31 juillet, 2008

Kirkbride asylums ! Brrr, ça fait froid dans le dos !

Durant la seconde moitié du XIXème siècle, l'État nord-américain engage de fortes sommes d'argent pour la prise en charge des patients atteints de troubles mentaux. Ceux-ci passent progressivement de l'enfermement carcéral à la prise en charge thérapeutique en hôpital spécialisé.

Le Docteur thomas S. Kirkbride (1809 – 1883) est un médecin psychiatre américain de Philadelphie qui a eu une forte influence sur la conception des hôpitaux psychiatriques aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Le terme de Kirkbride Building lui est associé. Selon ce médecin la construction même des bâtiments destinés à recevoir les patients a une influence sur la qualité des soins qui leur sont apportés. Pour ce médecin : "Beauty is therapy", d'où le style architectural recherché des établissements qui portent son empreinte.

Un certain nombre d'hôpitaux psychiatriques construits entre 1850 et 1900 suivent ses recommandations. Le financement important des pouvoirs publics permit de bâtir des ensembles très luxueux pour l'époque.

  • Les hommes et les femmes sont placés dans deux ailes de bâtiment différentes (pas de mixité, ce qui est nouveau pour l'époque)
  • Les locaux administratifs sont au centre du bâtiment
  • Les patients présentant les troubles les plus sérieux sont éloignés des bâtiments administratifs et des patients aux troubles plus légers.
  • Kirkbride recommande de placer les hôpitaux dans un cadre naturel, loin de l'atmosphère viciée et bruyante de la ville.


Ces principes, après avoir connu un certain succès deviennent obsolètes au cours du XXème siècle. Les nouvelles thérapies, l'échec relatif de la « thérapie morale » prônée par Kirkbride, et les coûts importants de maintenance des bâtiments finirent malheureusement (compte tenu de leur richesse patrimoniale) par entraîner l'abandon ou la destruction de ces bâtiments. Tous les hôpitaux de type Kirkbride sont présentés sur ce site qui leur est consacré.

La thérapie de Kirkbride était fortement influence par le "traitement moral", qui était une approche des traitements des désordres mentaux base sur une approche psychosociale, humaine et morale ayant vu le jour à la fin du 18ème siècle et issue des recherches du psychiatre français Philippe Pinel (1745-1826).

Plutôt que d’enfermer les aliénés, en les abandonnant à leur triste sort, ou pire, en leur faisant subir de mauvais traitement, on imagina que d'autres possibilités existaient. C’est à cette époque que les premières thérapies virent le jour.


Aux Etats-Unis, c'est sous l'influence de Dorothea Dix, une institutrice de Boston révoltée parce qu'elle avait vu dans les prisons et les asiles, que le traitement moral verra le jour. C'est elle qui influencera le docteur Kirkbride.

L’irruption des neurosciences et les traitements médicaux de plus en plus nombreux eurent raison de cette approche. A ce jour, les asiles de type Kirkbride buildings restent sans doute les plus beaux établissement hospitaliers jamais construits car leur architecture tient plus des palaces de bord de mer que des mouroirs classiques.

Même si le "traitement moral" était un progrès considérable par rapport aux mauvais traitements que les aliénés enduraient auparavant, cette forme de thérapie ne fit que remplacer les coups par une oppression morale puisque l'on considérait que la personne en souffrance était finalement responsable de son état et qu'il lui appartenait d'en sortir.









La plupart de ces hôpitaux, aujourd'hui désaffectés, sont devenus des lieux morbides et un peu inquiétants qui font la joie des explorateurs urbains qui se plaisent à les visiter et à immortaliser leurs couloirs déserts ou salles de soin délabrées et laissées à l'abandon.

Pour ocnclure, il ne vous reste plus qu'à frissonner en regardant les magnifiques photos présentées ici (Hudson River State Hospital) et .(Greystone psychiatric hospital). Toutes ces photos sont à vendre.

Et pour ceux que cela passionne, sachez qu'il existe de nombreux films tournés dans ces endroits ou témoignages d'anciens patients de ces hôpitaux. La plupart étant en anglais, en français, vous pourrez lire l'excellent polar de Katzenbahc, intitulé "Une histoire de fous", dans lequel le héros est un schizophrène halluciné, interné dans un de ces hôpitaux.



Hudson River State Hospital à Poughkeepsie dans l'état de New York (USA)

30 juillet, 2008

Liquidation avant fermeture estivale !

Aout, la ville est déserte et les hôpitaux aussi !

Il m'est arrivé un drôle de truc. J'ai reçu une patiente que je n'avais pas revue depuis cinq ou six ans. Je me souvenais pourtant parfaitement d'elle. C'était un cas dramatique, le genre de vie où il faut une loupe de diamantaire pour distinguer de bons moments, le type d'histoire personnelle dramatique que vous écoutez en vous demandant ce que vous allez bien pouvoir faire.

Successivement violée par papa puis frappée par les hommes avec qui elle a vécu, elle a enduré à peu près tout ce que la vie recèle d'abject. Elle a malgré tout réussi à faire sa vie cahin-caha. Elle est finalement suffisamment solide pour avancer tant bien que mal, tandis que beaucoup d'autres auraient déjà décidé d'en finir.

A l'époque, nous avions eu un excellent contact, mais c'était une grenade dégoupillée. En l'écoutant, j'avais songé que c'était un cas assez typique de personnalité limite, mais il se pouvait que son cas soit aussi plus complexe. A toutes fins utiles, je l'avais adressé à un psychiatre plus à même d'établir un diagnostic complexe. On pouvait soupçonner un trouble bipolaire, voire une schizophrénie, même si c'était moins probable.

C'était une époque où je pensais encore que tous mes confrères avaient forcément le souci d'autrui. Bien qu'exerçant depuis déjà quelques années, je pensais que les psychiatres étaient globalement d'un excellent niveau. Depuis, j'ai appris qu'à l'instar des plombiers, des mécaniciens, ou des techniciens de hotline, il y en a de bien, de moins bien, de très mauvais voire de très très étranges. J'ai aussi appris que trouver un bon psychiatre, de surcroit conventionné, sur Paris, relevait du parcours du combattant.

J'avais expliqué à cette patiente que n'étant pas hospitalier, je ne me sentais pas capable de l'aider efficacement. La sachant susceptible de piquer des crises, j'aurais préféré pouvoir appuyer sur un bouton pour voir surgir immédiatement un infirmier muni d'une seringue salvatrice. Elle s'était d'abord sentie rejetée. Je me souviens même qu'elle avait pleuré parce qu'elle avait jugé que nous nous entendions suffisamment bien pour qu'elle m'estime capable de l'aider efficacement.

Je lui avais dit que c'était effectivement le cas mais que la base de mon métier était de remplir une obligation de moyens en mettant tout en œuvre pour l'aider, et qu'à ce stade je pensais qu'il lui fallait un médecin. J'avais précisé que par la suite, elle serait la bienvenue dans mon cabinet mais que pour démarrer une prise en charge, il était mieux qu'elle passe par un service psychiatrique. Elle avait compris mes explications et m'avait écouté en allant consulter dans un hôpital. Durant des années, je n'avais pas eu de ses nouvelles. Curieusement, je ne l'avais pas oubliée parce qu'elle était touchante.

Et la voilà qui revient. Elle est toujours aussi jolie mais semble toujours aussi "barrée". J'attends qu'elle se soit assise avant de lui demander qui l'envoie chez moi et ce que je peux faire pour elle. Elle m'explique que c'est son médecin, un praticien hospitalier, qui lui a dit de me consulter, parce que j'étais quelqu'un de très efficace. Elle me donne le nom de ce psychiatre que je ne connais pas mais dont j'ai entendu parler.

Quand je lui demande s'il lui a fait un mot d'introduction, elle me montre un pauvre papier sur lequel il s'est contenté de lui noter mes nom, adresse et téléphone. C'est d'une incorrection totale. Il me balance sa patiente comme un sac de linge sale et à moi de me démerder. Je suis certes flatté de savoir qu'il pense que je suis "très efficace" mais j'aurais aimé qu'il nous témoigne un peu plus de considération à sa patiente et à moi.

J'ai l'impression que son médecin me refile le paquet, comme un mec filerait une moto en pièce détachées dans une caisse à un autre, en lui disant de se démerder mais de ne surtout pas s'inquiéter parce que toutes les pièces sont là. Bientôt, ils déposeront les patients devant la porte de mon cabinet et se tireront en vacances. Enfin, puisqu'elle est là, autant l'écouter.

Sa vie ne s'est pas améliorée. Je pense même qu'elle s'est dégradée. On lui a à peu près tout prescrit, antidépresseurs, neuroleptiques, régulateurs thymiques, etc., sans qu'il y ait de progrès réels. Elle va toujours aussi mal mais reste étonnamment volontaire et courageuse. Quand je lui demande quel diagnostic on a établi elle me sort un truc aberrant.

Elle serait d'après le médecin qui la suit, bipolaire tout en ayant "un début de schizophrénie". Dans ma grande naïveté, je n'imaginais pas qu'on puisse avoir un début de schizophrénie ; je pensais qu'on l'était ou non. Dans tous les cas, le psychiatre est content, il a trouvé une petite boîte où la ranger ; il en a même trouvé deux. Cette patiente fait partie des nomades de la psychiatrie, qui se voient attribuer un diagnostic par médecin consulté, jusqu'à ce que l'un d'eux, plus malin que les autres, trouve enfin ce qu'ils ont.

Mais humble par nature, je ne vais pas remettre en cause ce diagnostic et surtout pas devant elle. Je me contente de lui dire qu'avec son autorisation, j'aimerai m'entretenir prochainement avec le psychiatre qui la suit pour avoir plus de précisions.

Elle accepte mais m'explique aussitôt que son médecin part en vacances dans quelques jours et qu'il est injoignable. Effectivement, je n'arrive pas à le joindre au téléphone. La patiente est dans un état de stress terrible. Elle est agitée, anxieuse et me raconte ses dernière aventures évidemment dramatiques.

Je parviens à bien "accrocher" avec elle mais me demande ce que je peux en faire. Elle est dans un tel état que je ne vois pas comment elle pourrait suivre une thérapie qui ne peut se faire dans l'urgence. J'ai l'impression de tenir par la main un enfant incapable de s'assumer dont je vais devoir m'occuper.

L'agitation de cette patiente est telle que je crains même le raptus suicidaire, ce suicide rapide qui intervient lors de crises d'angoisse subites. Pour moi, le suicide est la crainte absolue alors, avant de m'installer, je me suis beaucoup documenté sur le sujet. Je ne suis pas à l'abri d'un tel acte parce que je ne passe pas ma vie derrière les gens. Mais je crois que si cela devait malheureusement se produire, je pourrais me dire que ce n'est pas du à ma négligence.

Alors, je vais tenter quelque chose pour elle. Non, que je me sente compétent pour la traiter ou l'aider efficacement. Mais bon, en interrogeant mon réseau, je devrais pouvoir trouver une solution d'attente, un endroit où elle sera accueillie jusqu'à ce que mon confrère daigne me dire en quoi je peux être utile à son rétablissement.

Me voici encore face à cette même grenade dégoupillée qui demande qu'à exploser, sans rien. Pas un mot, pas une explication, rien du tout, juste le paquet qu'on m'adresse et hop, à moi de me débrouiller.

Le mois d'août est agréable à Paris : personne pour vous ennuyer et vous pouvez y flâner comme un touriste pour redécouvrir la ville. Ce mois est pourtant cruel pour ceux qui sont victimes des départs en vacance de ceux qui en avaient la responsabilité.

La capitale désertée ne réserve ses charmes qu'aux bien-portants mais pas aux vieillards ni aux malades.

Je suis un ami de Pierre Bonte et je ne le savais pas !

Pierre bonte s'intéressant encore à des gens auxquels personne ne s'intéresse !




Gentillesse, nom féminin : Qualité de quelqu'un qui est gentil Synonyme : amabilité
Gentil, adjectif : aimable, attentionné, charmant, sympathique, bienveillant.

Je connais Pierre Bonte, enfin pas vraiment, juste son fils spirituel. C'est Olive, mon copain riche qui a réussi dans la vie et roule en Touareg W12.

Ce soir, Olive, GCM et Jeff le corse passent à la maison. Jeff le corse doit autant à sa petite taille qu'à ses origines une susceptibilité étonnante. Quoique l'on dise, tout est interprété.

Ce soir, nous parlant d'une soirée récente, il nous explique qu'Olive se serait méchamment moqué d'un ami commun en lui posant des questions saugrenues sur son métier. Pour lui, de telles questions étant dénuées d'intérêt, elles ne peuvent être le fait que d'un esprit moqueur et sadique.

GCM, mon épouse et moi, avons défendu Olive. C'est vrai que pour qui ne connait pas Olive, il pourrait sembler curieux. Face à un maçon, il s'intéresse au ciment, à un électricien, à la section des fils électriques, etc. Olive, centré sur les autres et à leur écoute, est un vrai facilitant, le mec gentil qui valorise les autres en s'intéressant sincèrement à eux. Lorsqu'il m'arrive de trouver un type nul, il y a fort à parier qu'Olive l'ai trouvé intéressant malgré tout.

C'est vrai que dans notre société dure où seuls les méchants ont la parole, Olive détonne. Imaginez que vous fassiez un des pires métiers au monde, du type syndic de copropriété ou ramasseur de vomi, et bien Olive vous parlera, s'intéressera à vous et vous posera des tas de questions.

Si vous êtes syndic de copropriété, il se passionnera pour la loi SRU et vous demandera même si la mise aux normes des ascenseurs est en route ou les diagnostics de désamiantage sont courants. Si vous êtes ramasseur de vomi, il se passionnera évidemment pour la serpillère et le seau que vous employez et s'enquérera de tous leurs aspects techniques.

Alors évidemment, vous vous demanderez si vous avez face à vous quelqu'un qui se fout de vous, parce que de mémoire, vous n'avez jamais rencontré de personne s'intéressant ainsi à vous et à vos petits soucis. Vous le regarderez, vous ne décèlerez rien et vous vous direz que soit Olive est vraiment un menteur professionnel capable de dissimuler sa rouerie derrière une façade avenante ou alors que vous avez face à vous le mec le plus sympa du monde.

Bientôt si vous n'êtes pas paranoïaque vous comprendrez qu'Olive est sincère et qu'au moins durant l'espace d'une soirée, quelqu'un se sera intéressé à vous. D'ailleurs ne vous y trompez pas, si vous lui avez parlé du ramassage de vomi, de votre serpillère et de votre seau, soyez sur qu'il parlera de toutes ces connaissances importantes à ses proches. Ainsi, un soir Olive me dira : "tiens tu sais j'ai rencontré un mec qui fait un boulot pas possible, il ramasse du vomi". Et ensuite, il m'expliquera de long en large ce que vous faites, comme s'il voulait me recruter, allant jusqu'à me parler du diamètre du seau. Et finalement, c'est assez rigolo à écouter parce qu'Olive raconte bien les choses et peut rendre intéressants des trucs à priori sans intérêt.

Il se trouve que dans ce monde de brutes, les gens comme Olive sont rares. Enfin, les vrais facilitants ne sont pas si rares en fait, mais ceux qui assument le fait d'être gentil le sont, surtout chez les hommes. Les hommes préfèrent, pour sauvegarder leur sacrosainte virilité, prendre l'allure de méchants. Ceux qui sont gentils, ne le monteront pas parce que pour un homme, gentillesse rime forcément avec faiblesse.

Parce qu'une fois pour toute, les hommes ont décidé que la gentillesse était l'apanage des femmes. Le gentil, c'est forcément la bonne grosse poire, le bon gros crétin qui se fera toujours avoir. Etre gentil rime avec "être bien brave". Je me souviens quand j'étais beaucoup plus jeune, pour rien au monde, je n'aurais avoué que j'étais gentil.

Plutôt crever ! J'étais juriste, ma première profession, et je vivais planqué derrière mes codes. J'étais le mec froid. J'ai depuis appris, qu'être gentil c'était avant tout être bienveillant et que gentillesse ne rimait pas forcément avec faiblesse. D'ailleurs, je connais des tas de gens faibles qui ne sont pas gentils. Parce que la gentillesse peut prendre l'aspect d'une pseudo-gentillesse, auquel cas, elle est employée par des types qui sont incapables de s'affirmer.


Le problème vient aussi souvent du fait que les gens ne croient pas à la gentillesse spontanée, qu'ils imaginent toujours dissimuler quelque calcul. Le proverbe "trop poli pour être honnête" a la vie dure. Olive en a souffert ce soir parce qu'il n'a pas pu se défendre. Quoiqu'il ait dit, il est resté suspect de machiavélisme.

Jeff se remémorant cette conversation durant laquelle Olive posait des questions sur le métier basique d'un convive, reste persuadé qu'il se moquait de lui, feignant de s'intéresser à lui pour s'en moquer, un peu comme si ce convive avait joué le rôle de Villeret dans Le diner de con. GCM, mon épouse et moi, avons beau eu lui dire qu'Olive avait été sincère, Jeff n'en démordait pas. Pour lui Olive n'avait pas témoigné de la gentillesse mais feint la sympathie pour se moquer du convive. Chacune des questions d'Olive était pour Jeff autant de banderilles plantées dans l'amour-propre du convive.

A la fin, Jeff excédé était persuadé que nous formions une sorte de coalition de méchants qui protégeaient Olive. Il en venait à soupçonner quelque complot destiné à dissimuler la noirceur d'âme d'Olive. Nous avons beau eu dire sur tous les tons qu'Olive était comme cela, gentil, et que ses questions à ce convive furent sincères, Jeff n'a pas voulu le croire. Tant et si bien, qu'il s'est levé, nous a salué et est parti. Jeff est un peu coutumier du fait, alors ce n'est pas très grave.

Je plains ce pauvre Jeff. D'une part parce qu'il va se taper un sacré mal detête. Parce que malgré tout, il aime bien Olive et que cela va être dur de défendre deux points de vue inconciliables. Soit Olive est quelqu'un qu'il apprécie, soit c'est un salaud qui feint la gentillesse. Alors bonjour la dissonance cognitive pour Jeff parce que traiter mentalement deux informations antagonistes n'est pas facile.

D'autre part, l'orgueil monumental de Jeff va en prendre un coup. Parce que si Olive est un salaud, cela signifie qu'il s'est trompé en le trouvant sympa. Et personne n'aime se tromper à ce point et découvrir que le type que l'on croyait sympathique n'est qu'une brute cynique, et Jeff moins que tous.

Enfin, si Jeff parvient à notre conclusion, à savoir qu'Olive est véritablement un type gentil et que ce soir là, en interrogeant le convive sur son métier, il était sincère et ne se moquait pas de lui, c'est lourd de conséquences. Parce que, s'il a pu imaginer qu'Olive ne pouvait pas s'intéresser sincèrement au métier de ce convive, cela signifie que pour Jeff, le métier de ce type était sans intérêt et ne valait pas qu'on s'y intéresse et que toute question ne pouvait être que superflues. Dans ce cas, ce n'est plus Olive le type méchant, mais Jeff qui méprise ce convive auquel il dénie même le droit d'intéresser les autres.

Jeff est pris dans un piège abscons terrible. Plutôt que douter raisonnablement de son jugement en écoutant nos arguments, il s'est enferré à un point tel dans son erreur, qu'il nous avoue ipso facto que c'est lui le salaud, qui est persuadé à un tel point qu'un type est sans intérêt que tout intérêt qu'on lui porterait est suspect. Pauvre Jeff qui voulait jouer les gentils et se déclare comme étant le pire de tous en voulant jouer les gentils. Pascal avait raison en déclarant que "qui veut faire l'Ange fait la bête" (Les pensées).

A un moment donné de la conversation, GCM a demandé à Jeff s'il souvenait de Pierre Bonte dans Le petit rapporteur ou d'autres émissions. Jeff s'en souvenait comme tout le monde. Vous voyez qui est Pierre Bonte ? Non ? Mais si, c'est ce type mince, chauve et si sympathique dont la gentillesse naturelle lui permet d'entrer en contact avec les humbles en les valorisant sincèrement.

Pierre Bonte, c'est l'anti-people. Ses stars à lui, ce sont des quidams habituellement ignorés de tous. Et Pierre Bonte ne se moque pas d'eux comme le ferait Strip-Tease, l'émission qui plait aux méchants. Non, Pierre Bonte s'intéresse à eux de manière spontanée et naturelle. Et même s'il peut s'amuser, on sent que c'est dénue de méchanceté. Et effectivement Olive est un peu comme lui.

Rappelons que l'on peut sincèrement s'intéresser à la Tour Eiffel en allumettes qu'un type construit sans pour autant le prendre pour un con. Olive serait out à fait capable de cela. Ensuite il nous raconterait les exploits de ce bâtisseur.


C'est amusant que Jeff, individu pourtant brillant, qui se voulait le héraut des obscurs et des sans grades ait commis une telle faute. Parce qu'en voulant prendre la défense d'autrui, il nous a simplement avoué que pour lui, ces humbles n'étaient pas dignes de l'intérêt qu'on leur portait, lequel resterait toujours suspect et assimilable à de la moquerie. L'orgueil est vraiment la voie de la perdition. Je n'aimerais pas que Jeff vole à mon secours.


Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtement de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.
Saint-Mathieu 7-5


Le petit rapporteur - Mr Liochon

28 juillet, 2008

Un peu de recherche fondamentale !

Les dictateurs l'on bien compris : des vestes dotées de cols hauts permettent
de dissimuler le bourrelet de cou révélateur!


Mon article précédent dans lequel je relate le mariage de l'ami Sean a eu des conséquences inattendues.

J'y développais en effet qu'il pourrait y avoir une corrélation nette entre la présence d'un bourrelet de cou, situé à l'arrière de la tête, au niveau de la nuque d'un individu, et des traits sociopathiques. Ayant réfléchi à la question, j'ai même noté que l'acteur Bernard Blier commença dans des rôles de cocu (Quai des orfèvres en 1947, Manèges en 1948) avant de terminer dans des rôles de tenancier de bordel (Le cave se rebiffe en 1961), de méchant flic (Le grand restaurant en 1966) puis de grand patron cynique (Tout le monde, il est beau, tout le monde il est gentil en 1972).

Gageons que si ce grand acteur avait vécu plus longtemps, il aurait pu embêter l'actrice Ingrid Chauvin dans une saga de l'été dont France 2 a le secret, et qui nous laisse chaque fois pantois de tant de créativité. Par exemple, j'aurais bien imaginé Bernard Blier campant un promoteur véreux, acoquiné à un élu UMP (mais ex-Front National), s'accaparant un orphelinat pour petits diabétiques tuberculeux étrangers situé dans la garrigue afin d'y édifier des logements de luxe, construits au mépris de toutes les règles d'économie d'énergie et de la loi Littoral, pour financiers cupides s'étant odieusement enrichis en fourguant des subprimes à des pauvres gens !

La photo du suspect ! Chacun se rappelle de son bourrelet de cou !

Outre le fait que je possède une puissante culture cinématographique et un réel talent pour écrire des fictions pour France2 dans le cadre de l'exception culturelle française, vous aurez aussi noté que je ne recule devant aucune observation scientifique pour tester mes hypothèses de travail. En effet, il y a une corrélation très nette entre l'apparition du bourrelet de cou chez Bernard Blier et l'obtention de rôles de salauds chez cet acteur. Tout ceci en serait resté là, et j'aurais sans doute eu d'autres idées merveilleuses, si je n'avais pas eu une curieuse expérience.

En début d'après-midi, alors que j'étais passé faire un petit "coucou" à Laurence sur MSN, cette dernière pencha la tête en arrière et se tata la nuque. Puis, se tournant vers la cam en relevant ses cheveux m'a demandé si elle avait un bourrelet de cou. Elle semblait si inquiète que je l'ai aussitôt rassurée.

D'une part, d'après ce que j'ai pu observer à la cam, Laurence n'a pas de bourrelet de cou. Je suis prêt à l'attester par écrit sur papier à en-tête. D'ailleurs si Laurence peut avoir un sale caractère, je n'ai jamais remarqué de cruauté gratuite. A l'instar de ces petits terriers bagarreurs et acharnés, Laurence ne montre les dents que si on l'ennuie.

Ainsi, ce n'est pas parce qu'elle s'ingénie à maltraiter les gens de la hotline de Free qu'elle est sociopathe : elle a ses raisons. Il suffit de téléphoner à l'un de ces clampins, de lui expliquer votre sérieux problème et de l'entendre vous demander pour la centième fois, si "ce ne serait pas le filtre", pour avoir envie de cogner. Toutefois, je déconseille fortement à Laurence d'aller faire un tour à Casablanca car sa tête doit y être mise à prix.


Pour replacer les choses dans leur contexte, je précise que cette idée de corrélation entre la présence d'un bourrelet de cou et des traits sociopathiques, n'est qu'intuitive et ne repose aucunement sur les résultats d'une étude scientifique. Il se pourrait que j'aie tort et que la présence d'un bourrelet de cou, ne soit pas la preuve d'un caractère cruel et sanguinaire.

D'autre part, il ne s'agit pas de tout mélanger, ni de s'alarmer pour rien, mais préalablement de bien définir le bourrelet de cou. Le bourrelet de cou est une sorte de masse circulaire et molle dont la présence apparait même lorsque la tête est portée droite.

Précisons ainsi que lorsque l'on penche la tête en arrière, il se peut qu'il existe une protubérance ayant les caractéristiques apparentes du bourrelet de cou, sans en être un ! Dans ce cas, il s'agit alors d'un simple plissement dont la présence est normale et ne prédispose pas à la cruauté.


Dès septembre, j'animerai un Séminaire sur le Bourrelet de Cou (Le SBC Tour) au cours duquel, vous pourrez prêter vos nuques à mes doigts experts afin que je vous dise si vous disposez ou non d'un tel bourrelet. Pour les plus timides, je proposerai aussi des séances individuelles qui auront lieu à mon cabinet. Bien entendu, les honoraires seront à la hauteur de la complexité de la tâche.

Enfin, si alarmés par la conjonction de l'énorme audience de mon blog et cette découverte fascinante, vous êtes persuadé que vous avez un bourrelet de cou et que tout le monde va ainsi deviner votre sociopathie, ne paniquez pas ! Portez les cheveux longs sur la nuque ou une grosse écharpe de laine et tout ira bien. Mieux vaut avoir une coupe de hard-rocker ou jouer les frileux en plein été que d'exposer à la vue de tous vos traits sociopathiques, lesquels ne sont utiles que s'ils sont dissimulés.

Souvenez-vous que ce qui fait le succès d'un homme politique ou d'un tueur en série, c'est le fait que sa victime puisse lui faire entièrement confiance de prime abord. Ce n'est qu'une fois maîtrisée que la victime comprend qu'il ne fallait pas faire confiance au sociopathe. Mais là tout est fini, soit vous mourrez après avoir été violé et torturé, soit vous serez soumis à des impôts iniques et à des décisions aberrantes.

Enfin, ne vous alarmez pas inutilement car on peut faire sa vie en étant cruel, les professions ne manquent pas. Dans quelques années, si la chance vous sourit et que vous avez su utiliser vos traits sociopathiques, il se pourrait même que nanti, repus et décoré de la légion d'honneur, vous puissiez exhiber fièrement votre bourrelet de cou !

27 juillet, 2008

Sean s'est marié !

Sean le terrible !

Ceux qui me lisent depuis longtemps connaissent bien mon ami Sean, le slave fou au prénom irlandais. Il s'est marié ce matin dans une mairie d'arrondissement parisien. Rendez-vous était pris à onze trente mais Sean était en retard comme d'habitude.

La salle des mariages, comme souvent à Paris, était superbe. En attendant que l'élu veuille bien apparaître, je me suis amusé à chercher la photo de notre bienaimé Président. Et, c'est cachée derrière de lourdes tentures que je l'ai trouvée : manifestement, ici on n'aime pas trop le petit Nicolas. Le pauvre petit était donc relégué à un endroit où l'on ne pouvait pas le voir, à moins d'être préposé à l'entretien des vitres.

Pour ma part, et au-delà de tout parti pris politique, je comprends cette démarche visant à dissimuler cette ridicule photographie. Refusant tout net de me marier sous le regard du précédent Président Chirac, c'est aux États-Unis que je suis allé convoler. Si un jour, je suis élu maire, ma première mesure sera de planquer la photo du président en exercice dans un local technique quelconque à l'abri de tout regard. Emporté, que dis-je, dépassé par mon succès inespéré, ma seconde mesure sera de faire un coup d'état dans le genre de celui du 2 décembre 1851, de me faire sacrer empereur, puis de faire sécession. Ensuite, à moi la vie de satrape !

Minuscule Néron des temps moderne, j'exercerai un pouvoir fort basé sur l'accomplissement de mes volontés et caprices les plus fous. Je descendrai ainsi une fois par mois, la rue principale en Microcar RJ49 salué par la foule. Une fois les habitants pressurés, tondus, vidés, spoliés, humiliés et volés, las de ce pouvoir et menacé d'être traduit devant le TPI comme un vulgaire dirigeant Serbe, je m'enfuirai en Amérique du Sud au moyen d'un Learjet85 peint en noir mat et dépourvu d'immatriculation, où je coulerai une retraite paisible sous un faux nom. Il se peut alors que dans mon palais de marbre perdu en pleine jungle, je me mette à méditer sur ce que fut ma vie en faisant mon examen de conscience. J'aurais pu rallier l'UMP en vieux cacique repenti, mais je préfère la solitude de mon palais de marbre.

Mais laissons de côté mes rêves fous de pauvre type frustré ayant juré de se venger de ses humiliations, et revenons aux épousailles de Sean. L'élue faisant fonction d'officier d'état civil qui a présidé à la cérémonie valait son pesant d'or. Coiffée comme un dessous de bras et attifée comme l'as de pique, c'est en pauvresse digne d'un roman de Zola que l'élue avait choisi de se présenter face à ses administrés. Heureuse de ce qu'elle avait sans doute trouvé aux soldes de Vêtimarché et de Kiabi, à moins que ce ne soit en fouillant dans les sacs de la Croix Rouge ou du Secours Populaire, elle est entrée souriante dans la salle des mariages.

Après avoir expliqué que la cérémonie se plaçait sous les bons auspices de la République, un peu comme un curé rappellerait que son église est la maison de Dieu, l'élue annona un discours vide d'une voix morne, n'omettant pas de rappeler les articles du Code civil relatif au contrat de mariage. A ses côtés, une sorte de Pierrot lunaire gavé de neuroleptiques, si j'en crois sa gestuelle ralentie et ses tic nombreux, coiffé comme le Pierre Richard des grandes années, faisait office de greffier.

La cérémonie dénuée de toute pompe et solennité était barbante à souhait. Sean ayant revêtu un joli costume, ayant pour une fois discipliné les poils blonds qui ornent son chefs, et Madame Sean, toute mignonne dans sa jolie robe blanche, faisaient vraiment tâche face aux gueux représentant la puissance publique. Si vous décidez de vous marier en été dans cette mairie, ne faites pas de frais de toilette : se présenter en short et tongues ne jurera pas.

Moi j'étais subjugué par l'incroyable volume de la très grosse tête de Sean que j'apercevais de dos. J'ai même noté qu'il avait un mince bourrelet de cou. C'est rigolo les mecs qui ont des bourrelets de cou. Dans les films, vous pouvez être sur qu'un type qui a un bourrelet de cou est forcément un dominateur sanguinaire dénué de toute empathie qui pratique soit le trafic de drogue ou d'armes, à moins qu'il ne soit promoteur immobilier et acharné à déloger des pauvres ou encore à détruire un petit mas provençal super joli pour y implanter une usine d'incinération d'ordures. D'ailleurs ça ne trompe pas, dans les sagas de l'été, le mec qui a un bourrelet de cou, s'ingénie toujours à ennuyer la jolie Ingrid Chauvin.

Ingrid Chauvin clamant son ras-le-bol des hommes à bourrelet de cou !

Curieusement, Sean a un bourrelet de cou et est dénué d'empathie. Il y a peut-être une recherche à faire sur ce sujet dans la mesure ou le bourrelet de cou pourrait être corrélé à des traits sociopathiques. Ceci étant dit, dans le privé Sean est un garçon charmant. Il n'y a que dans les rapports professionnels que c'est un prédateur. C'est curieux, c'est un peu comme les pitbulls et les dobermans, qui peuvent s'avérer affectueux avec leurs maîtres mais dévorer le premier enfant venu. Il faudra que je vérifie si les chiens les plus dangereux ont aussi un petit bourrelet de cou. On pourrait faire de la prévention efficace en fichant tous les individus, humains ou canins, présentant un bourrelet de cou !

A un moment donné, un peu inquiet, je me suis même tâté l'arrière du cou et j'ai constaté que je n'avais pas de bourrelet de cou : je suis un mec bien. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai immédiatement songé que sur la grosse tête carrée plantée de cheveux blonds et courts en épis de Sean, ne manquait plus qu'une belle casquette plate de VOPO Est-allemand. Ah les beaux trafics qu'il aurait pu faire et la cruauté qu'il aurait pu investir dans cette noble profession. C'est à en regretter la chute du mur de Berlin en 1989. Décidément, feu le communisme permettait aux plus cruels d'entre nous, de belles carrières.

A la fin de la cérémonie, une fois les époux déclarés unis par les liens du mariage, un ami africain expliqua que même dans un village de brousse de son pays, le représentant de l'état aurait eu plus de dignité. Ce à quoi, Toju qui était le témoin de Sean répliqué que cette cérémonie était à l'image de notre beau pays. Il n'a sans doute pas tort. Ceci dit de l'avis d'autres invités au mariage, il se peut que cette femme ait été une élue verte ce qui l'excuserait, puisque selon ces personnes, les verts sont toujours vêtus comme des sacs, à croire que ce serait même une preuve de leur engagement citoyen.

Moi, je n'ai (presque) rien dit parce que je sais me tenir et puis parce que j'étais content que Sean ait trouvé une épouse. J'ai juste adressé mes vœux les plus sincères de bonheur aux jeunes mariés, qui s'envolent demain pour les États-Unis en voyage de noces. Après avoir écumé les interstates de Californie et du Nevada au volant de sa Mustang Shelby de location, gageons que Sean nous reviendra frais et dispos pour de nouvelles aventures au cours desquelles il licenciera encore des tas de gens ! Et comme Sean a eu une belle promotion, ce n'est plus un simple régiment qu'il pourra décimer mais une division toute entière.

Sympathiques VOPO défilant à Berlin Est !

25 juillet, 2008

Bis repetita !

Sauvez vos enfants, roulez en Microcar RJ49 !

Voici un peu plus d'un an, j'avais commis un article traitant de la mort d'un enfant dans une voiture laissée au soleil. L'an dernier, il s'agissait d'un enfant de quinze mois. Cette année, à une semaine d'intervalle, ce sont deux enfants, l'un de deux ans et demi, l'autre de trois ans, qui sont décédés de cette manière.

Le père du premier est pharmacien, tandis que l'autre est cadre chez Areva. On ne peut donc pas plaider une mauvaise insertion ou de graves troubles psychologiques pour expliquer ces erreurs. Il faut donc s'interroger pour savoir pourquoi ce genre de choses arrivent toujours à des pères, qui par ailleurs, comme en témoignent les éléments d'enquête, aiment leurs enfants.

Ainsi, tandis que les mauvais traitements sur enfants doivent être équitablement répartis entre hommes et femmes, il semblerait que ces oublis dramatiques soient uniquement le fait d'hommes. Peut-on expliquer ces oublis par des différences biologiques entre hommes et femmes, qui feraient de nous, pauvres mâles, des individus monotâches incapables de traiter deux informations à la fois telles que : déposer l'enfant à la crèche et aller au travail ?

C'est à mon sens l'explication la plus simple. Une lectrice, dans un commentaire me dit que cette explication est grotesque et qu'il ne faut pas se référer à la biologie, sous peine de faire du John Gray, auteur prolifique connu pour son célèbre Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus. Selon cette lectrice il faudrait mettre des sociologues sur le coup.

Ce fut fait bien souvent. Quoiqu'en vérité, ce soit un travail de psychologue aussi. Car bien entendu, s'agissant de sexe et plus encore de genre, on se demande toujours si les différences entre hommes et femmes sont culturelles ou biologiques. C'est une question logique que de se demander si on est confiné dans un rôle par déterminisme biologique ou simplement du fait de la culture.

Dans ce débat il est certain que les femmes désirant accéder à l'autonomie (ou celles qui en veulent aux hommes du fait de leur expérience) auront intérêt à combattre le primat du biologique pour expliquer que les rôles furent fixés par la culture et non par la nature. A l'opposé, les hommes, bien que finalement je pense que la plupart d'entre nous s'en moquent, auront intérêt à penser que ces différences sont biologiques ce qui leur épargnera les corvées de vaisselles et de lessives pour lesquelles ils ne s'estimeront pas préparés.

Des tas de recherches ont lieu sur ce sujet. De nombreux auteurs généralement anglo-saxons penchent pour une différence biologique. En revanche, certains auteurs français que j'ai lus rejettent ce concept. On pourra se demander dans un pays à la judiciarisation galopante, si la science lorsqu'elle traite de ces sujets, peut encore être indépendante. Je n'ose imaginer ce que deviendrait les subventions d'un chercheur qui trouverait de manière définitive qu'il existe des différences biologiques fondamentales entre hommes et femmes expliquant l'essentiels nos comportements. Après avoir été accusé d'être membre du Front National, on chercherait s'il ne fait pas partie d'une secte, puis on lui trouverait des accointances avec notre Président et enfin, des manifestations auraient lieu sous ses fenêtres. A la fin, face aux caméras de France 3, un quidam en viendrait même à dire qu'il ne s'étonne pas que ce chercheurs ait affirmé de telles choses puisqu'il l'a vu fumer une cigarette !

Alors certes, tout n'est pas si tranché. On pourrait ainsi dire qu'en matière d'accident domestique, les hommes et les femmes se partagent sans doute la palme de la distraction. Un manche de casserole qui dépasse de la gazinière, un cordon d'un fer à repasser branché, un fusil chargé, un outil tranchant qui traine et c'est l'accident assuré. Mais avouez, que ces accident domestiques, même s'ils ont des conséquences dramatiques, sont loin du fait d'oublier, oui d'oublier, son enfant dans une voiture. Dans un cas, on oublie le danger potentiel d'un objet, dans l'autre cas, c'est carrément l'enfant qui est passé à la trappe.

Pour ma part, mais ce n'est qu'intuitif, je pense très clairement que des différences biologiques existent et peuvent expliquer des comportements parfois différents entre homme et femme. Ces dramatiques oublis d'enfants, pourraient ainsi s'expliquer de cette manière sans qu'il ne soit besoin de psychologiser. On pourrait par exemple imaginer que les hommes sont généralement monotâches et plus axés sur certaines tâches que celles ayant trait aux enfants. On notera d'ailleurs que ces dramatiques oublis interviennent toujours alors que le père travaillait, comme si la garde de l'enfant était venue entraver une routine quotidienne. C'est à mon sens une piste à explorer.

Je pourrais rajouter qu'ayant eu l'occasion d'être face à l'anatomie féminine, j'ai cru discerner chez ces dernières des glandes mammaires largement moins rudimentaires que les notres, dont la fonction semble-t-il est de produire du lait destiné à alimenter le nourrisson. De lointains cours d'anatomie, je me souviens aussi que nos compagnes sont dotées d'un utérus qui je crois est destiné à recevoir l'ovule fécondé et ce, jusqu'à ce que l'enfant en soit expulsé.

Simpliste comme je le suis, j'en déduis donc que biologiquement, il y aurait comme un léger avantage concurrentiel chez nos compagnes pour s'occuper de notre progéniture. De là à imaginer que ces dernières bénéficient d'atouts dont nous sommes dépourvus pour l'élevage des jeunes, il n'y a qu'un pas que je franchis allègrement. Ceci étant dit, j'admets que dans des populations masculines et féminines, il puisse y avoir des individus dont le fonctionnement soit plus proche de celui généralement observé chez le sexe opposé ; entre le blanc et le noir existe le gris et même le gris clair et le gris foncé.

Bien sur, n'étant pas spécialiste de tout ceci, ce ne sont que des intuitions. Mais depuis qu'en 1981 ce cher neurophysiologiste américain Robert W. Sperry a obtenu un prix Nobel de médecine pour ses découvertes sur l'asymétrie hémisphérique, j'ai tendance à croire que mes intuitions sont justes. Ce sont même des fulgurances. On me présume même parfois orgueilleux à cause d'elles.

Rappelons que Sperry découvrit ce que l'on peut résumer très schématiquement de la manière suivante : il existerait deux types de fonctionnement cérébraux : l'un plutôt intuitif et global, l'autre plutôt analytique et séquentiel.

J'appartiens sans conteste au premier groupe. Partant de cela, je me dis que généralement, qu'il s'agisse de laver ou repasser du linge délicat ou de s'occuper d'enfants en bas-âge, il ne faut pas faire confiance aux hommes.

S'agissant d'enfant à emmener à la crèche, testez d'abord votre mari avec un baigneur en celluloïd, le risque est moins grand. Et si décidément, il est trop tête en l'air et s'obstine à oublier le baigneur dans la voiture, exigez qu'il s'achète un cabriolet avant de lui confier vos bambins.

Oubliez vos enfants dans la voiture en toute quiétude !

21 juillet, 2008

Succès !

Microcar RJ49 série limitée "Renaud" qui carbure au Ricard ! Modèle très rare !

Je n'avais rien de précis à faire alors, j'ai fait le test. J'ai tapé Microcar RJ49 dans Google. Et vous savez quoi ? Mon blog arrive en quatrième position. Ah la la, la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue sans de tels petits succès ?

Il faut dire que je n'ai pas grand mérite puisqu'à part ce site (je vous mets le lien où il parle exclusivement de la Microcar RJ49), je suis l'un des seuls à vous parler de voiturettes. Ceci dit, je dois être le seul site traitant normalement de psychologie à aborder AUSSI les voiturettes.

Généralement, les gens exerçant ma profession sont assez mal vus. Disons que soit on nous idolâtre parce qu'on imagine qu'on connait des tas de trucs cachés, alors qu'en fait, tout ce qu'on sait, on l'a appris dans des livres en vente libre et non dans de vieux grimoires. Soit, on nous déteste parce qu'on prétend que les psys sont des dingues ou des gens qui enculent les mouches. Mais ça, je peux le comprendre si on déjà entendu parler Gérard Miller.

Par exemple, une fois que je buvais un coup (un café en fait) dans mon rade favori, un type qui était au comptoir ayant appris ma profession je ne sais comment, m'a dit que les psys étaient des cons à demi-fous. Moi, je me la suis joué Cyrano de Bergerac face à ce quidam. Je lui ai dit que certes j'étais à demi-fou mais que s'il m'avait bien observé il aurait vu que j'étais tabacomane, caféinomane et qu'en plus j'avais des kilos en trop, comme quoi son diagnostic était lacunaire. J'étais tellement emphatique et en verve que ce pauvre pochetron n'a rien trouvé à dire. Il a grommellé, a replongé son nez dans son le demi et a finalement fermé sa gueule. Putain, que j'ai été grand sur ce coup-là ! tiens rien qu'en y repensant, j'en ai les larmes aux yeux. Ce serait maintenant, je rajouterai qu'en plus, je roule en Microcar RJ49 ! Mais à l'époque, je n'avais pas cette lubie, aussi n'en ai-je rien dit.

Tout cela pour vous dire qu'on n'a pas forcément bonne presse. Alors comme ici, je viens pour me détendre mais aussi pour vous détendre, je ne veux surtout pas m'étendre sur des trucs super lourdingues. C'est pourquoi, j'ai abordé les voiturettes et notamment la Microcar RJ 49 qui est sans doute l'un des projets les plus aboutis en termes de design industriel.

Et tout cela porte ses fruits puisqu'alors même que la plupart des gens sont en vacances, je parviens quand même à me taper près de 250 connections par jour et qu'en plus, sur Google, j'arrive quatrième quand on tape "Microcar RJ49". Tenez, j'ai même une lectrice qui a demandé à sa fille de lui imprimer et de lui envoyer mes articles par la poste. Qui est-ce ? Vous ne le saurez pas, sachez simplement que c'est une femme qui décore des boîtes de thon dans l'est de la France. Sachez aussi que cette dame obtint sont permis de conduire tardivement et qu'elle aurait pu rouler en Microcar RJ49.

Alors si ça, c'est pas un succès éblouissant, je n'y connais rien ! Mais bon, comme j'ai noté qu'une lectrice se passionnait pour la dysmorphophobie, je crois que prochainement, je me fendrai d'un article sur le sujet ! Parce qu'il n'y a pas que la Microcar RJ49 dans la vie !

Microcar RJ49 break ! Ouahhhhhh ! Pratique pour aller tuer des animaux le week-end !

Gestation pour autrui !


Voici déjà bien des semaines que le débat sur les mères porteuses a fleuri. Je n'en avais pas parlé moi qui parle de tout et n'importe quoi. C'est une erreur que je corrige aujourd'hui même parce qu'il n'y a aucune raison que je ne mette pas mon grain de sel.

Ce truc qui existe chez nos voisins, est interdit chez nous. Pourquoi ? Je n'en sais rien. Est-ce parce que nous sommes toujours à la traîne ou bien parce que nos élus prennent leur temps pour réfléchir à ce qui est bon ou non pour nous.

Toujours est-il que la gestation pour autrui, puisque c'est le terme juridique adéquat, est étudiée et qu'un texte sortira sans doute prochainement. Alors grossièrement, les gens de droite sont contre, parce que c'est vilain pas beau, et contraire à la nature, tandis que les gens de gauche sont pour, parce que c'est nouveau et que cela remet en cause justement les dogmes de droite.

Ainsi, Véronique Besse, député MPF explique : « Autoriser la pratique des mères porteuses, c’est accepter qu’une femme soit réduite au statut de ventre durant les neuf mois d’une grossesse vécue pour une autre. C’est accepter que les enfants de cette femme voient leur mère attendre un enfant qu’ils n’auront pas à connaître. C’est accepter qu’un enfant naisse par trois personnes mais que l’une d’elle disparaisse ensuite ».

Et hop, on nous sort tout un tas d'arguments classiques expliquant que les futurs issus e mères porteuses souffriront d'un tas de maux très très graves. Ca on n'en sait rien. Et même si certaines études, notamment celles d'illustres confrères américains tels que Philip G. Ney et Marie A. Peeters, expliquent qu'il existerait un syndrome du survivant, vécu par les enfants nés après la légalisation de l'avortement. Personnellement je me défie de ce genre de pseudo-pathologies. Je pense qu'à force de trop écouter les gens, et notamment les jeunes, on finit par ancrer profondément des angoisses qui auraient pu être évacuées si le monde avait été un plus ferme. Attention, je ne dis pas qu'il faille être dur mais simplement cesser d'être mou.

Je suis par exemple toujours stupéfait de constater l'âge auquel certains grands personnages historiques ont réalisés leurs exploits. Ainsi, Jeanne d'Arc fut brûlée à 'l'âge de dix-neuf ans tandis que Ersnt Junger, explique tranquillement dans Orages d'acier, que c'est à l'âge de vingt-trois ans qu'il rentra chez lui après la première guerre mondiale.

La maternisation de la société rend les gens extrêmement fragiles. Ma profession m'amène à écouter tout un tas de confidences anxieuses. Et je dois avouer que dans quatre-vingt-quinze pour cent des cas, je ne fais qu'écouter des idées irrationnelles. Dans une société plus ferme et donc beaucoup plus structurante, ma profession recevrait moins de monde. Ce n'est pas la fermeté du monde qui crée l'angoisse mais l'absence de structures et de repères.

Or à force de dire et d'affirmer que telle ou telle chose est traumatisante, les gens finissent par le croire. Je gage qu'au moyen-âge les gens étaient un peu plus armés dans la vie, eux qui se voyaient déjà attribué à un âge auquel nos ados jouent encore au skate-board, des responsabilités d'adultes. On est loin des revendications d'un salaire étudiant ou du RMI pour les moins de vingt-six ans. Rappelons que Philippe II Auguste a régné à l'âge de quinze ans et que Philippe IV Le Bel à l'âge de 17 ans.

Je crois donc fermement à la plasticité de l'être humain que je crois doté de grandes capacités d'adaptation. Comme je suis un bon gros gars cool et non un partisan de l'UMP, je ne suis pas partisan du fait qu'il faille en chier absolument, mais simplement du fait que s'il faut en chier, et bien l'être humain est doté de ressources lui permettant de faire face à l'adversité. Alors, puisque depuis que l'être humaine est sur la planète, il a survécu à un certain nombre ce cataclysmes, je crois sincèrement que le petit né d'une mère porteuse survivra sans problème pourvu que des psys et des politiques un peu crétins ne lui serinent pas que ce qu'il a vécu est un une épreuve terrible, auquel cas il serait tenté de le croire.

Alors, pour toutes ces familles qui rêvent d'avoir un enfant ne peuvent en avoir, je trouve que la légalisation de la gestation pour autrui est une excellente chose. Une fois passée dans les mœurs, gageons que ceux qui en seront issus ne seront pas plus traumatisés que les autres. Et s'ils le sont un peu, on pourra toujours leur expliquer que dans la vie, il y a des choses bien plus graves. Parce que c'est toujours important de remettre les choses à leur juste proportion. Ecouter les autres, n'est pas forcément donner son assentiment sur ce qu'ils endurent de leurs petites misères. Le bonheur c'est cesser de s'emmerder pour de faux problème et parallèlement cesser d'emmerder les autres avec ses faux problèmes.


Là ou droite et gauche se réunissent, c'est pour encadrer de manière ultra stricte cette future nouvelle pratique. Bien sur, la sécurité sociale devrait être de la partie parce qu'il est hors de question qu'on puisse louer un ventre. En France une femme peut louer sa beauté en étant mannequin ou femme d'homme riche, voire en vendant ses fesses charmes, mais certainement pas louer son ventre si elle n'a que cela pour vivre. Non mais !

D'ailleurs, tout le monde semble-t-il, des parents jusqu'à la mère porteuse devra passer par le psy, pour savoir si le projet tient la route. C'est sans doute ce que l'on nomme le projet parental, un truc que m'avait déjà expliqué une consœur qui bosse aux adoptions dans une l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) et que je n'ai jamais bien saisi tant je trouve ce terme barbare et monstrueux. Curieusement, alors que n'importe quel crétine et crétin peuvent s'unir pour faire des enfants aussi bêtes qu'eux, dès qu'on s'éloigne des procédés naturel dit "de la graine mise par papa dans le ventre de maman", l'état met ses gros doigts et exige des tas de trucs !

La gauche pas avare de conneries non plus, explique même que la loi devrait prévoir un délai de rétractation de trois jours si la mère porteuse ayant accouché décide de garder l'enfant. Bien entendu pas un de ces crétins ne s'est avisé de songer que parfois et ce sera même sans doute la plupart du temps, il s'agira un ovule fécondé provenant de parents naturels qui aura été implanté dans l'utérus. L'enfant à naître sera donc porté et uniquement porté par la mère porteuse. Il aurait juste fallu un contrat-type mais ceux qui savent à notre place en ont décidé autrement. Décidément en France, rien n'est jamais simple.

Décidément à gauche comme à droite, Dieu qu'ils sont bêtes. Je suis bien content d'être libéral et d'en avoir fini avec ces querelles.

Aucun lien avec l'article mais elle est trop belle !

19 juillet, 2008

Ca y est je l'ai !!!!

Ebloui par la puissance phénoménale des quatre phares de la RJ49, le sanglier s'arrêta net sur la chaussée.
Lancée à pleine vitesse, la voiturette ne put l'éviter et lui roula dessus, le tuant sur le coup.

Je vous ai récemment entretenu de mes lubies étranges. La dernière en date, ce sont les voiturettes, ces petits pièges de la route asthmatiques et grotesques. Je ne sais pas pourquoi, il m'en fallait une. Depuis quelques semaines, je hantais le Net à la recherche d'une de ces merveilles qui fleurirent sur les routes de campagne dans les années 80.

J'aurais rêvé d'avoir une Minicomtesse ou bien une Arola, paroxysmes de laideur stylistique mais celles que je trouvais étaient soit en trop mauvais état, soit bien trop loin, pour que j'aie envie de les acquérir. Et puis, ces modèles étaient des monoplaces, ce qui m'aurait interdit de partager les merveilleuses sensations de conduite avec quiconque ! Moi qui aime le partage, je ne me voyais pas roulant seul aux commandes de mon bolide.

Dieu étant décidément de mon côté, c'est sur un site de petites annonces d'un journal de province, que j'ai trouvé ma perle rare ! Il s'agit d'une Microcar RJ49. C'est le modèle qui illustre cet article. Elle est belle hein ? Et encore, vous verriez l'intérieur ! Deux jolis sièges en plastiques moulés recouvert de skaï pour ne pas se meurtrir le fessier ou le dos. A l'arrière, un large panneau de plexi donne accès à un vaste coffre dans lequel, on peut sans doute coller son sac de golf. Et hop, à nous Saint-Nom-la-Bretèche ou Fontainbleau !

Confortablement calé dans son siège de cuir crème, le beau mâle ténébreux réfléchissait ...

Et le tableau de bord ?! Alors là, c'est de la folie, un véritable airbus ! Un compteur kilométrique Veglia central comme sur les cyclos de notre adolescence, avec de part et d'autre, une jauge à essence, un voltmètre, un contacteur pour les clignotants, un autre pour l'essuie glace, un gros bouton pour les phares, et ... Et quoi ? Ben rien d'autre ! C'est déjà pas mal trois compteurs et trois boutons ! Il vous en faut toujours plus ! L'avidité vous perdra !

Je m'imagine déjà au volant de l'enfin. Ignition, start, et hop, le moulin qui s'emballe et prend des tours comme un fou, on relâche le frein à main, et ça part comme une balle. Plaqué au siège, on se prend tout de suite six G dans la face mais on résiste parce que nous, les pilotes de Microcar RJ49, on a été formé pour cela. Et après, une fois une vitesse suffisante atteinte, on décolle. Mais non, on ne décolle pas, c'est pas parce que ça ressemble à un avion de chasse, que c'est équipé comme un avion de chasse, que c'en est un.

Tour de contrôle à vol RJ 49 : "vous êtes autorisé à décoller !"

Et le moteur ! Carrément un monocylindre Sachs 49,9cc qui doit bien délivrer ses 2,7cv à fond. Avec une telle cavalerie embarquée, c'est le trente kilomètres/heure assuré ! Ah la la, avec ça, je vais être une vraie chicane mobile, un danger public. Mais bon, comme je suis un outlaw, je risque de mettre un Dell'Orto de 19 et un bon vieux pot de détente et à moi les soixante kilomètres/heures. Il n'y aura que les affranchis qui se rendront compte de la supercherie, lorsqu'ils renifleront la douce odeur de l'huile de synthèse, de la Motul 800 comme les motos de champions !

Mais le mieux, ce sera la tête de mon pote Olive, celui qui est riche et qui roule en Touareg W12, quand il reviendra de ses vacances de milliardaire en Corse. La tête qu'il va faire quand il la verra ma Microcar RJ49. Et GCM, qui se la raconte dans sa Lotus Elise ! Ah ah, on est deux à rouler dans des voitures en plastique maintenant ! Moi aussi, je possède un véhicule technologiquement très abouti ! Je suis sur que dans un mois, il viendra mendier ma Microcar RJ49, me supplier pour que je la lui prête. Ceci dit je le comprends parce qu'il est célibataire.

Alors imaginez le tableau : on arrive ensemble à un rendez-vous dans un endroit chicos. Lui, le gars GCM, vêtu en adolescent, dans sa Lotus Elise de m'as-tu-vu. Une superbe jeune femme observe la scène. De suite la fille se méfie, elle sait que c'est pas le type sérieux mais le gars qui va tout claquer dans la voiture et peut-être même un peu trop porté sur l'alcool et le PMU. Et juste après, moi j'arrive en MicrocarRJ49, jeune quadragénaire aux tempes argentées.

Encore ivre de vitesse, je coupe le contact et le feulement rauque du moteur cesse immédiatement. Costume Paul Smith, chaussures Berlutti, je descends négligemment de mon coupé et tends les clés au voiturier en lui précisant de faire très très attention. Le voiturier n'en croit pas ses yeux : il va pouvoir se mettre au volant de ce bolide mythique. Après avoir prestement attrapé la piécette que je lui jette négligemment, il monte dans ma Microcar RJ 49 pour aller la garer. Pauvre GCM, il est définitivement mort !

Justement, j'ai un peu peur de la réaction de mon épouse quand elle la verra ma Microcar RJ 49. Parce que j'ai beau être d'une fidélité absolue, c'est tout de même le véhicule qui ne laisse pas les femmes indifférentes. Et chacun sait que la chair est faible. Bon, je lui promets que je ne roulerai pas trop vite, le coude à la fenêtre et l'autoradio à fond. J'ai juste envie de me faire plaisir, pas de devenir le sex-symbol de mon patelin.

Et pourtant, avec une Microcar RJ49, ce serait facile !


Impressionnée par les dimensions exceptionnelles de "l'engin", le top model se dit "enfin un homme, un vrai !"

13 juillet, 2008

Voyage 5 - Le retour !


Le treize juillet en début d'après-midi nous sommes rentrés. Rien d'important à dire puisque les villes que nous sommes repassé par le même itinéraire. Sur le bord des routes, on s'habitue maintenant aux jolis radars posés ça et là.

Parfois, de vilaines pensées m'assaillent lorsque j'en vois un planté là, sur le bord d'un champ désert à des lieux de toute habitation. Je me demande toujours pourquoi le mouchard est toujours là, en place, alors qu'il aurait suffit d'une masse, voire d'une bonne corde accrochée à une voiture pour le faire disparaitre. Une nuit d'hiver venteuse et pluvieuse, de celle que n'aiment pas les fonctionnaires d'état, et hop, le tour est joué.

Bien sur, on me dira qu'ils sont là pour nous ces radars. Et que sans eux, grands enfants que nous sommes, livrés à nous-mêmes, nous roulerions trop vite, mettant notre vie et celle des autres en danger. Tenez il parait que nous serions même capables de rouler aussi vite qu'une voiture de ministre ! Oh, principe de précaution que de crimes commis en ton nom !

C'est vrai que le nombre de morts sur la route a baissé de manière importante et c'est bien. Mais bon, je ne sais pas pourquoi, la vue de ces radars m'agace. Je ne les supporte pas, comme s'ils étaient la réminiscence de cet état tout puissant.

Il doit y avoir un Ravachol qui sommeille en moi. Quoique non, je ne suis pas révolutionnaire. Ce qui m'agace encore plus que ces radars, c'est le fait que je sois soumis à leur contrôle alors que nos élus leur échappe. Je ne supporte plus cette impunité permanente.

Je suis comme les enfants, je n'aime pas l'injustice. Je déteste l'idée que pendant que je suis au front, d'autres soient tranquilles à l'arrière et se permettent en plus de me faire la leçon. Je n'ai qu'une envie, c'est de les prendre par la peau du cul pour leur montrer le réel.

C'est d'ailleurs ce qui avait motivé le fait que je me sois présenté aux municipales. Mon maire, abruti notoire s'illustrant depuis des décennies par une grande incapacité, avait eu le tort de se montrer totalement injuste envers moi. Passe encore qu'ils soit incapable, je ne lui en voulais pas. Si il avait fait preuve de quelques talents, le pauvre aurait eu un vrai métier.

Mais injuste non, je ne l'ai pas supporté. Alors je me suis présenté face à lui et j'ai d'ailleurs été battu. Gagner ne m'importait pas vraiment. Comme les enfants, il importait surtout que je sois en opposition, que je puisse dire "non !". Naguère, électeur placide ne me préoccupant jamais de la chose publique, je suis passé de l'autre côté, dans le camp de ceux qui vérifient, comptent et s'assurent que tout est fait dans les règles du droit.

Je lui avais d'ailleurs promis. Je me souviens, qu'alors qu'il me soutenait que sa décision était motivée par le droit - et elle ne l'était pas - je lui avais répondu que puisqu'il se la jouait champion du droit, il en aurait un autre en face. J'avais vu rouge, j'étais hors de moi. J'ai d'ailleurs l'insigne honneur de lui avoir fait annuler une superbe opération immobilière. Prends ça dans ta gueule connard ! C'est puéril mais c'est comme cela.

Les radars finalement je m'en fous. De toute manière, je ne roule jamais vite. Je n'ai jamais aimé cela. Moi, j'adore me balader sur les nationales, et m'arrêter dès que je peux. Avec moi au volant, tout trajet est une épopée qui peut durer des heures. Alors, ils peuvent bien mettre des radars tous les cent mètres !

Je suis comme le Sergent Andy Micklin, la grande gueule des Têtes brûlées. Lui, c'était les officiers qu'il n'aimait pas, moi ce sont les élus.

12 juillet, 2008

Voyage 4 - Devoir de mémoire !


Aujourd'hui, douze juillet, c'est l'anniversaire de Laurence. L'un de ses souhaits était de retourner visiter le champ de bataille de Verdun. Cela tombe bien, puisque mon épouse en avait aussi envie.

Nous partons vers dix heures du matin, prenons un bout de N4 avant de sortir à Void-Vacon, commune au nom étrange qui vit naître Cugnot l'inventeur de la première voiture. Ensuite, la D964 nous emmène à Verdun après avoir traversé deux cités célèbres. Commercy pour ses madeleines, et Saint-Mihiel, pour son saillant auquel les allemands s'accrochèrent comme la vérole sur le bas-clergé durant la première guerre mondiale.

Nous arrivons enfin à Verdun. L'Est de la France a mauvaise réputation et la ville de Verdun plus encore, parce qu'on pense forcément à la terrible bataille qui s'y est déroulée. Pourtant Verdun, préfecture de la Meuse, est une très jolie ville offrant ses quais, transformés en port de plaisance. Avec un peu plus de soleil, on se croirait presque en bord de mer.

Le champ de bataille est situé à quelques kilomètres au nord. Rappelons-nous que cette bataille qui dura trois-cents jours durant l'année 1916, fit environ 500 000 morts dont 300 000 disparus. Le site est parfaitement entretenu et fléché est lugubre. Classé en zone rouge du fait des munitions non explosées et des corps de soldats encore enterrés, le champ de bataille d'une superficie de vingt-mille hectares, offre un paysage planté de pins noirs et de mélèzes interdit à toute activité.

Nous nous arrêtons d'abord à Fleury-devant-Douaumont, l'un des neuf villages martyrs du département que l'on dit "morts pour la France". Entièrement rasés durant le conflit, aucun de ces villages n'a pu être reconstruit. Afin qu'ils ne meurent pas une seconde fois, les communes sont restées bien que personne n'y vive plus.

Fleury n'est qu'une succession de bosses et de creux, entrecoupés de reliefs de tranchées, le tout étant planté d'une herbe grasse et entretenue. On s'y promène par des sentiers bucoliques qui sont en fait les anciennes rues du village. A intervalle régulier, des bornes nous apprennent, qu'à tel ou tel endroit, s'élevait un café, une ferme ou encore la forge du maréchal-ferrant. Il ne reste plus rien.

Plus loin, la route mène à Douaumont. Ce village martyr est plus connu car c'est ici qu'on a élevé le célèbre ossuaire. Imaginez-vous, un vaisseau de pierres grises d'une longueur de 137m, divisé en 46 quartiers représentant chacun des secteurs du champ de bataille et couronné d'une tour de 46m. Au rez de chaussée, un chemin de ronde permet d'admirer par de petites fenêtres, les ossements de 130 000 morts français ou allemands non identifiés. Le chiffre semble énorme mais on sait que jusque dans les années trente, on découvrait environ 500 corps par mois sur le champ de bataille.

A l'étage, un déambulatoire permet de visiter les 45 alvéoles, formant comme des chapelles, à l'intérieur desquels sont fixés des catafalques de marbre noir ayant servi d'ouverture à l'ossuaire situé dessous. Sur les murs et la voute, sont gravés les noms et dates de naissance et de mort, de quelques milliers de soldats. Nous quittons ce lieu poignant pour monter dans la tour. Oui, parce que l'ossuaire étant une œuvre purement privée, prendre des billets pour monter dans la tour permet à l'association qui le gère, de l'entretenir.

Juste derrière moi, tandis que je lis les noms gravés dans la pierre, une petite conne grommelle parce que son téléphone n'a presque plus de batterie. Les parents ne la reprennent pas, semblant considérer comme normal de se passionner pour son portable tandis qu'elle marche sur 130 000 morts. En discutant avec l'un des gardiens, j'apprendrai que la fréquentation de l'ossuaire décroit chaque année. Selon lui, les événements s'étant passé voici presque un siècle, les gens s'en moquent de plus en plus.

Au premier niveau est situé un tout petit musée offrant des armes et équipements divers, ainsi que de jolies photos montrant des cadavres à tous les stades de la décomposition. Ayant le vertige, je m'arrêterai là, tandis que mon épouse et Laurence montent jusqu'au sommet de la tour.

A l'extérieur, la nécropole nationale offre quinze mille tombes françaises parfaitement alignées et entretenues. Si les poilus ne mangeaient pas toujours à leur faim, sans doute seront-ils satisfait de savoir que le gazon est tondu régulièrement sur leur sépulture. Par la suite, nous ferons un petit crochet vers le fort de Douaumont, bel ouvrage défensif avant de rentrer à Foug.

Nous ferons toutefois un détour afin d'aller voir la sépulture d'Alain Fournier, auteur du Grand Meaulnes, mort à la bataille des Eparges en 1914 et inhumé à Saint-Rémy-la-Calonne. L'endroit est magnifique mais on déconseille d'y creuser trop profondément compte-tenu du nombre de corps encore enterrés dans les bois et les champs.

Après avoir vu ces tristes témoignages, on ne peut que remercier les américains d'être venus à notre rescousse. Car sans eux, nos brillants polytechniciens auraient perdu la guerre, comme aujourd'hui nos brillants énarques ont définitivement perdu la guerre économique. Des capacités d'ingénieur ou de statisticien ne font pas forcément un meneur d'hommes brillant ; plus d'une fois les résultats auront démenti de savantes études qui pourtant prouvaient que cela aurait du marcher. On peut être à la fois un brillant officier de génie et un stratège déplorable.

Je ne serai pas suffisamment stupide pour dire que la guerre, c'est idiot et très laid ; je laisse ce genre de pensées profondes aux chanteurs engagés. En revanche, après avoir vu ces lieux de massacre, on ne peut que toujours et encore se défier de nos élites. La voie du concours, que l'on affectionne en France, sélectionne sans doute les plus sérieux mais jamais les plus capables.

Verdun, et de manière générale la Grande guerre, c'est le produit de ce savant mélange d'amateurisme lumineux, d'orgueil insensé, de certitudes absolues et d'avidité terrible, auquel nous sommes encore habitués de la part de nos élites.

Pour conclure, laissons la parole à un poilu :

"Si nous souffrions ainsi stoïquement sans plaintes inutiles, qu'on ne vienne pas raconter que c'était par patriotisme pour défendre le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes pour que ce soit la dernière guerre et autres balivernes, c'était tout simplement par force, parce que victimes d'une implacable fatalité on devait subir son sort, chacun sachant bien que pris dans les dents terribles d'un formidable engrenage, il serait broyé à la moindre tentative de velléité de révolte. Et perdant notre dignité, notre conscience humaine, nous n'étions plus que des bêtes de somme avec comme elles leur passivité, leur indifférence, leur hébétude."

Louis Barthas "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914, 1918" La découverte/Poche


11 juillet, 2008

Voyage 3 - La visite de Foug !

Maison à vendre pour bricoleur !

Nous ressortons la voiture. La grosse femme est toujours assise immobile sur son plot de ciment. Mais elle est de nouveau catatonique.

Nous prenons la rue centrale pour visiter Foug. A l'origine, Foug est ce que l'on appelle un village-rue typiquement lorrain, c'est à dire que les maisons ont été d'abord baties le long de la rue centrale, proposant à la fois un accès sur rue et un autre derrière vers les champs, s'ajoutant les unes à côté des autres.

De cette rue, partaient des chemins menant aux champs. Puis, l'industrialisation, et l'arrivée de l'armée aidant, la ville s'est agrandie d'une manière totalement anarchique. Des rues transversales ont vu le jour. Manifestement, l'urbanisme ne fut pas la marotte des édiles locaux puisque le village est maintenant constitué d'un entrelacs de rues et de ruelles dont certaines se terminent en cul de sac. Le panneau voie sans issue semble pourtant avoir été banni de la cité puisqu'à deux reprises, Laurence, qui semble connaître sa ville, comme moi la dentelle, s'est engagée dans des rues ne menant nulle part.

Ainsi, avant une jolie route au revêtement parfait, nous décidons de la suivre. Alors que je demande où elle mène, Laurence m'explique que cela finit "dans les bois". Effectivement quelques kilomètres après, la route s'arrête à une ferme au delà de laquelle s'étend une forêt immense et sombre.

Près de l'endroit, s'élève une sorte de petit château d'eau curieusement ceint de barbelés. M'étonnant d'un tel dispositif, Laurence m'explique que ces barbelés ont été posés parce qu'il y a quelques années, un quidam s'était mis en tête d'empoisonner l'eau de la ville. Après le bébé congelé, je ne m'étonne de rien.

Après tout, rappelons que Foug fut la ville qui vit naître la douce Simone Weber. A l'époque de l'affaire, la police était venue draguer la partie du canal de la Marne au Rhin qui passe par Foug. A part ces barbelés incongrus, l'endroit est cependant charmant. Les forêts s'étendent à l'infini.


Nous revenons dans le centre ville par une autre route. A un endroit, un faouin plus entreprenant que les autres, a décidé de se lancer dans la libre entreprise. Démontant son portillon d'entrée, il a posé à sa place, de manière totalement incongrue, un distributeur de boissons orné d'une jolie publicité Perrier. Je me demande bien qui, dans cette rue perdue, pourrait marcher, être pris d'une soif intense, et lui acheter une canette de quoi que ce soit. J'ai perdu puisqu'alors que je contemple le distributeur, deux jeunes faouins errant dans cette rue, achètent une boisson. Comme j'ai la vire ouverte j'ai un peu peur qu'il ne me gueule eux aussi "Iféopabohein ?" qui est le cri de bienvenue à Foug. Mais non, les deux quidams poursuivent leur route sans nous invectiver. Nous les retrouverons plus tard avec une bande de copains, planqués sur le parking derrière l'église.

A l'inverse de la plupart des localités, Foug est dénuée de toute place. Où que nous allions, ce ne sont que rues et ruelles souvent étroites, mais aucune place digne de ce nom n'est prête à accueillir une manifestation quelconque. L'église est au bout d'un court cul de sac et la mairie donne directement sur la rue centrale. L'unique café, le Café du centre, donne sur une sorte de carrefour. La ville autrefois animée semble sinistrée. De nombreuses boutiques sont fermées. On se demande ce qu'on fait les maire successifs de la taxe professionnelle et des impôts locaux. L'ensemble ne respire pas la gaieté. Sans doute faudrait-il apprendre aux édiles locaux qu'il existe des OPAH permettant de réhabiliter les villes et aux habitants que des géraniums aux fenêtres ne coutent pas bien cher et égayent un peu la grisaille.

Tout en haut de cette rue, est situé un embranchement. A droite, la route grimpe sur le sommet de la falaise sur laquelle s'adosse la cité et conduit vers l'ancienne N4, et à gauche, une petite rue passe sous l'arche d'un pont pour se perdre dans la forêt. Juste en face, adossée à la falaise granitique, une maison ayant brûlé voici près de vingt ans offre une scène unique de désolation. La toiture et les étages étant tombés au rez de chaussée au cours de l'incendie, les fenêtres cassées laissent apparaitre des poutres noircies. A l'intérieur de la maison dévastée, des arbres, sans doute des hêtres puisque Foug tire son nom du latin fagus qui signifie hêtre, ont poussé et atteignent une hauteur impressionnante.

Nous prenons la route de gauche, passons sous le pont et sommes immédiatement dans une forêt sombre dont la ramure des arbres forme une arche que le soleil a du mal à pénétrer. La chaussée est minuscule. C'est la route idéale pour un tueur en série. Bordée d'une forêt impénétrable sur les deux côtés, et peu fréquentée, on peut venir y enterrer des cadavres en toute quiétude. Laurence nous avouera qu'elle ne l'a pas prise depuis des années, et de toute manière jamais seule, car elle ne s'y sent pas à l'aise. Une chose est sûre, la route a un côté sinistre. Si l'envie me prenait d'arrêter la voiture et de descendre, je suis sûr qu'on n'entendrait aucun oiseau y chanter mais seulement un silence pesant et lugubre.

Nous arrivons enfin à La Neuveville-derrière-Foug, minuscule et pimpant village puis nous prenons la direction de Toul, jolie ville fortifiée par Vauban, connue pour sa magnifique cathédrale Saint-Etienne que les américains prirent un grand plaisir à bombarder parait-il.

Après une promenade dans le centre ville, nous décidons de prendre un verre place des Trois Evêchés, que les toulois nomment improprement la place ronde. Assis au Bar Central - notez la poésie du nom qui a bien du demander une minute de réflexion au propriétaire - je règle les consommations. La province a du bon puisque, je m'en tire pour 6,80€ pour les trois consommations.

Nous retournons ensuite à Foug.

La route des tueurs en série !

Voyage 2 - L'arrivée !


Moi qui pensais que la Lorraine était une région toute plate, je me suis trompé. Sitôt Saint-Dizier, la dernière ville de Champagne passée, ça monte et ça descend ; les grandes plaines ondulées laissent leur place à un paysage plus escarpé. La sortie Foug est enfin annoncée, on roule un peu sur la D11 et on arrive enfin à Foug.

Et là, c'est le dépaysement total ! Tout d'abord, la ville s'accroche à une colline boisée en forte pente et il faut grimper. Le paysage est très joli. Enfin, le premier commerce local, qui est fermé, a un drôle de nom puisqu'il s'agit d'un PMU dont le nom semble être TVY. Alors est le "Tvy"ou le "T.V.Y." ? En nous rapprochant, on constate que les facétieux anciens propriétaires avaient appelé leur café le "Tex Avery "mais que la plupart des lettres sont tombées.

Nous parvenons enfin dans la rue centrale où nous tournons, pour nous rendre dans la rue où Laurence nous attend. Et là, c'est un choc culturel qui nous attend. Jusqu'à présent, notre promenade en province n'avait rien eu de choquant. Les autochtones étaient fort aimables et les cafés que l'on m'a servis tout à fait buvables. Mais là, nous entrons dans la quatrième dimension.

Le pavillon où nous attend Laurence se pare d'un ravalement neuf d'une couleur peu commune. C'est le genre de peinture que l'on doit payer très cher, parce que je suis sûr que cela n'existe pas en standard. J'ai un copain qui a fait sa maison en jaune moutarde, un autre en violet, et bien là, ils sont battus tous les deux ! Mais les couleurs bizarres, ça doit être culturel, puisqu'en arrivant à Foug, on avait aperçu une maison accrochée à la colline parée d'un joli bleu pervenche. On s'est dit que cela devait être un fan de Maxime Le Forestier.

L'intérieur est aussi rutilant que l'extérieur. La propriétaire des lieux doit passer le temps libre, que lui laisse son activité de décoratrice de boîtes de thon, à faire du ménage. Où que l'on aille, quelle que soit la pièce, l'endroit, tout est impeccable, tant et si bien que je soupçonne mon épouse d'être très dilettante parce que chez nous, ce n'est pas aussi net. Dès qu'on rentre de Lorraine, il faudra que ça change ! C'est tellement propre et rutilant d'ailleurs, qu'on se demande si des gens y vivent vraiment.

Peut-être que c'est une sorte de pavillon témoin, entretenu à grands frais par la mairie, pour faire croire qu'il y a aussi des gens normaux qui vivent à Foug ? Faudra que je me renseigne ! Par contre dans un placard, j'ai vu des spätzle, et ça c'est pas beau. Parce que si des lorrains en viennent à bouffer des trucs alsaciens, que restera-t-il de la haine qui existe entre ces deux provinces ? Peut-être qu'en fait, ce pavillon tout propre, trop propre pour être vrai, est entretenu par un alsacien qui se fait la tambouille de temps en temps et qui stocke sa bouffe dans les placards. Enfin bref, y'a un truc pas clair !

Les habitants d'un petit immeuble pimpant nous offre ensuite ce qui est sans doute une forme de parade d'accueil. Tandis qu'en Polynésie, des vahinés vous accrochent un collier de fleurs au cou, à Foug, c'est différent.

Des enfants hâves et dépenaillés roulent à vélo au milieu de la chaussée en se jetant des pétards au visage, et non loin, une énorme femme est assise, immobile comme figée, sur un plot en ciment et nous observé fixement sans rien dire. C'est la sentinelle de Foug.

Je suis un peu désarçonné. Je rentre la voiture dans la cour et me précipite pour aller fermer la grille. Laurence a beau me dire qu'ils ne la ferment jamais, je ne suis pas en confiance. Arrivé près de la grille, le visage de la grosse femme catatonique s'anime soudain, et esquissant une grimace qui se veut un sourire, elle me lance un tonitruant "ifépabohein ?", que je traduis immédiatement par "il ne fait pas beau n'est-ce pas ?".

Souhaitant me montrer aimable, je lui réponds qu'effectivement le temps n'est guère clément ; ce à quoi elle me hurle de nouveau : "ifépabohein ?". Comprenant que la pauvre ne jouit sans doute pas de toutes ses facultés, je la salue courtoisement de la tête et rentre en courant me réfugier dans la maison. Si Bienvenue chez les chtis ne m'a pas fait rire, Bienvenue chez les lorrains me terrifie. J'ai un peu peur qu'ils ne soient tous comme cela et je comprends pourquoi Laurence vient si souvent à Paris.

Secrètement, je me mets à rêver d'une chambre avec des barreaux aux fenêtres, munie d'une porte fermant à clé, et d'un fusil à pompe chargé planqué sous le lit. Même la Corse où je suis allé avec mon épouse, ne m'avait jamais fait cet effet là. Si le Corse peut se montrer parfois rugueux, le Faouin semble carrément sauvage.

Nous nous installons dans nos quartiers puis redescendons prendre un café sur la terrasse. Avisant une triste et grise maison qui semble presque abandonnée que l'on aperçoit non loin de là, je demande à Laurence si des gens y vivent, n'osant imaginer leurs conditions de vie. Elle me répond que c'est dans cette maison qu'on a retrouvé un nourrisson mort dans un congélateur. Désireux de me monter courtois, je feins l'indifférence n'osant pas heurter Laurence en lui disant que dans son patelin, tout semble décidément curieux. Je suis curieux de savoir ce qu'elle cache dans son congélateur.

Après nous être un peu reposé, nous décidons de reprendre la voiture pour nous promener et visiter le village et ses environs.

Une magnifique plante verte sur la terrasse de Laurence !