30 mai, 2008

Consécration et bricoleurs !

Ca passera jamais dans les passages d'ailes d'une 4L !

Entre deux rendez-vous, j'ai regardé mes stats et la manière dont les gens étaient venus ! Il y en a un qui a tapé "jantes centerline pour Renault 4" dans Google ?!? Effectivement pour cette requête, j'arrive en cinquième position directement sur cet article.

Alors que dire pour faire plaisir à ce nouveau lecteur ? Déjà, quand j'étais jeune, moi aussi, j'adorais les jantes centerline qui sont des jantes pleines. Je trouvais qu'elles avaient une gueule d'enfer. Donc, un bon point pour lui en matière de choix de jantes larges ! Mais en me rendant sur le site Centerline, je me suis rendu compte qu'ils avaient bien plus de modèles qu'avant. Mais moi, j'aime bien les jantes classiques comme celle que j'ai mise en photo !

En revanche, je ne suis pas sur qu'il faille absolument en mettre sur une 4L parce que ça fera caisse de tocard. Bon, s'il vit dans une province reculée, genre nord ou est de la France, ça peut passer parce que j'ai déjà vu des mecs qui faisaient des voitures tunées atroces et qui vivaient dans ces endroits dans Confessions intimes sur TF1. D'ailleurs, même si je ne devrais pas le dire, Laurence a tuné sa Citroën Saxo et lui a mis des jantes centerline ! Avec des housses léopard sur les sièges et un ampli de 8x350 watts pour écouter du R'n'B, Lolo est devenue la reine dans les concentrations de tuning. Mais bon, à Toul ça passe plutôt bien. Mais quand elle vient me voir à Paris, je préfère qu'elle vienne en TGV, c'est plus discret.


A sa place, ce que je ferais si je voulais absolument massacrer ma 4L et jouer les nazes, j'achèterais quatre jantes de R5 alpine et je les mettrais. Ça passe tout seul et on reste chez Renault et puis, avec des pneus de 165 ça reste correct. Bon, c'est sur que ça fait un peu crétin mais on reste dans les limites de l'acceptable dans le genre jeune et con. Moi aussi j'ai été jeune, et j'ai parfois été un peu con.

Voilà, j'espère donc que ce lecteur ne sera pas venu pour rien. Et s'il veut faire poser ses jantes et de nouveaux pneus, qu'il passe à l'atelier mais là, je vais déjeuner, je suis fermé ! Qu'il m'attende, je serai de retour dans une heure. Mais qu'il fasse gaffe. S'il croise un type vêtu d'un pantalon en cuir et d'un t-shirt prêt du corps, qu'il reste dos au mur en feignant de l'ignorer et qu'il ne se penche surtout pas pour ramasser un truc par terre. C'est mon poteau Le Gringeot, il est sympa mais on ne sait jamais.

En tout cas, cet article est une consécration puisqu'il démontre de manière éclatante que je peux résoudre tous les problèmes, ABSOLUMENT TOUS, même le choix de jantes larges sur une vieille daube de chez Renault ! Par contre, pour tout connaître des Harley-Davidson, rendez-vous sur ce site !

La semaine prochaine, je ferai un banc d'essai des mixeurs !

Excellent blog !

Agrandissez l'image ! Bonne cueillette de champignons, ne vous trompez-pas !

Un lecteur vient de me conseiller un excellent blog libéral. J'espère que l'auteur ne verra pas d'un mauvais oeil que je reproduise un de ses petits montages ci-dessous. C'est pour la bonne cause.

Rencontres sur le net !


C'est assez drôle, lorsque je lis certains blogs, je me dis que je rencontrerais bien leurs auteurs. Ceux-ci s'accrochent à leur anonymat comme si leur vie en dépendait. Alors, c'est vrai que certains sont un peu réactionnaires, mais il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Je n'imagine pas qu'une quelconque police secrète se pointera au petit matin pour les emmener dans un bois désert afin de leur mettre une balle dans la nuque.

Et puis, compte-tenu des moyens dont dispose l'état, il y a fort longtemps que nous sommes tous fichés si l'ordre en était venu d'en haut et la nécessite s'en était fait sentir. J'ai ainsi lu dernièrement qu'un comité d'accueil de la police nationale était venu cueillir à six heures du matin le jeune plaisantin qui se croyant anonyme, s'était amusé à écrire que Philippe Manoeuvre était mort sur sa fiche Wikipedia. L'anonymat sur le net est un leurre à moins d'être un pro de chez pro. Une plainte d'un type connu et hop, vous êtes cuit.

Moi, j'ai rencontré un lecteur une fois. C'était un type qui venait souvent commenter et que je trouvais amusant et plein d'esprit. Sans doute que le fait qu'il me reconnaisse un talent énorme, n'y était pas étranger. Il possédait un blog et ce qu'il écrivait était en phase avec ce que je pensais. J'en parle à l'imparfait parce que ce fainéant a abandonné depuis quelques mois la rédaction de ce blog.

Curieux comme je le suis, j'avais eu envie de voir la tête de celui qui venait régulièrement commenter. Tant et si bien que je lui avais communiqué mon mail. Rendez-vous avait été pris à mon cabinet un après midi de mai dernier. Après la prise de rendez-vous, je m'étais demandé si j'avais été bien sérieux de fixer un rendez-vous avec un inconnu.

A l'heure dite, le quidam sonna chez moi et je lui ouvris. J'entendis alors un pas pesant dans l'escalier de bois du dix-septième siècle qui donne accès à mon antre. J'ouvris alors la porte et fus face à un individu inquiétant. De taille moyenne mais de stature imposante, l'individu arborait moustache et bouc tandis que son crâne était entièrement rasé. Y'a juste un détail qui me gêne, c'est qu'il porte un bénard en cuir.

Je trouve que son t-shirt moulant ses pectoraux puissants et son moule-burnes en cuir lui donne un petit côté Village People un peu inquiétant. Je me demande si ce type ne va pas me sauter dessus et me forcer à couiner comme une petite cochonne tandis qu'il attentera à ma vertu. Tandis que je lui serre la main, je tiens mon autre poing fermé derrière mon dos, prêt à lui coller une gauche magistrale s'il tentait de me mettre la main au paquet. On n'est jamais trop prudent, notamment quand on a un côté jeune éphèbe comme moi.

Ce type me fit penser à Elko Krisantem, le majordome et sicaire turc de son altesse Malko Linge, tel que Gérard de Villiers le décrit dans les SAS. Ne manquait plus que le fidèle pistolet Astra coincé dans la ceinture et le lacet étrangleur dans la poche quand il s'agit d'être discret.

Le sourire était tout de même franc. Mais alors que nous redescendions les deux étages pour aller boire un coup en terrasse, je me disais que ce type aurait vraiment pu être un tueur. Après tout, je ne le connaissais pas. Avec son physique inquiétant, qu'il s'exprime aussi bien dans notre langue était déjà suspect. La poignée de main n'avait-elle pas été trop franche pour être honnête ? Et ce sourire sympathique que masquait-il ? N'était-ce pas un tueur professionnel se gaussant de ma trop grande naïveté et se disant que j'avais décidément été une proie facile à faire sortir de son trou ?

J'imaginais déjà la fourgonnette garée devant mon immeuble. On me poussait sans ménagement avant de m'assommer d'un coup de matraque. Quinze minutes après, hébété et sonné avec un mal de crâne atroce, je sentais qu'on s'engageait sur l'autoroute du sud. Je me démenai comme un beau diable mais j'étais entravé. Dans la pénombre de cette fourgonnette, une voix proche de moi m'intimait l'ordre de ne pas bouger d'un guttural "toi rrrester calme sinon moi frrrapper toi tête encorre".

Une demie heure plus tard, la fourgonnette aurait freiné en cahotant. Sorti sans ménagement par ce tueur chauve, j'aurais été poussé dans la forêt de Fontainebleau. J'aurais bien sûr demandé où on m'emmenait mais le tueur n'aurait rien dit se contentant de sourire et me disant "toi trrrop parrrler !".

Deux cent-mètres plus loin, j'aurais alors aperçu un trou de deux mètres sur un et d'une profondeur d'un mètre. Le tueur chauve aurait alors ricané en m'ordonnant "toi mettrrre devant trrrou". J'aurais demandé ce qu'il voulait, ne comprenant pas bien l'ordre. Il se serait alors énervé, en me poussant tout en répétant "toi mettrrre devant trrrou !". Flageolant sur mes jambes arrivant à peine à me porter, je me serais rapproché du trou.

Tentant le tout pour le tout, je lui aurais alors proposé de l'argent pour qu'il m'épargne. Je pense même. Le voyant toujours aussi inflexible, j'aurais alors tenté de lui donner un des jolis cendriers fait à partir d'une boîte de thon par Marino. Mais, le tueur chauve aurait sourire en me disant "toi sérieux ? Toi vrrraiment prrrendre moi pour clocharrrd ?" avant d'éclater d'un rire sonore !

Et là, ma dernière vision aurait été cet homme le bras tendu, tenant un vieux pistolet Astra, la déflagration et une douleur atroce. Je m'imaginais alors, tombant de tout mon long dans ce trou. Le tueur s'approchant alors pour me regarder et prenant son portable pour dire "trrravail fait monsieur ministrrre". J'aurais alors tenté de relever la tête, croisant son sourire sadique. J'aurais hurlé et, pour toute réponse, j'aurais reçu une grande pelletée de terre sur la figure. A demi mort, je n'aurais pas pu recracher cet humus envahissant ma bouche.

Mais finalement rien de tout cela. Nous sommes allés boire un coup et je l'ai trouvé très sympa. bon, c'est sûr que tandis qu'on buvait, j'ai toujours gardé l'oeil sur mon verre. Parce que même si je le trouvais sympa, son pantalon en cuir et son t-shirt moulant me gênaient un peu. J'ai fait attention à ce qu'il ne foute pas du GHB, la drogue du viol, dans mon verre. Je n'avais aucune envie de me retrouver dans une cave, une cagoule en cuir sur la tête et une boule rouge dans la bouche, attaché sur un chevalet en train de me faire caresser les parties intimes ou de me faire mettre un doigt dans le fion par un chauve musculeux. Y'a des scènes de Pulp Fiction qui me venaient à l'esprit.

On n'est jamais trop prudent, je ne cesse de le rappeler à mes patientes ! Je rappelle à toutes fins utiles qu'il ne s'agit pas de propos homophobes mais d'un simple goût personnel. On s'est quitté bons potes même si je me demandais pourquoi ce type s'habillait en Village People ! J'en ai déduit que c'était sans doute un Chippendale en retraite et qu'il avait gardé un certain goût pour l'exhibitionnisme ou encore qu'il jouait les gigolos dans un grand café parisien (dont je tairai le nom), et que c'était une mémé qui lui avait demandé de vêtir ainsi dans le style biker salace ! Tout s'est finalement bien passé, tant et si bien que je l'ai même invité plusieurs fois à la maison et tout s'est toujours bien passé.

Mais parfois, quand il passe à la maison, tandis que l'observe à la dérobée, je ne peux me départir d'un sentiment de malaise. Et s'il était payé pour m'épier, pour s'immiscer dans ma vie, dans mon PC et glaner des renseignements ? Peut-être qu'un jour ils lui donneront l'ordre de me liquider. Ce jour là, forcément un petit matin blême et pluvieux, une fourgonnette freinera devant chez moi. Et puis, j'ai beau bien le connaitre et l'avoir vu avec des nanas, son pantalon en cuir et ses t-shirts moulant, c'est tout de même étrange ...

Finalement, ils ont raison, il ne faudrait jamais rencontrer personne !

29 mai, 2008

Il faut suivre !


Un abruti, parce qu'il n'y a pas d'autre mot, m'a laissé un commentaire désobligeant m'expliquant qu'il regrettait qu'il faille avoir lu d'autres articles pour saisir les nouveaux.

Ben oui, il y a des trucs récurrents. C'est sûr que s'il ne sait pas ce qu'est une croutonnade faouine, ne connait rien au zurnisme, ne sait pas que la Talbot Solara est la meilleure voiture du monde et ignore la production artisanale de cendriers peints par Marino à partir de boîtes de thon, il ne suivra pas. A ce propos, ces cendriers sont proposés à la vente sur la D11 en allant vers Foug (54570). Ne parlez jamais aux vendeurs, les faouins, traditionnellement chasseurs-cueilleurs (ou fondeurs chez Pont-à-Mousson s'ils sont sédentarisés) sont très farouches.

Mais qu'il se rassure. Naturellement réservé, peu bavard et toujours en demie-teinte, de fait j'écris peu et toujours à bon escient. Pour tout saisir, il n'aura donc qu'à lire assidument les 768 articles déjà publiés sur ce blog.

Fabrication d'un cendrier faouin - étape dite du vidage de la boîte de thon !

Tout et rien !

Hulk, il est un peu comme moi, il aide les gens !
Sauf que je suis pas tout vert !

J'avais en projet d'écrire un super article sur le développement moral, un truc fouillé et intelligent dont serait fier mon fidèle lecteur Anonyme qui me met plein de commentaires sous cet article. Hélas, je suis rentré tard, j'ai diné et j'ai glandouillé devant la télévision.

Il faut dire qu'il y avait L'Incroyable Hulk. Alors autant vous dire que c'est dur de ne pas être scotché devant la télévision. Dans cet épisode, David Banner, qui est médecin à l'origine, se démerde encore une fois pour trouver un boulot bien nul.

Dans cet épisode, il se retrouve à torchonner derrière le bar du Pandemonium Disco, une boîte de nuit sordide que le réalisateur tente de nous faire passer pour l'endroit in du moment. Mais, on n'y croit pas tellement c'est cheap ! C'est petit, tout moche, avec une piste rikiki, un videur tout maigre, bref c'est nul, ça n'existe même pas dans la pire de nos provinces une boîte pareille ! Même le Starlight 2000 de Foug, c'est plus grand et avant le décret antifumeurs, ils avaient même des boites de thon décorées comme cendriers ! Par contre, ce qui est rigolo c'est de voir les gens danser le disco !

Alors, David Banner, il fait comme moi, de derrière son bar où il torchonne comme une grosse soumise, il mate les gens danser. Et à un moment donné, il repère une gamine qui est la championne de danse et il se dit qu'il l'a déjà vue ! Si ! C'est la fille d'un de ses amis qui est mort. Il se souvient même qu'il lui lisait Alice au pays des merveilles (pas à son ami mais à la fille).

Dans cette boîte de nuit, il se trouve que le salaud de propriétaire, parce qu'on ne peut pas l'appeler autrement, il sert de l'alcool à des mineurs ! Vous vous rendez compte ??? Alors, David Banner, lui qui est un ancien médecin, il trouve cela mal et même dangereux. Et même qu'il a noté que la gamine, qu'il croit être la fille de son ami décédé, elle est un peu alcoolo.

Il ne se trompe pas ! Car au petit matin, prise d'une crise de delirium tremens, la gamine veut se jeter du haut d'un immeuble. David, en voulant la sauver, se blesse et cela le met en rogne. Alors ni une ni deux, il se transforme en Hulk! Alors là, attention les yeux, les effets spéciaux sont terrifiants surtout les pupilles translucides et la chemise qui craque !

D'ailleurs mon épouse qui n'avait jamais vu un Hulk en entier ne voulait pas me croire que c'en était un ! Elle pensait que dans Hulk, le mec se baladait toujours en vert, torse-nu avec son pantalon coupé sous les genoux ! N'importe quoi ! Je lui ai dit qu'il se transformait ! Alors ce soir, pour la première fois de sa vie, elle a vu David Banner se transformer en Hulk ! Vous imaginez sa joie ? Elle m'a demandé combien de fois il se transformait en Hulk, et je lui ai répondu que cela dépendait mais que c'était une ou deux fois pas plus. Sans doute que ça aurait coûté trop cher en effets spéciaux et en habits déchirés !

Mais, revenons à nos moutons ! La gamine alcoolique, David Banner, il veut la sauver. Comme quoi lui et moi on fait un peu le même job, sauf que je ne me transforme pas en benêt tout vert. Il l'envoie dans un truc genre Alcooliques Anonymes. Au début, elle est rétive mais en cinq minutes, elle comprend que c'est pour son bien et décide d'arrêter de boire. Comme quoi, David Banner est plus efficace que moi parce qu'il me faut plus de dix minutes pour aider un alcoolo à ne plus picoler.

Manque de pot, c'est une championne de danse et son cavalier habituel est un aigrefin. Alors pour ceux qui ne comprendraient pas, un aigrefin, c'est un salaud ! Lui, il veut gagner la prime de dix mille dollars du concours de danse ! Et pour cela, il est prêt à la faire reboire. Parce que elle, sans alcool elle n'ose plus remonter sur la piste. Alors là, pareil. David Banner surprend toute la scène, se transforme en Hulk et leur pète la gueule.

La fin, je n'ai pas tellement suivi parce que je papotais avec mon épouse. Mais à la dernière image, on voit que la gamine est sauvée. On comprend qu'elle ne boira plus et qu'elle va reprendre ses études. Merci à David Banner ! Mais lui, bien sûr, comme il est grillé au Pandemonium Disco, ben il reprend la route pour aller se chercher un nouveau boulot merdique.

Quel nouveau boulot a-t-il trouvé ? Je ne sais pas ! Il y avait un autre épisode, mais je me suis dit qu'il ne fallait pas abuser des bonnes choses. Un truc est sûr c'est que David Banner aura retrouvé un boulot pas terrible genre éboueur ou ramasseur de vomi ou encore laveur de pieds de clochards voire carrément gestionnaire de copropriétés, parce que de toute manière, il a toujours des boulots tout pourris !

Bon, on pourrait me dire que je suis vraiment nul de regarder L'Incroyable Hulk. Et alors ? Ca détend, c'est sympa et plutôt rigolo au premier degré. A ce propos, j'ai connu un type qui adorait cette série. On était adolescent et c'était Riton, le frère aîné d'Olive, celui qui a réussi, est riche et roule en Touareg W12.

Une fois, on était parti se balader et lui, il nous prenait la tête pour qu'on rentre parce qu'il allait rater Hulk ! Je me souviens même qu'il était super en colère, parce qu'il avait raté la première information. On s'était foutu de sa gueule. Mais, c'est vai que Riton était spécial. Ceci dit, c'est peut-être le fait de fréquenter ce genre de types étranges qui m'aura donné la vocation.

Mais revenons à Hulk. Oui ça détend. Mais bon, j'adore lire aussi ! A ce propos, en regardant Hul et en papotant avec mon épouse, je feuilletais le catalogque que la FNAC envoie à ceux qui ont la carte FNAC. Ben oui, mon épouse a une carte FNAC bande de jaloux ! Alors là, vous allez me dire que c'est faux, que je ne peux pas regarer Hulk, une série complexe, parler à mon épouse, une femme brillante, et en plus lire le catalogue de la FNAC ! Ben si ! Peut-être que vous, vous ne pouvez pas, mais nous surdoués, on peut, même que c'est indiqué dans l'article traitant de la Douance. C'est écrit qu'un surdoué peut faire plusieurs choses en même temps ! Et toc ! Et encore, si je n'avais pas été dyspraxique, j'aurais pu jongler en même temps !

Dans ce catalogue d'ailleurs, ils vantaient les ouvrages érotiques. L'un d'eux a attiré mon attention, il s'agit de "Putain" de Nelly Arcon, édité chez Point Seuil. La FNAC dit de ce livre :

"Il s'agit du récit autobiographique d'une jeune québecoise qui explore et brise un tabou : comment son éducation religieuse violente et l'absence de ses parents, l'ont conduite à se prostituer temporairement pour se libérer. Avec ses mots justes, cette confession vérité a marqué l'année 2001 et vous hantera pour longtemps".


Ca a l'air d'être un super bouquin, à peine orienté et pas du tout gauchiste. Parce que j'imagine que l'éducation religieuse dont elle parle n'a pas été effectuée au sein de quelque secte violente sacrifiant de jeunes vierges (adorateurs de Baal) d'un pays lointain d'Asie centrale, mais bien dans une école gérée par des bonnes sœurs bien de chez nous ! Ah, c'est fou comme tout change avec les époques.

Fut un temps, on était persuadé qu'il fallait sortir de la DDASS pour finir sur le trottoir. Mais aujourd'hui, grâce au talent de jeunes femmes qui n'hésitent pas à rédiger des "confessions vérités", on sait qu'il suffit de sortir d'une école religieuse pour aller tapiner. En lisant ça, j'ai eu des sueurs froides ! Dire que j'étais dans une école catholique et que je n'en mesurais pas les risques. Un peu plus et je finissais travelo au bois de Boulogne ! Ca aurait été un drame parce que vu mon physique, j'aurais ressemblé à Coluche déguisé en femme dans l'Inspecteur La Bavure.

Alors mon conseil pour passer une bonne soirée sera d'abord de courir voir "Entre les murs", puis une fois rentré chez vous, de lire "Putain". Parce qu'il faut bien être de son époque. Bon, je précise que je ne relate que le commentaire du journal des adhérents de la FNAC mais que je n'ai pas eu ce livre qui est peut-être excellent.

Moi, comme je suis un peu con, je vais en rester à L'incroyable Hulk. Ou à Tarzan, parce que c'est sympa aussi avec Wolf Larson.

Une chouette "confession vérité" pas du tout racoleuse ... comme la couverture !

28 mai, 2008

Missing In Art(ction)


Le commentaire de ce cher Sylvain et notamment ce qu'il dit de l'art et de la vanité des artistes depuis quelques siècles me rappelle un cas que j'ai eu voici quelques années.

Il avait mon âge et exerçait la profession de cuisinier. Il était plutôt bon dans son métier mais il a rencontré des artistes. Lui aussi, s'est piqué d'être artiste parce qu'il était faible. Quoique non, plus que faible, il était complexé. Il pensait qu'usurper le statut d'artiste tant survalorisé ferait de lui un cador, un type bien et important, tout ce qu'il pensait ne pas être en étant cuisinier.

Alors, il a suivi les faux prophètes, ceux dont parle Saint Mathieu, qui sont des loups vêtus de peaux d'agneau. Il s'est inscrit à une formation et a bientôt tout connu de Photoshop, Quark X press et bien d'autres logiciels. Hélas, le talent n'est pas venu en même temps. Il n'était qu'un honnête graphiste, un tâcheron parmi tant d'autres. Et c'est dur dans cette profession car si vous n'avez ni talent génial ni réseau efficace, vous végèterez.

Il s'est entêté. Il a cru que la volonté servirait de palliatif à son manque de talent. Or si la fainéantise empêchera toujours quelqu'un de talentueux de réussir, à l'inverse, la volonté sans talent ne donnera rien non plus. Il faut les deux.

Il s'est accroché, il a tout subi. Baisse drastique de son niveau de vie, frustrations, rien n'y a fait, il a persévéré. Il n'a réussi à faire que deux ou trois catalogues et quelques flyers pour des soirées. Il s'est aigri, a déprimé de plus belle. Son amie a fini par rompre. Qu'à cela ne tienne, il en a retrouvé une autre avec laquelle cela n'a pas marché non plus.

Quelle femme aurait pu vivre avec un artiste maudit, s'en prenant aux autres et à la vie parce qu'il ne réussissait pas ? Alors, il est tombé sur une femme comme lui, une fille à problèmes. Mais, même elle a fini par rompre.

La dernière fois que je l'ai vu, il venait de dormir deux nuits de suite dans une cage d'escalier. Il était en voie de clochardisation, de marginalisation comme diraient les spécialistes. Nous avons parlé. Je lui ai dit ce que je pensais, je lui ai parlé d'escalade d'engagement, lui ai expliqué qu'il était comme un joueur face à une machine à sous en attendant qu'elle "crache" le gros lot. Jusqu'à quand allait-il remettre une pièce dans la machine ?

Il comprenait mon point de vue mais ne le partageait pas. Artiste, c'était ce qu'il voulait être. En l'entendant, je croyais écouter "J'me voyais déjà en haut de l'affiche" d'Aznavour. La seule aide que j'aie pu lui apporter ce jour là, c'est de lui trouver une chambre en colocation. Ensuite, je ne l'ai plus jamais revu parce que je ne pouvais rien pour lui. Ce type était comme possédé. Je l'ai classé dans les Missing in Action, mort pour l'art.

Méfiez vous des faux prophètes. Artiste, c'est quelque chose que l'on subit, non quelque une voie que l'égo pousse à suivre. Il y a une transcendance chez l'artiste véritable.

" […] Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ? Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ". (Mat 7/15-20)

27 mai, 2008

Douance !

La douance est le substantif de l'adjectif doué. C'est un sujet passionnant. Tout un chacun s'est déjà demandé un jour s'il n'avait pas été un enfant surdoué devenu aujourd'hui un adulte à haut potentiel. Parmi les dizaines de sites qui traitent de ce sujet, j'apprécie plus particulièrement Douance.be, sympathique et fort bien fait.

On comprend qu'on peut être surdoué sans pour autant être un sale con méprisant. Je suis régulièrement placé face à des individus surdoués qui l'ignoraient et prenaient leur insertion sociale parfois difficile pour une preuve d'inintelligence. Beaucoup d'enfants ou d'adultes surdoués sont à tort étiquetés comme souffrant d'un trouble du comportement et rares sont les psys à garder en mémoire qu'il existe des surdoués. Rappelons qu'on ne peut pas se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué.

Caractéristiques

Plus que l'"intelligence", difficile à définir, ce sont les caractéristiques suivantes qui dépeignent le mieux les adultes à haut potentiel :

Attention : il n'est pas indispensable qu'elles soient toutes présentes !

  • Hypersensibilité, extrêmement susceptible.
  • Intensité - hyperstimulabilité (niveau de réaction plus élevé aux stimuli, être "plus " tout : plus rapide, plus agité, plus attachant, plus exigeant, plus généreux, plus impatient, ...)
  • Hyperesthésie ou exacerbation des cinq sens (hyperréactif aux stimuli sensoriels)
  • Curiosité exceptionnelle.
  • Imagination débordante, grande créativité.
  • Grande capacité d’observation, note les plus petits détails.
  • Intérêts très variés, saute facilement d'un domaine à l'autre.
  • Peut faire plusieurs choses en même temps (suivre deux conversations en parallèle, parler et écrire, rêver et pourtant écouter, ...)
  • Recherche la compagnie de personnes plus âgées.
  • Capacité d’attention, persévérance : forte si l’intérêt y est; faible, voire nulle, sinon.
  • Grand sens de l’humour (et humour très particulier, souvent incompris).
  • Rapidement frustré s'il ne trouve pas les personnes ou les ressources pour réaliser ses grandes idées.
  • Grand sens de la justice, de l’équité, moralité. Intolérance à l'injustice, pour lui et pour les autres.
  • Respect des règles bien comprises ("logiques"), mais tendance à questionner l’autorité non fondée.
  • Idéalisme, altruisme, compassion.
  • Grande capacité de raisonnement/résolution de problèmes.
  • Rapidité d’apprentissage.
  • Méthode d'apprentissage particulière, surtout en math et en lecture.
  • A lu très jeune et avidement.
  • Vocabulaire extensif.
  • Excellente mémoire.
  • Bon en chiffres, puzzles, ...

Et surtout :

  • Perfectionnisme, doublé d'une extrême lucidi, qui entraînent parfois le doute, la peur de l'échec.

    "On ne peut pas se penser intelligent, quand on mesure ses propres faiblesses avec la lucidité aiguë du surdoué, qui ne lui permet aucun aveuglement."

26 mai, 2008

Connections exotiques ! (2)

Tout n'a pas été facile pour la jeune entreprise d'insertion !
Des travaux étaient à prévoir avant d'accueillir les stagiaires !

En regardant mes connections, j'ai aussi noté que j'avais souvent, et depuis longtemps, des contacts émanant de RMI Informatique à Maxéville en Meurthe-et-Moselle, le pays de Laurence. Durant longtemps, je me suis plu à imaginer RMI Informatique comme une sorte d'entreprise d'insertion destinée à enseigner les rudiments de l'informatique à des chômeurs de longue durée. J'ai du me laisser abuser par ce nom : RMI.

En bon gros garçon idiot, pour moi, RMI signifiait tout simplement Revenu Minimum d'Insertion. Alors, j'imaginais une salle unique meublée de mobilier scolaire beige un peu cheap avec des chaises en plastique rotomoulé et des fenêtres s'ouvrant sur une aciérie abandonnée dont ne seraient restées que les charpentes métalliques rouillées.

Et à l'intérieur, en laissant vagabonder ma fertile imagination, je croyais voir un animateur, dont le maigre salaire aurait été cofinancé par la commune, le département et la région. Cet animateur, c'est Jean-Paul, un enfant du pays qui n'a jamais voulu partir pour Paris bien que son BTS en informatique lui eut réservé une belle carrière. De plus, sa ressemblance troublante avec un acteur de la bande du Splendid ne lui a pas tourné la tête.

Les filles, c'est bien, mais pour Jean-Paul, l'insertion c'est mieux. Et puis, Jean-Paul son coeur est déjà pris par une belle fille de Foug qui s'appelle Laurence ! Par contre il n'aime pas trop son copain réactionnaire qui fait ce blog idiot ! Pour Jean-Paul, ce Philippe est dangereux et il l'a déjà dit à Laurence : "La psychothérapie, c'est l'opium du peuple. C'est un outil d'asservissement que les puissants utilisent pour empêcher les masses populaires de passer à l'action". Laurence l'écoute impavide. Ca ne lui déplait pas quand son Jean-Paul se met en colère comme ça.

Jean-Paul (notez la ressemblance troublante avec un acteur connu !)

Homme aux convictions de gauche solidement ancrées, fils et petit-fils de mineur, moine-soldat de la réinsertion viscéralement attaché à la Lorraine, cet animateur aurait consacré sa vie à enseigner les rudiments de l'informatique à des salariés du secteur secondaire laissé sur le carreau.

C'est ainsi, que je les imaginais, ces ouvriers ou employés au chômage victimes de la mondialisation, dans cette salle, entrés là sur les conseils d'une assistante sociale qui leur aurait vanté les mérites d'une initiation à la micro informatique pour s'en sortir. Il y aurait eu de beaux personnages.

Par exemple, René, licencié à cinquante-deux ans, ancien fondeur fort en gueule, dont la superbe aurait fondu comme neige au soleil face à un simple PC. J'imaginais déjà ses gros doigts gourds enfonçant les touches du clavier trois par trois. Près de lui, parlant à voix basse, Jean-Paul l'aurait rassuré en lui apprenant à ne plus avoir peur de cet inconnu qu'est l'ordinateur.

Pensez-vous, pour René, un ordinateur, c'était un objet mystérieux qu'approchaient uniquement les cadres cravatés ou les secrétaires parfumées, mais pas lui ! Quand on lui avait parlé de souris la première fois, il se demandait ce que venait faire un petit rongeur là-dedans, mais il n'avait pas osé poser de questions pour ne pas avouer son ignorance. Mais, grâce à l'apostolat de Jean-Paul, René s'y est mis et en trois semaines à peine, ça y est il est capable de taper son prénom sous Word et de l'enregistrer. Encore trois semaines et à l'issue de son contrat d'insertion, René pourra faire un courrier et taper son curriculum-vitae tout seul !

René en ensuite parlé à son beau-frère Lucien, celui qui a marié la Jeanine, que tout le monde trouvait si jolie à Maxéville ! Parce qu'il a un sacré parcours de militant syndical, Lucien a tout de suite sympathisé avec Jean-Paul, même s'ils ont des dissensions parce que pour Lucien, le dogme de la dictature du prolétariat, c'est du passé. Une fois qu'il a maitrisé Word, Lucien a décidé de faire des tracts politiques qu'il colle la nuit.

Lucien a eu plus de chance puisqu'il est en préretraite. Cette petite rente, plus les légumes du potager et ce que rapporte un petit bien que possède Jeanine à Jarville-la-Malgrange, leur laisse suffisamment de quoi vivre. L'an dernier, ils ont même pu partir quinze jours en vacances et voir la mer !

Et puis, il y aurait aussi eu Emmanuel qui se faisait surnommer El Gringo, un être au physique inquiétant. Lui, l'informatique ne lui a pas plu. Il a eu beaucoup de mal à comprendre tout cela. Ca lui semble trop irréel, pas assez tangible à Emmanuel tous ces programmes complexes. Lui, ce qui lui aurait plu, si ses parents avaient pu l'envoyer faire des études en LEP, c'était la mécanique moto. Mais la vie en a décidé autrement. De petit boulot en petit boulot, Emmanuel a fini sur le carreau, rincé et vidé et ça a été le parcours classique de la petite délinquance.

C'est l'assistante sociale qui l'a envoyé à sa sortie de prison chez RMI Informatique. Jean-Paul voyant que la subtilité requise par cette discipline ne conviendrait jamais à cet esprit rebelle et un peu simple, ne s'est pas acharné. Mais il n'a pas laissé tombé Emmanuel pour autant et lui a trouvé un stage de mécanique chez un concessionnaire MBK dont Emmanuel est ravi parce qu'il adore labelle mécanique !

Et puis, ensuite, parmi ces fiers mâles sur d'eux, j'imagine une femme timide. Oui, il y a Marino, la modeste Marino. Elle, c'est un peu différent des autres. Après avoir élevé ses deux filles, deux robustes jeunes femmes lorraines, la maison lui a semblé bien vide lorsqu'elles sont parties. D'abord, elle s'est dit qu'elle aurait du temps pour elle. C'est vrai, qu'à deux, avec son mari, elle passe moins de temps aux tâches ménagères. D'abord elle a été contente de pouvoir regarder Derrick à la télévision. Elle ne l'avouera pas, mais elle le trouve bien séduisant Horst Tappert et puis ses enquêtes sont si haletantes !

Ensuite, il y a eu Le renard, et même si elle trouve que Siegfried Löwitz est moins beau que Horst Tappert, elle le trouve bien malin : il mérite bien son surnom ! Et puis, bientôt, il y a eu l'ennui parce que les séries allemandes, c'est bien beau mais c'est trop passif pour Marino qui s'est démenée toute sa vie.

Alors, comme petite, son institutrice trouvait qu'elle avait des dons artistiques, elle a décidé de s'y mettre. Elle a alors décoré des boîtes de thon qu'elle transformait en objets pratiques tels que des cendriers ou des vide-poches. Elle en a même vendu le jour de la Foire de Foug ! Et puis, même cela l'a lassée parce que Marino aime avant tout se sentir utile.

Elle a donc décidé elle aussi de se mettre à l'informatique. D'abord au Club de Foug mais très vite, elle en eu assez du micro-ordinateur unique, un vieux PC XT IBM. Elle a vu à la devanture du marchand de journaux qu'il existait des écrans couleur. Elle en a rêvé. Elle a négocié avec la mairie et a été admise au stage de RMI Informatique. De mauvaises langues prétendent que c'est parce que Laurence, sa fille aînée est la fiancée de Jean-Paul qu'elle a été admise à ce stage de perfectionnement. Mais Marino, elle s'en moque des commérages.

Et là, elle a rencontré Jean-Paul. Jean-Paul s'est beaucoup investi avec Marino dont les connaissances l'ont stupéfié. En six semaines, elle a su utiliser Word et Excel et même MSN pour pouvoir papoter avec ses filles. Et aujourd'hui, elle sait même utiliser Internet.

Voilà, tout ce que j'imaginais moi ! Et comme ça, j'aurais pu en dépeindre plein des personnages que l'abnégation de Jean-Paul, l'animateur militant, aurait sauvé ! Mais comme j'aime bien la précision, j'ai eu l'idée de taper RMI Informatique dans Google. Et je suis tombé sur ce site ! Celui d'une SSII spécialisée dans les télécommunications créée par deux ingénieurs en 1981 et qui compte aujourd'hui cinquante-neuf personnes dont au moins une vient me rendre visite (à moins que ce ne soit un client hébergé chez eux) ! Bon, j'avoue ne rien connaître à ce qu'ils font mais je suis sur que ce sont des pros dans leur domaines !

Adieu Jean-Paul, René, Lucien, Emmanuel et Marino et bienvenue dans le monde moderne !

Connections exotiques !


Parfois, je regarde d'où viennent les connectés et souvent je suis surpris. Aujourd'hui à 13h48, heure de Paris, une personne s'est connectée de l'hôtel Shangri-La à Singapour. Comme c'est étrange ?

Bon, ayant vu leur site, le boui-boui n'a pas l'air mal. Toutefois, vous noterez qu'il n'y a pas d'écrans plats dans la chambre mais un vieux tube cathodique. C'est peut-être pour cela que les résidents préfèrent passer sur mon site plutôt que de mater un film sur une télévision antédiluvienne. Je les comprends !

Personnalité narcissique et Yamaha DTLC !


Je parlais du narcissisme avec une jeune patiente. Cette dernière me relatait une conversation qu'elle avait eu avec une de ses amies et s'étonnait de l'absence totale d'empathie de cette dernière. Je l'ai un peu interrogée puis je lui ai passé le DSM ouvert à page "personnalité narcissique". Elle a lu et m'a juste dit que c'était exactement cela, qu'elle retrouvait sa copine trait pour trait.

On a ensuite parlé de ces personnalités narcissiques qui finalement consultent peu. Comme je lui disais, je vois essentiellement leurs victimes. Parler des narcissiques m'a remémoré un épisode de ma jeunesse. C'était a première fois que j'étais confronté à une personnalité narcissique. Je ne savais même pas que cela existait mais la discussion que j'avais eue m'avait laissé une impression curieuse que je n'ai jamais oubliée.

J'avais dix-sept ans et j'étais en terminale. Je venais d'avoir ma belle Yamaha DTLC dont j'étais très fier. Le LC signifiait Liquid µCooling, c qui veut dire qu'elle était à refroidissement liquide, solution technique connue mais qui était encore rarement employée sur les petites cylindrées.

C'était un samedi midi, j'avais raccompagné une amie chez elle après les cours. Je tombe sur son père, pilote de ligne sur longs courriers. Je le salue et il me dit que j'ai une belle moto. Puis, désignant le radiateur, il me demande ce que c'est. Naïvement, je lui explique que ma moto est à refroidissement liquide et que c'est le radiateur. Il me demande alors comment cela fonctionne.

Bien que n'étant pas manuel pour un sou, j'aime bien savoir comment les choses fonctionnent, alors tout fier, je lui explique que l'eau part du vase d'expansion via une pompe à eau, puis qu'elle passe par la culasse pour la refroidir, et qu'une fois chargée de calories et donc chaude, elle passe par le radiateur où elle est refroidie. En donnant mon explication, je lui montre du doigt chacun des éléments du circuit de refroidissement.

C'est alors qu'il me dit que j'ai raison et que c'est bien cela. Je repars quelques minutes après. Je me suis demandé par la suite pourquoi il m'avait interrogé sur le circuit de refroidissement puisque manifestement il savait comment cela fonctionnait. J'ai toujours supposé qu'il avait voulu me tester. Et que son grand plaisir aurait été que je ne sache pas afin qu'il puisse "jouer le beau" en m'expliquant.

Cet épisode m'a marqué parce qu'à l'époque je me demandais pourquoi il avait fait cela. Ce type avait tout : un boulot prestigieux, beaucoup d'argent, une femme superbe. Moi, je n'étais qu'un trou du cul de lycéen. Je ne comprenais donc pas en quoi il était aussi important qu'il veuille ainsi me tester et entrer en lutte avec moi. Dès le départ, il était gagnant sur tous les points.

C'est bien des années après que j'ai compris que ce type était narcissique. C'est à dire une grande gueule mais finalement tellement fragile qu'il devait sans cesse remettre son "titre" en jeu, fut-ce face à un gamin de dix-sept ans. J'ai donc compris qu'un narcissique, aussi impressionnant qu'il puisse paraître, n'est finalement qu'un pauvre type, un paumé, qui s'est construit une carapace formidable pour se protéger.

C'est un peu comme ces vieux immeubles hausmanniens que l'on restaure. Les façades magnifiques sont debout mais à l'intérieur tout est détruit. C'est la raison pour laquelle, lorsque j'ai des victimes de ces personnalités narcissiques, je leur explique qu'ils sont plus impressionnants que dangereux et que leur faille, c'est de dépendre entièrement du jugement d'autrui.

Le type dont je vous parle a fini par se suicider. Un beau matin, il a pris son pistolet et s'est logé une balle dans la tête. Il devait, parait-il, passer des tests d'aptitudes pour piloter de nouveaux avions et avait peur de les rater et d'être lourdé. Dans sa logique narcissique, mieux valait mourir que d'apparaitre comme imparfait. Etre imparfait était sa crainte, ce qu'il cachait sous ses abords narcissiques.

Cela illustre bien la profonde fragilité des narcissiques. Faibles avec les forts et forts avec les faibles, dit-on d'eux et c'est très vrai. Aussi terribles qu'ils puissent paraitre, aussi désagréables qu'ils soient, lorsqu'on prend la peine de les observer en laissant son radar tourner, on les plaint plus qu'on ne les craint, tellement leurs failles sont apparentes. Belles voitures, montres rutilantes, costumes de prix, autant de prothèses narcissiques destinées à masquer leurs manques.

On s'aperçoit alors que sous leur aspect phénoménal, ce sont de tout petits enfants peureux et on commence à en avoir pitié.

25 mai, 2008

Tout ça ne me rajeunit pas !

Eugénie dite "Nini", une bonne cop à moi !

Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que mon épouse me posait une question sur ma famille Tant et si bien, que je l'entretins de mon arrière-grand-mère Louise. Ah si, je me souviens pourquoi j'en suis venu à parler d'elle, car je vous avoue parler peu de mon arrière grand-mère !

Il se trouve que nous avons entendu parler de la Franche-Comté et qu'incidemment, j'ai expliqué que mon arrière-grand-mère était franc-comtoise d'origine. C'est comme cela que j'ai été amené à parler d'elle à mon épouse en racontant deux anecdotes. D'une part, qu'âgée de quatre-vingt-quinze ans, cette bonne vieille Louise était capable de se mettre à genoux pour repeindre son compteur à gaz. Et enfin, qu'elle était très fière d'avoir été présentée et fait la révérence l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III.

En disant cela, j'ai été étonné puisque mon arrière-grand-mère était née en 1879 soit huit après la fin du second empire. Mais me rendant sur wikipedia, j'ai vu que Eugenia Maria Ignacia Augustina Palafox de Guzmán Portocarrero y Kirkpatrick de Closeburn, comtesse de Teba (ouf), dite Eugénie de Montijo qui fut impératrice de 1853 à 1870 était née le 5 mai 1826 et décédée le 11 juillet 1920. C'est donc plausible même si je ne sais toujours pas où elles se sont rencontrées. Mais comme l'on dit, il n'y a que les montagnes qui ne se rencontrent pas.

Par exemple moi qui vous parle, alors que j'attendais quelqu'un au Zeyer, avenue du Maine, voici quelques années (je devais avoir vingt-huit ans), qui vois-je s'asseoir juste à côté de moi ? Je vous le donne en mille ! Henry Guybet en personne ! Si, lui-même et même qu'il me sourit ! Et une autre fois, alors que j'avais dix-neuf ans, c'est au Quick d'Aix-en-Provence que j'ai bouffé à côté de Papin le joueur de foot. Même que lui, je ne le connaissais pas, vu que je ne connais rien au foot, et que c'est un copain qui m'avait dit : "Tu as vu c'est Jean-Pierre Papin !". Moi j'avais juste répondu : "Et qui c'est ce Papin ?". Parce qu'à l'époque, il faut dire qu'il n'était pas très connu et que de plus et que moi je ne connaissais rien au foot comme aujourd'hui. Ce n'est que quelques années après que les Guignols en firent une marionnette.

Bon alors voilà, mon arrière-grand-mère a fait la révérence devant l'impératrice Eugénie et moi j'ai pris un café à côté de Henri Guybet et mangé face à Jean-Pierre Papin ! Alors si je calcule bien, ça fait deux à un en ma faveur. Comme quoi, mon arrière-grand-mère n'avait aucune raison de se la péter face à moi !

Le problème, tandis que je repensais à cela, c'est que j'ai soudain pris conscience d'avoir pris un coup de vieux. Parce que pour un jeune d'aujourd'hui, fréquenter quelqu'un qui a connu l'impératrice Eugénie, ce serait de la science fiction. Ces petits cons, de toute manière, comme à part les chanteurs et internet, ils se foutent de tout, je suis même sûr qu'ils ne sauraient même pas qui est l'impératrice Eugénie !

Quoiqu'il en soit, moi qui vous écris, souvenez-nous qu'étant petit, j'entendais parler de l'Impératrice Eugénie, comme vous entendez parler aujourd'hui de Paris Hilton. Alors, je vous demande le plus profond respect. C'est quasiment un monument historique qui vous écrit sur ce blog ! A partir d'aujourd'hui, je ne veux que des commentaires élogieux et je vous parlerai peut-être de la vie sous le Second Empire ! Parce qu'à cette époque on rigolait bien ! Même que le baron Haussmann, que j'appelais Georges était un sacré gros déconneur !

PS (à l'attention de Marino qui s'obstine à vouloir m'envoyer fumer dehors) : Vous vous doutez bien qu'un ami intime de l'impératrice Eugénie (via son arrière-grand-mère) ne peut décemment pas fumer dehors ni mettre son mégot dans une boîte de thon. C'est une question d'étiquette. Lorsque nous viendrons vous rendre visite, vous négocierez les détails avec mon Chef de protocole. J'espère que vous savez faire la révérence, parce que c'est la seule manière admise de me saluer. Et souvenez-vous qu'il ne faut jamais me regarder droit dans les yeux ! En échange, sachez que je décorerais volontiers votre époux du Grand Cordon de Première Classe de Saint-Philippe le Très Grand, qui est une distinction très recherchée (mais payante) ! Prévoyez les habits du dimanche ! Et virez moi cette boîte de thon de votre table de jardin !


Sa Sainteté Royale Philippe Le Très Grand
portant sa coiffe d'apparat.


24 mai, 2008

La colère !


Faut pas faire chier Nicky !

On a coutume de dire que la colère est mauvaise conseillère et on ne se trompe pas. D'ailleurs, la colère n'a jamais servi à conseiller. Ce n'est qu'une émotion spécifique. Et si la colère a été conservée par l'espèce, c'est qu'elle est sans doute utile.

La colère, en mettant en scène une manifestation de force évite ainsi l'agression. C'est ainsi que dans le règne animal, un lion ou un chien, en manifestant à un moment donné leur émotion et leur colère par des attitudes sans équivoque, permettent à celui qui est en face de disparaitre prestement sans demander son compte. En revanche, un ours dont la physionomie ne change pas en fonction de son état émotionnel sera plus dangereux. Vous le prenez pour un gros nounours et la minute suivante, il vous arrache la tête d'un coup de patte.

En ce qui nous concerne, on a coutume de dire que la colère intervient quand notre statut dans le groupe a baissé. La colère permettrait donc, en tant que manifestation de force, d'impressionner l'adversaire afin de lui faire comprendre que l'on mérite notre place au sein du groupe.

Lorsque les mots ne servent plus à rien, qu'on a épuisé tous les moyens de se faire entendre, qu'on a le sentiment d'avoir été humilié, méprisé et totalement nié, que tout ce que l'on a dit ou dira ne sera jamais entendu ni pris en compte, ne reste que la colère. La colère est donc forcément mauvaise conseillère puisqu'elle ne sert pas à conseiller mais à remettre les pendules à l'heure !

La colère surgit donc lorsque l'équilibre est rompu dans un aspect de notre vie, le déséquilibre prenant la forme générale d'une insatisfaction. Celle-ci peut signifier qu'un besoin est insatisfait, qu'un désir n'est pas comblé, qu'une attente est sans réponse ou peut-être même qu'un caprice n'est pas satisfait.

La colère porte un double message en signalant à la fois l'insatisfaction et ce que nous considérons comme "l'obstacle" à notre bien-être. La colère, en effet, est toujours vécue à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose. On en veut "à" de nous "faire vivre" telle chose.

La colère déclenche une mobilisation de l'organisme entier. L'esprit est concentré sur le problème (plus particulièrement sur l'obstacle). Plusieurs réactions physiologiques sont déclenchées; elles sont particulièrement visibles lorsque la colère est intense.

La mobilisation nous prépare à "l'attaque". On devient prêt à se défendre, à conquérir ce qui nous apportera la satisfaction désirée. Essentiellement, la colère fournit l'énergie pour vaincre l'obstacle qui se dresse devant nous. Si la colère est saine en tant qu'émotion, elle devient problématique lorsqu'elle est suivie d'impulsion, c'est à dire lorsque l'action irréfléchie sait suite à la colère.


Ainsi dans le film de Scorsese, Casino, Nicky Santoro se met facilement en colère, notamment quand on s'en prend à son copain ! En revanche, lorsque Nicky Santoro (Joe Pesci) fait chier son monde à un point tel que les patrons de la mafia ont l'impression qu'ils ne sont plus entendus, ils se mettent en colère, se fâchent tout rouge et il lui arrive aussi des histoires.



Nicky met aussi d'autres personnes en colère !


Autres grosses colères !





Extraits du film "Les affranchis"

Stats et concurrence mémorielle !

The Tide is high by Blondie !

J'ai vu mes stats, j'ai fait plus de six-cents connections ! Il a suffit qu'un article soit cité en lien sur F. Desouche pour cartonner. Et hop, voilà comme on attrape une réputation, moi qui ne fais jamais de politique ! Pff, encore un peu et on me prendra pour un réactionnaire ! M'en fous, si la police politique vient m'arrêter au petit matin, j'aurais toujours la possibilité de leur prouver que je me suis présenté aux municipales sur une liste bourrée de gauchos ! Ce truc, c'est mon sauf conduit ! Je ne sais pas si cela m'évitera la prison ou le camp de rééducation par la pensée, mais je suis persuadé que j'aurai au moins une cellule individuelle !

Plus tard, tandis que j'étais benoitement en train de rédiger un article, Laurence est venue me faire coucou sur MSN. On papote et elle m'explique qu'elle écoute The tide is high, un vieux reggae interprété par Blondie. Alors là, ça me scie, jamais j'aurais pensé qu'une gamine comme Laurence puisse connaître Blondie. Blondie, des vieux gars comme moi, on la trouvait canon alors qu'on était encore tout petits !

Je lui demande comment elle peut connaître de pareilles choses à son âge, parce qu'elle me parle de Blondie, c'est comme si elle me disait qu'elle écoute du Georgette Lemaire à fond sur sa chaîne avec ses Sennheiser vissés sur le crâne, et cette brigande ose me rétorquer que nous n'avons que quatre ans de différence et que c'est donc normal qu'on ait les mêmes références !

C'est fou, ça fait plusieurs fois qu'elle me fait le coup de la différence d'âge minime alors que c'est faux ! Quatre ans, lorsque l'on est jeune, c'est énorme ! Par exemple, je me souviens que lorsque j'ai connu mon pote, le pilote fou, j'avais vingt-quatre ans et lui vingt-huit ! On pourrait dire qu'à cet âge, la différence ne joue pas. Raté ! Pour moi, c'était un type bourré d'une expérience que je n'avais pas, une sorte de maître absolu.

Bon, comme je ne suis tout de même pas du genre à me soumettre, je me reconnaissais des talents qu'il n'avait pas. Mais n'empêche que du haut des quatre années de plus qu'il avait, mon pote le pilote fou me semblait doté d'un truc inaccessible : le prestige que confère le fait d'avoir plus vécu. C'est certain qu'aujourd'hui, quand on se voit, c'est différent, la différence d'âge ne joue plus du tout !

Imaginer qu'alors que je passais le bac, la gamine qu'était Laurence était encore en classe de troisième m'amuse toujours ! Par contre, songer qu'elle ne fait pas attention à cela me remplit de rage ! Comme si, moi élève de lycée, j'avais pu me soucier d'une collégienne ! Je roulais déjà sur ma vaillante Yamaha DTLC, tandis qu'elle décollait les étiquettes de boîte de thon, pour en faire de jolis cendriers pour sa maman qui en décorait son jardin ! Ben oui, je sais c'est spécial mais soit c'était la dèche soit c'est une coutume faouine que je ne connaissais ! (Le coup des boîtes de thon c'est vrai, sa mère en parle ici-même). Pauvre Laurence, je l'imagine à l'époque pendue au téléphone en train de tenter de joindre SOS enfance maltraitée (119). Mais bon à Foug à cette époque, c'était soit décoller des étiquettes de boîte de thon pour en faire des cendriers qu'on vendait aux touristes sur la D11, soit faire du déminage en ramassant les obus de 14-18 non explosés ! Après, Laurence m'a expliqué qu'ils allaient manger du hérisson dans la caravane. Mais ça, j'en suis pas sûr, elle a pu me mentir !

Mais bon, que Laurence puisse imaginer que nous avions les mêmes centres d'intérêts, alors que tout nous séparait, me glace d'effroi ! Comment peut-on avoir l'outrecuidance d'affirmer une telle chose ? Non, Laurence, je ne peux te laisser dire cela ! Cette concurrence mémorielle me choque au plus haut point ! J'affirme donc haut et fort et de manière publique, que quatre ans de différence c'est énorme !

Solennellement, j'intime donc l'ordre absolu à Laurence de considérer que ces quatre années qui nous séparent sont un gouffre à jamais infranchissable pour elle ! Je lui rappelle instamment que ce gouffre fait de moi un homme d'expérience, tandis qu'elle restera à jamais une toute jeune fille !




23 mai, 2008

Pression sociale !


Vendredi dernier, je file mettre ma recette à la banque et hop, je vais prendre un café dans mon petit rade favori. Assis en terrasse, j'y retrouve quelques amis. Soudain, j'avise une vieille voiture extraordinairement restaurée qui descend la rue. Au volant, sapé comme l'as de pique d'un bleu de chauffe immonde, et coiffé comme un goret, trône un ami médecin.

Je lève mon cul de ma chaise et cours le saluer. Il part se garer et nous rejoint. Nous papotons de sa voiture et je lui explique que j'ai appris qu'il lui arrivait de faire des visites à domicile avec ce véhicule. Il me rétorque aussitôt qu'il n'a fait cela que le jour de Noël. Imaginant un quelconque manque de fiabilité du véhicule, je lui explique que je le comprends.

Il me répond alors que ce n'est pas du tout cela et qu'il adorerait prendre ce véhicule plus souvent mais qu'il n'ose pas. Il m'explique qu'en qualité de médecin, il se doit de faire attention à ce qu'il fait et que sa clientèle ne tolèrerait pas de le voir rouler dans un tel véhicule.

C'est une réflexion dont je me suis souvenu. On a beau dire que c'est faux mais l'habit fait le moine. Cet ami me demande alors si moi, je ferais attention à ce genre de choses. Je lui réponds que déjà, ayant la réputation d'être à demi-dingues, nous autres psys ne sommes pas astreints à de telles normes. Enfin, je lui dis qu'étant un homme libre, si l'envie me prenait de rouler en De Dion-Bouton, j'emmerderais allègrement tous ceux qui y trouveraient à redire.

Je pense qu'il suffit simplement de savoir ce que l'on vaut vraiment. Après, à nous de jouer les stars et les patients seront déjà trop heureux d'avoir un rendez-vous. Mais, il est vrai que cet ami médecin est plus en demi-teinte que moi.

En fait, cela pose le problème de la liberté. Rares sont les gens libres. La plupart du temps, nous sommes sous la dépendance du regard d'autrui. Si on imagine l'individu tendu sur une corde raide, entre l'acceptation et le jugement, la plupart seront dans le jugement. Soit qu'ils jugent les autres, soit qu'ils redoutent le jugement d'autrui.

S'il a bien un truc, que j'ai acquis en dix ans de pratique, c'est bien d'être beaucoup plus dans l'acceptation. Ce qui me permet de dire que je me fous de l'opinion d'autrui. Je me souviens voici dix ans, alors que je faisais la tournée des médecins au guidon d'une vieille bécane pourrie. J'avais tellement honte que je me garais loin des cabinets.

Aujourd'hui, ayant conscience d'avoir construit un pôle de compétence professionnel évident, je me moque bien de savoir ce que l'on pense de moi. Je sais simplement pourquoi on m'envoie du monde et cela n'a rien à voir avec le modèle de moto que je conduis. Alors, lorsque j'utilise ma vieille pétoire, je ne me cache plus. Pour ne plus dépendre du regard d'autrui, tout passe par soi.

Original, un peu barré mais efficace, c'est finalement le plus important.


Nantes, Utah !

Monument valley en Loire-atlantique !

Je parlais dans un post précédent de l'envie qu'ont certains de nos concitoyens d'émigrer. Les USA viennent souvent en première place pour les endroits choisis. Pourquoi partir si loin me direz-vous puisque l'Utah est à nos portes.

Pour rappel, l'Utah, état de l'ouest des Etats-Unis, est surtout connu pour sa capitale Salt Lake City qui se trouve être le siège de l'église de Jésus-Christ des Saints Derniers Jours qui réunit les mormons. Et, le fait est que plus de soixante pour cent des habitants de l'état sont mormons. Autant vous dire, que même si cela s'est assoupli, ce n'est pas l'endroit idéal pour aller faire la fête et descendre des binouzes. Non, c'est l'endroit où l'on va pour mater Monument Valley et d'où on se barre ensuite rapidement.

Aujourd'hui, grâce à la toute puissance de son maire, qui voit, sent et sait tout, la ville de Nantes est un peu notre Salt Lake City à nous. En effet, Jean-Marc Ayrault, gloire à Lui, député-maire de la capitale régionale, a annoncé l'entrée en vigueur de deux nouveaux arrêtés municipaux, dans le cadre du « plan alcool ».

Le premier interdit dorénavant les « happy hours » et autres pratiques commerciales « visant à vendre à prix réduit des boissons alcoolisées » et « à favoriser toute consommation d'alcool » (open bar, vente d'alcool au mètre...).

Le deuxième arrêté, concerne l'interdiction de boire de l'alcool sur l'espace public. Un arrêté déjà en vigueur dans l'hypercentre depuis 2005, et qui vient d'être étendue au quartier Viarme, au bord de l'Erdre et à l'île de Nantes.

« Je me refuse d'imaginer une ville sans vie nocturne, sans fête, sans lieu de convivialité », indique Jean-Marc Ayrault dans le quotidien régional Presse Océan.

Jean-Marc Ayrault entend bannir toute soirée sponsorisée par des grandes marques d'alcool. « On va également proposer aux étudiants des formations de secourisme ainsi que du matériel de prévention. Il s'agit de responsabiliser tout le monde... ».

Alors si on résume, on a donc un maire autocrate qui intervient directement sur des pratiques commerciales normalement libres et qui en outre, désire embrigader des jeunes malgré eux dans des activités qu'ils ne désirent pas forcément. Parce qu'osons affirmer que s'il est louable de faire une formation de secouriste, encore faut-il en avoir envie, sinon l'initiative ressemble furieusement à du fascisme.

On a longuement débattu pour savoir si Nantes était la capitale du duché de Bretagne, mais on sait maintenant que la ville est celle de l'Empire du Bien !

Que tout ceci n'ait aucune incidence sur la consommation d'alcool et que cela soit une intolérable atteinte aux libertés publiques fondamentales, l'élu n'en a cure puisqu'il sait ce qui est bien pour ses administrés et que ceux-ci semblent le tolérer. Mais bon, sans doute qu'après avoir claqué du blé dans un beau tramway, planté des fleurs partout et refait les routes, il fallait bien qu'il justifie son poste.

Moi, auguste vieillard que je suis, je viens d'une époque où les happy hours n'existaient pas. Pensez-vous que cela nous empêchait de tiser ? Que nenni ! D'ailleurs, avant d'aller en soirée, nous commencions déjà à boire chez nous parce que cela coûtait moins cher. Bien sûr des années après, on se dit qu'on était vachement idiots mais bon, nous étions jeunes et crétins. Comme dit le proverbe : si jeunesse savait et si vieillesse pouvait ! Dans tous les cas, faire un lien entre happy hour et alcoolisme est stupide et relève de la punition collective puisque moi, qui ne suis pas alcoolique, je prends de plein fouet une telle décision. En outre, tout le monde constatera que bien qu'il soit interdit, le cannabis est devenu consommé très couramment.

Certains pourraient aussi dire que l'élu n'a peut être pas tort puisqu'il semble prouvé que dans les communautés mormones où le tabac et l'alcool sont bannis, la fréquence du cancer soit de 40% que dans l'ensemble des états-unis, auront tort. Toutefois, rappelons qu'être mormon est un choix et ne résulte pas d'un arrêté municipal liberticide. Même à Salt Lake City, nul clone de Jean-Marc Ayrault ne s'aviserait de vous convertir de force pour devenir mormon.

Mais bon, en France, la liberté devient une denrée rare !

Hyperesthésie relationnelle !


En psychiatrie, on parle d'hyperesthésie relationnelle pour désigner la sensibilité et la susceptibilité exagérées dans les contacts sociaux telles qu'on peut les observer chez les personnalités sensitives décrites par le psychiatre berlinois Ernst Kretschmer.

La personnalité sensitive est un type de personnalité paranoïaque marqué par un sens élevé des valeurs morales, de l'orgueil consistant en une haute estime de soi, amenant à se considérer comme toujours insuffisamment reconnu, une hyperesthésie relationnelle entraînant une grande vulnérabilité dans les contacts sociaux, une tendance à l'autocritique générant une douloureuse intériorisation des échecs et une vive susceptibilité.

Contrairement aux grand paranoïaques, que l'on surnomme paranoïaques de combat, les personnalités sensitives, surnommées paranoïaques de souhaits ne présentent ni hypertrophie du moi ni quérulence. Ce sont donc de petits paranoïaques. Ce sont d'ailleurs couramment ces personnes à qui l'on dit de cesser "d'être parano" tant leur interprétation des choses et des paroles nous semblent fausse.

Car les personnalités sensitives peuvent être carrément sujettes à des délires non schizophréniques, que l'on nomme délire des sensitifs. Par exemple les propos, mimiques, gestes de son entourages vont être interprétés comme des signes évidents de mépris et d'hostilité à son endroit. Les thèmes du délire, c'est-à-dire le contenu des interprétations concernent des idées de persécution, de préjudice et de mépris dont le sujet serait victime, ou d'atteinte de ses valeurs morales.

Le délire est en général limité au cercle proche du patient (sa famille, ses amis, ses collègues, ses voisins, etc). Il est vécu douloureusement et de manière solitaire et se complique généralement d'épisodes dépressifs parfois sévères. L'agressivité est rare envers l'entourage mais un vrai risque suicidaire existe.

La personnalité sensitive se distingue donc par une méfiance exacerbée et une faible estime de soi intervenant sur un fond dépressif. Ce sont des personnes difficiles à fréquenter. Tout ce qu'on leur dit est sujet à interprétation, tant et si bien que leur susceptibilité extrême les place souvent dans une situation faite de rejet et d'exclusion. Ces personnes qui comptent sur l'approbation d'autrui, se retrouvent donc le plus souvent solitaires.

L'exemple évident est le personnage interprété par Bruno Moynot dans le film Les bronzés. Lors d'une scène du film, Luis Régo, interprétant le rôle de Bobo, se livre à une pantomime au cours de laquelle il utilise des valises. Ce sketche ne faisant pas rire l'assistance, Luis Régo se retrouve peu après au bar en train de noyer son chagrin dans l'alcool. C'est alors qu'arrive Bruno Moynot, qui l'interpelle violemment en lui disant : "le coup des valises, c'était pour moi hein ? Parce que moi, je peux en avoir autant que je veux des valises !". On note donc un délire interprétatif de la part du personnage qui l'amène à penser que Luis Régo a sciemment voulu se moquer de lui alors que tel n'était pas le cas.

Si dans un film, la présence d'une personnalité sensitive peut être divertissante, tant leurs délires interprétatifs sont ridicules, il n'en va pas de même dans la vie. Un vif désir de faire aimer allié à une extrême susceptibilité rend ces personnes très difficilement fréquentables. bien que craignant le rejet, elle finissent forcément par le susciter.

Tant et si bien, et quoiqu'aucun ouvrage de psychopathologie ne vous le dise jamais, j'affirme que les personnalités sensitives adhèrent pleinement au concept de bâton merdeux, ces fameux bâtons dont on ne sait par quel bout les prendre. Le vocable de boule de pus, sorte de bubon vous explosant à la face dès que vous le touchez, qualifie aussi assez bien la personnalité sensitive.

Ainsi, même si vous n'excellez pas en psychopathologie, si vous êtes persuadé que la personne avec laquelle vous communiquez vous agace tant qu'elle pourrait être qualifiée de bâton merdeux ou de boule de pus, soyez assuré que vous êtes face à une personnalité sensitive, dite aussi personnalité sensitive de Kretschmer. En ce cas, mieux vaut cesser la communication.

En effet, si une personnalité sensitive vous déteste, vous essuierez de sa part des reproches incessants manifestant le fait que vous ne lui prodiguez pas assez d'égards. Mais, si au contraire, vous devenez le confident d'une personnalité sensitive, vous serez obligé de l'écouter se plaindre sans cesse des autres.

Dans tous les cas, sauvez-vous vite avant d'avoir des envies de meurtres.

22 mai, 2008

La lâcheté ne paye pas !


Vous le savez, je l'ai écrit mille fois, je ne lis jamais la presse, mais en revanche je parcours les blogs. Un café et des clopes à portée de main, je lisais donc l'excellente prose du Bal des dégueulasses, lorsque je suis tombé sur un article intitulé IVème reich sanitaire...

Habitué au calme relatif de l'auteur de ce blog, le titre de l'article m'interpelle. Certes, nous vivons dans une effarante société de contrôle mais de là à parler de IVème Reich, il y a un pas. Comparer l'activité erratique de nos bras cassés de gouvernants et la terrible efficacité d'Hitler me semble totalement déréaliste. Je lis donc l'article et les bras m'en tombent. L'auteur explique qu'ILS veulent interdire les happy hours !

Je subodore immédiatement que les ILS regroupe ces saloperies d'élus corrompus et stupides qui ont décidé ce qui était bon pour nous. Mais aussitôt, je me dis que ce n'est pas possible et que l'auteur du blog déconne.

Immédiatement, dans la petite fenêtre Google, je tape happy hours et demande les résultats pour les pages françaises. En troisième position figure un article du Nouvel Observateur dont le titre est : "L'happy hour menacé par le gouvernement". Bon, moi j'aurais mis un "e" à menacé(e) parce qu'il me semble que l'happy hour est féminin.

Je lis l'article et ce ne sont plus les bras qui m'en tombent. Non, je me désagrège littéralement. J'hésite entre pleurer, être fou de rage ou tenter, comme je sais si bien le faire, de me mettre en plongée profonde pour m'éviter le contact avec la connerie ambiante.

L'article explique que "le gouvernement envisage d'interdire les happy hours, open bar et la vente de bouteilles d'alcool fort dans les discothèques, selon un document de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie adressé aux fabricants d'alcool." Dont acte me dis-je, mais pourquoi vouloir interdire cette pratique venue d'outre-atlantique ? La réponse figure dans l'article :

"L'happy hour, cette opération dans les bars où sont proposés les verres avec ou sans alcool moins chers pendant quelques heures, pourrait être supprimé, selon une information du Parisien, qui dans son édition du lundi 19 mai révèle la teneur d'une lettre de convocation de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) à l'intention des fabricants d'alcool.

Cette lettre présente aux professionnels les propositions étudiées par le gouvernement "dans le cadre des politiques publiques de lutte contre les addictions". "L'interdiction de la promotion des boissons alcoolisées par tarifs incitatifs dans les lieux de ventes et de consommations (happy hours, open bars)" fait partie des trois mesures "visant à limiter les consommations nocives d'alcool" mise en avant dans le document adressé aux fabricants d'alcool."

On marche sur la tête ! Croire qu'on empêchera les jeunes de boire en interdisant l'happy hour est totalement grotesque ! Quel est prit malade a-t-il pu concevoir une telle absurdité ? Mais, cela ne m'étonne pas. Je suis bien trop habitué aux mesures stupides pour douter de la réalité de celle-ci.

En revanche, ce qui est inquiétant, c'est l'accroissement du contrôle social sur le citoyen. Au nom de qui ou de quoi ? Nul ne le sait. Il suffit que cette MILDT, que personne ne connait et qui n'a jamais été élue, décide cela pour que ce soit appliqué.

Ayant lu cela, une fois mon calme retrouvé, je me dis que si demain, par chance, j'apprenais que nos deux ministres, Xavier et Roselyne, s'étaient tués dans un accident de voiture, il me semble que j'ouvrirais le champagne.

Bien entendu, il est très mal de souhaiter la mort des gens. Vous noterez que je ne souhaite rien de tel. Je ne fais état que d'un pur hasard, d'une occurrence! Mais bon, si le Ciel m'entendait, il me semble que je ne serais pas plus attristé plus que cela. On pourrait aussi prôner des mesures plus radicales. Ainsi, je ne verrais pas d'un mauvais oeil que l'un soit pendu avec les tripes de l'autre.

En revanche, je ne verserai pas une larme pour les cafetiers qui geignent à l'idée de perdre 30 à 40% de leurs chiffres d'affaire. Quand on a interdit de fumer dans les lieux de convivialité, je n'en ai pas entendu un nous défendre. Ils étaient bien trop heureux de ne plus avoir à nettoyer les cendriers ou à repeindre leurs établissements. Combien de bistrotiers cauteleux, ai-je entendu proférer d'un ton sucré que cette mesure était pour notre bien. Tu l'as dit bouffi, et l'interdiction de la happy hour est aussi pour le bien commun ! Et pan dans ta vilaine face de petit commerçant cupide !

Pourtant, tout ceci leur pendait au nez. Quand un gouvernement ose une première mesure fasciste telle que l'interdiction du tabac dans des lieux purement privés, et que les propriétaires ne protestent pas, il est fort à parier qu'il ne s'arrêtera pas en si bon chemin. Alors, j'avoue que l'interdiction des happy hours, dans la mesure où elle place les cafetiers face à leur odieuse lâcheté, ne me déplait pas. La couardise ne paye jamais !

Je crois que j'aime bien quand les lâches morflent ! Amis du gouvernement, mettez leur en plein la gueule à ces propriétaires de lieux de convivialité, ils ne demandent que cela ! Vous ne vouliez plus des fumeurs ? L'état vous a entendu ! Et bientôt, vous n'aurez plus les buveurs non plus !

Le plus risible est que l'alcool fort sera aussi interdit dans les boîtes de nuit. C'est ainsi que si vous aviez l'habitude prendre votre bouteille de whisky, ce ne sera plus possible. Mais comme dit un diafoirus cité par le Parisien : « La Mission est le fer de lance du gouvernement et ses propositions nourrissent les décisions des ministres, explique un médecin proche du dossier. L'alcoolisme est un fléau et tous les moyens seront bons pour le combattre. » Les médecins, et j'en fréquente beaucoup, sont rarement intelligents, mais là les limites sont atteintes. Oser imaginer que de telles mesures auront un impact est purement grotesque.

Heureusement, comme dans la défunte URSS, on pourra continuer à boire chez soi. C'est un peu le problème avec les addictions, bien souvent les abrutis prohibitionistes ne font que déplacer les problèmes.

Bien entendu, c'est à plat ventre, que je hurle que l'alcool est à consommer avec modération ! Au fait, je m'interroge aussi sur une mesure qui s'apparente finalement à un contrôle des prix. Car, qu'on se le dise, une happy hour n'est que la fixation d'un prix décidée par le patron d'un établissement.

Avenir meilleur !





Selon les données publiées, mardi 29 janvier, par l'Insee, le moral des ménages s'est fortement dégradé en janvier en France, laissant craindre une poursuite du ralentissement de la consommation en début d'année.

L'indicateur résumé de l'opinion des ménages en données corrigées des variations saisonnières a chuté à -34. Il est au plus bas depuis que l'Insee a commencé la série en janvier 1987.La dernière fois que je suis passé par New-York, j'ai visité Ellis Island, l'île par laquelle passaient tous les immigrants. Le musée fort bien fait ne sombre pas dans le pathos et ne fait que montrer comment, de tous les endroits du monde, des individus fuyaient la misère pour se construire un avenir meilleur.


Ce matin, je croise le fils de mon voisin d'en face, docteur en pharmacie et diplômé en biochimie. Je papote avec lui. Il travaille à Londres et est ravi. Comme il me l'expliquera, bien sûr à Londres, il pleut un peu plus et il y a des anglais, mais la vie lui semble simple. Il m'explique qu'il va sans doute faire sa vie là-bas, qu'il est content de rentrer voir ses parents mais que son retour en France lui pèse déjà.

Un autre voisin se joint à notre discussion et nous explique qu'il tente de convaincre son fils unique de quitter la France pour aller tenter sa chance ailleurs. Lui, imagine que les Etats-Unis seraient une bonne destination. Il est prêt à financer son départ.

Vers onze heures, entre deux rendez-vous, je me prends une petite pause pour boire un café en bas de mon cabinet. J'y rencontre un voisin très sympa, ancien chef d'entreprise. On parle de la situation, et notamment de la grève de jeudi et de la situation de marins pêcheurs. Ce voisin, âgé de près de quatre-vingt ans m'explique qu'il aime son pays mais qu'il croit que tout est foutu. Il a des sanglots dans la voix. Il me dit qu'il a raté le coche et que s'il avait trente ans, il aurait émigré. On se quitte cinq minutes après. Je le laisse à ses rêves déçus.

Il est près de treize heures trente lorsque j'arrive dans un restaurant où m'attend un vieux confrère. Il vient juste de fêter ses soixante-dix neuf ans. C'est un psychiatre, un ancien chef de clinique et chercheur. Il est retraité mais continue une activité de psychanalyste. C'est un homme adorable, cultivé et amusant. Il me demande si mes vacances se sont bien passées. Je lui raconte un peu. Et il se met à me parler de son expérience américaine. Au début des années soixante-dix, il a passé près de quatre ans à Stanford. Il m'explique sa vie passée et me dit combien ce fut dur de rentrer. Il poursuit en me disant que régulèrement il en rêve encore. Il me dit qu'à l'époque, on lui a proposé de rester là-bas et qu'il n'a pas voulu parce qu'il avait encore de la famille ici. Il conclut en me disant que c'est une erreur qu'il aura payé toute sa vie.

Je rentre pour faire face à mes rendez-vous. J'écoute les gens et leurs difficultés. A un moment donné, une jeune patiente diplômée d'une sup-de-co d'un excellent niveau m'explique les difficultés professionnelles qu'elle rencontre. Je la rassure et ça marche. J'aurais bien aimé lui dire de ne pas rester ici, parce qu'elle va se sacrifier pour rien. Mais je me tais parce que je n'ai pas à décider pour elle. Mon métier, c'est de l'aider à s'autonomiser pas de choisir pour elle.

C'est au tour d'un patient d'origine sud-américaine d'être reçu. Il a monté son entreprise de bâtiment. C'est un type courageux. Je ne l'ai pas vu depuis que je suis rentré des USA. On papote un peu. Il est allé une fois en Californie. Et comme je le connais bien, il m'explique que si la France l'a bien accueilli, lui son rêve, c'était l'Amérique du Nord. Il m'explique qu'il est venu en France parce que c'était plus simple mais qu'il ne désespère pas et qu'il joue régulièrement pour avoir sa carte verte.

Voici un siècle des gens sans instruction fuyaient la misère dans l'espoir d'une vie meilleure. Aujourd'hui des gens instruits rêvent d'un ailleurs pour fuir notre paradis socialiste. Notre pays semble devenu pathogène et générer des états dépressifs. Non parce qu'il est particulièrement difficile d'y vivre, mais simplement parce que les gens capables sentent qu'il est devenu impossible d'y réussir sereinement et ressentent confusément que la fin est proche.