31 juillet, 2007

Test : Etes-vous cytlothymique ?

A venir !

La cytlothymie !

A venir !

Putain ce que je deviens sérieux !!!

Origines des troubles bipolaires !

La recherche progresse !
(photo volée : laboratoire U735 ultramoderne de l'inserm)


Plusieurs facteurs contribuent à causer le trouble bipolaire même si le mécanisme précis est encore inconnu. Il existe cependant des preuves indiquant que des facteurs biologiques d’origine génétique joueraient un rôle primordial.

Le principal facteur de risque est donc le risque génétique avec un risque relatif de développer un trouble bipolaire de l’humeur multiplié par 15 chez les sujets ayant un parent du premier degré atteint d’un trouble bipolaire.

Il existe aussi bons nombres d’explications biologiques, trouvant leurs sources des dysfonctionnements de certaines parties du cerveau. Certaines pourraient concourir à l'établissement de la pathologie, tandis que d'autres en sont la résultante : dysfonctions touchant la fonction visuospatiale, le circuit fronto-striatal (coordination œil-main), pertes de neurones dans l’hippocampe, anomalies dans le gyrus cingulaire,anomalie morphologique du cervelet, etc.


Si la dimension génétique et biologique complexe du trouble est clairement établie, il ne faut pas pour autant éliminer le stress en général dont font partie les facteurs psychosociaux en imaginant que l’individu sera atteint d’un trouble bipolaire quelques soient ses conditions d’existence. Il n'y a pas que la médecine qui soit utile, il y a aussi ma profession, et c'est tant mieux.

Il semble ainsi que du fait de cette vulnérabilité génétique, le sujet aurait de ce fait une plus grande fragilité face au stress, l’amenant à développer en réaction le trouble bipolaire. Il y a ainsi souvent un ou des facteurs environnants déclenchant le trouble ; puis, peu à peu, les cycles tendent à devenir autonomes.


Un excès de stress ou des problèmes familiaux ne peuvent donc pas causer cette maladie, mais peuvent « déclencher » un épisode chez les personnes qui sont déjà atteintes. Si tous les épisodes ne peuvent être attribués à un facteur déclencheur, beaucoup peuvent cependant l’être. Les déclencheurs sont des situations qui peuvent provoquer un état maniaque ou dépressif chez une personne qui a déjà traversé un épisode bipolaire. Un stress intense ou une période d’insomnie en sont des exemples.

Certains déclencheurs sont chimiques ; ils comprennent des antidépresseurs qui fonctionnent « trop bien » et provoquent des états maniaques, des médicaments courants comme les stéroïdes (par exemple employés dans le traitement de l’asthme ou de l’arthrite), et les drogues illicites telles la cocaïne, le cananbis et les amphétamines. La notion de stress est donc à prendre au sens large, en tant que facteur bouleversant l’équilibre de l’individu à un moment donné !

En termes de facteurs de risques psychosociaux, on a constaté que deux autres facteurs de risque clairement identifiés sont les changements de responsabilité parentale (orphelins, placements, ruptures familiales) et les abus sexuels dans l’enfance.


Ainsi, contrairement à ce que l'on a longtemps admis, alors qu’on imaginait que le trouble bipolaire intervenait quelque soient les conditions de vie d’un individu, les changements d’humeur dans les troubles bipolaires, peuvent être déclenchés par des stress et des évènements de vie. Ainsi, des études ont montré l'impact des événements de vie et du support social sur le temps de guérison des épisodes et sur le délai entre les rechutes.


D'autre part, des travaux tentent d’évaluer l'influence des facteurs psychosociaux, des processus cognitifs ou des facteurs de personnalité sur le début et l'évolution de certaines formes de troubles bipolaires. Ainsi, on a noté que certains sujets présentant un trouble cyclothymique, c'est-à-dire, une alternance de fluctuations de l'humeur modérée, courent le risque de développer un trouble bipolaire plus important.

En revanche, peu de choses sont connues sur les facteurs déterminant le passage d’une forme atténuée à une forme plus sévère. Une meilleure connaissance de ces facteurs précipitant, venant s'additionner à des facteurs de vulnérabilité génétique, pourrait permettre de développer des stratégies de prévention en permettant d’expliquer aux personnes à risques les mesures à prendre au cours de leur vie pour éviter un trouble bipolaire plus important.



Aujourd’hui, et dans le cadre de mon modeste blog, l’important est de se souvenir que si le trouble bipolaire est d’origine génétique, sa survenue est généralement due à un stress, qu’il soit physiologique (substance psychoactive) ou psychosocial (événement de vie).

Ainsi, même si le traitement médicamenteux est forcément nécessaire, une prise en charge psychologique reste toujours utile, soit pour expliquer en quoi consiste cette pathologie, soit pour tenter d’aider un patient à trouver un équilibre lui permettant soir de juguler les changements d’humeur trop vifs, soit encore de ne pas aggraver son état.

Tout ceci va fort heureusement dans mon sens, car même si j’aime beaucoup les explications scientifiques, ne pouvant légitimement me contenter du conte de fées psychanalytique, il est rassurant de voir, que malgré les victoires éclatantes de la neurobiologie et les traitements existants ou à venir, on aura encore besoin de mes services ! Ce n'est pas demain que je mourrai de faim ou que je devrai me recycler et c'est tant mieux !

Typologie des troubles bipolaires !

Une bonne face de Miss Laurence !

Autrefois appelé folie circulaire, quel joli nom, puis encore récemment psychose maniaco-dépressive, le trouble bipolaire fait partie des troubles de l'humeur, auxquels appartient également la dépression récurrente (ou trouble unipolaire).


Généralement, pas besoin d’avoir un QI de 150 pour la diagnostiquer puisque comme son nom l’indique, c’est une maladie qui possède deux phases : la phase maniaque et la phase dépressive. Elle est donc facile à déceler puisque l’individu oscille entre deux phases : l’accès maniaque et la dépression !

Lors de l'accès maniaque, la personne est hyperactive. Elle peut engager des dépenses inconsidérées, avoir des propos et des attitudes farfelus, et présenter d'autres troubles comportementaux. Lors de l'épisode dépressif, la personne au contraire, présente des signes de très grande dépression. Entre ces deux phases, la personne retrouve généralement un état normal.

Le danger de cette maladie est le risque de suicide lors des phrases dépressives mais aussi le fait de mettre sa vie en danger lors des accès maniaques. Dans cette forme parfait du trouble bipolaire, appelée aussi Trouble bipolaire de type I (TBI), l’individu vit comme s’il était sur des montagnes russes ; à un moment il pourrait bouffer le monde, et peu de temps après il est au trente-sixième dessous. Les cycles sont aléatoires tant dans leur survenue que dans leur durée.


L'accès maniaque survient généralement brusquement, même aujourd’hui on sait qu’un choc affectif, une maladie, voire un traitement médicamenteux inadapté peuvent aider à déclencher son apparition. L'insomnie et l'excitation sont très importantes au début de l'accès. La personne surprend son entourage par son agitation, sa jovialité soudaine ou encore ses dépenses inconsidérées.


En quelques jours, les troubles s'accentuent :

  • la confiance en soi est exagérée ;
  • L'hyperactivité est nette, avec gesticulation, insomnie, entreprise de nombreuses tâches sans les mener à bien ;
  • L'humeur est expansive. Ce qui passe au début pour de la jovialité se transforme en de la familiarité, voire de la grossièreté. La personne malade devient séductrice, théâtralise ses attitudes ;
  • La fuite des idées avec passage du coq à l'âne rend impossible toute discussion suivie ;
  • L'insomnie existe quasiment toujours sans être accompagnée de sensation de fatigue.

Les accès maniaques sont divers et peuvent aller jusqu’à des formes délirantes, au cours de laquelle l’individu se sentira capable de voler comme un oiseau par exemple, voire jusqu’à la fureur maniaque qui rend l’internement obligatoire, tant l’état de la personne est altéré et sa dangerosité avérée.

Parfois les accès sont toutefois moins marqués et seuls existent une hyperactivité physique et intellectuelle et des troubles du sommeil : c'est un accès hypomaniaque. Le diagnostic d'hypomanie est difficile car souvent considérée par le patient et son entourage comme son état « normal ». En fait, la grande différence entre l’état du sujet quand il est déprimé et quand il s’estime « normal » est très importante et doit attirer l’attention.

L’hypomaniaque peut être l’individu plein d’énergie, devant lequel tout le monde s’émerveille et que l’on a du mal à suivre. La plupart des gens, loin de voir l’aspect pathologique de ce dynamisme outrancier, se contenteront de rester ébahis devant de telles performances et l’hypomaniaque sera admiré. Qu’il s’agisse de manie ou d’hypomanie, la forme mineure, les risques pris sont souvent exagérés et mettent en danger la vie de l’individu.


A l’inverse du cycle, se trouve l’épisode dépressif qui se manifeste rarement de manière brutale mais s’installera plutôt de manière insidieuse, se développant en quels jours voire quelques semaines. Il s’agit :

  • D'une tristesse inexpliquée avec remords, sensation d'abandon et de désespoir ;
  • D'un ralentissement intellectuel ;
  • D'une grande fatigue ;
  • D'un désintérêt, voire d'un dégoût de la vie ;
  • D'une insomnie ;
  • D'un refus de manger avec amaigrissement.

Apparaissent finalement une perte de confiance en soi avec sentiments de dévalorisation et de culpabilité et des idées suicidaires qui peuvent être exprimées ou non dévoilées mais qu’il faut toujours prendre au sérieux car le risque suicidaire est réel !


Jusque là, nous admettrons que tout va bien et que le diagnostic ne pose aucun problème puisque comme son nom l’indique, le trouble bipolaire suppose un cycle qu’on identifier facilement. D’ailleurs, les classifications officielles DSM-IV et CIM 10 distinguent trois types de trouble bipolaire :



Le premier, TBI, correspond à l'ancienne dénomination de « psychose maniaco-dépressive » et fait alterner des épisodes de dépression majeure et maniaques et toucherait environ 1,1% de la population. Le film Mr Jones, avec Richard Gere, donne une excellente vision de ce qu'est ce TBI.

Dans le second, TBII, les épisodes dépressifs restent majeurs mais alternent avec des périodes d'hypomanie, donc moins aigus que le véritable état maniaque. Plus rares, les études montrent que 0,6% de la population pourrait en être affecté.


Enfin, le troisième trouble bipolaire admis, s’appelle la cyclothymie et est constituée de troubles modérés de l'humeur pendant au moins deux sans jamais atteindre la dépression ou la manie. Je reviendrai prochainement sur la cyclothymie qui est encore plus rarement diagnostiquée que les troubles bipolaires classiques. Face à un cyclothymique, on pose rarement un diagnostic, se contentant de dire que la personne est lunatique, pénible à vivre voire simplement chiante. Vous avouerez que c’est un peu mince comme approche. Leur prévalence apparaît beaucoup plus élevée, puisque estime que 7 à 9% de la population en souffriraient.

Si les TBI et TBII, sont de par leurs symptômes très typés plutôt faciles à diagnostiquer. Et encore, dans la mesure ou l’individu en phase maniaque ou hypomaniaque, ne consulte jamais parce qu’il se sent superbement bien, nous n‘avons dans nos cabinets, généralement que ces individus se retrouvant dans le cycle dépressif et en grande souffrance. Les symptômes de « perte de l’élan vital » et « d’humeur triste » sont tellement visibles, que le danger est grand de traiter le patient pour une simple dépression, simplement parce que l’on n’aura jamais eu connaissance de ses états maniaques ou hypomaniaques. Toutefois, les choses sont encore plsu complexes que cela puisque manifestement les troubles bipolaires pourraient se manifester de manière bien plus pernicieuses que par le célèbre cycle « dépression - manie ».

Certains auteurs (Klerman, Akiskal) ont ainsi identifié d'autres types à partir de la notion de spectre bipolaire. En effet, dans de nombreux cas, existent des troubles atténués ou brefs, ne comportant pas tous les critères du DSM : ce sont des états dépressifs mineurs, et surtout des hypomanies qui comportent certains signes de l’accès maniaque, mais atténués. Dans ce cas, autant vous dire, qu’ils passent à la trappe et ne seront jamais diagnostiqué. Les individus qui en sont touchés passeront leur vie de manière médiocre, parfois améliorés sporadiquement par les antidépresseurs dont ils finiront par connaître tous les noms et tous les dosages. C’est le syndrome de la patiente qui dit à son médecin : « Ah du Stablon ? Bof, j’en ai pris voici cinq ans, et il n’a pas été très efficace. Du Prozac ? Bof, il ne me réussit pas. Pourquoi pas du Deroxat, j’ai remarqué qu’il me calmait bien. Ceci dit je n’ai pas eu à me plaindre l’Effexor même s’il n’a marché que trois mois. »



Il est pourtant très important de reconnaître ces formes atténuées et vicieuses de troubles bipolaires. D’une part, parce que cela évite de faire de la psycho à la Grand-Papa, en emmerdant son patient avec des questions et le forçant à nous raconter sa vie, comme si sa douleur actuelle dépendait forcément de ce qu’il avait vécu. Avec les troubles bipolaires, n’en déplaisent à mes confrères psychanalystes, que je n ‘aime pas, on abandonne le tout psychologique gnangnan pour la biologie.

Enfin, ces troubles bipolaires ténus et mal diagnostiques s’accompagnent souvent de conduites addictives graves mettant en danger la vie du patient (alcoolisme et toxicomanie), et ont surtout un grave retentissement sur la vie quotidienne ; risque suicidaire important, biographie perturbée : divorces, changements de travail fréquents, conflits personnels avec caractère excessif des comportements quotidiens (achats, projets professionnels, sexualité, conduites à risque…), et surtout consommation de produits psychoactifs, tabac, alcool, cannabis.

C’est ainsi qu’aujourd’hui, même si la communauté scientifique ne l’a pas encore validée, on s’approche de la classification suivante, qui pourra encore évoluer en fonction des recherches. Au lieu des trois formes répertoriées par le DSM IV et la CIM 10, on a aujourd’hui les formes suivantes :

  • La forme bipolaire I qui associe des accès maniaques et d dépressifs francs ou des actes maniaques isolés ;
  • La forme bipolaire II qui associe des épisodes dépressifs caractérisés et des accès hypomaniaques ;
  • La forme bipolaire Type IIa avec cyclothymie, également difficile à reconnaître ; le sujet sait qu’il a très souvent des hauts et des bas, souvent à court terme (cycles rapides). Le questionnaire spécifique d’Akiskal peut contribuer au diagnostic ;
  • La forme unipolaire avec seulement des épisodes dépressifs qui peuvent être secondairement modifiés en forme bipolaire II voire I ;
  • La forme bipolaire IIIa avec dépression caractérisée et des antécédents familiaux de troubles bipolaires ;
  • La forme bipolaire IIIb avec dépression caractérisée et accès maniaque ou hypomaniaque induit par un médicament. On peut prescrire des antidépresseurs aux personnes atteintes de trouble bipolaire pendant les épisodes dépressifs, mais il faut faire preuve de prudence car ils peuvent déclencher un état maniaque et même une fluctuation fréquente de l’humeur (cycle rapide). ;
  • La forme bipolaire IV qui regroupe des formes mineures limites générant toutefois une vraie souffrance chez ceux qui en sont atteints. Ce sont des bipolarités atténuées dont les frontières avec des états normaux sont parfois difficiles à établir. Les conséquences personnelles, sociales et somatiques sont les éléments essentiels pour la décision de mise en œuvre d’un traitement. C’est que l’on appelle l’hyperthymie et la cyclothymie.

Pour aider au diagnostic, il existe des questionnaires spécialisés (Angst, Akiskal, etc.). De la même manière, les services psychiatriques des grands hôpitaux, proposent toujours une consultation spécialisée dans les « troubles de l'humeur », tant ce diagnostic est difficile à poser.

En population générale, la fréquence des TBI est de 0,7 à 1,2 %, et celle des TB II de 0,5 à 1 % suivant les critères du DSM IV. Parmi les épisodes dépressifs majeures, il y aurait 5 à 10 % de dépressions bipolaires Type I. Enfin, si l’on retient les TB de type II, III et IV (formes atténéues), 40 à 50 % des états dépressifs seraient en fait, des formes bipolaires.

Voilà la raison pour laquelle une dépression, même lorsqu'elle est à priori explicable par des événements de vie, n’est pas à prendre à la légère. Nous sommes sans doute face à un sous-diagnostic effarant des troubles bipolaires.


Une bluette mignonne présentant un trouble bipolaire de type I !

29 juillet, 2007

Troubles bipolaires - Approche diagnostique !


Depuis dix ans que j’exerce, j’ai souvent été confronté aux difficultés de diagnostic, même si comme je le rappelle, le diagnostic est strictement réservé aux médecins. D’ailleurs un article du Code de la santé publique, dont je ne me souviens plus et que je n’ai pas pris la peine de rechercher, le stipule expressément.

Mais, comme nous ne sommes pas des bœufs inféodés aux médecins, il est évident que confrontés à l’individu qui est assis en face de nous, nous nous risquons à évaluer ses troubles de manière à lui faire bénéficier d’un traitement adapté.

Parfois d’ailleurs, il s’agira d’une erreur d’aiguillage, et le cas que nous aurons à traiter relèvera de la médecine, sachant que de nombreuses pathologies purement organiques peuvent avoir des symptômes psychologiques. Dans ce cas, nous renverrons le patient chez son médecin afin que ce dernier fasse un diagnostic différentiel en prescrivant le cas échéant des examens. Il ne s’agit jamais de jouer au médecin, mais de connaître suffisamment bien la psychopathologie de manière à voir rapidement si les symptômes présentent une quelconque anormalité par rapport aux tableaux cliniques étudiés.

C’est ainsi que je n’ai jamais considéré que la psychologie soit une panacée et je me suis toujours élevé contre le « tout psychologique » qui prévaut dans certains milieux anti-scientifique. Faire de la psychologie en oubliant l’aspect organique, revient à nier la réalité du cerveau ou du système endocrinien par exemple, et peut de ce fait entraîner bien des erreurs.

Je n’ai donc aucun problème à collaborer avec des médecins, même si je suis opposé à ce que notre profession devienne une profession paramédicale. Rien ne ressemble moins à la kinésithérapie que la psychologie : chez nous, même s’il faut cesser de nier à la réalité physiologique, il fut aussi se souvenir qu’on parle d’âme. J‘avais d’ailleurs souligné ce point important de la prise en charge psychologique et mis en exergue la notion de qualité de vie dans un article récent intitulé « Richou le déjanté – approche psychologique d’un trouble bipolaire ».

Je suis par contre stupéfait de l’engouement de certains médecins, qui sont pourtant dotés d’une formation scientifique beaucoup plus importante que la notre (c'est une litote), pour la psychologie et notamment la psychologie un peu cucul tendance new-age. A force d'être dans l'écoute, on sélectionne le superflu et l'on rate l'essentiel. Sans paraphraser le Dr House, en affirmant que les patients mentent, je peux tout de même dire, qu'être à l'écoute, ce n'est pas forcément se focaliser sur leurs mots en les prenant pour paroles d'évangile. Il y a une manière d'écouter qui doit s'accompagner d'un grand sens de l'observation. Le patient communique de plusieurs manières et pas seulement avec ses mots.

C’est ainsi que depuis des années, je suis régulièrement confronté à des individus souffrant de troubles bipolaires, n’ayant jamais été diagnostiqués, mais qu’on laisse souffrir en leur prescrivant tous les antidépresseurs présents sur le marché. Pour de nombreux médecins, il semblerait que dès lors qu’on ait les deux symptômes clés – humeur triste et perte de l’élan vital – on doive forcément diagnostiquer une dépression classique.

Voici environ neuf ans, je reçois ainsi un homme âgé d’un peu plus de trente-cinq ans extrêmement dépressif. Le médecin a diagnostiqué une dépression et je le traiterai pour cela. Je pense que notre collaboration a été efficace. Pourtant, il rechute régulièrement et la seule chose que son médecin pourra me dire, c’est qu’il a sans doute des tendances hystériques qui l’amènent à se complaire dans ce rôle. Je ne suis pas satisfait de ce genre d'explications car si j'ai constaté des tendances histrionniques chez ce patient, tendances n'ayant rien de pathologiques, il n'est pas pour autant hystérique.

Pour ma part, je me méfie toujours du diagnostic d’hystérie qui est une grande poubelle dans laquelle on jette facilement tous les cas que l’on ne parvient pas à diagnostiquer. Un peu comme si, faute de pouvoir traiter certains patients, on préférait se dire qu’ils font exprès d’avoir leurs symptômes. Cela évite au médecin ou au psy de remettre en cause ses compétences. Alors, même si l’hystérie est une réalité, elle est plus précise que ce qu’en disent bien des professionnels.

Par le plus grand des hasards, et je remercie ce hasard, je me retrouve au cours d’une soirée avec ce patient. Je l’observe et suis totalement frappé par sa manière de se conduire. Moi qui le connais bien, j’ai sous les yeux un autre personnage, hâbleur, vulgaire, entreprenant, osant tout. Tel qu’il est, il correspond totalement, voire trait pour trait, à un texte du psychiatre Quentin Debray décrivant le comportement d’un individu souffrant d’un trouble bipolaire dans un manuel de psychopathologie

Il est certain que si je n’avais pas pu observer cet individu dans son milieu, je serais peut-être passé à côté du diagnostic. Ce qui marque bien la limite de la prise en charge psychologique, dans la mesure où dans nos cabinets, nous n'avons ne connaissons qu'une facette très sociale du patient. Quoiqu’il en soit, je fixe un nouveau rendez-vous à ce monsieur, lui montre des textes et il est totalement d’accord avec le diagnostic qui explique tout ce que l’on ne comprenait pas.

Son médecin, un homme jeune suffisamment ouvert d’esprit, tente de le mettre sous thymorégulateur et le succès est au rendez-vous. Cet exemple sera gravé à jamais dans ma mémoire et m’amènera à connaître parfaitement les troubles bipolaires trop souvent ignorés. J’aurai l’occasion d’en diagnostiquer plusieurs par la suite, dont de nombreuses personnes qui souffrent de dépressions depuis parfois plus de vingt ans.

Je me souviens par exemple d’une jeune femme d’un peu plus de trente ans, souffrant de dépression depuis son adolescence. Comme elle a connu la toxicomanie, ce sera l’arbre qui cache la forêt et les médecins ou psys, qu’elle rencontrera se focaliseront toujours sur ce sujet en ignorant le reste et surtout en oubliant que « se camer, c’est souvent la manière la plus rapide pour un dépressif de s’automédiquer », et non une perversion ou une carence morale !

Lorsque je la reçois, le moins que je puisse dire est qu’elle est étrange. Au bout de trois séances, elle me tutoie et me fait la bise, pourquoi pas, je suis ouvert d’esprit. Tout en elle, et notamment son exubérance et ses excès délirants, désigne ce que l’on pourrait appeler un trouble du comportement de type « personnalité limite » ou « border line ». Pourtant, elle ne correspond qu’imparfaitement au tableau clinique de ce type de trouble et je pense qu’elle est tellement désabusée quant à la capacité d’un psy à pouvoir l’aider, qu’elle joue avec moi afin de me montrer qu’elle est là pour faire plaisir à son médecin plus que pour bénéficier d’une aide efficace.

En creusant un peu, pour la faire parler, nous arrivons à parfaitement communiquer et elle me relate dans le détail son parcours et les épisodes marquants de ses pétages de plomb. Il s’agit encore d’un trouble bipolaire jamais diagnostiqué. si tout le monde avait pensé à lui prescrire du Subutex ou de la Méthadone, curieusement aucun des médecins ne s'était interrogé sur les raisons la poussant à se camer. Mise sous traitement anticomitial par un psychiatre auquel je l’ai adressée, elle a repris aujourd’hui une vie presque normale. Nous nous revoyons parfois, trois ou quatre fois par an, à l’occasion lorsqu’elle présente quelques petites difficultés d’adaptation.

Récemment, je reçois une femme approchant la quarantaine. Sa vie n’est qu’une succession d’épisodes dépressifs. Les différents médecins qu’elle a vus ont tout tenté, et elle aura connu tous les antidépresseurs du marché, IMAO, tricyclique ou ISRS, sans que le succès ne dépasse un bref soulagement. Ce type de traitements désordonnés a même pu entraîner une aggravation de son cas, ce que plusieurs études récentes semblent confirmer.

Quand je la reçois, elle souffre terriblement même si ses capacités sociales semblent en partie sauvegardées parce qu’elle se force à travailler et est même parvenu à autoréguler son état dépressif en vivant comme une machine. Par contre dès que le vendredi soir arrive, elle s’enferme chez elle et n’en sort pas avant le lundi matin. Perpétuellement dépressive, elle m’a dit que j’étais sa dernière chance.

Après plusieurs séances, parce que son cas n’est pas simple et présente vraiment des symptômes étonnants, je suis persuadé d’être face à un cas de trouble bipolaire unipolaire. C’est à dire qu’au lieu d’alterner des phases maniaques puis dépressives, ma patiente n’a que des phases dépressives. C’est sans doute pour cela qu’elle est depuis si longtemps traitée pour dépression majeure.

Je l’ai adressée à un psychiatre en qui j’ai toute confiance qui n‘a pas confirmé mon diagnostic mais s’est contenté de lui redonner pour la énième fois des antidépresseurs, qu’elle se refuse à prendre parce qu’elle juge cela inutile. Je reste persuadé qu'il s'est trompé. De toute manière, en ne l'ayant reçu qu'une fois, il n'a pas les moyens nécessaires pour diagnostiquer ce genre de troubles. J’attends donc septembre, pour l’adresser à un autre psychiatre hospitalier, ponte de la spécialité, qui cette fois, j’en suis sur, saura se montrer plus original dans sa démarche. Car je reste persuadé que cette femme souffre d’un trouble bipolaire.

Je pourrais citer des dizaines de cas semblables. Ces troubles souvent sous-évalués et mal diagnostiqués sont à l’origine d’une souffrance inacceptable chez des individus pourtant régulièrement suivis par des médecins et des psychologues. Tandis que j’entends souvent des crétins faire de l’anti-psychiatrie pour vanter l’humain, centre de leurs préoccupations, je préférais écouter un discours plus mesuré, admettant une bonne fois pour toute que le cerveau est un organe qui connaît parfois des défaillances et que ces dernières sont du ressort de la médecine.

On rappelle toujours que la médecine n’est pas une science déshumanisée mais se doit d'être une pratique mettant à disposition de l’être humain les résultats des recherches scientifiques. Espérons que la psychologie cesse d'être une pratique désincarnée et dénuée de rigueur, dans laquelle la réalité organique et génétique serait perpétuellement bafouée.

Troubles bipolaires - Les oubliés du diagnostic !


Aujourd'hui, les syndromes maniaco-dépressifs sont de plus en plus fréquents. Mais une grande partie de ces troubles restent sous-diagnostiqués : les médecins ne reconnaissant pas forcément ce problème, et les malades refusant d'admettre leur pathologie alors que des traitements performants existent.

Les troubles maniaco-dépressifs, appelés aujourd’hui troubles bipolaires, toucheraient entre 1% et 1,5% de la population française soit plus de 600 000 personnes. Cette pathologie, qu'elle soit bipolaire, sous forme de succession de phases dépressives et d'excitation, ou unipolaire lorsque le patient ne connait qu'un de ces états, est pourtant encore mal connue et reconnue et ceux qui en souffrent deviennent des oubliés du diagnostic.

L'un des principaux problèmes des désordres bipolaires, c'est justement de parvenir à le diagnostiquer correctement et le moins que l'on puisse dire, c'est que peu de médecins y parviennent. Certaines études montrent que bien souvent, le délai entre le moment où les premiers symptômes apparaissent et la mise en place du traitement est de 5 à 10 ans ! Le malade aura vu entre temps 3 à 4 médecins en moyenne avant que l'un d'eux ne reconnaisse le problème. Car il est souvent difficile de différencier la dépression simple du véritable désordre bipolaire. Selon le Pr. Marie-Christine Hardy-Bayle, de l'hôpital André Mignot au Chesnay, de nombreux « déprimés » souffrent en fait de troubles bipolaires.

On avance que 26 % d’entre eux ne seront pas diagnostiqués lorsqu'ils seront vus en médecine générale. Cela peut-être compréhensible car de nombreux généralistes admettent que leur formation en psychopathologie est trop lacunaire pour permettre un bon diagnostic de ce trouble. Pourtant, chose inadmissible, ce pourcentage passe à 36 % chez les psychiatres, dont on pourrait pourtant croire qu'ils sont plus a même de reconnaître cette pathologie ! Enfin, 45 % ne seront pas diagnostiqués lors d'un passage à l'hôpital dans un autre service !

Ce temps d'identification de la maladie est un véritable problème. Car le principal risque accompagnant ce trouble est le suicide : 15 % des hommes bipolaires et 22 % des femmes mettront ainsi fin à leur jour. Et un quart à la moitié fera une tentative de suicide, avec plus ou moins de séquelles. Sans parler des conséquences mettant ainsi en jeu la vie de la personne, les désordres bipolaires représentent un véritable handicap social et professionnel. Ils sont responsables de difficultés au bureau et de chômage, et ont un retentissement important sur la vie de famille.

En France, le trouble bipolaire est donc sous-diagnostiqué. Si les études diffèrent entre elles, on admet qu'il faudra en moyenne 10 à 12 ans et quatre à cinq médecins différents avant que le diagnostic soit enfin établi. Il semble que ce constat soit le même dans tous les pays occidentaux. Aujourd'hui, les professionnels s'accordent à penser que 40 % des dépressifs sont en réalité des bipolaires qui s'ignorent.

La recherche de périodes d'exaltation est un bon moyen pour établir le diagnostic ; mais il n'est pas toujours évident pour le patient de comprendre que les périodes où il se sentait particulièrement bien ont la même origine que les périodes où il se sentait mal. D'ailleurs bien des patients n'ont aucune envie de se traiter car ces périodes d'exaltation sont pour eux quelque chose de merveilleux. De plus, n’oublions pas qu’il existe des formes unipolaires, dans lesquelles, le patient sera soit seulement déprimé, soit ne connaîtra que des accès maniaques.

Ce diagnostic peut être confirmé par le fait que les dépressions des bipolaires sont souvent dites atypiques. Dans une dépression atypique, on est confronté à une dépression sauf que certains symptômes classiques ne sont pas présent normalement remplacés par d’autres. On appelle dépression atypique une variété de dépressions associant à la tristesse les symptômes suivants :
  • Hyperphagie, qui se manifeste par des conduites alimentaires de type boulimique, notamment boulimie sucrée. Dans la dépression classique, on cosntate le plsu souvnet un amaigrissement car la personne ne se nourrit pas ;

  • Hypersomnie : il n'y a pas seulement inhibition avec « refuge sous la couette » ou « cul scotché sur le canapé » mais augmentation du nombre d'heures de sommeil sans que celui-ci soit réparateur (dès le réveil la même sensation de fatigue est éprouvée). Dans une dépression classique, la personne dort peu et connaît surtout des réveils nocturnes ;

  • Hyper-réactivité aux relations avec l'environnement se manifestant par de l'irritabilité, des réactions émotionnelles excessivement fortes. La personne dépressive classique est plutôt calme et inhibée.

Face à ce genre de dépressions atypiques, on se doit de se montrer circonspect. Non pas, que toutes seront forcément des troubles bipolaires ignorés, mais que, comme je l’affirme dans l’article suivant, le simple fait d’être face à des symptômes qui dérogent largement aux tableaux cliniques connus en psychopathologie nécessite de se poser de bonnes questions pour éviter de plonger dans la pratique habituelle et de ce fait rater un bon diagnostic.


Si tout peut s’apprendre en faculté, le diagnostic reste un art. Dans le prochain article, c’est ce point que je souhaite traiter en insistant sur le fait que quand bien même on rêverait d’être confronté à un trouble que l’on peut traiter à coup d'antidépresseurs comme une banale dépression, les faits et notamment les symptômes sont têtus, et qu’eux seuls doivent nous amener à nous forger un avis. Tout ce qui est atypique doit être approfondi.

Alors là vous allez voir ce que vous allez voir !

Ma Solara de cérémonie redécorée pour l'occasion !

Alors là, personne ne dira que je n'ai pas fait d'efforts ! J'inaugure une série d'articles supers sérieux ! Fini de vous parler de Talbot Solara ou de choses stupides. Non, me rappelant à la dignité de ma fonction, je fais aujourd'hui peau neuve et vous propose enfin du roboratif et de l'utile !

En plus, comme on m'a souvent reproché de rédiger de trop longs articles, j'ai pris soin de découper ma prose de manière à vous proposer des textes plus concis. Parfois je m'étonne moi-même !

Voici donc deux premiers articles traitant du trouble bipolaire. Savoir dans quel ordre je devais les publier n'a pas été facile.

Pour les photos, pardonnez-moi, je n'ai pas pu m'en empêcher. Mais c'est la dernière fois !

N'importe quoi Laurence !
Parfois il faut savoir rester sérieux, cet ours n'a rien à faire ici !
Bipolaire ne signifie pas qu'on est "deux fois polaire "
ni que l'on est bissexuel et que l'on vit dans le cercle polaire !

28 juillet, 2007

Statistiques pourries !

Fermé pour les vacances !

Tout le monde étant parti en vacances, je ne vais pas tarder à en faire de même, du moins ici. Les stats sont médiocres, alors autant arrêter pour quelques semaines, du moins si j'y arrive. Parce que se casser le c.., enfin la tête, pour moins de deux cents lecteurs quotidiens, ne rime à rien, je ne rentre pas dans mes frais !

Alors, j'attends d'avoir atteint les quarante-mille visiteurs et après, hop, je me prends quelques semaines tranquilles, durant lesquelles je ne publierai plus rien. Rien du tout, enfin encore une fois, si j'y arrive. Tenir un blog est une activité stérile mais qu'est-ce que c'est bon pour son ego.

Par exemple, tout à l'heure mon pote Fred le Corse, un ami qui a encore mieux réussi que mon pote Olive qui roule en Touareg, m'expliquait que même si nous n'avions pas été en contact depuis longtemps, il en avait eu puisqu'il venait quotidiennement me lire. Tant et si bien que sa boîte a carrément interdit mon url et qu'il ne peut accéder à mon site qu'en rusant mais sans avoir accès ni aux photos, ni aux commentaires ! J'ai joué le mec un peu blasé et poli, mais intérieurement, qu'est-ce que j'étais flatté !

J'imagine que Fred le Corse risque carrément son super emploi de trader rien que pour venir me lire, un peu comme si ma prose était devenue une drogue dure, et qu'il lui faille sa dose quotidienne. Putain, que je suis flatté, ma tête gonfle, enfle et je me mets à voler !

Même Laurence, super douée en informatique, m'a expliqué qu'elle avait un peu niqué la sécurité informatique de sa boîte, pour avoir accès à mon blog. Parce que sinon, elle n'avait accès qu'au site du Centre National de la Fonction Publique Territoriale ou à des daubes de ce genre. On prend des risques pour me lire ! Les services informatiques font vivre les salariés à l'heure stalinienne mais ils viennent tout de même me lire ! Non, messieurs les censeurs, vous ne me ferez pas taire !!!

Enfin, à part cela, je vais faire deux ou trois articles sérieux, notamment sur les troubles bipolaires parce que c'est un sujet passionnant. Et puis, c'est aussi histoire de me dire que si de nouveaux lecteurs arrivaient ici, qu'ils n'imaginent surtout pas qu'ils sont tombés chez un dingue mais chez un professionnel consciencieux.

Je lis tellement de blogs supers en ce moment, que j'ai parfois un peu honte de mon travail facile de tâcheron de la blogosphère. A la rentrée, tout va changer et vous aurez le droit à des trucs terribles qui vont vous faire réfléchir !

En attendant, je vais ressortir la Solara, ma berline luxueuse, charger la batterie, regonfler les pneus, changer les bougies, la lustrer, et hop, je vais aller me balader sur les routes de France. J'ai mis des décalcos (aujourd'hui, on dirait des stickers) sur les portières histoire de me faire un peu de pub sur les routes des vacances.

Alors, qui c'est le roi du pétrole ? Hein ? Bande de jaloux !

Le monde n'est pas parfait !

Avez-vous noté, que même si la discrétion et la réserver sont des qualités, elles sont souvent mal tolérées par l'entourage, qui n'y voit que dissimulation et fourberie.

C'est ainsi, que je connais trois Sylvain, et ce n'est donc pas très pratique pour s'y retrouver. Il y a donc un seul Sylvain, que je baptise ici Urbain, tandis que les deux autres, un peu plus jeunes héritent de surnoms liés à leur physique. Cela nous permet de les différencier.

Il y en a un qui est roux et que l'on surnomme George Killian. Il faut voir mon grand âge pour se souvenir des publicités idiotes pour cette bière, dont je ne sais même pas si elle est encore vendue en France. Elles mettaient en scène, un brasseur irlandais, George Killian, aux cheveux et à la barbe roux, vêtu d'un pull irlandais à grosses côtes et d'une casquette de tweed.

Le second qui est grand et très mince, nous le surnommons Grand Corps Malade, GCM pour les intimes, parce qu'il lui ressemble un peu, sauf qu'il a la decence de ne pas nous emmerder avec des rimes pourries et qu'il n'a pas de béquille. Ce Sylvain là est justement discret et réservé.

Je connais GCM depuis très longtemps, car c'était avant tout un collègue d'Olive, mon ami qui a réussi et roule en Touareg. Je voyais GCM à toutes les soirées d'Olive et il m'avait toujours surpris car c'était le seul informaticien intelligent. Olive a toujours bossé dans des SSII, et le moins que l'on puisse dire, est qu'il fréquente en gros, soit des commerciaux stupides, genre Jean-Claude Convenant, voire de gros loosers tels que le film "Les portes de la gloire" en met en scène, soit des techniciens un peu autistes tout justes capables de parler de sécurité informatique. Là non, GCM est quelqu'un d'intelligent et de réfléchi, qui dénote gravement face aux demeurés habituels de l'informatique.

Par contre, nous n'avons jamais vu GCM avec une fille lors de ces soirées. Comme en plus, GCM est quelqu'un de très réservé et de discret, ainsi que je vous le disais, les ragots les plus infâmes couraient sur lui, car personne n'aime être incapable de deviner quelqu'un. Pour certains, c'était un serial killer, et l'avenir nous prouverait qu'on avait raison de se méfier de lui, parce qu'il était bizarre, et que personne ne serait étonné quand on apprendrait qu'il avait violé puis étranglé une dizaine de jeunes femmes avant de se masturber dans leurs entrailles fumantes.

Pour d'autres, GCM était homosexuel mais ne savait pas comment nous l'annoncer. Vous avouerez qu'il n'est pas facile de dire à quelqu'un que l'on connait bien, que son homosexualité n'a rien de grave et que nous resterons amis, parce qu'on peut toujours se tromper ! On a beau être à l'époque des Gay pride, tous les gens ne sont tout de même pas parvenus à une maturité psycho-affective suffisante pour être pride d'être pris pour un gay ! En tout cas, je ne me serais pas imaginé aller voir GCM et du ton de la confidence, lui dire : "tu sais, tu peux le dire si tu es homosexuel".

Enfin, des êtres vils ont même imaginé qu'il pourrait cacher quelque perversion sexuelle inavouable (animaux ou bébés-animaux ?), voire carrément interdite par la loi (je vous laisse le soin d'imaginer). Je parie même que des lettres anonymes furent sur le point d'être envoyées à monsieur le procureur. D'autres, plus rares, ont émis l'idée qu'il puisse être impuissant ou éjaculateur précoce, ce qui aurait expliqué le fait qu'il soit toujours seul à son âge ! C'est pour le coup assez bête parce que ces pathologies se traitent plutôt bien. Encore une fois, je ne me suis pas imaginé une seule fois, pouvant aller voir GCM au cours d'une soirée et lui dire d'un ton affable : "Tu sais, je comprends que tu n'en parles jamais, mais je peux éventuellement t'aider pour ton problème d'impuissance.".

Je vous rassure, de toute manière, moi je n'avais pas d'avis tranché car je ne juge pas les gens aussi rapidement, je suis toujours dans la neutralité bienveillante comme on dit dans mon métier. Je trouvais simplement GCM un peu étrange, surtout quand il vient à une soirée avec des cernes noirs sous les yeux. Je l'imaginais plutôt collectionnant des films pornographiques amateurs pour égayer sa vie faite de business-plans arides, et se suffisant d'une activité auto-érotique un peu tristounette dans son deux pièces. Mais bon, j'ai suffisamment de patients pour ne pas me préoccuper des amis et relations que je vois dans les soirées. Bien sur, si GCM était venu s'enquérir auprès de moi d'un quelconque conseil, je lui aurais donné courtoisement, assorti de l'adresse d'un confrère.

Et puis j'ai préféré ne jamais porter le moindre jugement. On aurait pu imaginer que je me montrais jaloux de la réserve et de la discrétion de GCM, puisque lors de soirées dans lesquelles je connais du monde, ce ne sont pas à priori les qualités que l'on remarque le plus en moi. Alors je me suis toujours abstenu. Et puis, j'avoue que l'individu étant intelligent, j'ai toujours pris plaisir à discuter avec lui.

Ce soir GCM est, pour la première fois, passé à la maison accompagné d'une femme, une vraie femme ! Il s'agissait d'une grande blonde sculpturale et très sympathique, typée russe bien qu'elle soit normande. On aurait pu la croire danseuse au Crazy-Horse mais en fait elle est infirmière. Bien sur, j'ai un moment imaginé qu'il s'agissait d'une actrice qu'il aurait payée parce que je ne vois pas ce qu'une vraie femme ferait avec GCM ! Mais non, il s'agissait d'une vraie copine à priori sincère, et non d'une professionnelle tarifée.

J'ai toutefois été fort étonné parce que j'ai toujours entendu GCM me dire qu'il aimait les petites brunes bustées de caractère, comme Laurence, ma chère collaboratrice. Même si je sais que GCM n'a tout de même pas les moyens intellectuels de séduire une fille aussi intelligente et cultivée que Laurence, il ne manque pas de petites brunes moins exigeantes pour combler les attentes d'un garçon simple comme GCM. Surtout que GCM roule en Lotus alors, nul doute qu'une petite brune bustée ET vénale, saura faire son bonheur !

Je sais donc aujourd'hui que GCM n'est ni un homosexuel refoulé, ce qui aurait été triste à notre époque, ni un serial killer, ce qui est rassurant, même si cela m'aurait permis d'écrire un livre après son arrestation.

Ce qui est un peu bête, c'est que GCM qui aime les petites brunes bustées, ne trouve pas mieux que de ramener une grande blonde, tandis qu'à quatre cent cinquante kilomètres de là, en Lorraine, vit seule une petite brune charmante et bustée ! Toutefois, je le répète, je ne suis pas sur que GCM, être frustre, secret, rusé et matois, plus doué pour les affaires que pour la communication, ait pu plaire à cette petite brune là, puisqu'elle est cultivée !

Ainsi, les choses avancent, certes, puisque GCM nous semble maintenant moins mystérieux, mais rien n'est jamais parfait et c'est bien dommage ! Dans un monde parfait, on aurait pu unir GCM et Laurence, deux coeurs à prendre et ils nous auraient fait des petits !

Dans un monde parfait, remarquez que GCM aurait aussi pu être un serial killer ce qui m'aurait arrangé, même si cela n'aurait pas arrangé ses victimes ! D'une part parce qu'il en a la tête et le comportement suspect, et qu'il aurait super bien rendu en première page de Paris-Match, et d'autre part, parce que cela m'aurait permis de gloser sur son cas en disant que je l'avais prédit, j'aurais parlé de son regard inquiétant et de ses cernes noirs, de me faire mousser, d'écrire un livre et d'avoir de la notoriété, ce qui est intéressant quand on est en profession libérale !

Malgré toute ma bonne volonté, et ma capacité à me réjouir de tout, je trouve que rien ne marche comme je l'entends et j'ai horreur de cela ! Le monde n'est pas parfait.

26 juillet, 2007

J'ai rencontré un lecteur !

El Gringo, chippendale de profession,
se rendant à un enterrement de vie de jeune fille à Foug en Lorraine,
en chevauchant sa Harley-Davidson !

Aujourd'hui, j'ai rencontré un de mes lecteurs les plus fidèles, j'ai nommé : El Gringo ! C'était étrange dans la mesure où bien que ne le connaissant pas, j'ai eu l'impression au bout de deux minutes, de le connaitre depuis longtemps ! Je l'ai vu vers 15 heures, tout s'est bien passé et ce fut fort sympathique : la terrasse était agréable et le soleil au rendez-vous. Je l'ai d'ailleurs convié à venir boire un coup le soir même (El Gringo pas le soleil) !

Bien que je me méfie un peu des grands chauves, balèzes, avec un bouc et une chemise à carreaux, qui roulent en Harley-Davidson, avec un look genre Village People, je précise que la rencontre fut tout à fait amicale et sans aucune connotation sexuelle, ni proposition indécente !

Jeu de l'été !
Saurez-vous repérer El Gringo parmi ces sympathiques chanteurs !

Réponse : ! stned sel ertne sivenruot a lI

24 juillet, 2007

Generique "Il sorpasso" !

Dans deux articles récents, j'ai cité le film de Dino Risi, "Il sorpasso", "Le fanfaron" en français, qui reste mon film préféré.

Je regrettais d'ailleurs que sur Youtube ou Dailymotion, ne figure pas le générique de ce film génial. C'est une scène d'anthologie qui nous montre Vittorio Gassman au volant de mythique Lancia Aurelia B24 Spider, roulant dans les rues de Rome désertes du 15 août, avec en fond sonore la B.O. de Riz Ortolani, morceau de jazz furieux et luxueux des early sixties avec un solo de batterie ahurissant.

C'est maintenant chose faite grâce à Laurence qui a eu l'obligeance de ripper le dvd, de découper la scène, puis de la mettre à cette adresse ! Bien entendu, c'est en V.O. !


23 juillet, 2007

Réponse à Gabriel ! Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait ! Les chemises sudistes !

Rusty et sa chemise sudiste version nordiste
et Rintintin qui préfère les gonzesses !

Gabriel, qui me prévient que ce n'est pas son vrai prénom, m'adresse un très long commentaire en me demandant de ne pas le publier. Je respecte évidemment son souhait. Toutefois, dans la mesure où son commentaire aborde certains domaines cruciaux, je me permets d'y répondre publiquement. De plus cela me permettra de parler de moi et j'adore parler de moi.

C'est ainsi que Gabriel me dit :


"Je ne suis pas dupe et je sais bien que les psys sont bien loin d'être neutres comme ils veulent « nous » le faire croire. Vous êtes humain après tout. Et je suis sûr que mon psy doit parfois se dire : « pff, fait chier, il me saoule avec ces histoires à la con... », surtout après vous avoir lu.

D'ailleurs moi aussi je me permets de juger intérieurement les autres, à avoir des opinions. Et je pense que « vous », les professionnels de la santé mentale et psychique, ne valez pas beaucoup mieux. Comment ça marche d'ailleurs exactement ? Quand vous trouvez un patient ridicule ou saoulant etc., vous vous dites : « je ne suis pas disposé à porter de jugement, et bla bla bla », ou c'est une autre technique ? J'aimerais (sincèrement) comprendre."

Alors rassurez-vous, si j'ai choisi ce métier c'est parce que j'ai une véritable vocation et que j'aime vraiment les gens. Sinon, j'ai suffisamment de diplômes qui m'auraient permis de gagner bien mieux ma vie.

Toutefois, puisque vous me dites avoir entièrement lu mon blog, vous aurez constaté que je puis être un peu à part et sans doute déroger à l'idée que vous vous faites des psys. Je n'ai jamais prétendu à aucune neutralité, ni à aucune absence de jugement. La seule chose que je m'interdise est de réduire l'expérience des autres à la mienne. Aussi, même si vous avez trouvé que j'avais une grande gueule, je n'en reste pas moins ultra tolérant. Certains patients sont même persuadés que je suis de gauche et me parle de monsieur Delanoë avec des airs de connivence, ce qui est bien sur faux ! Je navigue sans cesse entre des positions libertaires et réactionnaires. De toute manière, comme nous finirons tous par mourir et nous présenter devant notre Créateur, il y a des sujets importants et d'autres qui ne le sont pas !

Alors bien sûr j'ai mes idées, mais ce n'est pas pour autant que je les impose à mes patients, sauf si ils mettaient réellement leur vie en danger du fait d'une pathologie. C'est ainsi que si je trouve le suicide philosophique de messieurs Cicéron et Sénèque tout à fait défendable au regard de leurs idées et de leurs vies, je trouve que se suicider du fait d'une dépression que l'on peut traiter, est une chose stupide ! Dans ce cas j'interviens et j'ai tendance à m'imposer. Ceci dit, rester neutre me semble difficile. J'ai le souvenir d'un texte de Marc-Aurèle, que rapporte Pierre Hadot dans un de ses ouvrages, et j'ai conscience d'être loin de ce modèle parfait. Ceci dit, souvenez-vous qu'ici, c'est aussi un exutoire, ce que j'écris fort bien dans l'en-tête du blog.

De la même manière, si je pense que mes chers patients s'égarent en me racontant des "conneries", je recentre le débat mais de manière courtoise et pour cela, j'attends de mieux connaitre les gens. Je n'aime pas brusquer les gens. J'ai certes un côté martial car je pense qu'en échange d'honoraires, je suis tenu à une forme de résultat, j'aime donc être rapide et carré. Ce n'est pas pour autant que je suis un bourrin stupide, ni que je trouve qu'ils me saoulent ou sont emmerdants. Je me défendrais bien de penser ce genre de choses, notamment des mes plus jeunes patients. Je sais le courage qu'il faut pour venir nous voir et se raconter. Je dis les choses car c'est dans ma nature, mais gentiment ou avec humour. D'ailleurs, je pense que ma clientèle est satisfaite et garde de bons souvenirs de nos entretiens. Une thérapie n'est pas forcément un processus lourdingue et pénible !

D'ailleurs les plus emmerdants, sont ceux qui ne souffrent pas, mais trouvent qu'il est de bon ton d'aller consulter un psy. Ceux là me saoulent, c'est très clair et dans ce cas je pense à des tas de trucs et même parfois au prochain article que je vais rédiger ici. Tant qu'on me paye, moi je m'en fous, les bien portants sont aussi les bienvenus pourvu qu'ils aient de l'argent. Tous les autres, ceux qui souffrent, n'ont certes pas forcément les mots justes, mais leur douleur est respectable.

Ensuite, reprenant l'article dans lequel figure la vidéo de Clément le nolife, le jeune faux Gabriel m'écrit :

"Je voulais juste vous dire que je pense que cette vidéo est un "fake". En effet, pas possible d'être aussi débile devant une caméra (tout court d'ailleurs. C'est soit un pari de cet "ado" avec ses potes, pour savoir qui aurait l'air le plus con, ou alors il s'est fait payé par arte, parce-que là franchement c'est pas possible.

Je n'ai encore jamais vu un type, aussi « pseudo-metalleux » soit-il, secouer la tête et faire des mouvements dignes d'un autiste alors même qu'il est interviewé et répond aux questions... D'ailleurs il planque un sourire derrière ses cheveux, si si je vous jure !

Enfin je ne met pas votre intelligence en doute, qui est certes et j'en suis sûr bien plus grande que la mienne, mais là faut vraiment être con pour pense un tant soit peu que ça puisse être vrai."

Je me suis posé la même question que vous ! J'ai moi aussi imaginé que c'était un fake tant ce jeune homme semble hors norme. Toutefois mon expérience m'a montré qu'il existait des types de ce genre. Dans votre post, vous vous dites Lorrain. Aussi peut-être qu'en milieu rural, ce genre de personnes n'existe pas. Laurence, ma collaboratrice, qui vient de Foug, confirme qu'elle n'en a jamais croisé de tels dans le Toulois, mais elle en a côtoyé depuis qu'elle vit à Nancy.

Moi-même, j'en ai vu à Paris et j'imagine qu'il doit en exister dans toutes les préfectures ! Mon cabinet est situé à côté d'un grand lycée parisien. Vous seriez surpris, quand je vais déjeuner chez mon traiteur chinois favori "Chez Fleur de Lotus", de constater qu'il existe de tels individus. Lorsque j'ai une table de jeunes à côté de la mienne, je suis toujours ravi d'écouter leurs conversations stupides de petits branleurs immatures. Ce sont des élèves de première ou de terminale et vous n'imaginez pas combien de fois j'ai pu songer en mon for intérieur : "mais sont-ils réellement cons ou le font-ils exprès ?". Je sais bien sûr que tous les jeunes ne sont pas ainsi, fort heureusement !

Bien sûr, Clément est peut-être un champion, un cas à part, et on pourrait légitimement recommander une greffe de cerveau car je n'imagine pas qu'une thérapie soit suffisante pour un tel individu. Ainsi, même si vous pourriez vous rpétendre plus intelligent que moi, bien que j'aie rarement rencontré de gens qui le soient, cela ne vous permet pas de me traiter de con, ni même d'insinuer que je le sois. Puisque le TGV déssert maintenant votre belle province et que vous maitrisez notre langue, prenez un billet, mettez vos habits du dimanche, et venez chez nous voir ce genre de jeunes !

Puis Gaby, qui a usurpé ce prénom, poursuit :

"Mais pensez-vous VRAIMENT que les spécimens en question soient représentatifs de la majorité des ados ?! Faut quand même pas déconner ! Pour ma part, je dirais que ce sont des cas bien isolés voir uniques !"

Non, je ne pense pas que tous les ados soient aussi bêtes même si je pense que l'adolescence est l'âge bête, vous le constaterez si un jour vous éduquez vous même des ados. L'ado est un trou du cul qui croit tout savoir, c'est un fait. Il est d'usage en psycho de dire que l'adolescence est l'âge de tous les possibles, moi plus prosaïquement, je dis que l'adolescence est vraiment l'âge con.

Tenez, moi qui vous écris, et qui suis pourtant un être exceptionnel, savez-vous qu'en mon temps, j'ai fait chier ma pauvre mère afin qu'elle m'achète ce que l'on appelait une chemise sudiste. Ne cherchez pas, cette mode a duré deux mois tout au plus. Nous avons fait vingt magasins du centre commercial Vélizy2 pour la trouver, c'était en 1982 ! Aujourd'hui, quand je songe à cette chemise, d'une part je trouve que j'avais réellement un goût de chiotte mais qu'en plus j'étais un petit être stupide ! Pourtant à l'époque, je me suis dit que j'aurais pu mourir si je ne l'avais pas eue ma putain de chemise sudiste. Je m'en souviens encore, elle était noire avec un rabat vert immonde !

Dans la même veine, j'avais adoré le film pour ados, "Risky Business" dans lequel on voyait Tom Cruise pour la première fois à l'écran. Et comme avec mon pote Olive, celui qui a réussi et roule en Touareg, nous étions de grands sensibles, on avait même adoré un film avec Molly Ringwald, c'est vous dire si nous étions cons ! Mais, je n'arrive plus à me souvenir du titre du film, sauf que l'intrigue se passait alors qu'elle était collée (snif) avec d'autres élèves, et qu'ils se racontaient tous leurs malheurs. On trouvait ça tellement juste, cette manière d'aborder les problèmes des jeunes ! On se disait à cette époque, que les adultes n'étaient que des vrais cons qui ne nous comprenaient pas et que de toute manière, on vivrait toujours libres, à chopper des gonzesse et à rouler dans des caisses super ! Et moi je trouvais Molly Ringwald, super touchante dans ses rôles d'adolescente dépressive incomprise, pff, j'étais un écorché vif ultra sensible, la vocation était déjà là ! Et, je ne vous parle pas de Jodie Foster dans "La petite fille au bout du chemin" ou encore dans "Taxi Driver" parce que si je me mets à parler de Jodie, là je vais y aller de ma petite larme! Le malheur des autres me bouleversait, et Dieu que Molly et Jodie en avaient des malheurs, j'étais une vraie midinette (en chemise sudiste) à l'époque. Putain qu'on était graves ! On n'était pas cons au point de Clément le Nolife mais on était gratinés tout de même !

Et encore, en tant que natif du signe du capricorne, j'ai toujours été "moins jeune" que les autres ! Et si vous aviez connu Laurence, lorsqu'elle était adolescente et qu'elle sortait vêtue d'une minijupe de couleur fluo, chaussée de ses escarpins Myris, avec des boucles d'oreille en plastique rouge et les cheveux peroxydés, maquillée comme une ... euh, une voiture volée ! Encore une fois c'était l'adolescence et pour sortir au Macumba de Toul ou au Midnight Star 2000 de Foug, c'était l'accoutrement obligé sinon Laurence n'aurait pas choppé un seul mec et alors adieu les calins sur la banquette arrière de la Solara ! Laurence, qui à l'époque se croyait la réincarnation de Madonna quand elle chantait "Like a virgin" a aujourd'hui un autre avis quand on lui rappelle cette époque !

Alors certes, tous les ados et post-ados, ne sont pas aussi gratinés que Clément mais je persiste en disant que l'adolescence est vraiment l'âge bête !

Puis, comme il adore écrire, notre ami Gabriel, qui s'obstine à me cacher son prénom, persiste :

"Tout ça pour dire que je ne suis pas vraiment de votre avis. Quand je regarde dehors je vois (généralement) des ados qui prennent la vie bien à coeur, qui s'investissent dans des relations saines et qui ont une enfance et adolescence de plus en plus courte.

Au contraire, quand moi j'étais ado (donc il y a 5-6 ans), les types de mon âge avaient une mentalité de merde, de vrais connards."

Alors là, sincèrement, même si Clément est un cas pathologique, je considère qu'un ado qui prend la vie trop à coeur peut aussi devenir un cas pathologique. Je sis bouleversé parce ce que l'on fait peser sur les frêles épaules de la jeunesse. Qu'il s'agisse du "réchauffement climatique", du "dialogue nord-sud", ou encore du "commerce équitable", quelle tristesse de voir les jeunes surinformés et rendus responsables de tout ! L'adolescence, du fait que l'on s'intéresse au sexe opposé, est suffisamment bouleversante comme cela, sans que l'on prenne la vie trop à coeur !

A mon époque, je devais avoir seize ans, je me souviens que j'avais un ami dénommé Vincent qui prenait la vie très à coeur. Tellement à coeur, qu'un jour alors que nous déjeunions au café de la Mairie à Antony (qui est devenu un Mc-Do), il m'avait dit que lui ne déjeunerait pas afin de prendre conscience de ceux qui avaient faim dans le monde. Outre le fait que de ne pas s'alimenter, n'aidera jamais un biaffré, ce genre d'attitude est généralement annonciatrice de problèmes psychologiques plus ou moins graves. C'est ainsi, qu'une fois son bac obtenu, l'ami Vincent, arrêta ses études d'économie en plein cours pour s'engager dans je ne sais plus quelle cause. Il revient encore plus déprimé, et connut un petit séjour en HP où il fut placé à la demande de tiers. Aujourd'hui, Vincent est contrôleur de Gestion et ne prend plus la vie autant à coeur. Donc encore une fois, loin de moi l'idée d'imaginer que tous les jeunes seraient des "Clément", ce n'est pas pour autant que je souhaite aux ados de prendre trop la vie à coeur.

"Enfin je vous donne juste mon avis voilà tout. Je comprends le votre, mais à vous lire on a l'impression que vous vous basez sur cette unique vidéo pour vous faire votre idée."

Dites donc Gabriel, me prendriez-vous pour un âne ? Imagineriez-vous que je puise ma connaissance dans ce genre de vidéo ? Allons un peu de recul et apprenez à lire entre les lignes ! Votre avis m'intéresse mais ce n'est pas une bonne raison pour venir jouer les petits raisonneurs et me prendre de haut ! Je connais des tas d'ados, rassurez-vous ! Ils sont bêtes mais généralement attachants pourvu que l'on ne prenne pas au sérieux leurs lubies ! Souvenez-vous de ma chemise sudiste !

Enfin, Gabriel le jeune lorrain qui réfléchit, conclut par ces mots :

"Je tiens tout de même à vous dire que j'aime globalement votre blog, qui est intéressant à plus d'une mesure.

A bientôt,

Gabriel

PS : Ce message n'est absolument pas structuré et très mal écrit, j'en suis désolé. Mais je suis affreusement pris, et n'ai hélas pas le temps de mieux faire.

Amicalement.

PS 2 : Et vous, quel âge avez-vous :) ? Je ne vois que les 40 ans de votre profil mais je doute que ce soit vrai (c'est jeune je trouve pour un psy)"

Merci d'aimer "globalement mon blog", même si j'eusse préféré que vous l'aimassiez totalement ! De toute manière, ma devise étant "chacun mes idées", peu me chaut que l'on n'aime pas ce que j'écris. On peut au mieux consulter d'autres blogs, au pire, couper son PC et se mettre à lire ! Et toc ! Enfin, votre message est bien structuré et je vous sens intelligent même si votre côté raisonneur est un peu agaçant. Laurence, l'ex mannequin de chez Elite Models, avec qui je collabore sur ce site, qui est de Lorraine comme vous, et qui n'a pas sa langue dans sa poche, en lisant votre commentaire m'a même dit "il écrit plutôt bien, mais il se la pète vraiment ce petit trou du cul". "Trou-du-cul" est bien sûr affectueux. Je ne suis pas loin de partager son avis même si l'écrit, surtout dans par le biais d'un modeste commentaire, est un moyen difficile pour communiquer ses impressions comme vous le faites courageusement.

Enfin, concernant votre PS2, j'ai effectivement quarante ans depuis le 12 janvier 2007. Moi je trouvais cela vieux et je suis ravi que vous trouviez cela jeune. Vous concluez en me flattant et je dois vous dire que j'adore cela. Je pourrais aussi vous préciser qu'à trente ans, âge auquel j'ouvris mon cabinet, j'étais le même ou presque, de même qu'à vingt, voire plus jeune. J'ai toujours été d'une rare maturité ce qui fit dire bien souvent à mon ami, Olive (celui qui a réussi et roule en Touareg) : "ouais mais toi de toute manière t'es chiant". Effectivement, jeune je détonnais et détonais du fait de cette intelligence rare et de cette exceptionnelle lucidité, qui me rendent tellement admirable !

Dans tous les cas, je vous remercie pour votre long commentaire et espère que vous reviendrez me lire. Vous me dites ne pas avoir vu mon mail, alors qu'il est indiqué tout en haut de la page ! Ca c'est bien les jeunes, si nous n'étions pas là, nous les anciens, que feriez-vous ?

Amicalement

Philippe

PS : je tiens à vous dire que je ne cèderai jamais ma chemise sudiste même à prix d'or ! Et ne cherchez pas dans Google, à quoi ressemble une chemise sudiste parce que l'appellation était totalement usurpée ! Si vous n'avez pas eu quinze ans en 1982, vous ne pouvez pas savoir ce que c'est qu'une chemise sudiste et je vous méprise !

Molly Ringwald !
Aujourd'hui, je peux bien te le dire "Molly, je t'aiiiiiimeeeeeeeeuuuuuuuh"

22 juillet, 2007

Vie de château ! Bis repetita !


Comme je suis un excellent convive, encore une fois, quelqu'un a eu l'excellente idée de me convier ! On s'est réjoui de ma présence, de ma culture encyclopédique comme de mes excellentes manières. Encore une fois, il s'agissait d'un château, car il faut bien le dire, j'aime assez la vie de château et j'oserai même dire que le château, plutôt moyen-âgeux par ailleurs, est l'écrin dans lequel je brille le plus.

En l'occurrence, il s 'agissait de celui de mon ami Urbain, qui rentre régulièrement dans ses terres angevines, afin de vérifier que son régisseur ne le gruge point. Ensuite il va faire un tour dans ses métairies et a pour chacun de ses manants un mot aimable. Et c'est chose agréable que de voir ces braves gens tellement heureux de voir arriver leur bon maître, leur bonne trogne rougeaude illuminée d'un large sourire. Il faut les entendre crier "Noël, Noël !". On est bien loin des conflits sociaux, des luttes de classes et autre billevesées de cet ordre ! Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées dit le proverbe.

Voilà pourquoi, je n'ai pas posté depuis deux jours ! Vous avez du rester sur votre faim tandis que je festoyais et que je m'esclaffais aux bons mots des trouvères et applaudissais aux performances des jongleurs !

Qu'il est doux d'arriver dans un endroit où l'on se sente à l'aise, puis de choisir sa chambre parmi les vingt-cinq disponibles. Bien sur, j'ai pris une chambre de maître dans l'aile sud, tandis que l'ami Sean, qui nous accompagnait, se contentait d'une chambre plus modeste dans l'aile ouest, au dessus des communs. Il est bon, bien que nous soyons amis et fort proches les uns des autres, que certains usages perdurent. Sean a beau avoir une situation sociale et des revenus qui me font passer pour un mendiant, durant deux jours, tout était revenu normal, la nuit du 4 août, cette sinistre farce, n'avait jamais eu lieu.

Ce week-end, décidemment, en terres d'Anjou, nous ne sentîmes point les effets néfastes de cet évènement déplorable, que l'on nomme révolution française.

20 juillet, 2007

Résultats honorables pour la saison !

"La plage, été 2006" (coll. personnelle de Laurence, avec son aimable autorisation)

Tandis que certains blogs, que je fréquente affichent ce type d'image avec la mention "je suis à la plage" pour signaler qu'ils sont fermés et ne rouvriront que dans un mois minimum, moi je reste ouvert et fidèle au poste, persistant à publier chaque jour, tel un stakhanoviste moyen. Avec 205 visites pour la journée d'hier, je ne suis pas mécontent ! Et puis, je me dois à mes lectrices fidèles, pour qui je suis un peu le rayon de soleil quotidien !

Une de mes lectrices les plus fidèles !

19 juillet, 2007

Laide époque, très laide époque !

Clément : un beau cas patho produit par la société !

Est-ce parce que je suis devenu un vieux con que je trouve l'époque très laide ou bien parce qu'au fond de moi, existerait un sens esthétique et une morale suffisamment performantes, qui me permettraient de distinguer le beau du laid, le faux du vrai, et le mal du bien ?

Le quinze décembre dernier, la chaîne Arte diffusait une émission, intitulée "Génération exhibition" présentant différents portraits d'adolescents en phase avec notre époque. L'un d'eux, m'a particulièrement marqué, il s'agissait de Clément le nolife, présentant ce jeune Clément, âgé de dix-sept ans, planté devant son pc et nous montrant ses activités.

A première vue, on pourrait se contenter de se dire qu'il est laid, bête et terriblement grotesque ce qui est vrai mais insuffisant et finalement méchant. Il est aussi surtout pathétique, au sens premier puisque rappelons nous qu'en grec "patior" signifie "souffrance" et qu'en latin, ce même mot devenu verbe, signifie "subir".



Si vous 'avez pas vu la totalité de l'émission, vous pourrez la suivre en cliquant sur les liens suivants :

  • Partie 1 : P1 ;

  • Partie 2 : P2 ;

  • Partie 3 : P3 ;

  • Partie 4 : P4 ;

  • Partie 5 : P5 ;

La totalité du reportage fait quarante-cinq minutes mais il mérite d'être vu ! Après, quand vous croiserez un ado, soit vous aurez envie de l'abattre à vue tant il vous semblera dangereux, soit d'appeler une ambulance ! Les abrutis diront que c'est le produit du libéralisme, c'est évidemment faux.

Mais bon, cela me fera des patients ! Après tout, je vis du malheur des autres !

Psy tournoyant dans le ciel, en attendant qu'un adolescent débile et manipulé par son époque merdique déprime sévèrement !

Astrologie, cyclothymie, et Lancia Aurelia B24 !


Dans le commentaire précédent, je cite le film "Il sorpasso", "Le fanfaron" en français, qui m'a marqué sans doute parce que ma psychologie déficiente, hésitant perpétuellement entre des sous-régimes m'entrainant bers des abimes d'effroyable lucidité et des sur-régimes m'emmenant vers des cimes extatiques inexplorées par le commun des mortels, m'en a fait immédiatement saisir toute la substance.

C'est sans doute pour cette raison, que la première fois que je le vis, je devais avoir quinze ans, et c'était au ciné-club sur celle que l'on appelait encore FR3, j'ai eu une sorte de choc. En effet, je me reconnus dans les deux personnages, le timide Bruno Mariani, interprété par Jean-Louis Trintignant, que dans le sémillant Bruno Cortona, joué avec maestria par Vittorio Gassman. C'était un choc assez étonnant, comme une possibilité de voir le monde au travers de deux points de vue antinomiques et finalement complémentaires. Là, où certains n'auront qu'un point de vue, j'en ai toujours deux, ce qui m'aide à profiler les gens plutôt aisément, comme si mes deux points de vue antinomique me permettaient des les localiser à la manière d'un GPS.

Je n'ai depuis toujours pas eu d'explication sur cette curieuse césure, cette étonnante schyzophrénie qui n'en est heureusement pas une. Une célèbre astrologue, décédée voici quelques années, Joëlle de Gravelaine, expliquait que les gens comme moi, nés sous le signe du capricorne avec un ascendant bélier, devraient résoudre l'équation difficile consistant à atteler ensemble un curieux attelage formé d'un cheval de trait, le lent capricorne, et d'un cheval de course, le bouillant bélier.

Cette image m'a toujours amusée. La psychopathologie, beaucoup plus aride mais aussi plus scientifique dans son approche de la personnalité, explique que cette antinomie pourrait être une cyclothymie répondant aussi au joli nom de syntonie. Je vous avoue que, malgré ma profession qui devrait m'inciter à pencher vers la seconde explication, la perspicacité de l'astrologie me convient mieux !


Fabuleux duel entre deux Lancia, la Aurelia B24 de Cortona et une Flaminia !

18 juillet, 2007

Richou le déjanté ! Approche psychologique d'un trouble bipolaire !

Le fanfaron !

Etait présent à ce mariage, Richou, le cousin dingue de mon ami Olive, celui qui a réussi dans la vie et roule dans une Touareg. Je connais bien Richou, le type le plus déjanté que j’aie jamais vu de ma vie. N’importe qui croisant Richou durant, allez dix minutes, est persuadé que ce type est sorti le matin même d’un asile d’aliénés. Et encore, on n’imagine pas qu’il soit sorti par la grande porte, mais en faisant le mur, en déjouant la surveillance des infirmiers, car aucun psychiatre sérieux, ne pourrait libérer un type comme le cousin Richou ! Richou, est bien sûr le diminutif de Richard.


J’ai de nombreux souvenirs avec Richard, de soirées mémorables. Ce type est le roi du n’importe quoi, toujours exalté, toujours prêt à faire n’importe quoi, se moquant des risques comme des conséquences. C’est une sorte de jeune chien fou, perpétuellement shooté à l’ecstasy et aux acides, qui ne ferait jamais aucune chose décente, toujours à deux cent pour cent. Lors d’une des dernières soirées de ma jeunesse que j’aie passé avec Richard, nous étions accoudés au bar d’une célébrissime boîte de nuit parisienne, totalement ivres mais dignes. Et d’un seul coup, je m’étais aperçu que Richard avait défait sa braguette, pour uriner tranquillement contre le comptoir, au nez et à la barbe des videurs énormes. Il est comme cela Richou, toujours dans la spontanéité. L’idée de se faire défoncer la tête par les cerbères puis de se faire jeter sur le trottoir, ne lui avait même pas effleuré l’esprit.

C’est le seul type que j’ai vu prendre seulement trois cours de deltaplane, puis s’introduire dans le local du club, piquer un delta, parce que l’instructeur ne le jugeait bien sûr pas suffisamment formé pour voler seul, grimper sur le causse qui domine Millau, et s’envoler pour se poser quelques heures du côté de Montpellier, dans un arbre. Ce type est totalement dingue mais c’est un agréable compagnon.

Samedi alors que nous redescendions de l’église pour reprendre nos voitures et aller à la réception, j’avertis Richard que sur ses trois enfants, il semblerait que le petit, Alberto, ne soit plus là. Et la seule réponse de ce déjanté fut de me dire : « ne t’inquiète pas, si c’est vraiment mon fils, il va retrouver seul la voiture. S’il ne la retrouve pas, et qu’il se perd, c’est que ce n’est pas mon fils, alors qu’il se démerde, c’est la sélection naturelle. ». Finalement, Alberto, âgé de sept ans, nous a retrouvé à la voiture. En fait de voiture, Richou possède une camionnette de manouche, avec deux sièges à l’avant pour lui et sa copine, et un sommier derrière sur lequel s’allongent les gosses. Quand on regarde par la porte de sa camionnette, on imagine les guitares accrochées et les chaises à rempailler entassées !

Juste avant, alors que nous attendions à la terrasse d’un café, l’heure de la cérémonie à la mairie, il était affalé sur sa chaise au soleil les jambes écartées en me disant que c’était drôle parce que la chaleur lui filait une érection. Comme je lui disais de se calmer parce que derrière nous, il y avait aussi des gens présents au mariage, avec de jeunes enfants, il m’a juste dit qu’avoir une érection était naturelle avant d’expliquer à sa copine d’écarter les cuisses parce que « cela lui ferait du bien à la chatte ». Comme je connais Richard depuis que nous avons seize ans, cela ne m’étonne même plus ni ne m’offusque.

Il se trouve que si Richard est totalement dingue, c’est aussi un type brillant puisqu’il est médecin. Ca surprend toujours les gens quand il le dit. Il faut même parfois qu’il sorte sa carte professionnelle, car sincèrement, personne n’imagine un médecin comme lui. Il est pourtant chef d’un service d’urgence dans un hôpital de province. Je rajouterai que c’est même un excellent urgentiste, pas un de ces geignards qui se plaint qu’ils font trop d’heures comme le docteur Patrick Pelloux, le héros de la canicule. Non, lui peut enchaîner les gardes de vingt-quatre heures, alternant les interventions sur des accidents de la route gravissimes et la drague des infirmières.

Mon épouse ne connaissait pas Richard mais je l’avais juste prévenue qu’il était gentil mais un peu spécial et de ne surtout pas s’offusquer de ses faits et gestes. De le considérer un peu comme un grand malade psychiatrique, pour lequel la science ne peut pas grand chose, et envers qui il faut avoir de la compassion plutôt que de la colère. Finalement, je crois qu’elle l’a apprécié même si l’avoir à notre table fut un poème parce que Richou, dit tout à tout le monde, sans réfléchir à rien. Parce qu’il peut être présent dans la conversation, puis passe à autre chose, immédiatement, et encore à autre chose, etc.

Juste avant le dîner, alors que nous prenions l’apéritif, la nouvelle copine de Richard, médecin comme lui, papotait avec moi. Dès qu'elle a connu ma profession (je n'ai pas une tête de psy), elle m’a interrogé pour savoir ce que je pensais de lui. Je lui ai répondu, que n’importe qui le trouverait barge, dérange, fou à lier, et pire encore, mais qu’il fallait, compte tenu de nos connaissances respectives, relativiser ce jugement. Je lui expliquais que le connaissant depuis longtemps, je n’attachais plus qu’une importance relative à ses frasques et qu’il était de toute manière très attachant comme beaucoup d’aliénés (je plaisante en employant ce terme !).

Je poursuivis en lui expliquant que compte-tenu de son mode de vie, on pourrait estimer que Richard a une personnalité borderline. Mais puisqu’il est médecin, plutôt bine inséré dans la vie, et sérieux malgré tout, on devait plutôt incliner vers un diagnostic de trouble bipolaire de type 2. C’est à dire que Richard n’est pas un grand maniaque avec des manifestations psychotiques mais seulement quelqu’un qui présente des épisodes maniaques classiques voire seulement hypomaniaques parfois, un type chez qui l’activité cérébrale déconne totalement, ce qui fait qu’il est totalement et perpétuellement dans les tours.

L’hypomanie est un ensemble de troubles caractérisé par la présence d'une élévation légère, mais persistante, de l'humeur, de l'énergie et de l'activité, associée habituellement à un sentiment intense de bien-être et d'efficacité physique et psychique. Il existe souvent une augmentation de la sociabilité, du désir de parler, de la familiarité, ou de l'énergie sexuelle et une réduction du besoin de sommeil ; ces symptômes ne sont toutefois pas assez marqués pour entraver le fonctionnement professionnel ou pour entraîner un rejet social. L'euphorie et la sociabilité sont parfois remplacées par une irritabilité ou des attitudes vaniteuses ou grossières. Les perturbations de l'humeur ou du comportement ne sont pas accompagnées d'hallucinations ou d'idées délirantes. C'est la plupart du temps, l'état de Richard.

La manie sans symptômes psychotiques se remarque par la présence d'une élévation de l'humeur hors de proportion avec la situation du sujet, pouvant aller d'une jovialité insouciante à une agitation pratiquement incontrôlable. Cette élévation s'accompagne d'une augmentation d'énergie, entraînant une hyperactivité, un désir de parler, et une réduction du besoin de sommeil. L'attention ne peut être soutenue et il existe souvent une distractibilité importante. Le sujet présente souvent une augmentation de l'estime de soi avec idées de grandeur et surestimation de ses capacités. La levée des inhibitions sociales normales peut entraîner des conduites imprudentes, déraisonnables, inappropriées ou déplacées. Dans ses très grands moments, j'ai vu ce cher Richard monter suffisamment dans les tours pour atteindre la manie, mais c'est plutôt rare.

Il existe aussi une manie avec symptômes psychotiques dans laquelle on note la présence, associée au tableau clinique du chapitre précédent, d'idées délirantes (habituellement de grandeur) ou d'hallucinations (habituellement à type de voix parlant directement au sujet) ou d'une agitation, d'une activité motrice excessive et d'une fuite des idées d'une gravité telle que le sujet devient incompréhensible ou hors d'état de communiquer normalement. Fort heureusement, ce n'est pas le cas de Richard.

Richard souffre simplement d’un trouble bipolaire unipolaire. Je ne pourrais affirmer s’il s’agit d’un type 1 ou d’un type 2, mais avec une immense chance, puisque Richard ne connaît que des montées folles de régime, sans pour autant connaître les moments dépressifs. Tout au plus, à certains moments, va-t-il ressentir une forme de tristesse sans gravité, repasser par un court moment de normalité, pour remonter ensuite brusquement dans les tours.


Comme nous l’observions, je fais remarquer à sa copine, que Richard ne peut faire une chose après l’autre, mais toutes en même temps. Ainsi, elle put observer qu’alors qu’il prenait une flûte de champagne sur un plateau d’une main, il prenait aussi un petit-four sur un autre, tandis qu’il se retournait en même temps pour parler à quelqu’un, tout en continuant à parler avec une première personne située devant lui. Sa copine me demande si je pense qu’on devrait le mettre sous thymorégulateur, type lithium ? Je lui réponds, que d’une part, c’est elle le médecin et que je me garderais bien de faire de l’exercice illégal de médecine, et que cela ne me paraît pas à l’ordre du jour parce que même si Richard est parfois un putain de barge, je le trouve aussi parfaitement heureux et intégré dans la vie. Je poursuis en disant, que sa pathologie étant parfaitement compensée, il ne m’apparaît pas utile de lui administrer ce genre de traitement mais qu’à mon sens, quand il vieillira, et qu’il ne pourra plus utiliser sa formidable énergie, il faudra effectivement qu’il se traite.

Elle me demande ce que j’appelle compensation en psychologie. Dans les faits, lui expliquai-je, la pathologie de Richard est relativement grave. Toujours à deux cents à l’heure, il est la plupart du temps en plein accès hypomaniaque avec de brusques et éphémères accents maniaques, ce qui l’empêcherait normalement d’être intégré socialement. Mais, comme c’est un type brillant, il a parfaitement compris que s’il voulait être heureux, il devait aménager sa vie autour de sa pathologie. Il a ainsi choisi les urgences, secteur dans lequel il peut travailler une semaine presque 24h/24H puis bénéficier d’une semaine de repos, ce qui coïncide presque avec sa pathologie et les cycles qu’elle lui impose.

Lorsqu’il est aux taquets, en crise maniaque (ou hypomaniaque), il est parfait pour les urgences. Qu’il s’agisse d’un accident de car avec soixante-dix blessés et vous verrez Richard passer de l’un à l’autre, diagnostiquant brillamment, apportant les premiers soins avec efficacité, orientant les blessés avec une rapidité ahurissante, sans jamais être fatigué. Dans ces cas là, ce type est une machine ! Il faudrait même proposer aux hôpitaux de ne recruter que des médecins ayant des troubles bipolaires pour les urgences ! Jamais crevés, travaillant H24, pas le genre de mecs à aller pleurnicher en cas de canicule !

Il a aussi choisi d’exercer dans une ville de province un peu perdue parce qu’il s’y sent mieux qu’à Paris, alors qu’il est parisien. Dans un grand hôpital parisien, un type comme lui, aurait été perpétuellement sanctionné, tandis que dans son trou, il est parfaitement bien noté, même si ces collègues le jugent totalement barré, tout en le trouvant aussi très compétent et adorable. Enfin, il ne subit pas le regard des autres et peut vivre dans la nature, comme il l’entend. Il a retapé une vieille baraque où il vit un peu n’importe comment. Quand il ne travaille pas, et qu’il est en plein accès maniaque, il peut se défoncer en faisant du sport, randonnée, ski, etc., de manière à consumer sa formidable énergie. Ainsi, comme j’explique à sa copine, Richard est certes un joli cas pathologique, mais suffisamment intelligent pour avoir transformé ce qui aurait pu être une immense souffrance et un grave handicap, en atout. Donc, je ne trouve pas utile de le traiter pour le moment.

Je lui demande alors si elle a vu le joli film, que dis-je l’admirable film de Dino Risi, « Le fanfaron » ? Elle me répond que non, alors je lui explique qu’elle devrait se le procurer rapidement et le regarder en observant précisément le comportement de Vittorio Gassman qui interprète, le personnage de Bruno Cortona. Dans ce film, qui restera à jamais mon préféré (seuls les déjantés maniaques ou dépressifs peuvent l'apprécier), Gassman, interprète avec brio, un personnage ahurissant, toujours en mouvement, irrespectueux, et totalement déjanté. A ce moment survient l’ami Richard nous rejoint de l’autre côté de la piscine et je lui explique que je viens de dire à son amie de regarder ce film, me dit que j’ai totalement raison. Curieusement, il m’explique que c’est son film préféré et il est capable d’en citer des extraits entiers. Il se reconnaît totalement dans le personnage du film et trouve que c’est une excellente manière d’appréhender ce qu’il vit quotidiennement et que les gens ont toujours du mal à comprendre.

Et le plus amusant, c’est que je n’avais jamais fait le rapprochement alors que j’ai du voir cent fois ce film sans me lasser. Il m’a suffit d’observer Richard, gesticulant, de l’autre côté de la piscine, pour constater qu’il était exactement pareil que Gassman dans « Le fanfaron ». Pourvu qu’il puisse toujours vivre à trois cents à l’heure, le plus longtemps possible, sans courir trop de risques, et encore c’est sa vie et il en fait ce qu’il veut, ni surtout en faire courir à son entourage, qu’on lui fiche la paix.

Rien de pire qu’un individu mis sous thymorégulateur sans bonne raison, qui enfin normalisé, ayant adopté des comportements conformes aux attentes de la société, se souvient avec nostalgie, combien les crises maniaques étaient fabuleuses, lorsque pris de folie, les neuromédiateurs s’affolaient dans le cerveau, bouleversant tout, engendrant une incroyable pression aussi fabuleuse que des réacteurs en post-combustion d'un avion au décollage, faisant croire que tout était possible et qu'il pourrait bouffer le monde.

Normaliser à tout prix les gens n’a aucun sens. Dans un monde libre, les malades mentaux ont parfois leur utilité. Les idiots du village trouveront toujours quelque chose à faire pour se rendre utiles et être intégrés à la collectivité et les maniaques pourront toujours exceller aux urgences.

Je souhaite donc à ce cher Richard de pouvoir vivre le plus longtemps possible avec sa pathologie !