20 mai, 2014
Le plus chiant dans la médecine c'est quand on sait ce qu'on a parce qu'on est plus des bœufs comme aux siècles passés . Mais qu'il faut tout de même passer par un médecin pour se voir prescrire un médicament qu'on aurait pu aller acheter tout seul comme un grand s'il n'y avait eu ces lois imbéciles qui décident que l'on n'est pas assez grands pour s'auto-prescrire ce qui va bien.
La première objection que l'on pourra me faire, c'est que je ne sais peut-être pas ce que j'ai. Certes, j'ai juste mal au dos et ce pourrait être un cancer des os. Mais avec ma sagesse simpliste, si j'ai "sabots" et "crinière" comme indices, je pense d'abord à un cheval avant de songer à un zèbre.
On m'objectera aussi que ce serait super dangereux parce que les médicaments ne sont pas des bonbons ! Et donc ? Si je veux du doliprane, je l'achète seul sans le recours à un médecin et pourtant si je décide d'en avaler plusieurs boites, je risque d'aller très très mal, parce qu'une surdose de paracétamol est dangereuse. De toute manière, le pharmacien peut aussi conseiller sinon son rôle est ténu et réduit à jouer à la marchande et à rendre la monnaie. Et avouer que ce serait ballot de se taper un doctorat de pharmacie juste pour tenir une caisse.
Je répondrai aussi qu'en me baladant dans mon jardin en fleurs, si je me mettais à manger des trucs qui poussent et qui ont l'air joli, je pourrais aussi mourir. Or, je ne le fais pas ! Pourquoi ? Parce que je ne suis pas aussi demeuré que les pouvoirs publics semblent le penser. Ainsi, j'ai un bel if (taxus baccata) lequel n'est pas délivré sur ordonnance alors que son principe actif le placitaxel est pourtant prescrit en chimiothérapie avec tous les effets indésirables que l'on connait. Je vous assure que je n'ai jamais pris de pleines poignées d'aiguilles d'if pour les mâchonner.
Je répondrai de la même manière que dans n'importe quel hypermarché, vous trouverez à vendre des plaquettes de freins pour votre véhicule alors même que si vous ne savez pas les monter vous risquez votre vie. Jusqu'à présent, on n'a pas besoin d'une ordonnance pour s'acheter des plaquettes fort heureusement ! Or je vous assure qu'une voiture sans freins c'est dangereux. Moi qui conduis tous les jours une vieille Honda munies de freins à tambours à simple came, je le sais !
Bref l'état m'ennuie ! Il m'ennuie parce qu'il régit tout comme si nous étions tous des demeurés. Il m'exaspère parce qu'il prévoit pour moi des situations dans lesquelles je ne me retrouverais pas parce que justement j'ai un cerveau. Où est-il le bon vieux temps où tout s'achetait sans ordonnance au début du siècle passé ou au pire comme dans les années quatre-vingt avec la complicité d'un pharmacien peu scrupuleux qui n’hésitait pas à dépanner ses meilleurs clients. C'était l'époque où l’apothicaire bonhomme vous dépannait d'une boite de stilnox ou de témesta avec un bon sourire signifiant que tout cela restait entre lui et nous.
Bref, ayant jardiné comme un fou, j'avais mal au dos. C'est le coup classique du gros con qui n'ayant jamais d'activité physique se fait mal dès qu'il bouge son gros cul. Bon, rien de grave et sans doute que cela serait passé en quelques jours. De moi-même je préférerais rester quelques jours en ayant mal plutôt que de faire la queue comme un assujetti de la sécu dans la salle d'attente miasmatique d'un diafoirus local qui s'évertuera à jouer le mec sérieux pour mériter ses vingt-trois euros.
Ce serait pourtant simple d'aller soi-même dans une pharmacie, de demander une boite d'anti-inflammatoire, payer et de repartir. Mais non ! Soit j'en suis réduit à avoir mal et à gémir comme un jeune marcassin fiévreux, soit je dois me taper le circuit officiel que l'état a prévu pour moi et perdre mon temps ! Parce qu'en plus, avec leur numérus clausus à la con, ils ont rendu l'accès à la profession si difficile qu'un médecin généraliste est devenu aussi rare qu'un politicien honnête !
Fort heureusement, j'habite une rue où les praticiens sont nombreux. C'est ainsi qu'un de mes voisins que je connais fort bien exerce le noble métier de médecin généraliste. Et voici que sortant mes sacs de déchets végétaux, je le croise et le hèle d'un vigoureux "c'est à cette heure-ci que tu vas bosser feignant !". Habituellement, il serait passé boire un coup "avec modération" mais là il est pressé.
On se salue et je lui expose mon cas en lui disant que j'ai mal au reins parce que j'ai forcé comme un âne. Il me pose deux trois questions histoire de savoir si ça ne pourrait pas être plus grave et puis aussi sans doute histoire de prouver qu'il est sérieux parce que la consultation à l'arrache sur un trottoir ça ne la fait pas. Je réponds que je n'en sais rien parce que je professe le plus grand mépris pour le corps vu que moi dans mon métier c'est la tête qui me passionne. Mais bon, je le rassure en lui disant que c'est un simple mal aux reins, le truc bête et classique.
Comme il a son ordonnancier sur lui, il le sort et me fait la prescription directement. Sauf qu'il veut s'appuyer sur le capot de ma Jaguar et que moi j'ai préféré qu'il se mette sur celui de la Visa. C'est parce que c'est une consultation gratuite qu'il doit tout se permettre non ! Quel gougnafier qui ne respecte pas la belle ouvrage que des petites mains de l'usine Jaguar de Coventry ont réalisée !
Bon voilà j'ai l'ordonnance standard pour ce que j'ai, à savoir des anti-inflammatoires et un truc pour l'estomac parce que les autres saloperies ont tendance à l'attaquer. C'est le truc basique que j'aurais pu aller m'acheter chez le pharmacien du coin sans déranger personne. Il m'a aussi parlé d'une molécule géniale que j'ai refusée parce que je ne prends jamais de médicaments et que même un quart de lexomil suffit à me défoncer. En termes de médecine je suis un nourrisson donc vade retro satanas agent des laboratoires pharmaceutiques !
Et bien sur j'ai eu l'option "si tu as encore mal dans trois jours, tu me le dis". Ben non si j'ai encore mal je vais finir ma boite d'anti-inflammatoire et peut-être bouffer l'emballage pour savoir si ça agit aussi avant de mourir d'un cancer des os jamais diagnostiqué parce que je n'aurais rien dit vu qu eje suis le roi des cons.
Bon voilà la consultation a duré deux minutes. Alors que font les pouvoirs publics ? Quand cessera-t-on ce numérus clausus imbécile ? A moins qu'à côté des facultés ne rouvrent les petites écoles de santé pour former des officiers de santé comme l'était ce brave Charles Bovary, le terne époux d'Emma. Pour soigner des bronchites, des rhumes et des gastros et des abrutis comme moi qui ne veulent pas attendre, ça devrait suffire. Et en cas de besoin, promis on appellera monsieur le médecin passke lui il sait tout vu qu'il est allé aux facultés.
Putain tous ces abrutis de socialistes qui passent leur temps à régenter nos viee n'ont pas assez de mots pour encenser la révolution tout en n'ayant pas assez de méchanceté crasseuse pour enterrer le seul bon truc de cette révolution la loi Le chapelier qui édictait que « Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d'exercer telle profession, art ou métier qu'elle trouve bon ».
Vive la liberté, vive les pharmacies en libre-service ! Bon, c'est sur, il y aurait quelques abus mais bon, on gérera cela au cas par cas.
19 mai, 2014
En direct de Longchamp !
En milieu de course Eudes de Tauxigny talonné par Chaton du Valdoize.
On croit tout connaitre du marcassin mais combien savent qu'un marcassin lancé à pleine vitesse peut aisément battre un cheval de course ou bien de terrasser un lévrier au galop ? Personne, j'en étais sur. Le Pari Mutuel Urbain, qu'on nomme gentiment PMU, a tenté voici quelques années de lancer des courses de marcassins.
Hélas, le marcassin étant un animal sauvage et fier, l'expérience s'est soldée par un fiasco retentissant. Les marcassins se sont tous échappés pour finir dans le bois de Boulogne où ils mènent depuis une vie agréable.
Lors d'une promenade bucolique dans ce bois parisien, il n'est pas impossible que vous croisiez un jour un sanglier arborant encore un vieux dossard usé et effiloché affichant un numéro. Sachez simplement que c'est l'un des marcassins engagés à l'époque dans une course de galop à l'hippodrome de Longchamp qui s'est échappé et a grandi.
Il y avait du monde ce jour là pour voir les marcassins s'élancer !
Jérôme Kerviel et moi !
Tout le monde en parle ! De qui ? De Jérôme Kerviel bien sur ! L'ancien voyou, l'escroc-trader ayant trouvé la grâce réalisant là, sans conteste un vrai destin romantique. On croirait la vie de Byron, d'abord, on se perd, ensuite on trouve son salut et on se réalise. Byron, lui mit d'abord sa sœur enceinte, enterra son chien dans la crypte familiale trouva bien son salut en libérant la Grèce des Ottomans alors pourquoi pas Jérôme Kerviel ?
Je ne cherche même pas à savoir s'il est réellement coupable ou non. Je m'en fous de savoir si la Société générale avait connaissance de ses positions risquées ou s'il s'est réellement débrouillé pour tout dissimuler. De toute manière, si un système permet que de tels risques soient pris c'est qu'il est mauvais. Et comme le disent les quidams sur le net, la société générale s'aperçoit que j'ai cinquante euros de découvert mais ne peut vérifier que quelqu'un prend des positions pour cinquante milliards d'euros ? Merde avec la kyrielle d'experts IT qui passent par chez eux, la Générale est décidément mal servie.
Le cas de Jérôme Kerviel est aussi très révélateur de l’atmosphère délétère et pourrie qui régnait dans les salles de marché dans lesquels un système pervers de primes calculées sur les marges bénéficiaires des opérations pousse des individus à prendre des risques très importants. La plupart de ces traders, comme on les nomme, sont jeunes et prêts à tout pour s'offrir l'Aston-Martin de leurs rêves ou une table dans un restaurant sélect.
Ils me rappellent des amis un peu crétins que j'ai connus étant plus jeune et qui étaient ingénieurs commerciaux dans des SSII. Il suffisait que leurs patrons agitent les clés de leur future voiture de fonction ou leur offrent des soirées open-bar pour qu'ils filent ventre à terre conclure des marchés. C'est qu'ils y croyaient les bougres, ils fonçaient sans réfléchir, tout ça pour une bouteille de whisky gratuite ou une BMW de fonction. Certains aujourd'hui, menacés de licenciement, viennent de comprendre qu’ils n'étaient que des salariés et qu'une fois dehors, la BMW ou l'Iphone 5S resterait la propriété de la société anonyme comme chantait ce vieux socialo d'Eddy Mitchell.
Les banques connaissent évidemment les risques encourus mais elles estiment qu'ils en valent la peine puisque c'est un jeu dans lequel elles ne risquent rien. En cas de succès, ce sont les bénéfices qui s’additionnent et les actionnaires sont ravis, tandis qu'en cas de pertes, on s'adressera à l'état pour renflouer les caisses tandis qu'un bouc émissaire sera trouvé.Je le sais j'ai déjà renfloué le Crédit Lyonnais après le bouillon qu'ils ont pris lors du de la crise de l'immobilier.
Bref, j'ai tendance en vieux fouteur de merde que je suis, toujours ravi que les institutionnels s'en prennent un peu dans la tronche, à soutenir Kerviel. Et puis, ayant vu sa fiche wikipédia, j'ai vu qu'il était né un onze janvier et moi un douze. Autant vous dire que la solidarité inter-capricornienne joue évidemment à fond. C'est comme dans la légion étrangère, on ne laisse pas un camarade à terre.
Je ne suis pas naïf et je sais qu'au temps de sa splendeur, il m'aurait ignoré et sans doute méprisé mais je m'en fous. Étant plus âgé que lui et sachant que Némésis apparait toujours à un moment donné dans la vie de ceux qui sont saisis d'Hubris, j'aurais souri en lui disant : tu verras mon pote qui rit aujourd'hui pleurera demain. Il ne m'aurait bien sur pas écouté, estimant que j'étais juste un vieux con moralisateur et je m'en serais foutu. Je sais modéliser une situation et je sais comment les choses finissent.
J'aurais juste rajouté comme j'adore le faire : je ne me trompe jamais. J'adore dire ça ! Certes ça fait un peu mec qui se la pète mais bon, quand je suis sur d'un truc, j'en suis sur et puis voilà. En plus ça déstabilise pas mal les crétins et ça rassure les anxieux quand je dis que je ne me trompe jamais. J'ai d'ailleurs toujours détesté ceux qui disent qu'un truc est complexe. Si c'est complexe c'est que c'est trop compliqué pour eux voilà. Dans ce cas, laissez faire ceux qui savent.
Quant à la Société générale, c'est ma banque et autant vous dire que je m'en fous tellement je la déteste. Bien sur, j'y suis depuis l'âge de dix-huit ans et avant moi, mon père, mon grand-père, son père à lui et même je crois bien encore son père à lui ! Autant vous dire que la Générale et moi, c'est une longue histoire. Une si longue histoire que j'ai vu évoluer de manière dramatique.
Au fur et à mesure des années passées dans cette banque, j'ai vu les prestations se dégrader. J'ai de plus en plus l'impression d'être un cochon de payant soumis aux diktats de quelques crétins du siège relayant leurs ordres auprès d'employés à peu près aussi réactifs que des fonctionnaires. Le dernier directeur sympathique que j'ai connu dans mon agence me l'avait d'ailleurs dit : tu verras je suis un dinosaure, maintenant tu n'aurais que des gratte-papiers qui ne connaissent rien au métier mais sont là pour vendre des produits coûte que coûte.
Bien sur qu'une banque n'est pas une entreprise philanthropique et je comprends qu'ils soient là pour faire du blé. Mais ces dernières années, c'était faire du blé coûte que coûte à tous les niveaux. En haut en faisant bosser Kerviel et consorts sur des marchés à peu près aussi vérolés qu'une vieille pute à l'abattage tandis qu'en bas, il s'agissait de gagner des petits sous sur absolument toutes les prestations offertes ! S'ils avaient pu nous obliger à mettre une pièce de cinquante centimes pour entrer dans leur agence comme on le fait pour aller dans des chiottes publiques, ils l'auraient fait. Je suis sur que quelqu'un à du y penser mais ils n'ont pas du oser aller jusque là.
Et c'est vrai qu'après ce directeur, ça a été la dégringolade ! Tant et si bien que j'ai du me payer la dernière directrice en tapant assez haut dans la hiérarchie. Heureusement que j'ai quelques contacts, sinon cette sombre conne aurait continué à me traiter en moujik. Ah la tronche qu'elle a faite quand son siège lui a écrit. Et donc, ce n'est pas parce que je n'ai pas un salaire de chirurgien que je dois être traité comme un connard. Non mais ! En plus je les connais ces gens là, ils sont d'une rare servilité quand il le faut.
J'ai un bon pote qui a touché un très gros héritage, c'est un chanceux lui, et il me racontait que son directeur d'agence aurait été capable de lui tailler une pipe rien que pour avoir l'honneur de placer son blé récemment acquis. Je crois que c'est le truc que je déteste le plus, cette absence totale de dignité qui fait qu'on se prosterne devant le friqué tout en méprisant le prolo. Cette mentalité d'esclave de riches me débecte.
Chaque fois que je vois une de leur publicité débile vantant leur savoir-faire je m'esclaffe et je me dis que les pubards sont vraiment des enfoirés. Enfin ils ont raison, ils font dire à leurs spots ce que le client exige et c'est bien normal. Mais à défaut de coupe pouce, j'ai surtout senti de la part de la Société générale une sorte de toucher rectal chaque fois qu'ils le pouvaient. Leur truc c'est plus le majeur tendu que le pouce levé à mon avis.
Tout cela pour vous dire qu'aujourd'hui je soutient Kerviel et que même s'il avait ruiné totalement la Société générale, il aurait mon soutient. De toute manière, l'état m'aurait garanti mes avoirs et m'aurait remboursé. En plus je n'aurais pas eu à rembourser l'emprunt que j'ai sur ma baraque alors autant vous dire que je serais allé pisser joyeusement sur les rideaux fermés de mon agence ! Et puis voir cette bande bras cassés qui osent récupérer un jour de congé chaque fois qu'il tombe un jour férié, convention collective de la banque oblige, pointer à Pôle emploi ne m’aurait pas déplu.
Mais bon, comme tous les crétins qui ont d'autres choses à foutre et qui sont persuadés que ce ne serait pas mieux ailleurs, je reste captif au même titre que pour mon abonnement téléphonique. Voilà tout, je gueule, je vitupère, je tempête et je ne mords pas. C'est là le secret pour dominer les masses. Les gens ne bougent pas. En son temps La Boéttie l'avait bien noté dans son Discours sur la servitude volontaire lui qui sait : « Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. » Alors à défaut de faire quelque chose, je me cherche un Robin des bois, n'importe lequel. C'est sans doute pour cela que de Spaggiari à Kerviel, les voleurs sont souvent apprécies quand ils s'en prennent aux puissants.
Bien sur, certains souligneront qu'en écrivant cela je me range du côté d'Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon. Et donc ? Je m'en fous et m'en contrefous. On a le droit d'avoir des raisonnements reposant totalement sur l'émotionnel. Ca libère, ça fait du bien. Rien de plus.
Bien sur, certains souligneront qu'en écrivant cela je me range du côté d'Eva Joly ou de Jean-Luc Mélenchon. Et donc ? Je m'en fous et m'en contrefous. On a le droit d'avoir des raisonnements reposant totalement sur l'émotionnel. Ca libère, ça fait du bien. Rien de plus.
Donc ce message n'a rien à faire dans un blog traitant de psychologie mais je m'en fous. Puisque tout le monde parle aujourd'hui de Kerviel, moi aussi !
18 mai, 2014
Sartre ou Aron ?
Lors des séances de cafing (on dit aussi coffing pour les anglophones), on ne passe pas notre temps qu'à rigoler, on est parfois très sérieux. Par exemple dernièrement, l'un des protagonistes, peut-être était-ce chaton, a doctement dit que Raymond Aron était vraisemblablement un agent américain. Comment en étions-nous arrivés à parler de lui, je ne m'en souviens plus. Toujours est-il que nous étions tous d'accord pour le déclarer chiant.
Quand à savoir s'il était un agent américain, je n'en sais rien. Sans doute que oui, dirais-je, plus mu par mon anti-atlantisme primaire, que par une vraie recherche historique. Mais bon, cela ne m'étonnerait pas qu'il ait émargé à la CIA. D'ailleurs tapez "Raymond Aron agent américain" sur Google et vous aurez plein de liens très intéressants sur le sujet.
Les choses étant ce qu'elles sont, nous fumes tous d'accord pour songer que nous aurions été bien fort marris pour choisir un camp entre les partisans de Raymond Aron et ceux de Jean-Paul Sartre. Si aucun de nous n'était d'accord pour songer, comme les gauchistes de l'époque, qu'il fallait mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron, ce n'est pas pour autant que nous aurions choisi Aron. Sans doute parce que comme je l'écrivais au paragraphe précédent, nous le trouvons chiant aujourd'hui et qu'à cette époque déjà, nous l'aurions trouvé pénible.
Nous étions comme le dit l'expression désuète consacrée par Jean de la Fontaine, Gros-Jean comme devant ! Et s'il y a bien un truc que nous n'aimons pas, c'est bien d'être Gros-Jean comme devant ! Nous nous interrogions donc sur ce qu'auraient pu être nos séances de cafing en 1968 tandis qu'il aurait fallu à tout prix choisir entre Sartre, le baiseur de petites sorbonnardes, et Aron, le chiant. Que faire ?
C'est ainsi que le Jeune Gentilhomme Tourangeau, vint à notre secours en nous expliquant qu'à cette époque déjà, il y avait sans doute des groupes qui ironisaient sur le monde, sans prendre part au débat, en regardant passer les filles. Merci à lui, de nous avoir permis de nous resituer dans une époque antérieure. C'est vrai que le branleur est une espèce assez adaptable, quels que soient les lieux et l'époque. Enfin nous, on préférerait considérer que nous sommes des dandys, à savoir des Hercules sans emploi selon l'excellent mot de Baudelaire, plutôt que des branleurs. Parce que le jour où le monde a besoin de nous, on se lève et on y va.
Bon, l'anecdote n'a rien de passionnant si ce n'est que lorsque l'on a du mal à choisir entre A (Satre) et B(Aron), on résout toujours l'équation en choisissant C. Parce que dans ma pratique, ce fut, c'est et ce sera encore un questionnement que l'on me soumet souvent. Unetelle ou Untel débarque dans mon cabient en me disant qu'elle(il) est avec A mais pencherait plutôt vers B en me demandant de l'aider à trouver la voie de l'apaisement.
Et c'est là qu'impérial, j'explique toujours que lorsque l'on hésite entre A et B, c'est que l'on voudrait que A possédât plus de qualités de B tandis que B fut un peu plus comme A. Bref, ni l'un ni l'autre n'étant apte à satisfaire, la solution se trouve forcément en C qui espérons le tiendra un peu de A et de B. C'est tout bête.
Alors appliquons cela et demandons nous ce qu'il en aurait été concernant Aron et Sartre ? Est-ce que nous aurions été sartriens si Sartre avait été plsu atlantiste ou franchement aroniens si ce dernier avait baisé des étudiantes de la Sorbonne ? Et bien non justement, parce que justement si Sartre est Sartre et qu'Aron est Aron c'est justement parce qu'ils sont tels qu'ils sont, le premier un gauchiste baiseur d'étudiantes et le second un agent américain chiant. Donc, nous n'aurions chois ni l'un ni l'autre !
Ceci étant dit, vous pouvez lire Sartre et Aron, grand bien vous fasse. Je l'ai fait en mon jeune temps. Et finalement, c'est vrai que je préfère ironiser au café avec des gens intelligents et cultivés en regardant passer les filles.
Enfin bref, quand on hésite entre A et B, il faut choisir C. C'est simple non ?
L'homme est un être raisonnsable, mais les hommes le sont-ils ?
Citation chiante de Raymond Aron qui l'était lui-même un peu.
17 mai, 2014
La vie de Jean Sablon(*)
(*) il ne s'agit pas du vrai Jean Sablon mais de celui que j'ai surnommé ainsi !
Sept heures du matin, dans des draps de satin, dans la chambre d'un superbe appartement du XVIème arrondissement parisien.
- Mon chaton, je dois partir au bureau. Reste au lit, repose-toi. Tu claqueras la porte en partant. Je t'ai laissé un peu d'argent sur la table de nuit.
- hmmmm
- Je t'aime mon chaton. Je crois en notre histoire.
- Ouais moi aussi.
Treize heures, grattage de couilles face à la Nespresso, le regard vide. Puis, une douche sommaire, consistant à s'essuyer les parties génitales avec une serviette et à s'asperger de Chanel Numéro 5 pour sentir bon. Il prend du dentifrice sur le bout de l'index et se le passe sur les ratiches rapidement. Il se rince la bouche. Un coup de peigne, un regard dans la glace et c'est bon. On retourne à la chambre pour s'habiller et prendre les quatre billets de cinquante euros qu'elle a laissé sur la table de nuit.
- La salope elle aurait pu me laisser plus de blé. Je vais faire quoi avec ça moi !
Métro Jasmin, la rame approche. Descente à la station Rue de la Pompe. Balade le long de l'avenue Georges Mandel en sifflotant. Direction la Place du Trocadéro et premiers contacts sociaux de la journée au café Kléber.
- Comment ça vous ne servez plus de petits déjeuners continentaux à quatorze heures ? C'est interdit de se restaurer le matin ?
- Désolé monsieur.
- Bon alors une coupe de champagne et donnez moi la carte.
Quinze heures trente, le tournedos Rossini est terminé, le vin n'était pas mauvais. coup d’œil circulaire sur la terrasse en mode prédateur. Tiens une bande de copines. Un scan rapide : deux vilaines et une petite blonde mignonne avec une Cartier discrète au poignet, Hermés et sourire Colgate. C'est sa came ça. Le genre de filles avec qui il cartonne. Les autres sentent le danger de suite, elles voient l'arnaqueur en lui. Mais pas celles ci. Un sourire qu'elle lui rend. Il se lève s'approche. Indifférence polie envers les deux moches, sourire appuyé pour la mignonne. C'est dans la poche.
Il se lève, fait quelques mètres pour s'asseoir à la terrasse la plus proche où Blondinette le rejoint un quart après. Tactique habituelle. Centré sur la cible, il feint de s'intéresser fait des ah et des oh et des c'est super. Bien sur Blondinette l'interroge aussi. Et là, c'est l'art, la thèse complexe, les voyages. Des projets personnels ? Bien sur qu'il en a, mais il a tellement souffert. Oui, la longue histoire, la rupture à laquelle on ne s'attend pas. Mais il faut se montrer fort non ? Alors il continue et il ne désespère pas.
Blondinette est émue, c'est dans la poche. Il voit la médaille accrochée au cou et enchaine sur ses valeurs chrétiennes sur son engagement pastoral, le diaconat qu'il a failli choisir à un moment de sa vie, Dieu dont il sent la présence si souvent. Blondinette est sous le charme. C'est tellement fou de rencontrer à Paris un garçon si beau et tellement droit.
Elle lui parle de ses valeurs, de la famille. Il lui répond que son souhait le plus cher serait d'avoir beaucoup d'enfants même s'il a un paquet de préservatifs neufs dans sa poche mais ça, il ne lui dit pas. Ensuite, ils parlent de voyages. Il lui raconte l'Afrique mystérieuse et l'Orient odoriférant avant d'aborder l'Amérique du Sud et plus particulièrement le Brésil où il s'est initié à la capoeira tout en n'oubliant pas d'aller prier aux pieds du Corcovado. Elles l'écoute ébahie et il se dit que sa mémoire alliée à wikipédia sont ses alliés les plus précieux.Avec son sourire bien sur. Parce que s'il était né moche, ça n'aurait pas été pareil. Mais ile st beau gosse et sans scrupules, la combinaison idéale des grandes réussites.
Tiens un appel téléphonique. C'est celle de l'autre nuit, la quadragénaire énamourée. Il s'excuse et s'éloigne pour répondre tranquillement.
- Ca va mon chaton ?
- Oui, oui ça va.
- Ca n'a pas l'air d'aller ?
- Si si mais je suis à la bibliothèque, je ne peux pas trop parler.
- Ah oui ta thèse.
- Oui justement j'ai pas mal de boulot et tu me connais, quand je bosse, je bosse.
- A ce soir ?
- Oui mais tard, je dois réviser avec un copain. J'ai pris les clés. Ne m'attends pas. Bises.
Il a raccroché.
Retour vers Blondinette.
- C'était mon groupe de prière. Le père Nicolas. Désolé.
- Oh oui je comprends, c'est super que tu fasses ça.
- Oh c'est important pour moi la spiritualité.
Blondinette est sur un nuage et Jean Sablon sent qu'il a verrouillé l'affaire. Allez un diner, puis les affaires sérieuses. Il se dit qu'il se cassera de chez elle ver trois heures du matin pour rentrer chez l'autre. S'il se débrouille bien, il lui piquera peut être un bibelot, un truc en or ou en argent, petit, un truc qu'on met discrètement dans la poche et qui se revend bien à Barbés. Ou alorr un acheteur d'or. C'est vrai que le gramme d'or ne cesse de monter. Il le sait il a déjà vendu une chevalière piquée à une conquête d'un soir. Il ne rit encore, il se souvient qu'il avait passé deux heures à la chercher avec la belle alors qu'elle était bien au chaud dans sa poche.
Blondinette ne dévore du regard et il lui mate les seins, estimant la taille de ses bonnets. Il se dit que la cravate de notaire n'est pas si mal et que les traditions ont du bon. Elle surprend son regard. Elle lui demande ce qu'il regarde. Avec aplomb, il lui répond qu'il adore sa médaille et qu'il a une dévotion particulière pour la vierge. Elle est rassurée. Elle se dit qu'elle a vraiment de la chance. A trente ans, ses amies et elles se disent souvent que c'est tellement compliqué de faire sa vie à Paris où les hommes ne veulent pas s'engager. Et elle, elle vient sans doute de trouver.
Jean Sablon lui fait un sourire, celui dont il a le secret et qui les fait chavirer. Il sait qu'à ces moments là, quand il sourit comme ça, elles adorent l'homme qu'il est en devinant l'enfant charmant qu'il a été. Elles fondent généralement. D'un coup d'un seul, elle lui propose de venir chez elle. Elle ne l'a jamais fait mais là, elle le sent bien.
Elle habite métro Ranelagh. Super, il pourra rentrer à pieds chez l'autre cette nuit, c'est à une station. Ils marchent côte à côte. Ils parlent un peu, elle lui demande s'il a des frères et soeurs. Il lui parle alors de son aîné qui a fait Saint-Cyr et de la cadette qui est à l'ENS. Elle est impressionnée et elle lui parle alors de sa sœur jumelle qui est très sympa. Il se dit qu'il ne s'est jamais tapé deux jumelles en même temps et qu'effectivement ça doit être sympa. Il lui demande si elle a des cousines de son âge. Elle lui parle alors des vacances à Saint-Cast quand elle était jeune avec ses deux cousines germaines, jumelles elles aussi. Il note l'information dans un coin de sa tête. Surtout ne rien laisser paraître.
Il lui demande juste quelques minutes, un appel urgent. C'est le père Nicolas, le responsable de son groupe de prière à qui il a oublié de dire quelque chose.
- Nico ? Oui c'est moi Alex. Non je ne peux pas trop parler. Je ne peux pas passer ce soir. Désolé. Non, rien de grave, je t'expliquerai. Salut, à demain sans doute.
Il revient vers elle. Ils parlent peu. Il pense qu'il a bien fait de faire attention. Pour un dragueur, le slip propre et les chaussettes sans trous c'est un basique auquel il fait toujours attention. L'hygiène aussi ça compte enfin surtout bucco-dentaire pour le reste avec les déodorants tout passe. De toute manière une fois au lit, c'es au tour des phéromones d'entrer en scène. Alors il pourrait bien sentir le renard comme un maçon en fin de journée, il s'en fout. De toute manière il sait ce qu'il vaut au pieux.
Il lui prend doucement la main. Presque timidement. Elle se laisse faire. Ils sont tous les deux tellement heureux, mais pas pour les mêmes raisons. Elle se dit que son père serait contente de voir qu'elle va peut-être réussir sa vie affective. Il se dit que son père lui demanderait ce qu'il compte faire pour sa vie professionnelle.
Il se demande si il va retourner voir l'autre cette nuit. Après tout Blondinette est mignonne et bien née. C'est peut-être le moment de se caser. Ce qu'il faudrait pour qu'il prenne sa décision, c'est choper les relevés de compte ou la faire parler sur la fortune familiale. Après, le beau-père il en fait son affaire. Si le mec est un capitaine d’industrie ou un avocat célèbre et richissime, il la jouera en demie-teinte en se faisant passer pour un neuneu étudiant en théologie. Le beau-père détestera mais bon, l'idée d'avoir casé sa trentenaire de fille l'emportera. Il pensera sans doute que c'est un con mais qu'au moins il est honnête et qu'il fera un bon mari. Il sourit en pensant à ça. Ce qu'on pense de lui, il s'en moque, il sait ce qu'il vaut.
- Pourquoi tu souris ?
- Comme ça parce que je suis heureux, parce que ... je ne sais pas pourquoi mais c'est un grand jour.
Elle ne dit rien, se contentant de serrer sa main plus fermement dans la sienne.
- J'aime bien ton parfum au fait.
- Merci.
Elle est heureuse, il est heureux, mais pas pour les mêmes raisons.
Elle est heureuse, il est heureux, mais pas pour les mêmes raisons.
Reproduction !
Régulièrement, je vois des patients qui se présentent la quarantaine gaillarde et encore jolies pour m'expliquer que la carrière ça va un peu et qu'il est temps de se reproduire. Et tout aussi régulièrement, je vois un certain nombre de ces charmantes patientes faire le deuil de la maternité en se contentant de se faire appeler Marraine ou Tatie par un quelconque neveu, filleul ou fils(fille) d'ami(e)s.
La psychologie c'est pas mal mais ça ne répare pas les follicules. Ca ne rend pas les quadragénaires primipares aussi efficaces qu'une gamine de vingt ans en termes de reproduction. Et même si elles ont fait de belles carrières, ont un salaire plus que conséquent, elles comprennent vite que pour porter un marmot dans son bedon, c'est juste une question physiologique et non une affaire de moyens. Pour pourrez préparer une belle chambre et remplir le placard de fringues de chez Jacadi, Bonpoints ou Tartine et Chocolat, tant pis, le joli landau restera désespérément vide.
Alors quand je reçois des femmes dans cette situation, bien sur je fais mon boulot, j'aide et je soutiens psychologiquement mais forcément ça se termine par les étapes du deuil d'Elisabeth Kubler-Roth.On a tellement voulu miser sur la psychologie que tout doit en dépendre. J'entends donc des commentaires curieux qui voudraient me faire croire que la fécondité est directement liée à l'état émotionnel. Si j'ai un cancer c'est psy et si je ne peux enfanter, c'est aussi psy ! A force de se cultiver dans Cosmo et Biba, on en vient à croire n'importe quoi !
Désolé, même si c'est sans doute possible dans le cas de jeunes femmes exemptes de problèmes gynécologiques particulièrement névrosées, pour le reste, quand on aborde les quarante ans ou qu'on les dépasse, ce n'est plus de la psychologie mais de la physiologie. Bref, la fécondité ce n'est pas tant une affaire d'état émotionnel que de follicules ovariens.
Comme disait Le Touffier, gynécologue-obstatricien de profession, expliquant de manière imagée ce concept : "Pour la fécondité, c'est simple, tu prends la comparaison avec un
joueur de Foutchibol. A quarante ans, ils sont tous à la retraite, à
43 ans les seuls qui jouent encore sont les gardiens de but
d'exception".
Alors je ne doute pas que ce serait terriblement sexiste de dire aux femmes que plutôt que de s'occuper de leur carrière, elles devraient songer à leur maternité. Sans doute qu'on pourrait leur dire qu'elles pourraient penser aux deux. Enfin, de mon point de vue, qu'elles pensent à ce qu'elles veulent pourvu qu'elles en assument les conséquences et n’oublient pas que de toutes les espèces mammifères, elles sont les seules à subir la ménopause.
Sinon, quand la ménopause sera venue, je peux toujours expliquer les étapes du deuil et indiquer dans quelles bonnes animaleries du quai de la Mégisserie acheter un chat. Un chat ne remplace pas forcément un enfant mais c'est mieux que rien.
Sinon, on peut aussi adopter !
12 mai, 2014
Interlude !
Marcassin des Philippines !
Comme il ne faut jamais perdre une occasion de se cultiver ni d'encombrer son cerveau avec des connaissances inutiles, voici le lien où vous trouverez tout sur le sanglier des Visayas.
Pensées nostalgiques du jour !
J'ai un bon ami, pas idiot pourtant puisqu'il a fait l'X, qui s'obstine à croire qu'il pourra faire rouler une voiture ancienne. Il est un peu comme ces bretons qui construisent un bateau dans leur jardin en pensant qu'ils prendront la mer un jour et qui meurent de leur cirrhose alors que la coque est tout juste finie.
Phil, lui ce n'est pas de voile qu'il rêve mais de sa Citroën SM, avec laquelle il s'imagine rouler un jour sur les autoroutes allemandes en faisant rugir le V6 Maserati. Tous les gens sensés ont beau lui dire que c'est fichu, que cette voiture ne roulera plus, c'est peine perdue. Il n'écoute rien et n'en fait qu'à sa tête, amenant sa voiture de garages en mécaniciens, qui tous, les uns après les autres, jettent l'éponge tant les travaux sont importants.
L'histoire de cette voiture est un classique. Voici dix ans encore elle roulait puis elle a eu une panne et comme c'est un véhicule complexe, elle n'a pas été réparée mais juste stockée dans un endroit où elle a pris la poussière gentiment. Bien sur, tous les joints se sont dégradés. Et tandis que la voiture n'avait pas tant de problèmes que cela, aujourd'hui c'est devenu une sorte d'épave remisée chez un énième mécanicien qui n'a pas le courage de la réparer.
Il faut aussi dire qu'en plus de courage, il faut de sacrées compétences parce qu'on ne bricole pas une SM comme un Visa. C'est un peu plus compliqué. Ceux qui ont promis de la remettre en route avaient plus de gueule que de réelles compétences. Tous avaient promis qu'avec eux il n'y aurait pas de problèmes mais tous, ont bricolé un truc ou deux avant de jeter l'éponge vaincus par la complexité de la tâche.
Il y maintenant tant de choses à faire, hydraulique, moteur, boite de vitesse, suspensions, freins, peinture, etc., que le budget pour la réparer est astronomique ! Bien sur, mon ami minore les faits et explique que si quelqu'un la lui redémarre, il se fait fort en quelques tours de roue de transformer cette épave en carrosse.
C'est vrai qu'elle a de la gueule, celle qui fut le fleuron de la production automobile française. Avec sa gueule de squale, sa suspension hydropneumatique, et son moteur Maserati, elle avait de bons atouts technologiques avant que tout ne soit pas balayé par la première crise pétrolière.
Je l'ai encore vue samedi dans le garage où elle est quasiment abandonnée. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que j'ai parfois des accès gaullien, j'ai pensé à la France. C'est un peu la même histoire depuis que je suis jeune j'ai vu le pays tomber de Charybde en Scylla.
Quand j'étais petit, on avait De Gaulle, le Concorde, le France, des centrales nucléaires, la bombe atomique mais en plus de la bonne bouffe, des bons vins, une relative liberté et la sécurité sociale, et on pouvait se dire qu'on vivait dans un chouette pays. Certes, il y avait les USA, mais de toute manière, on avait la culture et le patrimoine en plus. En plus nous on pouvait envoyer chier un flic sans finir menotté dans une berline Ford !
Et puis j'ai vu le choc pétrolier, et j'ai assisté à la descente inéluctable. J'ai vécu sous Pompidou, Giscard, Mitterrand et puis Chirac et Sarkozy et maintenant Hollande. Et depuis que je suis petit, je n'ai pas vu de miracles, tout est allé en empirant.
Je n'ai vu que des mécaniciens fort en gueule nous assurer qu'ils allaient tout régler mais qui auraient déjà eu bien du mal à changer des pots et des plaquettes de frein chez Midas. C'est marrant, je regardais cette vieille SM, jadis fleuron de l'industrie, capable d'en remontrer aux monstres de l'époque, pourrir sur place et je me suis dit tout ça.
Comme quoi, en plus d'être nostalgique et plus tout jeune, je suis en plus très imaginatif.
Abrupt !
Un de mes filleuls se marie. Bon c'est vrai que pou l'instant je n'apprécie pas plus sa future épouse que ça. Je mets cela sur le fait que je la connaisse peu. Je ne l'ai vue que deux fois, elle est peut-être timide. Et puis même, après tout, c'est son choix à lui, pas le mien. Moi, ce n'est pas forcément le genre de fille que j'aurais épousée mais ce n'est pas moi qui vais me marier. Il a le droit d'avoir d'autres exigences que moi.
Bon, le bougre me connait et même si je n'ai rien laissé paraitre les deux seules fois où je l'ai rencontrée, il a du sentir que quelque chose n'allait pas. C'est vrai que quand je ne sens pas les gens, j'ai la détestable habitude de les pousser à bout, pour voir "ce qu'il y a sous le capot". Je ne le fais pas méchamment mais pour savoir à qui j'ai à faire. Alors parfois les gens trouvent que je suis "trop". Ceci dit je m'en fous, je ne force personne à me fréquenter. Et puis dans le fond, je suis quelqu'un de gentil, j'en suis sur. Et justement cela n'entraine pas le fait d'être trop gentil limite neuneu !
Certaines personnes m'énervent. Les gens trop lisses, ceux qui font comme si, ceux qui respectent tellement le jeu social qu'ils en deviennent transparents et ennuyeux. Leur absence totale de réaction, leur pensée mainstream, leurs émotions factices et téléguidées parce qu'ils pensent être de bon ton de montrer, m'ennuie. Je déteste ces normopathes incapables de remettre en cause quoi que ce soit, et se vautrant dans la bienséance artificielle.
Dernièrement, à une soirée, il y avait une femme que je ne connaissais. On a un peu parlé. Et c'est en raccompagnant un ami à la grille que j'ai vu qu'elle conduisait une berline allemande immatriculée en Corse. N'importe qui s'en serait fichu, pas moi bien sur. Immédiatement, j'ai su que le choix de cette immatriculation était dictée par le fait de s'arroger les qualités que l'on attribue généralement aux corses. Quand on s'immatricule en Corse, c'est souvent parce que l'on veut passer pour un gros méchant qui ne se laisse pas faire.
Alors une fois rentré dans la maison, je lui ai demandé pourquoi leur voiture était immatriculée en Corse. Et elle m'a menti en me disant qu'allant là-bas en vacances depuis dix ans, elle avait choisi cette immatriculation parce qu'elle aimait bien cette région. Alors je lui ai demandé si elle aurait choisi la Normandie ou la Bretagne ou encore la Provence si elle y avait été en vacances ? C'est vrai que si l'on prend en compte l'endroit où l'on part en vacances, ça ne manque pas de départements possibles pour son immatriculation.
J'aurais pu m'en foutre mais ça m'a amusé de la voir s'empêtrer dans des explications assez foireuses à propos de cette immatriculation. Finalement, la raison était aussi bête que ces jeunes paumés qui rêvent d'être américains parce que cela leur donnerait l'impression d'appartenir à un pays très fort capable de toujours les défendre. C'était pathétique et amusant. Rassurez-vous j'ai vite lâché l'affaire, ne souhaitant pas me conduire en soudard ni en goujat.
Bref, je n'aime pas les gens idiots et pire encore ceux qui se croient malins alors qu'ils ne le sont pas. Rien de pire qu'un imbécile qui se croit intelligent. Je n'ai aucune compassion pour eux et c'est plutôt mal. Enfin si j'en ai, mais après une fois que je me dis "mais tu ne peux pas fermer ta gueule abruti".
il faut dire que ma profession me met toujours en face de gens sincères et lucides. Alors je ne suis plus habitué aux autres, aux désespérément normaux qui se persuadent que tout va bien. Non que je leur en veuille particulièrement mais qu'ils m'agacent quand ils sont persuadés d'aller bien mieux que ma clientèle, persuadés qu'ils sont d'être équilibrés alors qu'ils ne sont qu'aveugles.
Et puis, j'ai de la chance d'avoir une clientèle extrêmement intelligente. Les QI dépassant les 130 sont sans doute devenus majoritaires dans ma clientèle. Ils se distinguent par leur grande lucidité souvent alliée à un grand sens de l'humour parce qu'ils ont compris que face à la bêtise du monde, soit on se retranchait dans la solitude et la dépression en devenant ermite soit on affrontait les vicissitudes en ayant une bonne armure de dérision.
Alors à la longue les autres m'ennuient souvent. Et parfois, bien que je n'aie rien de méchant, j'ai juste envie de m'en payer un, pour voir ce que donne sa pseudo-normalité face à mes questions. Parce que si je fais tourner mon radar, c'est drôle ce que je peux percevoir comme incohérences chez ces gens normaux qui n'ont pas de mots assez durs pour parler de ma clientèle au motif que eux ça va très bien ! Alors de temps en temps, jouant au cuirassé, je coordonne le radar de tir et les batteries et j'envoie une bordée d'obus de 400mm sur le(la) crétin(e) de mon choix. C'est humain non ?
C'est sans doute à cause de cela que mon filleul m'a fait promettre de ne pas être abrupt. J'ai joué l'imbécile en lui demandant ce qu'il entendait par là. Il m'a assuré que je comprenais très bien. Je lui ai demandé si il y aurait autant d'imbéciles que cela pour que je sois énervé au point de me montrer abrupt ! Il m'a assuré que non en me disant qu'ils seraient juste normaux et gentils.
Bon, au début ça m'a énervé d'être invité dans ces conditions. Si je ne peux pas allumer gentiment un crétin ou deux, ce n'est pas drôle. Mais j'ai promis. D'ailleurs je lui ai dit que je ne serais pas abrupt. J'ai promis que si quelqu'un que je ne connais pas venait me parler, je lui répondrai : je n'ai pas le droit de m'exprimer parce que je suis parfois un peu abrupt, je l'ai promis à mon filleul.
Tant pis si l'on me prend pour un débile !
Possession !
Ça faisait plus d'un mois qu'il foirait nos rendez-vous en arrivant parfois avec cinquante minutes de retard voire carrément le lendemain ! Je savais que quelque chose l’obnubilait, qu'il était soucieux. Mais il se contentait de me regarder fixement avec son regard fixe de scorpion sans rien me dire. Parfois, je lui demandais ce qui n'allait pas et il se contentait de me dire : rien. J'aurais pu forcer un peu mais ce n'est pas mon genre. Mon boulot, ce n'est pas de violer les gens psychiquement. Ils parlent ou non et même si parfois je devine, je me dis qu'ils me diront ce qu'ils veulent.
Je savais que c'était un souci mystique, un problème religieux qui le tenait ainsi éloigné. Qu'il aurait du mal à en parler même s'il me savait ouvert d'esprit. Avouer certaines choses n'est pas aisé, on a peur d'être pris pour un dingue. Il m'avait un tout petit peu parlé de certaines choses. Et à partir de l), en déroulant la pelote, il n'était pas compliqué de savoir ce qui l'angoissait à ce point. Je me doutais qu'il se croyait possédé, même si à notre époque cela semble un peu fou.
Je lui avais conseillé depuis plusieurs moi de prendre rendez-vous avec un psychiatre, un bien, un sympa qui l'écouterait et ne signerait pas une HO immédiatement. Mais aussi d'aller voir un prêtre parce que même si je suis un peu à géométrie variable, mon métier a un début et une fin et que je ne peux pas répondre à toutes les angoisses. Il avait toutes les cartes en main et pour des raisons qui le regarde, il n'a rien fait, préférant tenter de se débrouiller seul. C'est finalement assez masculin comme démarche, de croire que l'on peut tout, tout le temps, tout seul.
Et puis vendredi matin, il m'a appelé de l’hôpital où l'on venait de l'emmener parce qu'il était en train de décompenser. Il était clair et m'a parlé très calmement. Il m'a finalement avoué qu'il se sentait possédé en m'expliquant les symptômes qu'il ressentait. Pour ce que j'en sais, tous faisaient effectivement partie de la possession démoniaque telle qu'on l'entend.
Malgré tout, je n'ai jamais pensé qu'il soit schizophrène. Je ne le crois toujours pas. Certes, il pouvait apparaitre comme délirant mais tout était organisé et pas aussi loin du réel que cela. Je pense que cette idée de la possession était apparue suite à des prises de conscience, l'impression d'avoir gâché dix ans de sa vie, l'idée d'avoir à combattre quelque chose qui était en lui. De là, à s’imaginer possédé, pourquoi pas. Symboliquement c'était un peu vrai.
Parfois, on a l'impression d'avoir des démons en soi, qui nous poussent là où on ne devrait pas aller mais où l'on se dirige tout de même. Des groupes aussi efficaces tels que les AA ou les NA eux-mêmes s'appuient sur l'idée d'une puissance supérieure pour aider leurs membres à se débarrasser de leurs addictions. Alors cette idée de la possession pour baroque qu'elle puisse sembler, n'était pas aussi idiote que cela.
Mais comme il venait d'être hospitalisé, je lui ai dit que pour moi c'était un peu tard, qu'il aurait du m'en parler avant. De toute manière, je l'aurais enjoint de consulter un psychiatre, ça n'aurait pas changé la donne. A priori l'entretien d'orientations s'était bien passé. Il pensait avoir marqué des points grâce à des lectures ce qui lui avait permis d'expliquer qu'il ne se sentait pas schizophrène. Je lui ai juste conseillé de rester calme, de ne pas se révolter. Je lui ai rappelé qu'il avait aussi des droits face à l'institution psychiatrique. Il était très calme. Il m'a dit qu'il aurait préféré voir un prêtre. Qu'il n'était pas contre une consultation médicale mais qu'avant il aurait aimé parlé à un prêtre.
Je lui ai rappelé que cela faisait des semaines qu'il avait les numéros de téléphone de gens, psychiatres et prêtres, qu'il aurait pu voir pour être aidé. Bref, qu'à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Certes, l'idée de descendre de plus en plus profondément en soi, pour connaître les affres de la dépression majeure n'est pas aussi négatif qu'il y parait. On peut y voir une sorte d'expérience mystique, une épreuve à vivre de laquelle on sortira, ou non, transfiguré, changé. C'est aussi un énorme risque bien sur. Mais un jour ou l'autre, on doit affronter sa culpabilité comme un adulte.
J'ai pourtant tout tenté et rempli mon obligation de moyens mais rien à faire. Que peut-on faire contre quelqu'un qui a décidé de n'en faire qu'à sa tête ? Rien du tout. Ces choses là finissent toujours ainsi. Quelqu'un dans l'entourage pense que cela a trop duré et c'est l'internement. Le problème est que tout s'éclaire quand on dit les choses mais que lorsque le patient se tait, on a du mal à deviner. J'étais pourtant sur que ce n'était pas si grave que cela apparaissait.
S'il m'avait parlé de cette possession, j'aurais immédiatement compris ce qu'il avait. Mais non, il s'est tu. Et face à moi, bien que je l'aie senti anxieux, il était plutôt bien, parlant calmement, n'exprimant pas ou peu de symptômes. Dans ces cas là, il faut attendre et laisser faire le temps en croisant les doigts. Parfois les choses s'arrangent d'elles-mêmes, parfois non.
Je n'ai pas de nouvelles directes depuis vendredi mais je suis confiant. Je ne crois toujours pas en une schizophrénie mais plutôt à un état dépressif majeur, une dépression stuporeuse dans laquelle les délires de culpabilité sont courants. Cela se traite plutôt bien. Passer quelques temps hors du monde n'est pas si mal. Cela permet de prendre du recul, de réfléchir à sa vie, à ses erreurs passées, à la manière de les corriger et d'envisager l'avenir plus sereinement. Une réflexion sereine est aussi efficace qu'un exorcisme finalement.
Moi, j'attends des nouvelles.
03 mai, 2014
Le jeune qui se la raconte !
Voici quelques années, je recevais un jeune et grand provincial qui semaine après semaine, bénéficiant des tarifs intéressants de la SCNF, venait de sa Touraine natale pour me consulter. Et hop, après une heure et demie de train Corail, c'était l'arrivée à Austerlitz, puis le métro aérien où les yeux grands ouverts notre ce jeune paysan contemplait la grande ville de Paris !
Le secret professionnel m'empêche bien sur d’expliquer le motif de sa consultation. Ceci dit, je n'ai jamais compris que les confrères qui l'avaient suivi avant moi n'aient pas réussi à l'aider. Parce qu'en définitive, à part une aide à l'orientation professionnelle, il n'avait pas grand chose. Du moins, c'est la seule chose que j'aie pu faire pour lui.
Il n'avait certes pas pas grand chose sauf qu'il était un peu chiant dans la mesure où il exigeait de moi des explications et des précisions que j'aurais bien été en peine de lui fournir. Comme je ne cesse de l'expliquer, moi je fais des fondations et je monte des murs mais il ne faut pas compter sur moi pour les détails.
Et puis, il était rigolo car bien que je l'ai appelé par son prénom il s'obstinait par me donner du "monsieur". Sans doute qu'il n’était pas si timide que cela mais qu'étant un peu psychorigide, il se devait d'appeler son psy "monsieur" selon une règle qu'il avait établie. Ça m'amusait beaucoup et je ne lui en ai pas tenu rigueur. Il était donc bien éduqué mais surtout très très sérieux. Ps vraiment timide mais tellement pusillanime que c'était le genre de type à attendre que toutes les conditions soient vraiment réunies avant d'entreprendre quelque chose.
Un jour, je lui avais dit de but en blanc qu'il devait avoir un ascendant vierge pour être aussi "enculeur de mouches". Il avait été un peu choqué mais, venu du blog, il connaissait mes marottes et ma manière d'être. D'ailleurs, j'avais vérifié et il était effectivement ascendant vierge, la position astrologique génial si dans votre vie vous envisagez de faire un travail exigeant minutie et organisation.
Finalement, son problème c'était d'avoir mal choisi son orientation. Il se rêvait scénariste et je trouvais qu'il n'était pas fait pour ce métier exigeant certes de la précision mais surtout une très grande imagination. Moi, qu'il fasse du cinéma, tant mieux pour lui, c'est un truc de jeune, sauf que je l'aurais mieux vu faire du montage, de la réalisation, bref une activité plus carrée que le scénario.
Bon, il s'agissait de lui faire comprendre que l'on a pas toutes les réponses à ses questions et qu'il faut un jour s'arracher les doigts et avancer. Rien de bien compliqué finalement ; la préoccupation doit toujours céder face à l'occupation. Il faut bien vivre !
C'est finalement ce qu'il a fait, choisissant une formation à Paris. Puis les mois ont passé et voici qu'il a trouvé un emploi sur une chaine de la TNT, s'occupant de je ne sais quoi, sans doute quelque chose de sérieux et d'unpeu chiant précis. Dans tous les cas, cela lui plait et il s'y épanouit totalement.
C'est ainsi qu'hier, tandis que l'on parlait de tout et rien, quelqu'un lui a demandé s'il avait vu une émission à la télévision. Et il a répondu : "Moi la télé, je ne la regarde pas, je la fabrique"
Entendre ce jeune type qui angoissait dans mon cabinet se la raconter comme ça, ça fait vraiment plaisir. Je crois que c'est un succès ! Dix contre un que dans moins de dix ans, il sera à Cannes en compagnie de jeunes femmes de mauvaise vie.
Aucun problème, je serai capable de traiter ses problèmes de cocaïne et d'addiction au sexe !
Bon, il s'agissait de lui faire comprendre que l'on a pas toutes les réponses à ses questions et qu'il faut un jour s'arracher les doigts et avancer. Rien de bien compliqué finalement ; la préoccupation doit toujours céder face à l'occupation. Il faut bien vivre !
C'est finalement ce qu'il a fait, choisissant une formation à Paris. Puis les mois ont passé et voici qu'il a trouvé un emploi sur une chaine de la TNT, s'occupant de je ne sais quoi, sans doute quelque chose de sérieux et d'un
C'est ainsi qu'hier, tandis que l'on parlait de tout et rien, quelqu'un lui a demandé s'il avait vu une émission à la télévision. Et il a répondu : "Moi la télé, je ne la regarde pas, je la fabrique"
Entendre ce jeune type qui angoissait dans mon cabinet se la raconter comme ça, ça fait vraiment plaisir. Je crois que c'est un succès ! Dix contre un que dans moins de dix ans, il sera à Cannes en compagnie de jeunes femmes de mauvaise vie.
Aucun problème, je serai capable de traiter ses problèmes de cocaïne et d'addiction au sexe !
02 mai, 2014
Interlude et délation !
Alors cette photo trouvée par hasard sur le net, semble prise, si l'on en croit la légende, un jour de manifestation de la Fédération française des motards en colère, appelée aussi FFMC. On y voit un hooligan roulant sur une Harley-Davidson sporster manifestant bruyamment puisque ses pots d'échappement ne me semblent pas être conformes aux normes d'homologations.
Que l'on puisse ainsi prendre d'assaut le réseau routier national en s'opposant ouvertement aux décisions issues d'un parlement régulièrement élu me révolte. Dire que l'on nous parle sans cesse de l'Ukraine et que chez nous, au nez et à la barbe de la police nationale, que je salue au passage pour leur excellent travail, des blousons noirs sèment la panique dans les rues !
Quant à savoir si rouler ainsi au pas contribue au réchauffement climatique, ce soudard n'y pense même pas ! Je n'ose imaginer la pollution engendrée par tous ces motards et le danger qu'ils font courir à Gaïa notre planète ! Savoir que l'on peut utiliser les transports publics ou bien un Vélib', mais que certains s'obstinent à utiliser de tels moyens de locomotion me met en rage. Et pour ceux qui voudraient à tout prix avoir un moyen de locomotion individuel, rappelons que Toyota fabrique la Prius, une bien jolie voiture hybride !
Bien sur, j'avertis Manuel Valls, mon nouvel ami sur Facebook, que je tiens à sa disposition le nom et l'adresse de ce dangereux délinquant à qui quelques années de prison ainsi qu'une grosse amende ne feraient pas de mal.
Je ne souhaite obtenir aucune récompense me contentant de faire mon devoir de citoyen.
Bien qu'il ne soit pas très doué en dessin, Jean-René s'obstina et obtint un poste au bureau de style de Toyota.
Lubique !
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Pardonnez-moi, c'était pour être sur que Google retienne ce mot. Ma gloire est mince mais j'y tiens. Parce que quand on cherche "lubique" sur un moteur de recherche, il vous propose forcément "lubrique". Maintenant pour ceux qui aiment jouer, comptez le nombre de fois ou le mot "lubique" est cité dans cert article idiot et si vous êtes le premier à donner le bon résultat vous gagnerez un weekend de chasse au buffle à mains nues en compagnie du Gringeot.
Consécration !
Académie française !
Dernièrement, un de mes chers patients, et pas le dernier des crétins puisqu'il est ingénieur des mines, m'expliquait qu'il était "lubique". Sachant qu'une lubie est une fantaisie soudaine, on peut en déduire qu'une personne lubique est quelqu'un soumise à des fantaisies soudaines. Je peux d'autant mieux l'expliquer que je crois être le seul, le premier même, à avoir employé ce terme afin de qualifier mes inclinations qui m'inclinent à me passionner pour tout et n'importe quoi sans qu'aucun lien logique apparent n'existe. Plutôt que de me dire sujets à des lubies, j'avais créé le néologisme lubique, dont je ne suis pas peu fier.
Certes les esprits chagrins diront que tandis que des génies inventent ou créent des choses extraordinaires, j'en suis réduit à m'enorgueillir d'un simple mot, d'un minuscule trait d'esprit. Et donc ? Au moins, ai-je la décence d'accepter mes limites. Et à défaut de déposer des brevets qui changeraient la face du monde, d'écrire des livres qui seront lus dans mille ans ou encore de composer des symphonies que l'on jouera dans le monde entier, d'être traité en bienfaiteur de l'humanité, je me contente de ce que je peux.
Si je reçois souvent des surdoués, j'accepte de ne pas l'être, je me contente de mes quatre-vingt-douze points de QI que je tente d'optimiser comme je peux. De même que je roule en Visa, je pense finalement en Visa et mon bicylindre cérébral m'entraine tout de même vaillamment ! Ainsi, j'ai pu accoucher de ce mot : lubique ! J'en suis fier.
Et je suis encore plus fier quand un ingénieur des mines, tentant de se décrire, me dit, l’œil bleu acéré pétillant d'intelligence planté dans mon regard atone : je suis lubique. ah même si je n'en ai rien laissé paraître, j'étais pétri de reconnaissance, abasourdi de gratitude ! Encore un peu et c'est larmoyant que je me serais jeté à ses genoux pour lui baiser la main afin de le remercier.
Si j'étais pétri d'orgueil, je pourrais tout arrêter là et me trouver un travail salarié tranquille. Pourquoi pas un poste de jardinier municipal où mes capacités innées en matière de jardinage feraient merveille ? Oui, j'ai la main verte ne vous en déplaise, tout ce que je plante pousse ! Je pourrais digérer la gloire légitime d'avoir inventé un nouveau mot en devenant le petit roi de l’œillet d'inde ! Je vais réfléchir à tout cela !
Donc rappelons les définitions :
Lubie : nom féminin, de lubere, plaire en latin. Fantaisie soudaine, caprice extravagant.
Lubique : adjectif. Se dit d'une personne sujettes aux lubies.
Bon, dernier cap à franchir, que l’Académie française retienne ce mot !
Œillets d'Inde !
Douance et Zébritude !
J'ai un patient qui me parlait des Zèbres. Je connaissais un peu ce terme parce que je crois que c'est la définition que donne Jeanne Siaud-Faschin, l'auteur de Trop intelligent pour être heureux, des surdoués. Alors de la même manière que tout le monde se trouve artiste, tout le monde s'est trouvé surdoué. C'est sans doute un phénomène de mode qui permet à certains d'entourer d'oripeaux de dignité leur mauvaise insertion sociale. Mais j'avoue ne pas bien connaitre les Zèbres. J'ai été invité une fois à une de leur soirée et je n'ai pas été conquis. J'y étais allé avec mon ami GCM et on avait bien rigolé à défaut d'y rencontrer beaucoup d'intelligence exceptionnelle. Ceci dit le champagne était bon et l'endroit sympathique.
D'ailleurs, la dernière fois qu'en vérifiant mes statistiques et que j'ai eu des liens venus du forum des Zèbres, on me traitait un peu de gros con, sans doute parce que j'avais pointé du doigt la nécessité de faire la différence entre l'histrionisme pénible et la douance. Se regarder le nombril voire carrément l'anus n'est pas forcément le signe d'une grande intelligence mais plus souvent le signe d'un esprit tout empli de lui-même comme le sont souvent les adolescents pour lesquels les tourments de l'âme sont une soue délectable dans laquelle ils se vautrent tels de jeunes marcassins gloutons. De mon côté, j'admets tout à fait que l'on puisse me traiter de gros con. On est toujours le con de quelqu'un.
Dans la même veine, les hystériques incapables de penser mais tout juste d'éprouver sont sujets à ces délectations moroses, qui aux siècles précédents les auraient amené à écrire des vers mièvres, et qui aujourd'hui les font s'étaler sur les forums ou dans les émissions de télévision au mépris de toute dignité et pudeur, en étalant leurs états d'âmes. Bref la douance, c'est surtout complexe pour les imbéciles et cela ne se résume pas forcément à un test de QI. En revanche, la seule hypersensibilité ne suffit pas à qualifier le surdoué. D'ailleurs la grande intelligence confinant toujours à une sorte d’androgynie de caractère, cette hyper sensibilité concerne plutôt les hommes tandis que les femes brillantes seront plutôt bourrines et adeptes des jugements définitifs.
Rassurez-vous, je ne veux pas me placer au-dessus de la mêlée. J'ai eu mon lot de ruminations quand j'étais jeune et que je me trouvais incompris. Moi aussi j'ai fait mon théâtre mais comme je suis un sombre capricorne, c'était essentiellement une pièce que je me jouais intérieurement et dans laquelle j'étais forcément un génie incompris. Depuis que j'ai pris la saine réaction de me dire "ta gueule Philippe, tu verras bien", c'est vrai que ça va beaucoup mieux. J'ai depuis pris conscience qu'effectivement on reconnait l’arbre à ses fruits.
Alors, même si je les comprends, les tourments de l'âme ont tendance à m'ennuyer prodigieusement. Heureusement que je sais couper court quand mes chers patients m'emmerdent avec ça parce que sinon, j'aurais cessé ma profession. Bref, il y a un temps pour geindre et un temps pour s’arracher les doigts du cul et faire quelque chose. Avec moi, Goethe aurait fait un métier sérieux comme la maçonnerie ou l'expertise comptable et n'aurait jamais écrit Les souffrances du jeune Werther !
Alors qu'est-ce que la douance ? Finalement, la douance c'est simplement traiter des informations plus rapidement que la moyenne des autres individus. Non comme une machine, ce qui ferait qu'un ordinateur serait doué, mais comme un être humain doté d'une sensibilité puisqu'il a été prouvé que la pensée et l'émotion devaient se conjuguer pour être efficaces. Cela s'observe dès le plus jeune âge par un apprentissage plus rapide.
Pour le reste, on a pu noter qu'il pouvait exister une dyssynchronie, c'est à dire une rupture entre le développement des capacités intellectuelles hors normes et celui du niveau psycho-affectif qui reste indépendant de celles-ci. Le surdoué peut se sentir anormal par sa manière de voir le monde, trop lucide et réfléchie, et ne pas développer d'habiletés sociales qui réclament souvent plus de spontanéité que de réflexion et surtout de fréquenter des petits camarades de son âge.
Enfin, lorsqu'il n'est pas détecté, on attendra du surdoué des capacités normales qu'il ne peut produire. Il s'ennuiera et ne donnera jamais ce que ses capacités promettaient. A l'inverse, s'il est détecté, on peut aussi exiger de lui des résultats en adéquation avec son intelligence, l'entraîner comme un cheval de course, tout en négligeant cet équilibre psycho-affectif.
Bref, le surdoué est un individu aux capacités intellectuelles au-dessus de la moyenne tandis que son niveau psycho-affectif, directement corrélé aux expériences de sociabilité déterminant les habiletés sociales, est souvent à la traîne. Il s'ensuit que le surdoué sera, selon qu'il soit introverti ou non, soit affligé d'une sorte de repli autistique afin de se protéger d'autrui, soit au contraire totalement investi à l'extérieur afin de réduire cette dyssynchronie.
A défaut d'éléments de comparaison, le surdoué aura du mal à s'autoévaluer ce qui l'entrainera à avoir une piètre image de lui-même, selon qu'il se sente intelligent et ait réalisé des performances en adéquation avec ses capacités, mais mal intégré et comprenne le prix à payer pour sa différence, soit qu'il ait réalisé des efforts pour s'intégrer au groupe des "gens normaux" au prix d'un grand gâchis intellectuel. Il s'ensuit donc que la dépression et l'anxiété est assez classique chez les surdoués.
Pour le reste, on peut définir l'intelligence comme l'ensemble des facultés mentales permettant de comprendre les choses et les faits, de découvrir ces relations entre elles et d'aboutir à la connaissance conceptuelle et rationnelle (par opposition à la sensation et à l'intuition). Elle permet de comprendre et de s'adapter à des situations nouvelles et peut en ce sens être également définie comme la faculté d'adaptation.
Et ça, c'est important de souligner que l'intelligence doit permettre de s'adapter. Cela ne signifie pas que l'adaptation au monde tel qu'il existe soit parfaite mais qu'au moins le surdoué soit capable de recréer un petit monde dans lequel il se sente bien. Personne n'est obligé de fréquenter des abrutis ! Dans tous les cas, l'intelligence doit permettre de faire quelque chose de sa vie. Si les capacités intellectuelles hors normes donnent juste le droit de s'asseoir sur ses mains, en se lamentant, autant être le roi des cons ou désespérément normal.
Bref, si je ne connais pas grand chose des zèbres et que j'ai toujours un peu de mal à comprendre ce que cela signifie exactement être un zèbre, je crois bien connaitre la douance et savoir la détecter lorsque j'ai un surdoué face à moi. Ça pulse, ça répond du tac au tac, ça possède une lucidité hors du commun, une sensibilité remarquable, un vrai sens de l'humour. Mais comme c'est habitué à ne pas en foutre lourd du fait de ses capacités, le surdoué chouine aussi beaucoup, résiste mal à la frustration, s'énerve, se plaint ! Finalement, ils sont plus touchants que vraiment pénibles même s'il faut avouer qu'ils sont un peu chiants du fait de leur inertie. Sitôt sortis de leurs putains d'études et de leurs réflexions personnelles et lâchés dans le grand monde, ils prennent conscience que l’intelligence n'est pas tout !
Mais bon, quelque soit leur QI, il va bien falloir en faire quelque chose de cette intelligence. La Fontaine parle de tout cela dans sa fable du Lièvre et de la tortue : rien ne sert de courir il faut partir à point. Et comme faisait dire Audiard à Maurice Biraud dans Taxi pour Tobrouk : je crois docteur que l'homme de néanderthal est en train de nous la mettre dans l'os, deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche.
Comme quoi, l'intelligence, oui bof. Encore faut-il qu'elle serve à quelque chose. L’ordinateur le plus performant sans système d'exploitation ne sert pas à grand chose.