvé immédiatement mon mail ou qu'elle avait jugé difficile de me joindre. Ce à quoi, j'avais répondu que toute éditrice renommée qu'elle était, si j'avais choisi d'être en libéral c'était justement pour qu'un patron ne m'emmerde pas alors que ce n'était pas un vendeur de livres qui allait commencer. Non mais ! Et puis finalement, tout s'est bien passé et nous avons convenu d'un rendez-vous pour nous rencontrer.
Le jour venu j'ai longuement hésité à mettre un costume et je ne l'ai pas fait. Après tout, je n'allais pas à un entretien d'embauche et puis d'abord moi je n'avais rien demandé. Comme j'avais quelques minutes d'avance, je me suis pris un café en terrasse. C'était un jour où il faisait doux. Et zou, à quinze heures tapantes je sonnais chez l'éditeur. Parce que si ici je donne l'impression d'être un gros branleur dans les faits, je suis le même le plus ponctuel du monde.
J'ai grimpé dans un ascenseur antédiluvien et j'ai sonné. Et là, on m'a ouvert et la première chose qui me soit venue à l'esprit, c'est que les stéréotypes ont la vie dures parce que je m'attendais à une petite bonne femme un peu sèche, nantie de culs de bouteille ou de lorgnons retenus par une chaînette en plastique et d'un gilet tricoté main, le genre vieille fille qui aurait trouvé l'amour dans les livres à défaut d'avoir un mec dans son lit.
Et bien je m'étais trompé parce que c'est une jolie petite blonde aux yeux bleus, en jupe courte, bottes à talons et mignon petit bustier qui est venue m'accueillir. Comme quoi en peu de temps j'ai eu le temps de capter plein de choses et même qu'elle semblait super intelligente aussi parce que dans la vie, y'a pas que le physique non plus ! Sauf que pour l'intelligence, il a fallu qu'elle s'asseye et me parle parce que tant qu'elle marchait, ce n'est pas ce qui marquait le plus chez elle. D'ailleurs si je parle de ces particularités vestimentaires c'est uniquement pour garder le Gringeot comme lecteur parce que je sais qu'à la lecture du mot « bustier » il a du se lécher les babines.
Par contre ce qui m'a immédiatement sauté aux yeux, c'est un petit air un peu pincé et sous contrôle et bien que l'accueil fut aimable il y avait un truc indéfinissable mais c'est sans doute le moi social que revêtent tous les salariés quand ils sont en fonction. Moi, je n'en sais rien vu que je ne suis pas salarié depuis des tas d'années.
Et comme j'adore profiler les gens j'ai attendu pour voir ce qu'il en était, savoir si ma future éditrice était une vraie contrôlante ou simplement sous contrôle volontaire. Elle m'a gentiment proposé un café et quand elle m'a rapporté le breuvage j'ai de suite noté qu'elle avait doublé le gobelet pour que je ne me brûle pas la mimine en le buvant. Si c'est pas mignon comme attention ça ! Et pan, je l'ai classée dans les facilitantes immédiatement.
Ensuite, on est passé à l'interrogatoire même que ça m'a fait tout drôle après la gentille attention du café. La demoiselle a pris un bloc note et m'a demandé en détail de lui raconter ce que j'avais fait de ma vie, quels étaient mes diplômes et où j'avais appris les TCC, etc. Là pour le coup, c'est le véritable entretien de recrutement voire une audition dans le cabinet d'un juge d'instruction. C'est marrant parce que la demoiselle me faisait penser à Laurence de Foug dans sa manière d'être. C'est vous dire si j'étais en terrain connu. Même si j'ai toujours pensé que je ne pourrais pas bosser avec Laurence à moins d'être son chef parce qu'elle est trop tatillonne et qu'il n'y a rien de pire qu'une facilitante qui joue les chefs.
Même si je comprends que cela soit nécessaire dans le cadre de l'édition d'un livre de psychologie, l'expérience m'a laissé un goût amer en me replongeant plus de quinze ans auparavant dans mes expériences au sein de cabinets de recrutement. Expériences aux cours desquelles j'ai du rencontrer les pires trous du cul que la terre ait jamais portés. Questions idiotes, tests stupides, attitudes de boeufs jouant les fiers à bras, rien ne me fut épargné quand je cherchais du travail.
Mais je me suis exécuté du mieux que j'ai pu même si au fond de moi j'avais un peu envie de tout envoyer chier et de retourner me prendre un petit café en lisant. Putain, moi qui me disais qu'on papoterait pour se connaître et voir ce que l'on peut faire, c'est tout juste si on ne m'a pas demandé une analyse d'urine dès mon arrivée ; pas le truc le plus adapté au vieux libertarien que je suis devenu. Mais bon, je me suis souvenu que dans la vie, il y avait des règles aussi et j'ai mis de l'eau dans mon vin pour m'adapter à cette situation nouvelle. J'ai été un bon garçon.
Après avoir accompli ces nécessaires formalités, un peu comme on passe aujourd'hui les contrôles aux aéroports, l'entretien proprement dit à commencé. Et là c'était assez drôle parce qu'elle m'a demandé si j'avais des projets de livres. Et bien sur que j'en avais parce que les idées, moi c'est mon truc même si suis assez peu réalisateur. Alors j'ai présenté deux projets assez rigolos et suffisamment aboutis en termes de recherches pour que je les torche en un mois maxi et encore en écrivant en dilettante.
Alors le premier est un livre directement issu de mon expérience clinique. Je reçois environ deux tiers de clientèle féminine et je suis toujours étonné de l''inexpérience qu'elles peuvent avoir en matière de séduction. Alors il y a celles qui restent seules parce qu'elles ne savent pas choper et puis celles qui chopent mais ne savent pas garder. Et tout cela, parce qu'on a appris aux pauvrettes à rester passive du genre « mets du rose et souris » et qu'elles ne connaissent des hommes que ce que la presse féminine en dit, à savoir que nous sommes juste des porcs avides de sexe. Comme je connais bien les hommes et les femmes et que je veux leur rendre service, j'ai donc imaginé un livre dédié à la séduction féminine. Et pour parfaite le projet, je me suis adjoint les service de Mlle C. une lectrice du blog qui a oublié d'être conne et qui est né sous le signe du capricorne même si elle n'est que premier décan !
Alors pour le coup, j'étais sur de mon projet mais bien sur, je n'avais pas travaillé la présentation. Vous savez c'est la fable du lièvre et de la tortue ou le lièvre super doué se fait niquer par une conne de tortue simplement parce qu'il a trop confiance en lui. Moi pareil ! Le projet était dans ma tête et j'en avais mille fois parlé à Mlle C mais sans évidemment imaginer la moindre présentation à un éditeur alors je n'ai pas été super convaincant. Mais bon, tant pis, je m'en fous de cela. A la limite, je sais que j'aurais pu me débrouiller et improviser.
Mais ma chère future éditrice m'a dit qu'elle n'y croyait pas parce qu'il paraît que des recherches récentes prouvent que les hommes et les femmes sont pareils et que ce sont les stéréotypes qui nous font croire que nous sommes différents. Bon, je connais ces recherches récentes teintées d'idéologies (j'y consacrerai un article) et je n'ai pas jugé utile d'y répondre. Surtout que ma belle éditrice m'a sorti le bouquin d'un quidam qui croyait dur comme fer à l'absence de différences entre sexes et au rôle tout puissant de la psychologie sociale. Et en plus, j'ai vu sur la quatrième de couverture que le gonze était docteur en psychologie ! Bon, j'aurais pu passer sur mon ascendant bélier et lui dire que quand j'estimais croire en une thèse c'est qu'elle était vraie parce que je sais qui je suis mais ça aurait fait gros narcissique un peu con. Alors je n'ai rien dit même si je pense que son auteur est tout pourri et qu'une thèse en psychologie c'est pas terrible. Bref ce projet elle n'en a pas voulu alors je l'ai remis dans ma poche et je lui ai présenté le second.
Le second est un ouvrage de profilage. Je sais combien à l'heure où les tueurs en série ont la vedette, ce projet peut sembler cucul et carrément mainstream. Pourtant, je vous l'assure, j'ai rarement mal analysé quelqu'un et je suis plutôt doué pour me trouver dans la tête des gens. J'ai déjà fait l'expérience plusieurs fois avec des quidams pour leur prouver mes capacités. Si vous ne me croyez pas, demandez à Lapinou ou à Laurence qui m'ont vu accomplir des petits exploits en la matière quand j'ai deviné des trucs super complexes à partir de pas grand chose. Et là, ma modestie dut-elle en souffrir, ça j'en suis sur, je sais poser des fonctions qui marchent.
Alors j'ai présenté mon projet à la demoiselle et là elle a fait une moue. Surtout quand je lui ai affirmé que tous les gens étaient pareils. Elle m'a rétorqué, parce que de son côté elle a étudié la psychologie aussi, qu'elle pensait bien au contraire que tous les gens étaient différents. Bon, c'est évidemment faux et vrai et nous avons tous les deux d'accord. En fait, c'est qu'elle et moi ne nous situons pas au même niveau d'intérêt de la psychologie je suppose. Parce qu'à mon niveau de bâtisseur, j'obéis juste à des règles de physique comme le ferait un architecte et là, croyez moi qu'on construise un pavillon, une cathédrale ou un building, la physique ne varie pas. C'est mon côté promouvant. La facilitante que j'ai devinée en elle est sensible à des aspects plus ténus de la psychologie. Ainsi si je suis l'entrepreneur général, ma charmante éditrice se voit plus en décoratrice. C'est évidemment tout ce qui m'ennuie. Je ne connais que le gros œuvre et les reprises en sous-oeuvre, le reste m'échappe totalement. Bref elle et moi sommes en phase mais intervenons à des niveaux différents. Moi j'adore les cas difficiles quand il y a de gros travaux alors qu'elle préférerait sans doute des cas différents. J'allais écrire, des cas que l'on rencontre en lisant Psychologie Magazine mais je ne l'ai pas écrit vu qu'elle risquait de me lire.
Et puis comme me le disait le danseur de tango, un de mes jeunes patients, à qui je confiais cela, il est évident que j'ai raison parce que si tous les gens étaient différents comme le souligne mon éditrice, ma profession n'existerait tout simplement pas ! En psychologie on en fait qu'objectiver ce qui apparaît subjectif et les statistiques sont au centre de l'activité pour décrire un comportement moyen couramment observé. Bref au cours de la conversation, j'ai eu l'impression d'être un déménageur voulant prouver à une princesse qu'il est plus fin qu'il n'y paraît ce qui n'est pas facile après m'être fait tacler sur mon premier sujet. Gabin face à Bardot !
Quoiqu'il en soit, je sors du rendez-vous avec un objectif qui est de remettre à la fin du mois de février un plan détaillé de l'ouvrage que je me propose d'écrire. Ce qui est promis sera fait. Que dire du rendez-vous ? Nier que cela m'ait flatté qu'un grand éditeur prenne la peine de me contacter serait mentir c'est un fait parce que malgré toutes mes lectures stoïcienne, je reste un monstre d'orgueil.
En revanche, j'ai pu apprécier les changements opérés chez moi en quinze années. Car si à trente ans j'aurais été capable de danser à poil sur le bureau de mon éditrice avec une plume dans le fion pour être édité, là l'eau a coulé sous les ponts. Je n'ai que faire de laisser une trace écrite de mes pensées.
Finalement je suis passé au point suprême de l'orgueil consistant à imaginer que penser que j'ai raison inévitablement vaut mieux que la rédaction de tous les livres du monde. C'est là un orgueil mental typique des capricornes.
Mais bon, Socrate comme Epictète n'ont rien écrit de leur main et sont pourtant connus. Alors pourquoi pas moi ?
19 janvier, 2012
Le Daniel Guichard du blogging !
Au début, j'ai hésité pour le titre. Je ne savais pas si je devais mettre "le Michel Delpech du blogging" ou "le Gérard Lenorman du blogging". Les deux étant des stars quand j'étais petit, je vous avoue que mon coeur balançait entre le mélodiste socialiste sans cheveu et le vieux poète au regard d'allumé, entre les oies sauvages et la ballade des gens heureux.
Et puis, j'ai décidé d'être humble et d'opter pour un second couteau parce que je trouvais hyper orgueuilleux de me comparer à Delpech ou Lenorman. Pourquoi pas à Joe Dassin pendant que j'y suis ?!? Parce, quoique vous pensez de ces deux chanteurs, ce furent des machines à tubes. Combien de petites filles nées au début furent prénommées Stéphanie à cause de la chanson Les divorcés ! Et récemment encore, j'ai entendu quelqu'un connaissant bien la musique affirmer que le Michèle de Lenorman était supérieur au Michelle des Beatles ! Et puis, les deux sont nés sous le signe du verseau et on dit que les verseau sont doués pour la musique.
Bref, moi blogger mineur, je n'allais pas me comparer à ces Bach contemporains aussi me suis-je rabattu sur le plus modeste Daniel Guichard. Parce qu'après tout, qu'a-t-il chanté ou composé Guichard ? Déjà en nombre bien moins que les deux suscités. Et en termes de succès, une fois qu'on a compté Mon vieux (celui qui allait dans son vieux pardessus rapé), Le gitan (celui que tu ne connais pas) et La tendresse (je ne me souviens plus des paroles), que reste-t-il ? Et bien, il ne reste rien ou pas grand chose et en plus il n'est même pas verseau mais scorpion ou sagittaire, on ne sait même pas bien.
Et pourtant, même si je vous entends déjà vous moquer de Daniel Guichard, de ses trois tubes, de ses cheveux précocement blanchis et de sa voix rauque de fumeur, voilà un mec qui depuis plus de quarante ans gagne sa croûte en poussant la goualante avec un répertoire jamais changé. Des succès comme ça, aussi inaltérables, des trucs qui durent quarante ans ou presque sans prendre une ride, il faut allez chez Austin avec la Mini, Porsche avec sa 911 ou Burberry avec ses imprimés pour en retrouver. Alors moquez vous autant que vous voudrez, Daniel Guichard est un peu la Porsche de la chanson française, un mec qui aura gagné son pain avec trois morceaux et basta. Et j'ai même appris qu'il faisait maintenant ses tournées en camping car pour rogner sur les frais d'hôtel !
Ben, comme je n'avais pas écrit depuis longtemps, j'ai eu l'idée de venir consulter mes statistiques. Je m'attendais à une catastrophe, des chiffres en perte de vitesse, une débâcle sans précédent qui aurait fait de moi la risée du blogging. Et bien non, car si j'ai toujours un mal de chien à dépasser les mille connections jours, il se trouve que même sans rien foutre, je parviens à faire dans les cinq ou six cents connections quotidiennes quoiqu'il arrive. C'est mon rythme de croisière.
Je pense que bien référencé dans les moteurs de recherches pour deux ou trois articles, je fais mon beurre tranquille. Tandis que certains sont obligés de se tuer en se renouvelant plusieurs fois par mois voire par semaine, moi je reste près d'un mois sans rien foutre et mes droits sur des articles vieux de parfois plusieurs années assurent le succès du blog. Et quand on me dit que je ne fais plus grand chose, je rétorque "mais j'ai écrit moi monsieur et des trucs à succès !"
Je suis un peu le Daniel Guichard du blog, le mec qui ne fait pas grand chose mais dont tout le monde a entendu parler. Et encore mieux, le mec dont, même si on n'en a jamais entendu parler, il suffit de passer un des trois tubes pour qu'on se dise immédiatement : ah oui lui, bien sur que j'le connais !
Et peut-être que dans vingt ans, je ferai des duos avec des jeunes blogueurs si les blogs existent encore !
16 janvier, 2012
Lubie, motocyclette et époque pourrie !
Si j'ai peu écrit c'est que j'ai eu une nouvelle lubie, une de celles qui font que chez moi les trucs les plus divers s'entassent. Peut-être est-ce du fait que Lapinou ait décidé de passer son permis moto pour cesser de passer pour un trou du cul dans sa Twingo en s'affirmant enfin en tant qu'homme, toujours est-il que mon esprit est allé vagabonder du côté des motos de ma jeunesse.
Et quand je dis jeunesse, je vous parle du temps de ma prime adolescence, à une époque où le Gringeot pouvait déjà conduire, coucher avec des filles de mauvaise vie (tarifée) et hanter les cinémas pornos avec ses potes de terminale E tandis que j'en étais réduit à fantasmer sur Farrah Fawcett Major en me tirant sur l'élastique et à regarder en bavant les motos exposés chez le concessionnaire à côté de mon école.
Et à cette époque, il y avait deux motos à la mode chez les jeunes, la Yamaha 125 DTMX, un deux temps robuste et performant et la réponse de Honda, la 125 XLS, un quatre temps endurant et tout aussi performant. Les deux étaient des trails, c'est à dire des motos tous-chemins aussi à l'aise sur route que dans les petits chemins campagnards, à l'époque où l'on pouvait les emprunter en moto sans être taxé d'ennemi de la nature et courir le risque d'être lapidé par des cons de promeneurs ou sévèrement condamné par les tribunaux.
Hélas né trop tard mais pas trop quand même, je n'ai jamais eu le loisir de les conduire. Le législateur imbécile a interdit les boites de vitesses mécaniques pour les petites cylindrées tandis que l'âge minimal de conduite de ces bolides qu'étaient pour moi les 125 à cette époque, passait de seize à dix-huit ans. Je fus donc frustré et je crois que mon psychanalyste jungien ne l'a jamais compris parce qu'un psychanalyste ne saura jamais différencier une DTMX d'une XLS mais qu'il reste champion pour l'enculage de mouche.
Les années ont passé et voici qu'un jour, Lapinou arrive chez moi avec une mignonne petite moto Honda. Je l'essaie aussitôt et si je lui trouve peu de caractère, je me dispense de le dire à Lapinou qui semble fier de son destrier. Son machin est à injection, ne possède ni caractère ni puissance et est tout juste bon à être conduit par un coursier. Bref, on est bien loin des DTMX et XLS de mon enfance.
Et voici que la lubie nait en mois. Comme je ne sais lequel choisir, je demande successivement à mon épouse et à Laurence de choisir pour moi. Mon épouse trouve la DTMX plus jolie parce que celle que je lui présente est noire. C'est vous dire si c'est de l'avis technique. Quant à Laurence, elle me dit qu'elle n'aime pas trop les phares ronds parce que c'est moins joli. Encore un avis de gonzesse bien utile pour le choix d'une bécane. Putain et après cela, on dira qu'on est pareils elles et nous. Mon cul oui !
Bref, le jeune Lapinou ayant réactivé mes souvenirs de jeunesse, c'est avec fébrilité que j'ai épluché les annonces du Bon coin pour trouver la DTMX de mes rêves. Je l'ai finalement trouvée à Paris dans le sixième arrondissement. Emmenant Lapinou avec moi, je suis allé la voir un samedi matin. Durant tout le trajet, Lapinou n'a cessé de me dire que ces vieilles bécanes étaient nazes et que je ferais mieux d'en acheter une neuve. Je n'ai eu évidemment que mépris pour les élucubrations de cet enfant incapable de savoir ce qui est bien, beau et vrai.
Dix minutes après, j'étais dans la cour intérieur d'un charmant immeuble près des fainéants (le Sénat) en train d'admirer sous toutes les coutures une superbe DTMX encore en bon état malgré ses trente-quatre printemps. Lapinou a admis qu'elle était plutôt jolie même s'il a rajouté qu'il n'aimait pas les trails parce que Gregory House roule sur une sportive. Il faut vraiment être un enfant influençable pour vouloir la même bécane que House, pourquoi pas sa canne aussi ?
Et puis, le propriétaire est descendu avec la clé, s'est assez dessus et là que dalle, la brêle n'a jamais voulu démarrer. Comme il n'y avait pas d'étincelles à la bougie, j'ai décliné poliment et nous sommes partis. Je n'ai donc pas eu de DTMX.
Mais fort heureusement, le lendemain matin, à force de le harceler, un propriétaire de XLS acceptait que je passe voir la moto qu'il vendait. Lapinou n'ayant rien d'autre à faire et m'y emmené en voiture. La moto était dans un état parfait. Quant au propriétaire, je ne sais pas quel métier il exerçait mais il était impeccable et son intérieur aussi ce qui m'a donné confiance. Le mec devait être obsessionnel compulsif parce qu'il avait même une boîte dans laquelle figuraient tous les documents liés à la moto depuis son achat en juin 1981. Pour la forme j'ai tenté de négocier le prix mais finalement devant la réticence du type à céder, j'ai lâché les six-cents euros demandés et je suis immédiatement parti au guidon de ma Honda XLS comme neuve avec allumage CDI et tout et tout.
Durant une semaine, je n'y ai pas touché et le samedi suivant, Lapinou est venu me proposer un tour en moto. J'ai accepté de bon coeur. Il faut savoir que Lapinou est petit et mince (et socialiste) et que moi non, ce qui signifie que ce rascal imaginait que son moindre poids lui donnerait un avantage par rapport à moi pour me devancer. J'ai évidemment soigneusement fait chauffer mon petit monocylindre tandis que le mixer de Lapinou était déjà chaud.
Et là, cela n'a pas raté, mis en confiance par ma manière prudente de rouler, Lapinou a cru qu'ils pourrait me dominer. Et dans une belle montée pleine de virages, j'ai ouvert les gaz en grand, mon Mikuni 22 se chargeant de gaver le minuscule monocylindre. Et là, je n'aurais pas aimé être à la place de Lapinou parce que l'humiliation est sans doute la pire des choses qu'un jeune mâle puisse vivre. Allongé sur sa moto anémique de coursier, le pauvre s'est pris une branlée magistrale. Quant à moi, ayant retrouvé les réflexes de mes quinze ans, je lui ai mis deux cents mètres dans la vue, le laissant loin derrière déconfit et penaud tandis que je l'éloignais dans le soleil couchant au guidon de mon cheval mécanique. Si Lapinou était japonais, le soir même il aurait sorti son katana pour s'ouvrir le ventre.
Il faut dire que les années ont passé et que les nouvelles motos sont à la moto ce que François Hollande est à la politique, c'est incolore, inodore et sans charme. Ça roule, ça amène d'un point à un autre et point barre. A la limite pourquoi s'emmerder à passer les vitesses avec un truc aussi linéaire et aussi peu pêchu, autant rouler en scooter comme un besogneux. Mais bon, à l'image de l'époque qui nous baigne de sa lénifiante bienveillance, les normes Euro3 sont passées par là, lissant le caractère des moteurs, abaissant les puissances et gommant les sensations. Gaïa mérite bien cela.
C'est comme un monde concocté par Eva Joly, Ségolène Royal et Martine Aubry réunies comme trois fées nuisibles autour d'un berceau !
Moi je m'en fous, j'ai une belle XLS et j'attends ma prochaine lubie !
12 janvier, 2012
Mon anniversaire !
Image très conne mais bon, je n'ai trouvé que celle-ci pour illustrer mes 45 ans !
Bon, c'est le douze janvier et c'est mon anniversaire. Je fête mes quarante-cinq ans. C'est marrant, je ne me sens pas vieillir parce que je suis né vieux. Une année, une patiente adorable mais un peu "baroque" est venue à une consultation en m'apportant des fleurs pour mon anniversaire. J'avais trouvé l'idée un peu étrange. Si je veux bien avoir canalisé ma sensibilité pour en faire mon métier, et admettre mon pôle féminin, ce n'est pas pour autant que je suis une gonzesse. Alors m'offrir des fleurs, quelle drôle d'idée ?!
Cette année, trois de mes patients sont venus avec des bouteilles et là j'ai trouvé cela sympathique. Deux m'ont amené du Champagne et un troisième est venu avec une bouteille de Chasse-spleen, un excellent Bordeaux dont le seul nom est un hommage à ma profession.
Qu'ils en soient remerciés du fond du coeur. Et que les autres sachent que s'ils ont raté ma date anniversaire, ils peuvent se rattraper toute l'année et que les bonnes bouteilles seront vivement appréciées.
08 janvier, 2012
Gloire et immortalité !
Voici plusieurs messages que je reçois dans mon mail (pa6712@yahoo.fr) dans lesquels des lecteurs prestigieux m'invitent à partager le fruit de mes maigres réflexions auprès de leurs lecteurs. Je suis bien sur immédiatement flatté et le soir venu, tel un bambin qui aurait eu un bon point, je cours vers mon épouse en lui demandant "tu sais qui m'a contacté ?" pour lui montrer combien je suis important. Bref, il m'e, faut peu pur être heureux. D'ailleurs vous qui me lisez, créer de fausses adresses et faites moi croire que vous êtes issu de quelque publication prestigieuse qui voudrait bénéficier de mes lumières : rien ne me flattera plus et vous pourrez vous moquer à loisir de mon orgueil imbécile.
Le premier à m'avoir contacté est un hebdomadaire connu qui appréciant mon style et mon état d'esprit aurait voulu que je fasse une critique du film de Cronenberg A dangerous method. J'ai bien sur poliment décliné l'invitation. Tout d'abord parce que je ne vais jamais au cinéma et que cela m'aurait fait chier d'y aller rien que pour voir ce film qui doit être emmerdant au possible. Je connais tout de la vie de Freud et Jung et je ne pense pas que cela m'aurait appris quelque chose. De plus, il m'aurait fallu critiquer la psychanalyse et c'est bien quelque chose que je ne me serais pas risqué à faire ici en France parce que c'est trop risqué. Imaginez que mon texte ait eu un quelconque succès et je m'imaginais déjà à débattre face à Gérard Miller. J'ai donc poliment décliné l'offre de cet hebdo prestigieux parce que je crois vraiment comme Épicure que pour vivre heureux, il faut vivre caché.
Et puis Cronenberg n'est pas un réalisateur que j'affectionne particulièrement. Je me souviens qu'une conne nous avait traîné voir Faux semblant quand on était jeune. Je ne me souviens pas très bien du film si ce n'est que cela parlait de la vie de deux frères obstétriciens et que c'était un peu barré. En plus j'étais allé le voir avec Olive, mon pote riche qui roule en Ferrari, et son frère Riton, deux grands intellos alors autant vous dire qu'il n'y avait pas eu de débats après. Cependant comme Olive et Riton n'ont qu'un an de différence entre eux et qu'ils sont très proches, on les avait surnommés Bev et Eliott, du nom des héros du film, durant quelques semaines. C'est vous dire si j'ai du retirer toute la quintessence de l'oeuvre. Mais il faut dire qu'aller voir du Cronenberg avec eux c'était comme aller à une expo avec le Gringeot : perdu d'avance.
Bon, il y a eu Crash dont j'ai du voir quelques passages et qui m'a semblé curieux et dérangeant et puis La mouche qui était bien foutu pour l'époque du côté des effets spéciaux. Voilà un peu ce que je connais de Cronenberg et autant vous dire que ça fait mince face à des spécialistes sortis de mastères de cinéma même si je méprise ce genre d'études. Ce n'est pas que ce qu'ils disent est intelligent mais ils savent le dire comme en attestent les critiques sur Allociné.
Ainsi, parfois je me documente sur un film et je lis un peu les critiques sur Allociné et je suis toujours étonné de voir l'aplomb avec lequel ces étudiants sont capables de démonter un film en apportant des critiques sur la mise en scène en employant carrément des mots très techniques. C'est toujours dément de voir un étudiant de troisième année de cinéma à Paris 1 dire qu'untel a fait de la merde en sachant que ledit étudiant à toutes les chances une fois son cursus fini de se retrouver plutôt vendeur au rayon lave-vaisselles chez Boulanger que de recevoir une palme d'or à Cannes. Finalement, moi je suis un orgueilleux plutôt humble et je ne parle que de ce que je connais.
Bref, lâche face à la toute puissance de la psychanalyse et modeste au regard de mes compétences en cinéma, j'ai donc poliment refusé l'invitation de ce grand hebdomadaire; Bon, peut être que par souci de médiatisation, j'irai voir Intouchable pour en dire plein de bien comme tout le monde. Je serai très à l'aise dans le genre consensuel en me bornant à en dire du bien mais en voyant des choses que d'autres n'ont pas vues.
Ou alors peut-être que je leur ferai un critique de Piège en haute mer, l'excellent film de Steven Seagal à mon sens bien trop ignoré des férus de cinéma. Oui je ferai cela. Même si je sais que ceux qui manient l'ironie sont des crétins qui tentent de maintenir les vrais problèmes à distance, je préfère cela que de me retrouver à répondre des mon aversion pour la psychanalyse face à Gérard Miller.
Dans les capricornes, il y a des gens comme Michel Onfray qui n'hésitent pas à braver les diktats de la pensée et à se coltiner à Gérard Miller et puis les lâches comme moi.
06 janvier, 2012
Anniversaire de Lapinou et considérations sur les jeunes !
C'est le six janvier, jour de l'anniversaire de Lapinou qui fête ses vingt-trois ans. Parfois il me pense jaloux de son jeune âge mais il se trompe. D'une part, je n'aime pas et n'ai jamais aimé les jeunes et enfin, je détesterai avoir vingt ans à notre époque. Vivre dans la peur permanente de tout et dans l'obligation de perpétuellement s'autocontrôler pour tout et sur tout me ferait chier. Et puis la musique est nulle aussi et d'ailleurs, la télé ne s'y trompe pas en proposant des tas de 80's revival comme si mon époque avait été une grande époque. Mais c'est vrai que Coutin c'est un peu Mozart à côté de Mika et même Ardisson de l'époque Lunettes noires pour nuits blanches fait figure de grand rebelle aujourd'hui.
Bref l'époque est vraiment pourrie et on ne sait plus qui est quoi. Pour tout vous dire, certains pensent encore que Sarkozy est de droite, Hollande vraiment socialistes et que Mélenchon, un mec qui a toujours émargé à la gamelle des fonds publics, est Che Guevara.
Et puis, les jeunes sont de plus en plus nuls. Moi qui adore lire, je me souviens que voici vingt ans au moins, j'avais acheté chez un bouquiniste de province toute la collection des J'ai lu leur aventure, qui racontait des récits de la seconde guerre mondiale. Deux ouvrages de la collection m'avaient marqués. Tout d'abord celui de Sefton Delmer qui racontait comment il avait niqué les allemands en s'affirmant comme un maître de la contre-propagande. Enfin un autre sur les U-boot dans lequel j'avais appris que l'âge moyen d'un commandant de sous-marin n'était que de vingt-quatre ans. Imaginez aujourd'hui un jeune de cet âge commander un bâtiment de quatre-vingt marins et vous verrez que cela fait sourire.
Comme le remarquait Michel Clouscard, sociologue et philosophe coco, dans son ouvrage Idéologie du désir, dès que l'on a coupé le lien entre production et consommation, on a créé une caste factice d’individus, les adolescents aussi appelés jeunes. Dès lors qu'il a pu acheter des disques avec l'argent donné par son papa producteur, le jeune consommateur s'est pris pour un cador et pire un rebelle. Et pourtant, derrière la rébellion des Stones qu'y a-t-il si ce n'est que des marchands de disques instrumentalisant la jeunesse en lui fournissant un cadre culturel propice à son immaturité en vue de lui fourguer des daubes.
En bref comme le jeune est idiot il n'a pas compris que le marché était bien plus malin et que tout mouvement culturel était forcément le faux nez des marchands. D'ailleurs la pseudo-convivialité et les concepts fumeux de web 2.0 (ou 3.0 je ne sais même plus) ont fait les beaux jours de Tweeter et de Facebook. Le marché a tout compris et pervertissant les âges. Il s'agit de faire croire au jeune qu'il est adulte et à l'adulte qu'il est encore adolescent et le tour est joué.
Bref, les jeunes sont idiots et je me félicite d'être nez vieux comme tout bon capricorne. Voilà c'était ma minute marxiste et c'est assez rare. je souhaite à Lapinou un bon anniversaire en lui rappelant que je préfère être né en 1967 qu'en 1989.
05 janvier, 2012
Oh le vilain manipulateur !
Si on le croit lui, on vous croira vous aussi.
Le mercredi avant Noël, on ne me jette à bas de mon lit pour m'avertir que X vient d'être admis aux urgences d'un hôpital proche de chez moi suite à une chute sans gravité mais dans un état de confusion mentale un peu étonnant. J'écoute la personne qui m'avertit m'expliquer ce qui est arrivé et j'en déduis que ce n'est pas très grave. En fait X a abusé du zolpidem pour pioncer un peu comme d'autres abusent du gros rouge et s'est pris les pieds dans le tapis en se levant d'ou la chute.
De plus, un ami médecin est passé juste avant chez X et n'a constaté aucun signe neurologique inquiétant. Comme on dit, il y a plus de peur que de mal. Rassuré, je me prépare et file à l'hôpital pour savoir quand X pourra sortir.
Une fois à l’hôpital, je passe successivement des admissions aux urgences avant de filer à l'IRM où X est en train de se faire prendre l'intérieur du cerveau en photo. Je patiente et je peux enfin voir X qui me semble tout à fait bien et même prendre cela à la rigolade. X m'explique d'ailleurs que si on lui trouve un taxi, il est prêt à rentrer chez lui. Je suis donc obligé de lui faire comprendre que dans un hosto cela ne se passe pas comme au restau et qu'on doit bouffer le menu du début à la fin. Je rajoute un peu énervé que j'ai d'autres choses à faire dans la vie que de venir aux urgences pour des conneries et que quand il a mal à la tête, le doliprane est plus indiqué que le Zolpidem qui est un hypnotique et non un antalgique. J'en profite pour le traiter de sale drogué avant qu'un brancardier qui a le physique d'Omar Sy et les mêmes dents blanches ne remonte X aux urgences.
Je retourne donc moi aussi aux urgences où je pénètre dans un petit bureau dans lequel sont assises quatre femmes et un homme vêtus de jolies tenues de couleur fuchsia comme si cette couleur gaie pouvait faire oublier qu'on est dans un hopital. Peut-être que l'administration pénitentiaire pourrait songer à habiller les matons en rose pour rendre l'incarcération plus supportable ?
Quoiqu'il en soit, je salue ce beau monde, je me présente poliment et j'explique que je voudrais parler au médecin qui a reçu X. C'est alors qu'une blonde âgée tout au plus d'une toute petite trentaine d'années aussi rigide qu'un sergent instructeur des marines se lève, me prend par le bras et m'entraine dans le couloir. Elle se plante devant moi et me dit alors d'une voix martale : je suis le docteur.
Putain, c'est mal parti ! Pour qu'elle se présente ainsi c'est que soit elle n'a qu'une clientèle de boeufs soit qu'elle m'a particulièrement identifié comme le pire des gros bourrins. Parce que je vous assure que j'aurais compris le terme médecin si elle l'avait employé. Mais non, elle m'a expliqué qu'elle était le docteur comme on le dirai à un enfant très jeune en lui désignant un personnage avec une croix rouge sur le torse.
Je me dis que j'aurais du mettre un costume, ma paire de Berlutti et ma Rolex parce que les signes extérieurs de richesse agissent toujours sur les gens. Mais là, je suis venu rapidement en Visa (si c'est possible), vêtu comme un sac avec ma montre à dix euros achetée sous les arcades du BHV à Paris. Autant vous dire, que si on ne fixe pas mon regard hypra lumineux qui donne une idée de ma haute intelligence, on a toutes les chances de me prendre pour le dernier des toquards. En psychologie sociale, c'est comme cela, contrairement à ce que dit l'adage : l'habit fait le moine ! Si vous êtes loqué comme une cloche, on a toutes les chances de vous prendre pour un SDF.
Mais comme je suis un peu d'un naturel joueur et que je possède quelques connaissances qu'elle n'a sans doute pas, je décide de m'amuser un peu en lui répondant : je suppose que vous êtes docteur en médecine si j'en juge par le stéthoscope que vous avez autour du cou comme dans les séries américaines et par le fait que l'on soit dans un hôpital ? Et là, elle me répond qu'évidemment elle est docteur en médecine. Ce à quoi je lui réponds qu'elle aurait pu être docteur en chimie, physique voire en histoire de l'art parce que des doctorats il y en a de toutes sortes. Ma blague ne la fait pas rire bien au contraire, je la sens qui se renfrogne comme si le venait de prendre conscience que je suis moins boeuf que j'en ai l'air mais qu'en revanche j'ai tout du casse-couilles qui va lui faire perdre sont temps. Alors je passe au fond du problème en lui demandant quand X pourra sortir.
Et là, mon Dieu c'est comme si j'avais posé mon petit doigt innocent pour mettre en branle une machinerie infernale. Tout se met en marche, la procédure s'engage, les croix sont cochées une à une et après un quart de seconde de réflexion, elle me répond que cela dépendra de l'IRM. Je la rassure et lui dis que je comprends mais je précise alors : si l'IRM est parfait ce qui ne manquera pas d'être le cas à 99,99%, quand X pourra-t-il sortir ? Peine perdue, le sergent instructeur m'observe comme on regarderait un étron dans un endroit où il ne devrait pas y avoir d'étron, avec un air aussi dégoûte qu'étonné donc, et me répond : je viens de vous le dire, ce sera selon les résultats de l'IRM.
Et comme lapsycho est tout de même ma partie et que j'ai lu des tas de trucs sur la psychologie de la manipulation et de la soumission, je décide de m'en servir. Comme elle n'est pas très grande, je me redresse de toute ma taille, plante mes yeux dans les siens et lui demande calmement : Madame est ce que dans mes phrase, il y a un mot que vous ne comprendriez pas pour vous obstiner à me répondre la même chose alors que je vous ai posé une question différente ? Vous noterez l'importance de ne pas lui donner son titre dont elle a fait grand cas afin de ne pas s'inscrire dans un rapport de soumission.
Ne lui laissant pas le temps de répondre, je lui explique alors que si effectivement l'IRM est mauvais avec un tas de trucs graves, dans ce cas, je comprends parfaitement qu'on ne puisse savoir quand X sortira. Parce que, lui dis-je, on peut alors imaginer qu'il faudra appeler de toute urgence un neurochirurgien voire même un hélico pour emmener X dans un autre hôpital avec un plateau technique plus performant, voire même que X peut calancher rapidement si cela se trouve. Mais, je ne suis pas ici pour écrire un scénario parce que mon temps est aussi précieux que le votre, mais pour savoir quand, en cas d'IRM ne montrant aucun problème, X sortira-t-il ?
Oh la, l'électrochoc agit et mémère est décontenancée mais pas tout à fait. Je lui repose alors la question sur un ton qu'on emploierait avec un gamin pas très doué, c'est à dire calmement et en articulant bien : Si l'IRM est bon, quand X peut-il sortir ? Et là elle me répond enfin : ben dans une demie heure. Et moi je rajoute : vous voyez quand vous voulez que vous pouvez répondre. Ce à quoi elle rétorque que bien sur cela dépendra de l'IRM et que tant qu'elle ne l'a pas vu, elle ne peut pas savoir. Je le sens décontenancée et elle m'a dit cela comme si elle voulait tout de même mettre sa petite goutte d'urine sur mon tapis pour marquer son territoire et ne pas perdre totalement la face. Avec un côté paternaliste, je lui dis de ne pas s'inquiéter parce que l'IRM ne présentera rien de grave.
D'un geste bref, je lui touche alors le coude parce que le contact est toujours important même bref, tous les escrocs le savent. Et d'une voix plus calme je lui explique que je sais combien son métier est compliqué et difficile mais que je suis logé à la même enseigne qu'elle. Je la sens intéressée par mon discours puisque je la reconnais dans sa réalité. Je poursuis alors en lui disant que j'ai du annuler tous mes patients de la matinée pour être ici et que je veux juste savoir si je dois annuler tous mes rendez-vous de la journée pour m'organiser.
Au mot patient, elle réagit encore plus parce que je viens sans doute de créer un lien qui amène entre nous une forme de similarité. En souriant enfin, elle me demande ce que je fais et évasivement, je lui réponds « psy » un peu comme si entre confrères on connaissait tellement la boutique que l'abréviation suffit. Pour elle, un type lui parlant sur ce ton et ayant un peu jargonné ne peut être que médecin et donc psychiatre et non simple psychologue.
Et la voici changée enfin, toute souriante et prête à me parler comme si j'avais un cerveau. Elle me parle alors de l'intoxication au zolpidem de X et je peux la rassurer en lui expliquant l'histoire. J'y mets le ton, en restant à la fois concentré et un peu blasé comme si ces histoires là étaient mon quotidien. Je rajoute un sourire bienveillant qui veut dire : vous savez, vous connaissez les patients ils font n'importe quoi parce qu'ils ne sont pas comme nous, aussi intelligents, que voulez vous, ils ne sont pas médecins, ce sont de simples humains. Un peu plus et j'aurais rajouté un coup de coude à mon sourire et de connivence et un clien d'oeil pour m'en faire une vraie copine.
Rassurée, elle me plante alors là et me dit qu'elle va hâter la procédure. Elle file donc dans son bureau, appelle l'imagerie médicale et me dit de patienter un peu dans le couloir. Quelques minutes après, elle a enfin en main l'IRM de X qu'elle me confie en me disant qu'effectivement il n'y a rien. Comme je n'ai pas trop envie d'examiner un document auquel je ne comprends rien, je me borne à lui dire que je m'en doutais parce qu'il n'y avait aucun signe neurologique inquiétant.
Mais en bonne élève consciencieuse, ma nouvelle copine n'en démord pas et exige l'avis du confrère que je suis devenu depuis dix minutes. Elle me donne alors l'IRM en m'expliquant que pour elle il n'y a rien mais qu'elle préfère que je le regarde moi-même. C'est alors que votre serviteur, le pilote de Visa Club, humble parmi les humbles, se retrouve avec l'IRM en main pour le regarder. Si je trouve facile de le tenir droit parce qu'il y a un texte et qu'il suffit de mettre les lettres dans le bon sens, j'avoue que je me trouve un peu sec du côté des commentaires à faire.
Bon, à première vue, c'est une coupe de cerveau, on ne peut pas se tromper. Je me dis cela dès fois que ma nouvelle copine m'ait refilé l'IRM d'un autre organe pour me tester. Mais de toute manière elle n'est pas assez maligne. Je tends alors les bras et met l'IRM face à la fenêtre pour mieux voir. Je plisse un peu les yeux en faisant ce que j'imagine être la tête d'un mec sérieux qui materait un IRM en sachant le comprendre, je me fends d'un petit « hmmm » qui est sensé exprimer que je suis en train de réfléchir très sérieusement et je donne mon verdict.
Alors pour le verdict, déjà je vois que l'image est claire et je pense que c'est bon signe. N'oublions jamais l'intuition dans le cadre du bon diagnostic ! Et mon intuition est excellente et je crois que le cerveau de X n'a rien parce que l'image est super claire, on voit toutes les circonlocutions et je peux même reconnaître quelques morceaux vu qu'en cours on a eu un peu de neurophysologie. Pour le reste, ayant vu la série Dr House, je me dis que je ne suis pas plus idiot que Hugh Laurie, et je me fends d'un commentaire murmuré, comme si je pensais tout haut : moui, pas de saignements, pas d'hématomes sous-duraux, tout me semble parfait je suis d'accord avec vous. Et impérial mais souriant, je lui rends alors son cliché pour qu'elle le mette dans un beau dossier comme le veut la procédure alors que moi je l'aurais mis sur une pile sur mon bureau en l'oubliant parce que je ne suis pas très procédural.
Et de nouveau je lui demande gentiment : alors il sort bientôt ? Elle m'assure que oui et me dit qu'elle se charge de tout, que X sera ramené en ambulance et tout et tout. Je lui serre chaleureusement la main en la remerciant. Elle est devenue très souriante et on sent que cela lui a fait plaisir de discuter avec un confrère parisien. Un peu plus et on se ferait la bise. Dans le bureau les IDE me saluent aussi chaleureusement et je quitte la pièce.
Je me rends ensuite au chevet de X pour lui annoncer qu'il sera dehors dans une demie-heure et chez lui dans une heure au plus. Je lui explique que si on lui dit que je suis un bon psychiatre, il ne doit pas ouvrir de grands yeux ronds comme s'il venait de constater que j'ai pu faire onze années de médecine en une nuit mais simplement répondre que je suis très gentil. Comme X a bien récupéré, il rigole et me dit qu'il jouera au gentil petit vieux qui ne comprend pas tout mais qui me trouve très gentil et très intelligent. Je le salue et lui dis que je vais au boulot parce que j'ai autre chose dans ma vie que de traîner aux urgences.
Dans les faits, ce jeune médecin hyper contrôlant m'a offert une autoroute pour la manipuler un peu et abréger mon passage aux urgences. En se tenant droite et en jouant son rôle de chef avec application, elle m'a juste fourni des informations sur sa manière de fonctionner assez simpliste. A l'instar des flics et des militaires, l'autorité marche toujours dans les deux sens.
Tous ceux qui ont fait leur service militaire se souviennent d'un abruti de sergent-chef instructeur vous gueulant dessus et vous traitant comme de la merde mais se montrant d'une servilité étonnante dès qu'un adjudant passait à côté de lui. Alors là, pour un galon de plus, fini le matamore, le redoutable chef se muait en vermisseau minable.
C'est le problème du contrôlant et de l'adhésion à un système autoritaire : il fonctionne de haut en bas et dans les deux sens. On trouve toujours moins chef que soi mais aussi toujours plus chef que soi ; c'est le classique de tous les films dans lesquels le chef de la police engueule le commissaire divisionnaire parce que le ministre vient de lui gueuler dessus. Dans mon cas, j'ai eu affaire à un médecin ayant jugé d'après ma mise minable de clodo que j'étais moins chef qu'elle, autant vous dire qu'elle m'a pris pour un trou du cul à qui on dit de s'asseoir et d'attendre que ceux qui sont plus intelligents que lui dispose de son temps. Il ne me restait plus qu'à incarner plus chef qu'elle.
Pour cela je n'avais qu'à puiser dans mes connaissances en psychologie sociale, dans ma capacité à profiler les gens ce qui me donne souvent un coup d'avance voire plus sur eux, même si dire cela me fait passer pour un putain de narcissique que je ne suis pas. Et zou, le tour était joué.
C'est un des six points d'entrée pour manipuler les gens que relève robert Cialdini dans son ouvrage Influence et manipulation. A chacun des points observés correspond une stratégie à mettre en œuvre pour manipuler l’individu en face de vous. Forte de l'autorité que ses fonctions lui donnaient, ce jeune médecin s'est inscrite elle même dans un comportement calquant parfaitement avec le système pyramidal que l'on nous impose dès notre plus jeune âge en oubliant que l'on trouve finalement toujours plus chef que soit. Dès lors, il n'est pas nécessaire de développer ce qu'est réellement l'autorité puisque finalement le système fonctionne uniquement sur la simple apparence de l'autorité. Il suffit qu'un con en uniforme vous siffle pour que vous vous arrêtiez, vous verrez ça marche dans toutes les caméras cachées.
Pour en savoir plus sur tout cela, inutile d'espérer que je vous éclaire car il vous suffira de lire l'ouvrage en question. Non mais, si vous pensiez que j'allais vous mâcher le travail, vous aviez tort.
Bon et bien sur, mais pourquoi le préciser, les connaissances ne sont pas tout. Et ceux qui m'ont vu en chair et en os le savent bien, ma prestance naturelle m'a beaucoup aidée. Et vous disant cela, sachant que je rougis comme une jeune fille à qui l'on dirait pour la première fois qu'elle a une belle poitrine.
02 janvier, 2012
Statistiques !
L'an passé, je le reconnais j'ai bien glandé. Tandis que j'étais un stakhanoviste du blog, voici que je me suis reposé sur mes lauriers. Alors qu'avant, sitôt une idée en tête je bondissais sur mon Mac pour écrire, voici que j'ai pris l'habitude de mettre mes idées en brouillon. Bien sur, ces brouillons se sont accumulés et l'actualité passant, ou simplement la verve me faisant défaut au moment où j'aurais pu écrire, je n'ai rien publié de ce que j'avais conservé.
Bien sur, cette année je promets d'être beaucoup plus assidu que par l’année précédente. C'est ma bonne résolution. Je me suis dit que je cesserai de glandouiller et de procrastiner pour écrire de manière plus régulière. Imaginez que l'année passée, certains lecteurs me disaient via SMS que je n'écrivais plus assez. Les plus sérieux me donnaient même le nombre exact de jours depuis lequel je n'avais plus publié. Mais tout ceci est de l'histoire ancienne. Par exemple en ce moment même, Lapinou me tanne via SMS pour venir me voir mais je lui ai dit que j'avais des choses importantes à faire : écrire ici. Enfin, malgré cette crise de fainéantise terrible autant que subite, j'aurais tout de même réussi à obtenir 3% de lecteurs en plus ce qui porte leur nombre à environ 17 000 lecteurs mensuels.
Quoiqu'il en soit et au-delà de ces comptes d'apothicaire et de sordide boutiquier, sachez que je vous remercie tous de m'avoir lu durant cette année si peu productive. Je vous promets donc d'être plus assidu en cette nouvelle année 2012. Je n'oublie évidemment pas qu'un de mes lecteurs en valant dix des autres blogs, mes statistiques resteront toujours excellentes.
Avant de vous quitter, je vosu rappelle que mon anniversaire sera le 12 janvier 2012 et qu'il n'est pas interdit de m'envoyer des cadeaux. Pour ceux qui souhaiteraient m'écrire pour me demander comment je fais pour avoir autant de talent, pour savoir d'où me vient mon humilité ou pour toute autre question, l'adresse reste la même :
pa6712@yahoo.fr
01 janvier, 2012
Meilleurs voeux !
Bon, vous commencez à me connaitre, j'avais préparé tout un tas d'articles pour ces vacances de Noël et finalement, j'ai glandouillé et je n'ai rien écrit. Alors les articles sont là bien au chaud, presque terminés et classés dans brouillons sur Blogspot, n'attendant que mon bon vouloir. Tant pis, je les publierai l'an prochain, à partir de demain.
Dieu sait si j'en ai perdu du temps pourtant. J'aurais eu le temps d'écrire une encyclopédie. Au lieu de quoi, le cul calé dans mon canapé, face à mon immense écran plat - chez moi ça ressemble un peu à l'intérieur de Scarface tout en blanc et dorures avec un écran de deux mètres de diagonale - j'ai assisté impavide et l’œil bovin au spectacle navrant des spectacles télévisés. C'était extrêmement dur de sélectionner un bon film parce que la période est propice aux navets américains mettant en scène le Père Noël, resucée ridicule de notre Saint-Nicolas, sous toutes les formes. J'ai zappé successivement entre La fiancée du Père Noël, L'avocat du Père Noël et j'ai du qu'au fait d'éteindre mon écran géant de ne pas assister à al diffusion de Le Père Noël et les extra-terrestres.
J'étais tellement comateux, misérable et englué dans ma déréliction, que je me suis même tapé Amadeus, ce film dont tout ceux qui ne connaissent rien à la musique mais louent le cinéma, disent que c'est un chef d’œuvre. Mon Dieu dire que j'y avais échappé jusque là et que je me le suis tapé en entier. Entre un Mozart complètement hystérique et un Salieri psychorigide, je n'ai pas su lequel était le plus ridicule ni le plus mal joué.
Forman après avoir caricaturé la psychiatrie dans Vol au dessus d'un nid de coucou, nous propose encore sa vision éléphantesque, partiale et son inculture dans ce film grotesque qui n'aura plu qu'aux cuistres. Pourtant c'est bien réalisé, rien à dire mais c'est ridicule. Forman est à la vérité historique ce qu'un entrepreneur en bâtiment est à l'architecture, il entasse du parpaing, ça tient debout mais cela ne ressemble à rien.
Bon, enfin comme dit Mlle C., ce film a le mérite de montrer que le concept de musique classique face à laquelle il faudrait mettre un genoux à terre n'est qu'une escroquerie puisqu'avant d'être classique, elle fut contemporaine. Bref Forman réussit à replacer au XVIIIème siècle la rivalité entre anciens et modernes en montrant une rivalité aussi passionnante que celle opposant actuellement Madonna et Lady Gaga. Milos Forman étant né sous le signe du Verseau (comme Mozart et Michel Delpech), je ne peux le blâmer de n'avoir pas la solide éthique ni l'intransigeance d'un capricorne. Et puis, j'avoue être mauvais juge puisque je n'aime pas trop le cinéma. En plus, en bon psy amateur des causes perdues, je défendrai toujours le pauvre Salieri contre Mozart.
Mais laissons là mes élucubrations pour revenir au cœur de cet article ! Puisque mon but n'était pas de vous entretenir de ce que je pensais de ce film mais de vous présentez mes vœux pour la nouvelle année 2012. Alors, je vous l'écris en gros :
Forman après avoir caricaturé la psychiatrie dans Vol au dessus d'un nid de coucou, nous propose encore sa vision éléphantesque, partiale et son inculture dans ce film grotesque qui n'aura plu qu'aux cuistres. Pourtant c'est bien réalisé, rien à dire mais c'est ridicule. Forman est à la vérité historique ce qu'un entrepreneur en bâtiment est à l'architecture, il entasse du parpaing, ça tient debout mais cela ne ressemble à rien.
Bon, enfin comme dit Mlle C., ce film a le mérite de montrer que le concept de musique classique face à laquelle il faudrait mettre un genoux à terre n'est qu'une escroquerie puisqu'avant d'être classique, elle fut contemporaine. Bref Forman réussit à replacer au XVIIIème siècle la rivalité entre anciens et modernes en montrant une rivalité aussi passionnante que celle opposant actuellement Madonna et Lady Gaga. Milos Forman étant né sous le signe du Verseau (comme Mozart et Michel Delpech), je ne peux le blâmer de n'avoir pas la solide éthique ni l'intransigeance d'un capricorne. Et puis, j'avoue être mauvais juge puisque je n'aime pas trop le cinéma. En plus, en bon psy amateur des causes perdues, je défendrai toujours le pauvre Salieri contre Mozart.
Mais laissons là mes élucubrations pour revenir au cœur de cet article ! Puisque mon but n'était pas de vous entretenir de ce que je pensais de ce film mais de vous présentez mes vœux pour la nouvelle année 2012. Alors, je vous l'écris en gros :
Meilleurs voeux pour 2012, que cette année vous conserve en bonne santé et qu'elle vous apporte bonheur et prospérité !